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3865. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Marie Tudor » (1833) »

L’auteur qui parle ici n’a que la première, il le sait.

3866. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre V. Histoire littéraire. » pp. 212-219

On ne sauroit trop en recommander la lecture à ceux de nos Ecrivains qui traitent superficiellement les matieres qui demandent les recherches les plus profondes.

3867. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Taraval » pp. 282-283

Adonis est assis ; on le voit de face ; son chien est à côté de lui ; il tient son arc de la droite, sa gauche est je ne sais où.

3868. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une conspiration sous Abdul-Théo. Vaudeville turc en trois journées, mêlé d’orientales — Deuxième journée. Les conspirateurs » pp. 225-233

je partage votre généreuse ardeur, mais je vous prie de la modérer quelques instants encore… Je n’ai pas l’habitude des harangues, et, nourri loin de l’Académie, je n’en connais pas les périphrases… Et pourtant je vous dois un discours bien senti avant de vous faire faire le pas décisif dans cette route glorieuse, mais semée d’écueils, où je vous ai engagés… C’est un devoir, je saurai le remplir… (Il rougit.)

3869. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVII »

Je ne sais où mènerait un travail minutieux sur cette partie de la langue dont la fermentation est inachevée ; sans doute finirait-on par démontrer assez facilement que, dans la vraie notion du cliché, l’incohérence a sa place à côté de la banalité.

3870. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Remarque finale. Le Temps de la Relativité restreinte et l’Espace de la Relativité généralisée »

Mais, dans le cas actuel, la réflexion affermit notre conviction et finit même par la rendre inébranlable, parce qu’elle nous révèle dans les Temps de la Relativité restreinte — un seul d’entre eux excepté — des Temps sans durée, où des événements ne sauraient se succéder, ni des choses subsister, ni des êtres vieillir.

3871. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

Nous marcherons plus vite que nos ancêtres, parce qu’à la tête des hommes sans éducation il se trouve quelquefois des esprits remarquablement éclairés, parce que le siècle où nous vivons, la découverte de l’imprimerie, les lumières du reste de l’Europe doivent hâter les progrès de la classe nouvellement admise à la direction des affaires politiques ; mais l’on ne saurait prévoir encore par quel moyen la guerre des anciens possesseurs et des nouveaux conquérants sera terminée. […] Tout ce qui concernait les anciens obtenait alors un égal degré d’intérêt ; on eût dit qu’il importait bien plus de savoir que de choisir.

3872. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

Métastase cependant a su faire de ses opéra presque des tragédies, et quoiqu’il fût astreint à toutes les difficultés qu’impose l’obligation de se soumettre à la musique, il a su conserver de grandes beautés de style et des situations vraiment dramatiques.

3873. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

Elle savait que la jeunesse a besoin d’indulgence et que la discrétion est la vertu des mères. […] À la mort de son mari, elle ne profita de sa liberté et de sa fortune que pour entrer dans un monastère de charité aux environs de Paris, où je la vois une ou deux fois par an, toujours fidèle à sa famille et à ses amitiés, consacrant à Dieu ce que les hommes avaient si peu su respecter.

3874. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Mais au moins ce sont des caractères, ce sont deux grands honnêtes gens, avec leur esprit étroit et obstiné ; ils savent souffrir pour le bien. […] Il ne cesse de répéter que les passions qui sont en nous donnent la mesure de notre énergie morale, et que tout le secret de la vertu est de savoir utiliser, diriger, canaliser ces forces naturelles.

3875. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

Hume avait dit, comme on le sait, que nos idées s’associent d’après trois principes : la contiguïté dans le temps et l’espace, la ressemblance et la causalité. […] Mais cela ne suffit pas pour effectuer la communication que je désire faire ; que le mot homme est une marque de l’idée dont Jean est une marque, et une marque d’autres idées avec celles-là, à savoir : celles dont Jacques, Thomas, etc., sont des marques.

3876. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVIII » pp. 158-163

Cette réception sera un des épisodes les plus piquants de ce volume car, comme on le sait, le successeur de Casimir Delavigne à l’Académie française fut Sainte-Beuve lui-même.

3877. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « PAUL HUET, Diorama Montesquieu. » pp. 243-248

Huet, exposés à la galerie Colbert, et dans tous un même caractère nous a frappé, à savoir l’intelligence sympathique et l’interprétation animée de la nature.

3878. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur : Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome III. »

On sait assez les détails de ce voyage d’apparat, dont Potemkin avait d’avance ménagé les accidents et préparé les décorations.

3879. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Chénier, André (1762-1794) »

Madame de Beaumont avait connu André Chénier chez « la belle Madame Hocquart » et avait su apprécier sa vive et puissante organisation poétique.

