Voici des personnages que les circonstances de leur état, de leur caste, de leur sexe, de leur intelligence naturelle destinent à des manières d’être précises et qui excitent notre rire parce qu’un engouement les détermine à se concevoir autres que ne les a faits la nature et la société, à assumer un rôle où ils trébuchent, où leur inexpérience leur fait commettre mille bévues, où le milieu les dessert constamment. […] Toutefois, dans le cas exceptionnel du génie, il ne faut pas se hâter de condamner l’intervention de cette duperie dont on ne saurait affirmer qu’elle n’ait son rôle utile.
Berthelot enfin, dans une remarquable introduction à sa Chimie organique, a largement développé le rôle de l’analyse et de la synthèse, en insistant particulièrement sur les progrès qu’il a fait faire lui-même à la méthode synthétique. […] Celui-ci avait dit que l’hypothèse dans les sciences joue de plus en plus un rôle subalterne ; on lui répondit avec raison que « l’hypothèse est toujours le premier pas qu’il faut faire pour procéder à chaque nouvelle coordination des faits », qu’à la vérité « l’hypothèse ne précède pas l’observation, car la perception desfaits est elle-même une condition indispensable de la production des hypothèses », mais qu’elle la suit, et qu’elle-même précède le raisonnement sur les faits, « car on ne peut raisonner sur les faits observés qu’au moyen d’une idée préalablement adoptée : on ne cherche à démontrer que les théorèmes qu’on s’est posés 24. » On trouvera dans la même leçon beaucoup d’autres idées très-dignes d’être méditées, et, dans cette lutte curieuse entre l’Église et l’hérésie, nous croyons que c’est l’Église qui avait raison.
De plus, elle n’est pas née de rien ; elle est elle-même un effet de causes externes qu’il faut connaître pour pouvoir apprécier son rôle dans l’avenir. […] Elles ne sauraient se retrouver également chez tous puisqu’ils ne sont pas de même nature ; le carbone n’est pas l’azote et, par suite, ne peut revêtir les mêmes propriétés ni jouer le même rôle.
Il croit au rôle et à la tâche de l’humanité sur la terre, et la vue du mal ne le laisse pas indifférent. […] On peut soutenir son rôle et mener la comédie jusqu’à la dernière minute. […] Son rôle est de balancer l’impulsion désordonnée de la vie, non point d’en briser la force ou d’en rompre l’unité. […] J’écarte toute question de rôle à jouer, d’influence à exercer, d’impression morale à produire. […] En même temps, une étude plus attentive lui révèle le rôle de l’histoire dans la formation du Canon.
dans Lucrèce, madame Halley, l’actrice, qui court la province, va jouer les trois rôles de femmes à la fois (Tullie, Lucrèce et la sibylle), et elle le pourra ; en effet, ces trois femmes ne se rencontrent jamais une seule fois ensemble.
L’homme ne joue guère de rôle dans cette manière d’envisager les lieux et de les reproduire : le groupe d’usage n’y est pas ; la pastorale et l’élégie y sont sacrifiées ; point de ronde arcadienne autour d’un tombeau ; point de couples épars et de nymphes folâires et d’amours rebondis ; point de kermesse rustique, de concert en plein air ou de dîner sur l’herbette ; pas même de romance touchante, ni de chien du pauvre, ni de veuve du soldat : c’est la nature que le peintre embrasse et saisit ; c’est le symbole confus de ces arbres déjà rouillés par l’automne, de ces marais verdâtres et dormants, de ces collines qui froncent leurs plis à l’horizon, de ce ciel déchiré et nuageux, c’est l’harmonie de toutes ces couleurs et le sens flottant de cette pensée universelle qu’il interroge et qu’il traduit par son pinceau.
Il faut même dire que, jusqu’à la fin, Mahomet est comme partagé entre ses trois rôles sans réussir à s’y reconnaître lui-même très distinctement.
Quant à Kaïapha, il eut pour successeur Jonathan, son beau-frère, fils de ce même Hanan qui avait joué dans le procès de Jésus le rôle principal.
Tel doit être le rôle de la littérature dans une histoire qui. lui est consacrée ; à elle, sans conteste possible, revient la place d’honneur ; mais autour d’elle, au second plan, doivent se grouper harmonieusement les voix des autres parties de la société, qui accompagnent, soutiennent et font ressortir le chant du personnage en vedette.
Dans la première hypothèse, le moi assume le rôle de l’Etre universel : il devient l’unique substance de l’Univers.
C’est ainsi que le déterminisme, qui, en nous déniant cette forme de pouvoir personnel qu’on appelle libre arbitre, semblait d’abord n’avoir qu’une influence morale dépressive, paraît aujourd’hui donner naissance à des espérances métaphysiques, très vagues encore, mais d’une portée illimitée, puisqu’il nous fait entrevoir que notre conscience individuelle pour rait être en communication sourde avec toutes les consciences, et que d’autre part la conscience, ainsi épandue dans l’univers, y doit avoir, comme la lumière ou la chaleur, un rôle important, capable sans doute de s’accroître et de s’étendre dans les siècles à venir.
Huysmans où l’amour ne joue aucun rôle, et dont le dernier analyse un solitaire, à cet admirable roman de M.
Ce vers est d’une sensibilité si douce, qu’il fait plaindre l’aigle, malgré le rôle odieux qu’il joue dans cette fable.
Un stoïcien joüeroit un rôle bien ennuieux dans une tragedie.
Et si, comme je le crois, son rôle se borne à nous donner tout de suite une petite œuvre que nos fils, plus tard, eussent publiée, je ne puis lui en vouloir d’avancer ainsi nos plaisirs.
Et tant d’autres saillies ; des mots à jamais fixés pour toutes les mémoires et qui font partie de toute conversation un peu lettrée, qui sont de la monnaie courante : Est-ce vous qui parlez ou si c’est votre rôle ? […] Le bon sens du maraud quelquefois m’épouvante… C’est une très-jolie situation et fort comique, que celle de l’oncle et du neveu mis nez à nez, à l’improviste, pour répéter un rôle qui se trouve être précisément celui de leur condition véritable, et que cette première confusion involontaire de la réalité et de la feinte. […] Bonjour, ma tante. » On dira, après avoir lu, que ce n’est pas la peine à Piron de tant se vanter et que vraiment il n’y a rien dans tout son rôle de si piquant et de si rare : c’est que cela se joue, s’improvise, se fait applaudir après boire, se raconte de vive voix le lendemain et ne s’écrit pas. […] Dépouillons nos femmes, enrichissons des filles perdues ; ne gardons du beau tragique usé qu’un peu de comique larmoyant ; du haut comique, que des farces et des parades : nous bâtirons les théâtres chez nous ; nos jeunes parasites barbouilleront les pièces ; et nous, marguilliers, échevins, magistrats, officiers généraux, ducs et princes même, nous y jouerons, si l’on veut, les rôles d’Arlequin, Scaramouche, Pierrot, etc. […] Le tragédien Lafon faisait tous les dix ans, plus ou moins, un essai d’entrée dans la comédie ; il prenait volontiers le rôle de Damis, M. de l’Empirée.
