Les connaisseurs aimeront ces vers pleins d’aperçus nouveaux, de tours étranges, d’expressions créées, dans lesquels le bizarre même à sa franchise et son naturel ; ils goûteront ces fruits de forte saveur sous une écorce parfois étrange et rude.
Son département dans l’Histoire naturelle de M. de Buffon, est peu brillant, à la vérité ; mais il n’en a pas moins son mérite : l’objet du travail de M d’Aubenton est la partie anatomique.
Les Fables qu’il a publiées offrent du naturel & de la facilité, qualités précieuses, mais qui ne sont pas capables de racheter le défaut d’élégance & de verve dans la versification.
Il auroit poussé plus loin le génie de l’invention, si sa pétulance naturelle lui eût laissé le temps de combiner & de perfectionner ses découvertes.
Ses Amusemens philosophiques offrent une variété de sujets qui plairoit davantage, par les vûes excellentes qui y étincellent de temps en temps, pour peu que le style en fût plus naturel, & dégagé d’un entortillage que l’Auteur a peut-être pris pour de la force, mais qui n’est, dans le fond, qu’un effort pénible d’imagination, qui conduit à l’obscurité.
L’air de sincérité qui regne dans toute sa narration, les sages réflexions dont elle entremêle ses récits, font trouver grace à son style quelquefois prolixe & languissant, mais simple, naturel.
Les Comédiens peuvent y puiser des leçons utiles, capables de perfectionner leurs talens ; les Auteurs qui travaillent pour eux ne doivent pas non plus négliger les regles qu’il donne, pour acquérir le naturel, la justesse, le costume, & la vérité, si peu connus de la plupart de nos Poëtes dramatiques.
Le baronnet ou squire, qui est justice sur son domaine, n’a pas de peine à démêler dans le ministre de la paroisse son collaborateur indispensable et son allié naturel. […] Toute cette philosophie écrite a été dite, et elle a été dite avec l’accent, l’entrain, le naturel inimitable de l’improvisation, avec les gestes et l’expression mobile de la malice et de l’enthousiasme. […] En 1748, un ouvrage de Toussaint en faveur de la religion naturelle, les Mœurs, devient tout d’un coup si célèbre, « qu’il n’y a personne dans un certain monde, dit Barbier, homme ou femme se piquant d’esprit, qui ne veuille le voir. […] En 1782511 un personnage de Mme de Genlis écrit : « Il y a cinq ans je les avais laissées ne songeant qu’à leur parure, à l’arrangement de leurs soupers ; je les retrouve toutes savantes et beaux-esprits. » Dans le cabinet d’une dame à la mode, on trouve, à côté d’un petit autel dédié à la Bienfaisance ou à l’Amitié, un dictionnaire d’histoire naturelle, des traités de physique et de chimie. […] Quand le roi convoque les États Généraux, nul n’est « en défiance », ni ne s’effraye de l’avenir. « On parlait557 de l’établissement d’une nouvelle constitution de l’État comme d’une œuvre facile, comme d’un événement naturel. » — « Les hommes les meilleurs et les plus vertueux y voyaient le commencement d’une nouvelle ère de bonheur pour la France et pour tout le monde civilisé.
Or ce boulevard naturel contre la Russie n’est-il pas un des intérêts les plus vitaux de la France ? […] L’alliance n’est donc pas seulement possible : elle est naturelle, elle est nécessaire. […] À un tel partage la France a tout à perdre, et rien à gagner que la force doublée de ses ennemis naturels. […] Cela est naturel : c’est par en haut que les peuples pensent, c’est par le cœur que les peuples sentent ; la pensée et le sentiment ne sont pas dans les membres. […] XX La France ne fera certainement pas la partie si belle à ses dangereux alliés de Turin, et à ses adversaires naturels de Londres.
On ne savait si elle descendait au vôtre, ou si elle vous élevait au sien, tant il y avait de naturel dans sa personne.” […] Ses yeux étaient beaux et limpides, mais ses traits n’avaient aucune noblesse et aucune distinction naturelle de ces visages desquels la race ou le génie écrit d’avance l’origine. […] L’affection serait sans cela le plus trompeur des sentiments naturels… Mes compliments à vos dames, et pour vous, madame, le plus tendre et le plus respectueux attachement. […] Un voile naturel quoique invisible semblait répandu sur cet ensemble. […] Ses traits correspondant à cette majesté du corps, un front haut et droit, un œil vaste, encaissé profondément dans une arcade creuse et sévère ; un nez droit bien dessiné, surmontant une bouche dédaigneuse ; un tour de visage maigre et dur ; des cheveux touffus et longs, couleur de feu, comme ceux d’un Apollon des Alpes, qu’il rejetait en arrière, tantôt enfermés dans un ruban, tantôt flottant et épars sur le collet de son habit : cheveux rouges qu’on ne rencontre jamais en Italie, mais qui sont le signe des races étrangères et la marque naturelle de l’homme du Nord, l’Anglais, l’Allobroge, le Piémontais teint de Savoyard.