3880. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dupont, Pierre (1821-1870) »

Personne n’a cependant encore eu, que je sache, l’intention de rayer La Fontaine de la liste de nos poètes.

3881. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une petite revue ésotérique » pp. 111-116

Âmes, devant Dieu, toutes nues, Voyants des choses inconnues, Vous savez la religion !

3882. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVII. Sort des ennemis de Jésus. »

L’an 33 répond bien à une des données du problème, savoir que le 14 de nisan ait été un vendredi.

3883. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre premier. » pp. 5-11

La gloire de Molière et celle des femmes illustres du temps sont intéressées à ce que la postérité reconnaisse la différence de leur tâche, qui n’avait rien d’opposé, l’une étant de purger la société d’un ridicule, l’autre d’y introduire un mérite nouveau ; cette tâche, il faut leur savoir gré de l’avoir également bien remplie.

3884. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 196-203

Un homme, continue-t-il, qui sait mêler les plaisirs & les affaires, n'en est jamais possédé ; il les quitte, il les reprend, quand bon lui semble.

3885. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — II »

C’est dans ce sens qu’il faut entendre la remarque de Nietzsche, « les poètes savent toujours se consoler »19.

3886. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre II »

Les indigènes du Gabon, qui ne savent pas le grec, ont nommé le bateau à vapeur bateau fumée, ce qui est fort joli.

3887. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre VI »

L’honnête Vaugelas appelle le ch dur un piège tendu à toutes les femmes et à tous ceux qui ne savent pas le grec.

3888. (1889) L’art au point de vue sociologique « Préface de l’auteur »

L’esthétique, où viennent se résumer les idées et les sentiments d’une époque, ne saurait demeurer étrangère à cette transformation des sciences et à cette prédominance croissante de l’idée sociale.

3889. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre deuxième. »

Il y a bien de l’esprit et du goût à savoir tout anoblir sans donner aux petites choses une importance ridicule.

3890. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XI. Suite des machines poétiques. — Songe d’Énée. Songe d’Athalie. »

Personne n’a su marquer les temps et les lieux d’une manière plus touchante que le poète de Mantoue.

3891. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Nicole, Bourdaloue, Fénelon »

. — Fénelon, lui, n’est naturel que dans je ne sais quelle affectation de simplicité qui lui sied et qu’on lui pardonne.

3892. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Champfleury ; Desnoireterres »

On sait que Desnoireterres s’est voué — et peut-être un peu trop — à la mémoire du xviiie  siècle, dont il est à la fois l’historien et le romancier.

3893. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre ix »

On connaît le camarade qui l’entonné ; on l’a vu souffrir, être un brave ; on sait que son âme est simple, pure, fraternelle, Tout s’achevait et s’épurait dans la Marseillaise.

3894. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VI. Des éloges des athlètes, et de quelques autres genres d’éloges chez les Grecs. »

Quoique le sang des hommes n’ait pas toujours été fort respecté, nous concevons pourtant qu’il y ait eu des pays où on l’a honoré de quelques larmes ; on conçoit un peu moins les éloges prodigués aux athlètes ; nous savons cependant que les vainqueurs des jeux étaient célébrés par des chants publics.

3895. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre III. Trois principes fondamentaux » pp. 75-80

Trois principes fondamentaux Maintenant, afin d’éprouver si les propositions que nous avons présentées comme les éléments de la Science nouvelle, peuvent donner forme aux matériaux préparés dans la table chronologique, nous prions le lecteur de réfléchir à tout ce qu’on a jamais écrit sur les principes du savoir divin et humain des Gentils, et d’examiner s’il y trouvera rien qui contredise toutes ces propositions, ou plusieurs d’entre elles, ou même une seule ; chacune étant étroitement liée avec toutes les autres, en ébranler une, c’est les ébranler toutes.

3896. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre V. Observations philosophiques devant servir à la découverte du véritable Homère » pp. 268-273

Castelvetro a aperçu cette vérité, mais cet ingénieux écrivain n’a pas su en profiter pour trouver la véritable origine de la poésie ; c’est qu’il fallait combiner ce principe avec le suivant : — 3.

3897. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mort de M. Vinet »

On ne sait pas assez en France qu’il y a eu en février 1845, dans le petit canton de Vaud, une révolution du genre de celle dont Genève s’est vue le théâtre en octobre 1846, mais une révolution plus radicale et sans aucun contre-poids.

3898. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame du Hausset, femme de chambre de madame de Pompadour. »

Quand tout fléchissait devant le prestige du vice puissant et lui rendait hommage, que ceux même qui protestaient par raison se prosternaient par habitude ; peut-on lui imputer à crime son peu de stoïcisme, et lui convenait-il d’avoir plus de philosophie que Voltaire et de savoir mieux la morale que Duclos ?

