Découverte étrange et poignante que celle qui prétend mettre à jour dans l’antique nature et dans la vieille humanité un visage et un cœur jusqu’alors inconnus… Pour éclairer ce qui semble un mystère, je laisse la parole à ces hommes qui ont embrassé d’une telle étreinte le monde vivant, qu’il est sorti de leurs bras débordant de jeunesse et d’ivresse. […] Il nie la valeur positive de cette autorité dont nous avons découvert le vice intime et les mortelles conséquences : mais il ne nie pas toute « autorité » extérieure, si l’on peut exprimer par ce mot perverti le sens que nous voulons y mettre.
« Vous savez la force meurtrière d’Ajax2, et comment, à une heure avancée de la nuit, se perçant de son propre glaive, il mit un reproche éternel sur tous les enfants des Hellènes venus il Troie ; mais Homère l’a honoré parmi les hommes ; et, en relevant toute la vertu d’Ajax, il a ordonné, de par le rameau de feuillage, au reste du monde, de se plaire toujours à ses chants inspirés ; car, si quelqu’un dit quelque chose en beaux vers, cette parole, une fois proférée, chemine toujours vivante ; et sur la terre et à travers les mers le rayon de la gloire a marché, sans s’éteindre jamais ! […] Pindare semblait en juger ainsi, dans ces deux vers qu’a conservés Clément d’Alexandrie : « Heureux qui a vu les mystères d’Éleusis, avant d’être mis sous terre !
« Ô Reine de la ville de Pallas132, toi qui protèges cette terre sacrée supérieure à toutes, et par la guerre, et par les poëtes, et par la force, viens à nous ; et, ayant pris avec toi dans les camps et les batailles notre alliée, la victoire, qui se plaît à nos chansons et nous sert à mettre en fuite l’ennemi, apparais-nous ici ; car il faut que tu donnes la victoire à ces hommes aujourd’hui, si jamais. » Nulle part, on le sait, cette fantaisie lyrique du poëte comique d’Athènes n’a plus libre carrière que dans ses pièces fabuleuses, les Nuées, les Oiseaux. […] S’agit-il des importuns et des originaux qui viennent visiter sa ville nouvelle bâtie dans l’air, il ne manque pas de mettre dans le nombre un poëte, qui s’annonce par ce lieu commun lyrique137 : « Je suis le chantre aux harmonieuses paroles, le serviteur empressé des Muses, d’après Homère. » Et puis, ce qui nous rappelle encore mieux d’illustres exemples : « J’ai fait un chant sur votre ville de Néphélococcygias, beaucoup d’élégants dithyrambes et des parthénies à la manière de Simonide. » Le poëte, enfin, qui se charge de célébrer les villes nouvelles, et qui compare l’essor de la voix des Muses à la vitesse des plus rapides coursiers, demande un présent pour sa Muse, et offre des vers de Pindare en retour : cela fait, il emporte manteau et tunique venus fort à propos dans cette région froide de l’air.
Bonaparte donna pour premier mot au grand juge Régnier, le jour de l’arrestation de Moreau : « Voyez avant tout interrogatoire si Moreau veut me parler ; s’il le veut, mettez-le dans votre voiture et amenez-le moi : que tout se termine entre nous deux. » Moreau hésita un moment et refusa.
Dans un tel état d’incohérence, la critique a beau jeu ; elle s’évertue, elle triomphe ; sous prétexte de mettre le holà à droite ou à gauche, elle augmente souvent elle-même le tumulte ; elle prêche pour son saint, elle décrie, elle exalte ; elle parle bien haut et sans savoir toujours que dire, elle fait comme les avocats ou conseillers au parlement durant la fronde, attroupant le peuple autour d’eux sur le Pont-Neuf et l’embrouillant.
Il y avait sans doute une autre manière plus rigoureuse, plus analytique et scientifique de traiter ce sujet de l’influence de la philosophie sur la législation ; c’eût été, dans une sorte de dépouillement des écrits des philosophes, de dénombrer les propositions essentielles le plus applicables à la société selon l’ordre religieux, civil ou politique ; de suivre la fortune positive de ces propositions diverses depuis leur mise en circulation jusqu’à leur avènement régulier, depuis leur naissance à l’état d’idées jusqu’à leur terminaison en lois ; d’épier leur entrée plus ou moins incomplète dans les codes, et d’apprécier ceux-ci dans leur raison et leur mesure.
Mais comme elle les lui a envoyés sans rien dire à son mari, et que, craignant d’être grondée, elle a recommandé le secret à son fils, il se tait par obéissance filiale, et se laisse mettre en prison, quoiqu’il ait beaucoup de confusion et de peur.
Comment Olivier se met à aimer la jeune fille sans le savoir, et comment la comtesse s’en aperçoit et prend le parti désespéré d’en avertir son ami ; comment Bertin souffre d’aimer cette enfant — lui, un vieil homme — et comment la comtesse souffre de n’être plus aimée de ce vieil homme parce qu’elle n’est plus une jeune femme ; la lutte d’Olivier contre cette passion insensée et de la comtesse contre les premières flétrissures de l’âge ; et comment la jeune fille traverse tout ce drame (qu’elle a déchaîné) sans en soupçonner le premier mot ; et comment enfin les deux vieux amants assistent, impuissants, au supplice l’un de l’autre, jusqu’à ce qu’Olivier se réfugie dans une mort à demi volontaire : voilà tout le roman.