Du reste, il faut dire que le rôle d’Hamlet, ce rôle qui est toute la pièce, était joué d’une manière remarquable. […] Des peintures d’une vérité et d’une énergie saisissantes, une fin sublime ; mais quel rôle ! […] Ses splendeurs dans l’oraison funèbre et dans son rôle d’évêque gallican éclipsaient tout. […] Son rôle politique en ce moment s’est borné à ce simple discours. » Ce qui n’empêche pas que son discours, même avec ses conclusions modérées, ne renfermât des choses fort vives.
Sûrement ici l’art et le bon sens, recommandés par Boileau même en chanson, jouent leur rôle, et surtout à présent que le style de ce petit poème doit être si travaillé et la composition si remplie. […] Une autre intitulée le Vaudeville politique, et dans laquelle il retrace toute l’histoire du noël satirique en France, montre à quel point il comprit dès le premier jour le rôle de la chanson représentative. […] En essayant d’appliquer directement leurs principes sous le ministère Dessoles, en se préoccupant plus des choses que des hommes, et en se persuadant trop que le rôle de l’ homme d’État se réduisait désormais à celui de législateur , des esprits éclairés tinrent-ils assez de compte de toute cette situation réelle, et n’eurent-ils pas trop de confiance en un malade qui n’était pas assez calmé ? […] Ce point obtenu, placé au cœur du mouvement politique, ami personnel de tous les hommes dirigeants, il fut longtemps avant de se décider aux fonctions officielles ; même quand il appuie et quand il conseille le pouvoir, c’est encore le rôle libre qui lui va le mieux. […] Toute cette tentative est noble, grave, prudemment menée et pas à pas ; M. de Rémusat, en instituant le rôle de la raison, prêche d’exemple ; et j’ai entendu remarquer sans ironie que ce livre d’Essais est peut-être le seul livre de philosophie et de métaphysique où l’on ne rencontre jamais rien qui effarouche le bon sens.
La question, assurément, est délicate ; mais elle revient à celle-ci : Jusqu’à quel point l’enfant qui joue de tout son cœur et l’acteur tout à son rôle se trompent-ils eux-mêmes et perdent-ils la notion de leur vraie personnalité ? […] Il ne paraît pas non plus que chacun des saints ait eu, comme conseiller de la jeune fille, son rôle spécial. […] Suite : les dieux d’Homère ; la prosopopée Socrate ne rattachait ses idées propres sur les rapports des dieux avec les hommes qu’aux idées religieuses de son temps ; néanmoins, il est impossible de ne pas remarquer une certaine analogie entre le rôle qu’il attribuait à son démon et le rôle que prennent dans Homère les divinités protectrices à l’égard des héros : tantôt elles leur révèlent l’avenir ; tantôt et plus souvent, elles les invitent à certaines actions déterminées, ou bien elles les retiennent au moment d’agir, elles leur imposent le calme et la réserve ; enfin, prédiction et conseil ont souvent dans les discours des dieux de l’Olympe le rapport de principe à conséquence : l’avenir dévoilé justifie le conseil présent. […] Il rêve éveillé ; entre son rêve et ceux qu’il fait endormi, il n’y a d’autre différence que la vraisemblance ; les rêves du sommeil sont toujours incohérents, ils n’imitent pas vraiment la réalité, car, pendant la durée du sommeil, les lois de la nature sont suspendues ; tandis que les rêves de l’homme éveillé sont des drames analogues à ceux que le roman raconte ou que le théâtre représente aux yeux, avec cette différence que l’auteur même du drame y joue toujours le rôle principal.
Tel est donc le rôle, telle est la signification de la religion que nous avons appelée statique ou naturelle. […] Les membres de ces sociétés closes se sentaient plus près du dieu qu’ils invoquaient, ne fût-ce que parce que la représentation des scènes mythologiques jouait un plus grand rôle ici que dans les cérémonies publiques. […] Les dieux et les esprits y jouaient le même rôle que partout ailleurs. […] Le rôle des mystiques serait alors seulement d’apporter à la religion, pour la réchauffer, quelque chose de l’ardeur qui les anime. […] Par là s’explique le rôle qu’il se sent appelé à jouer d’abord, celui d’un intensificateur de la foi religieuse.
Tout à fait libre alors, et prenant son grand vol, chantre adopté de la jeunesse et de la patrie, amoureux de ses gloires, attristé de ses deuils, la consolant par ses souvenirs et ses espérances, il ne voulut point d’autre rôle ; et, dans sa vieillesse, quand il vit s’accomplir plus d’événements qu’il n’en avait sans doute attendu, quand il se reconnut meilleur prophète encore qu’il ne l’avait pensé, il eut la sagesse, et de vouloir rester le même, le simple et grand chansonnier comme devant, et à la fois de ne point répudier les prodigieux résultats publics auxquels, pour sa part, il avait concouru.
Vinet dans son rôle de juge ; il ne connaissait personnellement aucun de ceux dont il avait à parler ; leurs livres seuls lui arrivaient, et il en tirait ses conclusions jusqu’au bout avec sagacité, avec discrétion, et en penchant plutôt, dans le doute, pour l’indulgence.
Madame du Hausset semblait faite pour ce rôle de Suétone par sa position et par son caractère ; il est dommage qu’elle n’ait ni plus regardé ni plus écrit.
Quoi qu’il en soit, pendant qu’elle était en Allemagne, madame de Genlis se crut obligée de publier son Précis de conduite : c’était accepter dès lors un rôle politique, qu’il lui faudrait soutenir, et qui lui convenait moins qu’à aucune autre femme.
Ce rôle de justice et d’indulgence qu’ils avaient tant haï dans la Gironde, qu’ils avaient réprimé par sa ruine, et qu’ils flétrissaient encore dans sa mémoire, quelques-uns, le croirait-on ?
Dans la position toute particulière où il se trouve depuis quelques mois, personnage politique important, ballotté par les conjectures diverses de l’opinion, jugé avec une sévérité équitable pour avoir déserté un admirable rôle en une circonstance récente, désigné pourtant encore comme ressource prochaine et dernière d’un système qui a usé tous ses hommes, comment M.
C’est là du bon style ; mais il est fâcheux encore que toutes les saines pensées et les maximes justes de la pièce se trouvent rejetées dans la bouche de ce triste Féline, et qu’elles s’y trouvent (notez-le), non pas comme des ressorts de son rôle, mais à titre même de choses justes ; il devient ainsi par moments une manière d’Ariste véritable ; c’est Tartufe et Cléante mis en un, s’il est permis d’amener ici ces grands noms
Sachons être à notre jour des arriérés ; les rôles changent si vite en ce monde !