3899. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de Dampmartin, Maréchal de camp »

Quoi qu’il en soit de ce rigorisme qui doit après tout moins exciter le blâme que le regret, on trouve d’ailleurs dans son livre des détails sur l’armée et sur l’émigration, d’où ressortent des vues générales assez curieuses, ce nous semble, et qu’on ne saurait trop rappeler.

3900. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires relatifs à la Révolution française. Le Vieux Cordelier, par Camille Desmoulins ; Les Causes secrètes ou 9 thermidor, par Villate ; Précis du 9 thermidor, par Ch.-A. Méda, Gendarme »

En reportant presque tout l’honneur de cette journée sur un citoyen estimable et pur, elle répare un injuste oubli, et de plus elle soulage l’âme en la dispensant de savoir quelque gré aux Tallien et aux Barrère.

3901. (1874) Premiers lundis. Tome I « Bonaparte et les Grecs, par Madame Louise SW.-Belloc. »

— Vous, mes braves, mes fils, coupes de verts rameaux, Qu’on en dresse ma couche, et courez dans la plaine Quérir un confesseur qui soulage mes maux ; Qu’il sache mes péchés ; je fus Klephte, Armatole ; Devant moi cinquante ans j’ai vu l’Albanais fuir, Sur ma tête aujourd’hui la mort tournoie et vole, Et mon heure est venue, et je m’en vais mourir.

3902. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les brimades. » pp. 208-214

Mais tous ne sauraient être des aigles, pour cette simple raison que les sots sont partout en majorité.

3903. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — E. — article » pp. 238-247

On sait que l’auguste Successeur de ce Prince, également jaloux de récompenser le mérite & les services rendus à l’Etat, continue à Mlle d’Eon la pension de douze mille livres, &c….

3904. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Sophocle, et Euripide. » pp. 12-19

Athènes sut partagée.

3905. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Girac, et Costar. » pp. 208-216

Elle sut communiquée à Costar à mesure qu’on l’imprimoit.

3906. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Deshays  » pp. 134-138

Qu’ils soient à lui, ou qu’il les ait empruntés des maîtres qu’il a étudiés, il est sûr qu’il sait se les approprier et qu’on n’est pas tenté en regardant ses compositions de l’accuser de plagiat.

3907. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Hallé » pp. 71-73

Mais vous savez à quoi servent les leçons, et l’on voit tous les jours combien il est aisé à la sagesse d’éclairer une nation sur ses vrais intérêts, et de la réunir pour le parti de la justice et de la raison.

3908. (1887) La vérité sur l’école décadente pp. 1-16

Les origines C’est d’une petite imprimerie du boulevard Saint-Germain, où s’éditait alors un journal littéraire d’avant-garde, que sortirent Les Déliquescences de Vicaire et de Beauclair, aimable parodie faite pour « embêter » les camarades, et dont on sait le succès inouï et inattendu ; les auteurs en restèrent stupéfaits et se refusèrent à une lucrative réimpression de la plaquette, en face du torrent de sottises inopinément déversé sur de tranquilles écrivains, leurs amis.

3909. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « Préface »

L’Auteur de ceci n’accepte pas l’immense platitude, devenue lieu commun, qui fait encore législation à cette heure, à savoir « qu’on doit aux vivants des égards et qu’on ne doit qu’aux morts la vérité. » Il pense, lui, qu’on doit la vérité — à tous, — surtout, — en tout lieu, et à tout moment, et qu’on doit couper la main à ceux qui, l’ayant dans cette main, la ferment.

3910. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre ii »

Le soir seulement, devant chaque bataillon réuni en carré, le colonel vint lire l’ardente proclamation du général Joffre… Nous savions à quoi nous en tenir.