Beyle, né à Grenoble, voulait qu’on mît sur sa tombe : Arrigo Beyle, Milanese.
Considérez sa structure, vous reconnaîtrez que chacun de ses organes corporels, autrement dit ses sens, n’a pas d’autre objet que de mettre son intelligence ou son âme en communication avec le monde extérieur qui l’enveloppe, de lui donner une sensation, de produire en lui une idée, de lui faire comparer en lui-même ces sensations et ces idées, et enfin de les exprimer pour lui-même ou pour les autres, ou, ce qui est plus beau, pour Dieu par la parole ; la parole qui dit Je vis, la parole qui dit Je pense, la parole qui dit J’adore, mot sublime et final où se résume toute la création.
Né avec un terrible défaut à la taille, comme le duc de Bourgogne, cet autre grand bossu aux jambes sublimes, on lui mit dans son enfance un corset de fer pour le redresser et on le suspendit par un clou comme un Polichinelle à la muraille pour lui faire rentrer sa bosse, à force de mur ; ce qui ne l’empêcha, du reste, ni d’être un soldat ni d’être un danseur, — un très joli danseur, ma foi !
Charrière — est devenu dans notre traduction les Mémoires d’un seigneur russe, c’est pour prendre avec ce titre le caractère du témoignage de l’aristocratie russe sur la situation du pays qu’elle domine. » Aveu plus forcé que naïf, et qu’il fallait bien faire tout d’abord pour expliquer ce changement de titre qu’on ose se permettre, mais qu’on expie presque immédiatement par un embarras qui commence : « Quelques fragments de cet ouvrage — ajoute le traducteur — avaient paru dans un journal de Moscou et frappé l’attention, quoique venant d’une plume inconnue et qui n’avait pas fait ses preuves devant le public… On était loin de prévoir l’impression que devait produire la réunion de ces morceaux, lorsque ayant été mis en volume et complétés dans leur ensemble, on put saisir la donnée supérieure qui s’en dégageait et qu’on vit s’y manifester la pensée intime de l’auteur ou plutôt l’inspiration sociale à laquelle il avait involontairement cédé… » Certes !
Aussi fut-ce pour l’améliorer — si l’on peut dire améliorer pour dire : faire quelque chose de rien, — que quelques esprits littéraires entreprirent de fonder un théâtre à Hambourg, — à Hambourg, précisément la ville où, plus tard, on se mettait à trois pour comprendre un mot de Rivarol !
La conséquence d’une telle théorie, c’est de mettre la combinaison, le machiavélisme, la rouerie de l’effet, à la place du mouvement, de la passion, de l’impétuosité, de l’abandon naïf et facile, et en effet, M.
Hugo, qui n’avait pas besoin de vieillir comme Goethe pour défaillir encore plus que lui… La poésie en masque ne doit pas plus inspirer de respect que l’histoire en masque, car on l’y met aussi, l’histoire.
Tout à coup il personnifie les lois, et suppose qu’au moment même où il va mettre les pieds hors de la prison pour s’enfuir, les lois lui apparaissent et lui crient : « Socrate, que fais-tu ?
Voilà, à ce qu’il semble, le caractère de l’éloquence romaine au temps de Scipion-l’Africain ; mais les états populaires venant à se corrompre, la philosophie suit cette corruption, tombe dans le scepticisme, et se met, par un écart de la science, à calomnier la vérité.
Néanmoins c’est bien un Pétrel ; mais plusieurs parties de son organisation se sont profondément modifiées de manière à se mettre en rapport avec ses nouvelles habitudes de vie ; tandis que le Pic de la Plata ne présente que des modifications très légères, relativement aux autres Pics. […] Nous ne saurions mettre trop de réserve à conclure qu’un organe ne peut s’être formé au moyen de perfectionnements graduels. […] Dans le cas où nous ne connaissons aucun de ces états intermédiaires, nous devrons mettre la plus grande réserve à conclure qu’ils ne peuvent avoir existé ; car les homologies de beaucoup d’organes et leurs états intermédiaires montrent qu’il peut se produire d’étonnantes métamorphoses dans les fonctions. […] Dans l’état normal du muscle, il ne peut y avoir que des courants moléculaires produits par la formation et la destruction d’états électriques contraires dans les mêmes points ; mais si un grand nombre de points de la fibre musculaire, sont mis en communication par un bon conducteur avec d’autres de nature différente, c’est-à-dire qui ne subissent pas la même action chimique de la part du sang, le courant électrique devra alors circuler. » Ces faits établis par l’expérience montrent comment des courants électriques, latents, moléculaires, insensibles dans un muscle ordinaire, peuvent devenir par degrés sensibles et de plus en plus puissants dans un muscle affectant par degrés la disposition myologique des organes électriques.