C’est de cette mère enivrante et gracieuse que l’enfant reçut avec le sang le don de la grâce, le don le plus naturel de l’esprit de Voltaire. […] Les poésies philosophiques sont pleines de cette profession de foi du théiste, depuis ce vers le plus beau de vérité de tous les vers : Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer, jusqu’à ces vers si nombreux et si proverbiaux de son poëme sur la loi naturelle : Quoi ! […] XXIII Le temps était propice : les superstitions populaires dont le moyen-âge avait obscurci les sublimes vérités morales du christianisme ; les richesses démesurées du clergé, le luxe et la corruption des pontifes, les scandales des évêques de cour ; le progrès des sciences physiques rendant aux miracles le caractère de phénomènes naturels ; le nombre des monastères d’hommes et de femmes possesseurs oisifs d’une partie du territoire ; les priviléges et les exemptions d’impôts de ces corporations de célibataires substitués à la famille, source et but de toute société durable, tout cela avait commencé contre les mœurs du clergé une réaction qui devait aller jusqu’aux dogmes. […] La République de 1848, en proclamant la neutralité complète de l’État en matière de culte et la respectueuse liberté des consciences, enleva à l’influence de Voltaire le point d’appui d’opposition qui la soutenait au-dessus de son niveau naturel. […] Le jour où cette indépendance, qui ne peut pas être éloignée et que les hommes de philosophie libre désirent ardemment, sera venue, ce jour-là seulement l’influence définitive de Voltaire sera fixée, et il ne restera de son nom et de son œuvre que ce qui doit en rester pour l’immortalité, c’est-à-dire : Un poëte lyrique sans flammes, sans ailes, sans enthousiasme ; Un poëte dramatique doué d’une certaine illusion théâtrale, mais d’un style au-dessous de Corneille, de Racine, style de parterre, qu’on peut entendre avec plaisir, mais qu’on ne peut relire avec admiration ; Un poëte badin au-dessous d’Arioste ; Un poëte familier égal à Horace ; Un historien inférieur à Thucydide, à Tacite, à Gibbon, à Montesquieu, sans profondeur dans les jugements, sans pathétique dans les sentiments, sans couleur et sans chaleur dans le récit, mais clair, rapide, sensé, judicieux, élégant, sincère, instruisant beaucoup, amusant toujours, ne trompant jamais son lecteur ; Un écrivain de lettres familières, tel qu’il n’en parut jamais dans l’antiquité ou dans les temps modernes, supérieur à Cicéron en facilité de style, égal en charme, en souplesse, en naturel à madame de Sévigné elle-même, féminin par la grâce, viril par le grand sens de ses lettres ; c’est là qu’il faut le chercher tout entier, ses imperfections sont dans ses œuvres, son génie est dans sa correspondance ; homme à la toise de beaucoup d’autres hommes si on le mesure quand il est vêtu, homme incommensurable en déshabillé ; Un polémiste dont on ne peut comparer l’éloquence aux éloquences de Cicéron, de J.
De critique, de sciences naturelles, de philosophie, il ne pouvait naturellement être question encore. […] Oui, j’ai reconnu que votre histoire était insuffisante, que votre critique n’était pas née, que votre philosophie naturelle était tout à fait au-dessous de celle qui nous fait accepter comme un dogme fondamental : « Il n’y a pas de surnaturel particulier » ; néanmoins, je suis toujours votre disciple. […] Étant, en effet, entré avec le sérieux et la docilité la plus parfaite dans les principes de mes maîtres, envisageant comme eux toute profession bourgeoise ou lucrative comme inférieure, basse, humiliante, bonne tout au plus pour ceux qui ne réussissent pas dans leurs études, il était naturel que je voulusse être ce qu’ils étaient. […] Tous les jours, il se mit directement en rapport avec la totalité de ses élèves par un entretien intime, souvent comparable, pour l’abandon et le naturel, aux homélies de Jean Chrysostome dans la Palaea d’Antioche. […] Comme il est naturel, je trouve d’abord des évêques, des archevêques, des ecclésiastiques considérables, tous relativement éclairés et modérés.
Quoiqu’elle ait dans sa manière du précieux, du brillanté et peut-être aussi du clinquant, ses strophes se déroulent avec une facilité d’allure qui donne souvent le change à l’esprit et fait croire au naturel.
On voit qu’il a tâché de rendre aussi sa maniere ; mais son pinceau n’a pu saisir ce ton simple, mais énergique ; ces couleurs vives, mais naturelles, qui caractérisent Démosthene.
Ces deux Ouvrages sont écrits d’une maniere intéressante ; on y estime sur-tout une marche sage, lumineuse, un style noble & naturel, qu’il seroit à souhaiter de retrouver dans un grand nombre de nos Historiens, qui ont plus de réputation que lui.
Cette anecdote prouve combien l’indulgence est naturelle à l’égard des femmes, & combien sont plus prudens les Auteurs qui continuent d’emprunter le nom de quelques-unes pour en parer leurs Ouvrages, sans dévoiler indiscrétement le mystere.
Le naturel, la délicatesse, une galanterie éloignée de toute fadeur, une facilité étonnante à s’exprimer avec autant de grace que de justesse, un ton de morale qui n’est point recherché, le mettent au dessus de la plupart des Beaux-Esprits de son temps & de ceux de notre Siecle qui se sont exercés dans le même genre.
Il n'en est pas de même de son Histoire des progrès de l'esprit humain dans les Sciences exactes, dans les Sciences naturelles & dans les Arts qui en dépendent.
Les Anciens ont toujours dédaigné ce genre, parce qu'ils ne s'attachoient qu'au vrai, au naturel, & au bon.
La maniere de ce Romancier moraliste n'est pas de la premiere élégance, ni d'une énergie bien frappante ; mais elle est simple, naturelle ; elle va droit au cœur, & y laisse de douces impressions.
Si bien qu’une réglementation n’aboutirait finalement, comme il arrive souvent, qu’à contraindre ceux qui prennent des libertés excessives à se soumettre, comme la majorité de leurs confrères, aux lois d’une bienséance naturelle. […] S’il avait vécu et s’il était devenu, par suite de circonstances possibles, l’exécuteur testamentaire ou naturel de ces grands écrivains, on imagine combien son attitude aurait été difficile. […] Il est bien fini ce temps où l’homme de pensée paraissait exceptionnel, vivait, somme toute, de la charité publique et, comme certains moines mendiants, trouvait sa situation naturelle et acceptable. […] On aurait trouvé naturel que le propriétaire de la Joconde, s’il avait désiré transformer ce tableau en celui d’un ancêtre de sa famille, lui ajoutât des moustaches et une barbe28. […] Mais, cinquante ans après, ce scandale cesse et le cours naturel des choses reprend, qui exige que toute œuvre devienne anonyme aussitôt qu’elle plaît aux hommes et qu’elle dure.
Celle du Président est d’un homme nourri de la lecture des Anciens, & plus engraissé de leur substance (si on peut se servir de ce terme) que paré des graces qui leur sont si naturelles.