3911. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

Néron célébrait alors à Baïes les fêtes des vingt jours. » XXXIX « Il y attire sa mère, disant avec affectation qu’il fallait savoir supporter les mécontentements des auteurs de ses jours, et étouffer les griefs, afin d’ébruiter ainsi l’idée d’une réconciliation, et qu’Agrippine y crût avec cette crédulité facile aux choses qui les flatte, disposition naturelle aux femmes. […] « Une multitude immense était accourue avec des lumières, et, quand on sut qu’Agrippine était sauvée, cette foule s’agitait et se groupait pour se féliciter mutuellement, quand l’aspect d’une troupe d’hommes armés, marchant dans une attitude menaçante, la dispersa de tous côtés. » XLVI « Anicétus, ayant investi la maison de campagne de sentinelles, et brisé la porte, arrête tous les esclaves qui s’offrent à lui jusqu’à ce qu’il touche à la chambre à coucher d’Agrippine. […] « Agrippine fut brûlée la même nuit sur un lit de festin, sans autre apprêt que pour les plus vulgaires funérailles, et, pendant toute la durée du règne de Néron, on n’éleva pas le moindre monticule de terre, et on n’entoura pas même d’un mur le lieu où les cendres de sa mère étaient répandues. » « Depuis, par la piété de ses serviteurs, ce lieu fut recouvert d’un petit tombeau, au bord du chemin qui mène à Misène, non loin de cette maison de campagne du dictateur César, qui voit d’en haut les golfes à ses pieds. » L « Un affranchi d’Agrippine, Mnester, se perça de son épée sur son bûcher allumé : on ne sait pas si ce fut par tendresse pour elle ou par terreur d’une funeste fin.

3912. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre II. Du goût, de l’urbanité des mœurs, et de leur influence littéraire et politique » pp. 414-442

Avant la révolution, l’on avait souvent remarqué qu’un François, étranger à la société des premières classes, se faisait reconnaître comme inférieur dès qu’il voulait plaisanter ; tandis qu’un Anglais, ayant toujours de la gravité et de la simplicité dans les manières, vous pouviez plus difficilement savoir en l’écoutant à quel rang de la société il appartenait. […] Ce tribunal exercerait aussi son influence sur la littérature ; les écrivains sauraient ou retrouver un goût, un esprit national, et pourraient travailler à le peindre et à l’agrandir.

3913. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre I. Composition de l’esprit révolutionnaire, premier élément, l’acquis scientifique. »

Il y est comme une partie dans un tout, à titre de corps physique, à titre de composé chimique, à titre de vivant, à titre d’animal sociable, parmi d’autres corps, d’autres composés, d’autres animaux sociables, tous analogues à lui, et, à tous ces titres, il est comme eux soumis à des lois  Car, si nous ignorons le principe de la nature et si nous nous disputons pour savoir ce qu’il est, intérieur ou extérieur, nous constatons avec certitude la manière dont il agit, et il n’agit que selon des lois générales et fixes. […] En histoire, en psychologie, en morale, en politique, les penseurs du siècle précédent, Pascal, Bossuet, Descartes, Fénelon, Malebranche, La Bruyère, partaient encore du dogme ; pour quiconque sait les lire, il est clair que d’avance leur siège était fait.

3914. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

Il avait eu la chance devenir à point : on lui savait un gré infini d’avoir été si amusant contre les juges du chancelier Maupeou, et les nouveaux Conseils en restèrent absolument déconsidérés. […] Son ingénue, sa Rosine, tendre, malicieuse, innocente, rouée, créature délicieuse et inquiétante, est une vraie femme de ce siècle, qui sait où elle aspire, où elle va.

3915. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Sur le Louis XVI de M. Amédée Renée » pp. 339-344

Louis XVI ne sut jamais prendre un parti.

3916. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires du marquis d’Argenson, ministre sous Louis XV »

Les différents articles qui les composent, et dont l’analyse ne saurait embrasser la variété, n’ont entre eux de commun que le mérite littéraire, le seul que je puisse apprécier d’une vue générale : apprécier le mérite littéraire d’un livre, quel qu’il soit, c’est d’ordinaire donner l’exacte mesure de sa valeur réelle.

3917. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VIII. De la clarté et des termes techniques »

Pascal a su faire entendre les plus fines subtilités de la théologie à des gens du monde, ignorants de la théologie, et qu’aurait épouvantés la barbarie de la langue théologique.

3918. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Les legs de l’exposition philosophie de la danse »

Voulez-vous savoir ce qu’on peut faire de la valse ?

3919. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la distribution des prix du lycée d’orléans. » pp. 223-229

On sait partout ce qu’il faut entendre par l’esprit des guêpins.

3920. (1887) Discours et conférences « Appendice à la précédente conférence »

Il est la meilleure preuve de ce grand axiome que nous avons souvent proclamé, savoir que les religions valent ce que valent les races qui les professent.

3921. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIV » pp. 394-401

Le roi savait la douleur profonde que madame de Maintenon ressentait de la perte de cet ami : il fait placer le portrait du maréchal d’Albret dans la galerie de Maintenon.

3922. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 169-178

Il ne faut pas croire au reste, que cette obscurité vienne du fond des matieres ; un esprit sage ne doit pas les traiter, quand il n’est pas capable de les éclaircir, & l’esprit net & méthodique sait rendre tout sensible : c’est ainsi que Bacon, Mallebranche, l’Auteur des Mondes, M. l’Abbé Condillac, ont trouvé moyen de mettre leurs idées à la portée de tout lecteur.

