Tel apparaît Véron.
Car son regard, ainsi qu’un voile de lumière Sur ses yeux, fait ployer et frémir ma paupière ; Car l’auréole flambe à son front innocent ; Car elle m’apparaît, toujours transfigurée ; Car elle est moins aimée encore qu’adorée, Et je voudrais pouvoir l’empourprer de mon sang !
Le problème semblera d’autant plus important que l’esprit protestant apparaît non pas seulement chez Taine, mais chez ceux qui l’entouraient, chez Bourget (cf.
On eût dit que ses murs respiraient comme un être Des pampres réjouis la jeune exhalaison ; La vie apparaissait rose, à chaque fenêtre, Sous les beaux traits d’enfants nichés dans la maison. […] La mort peut enlever celle qui, transfigurée par la poésie, s’appellera Elvire ; mais Elvire n’en apparaîtra que plus radieuse aux yeux du poète. […] C’est que, derrière la création, ce qu’il aperçoit sans cesse, c’est le Créateur ; de ce qui est relatif, passager et changeant, il s’élève à l’Être souverain, absolu : la nature lui apparaît comme une sorte de temple où se fait le sacrifice en l’honneur du Créateur ; la nature, il la voit toujours adorant et remerciant Dieu. […] Dans les recueils qui suivent, et notamment dans Le Spectacle dans un fauteuil, apparaît une note nouvelle : la mélancolie, la tristesse, une note plus grave et bientôt désespérée. […] Et cette ombre dont nous parle ici Alfred de Musset, ce n’est pas seulement une vision, ou plutôt ce n’est pas seulement une fiction, mais Musset l’a vue réellement ; c’est une sorte de cauchemar auquel il a été en proie, c’est sa tristesse, c’est lui-même qui s’est apparu, qui a pris forme et corps devant lui.
Cette invention lointaine apparaîtra un jour telle que contemporaine à la fois de Rabelais et de Victor Hugo. […] Ne confondons point l’histoire, qui est un roman complet, ou du moins suivi, avec le temps présent qui nous apparaît fragmentaire, tel un numéro de journal déchiré en mille bouts de papier. […] Le même phénomène apparaît, quoique d’un ordre plus rassurant, quand la puissance intellectuelle s’exerce en même temps que la puissance génitale. […] Mais à prendre le langage tel qu’il nous apparaît, et en supposant que chaque mot corresponde à un objet, on peut dire que s’il existait un homme qui n’eût jamais menti, cet homme n’aurait jamais parlé. […] Mais cet idéal apparaît très opposé à celui qui peut-être s’élabore et qui serait, dit-on, l’unification, selon la moyenne, de toutes les intelligences et de toutes les forces.
Barrès la soupçonne d’avoir contribué à la maîtrise de ce grand peintre dans un art où apparaîtraient, à côté du catholicisme à l’espagnole, des traces de la domination arabe. […] Tout ce qui est beau lui apparaît comme également sain et presque sacré. […] C’était un autre aspect de la confusion qui apparaissait déjà dans les Essais de psychologie contemporaine. […] Ils ont la stupeur de voir apparaître, revêtu d’habits épiscopaux, le poète Cœuvre, qui passait jadis pour un simple dilettante et un subtil esthète. […] Ainsi c’est dans la paix et la prospérité de l’Italie qu’apparut la Renaissance.
Une belle fille effarée et sauvage lui est apparue un jour de printemps, dans les joncs. […] La lune nous apparaît ronde et blanche. […] Tout ce qui le touche lui apparaît énorme, disproportionné. […] Mais ce ne fut pas la fortune qui lui apparut d’abord, ce fut la gloire. […] Tout au plus un nom apparaît-il dans un certain vague et comme dans le lointain.
Ce qui avait passé pour naturel apparaissait conventionnel et factice, l’état sauvage devenait une idylle ; l’état de société, réputé par l’assentiment universel la condition de tout bien possible, était dénoncé l’auteur de tout mal. […] Comme il apparaît dans la première partie des Confessions, on dirait assez un sournois de séminaire chez qui la terreur de l’enfer se mêle aux voluptueux énervements. […] Mais ces avortements nous apparaissent eux-mêmes comme le résultat si nécessaire d’une aberration initiale de l’esprit, qu’on ne saurait suivre Senancour, quand, avec la discrète amertume d’un raté de génie qui se respecte, il s’en prend à la gêne de sa condition de n’avoir pas réalisé son grand œuvre et rendu son nom cher aux hommes. […] Mais c’est ici que nous apparaît le défaut et le danger social d’une âme, qui, avec des dons de génie, n’est pas d’une seule tenue. […] Mais si l’étrange Lucile a fourni au poète l’élément vaporeux et lunaire où apparaît Velléda, les fleurs de sa tête et de sa ceinture, il avait pu lui-même, tant qu’il avait voulu, observer sa propre puissance dans les égarements de femmes « désespérées et ravies ».