Quoiqu’il ait plus cultivé les Sciences que les Lettres, ses Ouvrages de Métaphysique, de Morale & d’Histoire Naturelle, lui donnent une place parmi les Littérateurs.
Elle a su y réunir le naturel de Théocrite, les graces & l’élégance de Virgile, à la délicatesse de Moschus & à la finesse de Bion.
On remarque dans sa Zaïde, Reine de Grenade, de l’ordre dans le plan, de l’intelligence dans la distribution des Scènes, du naturel & de la vivacité dans les idées & les expressions, du sentiment & du pathétique dans les situations.
On fera grace à la froideur & au défaut de rapidité, en faveur des réflexions sensées de l’ordre, du naturel, & de l’équité qui a conduit la plume de l’Auteur.
Elle cultiva la Poésie, & s'attacha sur-tout à l'Elégie, où elle est regardée comme un modele de délicatesse, de naturel, & de facilité.
La beauté de l’art est supérieure à la beauté naturelle de toute la supériorité de l’esprit de l’homme sur la nature. […] La religion naturelle n’est point une chimère, mais elle ne nous suffit point, et comme l’homme ne s’était pas arrêté au monde de la nature, à la société primitive, à la beauté naturelle, il ne s’arrête pas non plus à la religion naturelle. […] Le culte est à la religion naturelle ce que l’art est à la beauté naturelle, ce que l’État est à la société primitive, ce que le monde de l’industrie est à celui de la nature. […] La forme première, la langue naturelle de l’inspiration est la poésie. […] Telle est l’origine naturelle et nécessaire de l’idéalisme.
Nous devons nous préoccuper seulement d’en fixer les caractères en les rangeant dans leur ordre naturel de subordination. […] A, grains de blé niellé de grandeur naturelle. […] Il en est ainsi généralement, et toutes les harmonies naturelles se ramènent à des conditions physico-chimiques quand nous en connaissons le mécanisme. […] Il est donc naturel que cet œuf n’acquière cette faculté qu’au printemps et qu’il sommeille pendant les froids de l’hiver en complétant lentement son développement. […] Or on peut remplacer l’hiver naturel par un hiver artificiel.
Esquiros tend à inspirer par ses vers l’amour et la fréquentation des beautés naturelles du monde, telles que les varie le cours harmonieux des saisons ; c’est là une prédication aussi haute que morale… On doit à M.
Jean Richepin Tancrède Martel est un vrai poète gaulois ; sa langue est fraîche, gaie, naturelle.
Arsène Houssaye, mêle à son inspiration française une veine de poésie allemande ; il a un sentiment domestique et naturel qui lui est familier, et l’on dirait qu’il a eu autrefois une des sylphides des bords du Rhin pour marraine.
On l’a comparé à Roscius pour le naturel & la noblesse de son jeu, car il faut toujours des comparaisons ; mais personne n’a songé à le mettre à côté de Plaute ni de Térence, pour les Comédies qu’il a faites.
Il y donne une idée assez étendue de l’Histoire Naturelle de ce pays, des Moeurs, de la Religion, du Gouvernement, & du Commerce de ses Habitans.
Le style en est simple, naturel, correct ; les images en sont piquantes & variées ; mais l'invention n'en est point heureuse, la narration en est souvent froide, la morale peu intéressante & mal amenée.
On remarque sur-tout dans ses Epigrammes, un tour naturel qui les rend souvent supérieures à celles de son rival.
Ce sont différentes Pieces de Poésie, où l'on trouve cette noble simplicité, ce naturel précieux qui caractérise les Poëtes du Siecle dernier.
. — En quoi consiste le naturel producteur et sympathique. — Sa prudence. — Sa fortune. — Sa retraite. […] Je me vante : est-ce qu’il n’est pas naturel de vouloir être considéré ? […] » Il improvise le rôle grondeur du roi Henri avec tant de naturel, qu’on le prendrait pour un roi ou pour un comédien. […] Aussi les malheurs extrêmes, les résolutions meurtrières ne sont que des suites naturelles de ces amours. […] Le style est hors de la situation, et on voit là à nu le procédé naturel et obligé de Shakspeare.
À trente ans, d’ordinaire, le premier cours naturel de la jeunesse s’affaiblit. […] Il y a toujours quelques ébauches naturelles préexistant aux apparitions sacrées. […] Mais dans les pages dont nous parlons, cette veine heureuse circule et joue au naturel ; elle fertilise dans le talent de M. de Chateaubriand des portions encore inconnues. […] C’est en cette année pourtant que le jeune homme, assez indifférent à la politique, dévoré de l’instinct des voyages, voulant visiter la scène naturelle de ce poëme des Natchez qu’il médite déjà, rêvant aussi la découverte du passage polaire, part pour l’Amérique, muni des conseils et des instructions de M. de Malesherbes dont son frère aîné est le petit-gendre.
La tête haute et un peu chauve, le front vaste, les tempes découvertes, l’œil en feu ou humide d’une grosse larme, le cou nu et, comme il l’a dit, débraillé, le dos bon et rond, les bras tendus vers l’avenir ; mélange de grandeur et de trivialité, d’emphase et de naturel, d’emportement fougueux et d’humaine sympathie ; tel qu’il était, et non tel que l’avaient gâté Falconet et Vanloo, je me le figure dans le mouvement théorique du siècle, précédant dignement ces hommes d’action qui ont avec lui un air de famille, ces chefs d’un ascendant sans morgue, d’un héroïsme souillé d’impur, glorieux malgré leurs vices, gigantesques dans la mêlée, au fond meilleurs que leur vie : Mirabeau, Danton, Kléber. […] Ce dégoût de la chicane le brouilla avec son père, qui sentait le besoin de brider, de mater par l’étude un naturel aussi passionné, et qui le pressait de faire choix d’un état quelconque ou de rentrer sous le toit paternel. […] Montesquieu par l’Esprit des Lois, Rousseau par l’Émile et la Contrat social, Buffon par l’Histoire naturelle, Voltaire par tout l’ensemble de ses travaux, ont rendu témoignage à cette loi sainte du génie, en vertu de laquelle il se consacre à l’avancement des hommes ; Diderot, quoi qu’on en ait dit légèrement, n’y a pas non plus manqué88. […] A la manière dont Diderot sentait la nature extérieure, la nature pour ainsi dire naturelle, celle que les expériences des savants n’ont pas encore torturée et falsifiée, les bois, les eaux, la douceur des champs, l’harmonie du ciel et les impressions qui en arrivent au cœur, il devait être profondément religieux par organisation, car nul n’était plus sympathique et plus ouvert à la vie universelle.