3923. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre IX »

Je formulerais donc volontiers ainsi les mots suivants, bien connus sous leur aspect barbare ; je mets à côté un des mots qui peuvent servir d’étalon analogique : Higuelife — High LifeCalife Fivocloque — Five o’clockColloque Vaterprouffe — Water-proofEsbrouffe Starteur — Starter84 Stimeur — SteamerRameur Autoresse 85 — authoressMaîtresse Blocausse — Block-hauss86 Chausse Groume — Groom87 Doume88 Spline — Spleen89 Discipline Smoquine — SmokingMolesquine Yaute — Yacht90 Faute Docart — Dogcart ou Doquart Trocart, Trois-quarts91 Snobe — SnobRobe Bismute — Bismuth92 Jute Zingue — Zinc93 (Voyez Chirtingue) Malte — Malt94 Malte Boucmacaire — Book-maker95 Valcovère — Walk-over Sévère Macaire Chirtingue — Shirting Métingue — Meeting Cotingue — Coating Poudingue 96 — Pudding Clube — Club Tube Quirche — Kirsch97 Spiche — Speech Niche Colbaque — Kolbak98 Codaque — Kodak99 Chabraque Railoué — Railway Tramoué — Tramway Avoué Ponche — Punch100 Bronche Grogue — GrogDogue Copèque — Kopeck101 Quipesèque — Keepsake Bifetèque, Romestèque 102 Chèque Sloupe — SloopChaloupe Spencère — SpencerSincère Stoque — StockToque Stope — Stop103 Chope Lunche — Lunch104 Embrunche Chacot — ShakoTricot Coltare — CoaltarTare Stoute — StoutToute Strasse — StrassStrasse105 Carrique — CarrickBarrique On sait que le français du Canada a subi l’influence de l’anglais.

3924. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Dédicace, préface et poème liminaire de « La Légende des siècles » (1859) — Préface (1859) »

Il mêle quelquefois à l’homme, il heurte à l’âme humaine, afin de lui faire rendre son véritable son, ces êtres différents de l’homme que nous nommons bêtes, choses, nature morte, et qui remplissent on ne sait quelles fonctions fatales dans l’équilibre vertigineux de la création.

3925. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface d’« Hernani » (1830) »

En attendant, ce qu’il a fait est bien peu de chose, il le sait.

3926. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Examen du clair-obscur » pp. 34-38

Son tableau n’est point un tableau [ ;] depuis sa toile jusqu’à son point de vue, on ne sait ce que c’est.

3927. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Première partie. Les idées anciennes devenues inintelligibles » pp. 106-113

L’éloquence, comme on sait, n’est pas seulement dans l’orateur qui parle ; elle est aussi dans ceux qui écoutent.

3928. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre I »

Comment, d’ailleurs, les belles-lettres seraient-elles les consolatrices si ceux qui les aiment ne savaient pas la souffrance ?

3929. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VII. De la propriété des termes. — Répétition des mots. — Synonymes. — Du langage noble »

Je massacrai l’albâtre, et la neige, et l’ivoire ; Je retirai le jais de la prunelle noire, Et j’ose dire au bras : sois blanc, tout simplement… J’ai de la périphrase écrasé les spirales ; Et mêlé, confondu, nivelé sous le ciel L’alphabet, sombre tour qui naquit de Babel ; Et je n’ignorais pas que la main courroucée Qui délivre le mot, délivre la pensée… Oui, vous tous, comprenez que les mots sont des choses… Tel mot est un sourire et tel autre un regard… Ce qu’un mot ne sait pas, un autre le révèle.

3930. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

La tendance qu’avait Gros-Guillaume à singer les travers des gens finit, comme on sait, par le perdre.

3931. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les Zutistes » pp. 19-27

Nul ne savait comme lui manier l’ironie ni distiller l’épigramme avec onction.

3932. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVI. Jésus au tombeau. »

Pilate, qui ignorait la circonstance du crurifragium, s’étonna que Jésus fût sitôt mort, et fit venir le centurion qui avait commandé l’exécution, pour savoir ce qu’il en était.

3933. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre III » pp. 30-37

La jeunesse ignorante et curieuse, à qui l’on assure que son ignorance est plus près du savoir que les bonnes notions acquises par la génération qui la précède, se précipite dans les écoles, flattée de franchir l’espace qui la sépare de cette génération avancée, de gagner même un rang sur elle, de la laisser en arrière, empêtrée qu’est celle-ci dans les anciennes traditions.

3934. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VIII » pp. 70-76

Votre façon d’écrire est fort jolie ; Mais gardez-vous de faire de folie, Ou je saurai, ma foi, vous châtier        Comme un galant.

