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665. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 24, objection contre la solidité des jugemens du public, et réponse à cette objection » pp. 354-365

C’est aux ouvrages à se défendre eux-mêmes contre de pareilles critiques, et ce qu’un auteur peut dire pour excuser les endroits foibles de son poëme, n’a pas plus d’effet qu’en ont les éloges étudiez que ses amis peuvent donner aux beaux endroits.

666. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XV »

Peut-être, en effet, ai-je un peu trop subi l’influence du texte que j’étudiais, et trop souvent approuvé les ratures du grand écrivain.

667. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

  Et moi j’étais là aussi pour chanter toutes ces choses ; pour étudier les siècles à leur berceau, pour remonter jusqu’à sa source le cours inconnu d’une civilisation, d’une religion, pour m’inspirer de l’esprit des lieux et du sens caché des histoires et des monuments sur ces bords qui furent le point de départ du monde moderne, et pour nourrir d’une sagesse plus réelle et d’une philosophie plus vraie, la poésie grave et pensée de l’époque avancée où nous vivons ! […] Et moi, méditant sous ma tente, et recueillant des vérités historiques ou des pensées sur toute la terre, la poésie de philosophie et de méditation, fille d’une époque où l’humanité s’étudie et se résume elle-même jusque dans les chants dont elle amuse ses loisirs. […] Les arbres entiers brûlaient dans le large foyer ; les moutons, les chevreaux, les cerfs étaient étalés par piles dans les vastes salles, et les outres séculaires des vins d’or du Liban, apportées de la cave par ses serviteurs, coulaient pour nous et pour notre escorte ; après avoir passé quelques jours à étudier ces belles mœurs homériques, poétiques comme les lieux mêmes où nous les retrouvions, le scheik me donna son fils aîné et un certain nombre de cavaliers arabes pour me conduire aux cèdres de Salomon ; arbres fameux qui consacrent encore la plus haute cime du Liban et que l’on vient vénérer depuis des siècles, comme les derniers témoins de la gloire de Salomon.

668. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Vie de Pascal S’il est inutile pour comprendre le théâtre de Corneille d’étudier les circonstances de sa vie, la biographie de Pascal est inséparable de son œuvre ; il n’y a pas d’écrivains qui soit plus engagé dans ses livres de toute sa personne et de toutes les parties de son humanité. […] Pascal étudiera la Bible, fera valoir que seuls les Juifs ont conçu Dieu dignement, établira la vérité des livres saints et du livre de Moïse en particulier, la vérité des miracles de l’Ancien Testament, prouvera la mission de Jésus-Christ par les figures de la Bible et par les prophéties, puis par la personne même, les miracles, les doctrines, la vie du Rédempteur ; enfin il montrera dans la vie et les miracles des Apôtres, dans la composition et le style des Évangiles, dans l’histoire des saints et des martyrs, et dans tout le détail de l’établissement du christianisme, les marques évidentes de la divinité de notre religion. […] Si on l’étudie de près, on apercevra que le secret de son énergie est dans le procédé scientifique que Pascal applique aux mots, manifestant leur définition et utilisant leurs liaisons dans les emplois qu’il en fait : le respect de leur propriété, et le choix de leur place, tout se ramène là.

669. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Si le grand acteur tragique du commencement du siècle qui regardait ses pleurs couler et les étudiait derrière le cercueil de son père, pour pleurer de même dans Hamlet, nous paraît d’un génie atroce, il y a plus atroce encore : et c’est la comédienne attendrie que vous croyez compatissante, et qui étudie dans vos yeux, sans que vous puissiez vous en douter, l’expression de l’amour affligé ou jaloux que vous avez pour elle, pour vous la voler, cette détrousseuse d’émotion, et aller au théâtre la jouer le même soir ! […] Il a découvert une maladie des plus rares, qui se termine par ce qu’il appelle une agonie sardonique, et c’est pendant cette agonie de son amant — lord Annandale — que la Faustin, qui a renoncé à la scène et reprise par la rage de l’art, par l’ogre qui dévore la nature et qui mange toujours la femme au profit de la comédienne, étudie, mime et répète devant une glace, avec la passion de l’artiste qui ne voit plus rien, ce rire affreux de son amant qui meurt, quand, dans un de ces retours de connaissance comme il en revient parfois aux mourants, le lord s’aperçoit du rire de sa maîtresse et la fait jeter à la porte par ses valets.

670. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

J’oserais réclamer aussi une chaire d’astronomie physique, afin d’étudier de plus près les canaux de la planète Mars, qui m’inquiètent beaucoup. […] Loin d’être un homme inculte, il avait étudié l’éloquence en Grèce. […] Judith Gautier avait appris le chinois à l’âge où les petites demoiselles n’étudient ordinairement que le piano, le crochet et l’histoire sainte. […] Mais, par une singularité dont je parlais tout à l’heure, les commentateurs de Pascal sont le plus souvent des philosophes qui n’étudient guère les mystiques. […] Constance permit à Julien, parvenu à l’âge d’homme, d’étudier à Athènes et à Constantinople.

671. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Celui qui voudra l’étudier en toute indépendance y puisera les lois d’une esthétique admirable, capable de servir de canons à plusieurs générations. […] Étudier un courant poétique, à une époque déterminée de notre histoire, c’est dévoiler du même coup les tendances de la science et de la morale. […] Après donc l’harmonie et l’expression, Mithouard étudie le mouvement, type de l’élément expressif. […] Elles seules intéressent un historien de la littérature, décidé à étudier l’ambiance intellectuelle d’une époque. […] Ces deux poètes, étudiés comme complément l’un de l’autre, demeurent les plus représentatifs des tendances actuelles.

672. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

La famille de René, ce vieux professeur, son beau-frère, Émilie sa sœur, la famille Offarel, la petite Rosalie, jusqu’à Françoise, jusqu’aux moindres personnages, tout est étudié, rendu avec une incroyable force de vérité. […] Commenté, il l’est déjà, par ceux-là surtout qui ne le connaissent pas et qui sont décidés à ne voir dans ce roman, un des plus étudiés du maître, qu’une œuvre de rancune et de dénigrement. […] nous eûmes beau, l’un et l’autre, étudier de très près une multitude de pancartes chargées d’épures et de notices, il nous fut impossible d’y découvrir un trait, un mot, la moindre trace de l’état civil et de l’extrait mortuaire de l’obscur à la fois et lumineux trépassé. […] Quand, à Paris, nous lisons ces romans, c’est surtout le talent de leurs auteurs que nous cherchons, et c’est à lui que nous sommes sensibles : « Bien étudié. […] La plupart de ceux qui chantent Baudelaire aujourd’hui ne sont guère sensibles qu’à ses insanités, il vaut infiniment mieux que cela et mérite d’être admiré et étudié, folie à part.

673. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Toutes les sciences l’attirent, hormis le droit ; c’est le droit qu’il faut qu’il étudie. […] L’ensemble de ses œuvres, mieux étudié, ne nous laisserait pas douter davantage de la moralité de son génie. […] Pourquoi dans le chapitre III ne pas nous faire grâce d’un seul des auteurs étudiés par Herder ? […] Son malheur est d’avoir voulu étudier la philosophie. […] Et puis, il a étudié à Tubingue !

674. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

Ici encore, les deux données, antécédent et conséquent, sont liées par l’entremise d’un caractère compris dans la première, et c’est la première qu’il faut étudier avec toutes ses circonstances, pour en extraire l’élément qui est la raison de la loi. — À présent, pourquoi la vibration du corps, étant propagée par le milieu jusqu’au nerf acoustique, provoque-t-elle en nous la sensation de son ? […] Comme tout à l’heure, les deux données, antécédent et conséquent, sont liées par l’entremise d’un caractère compris dans la première, et c’est la première, je veux dire la vibration déjà propagée jusqu’au nerf, qu’il faut étudier avec toutes ses circonstances, pour y constater et en dégager la possibilité d’une propagation ultérieure et complète qui est la raison de la loi. […] Au moyen de ce signe et d’autres indices tels que les variations du thermomètre, il faut maintenant l’étudier, constater en lui des propriétés intrinsèques, et, pour cela, employer de nouveau l’induction. — Or, on découvre par induction que le refroidissement introduit dans un corps gazeux, liquide ou solide, quel que soit son état, tend à rapprocher mutuellement ses molécules, et, en effet, les rapproche toujours, sauf quelques cas exceptionnels, où la tendance est neutralisée par certaines tendances contraires que parfois le rapprochement peut développer113. […] À cause de cela, nous étudions le composé mental avant le composé réel, et la connaissance du premier nous conduit à la connaissance du second. […] Nous n’y entrons pas ; nous n’avions à étudier que la connaissance ; nous avons voulu seulement indiquer du doigt, là-haut, bien au-dessus de nos têtes et au-delà de nos prises actuelles, le point probable où se trouve la clef de voûte de l’édifice.

675. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Pour juger sainement de l’œuvre des poètes et donner plus de certitude aux théories qui doivent la régir, la critique littéraire étudie aussi l’œuvre du peintre, du statuaire, de l’architecte et du musicien. […] La poésie n’émane pas d’un esprit qui a beaucoup étudié, mais d’une âme qui n’a pas besoin d’apprendre. […] Il étudie dans la physionomie, dans le geste, dans les paroles, dans toutes les actions des hommes, l’expression que dévoile chacun des innombrables sentiments qui constituent la vie de l’âme. […] Sans doute l’art grec a fouillé moins profondément dans la nature humaine ; il n’a pas disséqué, comme notre poésie moderne, les dernières fibres du cœur ; il a connu l’anatomie, mais sans l’étudier sur l’écorché. […] On peut néanmoins étudier, et on a toujours étudié les œuvres de l’esprit en séparant la critique du style de celle de la pensée.

676. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Alors, comme je n’étudiais rien, j’apprenais beaucoup. […] Se tournant vers un autre art, il étudia la rhétorique sous Prodicos. […] Il a étudié sur place les principales affaires de la campagne. […] Au contraire, plus on l’étudie et mieux on l’admire. […] Il a cessé depuis longtemps d’étudier le modèle.

677. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Sardou étudie minutieusement le milieu. […] Du matin au soir il étudiait. Il était très vieux, mais il étudiait toujours. […] Vous l’avez étudié dans des articles admirables de méthode et dont il fallait bien sentir la force. […] M. de Gourmont a étudié ces deux proses avec soin, et il a recherché les éléments dont elles furent formées.

678. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Il étudia très consciencieusement dans tous les collèges où erra son enfance vagabonde. […] J’avais pensé à étudier Chemin fleuri, comme si cet in-douze eût été signé par un autre que par moi. […] La même dame a couché dans un workhouse, afin d’étudier de près les mœurs des ménages ouvriers. […] Et ce vieil homme, malgré les vicissitudes de sa carrière politique, n’a jamais cessé d’étudier Homère ! […] Étudier l’ordre et la marche des arguments dans les harangues de Cicéron ?

679. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

. —  Ses lettres étudiées et ses vers académiques. —  Sa vie de fermier. —  Son emploi de douanier. —  Ses dégoûts. —  Ses excès. —  Sa mort. […] Il emportait un livre dans sa poche pour étudier dans les champs aux moments libres ; il usa ainsi deux exemplaires de Mackensie. « Le recueil des chansons était mon vade mecum. […] En ce moment, il étudie avec minutie et avec amour les vieilles ballades écossaises, et le soir dans sa petite chambrette froide, le jour en sifflant son attelage, il invente des formes et des idées. […] Les peintres voyagèrent pour imiter la couleur locale, et étudièrent pour reproduire la couleur morale. […] Dans le reste, il était indolent, étudiait à bâtons rompus, apprenait mal les choses sèches et positives ; mais de ce côté le courant de son instinct était précoce, précipité et invincible.

680. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Il est curieux pourtant de l’étudier et de chercher à le deviner et à le découvrir dans ce qu’il a laissé. […] On a lieu de le craindre, en effet, si en présence de cet homme on parle inexactement et à la légère de ce qu’il possède à fond et qu’il a étudié de longue main : il n’a qu’un mot à dire pour dénoncer votre erreur et pour la révéler.

681. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Que l’observateur ne se laisse point éblouir, même par le génie ; qu’il cherche, tout en l’admirant, à en mesurer la hauteur et ne ferme pas les yeux sur ses défauts, il ne se peut rien de plus légitime et de plus digne d’un esprit indépendant et juste : mais qu’on ne voie entre les génies proprement dits et la médiocrité qui les entoure que du plus ou du moins sans démarcation aucune, sans un degré décisif à franchir, je ne saurais appeler cela que myopie et petite vue qui étudie le genre humain comme une mousse et qui n’entend rien aux esprits d’aigle. […] Aujourd’hui qu’on étudie à fond ces auteurs, les saint Bernard, les saint Thomas d’Aquin, les Abélard, et aussi les Vincent de Beauvais, les Roger Bacon, on arrive à reconnaître en quoi ces hommes, au milieu d’une civilisation qui avait tant rétrogradé en apparence, si on la compare à celle d’un Sénèque, d’un Pline l’Ancien ou d’un Cicéron, avaient pourtant des vues soit dans l’ordre moral, soit même dans l’ordre des sciences physiques, des conceptions et des essors déjà, qui étaient le résultat ou le signal d’un avancement et d’un progrès pour l’espèce.

682. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Il n’y avait point de concurrent pour ainsi dire : Il y faut (aux Affaires étrangères) un homme de robe suivant l’usage présent ; je suis, de plus, homme de condition ; mon père a bien servi le roi et a été grand officier de la couronne ; j’ai étudié assidûment les affaires politiques depuis sept ans ; M. le cardinal le sait et a vu de mes mémoires, M. le garde des sceaux Chauvelin lui en a rendu de grands témoignages en tous les temps. […] Il continua d’étudier et d’attendre.

683. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

À le voir et à l’étudier de près, son originalité bien réelle était-elle autre part que dans son talent ? […] Ces érudits allemands, à force d’étudier, ne doutent de rien.

684. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Encore au collège, il ne résista pas au goût qui le portait vers la peinture, et, dans son année de rhétorique, il sacrifiait une des classes, celle du matin, pour aller étudier chez Rioult qui avait son atelier rue Saint-Antoine, près du temple protestant. […] Faust dit : « Aimez, vous ferez bien mieux que d’étudier. » Don Juan dit : « Interrogez la science, apprenez, apprenez, vous avez plus de chance de ce côté que du mien. » Le grand Empereur enfin, après avoir pressé dans sa main le globe, trouve qu’il sonne creux, et se prend à envier l’idylle du chevrier de son île natale à travers les halliers.

685. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Il n’y a pas lieu à une pareille accusation, si la méthode est bien comprise et si elle est employée comme elle doit l’être ; car, quelque soin qu’on mette à pénétrer ou à expliquer le sens des œuvres, leurs origines, leurs racines, à étudier le caractère des talents et à démontrer les liens par où ils se rattachent à leurs parents et à leurs alentours, il y aura toujours une certaine partie inexpliquée, inexplicable, celle en quoi consiste le don individuel du génie ; et bien que ce génie évidemment n’opère point en l’air ni dans le vide, qu’il soit et qu’il doive être dans un rapport exact avec les conditions de tout genre au sein desquelles il se meut et se déploie, on aura toujours une place très-suffisante (et il n’en faut pas une bien grande pour cela) où loger ce principal ressort, ce moteur inconnu, le centre et le foyer de l’inspiration supérieure ou de la volonté, la monade inexprimable. […] Deschanel prétend simplement que dans toute œuvre d’écrivain, dans toute production un peu considérable, il y a lieu d’étudier et de noter les influences du sang, de la parenté, de la famille, de la race, du sol, du climat.

686. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

L’auteur, le comte Vitzthum, un homme d’État saxon, s’est vu amené précisément à étudier le maréchal de Saxe en retrouvant dans les Archives de son pays des lettres de lui toutes politiques, qui indiquaient une capacité du premier ordre. […] Maurice, à vingt ans, avait servi sous lui dans les campagnes de Hongrie contre les Turcs (1716-1717) ; il l’avait vu à l’œuvre à la journée de Peterwardein, à celle de Belgrade : placé à ses côtés, il s’était appliqué à étudier de près ce grand modèle, et il se flattait, disait-il, de l’avoir pénétré.

687. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

Napoléon, d’ailleurs, avait l’œil sur Jomini au même moment, non pas que Ney lui eût communiqué le mémoire de son aide de camp ; mais on allait combattre les Prussiens, et Jomini avait étudié à fond dans son livre la méthode et la tactique du grand Frédéric et de ses lieutenants : il pouvait être bon à entendre et à employer. […] Je vous ai appelé près de moi parce que vous avez écrit les campagnes de Frédéric le Grand, que vous connaissez son armée, et que vous avez bien étudié le théâtre de la guerre.

688. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Il passa cette année, non plus aux Feuillantines, mais rue Cherche-Midi, en face l’hôtel des Conseils de guerre, à étudier librement, à lire toute sorte de livres, même les Contemporaines de Rétif, à apprendre seul la géographie, à rêver et surtout à accompagner chaque soir sa mère dans la maison de la jeune fille qu’il épousa par la suite, et dont en secret son cœur était déjà violemment épris. […] Dans cette confiante indifférence, le présent échappait inaperçu, la fantaisie allait ailleurs ; le vrai Moyen-Âge était étudié, senti, dans son architecture, dans ses chroniques, dans sa vivacité pittoresque ; il y avait un sculpteur , un peintre  parmi ces poëtes, et Hugo qui, de ciselure et de couleur, rivalisait avec tous les deux.

689. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

 » III Quant à Danton, pour qui j’ai été trop sévère peut-être, car plus j’étudie, moins je vois en lui l’organisateur des massacres de septembre, lisez sa fin, et voyez si je flatte la démagogie dans ce singe malicieux, féroce et lâche de la multitude, Camille Desmoulins. […] Il fallait dire trop étudié.

690. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

On continua d’étudier exclusivement le latin. […] Biographie : Mellin de Saint-Gelais (1487-1558), fils du poète Octovian de Saint-Gelais, évêque d’Angoulème, fut très bien instruit en langues, sciences, armes, arts libéraux, étudia le droit aux universités de Poitiers, Bologne, Padoue, entra dans les ordres en 1524, et devint aumônier du dauphin.

691. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Dans le même temps que La Bruyère, par sa manière d’administrer la morale, nous met le plus à l’aise avec nous-mêmes, par sa méthode, ou plutôt par ce manque étudié de méthode, il se rend maître de notre attention. […] La Bruyère doit donc être lu avec précaution ; mais là où son style est proportionné aux choses, nul écrivain ne saurait être lu de trop près, ni trop étudié.

692. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Voyez en effet comme les barbares aiment cette civilisation, comme ils s’empressent autour d’elle, comme ils cherchent à la comprendre avec leur sens naïf et délicat, comme ils l’étudient curieusement, comme ils sont contents de l’avoir devinée. […] La culture intellectuelle est pour l’humanité comme si elle n’était pas, lorsqu’on n’étudie que pour écrire.

693. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Quand on a devant soi un bon nombre de ces chapelets, on peut essayer de déterminer la formule générale de l’époque qu’on étudie. […] Pour saisir le jeu de ces mouvements qui se mêlent et s’entrecroisent, on est souvent obligé de sortir de l’époque qu’on étudie, de regarder ce qui l’a précédée et ce qui l’a suivie.

694. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

M. de Broglie est un des hommes de ce temps-ci qui étudient le plus et le mieux. […] Tous ses discours, tous ses écrits sous la Restauration viendraient bien à l’appui de cette manière d’expliquer l’esprit si distingué et si éminent, si ingénieux et si complexe, que nous avons le regret d’étudier trop rapidement.

695. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Pour bien étudier Condorcet, et sur le terrain le plus pacifique et le moins brûlant, il faut lire sa Vie de M.  […] J’ai eu souvent, dans ma jeunesse, l’occasion d’apprécier et d’étudier ce genre de mérite de Condorcet dans la personne de M. 

696. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Eût-il vécu cent ans, il n’aurait jamais obtenu ce qui s’appelle considération, autorité ; mais il sut mériter l’indulgence et l’affection, et il peut encore être étudié aujourd’hui comme une curiosité du Grand Siècle et comme une gentille bizarrerie de la nature. […] À un moment il se met en tête d’étudier Euclide ; il faut bien faire un peu de tout.

697. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Ce tableau que nous fait Conrart de la première éducation de Mlle de Scudéry, nous rappelle tout à fait la première éducation de Mme de Genlis en Bourgogne, et je dirai dès l’abord qu’à l’étudier de près comme je viens de faire, Mlle de Scudéry me paraît avoir eu beaucoup de Mme de Genlis, en y joignant la vertu. […] En effet, toutes ces grandes réprimandes qu’on leur fait dans leur première jeunesse, de n’être pas assez propres, de ne s’habiller point d’assez bon air et de n’étudier pas assez les leçons que leurs maîtres à danser et à chanter leur donnent, ne prouvent-elles pas ce que je dis ?

698. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Il avait étudié les belles-lettres de bonne heure, et ç’avait été sa passion toujours nourrie à travers ses devoirs. […] N’ayant étudié ensemble ni en théologie ni en politique, nous avons donné en Suisse des scènes à mourir de rire, cependant, sans nous brouiller jamais.

699. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

Dans le cours d’histoire qu’il professa aux Écoles normales après la Terreur (1795), s’élevant avec raison contre l’abus qu’on a fait des études grecques et romaines, il va pourtant jusqu’à l’excès quand il dit : Oui, plus j’ai étudié l’Antiquité et ses gouvernements si vantés, plus j’ai conçu que celui des Mamelouks d’Égypte et du dey d’Alger ne différaient point essentiellement de ceux de Sparte et de Rome, et qu’il ne manque à ces Grecs et à ces Romains tant prônés que le nom de Huns et de Vandales pour nous en retracer tous les caractères. […] Ce livre de Volney est de ceux qui se lisent moins qu’ils ne s’étudient : la partie intéressante pour le lecteur ordinaire se trouve rejetée dans les notes et les Éclaircissements.

700. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Elle étudiera et définira les révolutions morales de l’humanité, les formes temporelles et locales de la civilisation. […] Nous voulons aller, au-dessous ou plutôt au-dessus des faits, étudier dans toutes les choses de cette époque les raisons de cette époque et les causes de cette humanité.

701. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Introduction »

C’est qu’ils parlent sans avoir étudié ni examiné la question. […] ces vérités éternelles et inébranlables ne pourraient supporter l’examen sans périr, et celui qui les étudie librement et consciencieusement serait fatalement conduit à en douter comme Voltaire ou à les nier comme Diderot !

702. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

» Où en serait le genre humain, s’il fallait étudier la dynamique et l’astronomie pour connaître l’Être-Suprême ? […] Les voûtes des thermes de Titus, dont Raphaël étudia les peintures, ne représentaient que des personnages.

703. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Le sentiment s’affaiblirait, s’éteindrait même dans l’orateur, par le soin froid et étudié qu’il se donnerait pour le rendre ; et tout le fruit de ses efforts serait de persuader à ses auditeurs qu’il ne ressentait pas ce qu’il a voulu leur inspirer. […] Que dirions-nous d’un homme qui ayant à nous entretenir sur la chose du monde qui nous intéresserait le plus, s’en acquitterait par un discours étudié, compassé, chargé de figures et d’ornements ?

704. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

S’il avait pu y croire une minute, avec ses tendances positives de penseur chez qui la pensée a toujours touché à l’action, et d’écrivain catholique chez qui le catholicisme a redoublé le bon sens, il ne fût point descendu des hauteurs de son histoire dans le détail de la vie des hommes de la Révolution, les isolant les uns des autres pour mieux étudier chacun d’eux. […] Chaque détail, sévèrement étudié, entraîne un jugement, et ce jugement est d’un esprit ferme, qui a vu, par-dessous les illusions grandissantes, le fonds et le tréfonds des grands coupables qu’on croit des grands hommes, et qui est revenu de l’abîme de toutes ces consciences comme Dante revint de son Enfer.

705. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

En agissant ainsi avec une nature aussi fantasmagorique que celle d’Attila, qui est moins un homme qu’une grande chose, moins un être qu’il soit besoin d’étudier avec la patience et le détail du microscope qu’un météore digne du télescope, qui nous fait voir dans les étoiles M.  […] Probablement et d’après ce qui se pratiquait par une sorte d’échange entre la Barbarie et la Civilisation, tandis que Aétius faisait ses premières armes chez les Huns, Attila faisait les siennes chez les Romains, étudiant les vices de cette société comme le chasseur étudie les allures d’une proie : faiblesse de l’élément romain et force de l’élément barbare dans les armées, incapacité des empereurs, corruption des hommes d’État, absence de ressort moral sur les sujets, en un mot, tout ce qu’il sut si bien exploiter plus tard et qui servit de levier à son audace et à son génie. » La phraséologie moderne à part, il y a l’éclair du vrai dans ces paroles.

706. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Post-scriptum sur Alfred de Vigny. (Se rapporte à l’article précédent, pages 398-451.) »

Consolez-vous, personne n’a vécu dans la familiarité de M. de Vigny, pas même lui. » Mais M. de Vigny manquait de mémoire le jour où il écrivait cette note, et je puis dire que je le connaissais alors et l’avais étudié assez à fond, comme poète du moins et comme artiste.

707. (1874) Premiers lundis. Tome II « Adam Mickiewicz. Le Livre des pèlerins polonais. »

Nous ne craignons pas de le recommander à tous ceux qui osent étudier et accepter sous ses aspects les plus divers, sous ses vêtements les plus insolites, la pensée de la liberté future.

708. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VII. De la littérature latine, depuis la mort d’Auguste jusqu’au règne des Antonins » pp. 176-187

Quand ce sont les tyrans qui menacent de la mort, les philosophes, contraints à supporter ce que la nature a de plus terrible et ce que le crime a de plus atroce, ne pouvant agir au dehors d’eux-mêmes, étudient plus intimement les mouvements de l’âme.

709. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVIII. Pourquoi la nation française était-elle la nation de l’Europe qui avait le plus de grâce, de goût et de gaieté » pp. 366-378

Obligés d’étudier sans cesse ce qui pouvait nuire ou plaire en société, cet intérêt les rendait très observateurs.

710. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre IV. De la bienfaisance. »

Almont ne pense point à faire valoir sa prudence en vous conseillant ; sans vous égarer, il cherche à vous distraire ; il vous observe pour vous soulager ; il ne veut connaître les hommes, que pour étudier comment on les console.

711. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre III. Les traducteurs »

Amyot, né à Melun en 1513, fils d’un boucher ou d’un mercier, étudia au collège du cardinal Lemoine, puis sous les lecteurs royaux Toussain et Danès.

712. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre II. La langue française au xvie siècle »

Au surplus ai étudié tant qu’il m’a été possible de m’adonner à un commun patois et plat langage, fuyant toute affecterie de termes sauvaiges, emmasqués et non accoutumés, lesquels sont écorchés du latin.

713. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre IX. L’avenir de la Physique mathématique. »

Ces lois ont été étudiées par les expérimentateurs dans leurs moindres détails ; elles sont très précises et relativement simples.

714. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre V : Rapports du physique et du moral. »

Bain a étudié les rapports du physique et du moral dans son récent livre l’Esprit et le Corps 189.

715. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre premier. Prostitués »

Mais ce ne sont pas les Maîtres que je veux étudier aujourd’hui.

716. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre IV Le Bovarysme des collectivités : sa forme imitative »

Or cette civilisation à mesure qu’on l’étudie avec moins de prévention, apparaît d’une rare fécondité en richesses réalisées ou virtuelles.

717. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre I. Les travaux contemporains »

N’oublions pas toute une classe d’ouvrages qui doivent être encore lus et étudiés par ceux qu’attire le grand problème des rapports du cerveau et de la pensée.

718. (1879) Balzac, sa méthode de travail

La prolixité domine dans certains importants morceaux ; la pensée déborde, les faits trop abondants s’enjambent les uns sur les autres et ne donneraient qu’une idée insuffisante de l’écrivain si on l’étudiait dans ses Œuvres diverses.

719. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Tout ce que j’ai compris de ma vie du clair-obscur » pp. 26-33

Que celui qui n’a pas étudié et senti les effets de la lumière et de l’ombre dans les campagnes, au fond des forêts, sur les maisons des hameaux, sur les toits des villes, le jour, la nuit, laisse là les pinceaux, surtout qu’il ne s’avise pas d’être paysagiste.

720. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 7, nouvelles preuves que la declamation théatrale des anciens étoit composée, et qu’elle s’écrivoit en notes. Preuve tirée de ce que l’acteur qui la recitoit, étoit accompagné par des instrumens » pp. 112-126

Cet auteur après avoir dit qu’un orateur qui devient vieux peut rallentir sa declamation, ajoute : citons encore ici Roscius, ce grand comedien que j’ai déja cité tant de fois comme un modele d’après lequel les orateurs pouvoient étudier plusieurs parties de leur art.

721. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IV »

Imiter un auteur, c’est étudier ses procédés de style, l’originalité de ses expressions, ses images, son mouvement, la nature même de son génie et de sa sensibilité.

722. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Jules Vallès » pp. 259-268

Étudier la raison d’un succès est toujours une belle question en critique… S’il est un livre pour lequel le journalisme ait battu de tous ses tambours, — et aux champs encore, — c’est ce livre des Réfractaires 24… L’auteur en fut un, m’a-t-on dit ; ce qui prouve, Dieu merci !

723. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Edmond About » pp. 63-72

Il était donc placé dans d’excellentes conditions pour nous donner un livre étudié et mordant sur la Grèce (mordant, du moins, à la manière des poinçons).

724. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Jules Levallois » pp. 191-201

Très apprécié de Guéroult, qui aima le talent comme les gens qui en ont, Jules Levallois fit régulièrement des articles ; mais le critique militant devint un jour un irrégulier et ce n’était pas étonnant : il se produisit en lui un grand changement, ou du moins une modification profonde… Il devenait ermite, et, au lieu de chercher les petites bêtes dans les œuvres littéraires où il y en a souvent beaucoup, il chercha dans les bois et il étudia les fourmis.

725. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Proudhon et Couture »

C’est ce que nous étudierons à l’avenir sans humeur et sans parti pris.

726. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Quelle tradition esthétique nos devanciers nous ont-ils laissée à étudier. […] J’ai étudié, en dehors de tout esprit de système et sans parti pris, l’art des anciens et l’art des modernes. […] Qu’un écrivain étudie sérieusement la nature et s’essaie à faire entrer le plus de vrai possible dans une œuvre, on le compare à un daguerréotypeur. […] Mais, à ma grande honte, j’avoue n’avoir jamais étudié le code qui contient les lois à l’aide desquelles il est permis au premier venu de produire des œuvres réalistes. […] Mélingue, qu’il faut étudier : le portrait de Cinq-Mars de Le Nain démontre suffisamment l’embarras des personnages dans ces beaux habits.

727. (1925) Comment on devient écrivain

Voilà le grand modèle qu’il faut étudier pour apprendre à créer de la vie. […] Paul Hervieu avait vécu dans le monde et l’avait étudié de près, avant d’en devenir le peintre impitoyable. […] Celui-là n’eut d’autre mérite que d’être un érudit qui a passé sa vie à étudier, non pas la littérature, mais l’histoire de la littérature. […] Étudions les ouvrages de style, non en dehors du style, mais par le style, non par les idées, mais par la forme. […] On peut étudier Bossuet sans tomber dans de pareils plagiats.

728. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Étudiez les lois admirables de notre grande patrie. […] Étudiez l’humanité tout entière, en vous d’abord et dans votre conscience, puis dans cette conscience du genre humain qu’on appelle l’histoire. […] Il faut étudier tout cela en détail, sous peine d’être infidèle à la méthode expérimentale. […] La philosophie de l’histoire doit étudier ces différences, les embrasser dans leurs causes et dans leurs effets et les suivre dans toute l’étendue de leur action. […] Platon et même Aristote, quand on les lit dans leur langue et qu’on est forcé de les étudier sérieusement, troublent un peu le point de vue exclusif de la sensation.

729. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Certes, ce n’est pas trop de deux volumes pour étudier un écrivain si considérable. […] Émile Faguet, qui l’étudie d’une façon très pénétrante et très impartiale, lui reproche de manquer de vie. […] Il était allé, dans sa jeunesse, l’étudier en Allemagne. […] Autrement dit, Taine n’étudie l’univers que pour tâcher de le comprendre. […] Que l’élite cultivée étudie saint Thomas !

730. (1902) Le critique mort jeune

Moins encore qu’il n’avait fait pour le latin mystique, il n’était capable d’étudier comme une chose inerte et sans vie sa propre langue, qu’il avait, dans son métier d’écrivain, maniée, domptée comme un être à la fois souple et résistant. […] Bourget, qui n’étudie point son Joseph Monneron sans sympathie, s’attache à le présenter comme un humaniste de distinction, un fervent des lettres classiques et surtout comme un excellent professeur qui comprend et qui aime son métier. […] Pierre Lasserre, les nomme, les étudie, les décrit dans tout leur détail, telles qu’il les trouve dans les arts, la politique et les mœurs du xixe  siècle. […] En effet, il écrit comme les écrivains du xviie  siècle, qu’il a étudiés, et non les auteurs à la mode. […] Cependant il y a bien six ou sept millions de Français qui vivent et qui pensent comme ses Maugien et ses Ruyot, et cela seul vaudrait d’être étudié.

731. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Étudions-le donc un peu à fond, comme nous avons fait une autre fois pour Mme de Charrière. […] Le jeune Rodolphe étudia donc, jusqu’à l’âge de dix-huit ans, mais à la façon de Jules, en attendant, et non sans bien des croquis entre deux bouquins, non sans de fréquentes distractions à la vitre. […] J’en sais, de vos amants, qui vous rendent plus que le culte de l’admiration, qui étudient vos beautés, qui se pénètrent de vos grandeurs, à l’âme de qui se découvrent vos charmes méconnus. » Le brouillard dans ces vallées se lève tard, voilà qu’il semble se lever aujourd’hui.

732. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Il se résignera aisément à écouter quinze discours de suite sur le même sujet, à demander vingt ans de suite la même réforme, à compulser des statistiques, à étudier des traités moraux, à faire des classes le dimanche, à élever une douzaine d’enfants. […] Ce ne sont point des délicats de salon, comme nos marquis du dix-huitième siècle : un lord visite ses pêcheries, étudie le système des engrais liquides, parle pertinemment du fromage, et son fils est souvent meilleur rameur, marcheur et boxeur que ses fermiers. […] —  Ils se piquent de peinture, du moins ils l’étudient avec une minutie étonnante, à la chinoise ; ils sont capables de peindre une botte de foin si exactement, qu’un botaniste reconnaîtra l’espèce de chaque tige ; celui-ci s’est installé sous une tente pendant trois mois dans une bruyère afin de connaître à fond la bruyère ; beaucoup sont des observateurs excellents, surtout de l’expression morale, et réussiront très-bien à vous montrer l’âme par le visage ; on s’instruit à les regarder, on fait avec eux un cours de psychologie ; ils peuvent illustrer un roman ; on sera touché par l’intention poétique et rêveuse de plusieurs de leurs paysages.

733. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Mais elle est aussitôt réprimée par le poète, et il vaudrait la peine d’étudier avec quel art, quelle finesse de composition il fait toujours dominer l’impression comique, chargeant Sganarelle d’atténuer don Elvire, don Luis et don Juan, Dubois d’effacer le trouble pathétique du IVe acte du Misanthrope, Dorine de jeter sa belle humeur à travers les scènes pitoyables de Tartufe, Argan enfin de contrepeser l’odieux de Béline et le charme attendrissant d’Angélique. […] Il engage ses caractères dans leurs relations réelles ; et il les étudie dans leur milieu, modifiés par lui et le modifiant. […] Nulle part cependant les suites graves des travers les plus légers ne sont absentes : étudiez les Précieuses, et vous saisirez comment le faux bel esprit mène aux pires aberrations de la conscience et de la conduite, par quelle pente nos héroïnes en idée arriveront à n’être que des aventurières.

734. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Ceux qui ont étudié le vers romantique ont pris leurs exemples presque exclusivement dans les Châtiments et la Légende des siècles : c’est là seulement en effet que le poète a dégagé tout à fait ses rythmes originaux. […] Il étudie chez l’abbé Dumont, au petit séminaire de Belley, au lycée impérial de Lyon, n’acquérant pas de lourde science, n’effeuillant pas aussi une de ses chères illusions. […] La composition est sévère, de proportions très calculées, de coupe et déstructuré soigneusement étudiées ; le développement est d’une sobriété puissante : les images, choisies, précises, fortes, sortent en pleine lumière ; Vigny a l’expression pittoresque, qui dessine de vastes paysages avec ampleur et netteté : voyez-le nous mener au haut d’une montagne d’où Les grands pays muets longuement s’étendront.

735. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Quand ces discussions étaient épuisées et terminées par de tristes retours sur la monotonie des regrets et sur la vanité des espérances, mon père, M. de Vaudran ou le jeune abbé tiraient un volume de leur poche ; ils citaient à l’appui de leurs opinions l’autorité de l’écrivain qu’ils étudiaient alors. […] XXXIII La tribune politique, où je montai à mon tour pendant quinze ans de ma vie, redoubla pour moi le sentiment des lettres ; j’étudiai nuit et jour, sans relâche, pendant ces quinze années, les modèles morts ou vivants de la parole, pour me rendre moins indigne de parler après eux ou à côté d’eux. C’est alors aussi que j’étudiai plus profondément les plus grands historiens littéraires de l’antiquité, pour raconter aussi les grands événements de mon pays.

736. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Ils ont à eux une façon d’idiome hiératique que le vulgaire n’entend pas ; c’est un patois hiéroglyphique qu’il faut étudier longtemps avant de le comprendre ; je sais que ces formules particulières servent souvent à voiler bien des opinions fausses, bien des découvertes insensées, bien des théories absurdes, mais je sais aussi qu’elles recouvrent parfois de merveilleuses histoires, pleines de féeries, pleines d’aventures magiques arrivées entre des astres, entre des métaux, entre ces mille atomes qui nous entourent et que nous ne soupçonnons pas. […] Ce langage impossible que les savants parlent entre eux, c’est à nous de l’étudier, de connaître ses secrets, afin de pouvoir expliquer à ceux qui les ignorent les étranges spectacles qui nous entourent. […] Je ne me suis pas contenté de l’étudier dans ses historiens et dans ses poètes, j’ai été la chercher dans ses vieilles patries.

737. (1870) La science et la conscience « Chapitre I : La physiologie »

De tout temps, qu’on s’entendît ou non sur les principes et sur les causes, deux ordres, on pourrait dire deux mondes de phénomènes ont été étudiés, décrits et classés. […] De tout temps, l’homme a été étudié de deux manières, par les sens extérieurs et par le sens intime. […] « Je crois, dit l’éloquent professeur anglais Tyndall, défendant contre le reproche de matérialisme les physiologistes qui cherchent les correspondances entre les phénomènes intellectuels et les opérations du cerveau, je crois que tous les grands penseurs qui ont étudié ce sujet sont prêts à admettre l’hypothèse suivante : que tout acte de conscience, que ce soit dans le domaine des sens, de la pensée ou de l’émotion, correspond à un certain état moléculaire défini du cerveau, que ce rapport du physique à la conscience existe invariablement, de telle sorte qu’étant donné l’état du cerveau, en pourrait en déduire la pensée ou le sentiment correspondant, ou qu’étant donné la pensée ou le sentiment, on pourrait en déduire l’état du cerveau ; mais je ne crois pas que l’esprit humain, restant constitué tel qu’il est aujourd’hui, puisse aller au-delà.

738. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

On peut étudier une époque, une race, un peuple, une classe, uniquement dans les manifestations extérieures de leur activité politique ou littéraire, en ne s’attachant qu’aux faits et gestes des grands acteurs historiques. […] Qu’il s’agisse d’événements politiques ou d’œuvres d’art et de littérature, l’historien de nos jours ne détache jamais ses personnages du milieu dans lequel ils ont agi ou créé ; il ne manque pas de les étudier dans leurs rapports avec tout ce qui les précède et les entoure dans la manifestation de leurs actes ou la création de leurs œuvres, afin qu’on voie bien que tels personnages politiques ne sont que les ministres d’une nécessité sociale, et que tels auteurs ne sont que les organes d’idées et de sentiments généraux. […] Voilà ce qui fait qu’ils ont cherché à peu près tous à étudier, à analyser, à classer les éléments dont se compose cette résultante, et à en déterminer les lois.

739. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Chaque fonction est à étudier et il faut laisser toutes bégueuleries, toutes répugnances à la porte d’un amphithéâtre. […] Cette fois, l’auteur de la Chanson des Gueux (chez Dreyfous) a agrandi son horizon ; il ne s’agit plus d’étudier tel ou tel coin de la société, c’est de l’humanité entière, de ses rêves, de ses croyances que le poète va s’occuper. […] Non ; c’est mieux, c’est une suite de scènes si étudiées qu’il faut les lire et les relire pour se rendre compte de tout ce qu’elles renferment. […] Les peuples qui n’ont pas ce livre le mendient, Et vingt siècles penchés dans l’ombre l’étudient. […] Les philosophes qui passent assez inutilement leur vie à s’étudier, pour se connaître, sont encore moins connus du public que d’eux-mêmes.

740. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Il était versé, au contraire, dans le théâtre espagnol ; il l’avait imité dans ses imitateurs français, avant de l’étudier dans la langue originale. […] Il les étudiait la plume à la main ; il y notait, pour en faire son profit, soit les vérités de passion, soit l’art de les mettre dans le plus beau jour. […] Il étudiait les œuvres plutôt qu’il ne subtilisait sur les doctrines. […] On est sous le charme quand on lit ces beaux vers que Voltaire admira soixante ans, jusqu’au jour où il eut la faiblesse d’en vouloir à Athalie d’être un sujet chrétien ; mais on est saisi d’étonnement lorsque, dépouillant la pièce de ce magnifique vêtement, on l’étudie dans son plan, dans son nœud, dans les entrées et les sorties, dans la convenance et l’à-propos du langage de chacun, dans le rapport de l’action au temps et au lieu ; en un mot, quand on compare l’art à la vie.

741. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

D’abord, il étudie en leur principe les idées et les sentiments humains, dont l’histoire n’est que le développement. […] En somme, toute l’opération consiste « à prendre les faits dans la nature, puis à étudier le mécanisme des faits en agissant sur eux par les modifications des circonstances et des milieux, sans jamais s’écarter des lois de la nature. […] Zola a cru que le réduire, c’était donner sa vraie forme à l’épopée moderne ; il étudie tel groupe dans les diverses classes de notre société : l’Assommoir, c’est l’ouvrier parisien ; Germinal, c’est le mineur. […] Dans l’histoire naturelle et sociale » des Rougon-Macquart, il déclare lui-même qu’il étudiera chez ses héros « le débordement des appétits ».