Il fit comprendre à Ferdinand le contre-sens qu’il y avait pour les voisins d’un pontife ambitieux à affaiblir la Toscane, alliée naturelle et nécessaire de Naples. […] Alors on vit la culture la plus active étendre ses bienfaits sur cette belle et fertile contrée : non seulement ses plaines riantes et ses fécondes vallées furent couvertes de fruits, mais même le sol stérile et ingrat des montagnes fut forcé de payer un tribut à l’industrie du cultivateur ; et, sans reconnaître d’autre autorité que celle de sa noblesse et de ses chefs naturels, l’Italie était heureuse à la fois par le nombre et la richesse de ses habitants, par la magnificence de ses princes, par la grandeur et l’éclat imposant de plusieurs de ses cités… Abondante en hommes distingués par leur mérite dans l’administration des affaires publiques, illustres dans les arts et dans les sciences ; elle jouissait au plus haut degré de l’estime et de l’admiration des nations étrangères. […] « Hier, écrivait-il à son illustre protecteur, hier j’allai voir la célèbre Cassandra, à laquelle je présentai vos hommages ; c’est véritablement une femme étonnante par la profonde connaissance qu’elle a de sa langue naturelle et de la langue latine : je lui trouve une physionomie très agréable ; je l’ai quittée plein d’admiration pour ses talents. […] Je reste constamment au coin du feu, en pantoufles et en robe de chambre, et je pourrais représenter la Mélancolie assez au naturel.
Il serait plus téméraire d’affirmer qu’il n’a point été touché des lumières de la religion naturelle. […] Qu’est-ce autre chose que cet esprit français déjà antique, dont nous avons vu les traits dans Jean de Meung, dans les Fabliaux, dans Villon, et, au commencement de ce siècle, dans Marot ; esprit vivace comme le sol, qui recevra la forte éducation de l’antiquité sans perdre de son naturel et de son air gaulois, et qui se perfectionnera avec les mœurs, son objet et sa matière ? […] Platon n’a jamais plus de séduction qu’alors qu’il descend des hauteurs de la spéculation la plus sublime à des peintures familières de la vie, ou qu’il mêle un sourire aimable ou railleur aux plus graves entretiens, faisant couler l’âme, pour ainsi dire, d’un ton à un autre, par un mouvement si insensible et si naturel, qu’elle ne s’aperçoit pas du passage. […] Mais il est une explication plus naturelle, et par conséquent plus vraie.
Du reste, ils n’apportent rien d’essentiel, rien qui ne dut découler, comme une conséquence naturelle, des découvertes des écrivains supérieurs. […] Parmi les auteurs de Mémoires, il faut noter les deux frères Du Bellay, famille d’excellents esprits, vivant dans les grandes affaires de la première moitié du siècle et, qui les racontent, l’un dans de simples Mémoires, à la façon des chroniqueurs ses devanciers155, l’autre dans des histoires un peu fastueusement taillées sur le patron de Tite-Live, avec une certaine ambition pédantesque qui dans ce temps-là n’était pas d’un mauvais exemple156 : le Loyal serviteur, un inconnu, peut-être un des secrétaires de Bayard dont il a raconté la vie dans une chronique pleine de grâce, de facilité et de naturel, où l’admiration, au lieu d’être banale, comme dans Froissart, est toujours sentie et justifiée ; petit ouvrage charmant, du même caractère que les écrits de Marguerite de Valois, un fruit de l’esprit français touché par le premier souffle de la Renaissance157. […] La curiosité était le sentiment le plus naturel à cette époque. […] Cette tentative, souvent heureuse, de recueillir en un corps tous les préceptes de la sagesse humaine, de les ranger dans un ordre naturel, de les traiter successivement, donna le goût des ouvrages méthodiques.
« M. de Balzac, dit-il, explique avec tant de force ce qu’il entreprend de traiter, il l’enrichit de si grands exemples, qu’il y a lieu de s’étonner que l’exacte observation de toutes les règles de l’art n’ait point affaibli la véhémence de son style ni retenu l’impétuosité de son naturel… Plus une personne a d’esprit, ajoute-t-il, et plus infailliblement elle est convaincue de la solidité et de la vérité de ses raisons, principalement lorsqu’elle n’a dessein de prouver aux autres que ce qu’elle s’est auparavant persuadé à elle-même. » Plus loin, parlant du caractère moral et des écrits de Balzac : « Il y a, dit-il, dans ces écrits une certaine liberté généreuse qui fait voir qu’il n’y a rien de plus insupportable que de mentir2. » Descartes interprète en bien même sa vanité, disant que Balzac ne parle de lui avec avantage que par l’amour qu’il porte à la vérité, et par une générosité naturelle. […] Mais le maître y a été surpassé par le disciple, et ce fut Balzac qui montra le premier ce que gagne un bon naturel à recevoir une règle qui l’aide à mettre au jour ses qualités et à vaincre ses défauts. […] C’est l’éloquence hors de son lieu, sans les grands intérêts qui l’alimentent, sans ce sérieux qui la préserve des hyperboles ou des vaines subtilités du travail à froid, dans une matière qui n’a pas de richesses naturelles.
Une telle exclusion serait pourtant peu naturelle. […] En éliminer quelques-uns de l’ensemble des travaux philologiques serait opérer une scission artificielle et arbitraire dans un groupe naturel. […] Ici, comme dans toutes les sciences, il a pu être utile que la curiosité naturelle de l’esprit humain ait suppléé à l’esprit philosophique et soutenu la patience des chercheurs. […] Pour apprécier la valeur de la philologie, il ne faut pas se demander ce que vaut telle ou telle obscure monographie, telle note que l’érudit serre au bas des pages de son auteur favori : on aurait autant de droit de demander à quoi sert en histoire naturelle la monographie de telle variété perdue parmi les cinquante mille espèces d’insectes.