3935. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre Premier »

Nous ne comprenons plus, sans études préalables, le vieux français ; la tradition a été rompue le jour où les deux littératures, française et latine, se trouvèrent réunies aux mains des lettrés ; les hommes qui savent deux langues empruntent nécessairement, quand ils écrivent la plus pauvre, les termes qui lui manquent et que l’autre possède en abondance.

3936. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1826 »

Un homme ordinaire pourra toujours faire un ouvrage régulier ; il n’y a que les grands esprits qui sachent ordonner une composition.

3937. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre cinquième. »

Le monarque prudent et sage, De ses moindres sujets sait tirer quelque usage, Et connaît les divers talens.

3938. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre VI. Harmonies morales. — Dévotions populaires. »

Il s’agit seulement de savoir si leur but est moral, si elles tendent mieux que les lois elles-mêmes à conduire la foule à la vertu.

3939. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 17, quand ont fini les représentations somptueuses des anciens. De l’excellence de leurs chants » pp. 296-308

Je ne sache pas même qu’il nous soit resté aucun monument de la musique rithmique, de l’organique, de l’hypocritique et de la metrique.

3940. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre viii »

Ce que Karl Marx rêvait, à savoir l’organisation du travail par le pangermanisme, est inintelligible pour des ouvriers français.

3941. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Troisième partie. Dictionnaire » pp. 243-306

. — Je sais tout, 1905. […] Je sais tout août, 1905 […] Collaboration. — Revue de Paris, Revue Bleue, Je sais Tout, L’Énergie Française, etc. […] — Je sais tout, etc. […] Collaboration. — Je sais tout, août 1905.

3942. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

ne sais-tu pas que je me glorifie d’être beaucoup plus puissante que toi ?  […] Elles savent qu’il y a quelque chose de sacré dans leur cruauté, et que le crime en armes s’emparerait du monde, si leur terreur se retirait de lui. […] Seule entre tous les dieux, je sais où sont les clefs du lieu où la foudre de mon père est renfermée.

3943. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Il faut aussi savoir refuser. […] Mais que la vérité est donc chose délicate à connaître, et comme il nuit ensuite de la trop bien savoir à qui voudrait créer et imaginer !

3944. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre II. Les privilèges. »

D’autre part, comme le contribuable paye la capitation au lieu de son domicile effectif, souvent fort loin de ses terres, et sans qu’on sache rien de ses revenus mobiliers, il peut ne verser que ce que bon lui semble. […] Livré à lui-même et ramené subitement à l’état de nature, le troupeau humain ne saura que s’agiter, s’entre-choquer, jusqu’à ce qu’enfin la force pure prenne le dessus comme aux temps barbares, et que, parmi la poussière et les cris, surgisse un conducteur militaire, lequel d’ordinaire est un boucher.

3945. (1874) Premiers lundis. Tome I « Deux révolutions — I. L’Angleterre en 1688 et la France en 1830 »

A ne prendre que l’empire, qui semble avoir été si hostile à la liberté, ç’a été le temps où, à l’abri d’un pouvoir fort, l’égalité civile a le plus profondément pénétré dans nos mœurs, où la tolérance religieuse a jeté le plus de fondements dans la société, où, les habitudes et le génie militaire circulant dans tous les rangs de la nation, nous avons appris ce qui nous garantira d’ici à un long temps de la dictature prétorienne ; sans Austerlitz, Wagram et dix ans de conquêtes à travers l’Europe, qui sait si le peuple de Paris eût vaincu la garde royale en trois jours ?

3946. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIX. De la littérature pendant le siècle de Louis XIV » pp. 379-388

Ces difficultés ajoutaient souvent à l’éclat du génie qui savait les vaincre ; mais quelquefois aussi l’expression recherchée refroidissait l’émotion.

3947. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Pour encourager les riches. » pp. 168-175

Je sais que, entre l’égoïsme où nous vivons presque tous et la charité parfaite, l’entier dépouillement des saints, la distance est grande, et les degrés nombreux et rudes.

3948. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sully Prudhomme (1839-1907) »

Théophile Gautier Dans son premier volume, qui date de 1865 et qui porte le titre de : Stances et poèmes, les moindres pièces ont ce mérite d’être composées, d’avoir un commencement, un milieu et une fin, de tendre à un but, d’exprimer une idée précise… Dès les premières pages du livre, on rencontre une pièce charmante, d’une fraîcheur d’idée et d’une délicatesse d’exécution qu’on ne saurait trop louer et qui est comme la note caractéristique du poète : Le Vase brisé… C’est bien là, en effet, la poésie de M. 