La vie apparaissait, rose, à chaque fenêtre, Sous les beaux traits d’enfants nichés dans la maison26. […] Par moments apparaît au sommet des collines, Livrant ses crins épars au vent âpre et joyeux, Un cheval effaré qui hennit dans les cieux ! […] Une époque lui apparaîtra comme un jeu de lumière sur des toits, des remparts, des clochers, des plaines, des eaux, des foules grouillantes, des armées compactes, allumant ici une voile blanche, là un costume, là-bas un vitrail. […] A côté le style fait d’images apparaît, la métaphore neuve et fraîche, toute vibrante encore de la sensation : Afin que mon cœur soit innocent et splendide Comme un pavé d’autel qu’on lave tous les soirs. […] Un Terme grimaçant et sali, engagé dans sa gaine, au fond d’un parc, lui apparaît comme » la poignée en torse ciselée d’un vieux glaive rouillé qu’on laisse dans l’étui.
Aussi apparaît-il comme un accident curieux, intéressant, remarquable même à certains points de vue, mais rien qu’un accident dont la répercussion dans l’art ne sera que passagère. […] Le mensonge des institutions les révolte, l’éducation qu’ils reçurent leur apparaît ce qu’elle est en réalité : une duperie. […] Combien toute distinction entre les parties de ce concert apparaît futile et misérable ! […] Et ce Dieu, ils le font apparaître comme un vague Croquemitaine. […] Son Moi hypertrophié se donna carrière, et l’humanité lui apparut, désormais, comme un grouillement de pygmées.
« Grandissant, dans la jeunesse, au milieu des traverses et des rudes travaux, tu ne m’apparus pas encore. […] Dans les détresses du cœur, dans mes fuites désespérées, combien de fois tout d’un coup, comme une Déesse au tournant d’un bocage, tu m’es apparu ! […] les années sont venues ; tu m’es apparu plus rarement, et ton sourire chaque fois était moins beau.
Ainsi, lorsque don Juan est entre Charlotte et Mathurine ; là, de plus, l’unité du lieu doit se résoudre, pour la vie réelle, en pluralité des lieux ; alors apparaîtra la vérité de la scène : l’homme qui courtise deux femmes, les courtise séparément et successivement. […] L’Avare est peut-être la pièce où l’élément universel est le plus dégagé : Harpagon est le plus abstrait des caractères de Molière : il est l’avare en soi ; l’usurier du xviie siècle n’apparaît qu’à une minutieuse étude. […] Emboîter ces réalités individuelles les unes dans les autres, équilibrer les actions et les réactions, établir partout des correspondances si exactes, que, les personnages une fois posés, l’auteur soit seulement le secrétaire de leurs propos, l’enregistreur de leurs actions, voilà peut-être la partie la plus délicate de l’œuvre comique, et où le génie de Molière apparaît le plus.
— Dans Lohengrin, inspiration merveilleuse, le monde divin apparaît, l’ange se révèle dans le héros. […] Kundry apparaît demi-couchée sur un lit de fleurs. […] Le plan de l’écrit médité apparaît clairement.
Derrière les acteurs apparaissent les causes. […] Un seul personnage peut-être apparut sur la scène vers la fin de la tempête, qui a été vraiment libre et fort dans son orgueil solitaire, d’autant plus maître de lui qu’il n’a jamais été en communication avec les grands courants de la patrie ou de l’humanité : c’est Napoléon, digne par son indomptable personnalité de prendre place parmi les héros de Plutarque, si son âme eût été à la hauteur de son intelligence. […] Il n’en est pas moins vrai qu’ici encore le divorce apparaît entre la conscience et la science, et que celle-ci, en histoire comme en physiologie, prétend opposer ses révélations positives à ce qu’elle appelle les illusions du sens intime.
La littérature française apparaît comme une succession d’empires dont chacun est renversé par une guerre littéraire ou une révolution, et auquel un autre empire succède. […] Mais ils apparaissent avec une clarté suffisante. […] Goethe, qui avait une partie de son œuvre devant lui, n’avait pas encore pris la stature qui devait apparaître à la postérité. […] Guizot, élevé à Genève, et plus genevois encore que Mme de Staël, allait jouer sur la scène politique, à des risques et périls qui apparurent en 1848, le drame même des idées politiques staëliennes. […] Quand la génération des Parnassiens, de Dumas fils et de Flaubert arborera le drapeau de la technique, ce sera précisément dans cette technique qu’elle apparaîtra le mieux comme une génération d’épigones.