Car non seulement il a, en quelque sorte, charge d’âmes, mais aussi et surtout, en qualité de penseur, d’artiste, de citoyen, d’homme, il a son rôle à jouer dans la bataille des idées, dans le conflit des écoles, dans la lutte des différents genres de beauté.
Aussi les rôles ont-ils été renversés : Racine a de nouveau grandi, pendant que Corneille était rabaissé par les juges attitrés de notre littérature ; ils ont préféré la psychologie fine aux grands sentiments et à la force d’âme, preuve en soit les articles de MM.
Ce « Chef d’École » — rôle ou d’ailleurs l’appelait la qualité d’aîné de sa petite bande (il a quelque 30 ans) — n’est ni le plus fécond ni le plus original de ces poètes, néanmoins l’accent tout particulier de tel de ses poèmes, les qualités de sonorité et de coloris qui distinguent son style font de ses œuvres des livres de bibliothèque.
La mode s’en mêla, comme elle se mêle de tout : on se fit un rôle de gastronome et d’épicurien ; Oui, nom d’un chien ! […] On raconte qu’un jour l’acteur qui faisait Arlequin, dans je ne sais quelle farce de lui, se trouvant indisposé au moment de la représentation, il le suppléa à l’improviste, et joua incognito le rôle avec applaudissement21. […] ii) que c’était le rôle d’Arlequin cadet, joué d’ordinaire par Monrose, dans l’Un après l’Autre (théâtre Montansier, 1804).
Toujours sobre, attaché à son objet, châtié et contenu, même à l’époque où cette ivresse emportait les meilleurs esprits préservé par son caractère, par son rôle, par la sévérité de sa matière, des écarts de l’enthousiasme littéraire, il n’avait reproduit de l’antiquité que la simplicité de sa méthode ; du reste, ainsi que je l’ai remarqué, trop théologien pour ne pas négliger la plus grande partie des trésors de la sagesse profane. Pour Amyot, il s’était borné au rôle de traducteur, montrant, il est vrai, ce que l’esprit français pouvait oser avec l’aide et, pour ainsi dire, sous le couvert de l’antiquité païenne ; du reste, ne donnant rien du sien, et ne mêlant aux pensées antiques aucune pensée qui lui fût propre. […] Quatre ans après, aux états de Blois, il jouait, selon de Thou, le rôle de négociateur secret.
Les monastères analogues de Saint-Pol-de-Léon, de Saint-Brieuc, de Saint-Malo, de Saint-Samson, près de Dol, jouaient sur toute la côte un rôle du même genre. […] Plus tard, les rôles furent bien changés ; mais l’hôpital continua de recevoir toute sorte d’épaves. […] Une fois par semaine, le samedi, c’était une douceur inexprimable pour elle d’être une demi-heure seule avec lui, comme face à face avec Dieu, de le voir, de le sentir remplissant le rôle de Dieu, de respirer son haleine, de subir la douce humiliation de ses réprimandes, de lui dire ses pensées les plus intimes, ses scrupules, ses appréhensions.
Mais, dans les branches du savoir humain qui se partagent à proportions presque égales entre la science et la littérature, plus fréquent et plus utile est le rôle de ces vives intuitions qui précèdent les investigations méthodiques et lentes. […] Je pourrais noter encore le rôle important dévolu souvent aux inventeurs, aux savants, aux médecins, les tirades sur les vibrions ou sur la liquéfaction de l’oxygène, et même l’emploi, en qualité de ressorts dramatiques, de certains engins nouveaux tels que le télégraphe et le téléphone : ressorts qui, pour le dire en passant, auraient été bien précieux au temps où régnait la règle des trois unités, puisqu’ils permettent de faire parler et prendre part à l’action les personnages absents. […] Par un renversement complet des rôles, les philosophes du siècle suivant se moquent de Descartes, et Diderot, Helvétius, d’Holbach doutent de tout ce qui ne tombe pas sous les sens, nient l’âme et Dieu.
Vaucorbeil, directeur de l’Opéra de Paris, s’y révéla d’une façon très remarquable dans le personnage d’Elsa, à côté de madame Derasse, chargée du rôle d’Ortrude. […] Lors des deux dernières reprises, la direction Stoumon et Calabresi rétablit la plupart des passages supprimés antérieurement, mais en dépit d’une brillante distribution95, l’exécution faiblit dans la suite et l’œuvre fut abandonnée après la représentation dans laquelle madame Albani chanta le rôle d’Elsa avec une supériorité dont les vrais connaisseurs ont gardé le souvenir (24 février 1880). […] Warot, Roudil et Berardi, mesdames Battu, Hamaeckers et Isaac, créent les principaux rôles avec distinction.
Lewes la représente « comme la masse des ondes stationnaires formées par les ondes individuelles des vibrations nerveuses. » « Les ondes stationnaires, dit-il, jouent un grand rôle dans les spéculations des physiciens modernes. […] Ces infiniment petits de la perception pourraient bien jouer, dans la vie psychologique, un rôle aussi important que les organismes microscopiques dans le monde matériel ; et l’on peut être plus d’une fois surpris de la disproportion qui existe entre ces causes infinitésimales et les conséquences qu’elles engendrent. […] A notre avis, les études sur la transmission héréditaire, considérée au point de vue psychologique, sont destinées à jouer un grand rôle, quand la science sera entrée complètement dans la voie qu’elle ne fait que d’essayer.
Quel que soit le mode de force ou d’efficacité des idées, qu’elles agissent par les seuls mouvements physiques ou aussi par les désirs psychiques dont ces mouvements sont inséparables, toujours est-il que le cerveau qui conçoit l’idée d’une chose arrive à faire exister cette chose même et qu’il a conscience de son rôle décisif dans la série des conditions. […] La conscience réfléchie de tous ces rapports modifie l’intensité et la qualité primitives des motifs ; elle n’est pas une vaine lumière sans effet : l’action finale est, en partie, la résultante de ce processus qui constitue la délibération, et il est des cas où c’est cet examen réfléchi des motifs qui joue le plus grand rôle, le rôle décisif.
Dans ces pays, il paraîtrait aussi, que pour les rôles de criminel, les directeurs de théâtre sont en quête d’un vrai criminel, et quand il s’agit de jouer Macbeth, on fait des propositions d’engagement à une empoisonneuse, au moment de sortir de prison : et l’on voit des affiches ainsi conçues : Le rôle sera rempli par Mme X***, et entre parenthèses (10 ans de travaux forcés). […] Il y a un beau réveil du roi, en la pocharderie de Dieudonné, et Mlle Legault a des gestes de marionnette, qui vont à son rôle.