Alors il semble qu’on découvre ce qu’auparavant personne n’avait aperçu ; on voudrait dire comme Parsifal : « Nie sah ich, nie träumte mir was jetzt ich schau, und was mit Bangen mich erfüllt ». — Cela est exact en ce sens qu’on voit les choses sous une clarté particulière et par conséquent nouvelle, et si l’on est poète, si l’on ressent ce besoin d’expansion dans les formes dont je parlais à l’instant, il semble que la bouche s’ouvre d’elle-même pour crier ce que l’on sait et annoncer au monde son nouvel Évangile.
Bien que cette thèse soit mise à dessein par l’auteur dans la bouche d’un centenaire, elle n’est pas tout à fait abandonnée, même aujourd’hui.
Il maudit cette surabondance de vie, qui n’aboutit qu’à se consumer sans fruit, ou, s’il déverse son activité sur quelque œuvre extérieure, il souffre encore de n’y pouvoir mettre qu’une portion de lui-même.
Voici d’autres exemples fort remarquables de fausses applications, dans Les Femmes savantes : Charpentier, directeur perpétuel de l’Académie française, et l’un des fondateurs de l’Académie des inscriptions, le même que Louis XIV avait chargé des inscriptions à mettre sous les peintures de Versailles, et de la composition des médailles de son règne, le même que Boileau appelle le gros Charpentier, s’avisa de dire un jour, ou du moins le Carpenteriana lui fait dire que la marquise de Rambouillet s’était indignée de l’impertinence de Molière, qui avait joué les femmes de sa société et elle-même dans Les Femmes savantes, et que Ménage, à qui elle demandait vengeance, avait eu le courage de déclarer la pièce un ouvrage parfaitement beau, au-dessus de tout reproche et de toute critique.
On fait qu’Empedocle fut généralement estimé dans la Grece, pour avoir mis en Vers les principes de la Physique, & que son Poëme fut appelé Divin ; cependant les esprits qui composoient les différentes classes des Grecs de son temps, n’étoient certainement pas de grands Physiciens.
Cela dit, ou même simplement senti, le gentilhomme prend la chose au vif, décuple sa livrée, achète des chevaux, enrichit des femmes, ordonne des fêtes, paie des orgies, jette, donne, vend, achète, hypothèque, compromet, dévore, se livre aux usuriers et met le feu aux quatre coins de son bien.
Le prêtre est intolérant et cruel ; la hache qui mit en pièces Agag 102 n’est jamais tombée de ses mains.
Plusieurs d’entre eux, au milieu même des apôtres les plus exclusifs des idées nouvelles, se sont mis à étudier historiquement l’esprit humain.
… Dans ce livre, où il n’est pas question une seule fois du moindre traité conclu ou à conclure, et où les deux diplomates qui s’y trouvent ne sont que des capitonneurs de situation, mis entre deux gouvernements pour les empêcher de se heurter, il n’y a guères, au fond, que deux correspondants, au fait, comme tout le monde, des choses de leur époque, et qui tâtonnent dans les événements pour y trouver des solutions dont ils n’ont jamais la certitude.
Qui peut le plus peut le moins : en jugeant Ninon nous aurons jugé Laïs, nous aurons jugé toutes les glorieuses prostituées dont les désordres paraissent à certaines gens des mérites et des grâces, et, par là, nous pourrons nous faire une idée de la pauvreté de ces idoles devant lesquelles toute une société n’a pas rougi de se mettre à genoux.
Il mettait autour du front des boutefeux futurs une auréole mélancolique.
Il mettait autour du front des boutefeux futurs une auréole mélancolique.
Francis Lacombe, en nous prouvant que la fraternité chrétienne est un sentiment du Moyen Âge, nous a mis pour ainsi dire dans la main le lien qui nous attache invinciblement à cette époque, le lien que des sophistes disaient brisé, mais qui ne l’est pas.
— mais d’un royaliste absolu et incompatible, qui croit à une vérité et qui ne veut pas que jamais — et quelles que soient les circonstances — cette vérité puisse mettre sa main pure dans la main souillée de l’erreur ; ce livre taillé à pic contre la révolution, les révolutionnaires, absolus comme l’auteur du livre est royaliste, le retourneront comme un argument formidable contre cette royauté détestée par eux, et que des secondes vues, aussi incertaines en France qu’en Écosse, croient voir poindre, comme un fantôme qui revient, à travers l’effrayante et vivante réalité que l’on appelle la République.
Et, au fond, c’est toujours la même bête qu’on ne peut pas monter, un cheval incertain qu’on ne saurait affirmer quand on est un peu de ces hardis esprits qui mettent leur honneur à n’oser pas affirmer le cheval pâle de l’Apocalypse !
Parmi les effrayantes, mettez Le Drack, Le Trolle, Édouard, La Chasse du roi Arthur, La Tentation, et au compte des touchantes, Les Pains et les Roses, Le Forgeron des Pyrénées, L’Ange et la Mère.
Je sais bien qu’il reprit son cœur aux pieds sous lesquels il l’avait mis, mais en le reprenant, il emporta sa blessure, — la blessure dernière qui ne se ferme plus que quand le cercueil se ferme sur nous.