La littérature lui apparut bien vite comme un signe à interpréter. […] Mais la « Dilecta » est apparue dans son existence, cette amie romanesque et si dévouée qui lui a posé la Madame de Mortsauf du Lys dans la vallée. […] Les poètes qu’il n’a jusqu’ici connus et admirés que dans leur art, un Homère, un Eschyle, un Sophocle, un Théocrite, un Virgile lui apparaissent dans leur vérité vivante. […] Dans aucun de ses romans elle n’apparaît avec plus de force que dans ces Roquevillard, auxquels cette épigraphe est empruntée. […] Elle commençait d’apparaître comme une force nouvelle, aussi féconde en miracles que la chimère romantique l’avait été en avortements.
Maurice Barrès, et d’apparaître aussi chez un nouveau venu, de talent original, dans les Contes pour les Assassins, de M. […] Jean Moréas m’apparaît comme la complémentaire de François Coppée. […] Mais aux premiers mots de littérature, consultation, etc., il prend un air désagréable, migraine, et m’apparaît alors dans une disgrâce réelle. […] Pour éviter des circuits, nous traversâmes des guérêts, enfilâmes des chemins creux bordés de haies qui apparaissaient, avec les mille petits yeux entr’ouverts des bourgeons, comme baignées d’une atmosphère verte. […] Renan, par exemple, malgré sa facilité à manier les idées générales, ne m’apparaît pas comme un esprit créateur, au contraire de Flaubert et des Goncourt qui n’ont pas cette aptitude, mais qui surent apporter à la littérature les éléments féconds qui lui manquaient.
Et, comme ils l’aimaient et l’admiraient un peu en cachette de leur évêque, ce culte qu’ils me faisaient partager avait pour moi l’attrait de quelque chose de vaguement défendu ; et le Macchabée catholique m’apparaissait avec le prestige d’un héros réfractaire, d’un outlaw, suspect aux puissances établies. […] Longtemps avant le coup de la grâce, le catholicisme commençait d’apparaître à Veuillot comme le grand et seul remède aux maux humains : aux troubles de l’âme par la certitude ; aux souffrances et aux injustices sociales, soit par la charité chrétienne, soit par la sanction après la mort. […] Ainsi ce corps de l’Église nous apparaît divinement humain… Le dogme des Indulgences n’est pas l’abri de la paresse : il est le dogme des douces condescendances envers la fragilité humaine… Quand nos mains sont pures, elles sont magnifiquement transformées ; elles deviennent le vase qui peut répandre à larges ondes l’eau du rafraîchissement… Ainsi nous pouvons, par la prière et les bonnes œuvres, descendre dans ce formidable purgatoire, etc. […] L’Église étant, aux yeux de Veuillot, la vérité et, par suite, l’empire du monde lui appartenant, l’esprit laïque, c’est-à-dire l’esprit libéral, qui se défie d’elle et qui prétend la cantonner dans le secret des temples ou du foyer domestique, apparaît nécessairement à Veuillot comme l’esprit d’erreur.
Ça n’empêche pas que vous ne soyez gentil, très gentil… » Et, tout en lui parlant, il lui tapote les joues comme à une petite femme, en effet ; et il apparaît ici que le jeune duc est qualifié et traité, fort exactement, comme il le mérite. […] Ici apparaît un des plus graves inconvénients du « romanesque », qui, étant une déformation optimiste du monde réel, ne peut absolument pas souffrir que la vertu soit longtemps malheureuse, et qui, dans son désir de la récompenser, ne s’aperçoit pas toujours qu’il lui communique trop à elle-même ce besoin de récompense et qu’il lui ôte quelques-unes des marques auxquelles précisément on la reconnaît. […] Et Costard, Labosse, Bobette et les autres nous apparaissent ainsi comme des façons de poètes burlesques. […] Et elle s’arrache des bras de l’officier et apparaît aux invités du bon M.
Cette loi apparaît tout d’abord dans les grandes dissemblances des productions terrestres du Nouveau Monde et de l’Ancien, excepté dans les contrées boréales, où les terres s’approchent de si près et où, sous des climats très peu différents du climat actuel, les libres migrations ont dû être faciles pour les formes adaptées aux régions tempérées du Nord, comme elles sont encore possibles aujourd’hui pour les productions exclusivement arctiques. Le même fait apparaît dans les grandes différences des habitants de l’Australie, de l’Afrique et de l’Amérique du Sud sous les mêmes latitudes ; car ces contrées sont aussi complétement séparées les unes des autres qu’il est possible. […] Mann, en recueillant des plantes dans l’île de Fernando-Po, a commencé à voir apparaître à la hauteur de 5, 000 pieds des formes appartenant à l’Europe tempérée. […] Ce qui apparaît avec toute évidence, c’est que les phénomènes glaciaires ont tous les caractères de phénomènes polaires.
