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703. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Le peuple n’a au gouvernement que la part qu’il doit avoir, c’est-à-dire dont il est susceptible, et, quoiqu’on prétende qu’il est acheté aux élections, son choix tombe sur des personnes qui ne voudraient pas se déshonorer en soutenant une mauvaise cause, nuisible à la nation et contraire à leurs propres intérêts. […] Le peuple est triste, sans aucune imagination, sans esprit même, avide d’argent, ce qui est le caractère dominant des Anglais… » Ainsi parlait du pays, dont son défunt mari avait prétendu être le roi légitime, cette femme de trente-neuf ans, mûre désormais, une vraie femme du XVIIIe siècle, et des meilleures, sensible et sensée.

704. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Si l’on prétendait juger de l’esprit qui se dépensait à ces fameux dîners de l’Opposition par les notes qu’en rapporte M.  […] Elle prétendait avoir pour lui une antipathie physique… » Béranger, une fois lancé, ne s’arrête pas en si beau train ; il parle du monde de Mme de Staël comme s’il y avait vécu ; il tire à droite et à gauche.

705. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Mais Béranger, qui aurait pu prétendre aussi à sa part de direction, appréciait mieux que personne la situation délicate et la disposition d’esprit de son nouvel ami quand il écrivait (8 février 1837) : « … Il veut se mettre à la tête d’un journal, et je crains d’arriver trop tard pour lui éviter cette folie. […] Il s’en est rencontré un qui a fait ployer sous lui le monde entier, et voilà que quelques pauvres évêques, en disant seulement : Je ne puis, brisent ce pouvoir qui prétendait tout briser et triomphent du triomphateur au milieu de sa capitale et dans le siège même de son orgueilleuse puissance !

706. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Thiers le prétend, de se tourner tout d’abord vers l’Angleterre et l’Autriche, et de ne pas attendre que la Prusse et la Russie vinssent à lui ? […] Je crois que M. de Chateaubriand devient un peu pesant pour lui, et on ne voit pas les efforts qu’il prétend faire pour les personnes qui lui sont dévouées.

707. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Trop sensible au mépris, de gloire peu jalouse, Blessée au cœur d’un trait dont je ne puis guérir, Sans prétendre aux doux noms et de mère et d’épouse,                   Il me faut donc mourir ! […] De nombreux auteurs dont elle avait interprété les ouvrages et entrevu ou connu la personne, elle avait retenu, sans prétendre pour cela les juger, une impression prompte et juste, le trait le plus vrai de leur physionomie, et quand on l’interrogeait à leur sujet, elle en parlait à ravir.

708. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

… Je me tais par prudence, et plutôt pour vous que pour moi… » Berthier, ce grand chef d’état-major dont je ne prétends point méconnaître les mérites appropriés au génie du maître, mais « à qui il fallait tout dicter » ; Berthier, « à qui vingt campagnes n’avaient pas donné une idée de stratégie », et qui n’en avait que faire sans doute dans son rôle infatigable d’activité toute passive ; Berthier, qui, au début de la dernière guerre d’Allemagne (1809), dépêché d’avance à Ratisbonne pour y rassembler l’armée, avait signalé son peu de coup d’œil personnel, son peu de clairvoyance dans l’exécution trop littérale des ordres en face d’une situation non prévue ; Berthier, qui pourtant s’était vu comblé de toutes les dignités, de toutes les prérogatives, et finalement couronné et doté jusque dans son nom de cette gloire même de Wagram, — un tel personnage avait certes beau jeu contre un simple officier en disgrâce, dont il ne prévoyait pas les titres distingués et permanents auprès de tous les militaires instruits et des studieux lecteurs de l’avenir. […] Cet esprit de domination qui s’étendait aux choses comme aux hommes, qui prétendait maîtriser et plier sous sa loi les faits politiques comme les éléments, ne se rendait qu’à la dernière extrémité : ce qui lui déplaisait, n’était pas, — ne pouvait et ne devait pas être.

709. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Je ne prétends pas le juger sans le connaître ; je ne veux pas négliger de le connaître par la seule crainte de le trouver trop régulièrement bon. […] Vous prétendiez que si.

710. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Viennet35 et autres, qu’on prétend avoir rencontrés et ouïs, ne se rapportent qu’à leurs Ombres inhonorées qui se démènent sur le rivage. […] Je ne prétends, au reste, conclure de ce qui précède qu’à une simple correction, et pas du tout à une réaction : les réactions ont toujours un côté polémique étranger et contraire à l’art.

711. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Ils changeraient bien leur prétendu bonheur contre vos infortunes. » Cependant la santé de Mlle Aïssé s’altère de plus en plus ; sa poitrine est en proie à une phthisie mortelle. […] Ainsi, au lieu de parler de l’impuissance de son frère aîné, D’Urfé suppose que l’amant prétendu est une fille déguisée en garçon ; ainsi, au lieu de la petite vérole, que prend par dévouement la princesse de Condé, il suppose une beauté qui se déchire le visage avec la pointe d’un diamant.

712. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Sans prétendre sonder, à mon tour, le secret de cette destinée de poëte et mettre la main sur la clef fuyante de son cœur, il me semble, à voir jusqu’à la fin sa solitaire imagination se dévorer comme une lampe nocturne et la flamme sans aliment s’égarer chaque soir aux lieux déserts,  — il me semble presque certain que cette jeune Fille idéale, cet Ange de poésie, celle que M. de Chateaubriand a baptisée la Sylphide, fut réellement le seul être à qui appartint jamais tout son amour ; et comme il l’a dit dans d’autres stances du même temps : C’est l’Ange envolé que je pleure, Qui m’éveillait en me baisant, Dans des songes éclos à l’heure De l’étoile et du ver-luisant. […] Faut-il prétendre, par ces tristes exemples, corriger les poëtes, les guérir de la poésie ; et pour eux, natures étranges, le charme du malheur raconté n’est-il pas plutôt un appât ?

713. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Question que je ne prétends nullement trancher en ce moment, non plus que celle-ci : les idées démocratiques, dont l’expansion triomphale sur les deux rivages opposés de l’Atlantique est un des faits les plus saillants de la période contemporaine, n’auraient-elles pas rencontré dans toute une vaste région un terrain favorable à leur éclosion ? […] Je crois, par exemple, qu’Aristote eût été fort surpris des choses que les scolastiques lui faisaient dire et même des préceptes tyranniques qu’un abbé d’Aubignac prétendait tirer de sa Poétique.

714. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Elle prétend s’impatroniser dans cette riche maison, avoir la clef de tous les secrets, et en tirer double parti au besoin. […] » — « Mais je ne dis pas cela non plus, reprit Mlle d’Ette ; je prétends bien pour lui qu’il sera votre amant. » Mon premier mouvement fut d’être scandalisée, le second fut d’être bien aise qu’une fille de bonne réputation, telle que Mlle d’Ette, pût supposer qu’on pouvait avoir un amant sans crime ; non que je me sentisse aucune disposition à suivre ses conseils, au contraire, mais je pouvais au moins ne plus paraître devant elle si affligée de l’indifférence de mon mari.

715. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Mais si c’est un jugement impartial, désintéressé et historique, que M. de Noailles a prétendu porter, comme cela était si digne de son esprit, je me permets de croire qu’il n’a pas rendu à Saint-Simon l’éclatante justice que ce grand observateur et peintre mérite à tant d’égards, et particulièrement pour la bonne foi, pour la probité, pour l’amour de la vérité qui se fait jour jusque dans ses erreurs et ses haines, et pour un certain courage d’honnête homme dont on ne voit pas que, jusqu’en ses excès, il ait manqué jamais. […] Ainsi donc, sans prétendre garantir l’opinion de Saint-Simon sur tel ou tel personnage, et en en tenant grand compte seulement en raison de l’instinct sagace et presque animal auquel il obéissait et qui ne le trompait guère, on ne peut dire qu’en masse il ait calomnié son siècle et l’humanité ; ou, si cela est, il ne l’a calomniée que comme Alceste, et avec ce degré d’humeur qui est le stimulant des âmes fortes et la sève colorante du talent.

716. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Je trouvai la souche d’un arbre, je m’assis dessus, tournant le visage du côté d’où je venais : là, je fis réflexion que j’avais un frère et quatre sœurs qui étaient couchés bien différemment de moi, et qui, avec le temps, me feraient bien des neveux, et que les uns et les autres, si la fortune m’était favorable, prétendraient que je leur en devrais faire bonne part, sans songer aux peines qu’elle m’aurait coûtées. […] Notez que cet emprisonnement de Gourville paraît être, d’après ce que lui-même raconte, assez injuste et peu fondé en motifs ; mais il ne s’en indigne pas ; il n’a pas cette faculté de s’indigner de l’injustice ; il connaît trop son monde, il ne prétend que faire tourner le plus possible cet accident à profit pour l’avenir.

717. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Michaud put avoir dans ces années de colère et de guerre civile, je ne prétends les nier ni les excuser. […] [NdA] Je ne prétends pas dire que M. 

718. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Il hait la dispute et la discussion ; il prétend qu’elles ne sont inventées que pour le salut des sots. […] Je ne prétends pas faire l’histoire de l’amoureux ni du Werther en Grimm ; je veux simplement dégager le caractère de l’homme, et, s’il est possible, de l’honnête homme, que je crois que Rousseau a calomnié.

719. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

De même, Mazarin, à l’heure de sa mort, désigne-t-il Colbert à Louis XIV par ce mot si connu : « Sire, je vous dois tout, et je crois m’acquitter en partie en vous donnant Colbert » ; l’écrivain, gâtant la belle simplicité du mot, et dénaturant l’inspiration toute politique de Mazarin, dira : « Dans ce moment terrible où l’Éternité qui s’ouvre à nos yeux étouffe nos passions, et nous presse de dévouer un dernier instant à la justice et à la vérité, Mazarin adressa ces paroles à Louis XIV… » Les médisants prétendaient avoir trouvé de la ressemblance entre la manière du nouvel écrivain et celle de Thomas, avec qui on le savait très lié ; si toutes les phrases avaient été dans cette forme, la médisance aurait pu prendre crédit ; mais la plupart des défauts de M.  […] Necker ne prétendait relever que de la chambre haute de l’opinion, mais est-ce que la sottise, telle qu’il l’entendait, n’y pénétrait pas tout comme ailleurs ?

720. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

Ces récits, bien entendu, ne prétendent nullement à la science et c’est très consciemment qu’ils procèdent de l’imagination de leurs conteurs. […] Cependant il serait présomptueux de prétendre porter un jugement définitif sur cette question.

721. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’inter-nationalisme »

Les nations qui se solidarisent visiblement dans leurs élites ne peuvent prétendre à l’isolement. […] Si cet équilibre n’existe pas, l’individu ne peut prétendre à une juste place dans l’ensemble de la vie sociale.

722. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

Ce que je prétends, c’est que les faits, consultés sans parti pris, ne confirment ni même ne suggèrent l’hypothèse du parallélisme. […] Je pourrais vous citer d’autres exemples, car le phénomène n’est pas, comme on l’a prétendu, symptôme d’asphyxie.

723. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

De grands théologiens ont prétendu que le chien est fait pour nous servir, le bœuf pour nous nourrir, les fleuves pour nous abreuver, le soleil pour nous éclairer. […] Ce fut un bonheur pour lui ; délivré de la concentration violente qui l’emprisonnait en lui-même, et habitué à considérer les forces comme des lois et des qualités des choses, il ne prétendit point que les forces fussent des êtres, ni que l’âme fût une force.

724. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXIX » pp. 117-125

Louis Veuillot était un peu à l’origine de cette race des condottieri ; sans prétendre qu’il ne porte pas dans ses excès un fond de conviction sincère, il y garde du moins et y nourrit toutes les passions et les grossièretés humaines et inhumaines.

725. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat. (suite et fin) »

On a même poussé un peu loin la revendication, je l’avoue, et l’esprit de conquête dans un autre sens, lorsqu’on est allé, pour quelque ressemblance de pensée entre Pascal et Bossuet, jusqu’à prétendre que Bossuet avait pu et dû avoir Pascal pour auditeur de tel ou tel de ses sermons.

726. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « APPENDICE. — M. DE VIGNY, page 67. » pp. -542

En jugeant M. de Vigny avec cette franchise sévère que nous paraît mériter son talent, nous ne prétendons pas méconnaître la profusion d’esprit qu’il a répandue dans son ouvrage : plus d’une fois sans doute il a réussi, quand l’esprit avec la mémoire suffisait.

727. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Sur l’École française d’Athènes »

Si nous n’avons pas à tracer ici de programme à une noble pensée, nous ne prétendons pas non plus en présenter un idéal anticipé ; ce que nous voudrions, ce serait, en remerciant M. de Salvandy de son heureuse initiative, de l’y encourager, si ce mot nous est permis, et de maintenir, pour peu qu’il en fût besoin, l’idée première dans sa libre et large voie d’exécution : ce qui rapetisserait, ce qui réduirait trop cette idée, ce qui la ferait rentrer dans les routines ordinaires, en compromettrait par là même la fécondité et en tuerait l’avenir.

728. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. Ve et VIe volumes. »

Thiers n’a pas prétendu répartir avec méthode ses émotions, et s’il lui arrive de jeter parfois une plainte sur les tombes entrouvertes de certains coupables immolés, cette plainte lui échappe sincère et légitime encore ; elle lui est arrachée, comme au lecteur, par quelque circonstance de leur supplice, et par cette conviction qu’ils n’ont été qu’égarés.

729. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Réception à l’Académie Française »

Cuvier, se levant aussitôt, a répondu que l’Académie n’avait jamais fait autre chose que d’accueillir tous les génies, toutes les illustrations, et il a énuméré à l’appui nos grands écrivains académiciens, depuis Racine jusqu’à Buffon, en omettant, je ne sais pourquoi, Molière, Diderot et Jean-Jacques ; il a prétendu qu’aucun novateur de vrai talent, aucun nova leur raisonnable n’avait été exclu de l’Académie et qu’en nommant M. de Lamartine, c’était précisément l’alliance du goût et du génie, la juste mesure de la nouveautés de la correction qu’on avait voulu reconnaître et couronner.

730. (1874) Premiers lundis. Tome I « Deux révolutions — I. De la France en 1789 et de la France en 1830 »

A ceux qui, séduits par des ressemblances extérieures, ne voyaient dans notre révolution de 1830 que le pendant de celle de 1688, et n’en prétendaient guère tirer plus de conséquences, nous avons tâché de prouver que ces ressemblances assez piquantes ne jouaient qu’à la surface, n’apparaissaient que dans les hommes ou dans les mouvements des partis, mais qu’au fond les différences politiques étaient considérables.

731. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre V »

Dès le début, en effet, les naturalistes prétendirent faire œuvre de savants et le clamèrent bien haut.

732. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre III. Ce que c’est que le Romanticisme » pp. 44-54

Imiter aujourd’hui Sophocle et Euripide, et prétendre que ces imitations ne feront pas bâiller le Français du dix-neuvième siècle, c’est du classicisme7.

733. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 1. Éléments et développement de la langue. »

Elle disputera au latin les matières de science haute et ardue ; elle prétendra au privilège de traduire les plus graves et les plus nobles idées : histoire, morale, philosophie, théologie, science, tous les genres lui appartiendront un jour, et son extension coïncidera avec l’étendue de l’esprit français.

734. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « L’exposition Bodinier »

Même quand l’artiste qui pourtraicturait les comédiens a prétendu peindre ou crayonner leur tête à eux, leur tête d’homme et de chrétien, il a eu beau faire, il s’est souvenu de tel ou tel de leurs masques publics, et c’est cela qu’il a reproduit, peut-être à son insu.

735. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Contre une légende »

Renan…   Je pourrais ajouter que cet homme « fuyant » a eu la vie la plus harmonieuse, la plus soutenue, la plus une qu’on puisse concevoir ; que cet « épicurien » a autant travaillé que Taine ou Michelet ; que ce grand « je m’enfichiste » (car on a osé l’appeler ainsi) est, au Collège de France, l’administrateur le plus actif, le plus énergique et le plus décidé quand il s’agit des intérêts de la haute science ; que, s’il se défie, par crainte de frustrer l’humanité, des injustices où entraînent les « amitiés particulières » il rend pourtant des services, et que jamais il n’en a promis qu’il n’ait rendus ; que sa loyauté n’a jamais été prise en défaut ; que cet Anacréon de la sagesse contemporaine supporte héroïquement la souffrance physique, sans le dire, sans étaler son courage ; que ce sceptique prétendu est ferme comme un stoïcien, et qu’avec tout cela ce grand homme est, dans toute la force et la beauté du terme, un bon homme… Mais je ne sais s’il lui plairait qu’on fît ces révélations, et je m’arrête.

736. (1890) L’avenir de la science « VII »

Les seuls travaux inutiles sont ceux où l’esprit superficiel et le charlatanisme prétendent imiter les allures de la vraie science et ceux où l’auteur, obéissant à une pensée intéressée ou aux rêves préconçus de son imagination, veut à tout prix retrouver partout ses chimères.

737. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVIII » pp. 198-205

Dire que la chasteté du langage ne doit pas aller au-delà de celle des mœurs, quelque corrompues qu’elles soient, c’est prétendre que la société de mœurs honnêtes est condamnée à entendre et à parler un langage qui respire le mépris de l’honnêteté et de la morale ; c’est avancer que le langage peut mettre à découvert des mœurs que la morale oblige à cacher ; c’est aussi établir en principe que des esprits délicats et polis n’ont pas le droit d’exclure de leur langage des expressions grossières et brutales, et j’observe ici que si la décence est une loi de la morale, c’est aussi une loi du goût.

738. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Milton, et Saumaise. » pp. 253-264

Cet écrivain a donné différens ouvrages, dans lesquels il prétend démontrer que Milton a tout puisé dans je ne sçais quelles rapsodies Latines d’un professeur de rhétorique Allemand.

739. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les inscriptions des monumens publics de France doivent-elles être écrites en Latin ou en François. » pp. 98-109

Bélot prétendit que le Latin méritoit uniquement nos soins, & qu’il étoit dangereux, pour l’état & pour la religion, de lui substituer le François.

740. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre VI. Conclusions » pp. 232-240

Seulement nous prétendons mettre leurs fautes à profit.

741. (1761) Salon de 1761 « Récapitulation » pp. 165-170

Elle prétend que le père, le fiancé et le tabellion, sont bien des paysans, des gens de campagne ; mais que la mère, la fiancée, et toutes les autres figures sont de la halle de Paris.

742. (1767) Salon de 1767 « De la manière » pp. 336-339

Qu’on prétende que son élève exécutait à merveille la singerie française du respect, j’y consentirai ; mais que cet élève sût mieux qu’un autre se désoler de la mort ou de l’infidélité d’une maîtresse, se jeter aux pieds d’un père irrité, je n’en crois rien.

743. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 1, du génie en general » pp. 1-13

Il ne suffit pas que vos vers soient beaux, dit Horace, en stile de legislateur, pour donner plus de poids à sa décision, il faut encore que ces vers puissent remuer les coeurs, et qu’ils soient capables d’y faire naître les sentimens qu’ils prétendent exciter.

744. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 10, du temps où les hommes de génie parviennent au mérite dont ils sont capables » pp. 110-121

Comme les génies sont plus tardifs les uns que les autres (c’est ce que j’avois à dire en second lieu) comme leurs progrès peuvent être retardez par tous les obstacles dont nous avons parlé, nous n’avons pas prétendu marquer l’âge de trente ans, comme une année fatale, avant laquelle et après laquelle on ne dût rien attendre.

745. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 24, objection contre la solidité des jugemens du public, et réponse à cette objection » pp. 354-365

Il est rare que le bonheur seul amene trois succez heureux, mais lorsque ces succez sont parvenus à un certain nombre, il seroit insensé de prétendre qu’ils fussent le pur effet du hazard, et que l’habileté du géneral ou du ministre, n’y eussent point de part.

746. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « III »

» Nous ne prétendons pas que la lecture crée de toutes pièces la faculté que nous appelons le goût.

747. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Wallon »

Après lui avoir accordé — trop accordé — les dons étincelants de la verve, de l’expression, de l’improvisation inouïe et de la patience qui cherche l’idéal, plus étonnante encore, Wallon, ce malin terrible, refuse à Cousin la seule chose à laquelle Cousin ait prétendu toute sa vie, — il lui refuse d’être philosophe.

748. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre III. Des éloges chez tous les premiers peuples. »

Albert Krantz et Jean Aventin, deux historiens qui écrivaient au commencement du seizième siècle, citent d’anciennes chansons des bardes, qu’ils prétendent avoir trouvées dans des couvents d’Allemagne.

749. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre II. Comment les nations parcourent de nouveau la carrière qu’elles ont fournie, conformément à la nature éternelle des fiefs. Que l’ancien droit politique des romains se renouvela dans le droit féodal. (Retour de l’âge héroïque.) » pp. 362-370

Bodin avoue que le royaume de France eut, non pas un gouvernement, comme nous le prétendons, mais au moins une constitution aristocratique sous les races mérovingienne et carlovingienne.

750. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

« — Je le prétends. […] De tous temps, il y a eu des esprits oisifs et rêveurs qui ont prétendu ainsi refaire de fond en comble le monde religieux, politique ou social à leur image. […] Ce système d’enseignement consiste dans une métaphysique tellement éthérée qu’elle échappe à l’intelligence ; c’est prétendre planer au sommet sans avoir gravi les degrés qui y montent.

751. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Il prétend que mon âme habitera, après ma mort, sous la forme d’une mouette blanche, autour de l’église ruinée de Saint-Michel, vieille masure frappée par la foudre qui domine Tréguier. […] On prétend qu’au premier moment, surpris de quelques hésitations de la part de celui qui allait le convertir, M. de Talleyrand aurait dit : « Voilà un jeune prêtre qui ne sait pas son état. » S’il dit cela, il se trompa tout à fait. […] Il prétendit, chose délicate peut-être, que la même éducation servît aux jeunes clercs et aux fils des premières familles de France.

752. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Un poète serait insensé qui voudrait refaire, dans les conditions spéciales et avec les ressources de son art, le tableau général que M. de Humboldt nous a tracé du cosmos, plus insensé encore s’il prétendait soit reproduire dans la langue des vers les expériences du laboratoire ou les lois de l’optique et de l’électricité, soit nous donner une exposition complète et précise des principes de l’astronomie. […] Et, sans qu’elle prétende imposer aux formules une langue rebelle, ne peut-elle s’inspirer de la grandeur et de l’harmonie du vrai cosmos entrevu à travers les travaux des savants, de ce spectacle réel mille fois plus grand que toutes les fictions et plus beau que toutes les mythologies ? […] D’autre part, ce sont toutes ces théories, bien jeunes encore, bien peu assurées de leur avenir, mais enivrées de leurs premiers succès, enhardies à tout renouveler et, en attendant, à tout détruire, poursuivant à travers les ruines du passé un idéal inconnu, sans lequel l’humanité, dépouillée de l’ancien, ne pourrait subsister ni vivre une heure, s’avançant avec une intrépidité que rien n’arrête dans toutes les régions de la pensée, et soulevant autour d’elles des enthousiasmes et des colères également sans justice et sans mesure. — Enfin, entre les vieux dogmes que l’on prétend renverser et l’idéal nouveau que l’on n’aperçoit pas encore, il y a pour beaucoup d’âmes un état de crise vraiment pathétique dont un poète contemporain a su tirer un brillant parti pour son inspiration et l’occasion d’un grand succès, montrant par son exemple que la rénovation de la poésie est possible, à quelles conditions de talent, à quel prix de passion et de science3.

753. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VIII : Hybridité »

Or, il prétend que les hybrides sont parfaitement féconds, aussi féconds, dit-il, que les pures souches mères ; et il soutient ses conclusions avec autant d’assurance que Kœlreuter et Gærtner, qui considèrent au contraire que la loi universelle de la nature est que tout croisement entre espèces distinctes soit frappé d’un certain degré de stérilité. […] Je ne prétends pas non plus que les quelques remarques que j’ai rassemblées ici aillent jusqu’au fond de la question : rien ne peut nous expliquer pourquoi un organisme placé sous des conditions de vie contre nature devient stérile. […] Pour revenir à notre comparaison commencée entre les hybrides et les métis, Gærtner prétend que ces derniers sont plus que les autres sujets à revenir à l’une des deux formes mères.

754. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Il est vrai que l’homme ne sent tous ces attributs de son être que dans les actes qui les manifestent, que la conscience est le sentiment du moi en action ; mais ce serait abuser d’une abstraction métaphysique que de faire la distinction de l’être en soi et de l’être en acte, et de prétendre que, si la conscience saisit l’un, l’autre lui échappe. […] Que la grâce ne soit qu’une sorte de projection de la conscience humaine, ainsi que le pense la philosophie ; que la conscience au contraire ne soit qu’un reflet de la grâce, ainsi que le prétend la théologie, qu’importe, si ces deux choses n’en font qu’une au fond ? […] Charles Renouvier, vient de porter, à propos des écoles de Saint-Simon, de Fourier et d’Auguste Comte, un jugement aussi juste que sévère sur ce prétendu esprit historique qui tend à fausser les sciences morales et à énerver les âmes humaines.

755. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Si tu es vraiment le fils du gardien, sauve-nous tous… — Et moi, dit un jeune prisonnier, je ne crois pas à ce qu’il prétend : c’est une idée qu’il s’est fourrée dans la tête. […] « Vous prétendez que le signe d’une action morale est le sacrifice ? […] Je ne prétends pas qu’ils manquent d’ingéniosité, mais on les croit plus ingénieux qu’ils ne sont, sur la foi de l’air de méthode qu’on y trouve. […] Balfour, la raison n’a aucun droit à tenir dans la vie de l’esprit le rôle qu’elle prétend y tenir, mais il est faux que son rôle y soit vraiment essentiel. […] Les écrivains anglais s’en vont l’un après l’autre, sans laisser derrière eux personne qui puisse même prétendre à les remplacer.

756. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Remarquez bien que je ne prétends pas affirmer que tous les Parnassiens fussent admirablement doués. […] Ce sont ici des opinions personnelles et que nous ne prétendons imposer à personne. […] Et nous savions aussi, quoi qu’on ait prétendu, admirer, quand ils nous paraissaient dignes d’admiration, ceux qui n’étaient pas des nôtres. […] On a des opinions pour soi auxquelles on se conforme, mais qu’il ne faut jamais prétendre imposer aux autres ! […] Ce qu’il est magnifiquement, il ne prétend pas qu’on le soit.

757. (1903) Le problème de l’avenir latin

Je suis loin de prétendre avoir épuisé un sujet qui demanderait, pour être complètement traité, un nombre fort considérable de pages. […] Je n’entends pas non plus pousser l’argument à l’extrême et prétendre qu’une nation sans un seul intellectuel, posséderait par ce fait même l’absolue primauté. […] Nous ne prétendons nullement à esquisser le plan de ces études : nous nous bornons à en marquer l’esprit. […] On m’objectera peut-être l’Algérie : mais qui prétendrait voir là un milieu jeune, puissant, riche de possibilités ? […] Tout, prétendent les plus infatués.

758. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Nous ne prétendons pas dire que l’école réaliste n’est pas née viable. […] Baudelaire lui-même n’a rien de commun, — quant à l’état de son âme, — avec les tortures morales qu’on prétend qu’il veut nous peindre. […] À ceux qui ont prétendu que M.  […] Néanmoins, je ne prétends pas que ces contes soient absolument dénués de sensibilité et d’émotion ; je dis seulement que M.  […] Goudall, que madame Toscan est une bonne comédienne, mais qu’elle est moins forte qu’il ne semble le prétendre.

759. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Une société qui se prétend le premier corps littéraire de France, qui devrait réunir l’élite des écrivains, se prête servilement aux caprices des salons. […] Je crois même pouvoir affirmer que les trois sources vulgaires d’éducation que je viens d’indiquer, sont infiniment plus instructives et plus animées que le poème prétendu que j’ai entendu jeudi dernier. […] Je ne prétends pas que la biographie de don Juan n’offre aucun sujet de comédie ; mais je déclare en mon âme et conscience que la comédie de M.  […] Le gouvernement nouveau, qui prétendait dater du même chiffre les années de son exil et celles de son règne, en s’autorisant de l’exemple du passé donna l’éveil aux études historiques. […] De quel œil verraient-ils l’indolence fastueuse des ouvriers qui prétendent à leur héritage ?

760. (1876) Romanciers contemporains

Le modèle s’est peu à peu façonné conforme à son prétendu portrait. […] Reybaud ne prétend pas avoir écrit des mémoires, mais bien un roman. […] About, bien d’autres romanciers avaient prétendu railler les vices et les ridicules. […] Moral sans y prétendre, il a pu ainsi éviter le roman vertueux. […] Féval n’a jamais prétendu.

761. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Les plus modérés pouvaient n’être pas contents qu’un jeune homme de vingt-quatre ans prétendît les détromper et leur faire trouver ridicules des vers qu’ils avaient récités ou applaudis dans les compagnies. […] Après avoir été dans notre pays un art frivole, dont les difficultés donnaient un prix de convention à des galanteries, à un vain badinage d’esprit, n’était-il pas temps qu’elle prît enfin son rang parmi les productions de l’esprit qui prétendent à l’empire des âmes, et qu’elle demandât cet empire aux seules choses qui le donnent, la raison et le vrai ? […] Mais les premiers l’entendaient surtout de son mépris pour la poésie chère aux grands, laquelle leur paraissait noble, parce qu’elle avait des nobles pour patrons ; les seconds l’ont entendu, comme Marmontel, d’un prétendu défaut d’élévation et d’étendue. […] J’offenserais même cet homme, au lieu de le ramener, si je prétendais découvrir en lui sa raison. […] Il resterait à prétendre qu’il peut y avoir de beaux ouvrages, qui ne portent pas la marque de la raison et du vrai, ou qu’il y a une sorte de vrai qui n’est pas conforme à la raison.

762. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Dans la scène où il feint de vouloir que Monime épouse Xipharès, il lui dit : ……………… Cessez de prétendre à Pharnace : Je ne souffrirai point que ce fils odieux. […] Le combat d’Oreste et de Pilade à qui mourra l’un pour l’autre, la dispute d’Héraclius et de Martian qui se prétendent tous deux fils de Maurice pour épargner la mort à leur ami, sont ce que nous avons au théâtre de plus touchant en ce genre. […] que prétend mon sacrilège zèle ? […] Le théâtre moderne ne prétend pas nous guérir de la pitié ni de la terreur, ni simplement se borner à exciter ces deux grandes affections en nous, pour le plaisir de nous faire verser des larmes, et de nous épouvanter ; mais il prétend s’en servir comme des deux plus puissants ressorts pour nous porter à l’horreur du crime et à l’amour de la vertu. […] Il faut, à la vérité, qu’il se soumette en tout au musicien ; il ne peut prétendre qu’au second rôle ; mais il lui reste d’assez beaux moyens, pour partager la gloire de son compagnon.

763. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Mais nous voulons louer l’auteur, comme saint Chrysostome prétendait louer les satiriques de l’antiquité, en les comparant à ces opérateurs courageux qui ne craignent pas de souiller leurs mains pour panser des ulcères. […] Il ne prétend pas charmer le pécheur, mais le corriger ; il ne veut pas endormir son mal, mais l’extirper dans sa racine. […] Ce qui empêche que Napoléon ne soit dans l’histoire le représentant de son siècle, c’est donc qu’il a manqué a toutes ses tendances libérales, c’est qu’il a comprimé son essor intellectuel, quand il pouvait si justement prétendre à le diriger ; c’est qu’il n’a été que le glorieux soldat d’une révolution dont il pouvait être le législateur politique. […] Nous prétendons réconcilier la liberté et l’ordre, et faire cesser un divorce vieux comme le monde. […] Il faut trop souvent qu’elles trempent dans le sang les générations qu’elles prétendent rajeunir.

764. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Toutefois, voyant qu’on prétendait abuser contre lui de la déclaration de ses fils, il dut se pourvoir contre et demander qu’elle fût rapportée. […] Renaudot prétendait que c’était là une imitation et une émulation de l’école de Paris qui s’était piquée d’honneur sur son exemple, et qui profitait de son idée charitable.

765. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Il n’a prétendu, j’imagine, dans ce jeu suivi et patient de sa vieillesse, que fournir matière à conversation, à contradiction, à quelques-uns de ces dissentiments agréables et vifs qui remplissent et animent les soirées d’automne à la campagne. […] L’opposition prétendait voir dans la brochure un ballon d’essai, et dans l’auteur anonyme un organe direct de la pensée royale4.

766. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Sans prétendre trouver rien de bien neuf à dire sur le détail de ses œuvres, on arrivera peut-être de loin à mieux le voir dans le coin du siècle, dans le groupe particulier auquel il appartient, et dont il est le plus gentil esprit et non pas le moins sérieux. […] Marivaux, se mettant à écrire, ne se pique pas en général de faire un livre qui ressemble à d’autres livres ; il prétend n’observer que la nature, mais l’observer comme il l’entend, la distinguer autant qu’il lui est nécessaire, et la rendre dans toute la singularité de son propre coup d’œil.

767. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Je trouve fort singulier que vous vous mêliez de mon mariage qui ne vous regarde pas, et je ne sais pourquoi vous prétendez que mon père me marie plutôt avec l’une qu’avec l’autre. […] Ces personnages historiques célèbres et tout entiers en lumière que vous prétendez faire agir et parler à votre guise, ces Charles-Quint, ces Louis XIV, ces Richelieu en pied et debout, nous savons comment ils parlaient et surtout comment ils ne parlaient pas.

768. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Ce n’est pas une glorification du Moyen-Âge qu’on prétend faire, c’est le signalement et la reconnaissance, au sein du Moyen-Âge et à son sommet, d’un mouvement unique et trop rapide d’émancipation, d’expansion et de fécondité. […] Il a une qualité, un mérite qu’on ne peut lui contester : vite on prétend l’enfermer et l’emprisonner dans ce mérite ; on se sert de cette qualité comme d’une arme pour l’écarter et le repousser de tout le reste.

769. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

ayons toutes les qualités, s’il se peut, et le moins possible les défauts de nos divers âges ; mais gardons-nous, tout en faisant pour la forme nos légers mea culpa, de prétendre retoucher à notre jeunesse, — aux œuvres et aux actes de notre jeunesse ; — et surtout si ç’a été celle du grand Corneille. […] » Rodrigue, en expliquant sa conduite et ses motifs de combattre dans lesquels Chimène et l’estime qu’il prétendait d’elle étaient encore pour beaucoup, a pris le chemin le plus sûr pour se faire écouter.

770. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Si l’on prétendait juger du xviie  siècle par sa littérature, on se tromperait fort et l’on serait loin du compte ; celle du siècle suivant, moins haute et plus étendue, représente plus fidèlement les mœurs ; elle sent davantage son fruit. […] Maintenant, que l’idée lui soit venue, comme le prétend M. 

771. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Deschanel prétend simplement que dans toute œuvre d’écrivain, dans toute production un peu considérable, il y a lieu d’étudier et de noter les influences du sang, de la parenté, de la famille, de la race, du sol, du climat. […] Deschanel est en grande partie la mienne : prétendre qu’un lecteur ne doit être, à l’égard des livres anciens ou nouveaux, que comme le convive pour le fruit qu’on lui offre et qu’il trouve bon ou mauvais, qu’il savoure ou qu’il rejette sans en connaître la nature ni la provenance, c’est trop nous traiter en gens paresseux et délicats.

772. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Il l’écrit au comte de Bruhl dès le premier jour (12 novembre 1740) : « Si le grand événement qui vient d’arriver nous conduit à la guerre et que le roi (de Pologne) me juge capable de le servir, je supplie Votre Excellence de l’assurer de mon zèle et de ma fidélité ; mais, si la chose se passe paisiblement, le roi n’a pas besoin de moi, et je pourrai lui être utile ici. » Sans prétendre, dit-il, se mêler de politique et même en ayant l’air de s’en défendre, Maurice, à partir de ce moment, ne fait autre chose que d’en traiter dans toutes ses lettres, et avec supériorité. […] Dans cette nouvelle carte de l’Allemagne qu’on prétend tailler, l’intérêt évident de la France est d’avoir pour elle la Saxe, et une Saxe agrandie, pour faire contrepoids, à l’est et au nord de l’Allemagne.

773. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

Le personnage trop célèbre et d’une capacité aussi incontestable que malheureusement dirigée, qui a eu cette idée hardie, prétendait tuer ce qu’on appelait le monopole de quelques grands journaux ; mais il n’a fait que mettre tout le monde et lui-même dans des conditions plus ou moins illusoires, et où il devient de plus en plus difficile, à ne parler même que de la littérature, de se tirer d’affaire avec vérité, avec franchise. […] Mais sans prétendre diminuer l’idée du tort immense qu’apporte la contrefaçon extérieure, on n’y peut rien directement : il faudrait là une intervention du Gouvernement, une négociation internationale.

774. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Non pas que je prétende, en faisant fi de la dignité des genres, que tous reviennent au même pour l’homme d’esprit, et que le cadre, le cercle qu’on se donne à remplir soient indifférents. […] Ainsi, dans son discours à l’Académie, n’a-t-il pas eu l’air de prétendre que le théâtre est juste le contre-pied de la société ?

775. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

Une autre critique que j’indique seulement, sans prétendre y insister, est celle-ci : Toute méthode, même la plus naturelle et la plus vraie, n’est qu’une méthode, et elle a ses bornes. […] Or, plusieurs théologiens prétendirent que le Père Sirmond s’était fort mépris sur la valeur du manuscrit, et qu’il avait lu au sérieux un pur libelle, forgé, il y avait plus de douze cents ans, par quelque semi-pélagien qui s’était donné à plaisir un adversaire absurde et odieux pour le mieux réfuter, comme il arrive quelquefois173.

776. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Sur ce, madame de Crissé, vieille plaideuse qui se prétend outragée dans la comtesse de Pimbêche, et le conseiller Dandinard qui se croit joué dans Perrin Dandin, forcent successivement la porte et font au poëte une scène de menaces dont il se tire assez bien ; tout ce jeu est assez plaisant. […] Il ne prétendait pas s’ouvrir de ce côté une autre veine.

777. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Si l’histoire prétendait reproduire exactement la réalité même, elle devrait viser à être le miroir de cet océan mobile, de cette surface perpétuellement renouvelée, ce qui devient impossible. […] Ce fut donc peut-être une grande faute de Charlemagne que d’avoir prétendu ajouter à sa couronne très-bien posée, héréditaire et dès lors indépendante, ce globe impérial mobile qui allait se prendre à Rome, et qui devint une pomme de discorde entre les mains de ses descendants.

778. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Je prétends ne plus rien écrire que dans l’idiome de ce lieu. […] Quant à ce que l’on nomme force, vigueur, nerf, énergie, élan, je prétends ne plus m’en servir que pour monter dans mon étoile.

779. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Nous n’avions pas prétendu retracer toute l’histoire de cette femme brillante et diversement célèbre ; nous ne nous étions attaché qu’à bien saisir l’expression de sa physionomie en deux ou trois circonstances principales, et à la montrer sous son vrai jour. […] « Lézay prétend (dit Chênedollé) que Mme de Krüdner, dans les moments les plus décisifs avec son amant, fait une prière à Dieu en disant : Mon Dieu, que je suis heureuse !

780. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

Puis le récit court, léger, malicieux, aimable, jetant sur chaque objet une vive lueur, sans jamais s’arrêter ni insister : la pâmoison de dame Pinte, le rugissement du roi justicier, dont messire Couart le lièvre prend la fièvre, le service funèbre de dame Copée, et les miracles qui se font sur sa tombe, la guérison de messire Couart, Ysengrin faisant mine de se coucher sur la pierre du sépulcre, et se disant guéri d’un prétendu mal d’oreille, pour empirer l’affaire de Renart, meurtrier de la sainte miraculeuse. […] Voilà ce qui obtient toute la sympathie des conteurs, et qui prétend obtenir la nôtre.

781. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Au reste, il prétendait l’aire œuvre, non pas d’archéologue, mais d’artiste. […] Zola est, prétend être un savant.

782. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Cette morale, que l’esprit chrétien a d’ailleurs élevée et épurée, ne prétend donner qu’un fonds de préceptes applicables à tous les temps comme à tous les pays, qui fassent faire à l’homme le meilleur usage de sa raison et rendent plus heureuse la vie présente. […] Ce peu de détails sur sa vie prouve qu’il vivait beaucoup en lui, et que, sans se commettre avec les hommes dont il n’avait rien à prétendre, il les observait du poste où l’avait mis Bossuet.

783. (1890) L’avenir de la science « II »

N’avons-nous pas eu des ministres de l’Instruction publique qui prétendaient faire des grands hommes au moyen de règlements convenables ? […] Voltaire n’a pas prétendu dire autre chose dans ses nombreuses attaques contre l’optimisme : ce sont de justes satires des absurdités de son siècle.

784. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Michelet prétend quelque part que, si le xviiie  siècle fut par excellence le siècle de la causerie et de l’esprit, il le doit en bonne partie à la noire liqueur, en ce temps-là nouvelle en France, qui vint donner plus de lucidité aux cerveaux et je ne sais quoi de plus nerveux à la pensée. […] Alphonse Daudet prétend quelque part105 que le « vrai salon littéraire, le salon où des gens de lettres ou se croyant tels s’assemblent une fois par semaine pour dire de petits vers, en trempant des petits gâteaux secs dans un petit thé, ce salon a bien définitivement disparu. » Je ne suis pas aussi sûr qu’il l’était de cette disparition ; je croirais plutôt à une transformation ; mais il est bien certain que telle brasserie, comme celle qu’il nous décrit dans le même livre106, ou comme celle qui fut, suivant Champfleury107, le temple où officièrent les pontifes du réalisme naissant, a eu sa part dans le développement de certaines écoles et de certains talents.

785. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Molière y obéit encore, quand il s’efforce de tracer, non plus des portraits, mais des caractères, des types, quand il prétend peindre « l’avare » ou « le misanthrope  ». […] Ils dureront jusqu’au moment où le xviiie  siècle (dans sa seconde moitié principalement) viendra rendre à la sensibilité, au Moi, au monde extérieur la part d’attention qu’ils méritent…   Certes, je ne prétends pas que les quatre caractères, dont je viens de montrer la coexistence, suffisent à exprimer dans sa complexité la littérature de l’époque choisie comme champ d’études.

786. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

De son côté, Frantz fait le fier et prétend à toute force lui donner pour rien sa musique. […] Et vous prétendez nous faire croire qu’il a eu jamais du génie ?

787. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

J’ai consulté bien des savants : Huet, cet évêque d’Avranche, Qui pour la Bible toujours penche, Prétend qu’un usage si beau Vient de Noé………………… Soyez donc la plume la plus savante de l’Europe, l’homme de la plus vaste lecture qui fut jamais, le dernier de cette forte race des savants du xve et du xvie  siècle, joignez-y dans votre personne et dans votre procédé tout ce qui constituait l’homme poli, l’homme du monde et même de Cour, ce qu’on appelait l’honnête homme sous Louis XIV, et tout cela pour que, sitôt après vous, on ne sache plus que votre nom, et qu’on n’y rattache qu’une idée vague, un sourire né d’une plaisanterie ! […] Il prétendait que tout ce qui fut jamais écrit depuis que le monde est monde pourrait tenir dans neuf ou dix in-folio, si chaque chose n’avait été dite qu’une seule fois.

788. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Les esprits durs, rustiques, sauvages et fanatiques, sont exclus de l’urbanité ; le critique acariâtre, fût-il exact, n’y saurait prétendre. […] Rémond dans la lettre qu’il a écrite sur Ninon (Mélanges littéraires), et il s’est armé contre lui de quelque plaisanterie de Ninon elle-même, de qui Rémond se prétendait l’élève.

789. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Il était un peu étrange qu’un écrivain qui prétendait s’adresser avant tout au peuple parlât ainsi latin à tort et à travers, et lâchât à tout moment des allusions qui ne pouvaient être entendues que de ceux qui avaient fait leurs classes. […] Ceux qui se prétendent nos conquérants, seront conquis à leur tour.

790. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Mazarin dit que ces coups de canon tirés par ordre de Mademoiselle avaient tué son mari, donnant à entendre qu’elle ne pouvait plus désormais prétendre à épouser le roi. […] Le premier usage qu’il prétend faire des immenses richesses de Mademoiselle, c’est de mettre, comme capitaine, toute sa compagnie à neuf, pour en faire sa cour.

791. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Ces deux poètes, que je ne prétends point d’ailleurs appareiller ni rapprocher plus étroitement qu’il ne convient, se rattachent tous deux, par leurs origines, à cette jolie ville de Provins, la ville des vieilles ruines et des roses ; et ces roses, c’est un poète, c’est Thibaut, comte de Champagne, qui les a rapportées d’Asie au retour d’une croisade : voilà un bienfait. […] Je ne prétends pas donner cela pour de la théologie exacte, mais pour de la poésie charmante.

792. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Cousin a su donner de nouvelles, de piquantes preuves, et très précises, de cette assertion en ce qui concerne Le Grand Cyrus ; mais il est allé un peu loin quand il a prétendu faire de Mlle de Scudéry une autorité militaire considérable, et quand il lui a attribué une importance qu’elle ne saurait avoir en de tels débats. […] Car n’oublions jamais l’opinion des gens de goût du temps, et des plus délicats, sur ces ouvrages que nous prétendons réhabiliter, et demandons-nous quelquefois s’ils ne souriraient pas de notre excès de sérieux ?

793. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

Marmont s’est trouvé en face d’événements plus forts que les hommes ; tout s’arrangera ; il nous reviendra avant peu. » Dans tout ce que je dis ici sur Napoléon, je sens combien la lutte est inégale entre lui et Marmont, et je ne prétends nullement l’établir : mais j’aime à recueillir les bonnes paroles, celles qui tendaient à réparer. […] [NdA] Non pas qu’on prétende que ce premier gentilhomme (le duc de Duras) ait dit en propres termes : « L’étiquette s’oppose… » Il suffit qu’il ait répondu : « Monsieur, ce n’est pas l’usage de rentrer si vite chez le roi. »

794. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

L’auteur, en introduisant pour cette première fois Figaro, n’avait pas encore prétendu en faire ce personnage à réflexion et à monologue, ce raisonneur satirique, politique et philosophique qu’il est devenu plus tard entre ses mains : Me livrant à mon gai caractère, dit-il, j’ai tenté dans Le Barbier de Séville de ramener au théâtre l’ancienne et franche gaieté, en l’alliant avec le ton léger de notre plaisanterie actuelle ; mais, comme cela même était une espèce de nouveauté, la pièce fut vivement poursuivie. […] La pièce pour moi se gâte du moment que la Marceline, en étant reconnue la mère de celui qu’elle prétend épouser, introduit dans la comédie un faux élément de drame et de sentiment : cette Marceline et ce Bartholo père et mère me salissent les fraîches sensualités du début.

795. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

Mais les ducs et maréchaux de France prétendaient aussi avoir un banc dans l’église pendant la cérémonie, et ils menaçaient même de s’emparer de celui des évêques si on ne leur en donnait un ; en définitive, les maréchaux l’emportèrent. […] Le ministre alléguait l’ordre du roi, qui prétendait qu’il n’y eût personne en son royaume qui disputât la préséance aux gouverneurs qui représentaient sa personne.

796. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

Il prétend (ce qui n’est pas) que le livre des Ruines « respire en général cet esprit de doute et d’incertitude qui lui paraît le plus convenable à la faiblesse de l’entendement humain ». […] L’on a prétendu qu’un auteur se peignait dans ses écrits : on peut dire de Volney qu’il se peint dans la tournure de ses phrases.

797. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

Selon Guyau, le moyen de renouveler et de rajeunir l’art, c’est d’introduire sous les sentiments mêmes les idées, car l’idée est nécessaire à l’émotion et à la sensation pour les empêcher d’être banales et usées. « L’émotion est toujours neuve, prétend V. […] Zola n’est-il pas allé jusqu’à prétendre que le personnage sympathique était une invention des idéalistes qui ne se rencontre presque jamais dans la vie ?

798. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Mais, de bonne foi, après avoir lu ces volumes d’aujourd’hui, dont l’importe le titre d’Études de critique littéraire, il m’est impossible de reconnaître et de consentir ce qu’il a si bien l’air de prétendre. […] Il eut deux ou trois de ces liaisons qui sont des torts et des faiblesses, mais il ne fut point ce désordonné de libertinage qu’on a prétendu.

799. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

Ce qu’on a toujours oublié, ce qu’on oublie toujours encore dans cette question de Galilée, c’est qu’il prétendait être théologien de par les mathématiques et enseigner ce que les docteurs en droit canon, et encore sous le regard ouvert de l’Église, ont seuls le droit d’enseigner. […] Il prétend que Napoléon est tombé sous une émeute de femmes.

800. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Cette conception malheureuse, qui prétend abstraire la poésie de l’homme et du monde en général, me semble jeter ses derniers feux ; mais néanmoins, une part importante — je veux dire relativement étendue — de la production artistique récente dénote une ardente propension aux voluptés solitaires, aux jouissances exclusivement individuelles. […] Il n’est même pas exagéré de prétendre que l’acte sexuel, qui crée suivant les lois de la chair, apporte également au cerveau la fécondation nécessaire pour en faire éclore les germes.

801. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Post-scriptum sur Alfred de Vigny. (Se rapporte à l’article précédent, pages 398-451.) »

Si je ne considérais l’article de 1835 que comme un portrait provisoire, je ne prétends point que celui-ci soit définitif ; il ne l’est que pour moi qui ai dit là ma dernière pensée.

802. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres mises en ordre par M. J. Sabbatier. (Tome II, 1844.) » pp. 144-153

Il fut l’élève le plus distingué de ce groupe qui avait pour organe la Décade, et qui, en méfiance contre l’Empire, prétendait à continuer le xviiie  siècle avec modération et fermeté.

803. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — I »

Hugo dans ses premières odes politiques : et, s’il n’y avait pas là de quoi faire un chantre populaire, si le siècle ne se pouvait prendre d’amour pour qui lui lançait des anathèmes, et si, en un mot, le Lamennais de la poésie ne devait pas prétendre à devenir le Béranger de la France, peut-être au moins il avait dans sa franchise et son talent des titres à l’impartialité et à la justice.

804. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VII. De la littérature latine, depuis la mort d’Auguste jusqu’au règne des Antonins » pp. 176-187

On a prétendu que la décadence des arts, des lettres et des empires devait arriver nécessairement, après un certain degré de splendeur.

/ 1981