Après Balzac, qu’il faudra citer ici bien longtemps et pour tant de choses, après Balzac, qui, lui aussi, a fait entrer, et Dieu sait avec quelle habileté, quel tact, quelle soudaineté préparée, quelle science de composition supérieure, des récits, des romans entiers dans des conversations, il n’est plus permis de s’en tenir à des rubriques aussi lâchées, à des artifices de mise en scène aussi élémentaires et aussi usés que les rubriques et les artifices de M.
Ceux qui lisent n’ont pas oublié cet intéressant fragment de critique d’art et de biographie sur Léopold Robert, publié au moment où l’on croyait le plus Feuillet enfoncé, englouti dans le protocole, dans ce terrible bonnet fourré du protocole qui doit entrer jusqu’au nez d’un homme quand il se le met sur la tète, et qui doit calfeutrer sa cervelle contre tout ce qui n’est pas cette majestueuse procédure.
.… Ce sont les Grecs qui, chantant par tout le monde leur guerre de Troie et les aventures de leurs héros, ont fait d’Énée le fondateur de la nation romaine, tandis que, selon Bochart, il ne mit jamais le pied en Italie, que Strabon assure qu’il ne sortit jamais de Troie, et qu’Homère, dont l’autorité a plus de poids ici, raconte qu’il y mourut et qu’il laissa le trône à sa postérité.
Dieu, dans son économie divine et pour des desseins que nous ne savons pas, n’a donné qu’un petit nombre de ces sens à l’âme pour la mettre en rapport de jouissance ou de souffrance avec le monde matériel. […] Les sens de la parole, de l’oreille et des yeux, sont les plus puissants parmi ces organes qui mettent l’âme en rapport avec le monde extérieur ; aussi l’art de l’éloquence ou de la poésie est-il le premier des arts, celui qui exerce le plus d’empire sur nous-mêmes ou sur les autres hommes, l’art de modifier l’âme elle-même par la parole écoutée, ou l’art de modifier l’âme des autres hommes par la parole proférée. […] Le cardinal Consalvi, qui avait été autrefois arrêté et mis à prix lui-même par un de ces chefs de bandits, ouvrit une véritable campagne militaire contre la ville de Sonnino, quartier général du brigandage ; les portes et les murs de ce repaire furent crénelés de têtes de bandits tués dans les combats ou dans les supplices au sein de ces montagnes.
Prêtez-moi votre divin poème, mon cher professeur, ajouta-t-il en se tournant vers son ami le rhétoricien érudit de Padoue, je me charge de mettre le sinet aux pages avant la lecture, de telle façon que le jeune étranger, la comtesse et même ma petite-nièce Thérésina, pourront tout lire ou tout écouter sans qu’il monte une image scabreuse à l’imagination du jeune homme, ou une rougeur au front de l’innocente. […] cher canonico, s’écrièrent en battant des mains la belle comtesse Léna, sa charmante fille, le professeur et moi ; nous pourrons lire, et, si nous lisons une stance de trop, nous mettrons tous nos péchés sur la conscience du chanoine. » Ainsi fut convenu ; après souper nous nous endormîmes tous avec la perspective amusante des enchantements, des tournois, des aventures, des amours, des chevaleries, des héroïsmes et des poétiques folies du plus inventif et du plus gracieux des poètes. […] C’est du balcon de cette chambre que je laissais glisser quelquefois une échelle de corde pour introduire le prince qui m’aimait. » Ici le chanoine avait mis un sinet, sans doute pour préserver l’innocence de Thérésina ; nous le respectâmes.
C’est dans la « fréquence numérique des sensations et des expériences » que Spencer cherche l’explication des formes structurales du cerveau et de la pensée : il attribue ces formes à « l’enregistrement d’expériences continuées pendant des générations sans nombre. » — « Toutes les relations psychiques, quelles qu’elles soient, depuis les nécessaires jusqu’aux fortuites, résultent des expériences des relations extérieures correspondantes et sont ainsi mises en harmonie avec celles-ci… La cohésion entre les états psychiques est proportionnelle à la fréquence avec laquelle la relation entre les phénomènes extérieurs corrélatifs s’est répétée dans l’expérience. » La théorie de Spencer est donc celle de l’association des idées, mais étendue à l’espèce entière. […] Un être qui n’aurait pas reconnu ces lois et ne les mettrait pas en pratique, un être qui agirait à l’égard des autres comme s’ils pouvaient à la fois être et n’être pas, comme si leurs actions pouvaient exister sans cause ou changer indépendamment des causes, un tel être serait encore plus « insociable » que l’assassin ou le voleur ; il mériterait, sinon la prison, du moins le cabanon. […] Lachelier, la pensée ne veut pas demeurer abstraite et vide, et après s’être mise hors d’elle, pour se voir, sous la forme de l’espace et du mécanisme, elle a besoin de rentrer en elle-même et d’être elle-même, sous la forme du « temps » et de la « conscience » ; mais est-il nécessaire qu’il y ait des causes finales pour que la conscience, la sensation, le moi existe ?