On faisait apparaître à leurs yeux, pendant quelques secondes, une série de lettres qu’on leur demandait de retenir. […] Or, si les perceptions ultérieures diffèrent de la première perception en ce qu’elles acheminent le corps à une réaction machinale appropriée, si, d’autre part, ces perceptions renouvelées apparaissent à l’esprit avec cet aspect sui generis qui caractérise les perceptions familières ou reconnues, ne devons-nous pas présumer que la conscience d’un accompagnement moteur bien réglé, d’une réaction motrice organisée, est ici le fond du sentiment de la familiarité ? […] Mais le mécanisme en voie de construction ne saurait apparaître à la conscience sous la même forme que le mécanisme construit. […] Elles apparaissent alors, en fait, à notre conscience, alors qu’elles sembleraient devoir, en droit, rester couvertes par l’état présent.
Les margraves, les grands-ducs et les rois qui y apparaissent auraient inspiré Offenbach ou Hervé. […] Si l’auréole n’est plus aussi radieuse, cette tête aimable, fine, aristocratique, apparaîtra encore en une assez belle et pure lumière. […] La vérité leur fût apparue alors. […] Got est arrivé à ce degré de l’art où l’art n’apparaît plus : ce n’est pas Got que l’on a devant soi, c’est Bernard. […] Mais voici une bonne grosse figure débonnaire qui apparaît.
Puis s’arrachant au vague, il en vint à s’occuper scientifiquement et historiquement des religions révélées, et c’est au fort de ces études opiniâtres dans lesquelles s’absorbait sa précoce pensée, que, le nouveau christianisme de Saint-Simon lui étant apparu sous son véritable jour, il se fit une révolution en lui ; que ses études, jusque-là confuses, s’enchaînèrent ; que le chaos du passé se déroula harmonieusement à ses yeux, et qu’il saisit la raison divine des choses, s’écriant à la vue de l’Église de toutes parts croulante et de la synagogue encore debout : « Oui, nous marchons vers une grande, vers une immense unité : la société humaine, du point de vue de l’homme ; le règne de Dieu sur la terre, du point de vue divin ; ce règne que les fidèles appellent tous les jours par leurs prières depuis dix-huit ceints ans.
Mais dans cette horrible ivresse, l’homme se sent condamné à un mouvement perpétuel ; il ne peut s’arrêter à aucun point limité, puisque la fin de tout est du repos, et que le repos est impossible pour lui ; il faut qu’il aille en avant, non qu’au-devant de lui l’espérance apparaisse, mais parce que l’abîme est derrière, et que, comme pour s’élever au sommet de la montagne Noire, décrite dans les Contes Persans, les degrés sont tombés à mesure qu’il les a montés.
Ainsi, dans le débat sur les anciens et les modernes, j’aperçois le xviiie siècle qui apparaît et qui détruit le xviie siècle en s’en dégageant.
Mais là encore l’essentielle imbécillité de ce disciple apparaît : c’est un Rousseau affadi, radotant, affecté d’une sécrétion surabondante des glandes lacrymales.
Il apparaît une figure presque unique en Europe, aujourd’hui, non seulement par son œuvre, mais par sa vie, ses attitudes, tous les gestes de sa pensée, son influence sur une race entière, ce je ne sais quoi, ce fluide, ce halo dont sa tête et son nom s’auréolent.
III Je voudrais rencontrer une brute, un être primitif et sensitif frissonnant aux frissons de la forêt, rêveur à cause du murmure des roseaux frôlés par le vent aux rives des fleuves, illuminé d’un doux rire puéril aux querelles des oiseaux, heureux par la pureté du soleil qui se lève et surtout épris, sans le savoir, de quelque Ève apparue un soir de printemps, au lointain bleu d’une allée, enfuie depuis, Dieu sait vers quels saules.
Bailey apparaît, non plus comme un dissident de l’École écossaise, mais comme un précurseur des contemporains.
Une jeune fille hystérique voyait la Vierge lui apparaître : en lui pressant l’œil, on dédoublait invariablement cette apparition miraculeuse, et on lui faisait voir deux Vierges.
« Ils étaient tous deux justes devant Dieu… Ils n’avaient point d’enfants, parce que Élisabeth était stérile, et qu’ils étaient tous deux avancés en âge. » Zacharie offre un sacrifice ; un ange lui apparaît debout à côté de l’autel des parfums .