Les hommes étaient dignes du rôle, la cause digne des hommes. […] Son rôle était de sauver la France en constituant une démocratie sans crime. Ce rôle, elle en avait accompli la moitié quand elle fit, en abdiquant avant l’heure, la généreuse faute de se retirer devant d’autres élections.
Or une représentation peut être en état de jouer utilement ce rôle tout en étant théoriquement fausse. […] Rien donc ne nous assure par avance qu’il y ait une sphère de l’activité sociale où le désir de la richesse joue réellement ce rôle prépondérant. […] Tout au moins, si, parfois, la nécessité l’oblige à y recourir, qu’il le fasse en ayant conscience de leur peu de valeur, afin de ne pas les appeler à jouer dans la doctrine un rôle dont elles ne sont pas dignes.
Il a rempli un rôle impérial. […] L’analyse des idées religieuses, politiques, morales, peut jouer dans la vie des sociétés, des États, des hommes, un rôle aussi précieux que l’analyse mathématique au principe des sciences. […] Rôle et limites de l’idéologie. […] Mais il y a cette différence que le moule tragique, l’idéal tragique, la personnalité de Corneille et de Racine écrasaient l’auteur, le réduisaient au rôle de copiste. […] Ce grand poète lyrique est entré au théâtre moins pour donner des rôles que pour jouer un rôle : le rôle d’un conquérant, quand le romantisme avait le théâtre à conquérir.
En vain voudrait-il borner son rôle à faire comprendre et goûter le beau, sans prendre parti pour ou contre quoi que ce soit. […] Elle a un rôle considérable à jouer, pour peu qu’elle veuille et sache le remplir. Un rôle presque nouveau, hélas ! […] Il réduit au rôle de facteurs secondaires le climat et la race dont on a tant abusé. […] S’il est un rôle que Rousseau se plut à jouer toute sa vie, ce fut celui d’apôtre du retour à la nature.
Loin que les idées lui entrent uniquement par les sens, il semble au contraire que les sens n’aient qu’un rôle mineur dans leur élaboration. […] L’emblème est une figure par laquelle on matérialise, mais sous leurs noms, les idées, les passions, les vertus des hommes, ainsi que les abstractions pures, et surtout l’âme qui alors se trouve dédoublée et jouant dans la vie son rôle d’âme vis-à-vis du corps qui joue son rôle de corps. […] Ghil lui a rendu ce rôle impossible. […] Tous ces détails, que les gens graves de l’an 1855 taxaient d’enfantillages, ne les empêchèrent pas de dégager les premiers le véritable rôle de la reine et de montrer que tous les fils venaient se nouer autour de ses doigts fins et redoutables. […] Après l’originalité de leur style, l’importance de leur rôle littéraire, historique, artistique, ce qu’il faut admirer chez les Goncourt, et chez le survivant jusqu’à la dernière heure, c’est la fécondité.
Depuis longtemps, ce rôle de poète populaire, personne n’avait osé le prendre. […] Malgré cette sorte d’enflure brillante qui est commune à tant d’auteurs, Retté, je crois, n’eut sans doute jamais aspiré à prendre un rôle aussi éclatant, aussi sûr. […] Tous n’y jouèrent qu’un rôle plus ou moins décoratif, et c’est à peine si Lamartine peut arrêter un instant notre attention. […] Les adolescents, surchauffés dans nos établissements pédagogiques, sont des sots de songer à jouer des rôles, à obtenir des charges ou à imiter Napoléon. […] Tel est le rôle du poète, ses préceptes revivent en des êtres étrangers, ses frissons se communiquent et se perpétuent dans la tribu des hommes, la fragile argile des âmes prend l’apparence de ses songes et se modèle selon l’image de ses suaves sentiments.
Lorrain y avait convié Mlle Nau qui avait tenu avec succès le rôle de la fille Elisa dans la pièce tirée du roman de Goncourt et qui, sur la demande de Lorrain, récita « la lettre d’Elisa » au petit pioupiou. […] Ce rôle était tenu au « Grenier » par Alphonse Daudet à qui Edmond de Goncourt laissait volontiers la parole et qui, lorsque la souffrance ne le torturait pas trop cruellement, en usait avec une maîtrise, une fantaisie, un pittoresque justement célèbres. […] Ce fut ainsi qu’il décida que les vers du poème seraient dits par un récitant et une récitante, tandis que les acteurs chargés des rôles et séparés du public par un voile de gaze prendraient les attitudes et feraient les gestes convenables au texte parlé. […] Le théâtre de l’Œuvre s’était chargé de la présentation et Gémier avait accepté de tenir le rôle d’Ubu. […] Si le rôle de parrain académique est un rôle muet et modeste, il n’en a pas moins son prix.
Ce sont là les caractères essentiels de la substance ; partant, rien d’étonnant si nous nommons ces possibilités des substances et si elles jouent le rôle prépondérant dans notre esprit. […] « Quand ce point a été atteint, les possibilités permanentes en question ont pris un aspect et un rôle par rapport à nous si différents du rôle et de l’aspect que revêtent nos sensations, qu’elles ne peuvent manquer, et cela par le jeu naturel de notre constitution mentale, d’être conçues et crues comme au moins aussi différentes de nos sensations qu’une sensation l’est d’une autre. […] Partant, on voit maintenant le rôle qu’elle joue dans une perception extérieure.
Les rôles qu’Iffland représentait devenaient classiques en sortant de ses lèvres. […] Goethe, provoqué par Schiller, avait consenti à ce rôle de collaborateur, qui semblait incompatible avec son rang, mais qui pouvait être utile à la fortune de son ami. […] Elle accepta avec ivresse le gouvernement de la maison du grand homme et le rôle d’épouse équivoque auquel il conviendrait au poète d’élever sa belle gouvernante. […] Il se plaisait à jouer le rôle d’un Anacréon allemand couronné de roses, et voulant mourir la coupe des illusions encore pleine à la main.
Ils cherchèrent de toute part l’homme vrai ou imaginaire qui pouvait représenter ce rôle chez eux, et, après avoir vainement cherché dans toutes les capitales de l’Ausonie, ils finirent par porter les yeux sur le gentilhomme piémontais Vittorio Alfieri, qui ne demandait pas mieux que de faire à Turin et que de se faire à lui-même l’illusion d’un grand tragique et d’un grand citoyen. […] Comme ce second voyage devait se prolonger plus que l’autre, et qu’à mes rêves de véritable gloire il se mêlait encore quelques bouffées de vanité, j’emmenai avec moi plus de gens et de chevaux, afin de marier ainsi deux rôles qui rarement vont d’accord ensemble, le rôle de poète et celui de grand seigneur. […] Enfin, on tomba d’accord sur le plan ; chacun apprit son rôle, et au jour fixé, à l’heure dite, la petite comédie fut enlevée avec un merveilleux ensemble.