3949. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 124-134

Quand nous disons Poésie, nous ne prétendons pas la réduire à la simple versification : on sait en particulier que Mallebranche n’a fait que deux vers en sa vie, qui l’ont même rendu ridicule : nous parlons de cette Poésie, qui bien loin d’être ennemie de la prose, en est l’ame & l’ornement.

3950. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre quatrième. »

Ses larmes ne sauraient… La Fontaine ne néglige pas la moindre circonstance capable de jeter de l’intérêt dans son récit.

3951. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « ??? » pp. 175-182

La question reste de savoir si les têtes principales du roman peintes là-dessus se détacheront mieux… L’idée du Blessé de Novare n’est pas une découverte.

3952. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — IV »

Quant au fond même de la question et de savoir si la France ne produit plus que des choux et des navets et si c’est une production insuffisante, je n’essaye même pas d’en donner mon sentiment.

3953. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre II. Quelques traditions sur Pindare. »

Après avoir remarqué, dans sa description de Tanagre, que les habitants de cette ville ont su le mieux, parmi les Grecs, régler ce qui concerne le culte divin, toujours attentifs à placer les temples à part, dans un lieu pur, loin de l’habitation des hommes, il ajoute, apparemment par cette liaison d’idées naturelle entre le culte et la poésie : « Le tombeau de Corinne28, qui seule, à Tanagre, a fait des hymnes, est placé dans le lieu le plus découvert de la ville.

3954. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

« Sachez, illustrissime seigneur, écrit le Tasse au cardinal Albano, à Rome, que je suis à Turin, à la cour du marquis d’Este, auquel j’ai un désir infini de m’attacher à cause de ma dépendance de son illustre famille et de mon affection pour son beau-frère ; il désire aussi me prendre à son service ; mais telle est l’instabilité de mon caractère et de ma fortune, que rien, dans ces engagements, ne peut paraître stable, à moins qu’une autre main ne stipule pour moi plus que je ne peux garantir moi-même. […] Quelquefois aussi nous dansons avec les jeunes filles de Bizaccio, un des divertissements qui lui fait le plus de plaisir ; mais plus souvent nous restons assis au coin du feu, et nous y revenons souvent sur l’esprit qu’il prétend lui être apparu à Ferrare ; et véritablement il m’en parle de telle sorte que je ne sais trop qu’en dire et qu’en penser. » Pendant cette douce détente de l’âme et de l’adversité du poète, son poème, revu et perfectionné, se multipliait en Italie et en France avec la rapidité surnaturelle d’une œuvre qui correspondait précisément au siècle, aux mœurs, à la religion, aux contrées de l’Europe, dans lesquelles il devenait, en naissant, national. […] On ne sait par quel revirement de fortune ou d’humeur on le retrouve deux mois après, dans ses lettres, fatigué de Florence, et demandant à son ami Constantin un asile dans le palais de Santa Trinità à Rome, pour y finir ses jours. […] jusque dans le calme de la mort, on ne sait quelle obliquité des traits du visage, qui rappelle la démence luttant avec le génie.

3955. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Le Traducteur qui rima l’Iliade, De douze chants prétendit l’abreger ; Mais par son stile aussi triste que fade, De douze en sus il a sçu l’allonger : Or le Lecteur qui se sent affliger, Le donne au Diable & dit perdant haleine : Hé finissez, Rimeur à la douzaine ! […] Cette version est aussi fidelle qu’élégante, & ce que l’Auteur y ajoute pour éclaircir la Mythologie, ne peut qu’être le fruit d’un savoir profond. […] Les gens de bien ne lui ont pas plus su de gré de son travail, que les gens de goût. […] Il a donc voulu en sécouer le joug ; intimidé, dit-il, & averti par le peu de succès de quelques traducteurs de différens Poëtes ; traducteurs craintifs & scrupuleux, qui n’ont eu d’autre mérite dans leur travail que celui de prouver au public qu’ils savent expliquer mot pour mot leur auteur.

3956. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

Mais il y a des sciences qui ne sont pas exactes et ne pourront jamais le devenir, comme la physiologie ; et il y a des prévisions exactes qu’on ne considère pas comme une science : savoir qu’une lumière s’éteindra dans l’eau, que la glace fondra sur le feu. […] Lui seul sait qu’au fond de toute chose il y a un impénétrable mystère136. » 129.

3957. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Il se remit en marche vers la Jérusalem de la religion et de la poésie, le casque en tête et le glaive à la main, comme un des chevaliers du Tasse, et non sans se laisser aussi surprendre en chemin par les enchantements ; il entra dans la Cité sainte reconquise par l’arc de triomphe ou par la brèche (je ne sais trop), mais en plein soleil, tandis que M.  […] Il s’agit de savoir si, l’Assemblée nationale une fois convoquée, il fallait s’abstenir d’influer sur les membres qui offraient prise par quelque côté ; et il y en avait beaucoup plus qu’on ne pense dans cette première Assemblée, sans compter Mirabeau.