742. (1897) Aspects pp. -215

Mallarmé, il est nécessaire d’étudier la façon dont il s’intéresse à maints épisodes relevant de la sociologie et de l’esthétique générale. […] Il y a dans tous les livres que nous venons d’étudier, une tendance à rentrer dans la nature, un goût passionné du paysage faits pour réjouir. […] Pourquoi, s’abstient-il, dénonçant avec une telle lucidité nos plaies sociales, d’étudier une des plus horribles : le militarisme ? […] Jean Jullien, qui fit la Mer, étudie le théâtre contemporain30. […] Il étudie Émile Verhaeren et Vielé-Griffin.

743. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Dastre étudie l’unité chimique dans les êtres vivants.  […] Quant au troisième type, c’est le dynamique, qui « ne cesse d’étudier un fait que lorsqu’il en a trouvé la cause. […] Pierre Brun, qui a beaucoup étudié Stendhal, le loue de n’avoir pas été capable de cette besogne de « regratteur de syllabes ». […] Après une brève introduction, il étudie ce quatrième stade des genres grammaticaux, le stade sexualiste, où la logique le dispute éternellement à l’incohérence. […] Gohin a étudié les Transformations de la langue française pendant la deuxième moitié du dix-huitième siècle (1740-1789).

744. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ferdinand Denis »

C’est particulièrement sous ce point de vue qu’il a étudié les pays dont il parle.

745. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIX » pp. 319-329

Si les paroles du roi ne prouvent pas en lui réveil d’un sentiment nouveau, il est du moins certain qu’elles durent faire une vive impression sur deux personnes fort intéressées a les étudier, après les avoir entendues.

746. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 23-38

Marmontel, qui juge quelquefois sainement des grands Maîtres, dit, en parlant de Lafontaine, que nous n’avons pas de Poëte plus riant, plus fécond, plus varié, plus gracieux, & plus SUBLIME ; il recommande la lecture de ses Fables aux jeunes Poëtes, pour en étudier la versification & le style ; où les Pédans, ajoute-t-il, n’ont su relever que des négligences, & dont les beautés ravissent les hommes de l’Art les plus exercés & les hommes de goût les plus délicats * .

747. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 239-252

Racine le fils, pour ceux qui veulent étudier les principes de la Peinture.

748. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 8-23

Un Homme d’esprit étudie l’Art ; ses réflexions le préservent des fautes où peut conduire un instinct aveugle ; il est riche de son propre fond, &, avec le secours de l’imitation, maître des richesses d’autrui.

749. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre quatrième. L’aperception et son influence sur la liaison des idées »

On prétend que Léonard de Vinci recommandait à ses élèves, lorsqu’ils cherchaient un sujet de tableau, d’étudier avec soin l’aspect des surfaces de bois ; on finit par voir se dessiner, au milieu des lignes confuses, certaines formes d’animaux, des têtes humaines, des groupes pittoresques.

750. (1894) Notules. Joies grises pp. 173-184

Citons encore le vers merveilleux d’Adolphe Retté : La câlinante cantilène monotone L’étudie le lecteur pour son plaisir.

751. (1865) Du sentiment de l’admiration

Une explication d’Horace au célèbre Port-Royal mettait en feu toute une classe, poursuivait les écoliers jusque dans leurs promenades, dans leurs récréations, dans leurs sorties ; et les vacances n’étaient pour ces disciples de Lancelot et de Nicole qu’un prétexte pour reprendre avec plus de recueillement et d’intimité les auteurs étudiés pendant dix mois.

752. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes petites idées sur la couleur » pp. 19-25

Celui qui copiera d’après la Grenée, copiera éclatant et solide ; celui qui copiera d’après le Prince, sera rougeâtre et briqueté ; celui qui copiera d’après Greuse sera gris et violâtre ; celui qui étudiera Chardin sera vrai.

753. (1762) Réflexions sur l’ode

Laissons donc là les définitions, les dissertations, les législations de toute espèce ; et étudions les modèles.

754. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVIII. Siècle de Constantin. Panégyrique de ce prince. »

D’ailleurs, la naissance du christianisme dans ces climats, le renouvellement du platonisme, l’école d’Alexandrie, le choc des deux religions, le zèle ardent des païens pour attaquer, le zèle des chrétiens pour se défendre, tout dans l’Orient contribuait à entretenir la culture et le goût ; des évêques étudiaient Homère ; des saints se nourrissaient d’Aristophane ; Platon était presque aussi souvent cité qu’un Père de l’église : c’était un arsenal ennemi où le christianisme venait s’armer, et l’on combattait les fables et la mythologie des Grecs avec l’éloquence des Grecs mêmes.

755. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

J’ai hâte pourtant d’en venir au littérateur, à celui qui mérite d’occuper le public et que nous avons à étudier. […] Ampère, docile à Fauriel, étudia quelque temps sous lui le sanscrit, en même temps que Fresnel, sous la même impulsion, se livrait à l’arabe81. […] Je sais encore qu’il y a des lecteurs (et c’est le grand nombre aujourd’hui) qui trouvent qu’Ampère a suffisamment rempli sa tâche littéraire en étant un voyageur érudit et agréable ; il en est même, de ceux qui l’ont particulièrement étudié (comme le prince de Broglie ou M. de Saulcy), qui estiment que tout s’est passé pour lui au mieux dans sa carrière errante, et qu’il n’y a sur son compte à avoir aucun regret. […] Lorsque j’eus graduellement étendu ma manière jusqu’à m’en faire une méthode, je disais : « Ampère étudie l’histoire littéraire par couches et par zones : je l’étudie plutôt par individus que je rapporte ensuite à des groupes. » 90.

756. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Sa conduite durant la Convention et sous le Directoire fait, seule, exception par des actes plus en dehors et constitue sa vraie jeunesse : « Et encore je crois pour mon compte, dit quelqu’un qui l’a beaucoup étudié (M. […] Il profita de ce loisir pour étudier les éléments de géométrie avec suite ; il composa même alors une grammaire générale qu’il écrivit sur des cartes. […] D’autres, remarquez-le, auraient été tentés d’accepter, précisément parce que c’était Talleyrand lui-même, c’est-à-dire un nouveau monde à étudier, d’autres relations à embrasser et à saisir ; la curiosité les aurait poussés. […] Cet état n’est pas sans charme ; je ne sais qui a dit : « Étudier de mieux en mieux les choses qu’on sait, voir et revoir les gens qu’on aime, délices de la maturité. » M. Daunou, sans doute, étudiait, lisait toujours des pages nouvelles, des détails nouveaux, mais il les faisait rentrer dans la même idée. — Toutes lés fois que certains sujets revenaient, il redisait invariablement les mêmes choses (solebat dicere) ; il ne croyait pas qu’il y eût, sur aucun point connu, deux manières de bien dire et de bien penser.

757. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Le moment paraît donc venu d’étudier avec quelque détail cette disposition même. […] » Mais, en général, le moyen âge n’est point frappé par le mal dont j’étudie l’histoire. […] Encore dans ce petit nombre d’œuvres le mal que j’étudie se trahit-il à peine. […] Cette exception, rare dans la littérature que nous étudions, méritait d’être signalée. […] Pour l’étudier, les documents abondent, et ils émanent de M. de Lamartine lui-même.

758. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Si, pour connaître le fruit, il faut connaître l’arbre, comment étudier l’arbre sans le terroir, et le terroir sans tout le reste ? […] Or, c’est le fait que nous étudions. […] Ailleurs, j’ai étudié comparativement les jeunes filles de Molière et celles de Shakespeare. […] Mais, si vous ne l’étudiez qu’au physique, et seulement dans l’état de maladie je dis que vous n’en connaissez que le quart. […] Michel-Ange, encore jeune, obtient du prieur de San-Spirito, à Florence, une salle secrète et des cadavres, pour étudier l’anatomie.

759. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

« Ô l’étrange chose, disait l’ancien Balzac, qu’un grammairien qui n’a étudié que les syllabes, prononce hardiment sur les œuvres de tant de grands hommes. […] Dans quelles écoles les as-tu étudiés ? […] Il y a dans tout cela une gaieté et une sagesse qu’on ne saurait trop étudier et trop applaudir. […] Il a un si bon prétexte pour s’approcher, pour étudier son beau visage. […] Il faut prendre son temps, il faut obéir à l’heure présente, il faut étudier les écrivains les plus habiles à nous fournir les développements du style et de la passion.

760. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

J’étudiais la disposition du lieu, cherchant l’issue, avec l’acharnement des bêtes captives. […] Un vieux piano carré, sur lequel « les grandes » venaient étudier, s’appuyait à la paroi opposée aux fenêtres, et c’était tout. […] Mais avec une vague épouvante, j’étudiais la mère Saint-Raphaël, quand elle ne regardait pas de mon côté. […] J’étudiais assez bien, mais capricieusement et seulement les choses qui m’intéressaient. […] Il méditait profondément, composait le pas, qu’il allait nous donner à étudier.

761. (1902) Propos littéraires. Première série

Comme cas strictement exceptionnel, étudions-la. […] Daudet, qui n’aimait guère à étudier que des âmes bourgeoises à l’ordinaire, tout au contraire de M. Coppée, qui n’aimait guère à étudier que des âmes populaires, tout au contraire de M. de Goncourt, qui n’aimait guère à étudier que des âmes artistes, et tout au contraire de M. Zola, qui n’en étudiait aucune ; M.  […] Dans le lycée où avait professé Villemain, où avait étudié About et où professait M. 

762. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

On a étudié avec le plus grand soin la structure des cellules et des vaisseaux du foie, sans soupçonner même l’existence de cette fonction glycogénique. […] Étudions donc d’abord la marche du sucre, à partir de son point d’origine. […] Actuellement nous devons entrer plus profondément dans la glycogénie et étudier les changements du sang qui coexistent avec l’exercice de cette fonction dans le foie. […] Nous aurions encore à vous parler de l’action du système nerveux sur cette fonction, mais nous nous réservons de l’étudier plus tard, à propos des diabètes artificiels. […] Je pouvais étudier ces phénomènes en mettant un peu de ces liquides dans un petit godet de verre recouvert d’une lamelle sur le porte-objet du microscope.

763. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Daunou, l’ancien conventionnel et l’illustre érudit (lequel était de Boulogne-sur-Mer), se mit à étudier le sujet, et, renonçant à concourir pour l’Académie, il se prit à vouloir approfondir le côté purement poétique du Tableau. […] Ce sont, pour la plupart, des livres couverts de remarques et annotations manuscrites, comme ceux qui composaient la bibliothèque de son fils, aujourd’hui dispersée : on dirait que le père a transmis au fils, en mourant, tous ses goûts avec sa manière d’étudier, la plume ou le crayon à la main. […] Voilà neuf volumes du Voyage du jeune Anacharsis, qui rentrait entièrement dans ses goûts et ses études favorites, avec un Atlas du même ouvrage, sur lequel M. de Sainte-Beuve père a attentivement étudié cette antique Géographie, qui devait tant parler à son imagination.

764. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

A dix-huit ans, il étudiait la Mécanique analytique de Lagrange, dont il avait refait presque tous les calculs ; et il a répété souvent qu’il savait alors autant de mathématiques qu’il en a jamais su. […] Mais ceux qui connaissent mieux le cœur humain, ceux qui auront étudié un peu le vôtre, ceux enfin dont l’opinion et l’amitié peuvent être quelque chose pour vous, sauront bien que votre âme expansive a besoin d’une âme qui réponde à chaque instant à la vôtre. […] Étudiez votre cœur, descendez dans votre âme, et lorsque vous apercevrez un sentiment nouveau, cherchez à savoir s’il est raisonnable.

765. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Puisqu’il avait de quoi donner à son fils unique l’éducation des fils des meilleures familles de Rome, il avait assez ; d’ailleurs il s’était fait lui-même le premier instituteur de son enfant ; il l’accompagnait aux écoles, il étudiait avec lui, il ne s’en rapportait à personne du soin de veiller sur les pas et sur l’innocence des mœurs de son fils ; une mère chrétienne n’aurait pas de plus scrupuleuses sollicitudes sur la pureté d’un enfant. […] Oui, je le déclare, si la nature nous reprenait les années qui se sont écoulées depuis notre naissance, et que chacun, selon les caprices de son orgueil, fût libre de se choisir d’autres parents que ceux qu’il avait, je laisserais le vulgaire s’emparer des noms illustres qui ont brillé au milieu des faisceaux et dans les chaises curules, et moi, dussé-je passer aux yeux de tous pour un insensé, je resterais satisfait des parents que m’avaient accordés la bonté des dieux. » V Le jeune Horace étudiait ainsi à Rome à seize ans, pendant l’écroulement de Rome. […] S’il avait étudié plus profondément la nature des choses, il aurait compris pourquoi le succès est presque toujours ici-bas du côté des mauvaises causes : c’est que le nombre fait le succès, et que, le plus grand nombre des hommes étant ignorant ou pervers, il est toujours facile aux méchants de trouver des complices et d’écraser la justice, la vérité ou la vertu sous le nombre.

766. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

J’y demeurai six ans et mon frère quatre, et j’y étudiai les lois et l’histoire ecclésiastique professée par le célèbre abbé Zaccaria, autrefois jésuite. […] Cependant, quand on eut bien étudié le caractère de ce chef (Antonelli) qui s’aimait naturellement en lui et en ses œuvres, et qui n’applaudissait pas toujours à celles des autres, parce qu’elles blessaient son orgueil et qu’elles avaient à ses yeux le défaut de venir d’un autre et non de lui, on ne voulut pas exposer le succès de l’affaire qui aurait infailliblement avorté si le dessein ne lui eût pas été agréable. […] Il se transporta donc chez le cardinal Braschi, et, dans un discours étudié, il lui rappela d’abord l’excessive longueur du conclave, aussi scandaleuse pour les fidèles que pénible à l’Église ; les inutiles épreuves tentées pour l’élection des cardinaux des deux partis ; l’urgence de terminer enfin et d’accorder à l’Église un chef alors si nécessaire.

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