C’est là la différence de l’art naturel et de l’art humain. […] Jetez un regard sur les planches d’un livre de physiologie, vous serez frappé de l’inextricable écheveau que présentent les fibres grossies au microscope : c’est un tissu où l’action du temps, par l’hérédité et par la sélection naturelle, a fait des milliards de nœuds gordiens non encore dénoués par la science. […] — Mais, répondrons-nous, puisque la sélection naturelle élimine le facteur de la conscience là où il est inutile, c’est donc qu’il sert parfois à quelque chose, c’est qu’il a ses moments d’utilité, d’activité, d’efficacité, c’est qu’il fait partie des forces qui concourent à produire le développement de la vie. […] Dans la vie comme dans l’art, ce sont les résultats qui importent et non les procédés par lesquels ils ont été obtenus : dans la mémoire, c’est la puissance de ressusciter aux yeux de la conscience un monde disparu qui importe, non les moyens de mnémotechnie naturelle ou artificielle par lesquels les idées sont conservées et associées.
Dès lors, il y a un déterminisme absolu dans les conditions d’existence des phénomènes naturels, aussi bien pour les corps vivants que pour les corps bruts. […] Ainsi donc, nous nous appuyons sur la physiologie, nous prenons l’homme isolé des mains du physiologiste, pour continuer la solution du problème et résoudre scientifiquement la question de savoir comment se comportent les hommes, dès qu’ils sont en société… En somme, tout se résume dans ce grand fait : la méthode expérimentale, aussi bien dans les lettres que dans les sciences, est en train de déterminer les phénomènes naturels, individuels et sociaux, dont la métaphysique n’avait donné jusqu’ici que des explications irrationnelles et surnaturelles8. » En résumé, de même que, suivant Claude Bernard, la « méthode appliquée dans l’étude des corps bruts, dans la chimie et dans la physique, doit l’être également dans l’étude des corps vivants, en physiologie et en médecine », de même, suivant Zola, la méthode expérimentale qui conduit à la connaissance de la vie physique, « doit conduire aussi à la connaissance de la vie passionnelle et intellectuelle. » « Ce n’est qu’une question de degrés dans la même voie, ajoute le romancier, de la chimie à la physiologie, puis de la physiologie à l’anthropologie et à la sociologie. […] Il s’agit là d’une création spontanée de l’esprit et cela n’a plus rien de commun avec la constatation des phénomènes naturels, dans lesquels notre esprit ne doit rien créer. » Opinion que Zola repousse énergiquement et avec logique, puisqu’elle serait la négation de sa méthode expérimentable appliquée à la littérature. […] Et voilà ce qu’en fin de compte, nous lui disons : « Vous avez combattu pendant plus d’un quart de siècle le plus magnifique combat de la pensée moderne, celui de la réalité contre le mensonge, de la loyauté contre l’hypocrisie, de la vie contre la convention, de la force contre l’artifice, de l’instinct naturel contre les cérébralités pourries.
Cette association d’idées lui paraissait aussi naturelle qu’elle nous paraît aujourd’hui paradoxale : Bonaparte et la paix ! […] « Nos parents et nos maîtres sont nos ennemis naturels, quand nous entrons dans le monde », avait-il coutume de dire. […] Par un enchaînement naturel, ils en viennent à conclure que l’amour trouve dans le meurtre sa suprême expression. […] Nous lui devons de connaître l’homme tel qu’il était au naturel et au vif, avant le déguisement. […] Le rôle qu’on s’est imposé et qu’on finit par jouer au naturel, ne le sent-on pas à de certaines heures peser lourdement sur ses épaules ?
Frédéric Deville De bonne heure, son goût naturel le portait vers les études morales et religieuses ; il s’essaya, de bonne heure aussi, dans cette double voie, et, soit qu’il ait écrit en prose, soit qu’il ait demandé à la poésie ses inspirations, partout et toujours il a conservé intact le caractère qu’il avait revêtu, le caractère d’écrivain moraliste.
Par un principe de justice, nous devons rappeler ici que les Recueils de l’Académie Françoise offrent un grand nombre de Discours de Charpentier, dont quelques-uns sont écrits avec autant de naturel que de force & de bon sens.
Duhamel annonce une grande connoissance de l’Histoire Naturelle & de la Chimie, & son style est constamment exact & conforme aux sujets qu’il traite.
Ses Sermons,quoique très-estimables, quoique d’un style naturel, oratoire, & assorti aux différens sujets, ne sont pas la partie la plus frappante de son mérite.
Il nous semble que ce seroit en donner une juste idée, en disant que cet Orateur a plus de sagesse que d’élévation, plus de mouvemens que d’images, plus de sentiment que d’énergie, plus de brillant que de naturel ; & par-là, nous ne prétendrions pas affoiblir les éloges dus à ses talens, qui, avec quelques défauts de son Siecle, ont des qualités estimables qu’on ne rencontre pas communément dans les autres Orateurs.
Il n'a pas été aussi heureux dans la Poésie Françoise : ses Eglogues, ses Elégies, ses Sonnets, ses Odes, &c. sont communément foibles, & quelques Vers pleins de naturel ne sont pas capables d'en racheter la médiocrité.
C’est un avertissement que je crois devoir à ces jeunes écrivains simples avec tant de recherche, naturels avec tant de manière, éloquents avec si peu d’idées. […] Il avait trop de naturel, ainsi que Sédaine ; il leur manquait l’esprit de Voltaire, qui, en ce genre, n’avait que de l’esprit.
Le malheur fut que les sciences mathématiques étaient incomparablement plus avancées que les sciences physiques et naturelles ; et ce furent les premières qui imposèrent leur méthode à l’étude de l’humanité, comme si elle eût été un objet idéal. […] Elle n’exprime plus rien de concret, de naturel.