3958. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

“C’est l’ouvrage le plus complet que nous connoissions en ce genre, & son usage, pour qui saura le lire avec fruit, ne se bornera point aux écoles. […] S’il ne joint un beau geste à L’art de bien parler, Si dans tout son dehors il ne sait se régler, Sa voix ne charme plus, sa phrase n’est plus belle, Dès l’exorde j’aspire à la gloire éternelle ; Et dormant quelquefois sans interruption, Je reçois en sursaut sa bénédiction.

3959. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’inter-nationalisme »

Entre deux nations alliées politiquement, il n’y a ni entente profonde ni solidarité cordiale ; il n’y a que le superficiel parallélisme d’intérêts spéciaux et momentanés, celui de deux voyageurs qui suivent la même route durant quelques heures pour se protéger plus efficacement contre le péril, mais qui n’ont pas forcément de liens réels entre leurs deux existences, étant peut-être intérieurement ennemis l’un de l’autre sans le savoir, ou même le sachant. […] On sait combien sont solidaires les marchés financiers et industriels, de quelle importance est le transit maritime, quel chiffre énorme de voyageurs transportent les express internationaux, le nombre des communications postales qui s’échangent entre tous pays ; il est évident que ces financiers, ces industriels, ces voyageurs de terre et de mer, ces correspondants, s’ils sont d’esprit clairvoyant et libres de préjugés, doivent posséder du nationalisme, une conception toute autre que celle de l’homme solitaire, borné au cercle minuscule de son activité locale.

3960. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXIX » pp. 117-125

Dans l’exaltation où ils sont de leur importance sociale et de l’appui qu’ils apportent au pouvoir civil et politique, les catholiques, par l’organe de Veuillot, s’écrient à la fin de cette Épître outrecuidante à Villemain : « Si vous savez l’heure de notre défaite ou de notre avilissement, mettez en sûreté vos trésors.

3961. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. Ve et VIe volumes. »

A cela, pourtant, le blâme, ne saurait trouver à reprendre : au milieu de tant de périls qui tonnent sur la Révolution, la couleur du livre, sans cesser d’être nationale, est devenue militaire, et comme telle est restée pure, aussi pure que les couleurs de notre drapeau.

3962. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. Lettres philosophiques adressées à un Berlinois »

Quand on entend les hommes renommés par l’étendue de leur savoir et de leur esprit épuiser les sophismes de la logique et mille fausses lueurs détournées de l’histoire, au service d’une négation cynique de tout progrès social, il y a plaisir à contempler un esprit ardent qui, l’œil sur un but magnifique et lointain, ne ménage aucune étude, aucune indication empruntée aux philosophies et aux révolutions du passé, pour diminuer l’intervalle qui reste à franchir, pour tenter d’ajouter une arche de plus à ce pont majestueux où l’humanité s’avance.

3963. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « George Sand. »

Vous savez combien les deux moitiés du dix-septième siècle se ressemblent peu, et comment la littérature, héroïque et romanesque avec d’Urfé, Corneille et les grandes Précieuses, revient, vers 1660, à plus de vérité, avec Racine, Molière et Boileau.

3964. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre X. Zola embêté par les jeunes » pp. 136-144

Mais, moins qu’à quiconque, on ne saurait adresser à M. 

3965. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Dédicace, préface et poème liminaire de « La Légende des siècles » (1859) — La vision d’où est sorti ce livre (1857) »

Je ne sais.

3966. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre VIII. La religion chrétienne considérée elle-même comme passion. »

Nous savons que le siècle appelle cela le fanatisme ; nous pourrions lui répondre par ces paroles de Rousseau : « Le fanatisme, quoique sanguinaire et cruel 49, est pourtant une passion grande et forte, qui élève le cœur de l’homme et qui lui fait mépriser la mort ; qui lui donne un ressort prodigieux, et qu’il ne faut que mieux diriger pour en tirer les plus sublimes vertus ; au lieu que l’irréligion, et en général l’esprit raisonneur et philosophique, attache à la vie, effémine, avilit les âmes, concentre toutes les passions dans la bassesse de l’intérêt particulier, dans l’abjection du moi humain, et sape ainsi à petit bruit les vrais fondements de toute société : car ce que les intérêts particuliers ont de commun est si peu de chose, qu’il ne balancera jamais ce qu’ils ont d’opposé50. » Mais ce n’est pas encore là la question : il ne s’agit à présent que d’effets dramatiques.

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