Aussi le rôle des anges est-il en général froid et monotone, comme celui des messagers et des confidents. […] Les religions semblent mises au ban de l’humanité ; elles n’arrivent que bien tard à obtenir leur véritable valeur, celle qu’elles méritent aux yeux de la critique, et le silence qu’on garde à leur égard peut faire illusion sur l’importance du rôle qu’elles ont joué dans le développement des idées. […] Et en effet n’est-il pas remarquable que les trois religions qui jusqu’ici ont joué le plus grand rôle dans l’histoire de la civilisation, les trois religions marquées d’un caractère spécial de durée, de fécondité, de prosélytisme, et liées d’ailleurs entre elles par des rapports si étroits qu’elles semblent trois rameaux d’un même tronc, trois traductions inégalement belles et pures d’une même idée, sont nées toutes les trois en terre sémitique et de là se sont élancées à la conquête de hautes destinées ? […] Quand on songe au rôle qu’ont joué dans l’histoire de l’esprit humain des hommes comme Erasine, Bayle, Wolf, Niebuhr, Strauss, quand on songe aux idées qu’ils ont mises en circulation, ou dont ils ont hâté l’avènement, on s’étonne que le nom de philosophe, prodigué si libéralement à des pédants obscurs, à d’insignifiants disciples, ne puisse s’appliquer à de tels hommes.
De quel nom appeler un tel rôle ? Et quand il ne serait pas immoral, ne serait-il pas, de tous les rôles, le plus gauche, le plus ridicule, le plus impossible ? […] Mais le sceptique qui prêche le paradis et l’enfer, auxquels il ne croit pas, au peuple qui n’y croit pas davantage, ne joue-t-il pas un rôle mille fois plus équivoque. « Amis, laissez-moi la jouissance de ce monde-ci, et je vous promets la jouissance de l’autre. » Voilà certes une bonne scène de comédie. […] À chacun son rôle : persécutés et persécuteurs poussent également à l’éternelle roue ; et après tout les persécutés doivent beaucoup de reconnaissance aux persécuteurs, car, sans eux, ils ne seraient pas parfaitement beaux !
C’est là un art dans lequel, comme nous l’avons vu, le calcul et la science d’esthétique, la prévision jouent le principal rôle, où l’auteur s’applique à faire connaître réalistement et prosaïquement des spectacles fantastiques, où son émotion propre, réprimée et tue, n’intervient nullement pour suggérer au lecteur l’émotion qu’il doit ressentir ; tout donne même à croire que ce n’était pas par une sorte de stoïcisme littéraire que Poe dissimulait ainsi ses sentiments. […] Ils sont hors la société, remplissant loin d’elle le rôle fastidieux et triste de spectateurs, sans pouvoir se résigner au peu d’estime que leur concèdent, entre deux tâches, les hommes actifs, Par toute leur délicate organisation intellectuelle, ils sont empêchés de pratiquer la conduite désignée par M. […] En tous ces traits, par l’image nouvelle qu’il donna de la nature, de l’homme, de l’Être, le romantisme fit une révolution dans le rôle que l’on prêtait jusqu’à lui à la sensibilité dans la conduite de la vie et l’exercice de la pensée, lien proclama la supériorité et le triomphe, vainquit par là, renouvela tout le domaine littéraire de la forme au fond, attira à lui tout ce qu’il y avait en France de gens plus émus que bons logiciens, se fit ainsi bienvenir des jeunes gens surtout et des femmes et opéra que nos livres depuis le commencement de ce siècle ressortissent plutôt aux littératures septentrionales qu’aux méridionales. Depuis on en est resté là, tout ce que la France compte de grands auteurs populaires, produit des livres plus touchants que rationnels, tendant à exalter le rôle de la sensibilité chez l’homme aux dépens de la raison.
II Quant à nous, en face de ces deux volumes de poésie d’Alfred de Musset, notre rôle de critique est bien différent du rôle d’Hafiz et de son ami en face du festin et des danseuses de Perse. […] Il faut rendre justice au poète, il fait comme la nature, il donne toujours le beau rôle à la femme. […] Ici encore le poète laisse le rôle sublime du dévouement à la femme.
Nombreuses, variées, complexes à coup sûr, et les eût-on toutes déterminées, il resterait encore à établir l’importance relative et le rôle précis de chacune d’elles. […] L’hérédité est si complaisante qu’elle se prête indifféremment aux rôles les plus opposés. […] Il connaît parfaitement l’oreille interne de l’homme ; ses observations sur la structure des poissons ont excité l’admiration des juges les plus compétens ; il a notamment très bien constaté le rôle et la conformation des branchies. […] N’est-ce pas là l’hypothèse des variations accidentelles, qui joue un si grand rôle dans la doctrine darwinienne ?
Comme il ne croit pas que son souverain, l’empereur Joseph, soit en mesure de la commencer assez vite, il demande à être provisoirement au service de la Russie : « Après avoir fait quelques sottises dans ma vie, dit-il à ce propos, j’ai fini par faire une bêtise. » Le voilà donc sans rôle défini, en qualité de militaire à moitié diplomate, et d’officier général à demi conseiller et très peu écouté, côte à côte avec le prince Potemkine, qui le caresse et le joue : « Je suis confiant, moi, je crois toujours qu’on m’aime. » On assiège Otchakov ; Potemkine n’est rien moins que militaire, et il veut le paraître. […] Il aspire à un commandement en chef ; il va peut-être enfin donner toute sa mesure, car ce n’est qu’à la guerre qu’il a rêvé un grand rôle : ailleurs il n’a voulu être que témoin et confident.
Le nom d’écrivains proprement dits continue d’appartenir à ceux qui de propos délibéré choisissent un sujet, s’y appliquent avec art, savent exprimer même ce qu’ils n’ont pas vu, ce qu’ils conçoivent seulement ou ce qu’ils étudient, se mettent à la place des autres et en revêtent le rôle, font de leur plume et de leur talent ce qu’ils veulent : heureux s’ils n’en veulent faire que ce qui est le mieux et s’ils ne perdent pas de vue ce beau mot digne des temps de Pope ou d’Horace : « Le chef-d’œuvre de la nature est de bien écrire. » Les autres, les hommes d’action, qui traitent de leurs affaires, ne sont écrivains que d’occasion et par nécessité ; ils écrivent comme ils peuvent et comme cela leur vient ; ils ont leurs bonnes fortunes. […] De telles occasions n’étaient pas une gêne pour d’Aubigné, qui prit la balle comme elle lui venait, et qui fit ici le rôle que fera plus tard Sully, consulté de même au sujet de Gabrielle.
Voiture y est vu dans son vrai jour ; sa mesure y est très bien prise, et son rôle parfaitement présenté. Ce rôle ne saurait se séparer du souvenir et de la représentation fidèle de la société où il a vécu.