Il n’y a pas eu de révélation ; les lois de la nature n’ont jamais été dérangées par une intervention divine ; tout ce qui est arrivé, arrive, arrivera dans la vie de l’univers et de l’humanité, est naturel, donc rationnel. […] A l’école de son oncle Thomas, il apprit à écrire facilement et médiocrement dans tous les genres : il fit des vers, une tragédie, des opéras, des pastorales, des lettres galantes ; il avait une sécheresse glacée et spirituelle, une pointe aiguë de style, aucun naturel, aucune spontanéité.
Crébillon Elle était bien malade, dès le jour où elle perdit Racine : par un effort de génie qui ne sera pas renouvelé, il avait su pousser son observation bien au-dessous de la surface polie des mœurs actuelles jusqu’aux explosions immorales, douloureuses, brutales, des passions naturelles. […] Voyez Zaïre : au lieu de garder la belle et naturelle énergie de l’Othello anglais, il dispose toute sorte d’artifices tout à la fois pour amener et pour affadir la violence du dénouement.
Il est naturel. Par là il est presque unique, car le naturel dans l’art est ce qu’il y a de plus rare ; je dirai presque que c’est une espèce de merveille.
Jésus se plaint souvent de l’incrédulité et de la dureté de cœur qu’il rencontre, et, quoiqu’il soit naturel de faire en de tels reproches la part de l’exagération du prédicateur, quoiqu’on y sente cette espèce de convicium seculi que Jésus affectionnait à l’imitation de Jean-Baptiste 911, il est clair que le pays était loin de convoler tout entier au royaume de Dieu. « Malheur à toi, Chorazin ! […] Nous avons en général suivi la rédaction de Babylone, qui semble plus naturelle.
Madame de Montespan elle-même, malgré le plaisir qu’elle avait trouvé autrefois dans ces conversations, les tourna après en ridicule pour divertir le roi63. » Il était fort naturel sans doute qu’à la cour, où tant d’intrigues étaient toujours en action, soit pour la galanterie ou pour la fortune, on regardât comme oisifs les gens qui faisaient les plaisir de la conversation, et que le roi et madame de Montespan, dans les ébats d’un double adultère, eussent besoin de donner un nom ridicule aux personnes spirituelles de mœurs régulières et décentes. […] Madame de La Sablière regarda d’abord cette distraction, cette désertion ; elle examina les mauvaises excuses, les raisons peu sincères, les prétextes, les justifications embarrassées, les conversations peu naturelles, les impatiences de sortir de chez elle, les voyages à Saint-Germain où il jouait, les ennuis, les ne savoir plus que dire ; enfin, quand elle eut bien observé cette éclipse qui se faisait, et le corps étranger qui cachait peu à peu tout cet amour si brillant, elle prit sa résolution, le ne sais ce qu’elle lui a coûté.
Toutes, elles nous suggèrent le sentiment d’une contrarié fatale entre la destination naturelle d’une énergie et le but vers lequel cette énergie oriente consciemment son effort. […] Entre divers buts proposés avec une égale insistance, il choisira nécessairement ceux vers lesquels le dirige déjà une impulsion naturelle.
Magistrature de la pensée dans ces trois âges de l’esprit humain Dans l’ordre naturel des idées, ce chapitre ainsi que le précédent devraient se trouver après celui où je me propose de développer la théorie de la parole ; mais il faut que j’intervertisse cet ordre naturel des idées, pour me soumettre à un plan non moins impérieux, qui consiste à mettre de suite tout ce qui peut amener à comprendre le caractère de l’âge actuel.
Ce qui la sauva de tout cela, ce fut la piété, la piété, mère surnaturelle de cette simplicité, d’ordinaire si peu naturelle dans les femmes d’amour-propre et d’esprit, quand elles sont cuites à l’infernale chaleur de serre chaude de ces horribles éducations ! Car voilà l’originalité de Mme Swetchine, le naturel par le surnaturel !
Seulement ce qu’il y a et ce qui plaît, du reste, c’est qu’on sent que l’auteur n’a rien voulu de tout cela et que la prétention du bas-bleu qui se tend pour se donner des muscles, comme un homme, n’a pas fait tort à son naturel de femme et d’écrivain. […] En vous parlant de l’auteur de la princesse Oghérof et de Dosia, entre l’Assommoir, dont on nous assomme, et la Fille Élisa, qui sera le succès de demain, je tenais à vous présenter cette plume de cygne ou de grèbe, revenue de Russie, et qui n’a pas de tache encore… Les cygnes de l’heure présente, quand il y en a, se teignent en rouge comme des cocottes… Mme Henry Gréville gardera-t-elle son ingénuité, son naturel, sa délicatesse immaculée ?
Leur style, trop souvent incorrect et qui ajoute à l’incorrection naturelle le mal bien plus grand d’une incorrection systématique, leur style, malgré de graves défauts et même quelques ridicules, a de la couleur, sans transparence, mais non pas, certes ! […] Avant Louis XV, cette société d’un instinct si juste et qui vivait dans une telle atmosphère de lumière, qu’on y disait, en riant, qu’un gentilhomme savait tout sans avoir rien appris, n’avait jamais songé, il est vrai, à devenir littéraire et à échanger ses grâces naturelles, saines et savoureuses, contre le caquet pédant des cercles et l’histrionisme philosophique des salons ; mais, alors même que les influences du xviiie siècle commençaient de l’atteindre et de la gâter, elle n’était pas pour cela uniquement dans les salons parisiens, où Ton veut obstinément la voir toujours.
Il la chanta, non par affectation ou forfanterie, comme les bohèmes de notre temps, qui n’ont pas même le naturel de leurs vices, mais parce que cette Bohème était sa vie et, qui sait ? […] Chose naturelle !
Que Joseph de Maistre eût pris fait et cause pour le grand critique, étranglé par les Eunuques du xviiie siècle, rien de moins étonnant, et de plus naturel. […] Sous cette plume, d’un naturel profond, et si méprisante du bel esprit qui est le laid, il a des expressions comme celles-ci, que je pourrais multiplier : « Le plat écrivain se rend intérieurement justice.