C’est ce siège de Thèbes que le drame survivant d’Eschyle met en scène. […] Tydée, se soulevant d’un furieux effort, prit à deux mains cette tête toute saignante, et se mit à lui ronger la cervelle.
Comment auraient-elles pu se maintenir dans une aussi grande variété de circonstances si elles ne mettaient les individus en état de mieux résister aux causes de destruction ? […] Pour que la sociologie traite les faits comme des choses, il faut que le sociologue sente la nécessité de se mettre à leur école.
On y verrait, avec le faux goût d’une époque tardive et d’une littérature transplantée, à quel point cette belle imagination des temps héroïques de la Grèce avait mis son empreinte sur les esprits studieux du Muséum. […] Tels sont en particulier ces hymnes mis sous le nom d’Orphée, fabrication ancienne, puisque Platon en cite quelques vers, mais évidemment reprise et accrue plusieurs fois, à l’époque des trois premiers Ptolémées, et dans cette ville d’Alexandrie, où Clément et saint Justin martyr les recueillirent plus tard comme un germe antique de la foi naturelle, qu’on aimait alors à rapprocher des vérités de la foi révélée.
Fauriel, dans l’ingénieuse préface qu’il a mise à la Parthénéide de Baggesen, remarque quelque chose de pareil pour les perfectionnements apportés par Voss à une seconde édition de sa Louise, de cette Louise qui n’est pas sans rapport d’aimable parenté avec Marie.
Le talent se mettait au service de certaines idées religieuses ou philosophiques qui avaient besoin d’en combattre et d’en détruire d’autres.
En quittant l’état social de nos aïeux, se demande-t-il, en jetant pêle-mêle derrière nous leurs institutions, leur idées et leurs mœurs, qu’avons-nous mis à la place ?
Quand une femme publie un livre, elle se met tellement dans la dépendance de l’opinion, que les dispensateurs de cette opinion lui font sentir durement leur empire.
Voltaire porta au théâtre cette habitude de mettre dans la bouche même des personnages comiques la description vive et brillante du ridicule qui les travaille, et ce grand homme dut être bien surpris de voir que personne ne riait.
Des gens qui n’avaient pas craint d’attaquer son connétable à sa porte ne se feraient pas scrupule de mettre la main sur lui.
Mais encore y inclura-t-il tout ce qu’il y veut mettre, et les petites phrases n’y parviendraient pas, qui disloquent les rapports que la période souligne : « … Car c’est moins le temps qui use nos sentiments que le crédit qu’on leur accorde et, si les raisons d’aimer sont en nous-mêmes, c’est d’autrui d’où proviennent d’ordinaire celles qui font que nous n’aimons plus. » M. de Régnier est triste, et la mélancolie des Contes qu’il s’est faits à soi-même nuira à leur succès.
Caractère subjectif des religions ; de là leur intérêt psychologique ; l’homme s’y met plus que dans la science : l’humanité est là tout entière.
Une bizarrerie, en apparence inexplicable, c’est l’attention qu’il met à faire ses miracles en cachette, et la recommandation qu’il adresse à ceux qu’il guérit de n’en rien dire à personne 757.
Point n’est besoin d’une faculté extraordinaire et mystique pour concevoir une négation, ni pour mettre le signe — à la place du signe +.
Quand il l’eut quitté, il mit une cravate blanche et il entra comme chez lui au Journal des Débats.
Taine a incarné le positivisme anglais (l’épithète ne fait rien à la chose), n’est rien de plus qu’un soldat de la compagnie du centre dans le régiment philosophique pour l’heure en marche, et quelque jour nous nous chargerons, ses livres en main, de le démontrer… C’est un esprit d’une certaine force d’observation et de déduction, on ne le nie pas, mais qui ne fait guère que mettre en langage moderne l’expérience de Bacon et la sensation de Locke, — ayant pour grands amis, comme dit M.
Campaux a mis, avec beaucoup de tact, à part de tout, dans l’analyse qu’il fait du génie de son poète, cette fusion divinement humaine du rire et des larmes qui fait tomber des pleurs dans la coupe rose des lèvres souriantes, et passer à travers les épanouissements des rires le cruel fausset des sanglots.
Jules Girard a mis dans son commentaire bien des observations qui font honneur à son coup d’œil.
Une des reines du xviiie siècle, douée de tous les dons aimables par lesquels on était reine alors, une Titus femelle, les délices du genre humain, comme disait d’elle une de ses amies, une des plus éblouissantes soupeuses de cette époque où le souper était « une des quatre fins de l’homme et où l’on oubliait les trois autres », un des esprits les plus teintés de ce rouge audacieux que les femmes mettaient sur leurs joues pour qu’on vint l’essuyer, se plaint, à travers les rires de tout le monde et même des siens, d’un ennui que ne connaît personne, de cet inexorable ennui dont parle quelque part Bossuet, que certainement elle ne lisait pas !
Eh bien, répondre à cette dernière attaque de la philosophie par le texte des Évangiles mis à la portée du plus grand nombre ; répondre à ce crime de l’histoire par le témoignage de l’histoire, telle a dû être la pensée de l’auteur de la publication que nous annonçons avec joie et que nous voudrions populariser !