Il est encore certaines Observations morales d’un anonyme qu’il aurait pu faire tirer à part, s’il l’avait voulu, et ne pas joindre à l’édition : c’est appeler la confrontation avec le maître du genre et compliquer le rôle d’éditeur. […] Au milieu d’un tel monde, il y avait pour un homme d’esprit et capable plus d’un rôle à tenter et plus d’une visée à suivre.
» ce personnage conciliateur et bienveillant était tout occupé alors à renouer des relations, à opérer des rapprochements ; ce fut son rôle dans cette crise. […] Une première victoire elle-même, s’il la remportait, ne le sauverait pas. » Mais vraiment, vous ne pouvez entrer un seul instant dans une pareille supposition, vous ne pouvez retourner ni presque modifier aucun des sentiments exprimés dans cette lettre sans imaginer un rôle odieux, et devant lequel vous reculez tout le premier.
Il y a ainsi, pour les divers genres littéraires, des heures plus ou moins favorables et comme des tours de rôle : après des années de retard et d’attente, tel genre qui était primé par d’autres passe à son tour sur le premier plan et se donne toute carrière. […] Le mystère de la Passion, joué à Valenciennes, se divisait en 25 journées ; un seul rôle, celui du Christ, pouvait contenir plus de 3,400 vers.
Ce n’est pas à nous, — ce n’est pas à moi du moins qui ne fais point et qui n’ai jamais fait (ou qu’à peine) de politique proprement dite, — d’insister sur ce peu de chose qui est la grosse question ; je ne voulais que remarquer qu’il y a, à l’heure qu’il est, bien des rôles remplis dans ce mouvement croissant de la presse actuelle ; et que, parmi ces rôles, M.
Il demandait comme pardon de son rôle d’office aux juges et à l’opinion environnante et soulevée, qui réclamait en mugissant sa proie. […] Il y avait des niais et quelques sots panachés dont je ne parle pas, ils vivent peut-être encore ; puis, à côté, les malins : — et ce Vitrolles, hardi, osé, peu scrupuleux, qui avait un pied dans les camps les plus opposés, qui visait à un premier rôle, qui jouait son va-tout sur une seule carte, la confiance intime de Monsieur ; qui perdit et qui se fera beaucoup pardonner un jour en jugeant dans ses Mémoires avec esprit les gens qui l’ont mal payé de son zèle ; — et Michaud ; engagé parmi les violents du parti, on ne sait trop pourquoi, si ce n’est parce qu’il s’en était mis de bonne heure et de tout temps ; raisonnable et même assez philosophe dans ses écrits historiques et dans ses livres, incorrigible dans ses feuilles ; de qui Napoléon avait dit que c’était « un mauvais sujet » ; avec cela homme d’esprit et les aimant, indulgent même pour la jeunesse ; journaliste avant tout et connaissant son arme, muet dans les assemblées et pour cause, avec un filet de voix très-mince, un rire voltairien, et qui passa sa vie à se rendre compte des sottises qu’il favorisait, qu’il provoquait même, et qu’il voyait faire41.
Mais on voit quel rôle immense tenait et remplissait Rousseau à ses yeux, un rôle de révélateur et d’initiateur.
C’en est fait dès longtemps, pour les contrées et pour les nations, de ces rôles naturels et vierges en quelque sorte, de ces rôles de jeunesse : l’ancien monde est saturé ; il a passé par tous les emplois et par tous les âges, par tous les états de l’histoire.
Chacun, dès que le grand homme paraît et se déclare, après l’avoir admis volontiers au premier degré, s’empresse aussitôt de le continuer à sa guise, de l’achever à sa manière et selon ses goûts, de lui dicter son rôle de demain ; et si le personnage ne répond pas à cette idée qu’on s’en fait et ne suit pas le programme, on est bien près de le renier, de s’écrier qu’il fait fausse route et qu’il se perd, ce qui arrive quelquefois, mais par d’autres raisons le plus souvent que celles dont on se payait d’abord assez à la légère. […] Quand la nature crée un homme supérieur et d’une supériorité de premier ordre, quand elle l’a fondu et coulé tout d’un jet dans un de ses plus beaux moules humains, si cet homme, après avoir fourni sa grande carrière, tombe ou sort de la scène dans la plénitude de la vie et de ses facultés, sans que la maladie ou l’âge soit venu l’altérer ou l’affaiblir, il est bien clair qu’il est et qu’il a dû rester le même pendant toute cette durée de son rôle actif, que les événements n’ont fait que le produire, un peu plus tôt ; un peu plus tard, sous ses aspects différents, le montrer et le développer plus ou moins dans quelques-unes de ses dispositions naturelles et donner occasion à ses qualités ou à ses défauts primitifs de se manifester dans tout leur relief ou même dans leur exagération ; mais il y avait en lui, dès le principe, le germe et remboîtement de tout ce qui est sorti.
Préville y avait son rôle, tout en faisant répéter les autres, et, pour premier précepte à ses camarades de société, il voulait, quand on avait à jouer le soir, qu’on s’habillât dès le matin, pour donner des plis à ses habits (c’était son mot) et ne point paraître neuf et emprunté. […] Je tire d’un des premiers mémoires qu’il composa pour un des comités de l’Assemblée cette page curieuse, qui se rapporte à son intendance de Toulon, et qui achève de nous édifier sur ce que c’était que l’ancien régime, confié même aux meilleures mains : « J’ai quatre-vingts commis sous mes ordres qui travaillent du matin au soir ; ils expédient annuellement pour le ministre plus de vingt rames de papier ; ils tiennent plus de quatre cents registres et plus de huit cents rôles.
Guizot, Cousin et Villemain, ont dû cesser un peu brusquement cette activité de rôle. […] Si la noble, accueillante et expansive nature de M. de Lamartine, et qui semblait tellement faite pour être de celles qui concilient, a manqué jusqu’ici à ce rôle par une trop grande facilité d’ouverture et d’abandon, une autre nature bien haute de talent s’y est refusée par une roideur singulière que rien n’a fléchie.
Ses Caresses sont assurément, de tous les poèmes qu’on ait écrits, ceux où les reins jouent le rôle le plus considérable Puis il tente le théâtre, et ce mâle nous montre une femelle, la Glu, une goule qui mange un pêcheur breton. […] Il a la joie suprême de monter en personne sur les planches et d’y rugir lui-même le rôle du tigre du Bengale.
C’est pour moi une véritable souffrance de voir des esprits distingués déserter le grand auditoire de l’humanité, pour jouer le rôle facile et flatteur pour l’amour-propre de grands prêtres et de prophètes, dans des cénacles, qui ne sont encore que des clubs. […] Je n’hésite pas à le dire, le temps de ces sortes de rôles est passé.