Elle aime à la folie le naturel et elle a le sien. […] Malgré le bruit qu’on a fait de cette duchesse de Choiseul nouvellement découverte, la marquise Du Deffand, notre ancienne connaissance, lui est de beaucoup supérieure par l’esprit, le naturel, l’abandon, le tour original, et enfin l’ennui, cet ennui inconnu au xviiie siècle, qui prend tout dans son empâtement noir et fait briller les mots brillants bien davantage, comme un crêpe qu’on étendrait sur des diamants.
le Matérialisme a continué d’être à peu de chose près, à cette heure, ce qu’il était quand La Mettrie publiait cette Histoire naturelle de l’âme, qui fit tant de bruit, et cet Homme-machine qui n’en fit pas moins ! […] Méconnaissance de la nature spirituelle de l’homme qu’on définit un mammifère monodelphe bimane, et rien de plus, négation de l’unité de la race humaine, affirmation de l’activité de la matière, confusion de la physiologie et de l’histoire naturelle, au mépris des traditions médicales, depuis Hippocrate jusqu’à nos jours, enfin l’opinion qui implique le matérialisme le plus complet : « Que la vie ne doit pas être considérée comme un principe, mais comme un résultat, une propriété dont jouit la matière, sans qu’il soit nécessaire de supposer un autre agent dans le corps », toutes ces solutions et beaucoup d’autres de la même énormité sont attaquées et ruinées de fond en comble par le rude jouteur des Études.
— La curiosité de l’incertain qui veut savoir et qui rôde toujours sur la limite de deux mondes, le naturel et le surnaturel, s’éloignant de l’un pour frapper incessamment à la porte de l’autre, qu’elle n’ouvrira jamais, car elle n’en a pas la clef ; et la peur, terreur blême de ce surnaturel qui attire, et qui effraye autant qu’il attire ; car, depuis Pascal peut-être, il n’y eut jamais de génie plus épouvanté, plus livré aux affres de l’effroi et à ses mortelles agonies, que le génie panique d’Edgar Poe ! […] Sans aucun doute, dans ce jeu bizarre où l’auteur devient de bonne foi, et, comme l’acteur, se fascine soi-même, il y a (et la Critique doit l’y voir) un naturel de poëte dramatique qui, tiré de toutes ces données, sujets habituels des contes d’Edgar Poe : le somnambulisme, le magnétisme, la métempsycose, — le déplacement et la transposition de la vie, — aurait pu être formidable.
Par cette raison, on n'y trouve point cette franchise, ce naturel & cette facilité, qui font l'ame & l'agrément du style épistolaire.
Je désirerais que toutes les pensées qui sont ici, fussent vos pensées, ou qu’il y en eût, au moins, quelques-unes que vous ne désavoueriez pas… Vous l’homme des sentiments exquis en toutes choses, vous devez avoir sur les femmes les idées qu’ont sur elles les esprits délicats, discernants, qui les aiment et qui ne veulent pas les voir se déformer dans des ambitions, des efforts et des travaux mortels à leur grâce naturelle, et même à leurs vertus… Vous êtes, mon cher Desylles, d’une supériorité trop vraie pour ne pas vous connaître en supériorités, et celle de la femme n’est pas où la mettent les Bas-bleus.
C’est là un sujet fréquemment traité et sur lequel, avant même que l’Académie française le proposât de son côté et le mît au concours, il s’est établi, depuis des années, une sorte de concours naturel et nécessaire. […] Quoi qu’il en soit, le jeune Malherbe s’attacha au service du duc d’Angoulême, fils naturel de Henri II et grand-prieur de France, qui allait commander en Provence pour le gouverneur malade et absent. […] Pourtant elle n’échappe pas au froid du genre, aux images d’emprunt, à l’enthousiasme de commande qui vient traverser l’enthousiasme naturel, et qui va s’affubler d’ornements pris dans les vieux vestiaires (les perles Indiques, le rivage du More, les plaines que lavent l’Inde et l’Euphrate, Memphis, le Liban, le turban, toutes choses étrangères à nos habitudes et qui ne sont belles que de convention). […] Ne savez-vous pas que la diversité des opinions est aussi naturelle que la différence des visages, et que vouloir que ce qui nous plaît ou déplaît plaise ou déplaise à tout le monde, c’est passer des limites où il semble que Dieu même ait commandé à sa toute-puissance de s’arrêter ? […] Les langues modernes sont plus sobres de ces effets dus à un heureux et naturel arrangement ou conflit de syllabes ; elles semblent même plutôt en avoir peur.
Dans son dernier recueil (Prières), je ne trouve pas assez d’habileté d’art pour séduire mes mauvais instincts de rhéteur, ni les sensations d’humanité et de vie que réclame ma sensibilité naturelle.
La politique fut sa manie dominante ; c’est pourquoi tout ce qu’il a composé se ressent du penchant naturel de son esprit.
Son imagination y paroît féconde, mais peu réglée ; son esprit aisé, mais minutieux & trop enclin à la satire ; son style naturel, mais diffus & très-négligé.
Le principal caractere de sa Poésie, n’est ni la force ni l’enthousiasme, qualités cependant nécessaires au genre lyrique ; elles sont remplacées, autant qu’elles peuvent l’être, par la pureté, l’élégance, l’harmonie, le naturel & l’aisance de la versification.
Ses Fables seront toujours lues avec plaisir, & estimées de ceux qui aiment une versification douce, naturelle & facile.
Tous ces petits Ouvrages sont oubliés ; mais on estimera toujours ses savantes Dissertations sur plusieurs points d’Histoire naturelle & sur les antiquités.
Il eût fallu cependant excepter de cette Sentence de mort une Piece du Recueil, qui a pour titre le Tombeau de Grégoire, dont les Vers sont assez naturels & assez gais, & qui, par cette raison, ont dû moins couter à ce tendre pere.
Il mérite encore des louanges pour son Recueil de différens Traités de Physiques & d’Histoire naturelle.