Quand on ne croit pas au hasard, aussi bête que les couleuvres africaines adorées par Soulouque et dont d’Alaux se moque avec juste raison, lorsqu’on a le bon sens d’admettre la variété providentielle des fonctions pour tous les peuples, les nègres, qui probablement ont leurs origines comme les autres races, semblent avoir été mis particulièrement dans le monde pour montrer combien est pesant aux créatures humaines le fardeau de la liberté.
Quelque jugement qu’on porte sur le caractère moral de ce ministre, le premier de son siècle, et fort supérieur aux Bukingham et aux Olivarès qu’il eut à combattre, son nom, dans tous les temps, sera mis bien loin hors de la foule des noms ordinaires, parce qu’il donna une grande impulsion au-dehors ; qu’il changea la direction des choses au-dedans ; qu’il abattit ce qui paraissait ne pouvoir l’être ; qu’il prépara, par son influence et son génie, un siècle célèbre ; enfin, parce qu’un grand caractère en impose même à la postérité, et que la plupart des hommes ayant une imagination vive et une âme faible, ont besoin d’être étonnés, et veulent, dans la société comme dans une tragédie, du mouvement et des secousses.
ni dans le cercle immense de l’éther divin, ni sur la mer, hormis ce que font les méchants dans l’égarement de leurs âmes ; et tu mets la règle où était le désordre, et les choses ennemies te sont amies.
Je ne mettrai de sa réponse que deux ou trois strophes dans lesquelles elle réclamait avec confusion contre le mot de gloire que lui avait jeté magnifiquement le grand poète : Mais dans ces chants que ma mémoire Et mon cœur s’apprennent tout bas, Doux à lire, plus doux à croire, Oh !
Thiers en fait jaillir autant d’instruction que d’intérêt ; son récit est à la fois un drame et une leçon, sans jamais cesser d’être un récit, tant il a su y mettre de compassion et d’impartialité tout ensemble.
Les pensées qui rappellent, de quelque manière, aux hommes ce qui leur est commun à tous, cause toujours une émotion profonde ; et c’est encore sous ce point de vue que les réflexions philosophiques introduites par Voltaire dans ses tragédies, lorsque ces réflexions ne sont pas trop prodiguées, rallient l’intérêt universel aux diverses situations qu’il met en scène.
Peut-être attendaient-elles une plus substantielle causerie, une mise en goût de la représentation à laquelle je vais laisser libre cette scène.
Hoffmann, l’engouement d’une époque qui aime la fumée du cigare et qui s’est mise à grignoter du hachisch pour se donner des sensations, ne durera pas plus que ces fantastiques d’un autre genre, Fichte et Hegel !
Matter, qui raconte très sérieusement le phénomène et qui l’analyse avec une grande finesse et une grande supériorité, ajoute que jusque-là aucun mortel n’avait été mis dans une condition pareille à celle où se prétendit Swedenborg.
II C’est cet état de débilitation philosophique que le Dr Athanase Renard nous a mis à même de vérifier et de juger, dans l’histoire critique qu’il vient de faire de la Philosophie moderne.
Sous une chevelure qui pousse, en l’air, droite, dure et indomptable au fer, qui en la coupant souvent l’a épaissie, un front vaste et carré comme un parallélogramme, d’un lisse de marbre, mais auquel l’Effort a mis son pli rudement marqué entre les deux sourcils, yeux rentrés où le noir du crayon s’allume, joue rigide, regard attentif, la bouche presque amère, tel est l’homme de ce portrait, et c’est le poète aussi, le poète laborieux, violemment laborieux, l’ardent Puritain du Sonnet, cette pauvreté opulente, la pensée cruelle à elle-même comme la femme, la coquette martyre, dont le pied saigne dans le brodequin, dont la hanche bleuit sous la baleine, mais qui se console avec l’adage : il faut souffrir pour être belle !
Quand il mettait ses ennemis en enfer, il les y plongeait bravement, et ne les appelait pas : Eux !
Quand il mettait ses ennemis en enfer, il les y plongeait bravement et ne les appelait pas Eux !
Il met un obstacle invincible à l’unité de l’Allemagne, qui serait la décadence ou l’état de guerre perpétuel de la France pour son propre sol. […] XXXIII Qu’était-ce que le traité de Fontainebleau, dans lequel en effet M. de Talleyrand mit sa main, non officielle, mais officieuse, de grand diplomate ? […] XXXIV Nous ne louons pas le grand diplomate d’avoir mis la main, même par contrainte, dans le traité de Fontainebleau, quoique ce traité, réduit à ces proportions, fût une immense atténuation de la diplomatie napoléonienne en Espagne.