Un tel rôle n’est pas donné à tout le monde. […] » Ôtez ce mot de comédie qui aurait l’air désobligeant, cela n’est-il pas vrai de tous ceux qui ont un rôle et qui sont en scène, et qui devraient sembler y être le moins possible, des professeurs, des orateurs politiques, des orateurs littéraires, et même des savants ?
Elle jouait, il est vrai, un rôle dans Athalie ; mais pourquoi ne saurions-nous pas aussi ce qu’elle pensait d’Athalie, en enfant capricieuse qu’elle était ? […] Et dès qu’on lui a accordé ce rôle qu’elle désire, tout change, le point de vue a tourné en un instant ; ce sont là les coulisses de Saint-Cyr.
Mais le rôle et la fonction de Patru, à son heure, avait été d’une rare distinction. […] Il a eu son rôle, qui a fini même de son vivant ; mais de loin il n’est pas difficile de reconnaître, de saluer et même de goûter en lui l’alliance d’un jugement sévère, d’une probité souriante et d’une familiarité aimable.
Attendez-moi sous l’orme n’est proprement qu’un petit proverbe avec des rôles très animés, et semé dans le dialogue de mots excellents : « En une nuit il arrive de grandes révolutions dans le cœur d’un Français. » — « Oh ! […] La comédie de Regnard a beau prendre des années, elle est comme Agathe dans son rôle de vieille, et, en riant aux éclats, elle a droit de dire avec elle : On peut voir dans ma bouche encor toutes mes dents.
J’ai hâte d’en venir à son rôle philosophique et social, ce qui nous intéresse surtout aujourd’hui. […] Franklin rougissait beaucoup de ce vers, et il en rougissait avec sincérité ; il aurait bien voulu qu’on supprimât cet éloge extravagant selon lui, et qui exagérait en effet son rôle ; mais il avait affaire à une nation monarchique, qui aime avant tout que quelqu’un tout seul ait tout fait, et qui a besoin de personnifier ses admirations dans un seul nom et dans une seule gloire.
Il me semble que c’est exagérer le rôle de la morale que de vouloir qu’elle soit partout. […] Nisard semble avoir trop à cœur d’effacer et d’amortir le rôle du réformateur dans Montesquieu.
C’était l’époque des Croisades : la Chanson de Roland joua dans la poésie de l’Europe occidentale le rôle que joua la France elle-même dans ces grandes expéditions. […] Il est vrai qu’en revanche elle omet les Basques : il n’est pas étonnant que le rôle de ces montagnards, inconnus au nord de la France, ait été oublié dans le cours des siècles. […] À ceux qui douteraient de la véracité de l’excellent Antonio et de la présence en Toscane, à l’époque indiquée, d’un personnage jouant le rôle de Giovanni Buttadeo, M. […] D’où vient ce rôle donné aux oiseaux ? […] Tout le rôle inutile de l’écuyer a été ajouté pour amener cet incident.
Ce Stendhal soi-disant sincère joue la comédie de la sincérité et le rôle de lui-même. […] On voudrait connaître toutes celles qui émanaient de personnages considérables, ou ayant dans sa vie un rôle important. […] Ces quantités irréelles jouent pourtant un rôle utile. […] Billy ne s’exagère pas le rôle de l’étude et de l’examen dans l’élaboration des doctrines. […] Et quelle aventure que de réduire des générations d’écoliers au rôle d’autodidactes !
Nous voyons bien qu’il faut se résigner au rôle que nous jouons là-bas : mais nous ne pouvons nous dissimuler qu’il n’y a pas là de quoi être fiers.
Remy de Gourmont Lorsqu’il appela un de ses poèmes Le Pèlerin passionné, il donna de lui-même et de son rôle, et de ses jeux parmi nous, une idée excellente et d’un symbolisme très raisonnable.
Le rôle de Théodore, personnage qui représente le P.
Les usurpations, par exemple, jouent un tel rôle dans la construction des royautés au moyen-âge, et mêlent tant de crimes à la complication des investitures, que l’auteur a cru devoir les présenter sous leurs trois principaux aspects dans les trois drames : le Petit Roi de Galice, Eviradnus, la Confiance du marquis Fabrice.
Il avoit tout ce qu’il falloit pour bien jouer ce rôle ; une présomption démésurée ; la mémoire la plus extraordinaire.
C’est à peu près l’unique rôle des poissons dans les contes.
Dumas, elle se jeta dans ses bras ou à ses pieds, lui disant, avec ce que le rôle et l’exaltation lui avaient laissé d’entraînement : Ah ! […] Où est le sot rôle ? […] Dumas ne fût saisissant dans ce rôle. […] Le rôle d’Antony sera représenté par M. […] Dumas eût été sublime ou exécrable dans ce rôle ; c’était sans terme moyen.
C’est pourquoi il fut jusqu’à la fin de sa vie la proie du style, tandis que Flaubert, dans sa dernière œuvre, avait pu le restreindre à son vrai rôle, qui est de second plan et d’accompagnement. […] Il y a là deux organes qui ont des fonctions absolument différentes selon qu’il sont considérés dans leur rôle primitif ou dans leur rôle secondaire. […] Le pastiche volontaire n’a pas toujours été innocent ; il joue son rôle dans les pièces douteuses. […] Son nom indique nettement son rôle, il est muet ; les grammairiens, même avant la création de la phonétique, ne s’y sont pas trompés. […] Mais quelle femme, hors du rôle d’amante, écrira à un homme, si elle a quelque délicatesse et quelque sens de la langue : « Je suis toute à vous ?
J’écarterai le nom respecté de M. le comte Molé, et je dirai à notre honorable confrère que les services que lui-même a rendus à cette époque difficile, le rôle qu'il y a joué, peuvent lui faire quelque illusion dans l’impression qui lui en est restée.
Mais le véritable rôle de M.
Disons cependant que la forte imagination de Marie de Magdala 1216 joua dans cette circonstance un rôle capital 1217.
Une des erreurs physiologiques de Hartley consiste à attribuer le rôle essentiel dans le système nerveux, à la substance blanche.
Parole et rôle riment très-mal.
Ce n’est pas que l’auteur de Phèdre n’eût été capable de trouver cette sorte de mélodie des soupirs ; le rôle d’Andromaque, Bérénice tout entière, quelques stances des cantiques imités de l’Écriture, plusieurs strophes des chœurs d’Esther et d’Athalie, montrent ce qu’il aurait pu faire dans ce genre ; mais il vécut trop à la ville, pas assez dans la solitude.
Maintes fois les catholiques ont pu penser qu’en défendant la France, ils défendaient l’Église ; jamais autant que dans cette guerre ils n’ont rempli ce rôle.
Ce canard est d’abord un oiseau, et j’ai indiqué son rôle dans la pièce. […] Le rôle de M. […] Et quel est rôle de l’enfant dans tout cela ? […] Chose singulière, je n’ai point éprouvé de haine contre lui en écrivant son rôle. […] Son rôle vaut mieux, pris dans sa signification, que pris dans sa réalité.