Quoique la plupart des Pieces que ce jeune Poëte a publiées sous le titre trop peu modeste de Bibliotheque des Amans, ne roulent que sur des sujets d’amour ou de galanterie, elles ne laissent pas de se faire lire avec une sorte d’intérêt, par l’adresse qu’il a eue d’en varier les peintures & les cadres, & de répandre beaucoup de naturel, de grace & de délicatesse dans ses expressions.
S’ils ne manquoient pas d’invention & souvent de naturel, ils ne seroient pas indignes de la place qu’ils occupent dans la belle édition des Poëtes Latins, donnée par Barbou.
Il y a si long-temps qu’on regarde le naturel & la naïveté comme les attributs essentiels de ce genre, qu’il est étonnant que nos Fabulistes modernes aient pu se flatter de réussir, en cherchant à les remplacer par des qualités qui les excluent.
Elle a changé par un développement naturel et irrésistible, comme une fleur qui devient fruit, comme un fruit qui devient graine. […] Ils veulent saisir les puissances naturelles et morales en elles-mêmes, indépendamment des supports fictifs auxquels leurs devanciers les attachaient. […] D’autres fois il consignait sur un journal les tirades littéraires qui lui venaient, et six mois après il les envoyait à ses correspondants comme des effusions du moment et des improvisations naturelles. […] Affectueux, plein d’abandon, innocemment moqueur, avec une imagination naturelle et charmante, une fantaisie gracieuse, une finesse exquise, et si malheureux ! […] Est-ce qu’il n’est pas naturel de les confondre ?
Mais enthousiasme ne signifie pas seulement violence et passion, n’oublions pas que ce mot représente encore, et mieux, l’émotion naturelle du cœur.
Baour-Lormian est un de nos meilleurs versificateurs ; son style n’est cependant remarquable par aucun de ces efforts, aucune de ces tentatives qu’on observe dans celui de la plupart de nos poètes à la mode, tout est naturel et simple dans les vers de M. de Lormian… Le fond sur lequel roulent ces Veillées est bien triste et bien sombre : il ne peut plaire qu’aux âmes sensibles et mélancoliques qui aiment à entendre les Muses soupirer des plaintes sublimes et moduler de tendres regrets ; elles y trouveront, dans de beaux vers, l’expression la plus parfaite des sentiments dont elles se nourrissent, et chériront le poète aimable dont les chants mélodieux s’accordent si bien avec cette voix secrète de douleur qui retentit toujours au-dedans d’elles-mêmes.
. — Émotion vague et continue, pensée volontairement et simplement supérieure, amplification spontanée, enlacement charmant des images, généralisations aisées, manière naturelle de montrer, plutôt que les choses, l’ombre abstraite des choses agrandies — il a beaucoup d’un grand poète.
Rien de livresque, rien d’artificiel dans ses vers, d’un jet si naturel, d’un accent si populaire.
Sainte-Beuve C’eut été peut-être une indiscrétion à moi, mais qu’on aurait excusée, de parler encore d’un petit recueil, d’une plaquette qui ne porte que ce titre unique, ΨΥΧΗ (Âme), et dont la poésie naturelle, coulant de source, a quelque chose de la fraîcheur d’une fontaine rustique.
Calemard de Lafayette, un poème qui n’est sans doute pas de tout point parfait, mais qui est vrai, naturel, étudié et senti sur place, essentiellement champêtre en un mot, et dont un poète académicien, et non académique (M.
Avec de la sévérité, on trouveroit qu’elles manquent quelque-fois de cette douceur, de ce naturel, de cet agrément qui doivent être le vrai caractere de ces sortes de productions ; mais elles offrent des traits d’esprit, un langage assez correct, & c’en est assez pour mériter de l’indulgence.
Le plan en est finement conçu, l’intérêt vif, les scenes sont bien distribuées, les airs bien amenés, les sentimens aussi variés que naturels.
Les couleurs en sont aussi brillantes que naturelles ; c’est le coloris de Coypel, joint à la touche de Mignard.
Ami de Ronsard, il se laissa d’abord éblouir par le faux brillant de sa Poésie ; mais il reconnut bientôt son erreur, pour s’attacher à la maniere de Desportes, qui étoit aussi son ami, & qui pouvoir lui servir de modele pour la douceur & le naturel de ses vers ; il le surpassa même par la pureté de son style & la sagesse de sa Muse.
Chevalier de] Un ton naturel de gaieté & de badinage, cet air d’aisance qu’on ne puise qu’à la Cour, ce molle atque facetum si précieux & si rare, caractérisent éminemment ses Poésies, qui ne sont pas encore recueillies en un corps de volume comme celles de l’Abbé Chaulieu, qu’il paroît s’être proposé pour modele, & qu’il surpasse par la correction du style & par les agrémens qui ne naissent que de l’esprit.
Le naturel & le tour aisé qu’il donnoit aux paroles de ses Chansons, qu’il mettoit sur les airs les plus connus & les plus faciles, a fait que plusieurs personnes les ont retenues, & qu’on a été en état d’en donner un Recueil au Public.
Doué d’une sensibilité vive & touchante, d’une imagination brillante & féconde, nourri de la lecture des Ecrivains les plus substantiels, il n’a besoin, pour cet effet, que de mettre plus de liaison dans ses idées, communément nobles & élevées, plus de naturel dans son style, souvent énergique & élégant, mais surchargé de figures parasites, de métaphores recherchées, qui le rendent quelquefois emphatique & boursoufflé.
Ce Jésuite a eu aussi une grande part au Recueil des Lettres édifiantes & curieuses, écrites des Missions étrangeres, où, parmi des récits propres à intéresser la piété, on trouve des détails de Géographie, de Physique, d’Astronomie, d’Histoire Naturelle, dignes de l’attention des Curieux & des Savans.
Un style pétillant, maniéré ; une métaphysique trop subtile ; des sentimens recherchés ; des réflexions trop peu naturelles, ont beaucoup nui au succès de ses Ouvrages dans l’esprit des Gens de goût.