— Le souvenir est le germe de l’idée de passé, l’attente est le germe de l’idée de futur, comme la représentation actuelle est le germe de l’idée de présent ; la distinction nette des temps ne pourra sortir que de la mise en rapport et de la comparaison entre ces trois diverses attitudes d’esprit accompagnées de sentiments divers, de modes divers de conscience. […] Nous admettons de plus que, du côté physique, si une idée est seule et non contredite, elle se réalisera en mouvements conformes ; la présence d’une idée, toute contradiction mise à part, entraîne donc et l’affirmation de la présence de l’objet et les mouvements corrélatifs. […] Voilà pourquoi, pour mettre quelque chose de fixe dans ce perpétuel écoulement au temps, on est obligé de le représenter sous forme spatiale. » 131.
On ne peut mettre au rang des animaux domestiques le Rat et la Souris ; pourtant ils ont été transportés, sinon par l’homme, du moins à sa suite, en diverses parties du monde, et ont acquis aujourd’hui une extension de beaucoup plus vaste que tous les autres Rongeurs, puisqu’on les voit vivre en liberté sous le froid climat des Féroë vers le nord, et des Falkland vers le sud, aussi bien que sur de nombreuses îles de la zone torride. […] Je puis ajouter ici que, durant le cours de mes travaux sur les animaux de cet ordre, j’ai mis une attention toute particulière à vérifier la remarque que M. […] Ces caractères sont le plus souvent externes, et sont rarement essentiels à la conservation de l’individu lui-même, sous les conditions de vie où il est placé, les dangers auxquels peuvent l’exposer ses relations sexuelles mis à part, bien entendu.
« Cependant, par une monstrueuse émulation des sénateurs, on vota des prières publiques dans tous les sanctuaires, des jeux annuels, des fêtes à Minerve, en commémoration du jour où le prétendu complot d’Agrippine avait été prévenu, et le jour de la naissance d’Agrippine fut mis au nombre des jours néfastes. » LIII « Pætus Thraséa, qui avait l’habitude de flétrir les bassesses ordinaires de son silence, ou de les laisser passer avec un bref et dédaigneux consentement, sortit alors du sénat, se vouant ainsi lui-même au dernier péril, sans donner aux autres le courage de la liberté. »… LIV Quelle condition du beau dans l’histoire manque dans ce récit de Tacite ? […] Ce sont les inquisiteurs de l’indépendance politique ; ils veulent mettre l’uniforme des carbonari à la libre pensée.
Dans ce but, je voulais que les classes laborieuses eussent, par un vote proportionné à leur droit de vivre, une part consultative dans la représentation trop privilégiée des classes propriétaires ou industrielles ; je voulais, comme en Angleterre, un impôt de bienfaisance sur le revenu, non pas un impôt progressif qui décime le travail en décimant le capital, mais un impôt proportionnel qui oblige la classe riche à une charité légale qui met du cœur et de la vertu dans les lois. […] Sentir m’était aisé, savoir était plus difficile ; j’y mis tous mes soins.
XII Nous nous mîmes en marche à travers une foule innombrable vers la place de la Bastille ; deux millions d’hommes de Paris et des villes et villages nous y attendaient, les uns sous les armes, les autres désarmés. […] Jean Valjean est un voleur bien intentionné d’abord, puis un récidiviste bien conditionné, et bien près d’être un assassin, quand il répond à l’hospitalité confiante de l’évêque, son hôte, son sauveur et son bienfaiteur, par le vol domestique et par la forte tentation de l’égorger pendant son sommeil, et quand il met le pied sur la pièce de quarante sous du pauvre enfant son guide, en fermant le poing pour l’assommer.
Puis il mettait une gloriole d’enfant à me raconter à son tour ceci et cela sur cette belle noce qu’il conduisait à la ville, et sur les personnages qui remplissaient derrière nous le chariot couvert de toile et de feuilles. […] On veille donc sur toi là-haut, là-haut dans la tour ou dans quelque étoile du firmament. » CLXVI Alors, monsieur, je me mis à préluder doucement, çà et là, par quelques notes décousues, et puis à me taire pour dire seulement à ceux qui ne dormaient pas : « Faites attention, voilà un pifferaro qui va donner une aubade à quelque Madone ou à quelque saint de la chapelle de la prison. » Mais pas du tout, mon père et ma tante, je ne jouai point d’aubade, ni de litanie, ni de sérénade que d’autres musiciens ambulants pouvaient savoir jouer aussi bien que nous, et qui n’auraient rien appris de lui et de moi à Hyeronimo.
Quel calcul infinitésimal pourra mettre en équation tous ces éléments ? […] L’affinité chimique fournit donc une comparaison supérieure à celle de la balance : elle permet de mettre en relief le caractère individuel de la réaction sous tel motif ou mobile.
Et éternellement, sans pouvoir se résoudre en son intégral Savoir, la Matière évolue, allant, avons-nous dit, vers le Plus de sa connaissance, vers un Mieux… — Or, par quoi est mise en mouvement selon le dessin elliptique, la Matière ? […] Musicien de la masse des mots-instruments, des sons qui parlent, nous ne savons » selon les thèmes ou grands leit-motiv de la Pensée, que leur évolution à travers la diversité par eux-mêmes mesurée, et, mis à leurs plans, l’évolution de thèmes secondaires : précipitant en une Action, en un drame multiplement et pourtant unanimement sonnant, non seulement toutes périodes, mais tous poèmes du livre, tous livres de l’Œuvre.