Nos écrivains la portent trop comme nos comédiens portent dans leurs rôles des croix du Saint-Esprit et des colliers de la Toison d’or. […] Alexandre Dumas, dans cette curieuse préface du Fils naturel, où il a voulu, semble-t-il, marquer lui-même son rôle dans le mouvement intellectuel de notre temps. […] La casuistique : sa justification et son rôle. […] Aussi l’homme qui en est imprégné se fera-t-il du rôle et des devoirs de l’écrivain une notion active et pratique. […] De jeunes talents se groupent autour de M. de Vogüé, faits, semble-t-il, pour comprendre leur rôle comme lui.
Guyau, a écrit, dans l’Art au point de vue sociologique, quelques pages lumineuses sur le rôle du poète. […] Mais dans ce vaste effort de l’âme humaine pour atteindre la Réalité absolue et pour rendre sensible la Beauté de la vie, le rôle de la poésie peut être sans doute le plus fécond, parce qu’il est à la fois le plus général et le plus précis, la poésie se servant, pour dire son rêve, en même temps du rythme qui est son essence comme il est celle de la musique, mais aussi d’images, de concepts et de mots. On arrive ainsi à voir clairement quel peut être ce rôle et à pouvoir, par conséquent, formuler quelques conclusions pratiques. […] Elle ne ferait ainsi que reprendre le grand rôle qu’elle a joué dans les sociétés primitives où les poètes étaient législateurs, où la Pythie était écoutée, où la Bible et les Védas tenaient lieu délivrés saints et de code. Sans doute, nous ne pensons pas que le rôle du poète serait aujourd’hui identique à celui des voyants et des prophètes des premiers âges, mais déjà nous nous rendons compte que tous ceux qui, dans les temps modernes, ont fait entendre la grande voix de la Raison supérieure et de l’Âme éternelle, ont exercé une action féconde et utile sur leur milieu.
Je l’aime mieux dans ce second rôle : il est plus sincère. […] Au contraire, il s’efface, se dérobe : à peine laisse-t-il entrevoir le rôle que la confiance de Louis XI lui avait donné. […] S’il s’arrête à conter Fornoue et Montlhéry126, il faut voir avec quel mépris de la force brutale, quelle dérision des aventures prétendues chevaleresques, et comme son récit jette une lumière crue sur la petitesse des hommes, et le rôle tout-puissant du hasard.
Mais les rôles sont intervertis dans cette union, puisque c’est lui qui est le plus jeune (de sept ans), le plus faible et le plus beau. […] (J’ai reçu d’un « vieux lecteur des Débats » ce renseignement : « L’acteur Valmore a créé le rôle du geôlier dans Marie Tudor en 1832 ou 1833 ; il disait d’une voix pâteuse, exécrable, les quelques lignes de ce rôle ; il était très mauvais artiste. ») Elle perd sa première fille, Junie.
Ce qu’il faut, c’est que le rôle écrit pour le comédien séduise le comédien : le reste ne compte pas. […] On y rencontre tous les grands rôles, depuis le bandeau de la princesse coupable jusqu’à la mèche fatale du ténébreux poète. […] Son rôle est d’une intellectualité secondaire.
Quelques scènes heureuses, de beaux vers, plutôt des rôles que des caractères, l’amour sous la forme de la galanterie, des pièces dont les meilleures laissent une impression d’estime pour l’auteur plutôt que le souvenir de personnages vivants ; l’art demeurant dans les grandes voies, mais sans produire d’effets nouveaux ; une langue saine dans les bons endroits, incorrecte, vague, sans couleur dans le reste, et, là même où elle est irréprochable, paraissant fatiguée ; telle est la tragédie dans les mains des imitateurs de Corneille et de Racine. […] Des écoliers bien appris pouvaient se tirer agréablement de rôles qui ne dépassent pas pour la plupart la force d’une composition de rhétorique. […] Pour Racine en particulier, c’est dans la méditation des historiens et des tragiques de l’antiquité, entre Tacite et Sophocle, qu’il cherchait les sujets de ses pièces, regardant l’homme tour à tour dans l’histoire, dans le cœur des maîtres de l’art et dans son propre cœur, essayant divers sujets, rejetant ceux où il aurait eu à mettre trop du sien, résistant à la tentation du poète dramatique de façonner le monde pour son théâtre, et l’homme pour le rôle qu’il lui fait.
Un moment, il cause intelligemment du rôle d’Alceste dans Le Misanthrope, de l’insuffisance de Delaunay, de l’aspect sévère de Geoffroy qui, dit-il, portait la conscience du rôle. […] Samedi 21 septembre Flaubert, à la condition de lui abandonner les premiers rôles, et de se laisser enrhumer par les fenêtres, qu’il ouvre à tout moment, est un très agréable compagnon.
Qu’y a-t-il dans Corneille ou dans aucun des auteurs anciens et modernes qui ressemble même de loin à cet admirable rôle ? […] Qu’y a-t-il par exemple, dans le rôle d’Acomat, que ce visir n’ait pu dire dans le sérail ? Que l’empreinte de ce rôle est mâle et vigoureuse !
Mézeray, nous racontant la Saint-Barthélemy et le contrecoup de cette nuit sanglante dans les provinces, me fait l’effet d’un historien qui raconterait les massacres de Septembre après en avoir recueilli toutes les circonstances dans les auteurs originaux et de la bouche de quelques témoins survivants : un historien qui déroulerait aujourd’hui, comme il le fait, la longue traînée de forfaits qui s’alluma à ce signal dans les provinces, la bande de massacreurs en bonnets rouges à Bordeaux, les massacres des prisons à Rouen en dépit du gouverneur, « si bien qu’il y fut assommé, tué ou étranglé six ou sept cents personnes qu’ils appelaient par rôle les uns après les autres », les scènes de Lyon qui surpassèrent tout le reste en horreur, arquebusades, noyades dans le Rhône, le tout par le commandement de Pierre d’Auxerre, homme perdu de débauche, arrivé tout exprès de Paris, le Collot d’Herbois de ce temps-là ; — un historien qui écrirait, de nos jours, ces mêmes pages de Mézeray, paraîtrait avoir voulu faire des allusions aux personnages et aux événements de la Révolution française : et c’est en cela que le récit de Mézeray me paraît préférable à tous autres et d’un intérêt inappréciable, en ce que l’historien, encore à portée de ces temps, a résumé dans son propre courant tous les narrateurs originaux du xvie siècle, et qu’en nous rendant naïvement les faits et les impressions qu’ils excitent, il nous en fait sentir l’expérience toute vive, sans soupçon de complication ni de mélange. […] Je ne me permettrai qu’une seule considération et conjecture sur ce qu’a dû être le rôle et l’état d’esprit d’un Mézeray sous la Fronde.