Des gens se mirent à lire qui n’avaient jamais lu ; Rome expédiait le pour et le contre dans tout le monde civilisé. […] Le style frivole et recherché passe des Caffés, jusqu’aux tribunaux les plus graves, et si Dieu n’y met la main, la Chaire des Prédicateurs sera bientôt infectée de la même contagion.
Il rend surtout témoignage du caractère et du talent de l’auteur, — un caractère ami du bien et jaloux du mieux, un de ces esprits comme il y en a peu, fixés et non arrêtés, défendus par des principes, et qui restent ouverts aux bonnes raisons ; un esprit qui a en soi son moule distinct, et qui imprime à tout ce qu’il traite ou ce qu’il touche un certain composé bien net de sagacité, de savoir, de moralité et de style —, qui y met sa marque enfin.
Toute la journée du 17 (juin) fut employée à se mettre en devoir de livrer cette seconde bataille aussi nécessaire et plus décisive que la première.
Ce pauvre Louvet, à qui sir Walter Scott en veut tant, et dont l’imagination romanesque voyait aussi partout complots, machinations, arrière-pensées, arrangeait beaucoup plus habilement les choses, et mettait plus d’art à combiner son rêve.
L’amour, qui s’était développé en l’homme sous l’égide de la force victorieuse du mal, délaissa cette force qui se complaisait dans son triomphe incomplet, et se mit tout entier du côté de l’esprit.
Fourier a eu un grand tort envers eux : c’est de n’avoir pas su se faire assez petit pour se mettre à leur taille. » Mais ce qui m’a le plus scandalisé, je l’avoue, ce sont ces phrases blasphématoires sur les maximes libérales de Fénelon : « Je viens d’appuyer la thèse par un aperçu des sottises dogmatiques du Télémaque ; le bonhomme Fénelon ne se doutait pas des résultats qu’aurait, en 1789, sa doctrine essayée en France. » Pour nous, nous n’imiterons pas en cela M.
Elle se mettait à aimer la vie : elle rêvait la vie comme une fête et comme une œuvre d’art, bonne et belle, elle y réintégrait la bienfaisante douceur de ces biens naturels que l’antiquité avait tant adorés, la lumière, l’espace, les ombrages, les eaux, les fleurs ; elle y jetait toutes les commodités, toutes les splendeurs de la richesse et du luxe, tous les agréments de la société.
C’est pourquoi il a si bien traduit la Véridique histoire de la conquête de la Nouvelle Espagne, par le capitaine Bernai Diaz del Castillo, l’un des conquérants, et y a mis une préface qui est un très beau morceau d’histoire et qui faisait la joie et l’émerveillement du vieux Flaubert.
Qu’est-ce que ça me fait qu’ils admirent mes livres, puisque c’est ce qu’ils ont mis dedans qu’ils admirent ?
Le Messie venait mettre le sceau sur la Loi et les prophètes, non promulguer des textes nouveaux.
Avec ce goût de la libre critique et cette parfaite loyauté qui lui sont propres, il se plaît à citer ses adversaires, à mettre en relief certaines objections et à dire même nettement celles qu’il regarde comme insolubles.
Représentez-vous le sens commun de l’antiquité dans quelqu’un de ses plus solides et de ses plus ingénieux représentants, et mettez entre les mains de cet excellent esprit l’un de ces écrits fugitifs, rapides, concis et obscurs, que l’apôtre enflammé d’une secte nouvelle envoyait alors à ses frères dispersés ; en un mot, donnez à lire à Quintilien ou à Pline le Jeune les épîtres de saint Paul : ou je me trompe fort, ou ces étranges écrits, si éloquents pour nous malgré le mystère dont ils sont voilés, paraîtront au philosophe et au rhéteur antiques des prodiges de folie.
Enfin, nés et élevés dans le christianisme, ils conservent et conserveront toujours pour cette grande religion des sentiments filiaux ; mais ils ont aussi pour la philosophie des sentiments filiaux, et ils ne sont pas disposés autant que leurs amis à mettre au service d’une puissance rivale leur liberté intellectuelle.
N’est-il pas vrai que vous l’aimez mieux incertain et perplexe, et que vous vous en mettez bien plus aisément à sa place ?
Assurément, Ponson du Terrail est l’homme d’une littérature bien avilie ; mais tous les bas-bleus de cette heure du siècle peuvent s’y mettre, à eux tous ; ils ne feraient pas Rocambole !
En sortant d’une étude si consommée des faits, Lerminier, son œuvre achevée, s’est mis à conclure, les yeux sur son siècle, et sa conclusion, qui va du monde ancien au monde moderne, atteint le monde moderne et lui montre cruellement ses fautes.
On n’est véritablement soulagé pour Renée que quand ce bel insignifiant de Montmorency se met enfin à vivre, et devient quelque chose à l’heure de mourir !
C’est toujours cet empereur qui a mis Rome à sac, autrefois, par la main du connétable de Bourbon, et qui, vieux, recommence sous Paul IV la guerre contre Rome avec l’ardeur de sa jeunesse.
À côté du talent, il a mis la conscience.