C’est mon ami Grimm ou ma Sophie qui m’ont apparu, et mon cœur a palpité, et la tendresse et la sérénité se sont répandues sur mon visage ; la joie me sort par les pores de la peau, le cœur s’est dilaté, les petits réservoirs sanguins ont oscillé, et la teinte imperceptible du fluide qui s’en est échappé, a versé de tous côtés l’incarnat et la vie.
II L’histoire des premiers ducs de Normandie est, en effet et avant tout, un récit dramatique, mouvementé, pittoresque, comme toutes les histoires où les peuples neufs apparaissent, et, hordes encore, s’essaient à devenir société.
« Ô toi, dit-il, soit que, porté à travers les cieux sur le char de la gloire, à la hauteur où montent les grandes âmes, tu dédaignes la terre et te ries des tombeaux, soit que tu habites, aux bords élyséens, le bocage de paix où s’assemblent les guerriers de Pharsale, et que les Pompée et les Caton accompagnent ton noble chant ; soit que, fière et sacrée, ton ombre ignore le Tartare, et que tu entendes de loin les supplices des méchants, et n’aperçoives que derrière toi Néron, pâle sous le regard irrité de sa mère, apparais-nous dans ton éclat !
« D’abord, nous avons des phénomènes analogues dans la moiteur qui couvre un métal froid ou une pierre lorsque nous soufflons dessus, qui apparaît en été sur les parois d’un verre d’eau fraîche qui sort du puits, qui se montre à l’intérieur des vitres quand la grêle ou une pluie soudaine refroidit l’air extérieur, qui coule sur nos murs lorsqu’après un long froid arrive un dégel tiède et humide. — Comparant tous ces cas, nous trouvons qu’ils contiennent tous le phénomène en question. […] Il faut donc tourner l’obstacle, et c’est ici qu’apparaît la dernière clef de la nature, la méthode de déduction. […] La première apparaît au début, la seconde à la fin. […] Une faculté magnifique apparaît, source du langage, interprète de la nature, mère des religions et des philosophies, seule distinction véritable, qui, selon son degré, sépare l’homme de la brute, et les grands hommes des petits : je veux dire l’abstraction, qui est le pouvoir d’isoler les éléments des faits et de les considérer à part. […] À mesure que la grande ligne d’ombre reculait, les fleurs apparaissaient au jour brillantes et vivantes.
D’abord, nous avons des phénomènes analogues dans la moiteur qui couvre un métal froid ou une pierre lorsque nous soufflons dessus, qui apparaît en été sur les parois d’un verre d’eau fraîche qui sort du puits, qui se montre à l’intérieur des vitres quand la grêle ou une pluie soudaine refroidit l’air extérieur, qui coule sur nos murs lorsqu’après un long froid arrive un dégel tiède et humide. — Comparant tous ces cas, nous trouvons qu’ils contiennent tous le phénomène en question. […] Il faut donc tourner l’obstacle, et c’est ici qu’apparaît la dernière clef de la nature, la méthode de déduction. […] La première apparaît au début, la seconde à la fin. […] Une faculté magnifique apparaît, source du langage, interprète de la nature, mère des religions et des philosophies, seule distinction véritable, qui, selon son degré, sépare l’homme de la brute, et les grands hommes des petits : je veux dire l’abstraction, qui est le pouvoir d’isoler les éléments des faits et de les considérer à part. […] A mesure que la grande ligne d’ombre reculait, les fleurs apparaissaient au jour brillantes et vivantes.
Le bleu, c’est-à-dire le ciel, est coupé de légers flocons blancs ou de masses grises qui trempent heureusement sa morne crudité, — et, comme la vapeur de la saison, — hiver ou été, — baigne, adoucit, ou engloutit les contours, la nature ressemble à un toton qui, mû par une vitesse accélérée, nous apparaît gris, bien qu’il résume en lui toutes les couleurs. […] La jeune femme veut relever les jupes de son amant15. — Cette page luxurieuse serait, dans le musée idéal dont je parlais, compensée par bien d’autres où l’amour n’apparaîtrait que sous sa forme la plus délicate. […] Une figure ridicule, grand nez, grandes lunettes, grandes moustaches en croc, apparaît entre deux rideaux. — Tout cela est d’une jolie couleur, fine et simple, et ces trois personnages se détachent parfaitement sur un fond gris. […] Mais toutes ces choses ne nous apparaissent que dans un jour presque effrayant ; car ce n’est ni l’atmosphère dorée qui baigne les champs de l’idéal, ni la lumière tranquille et mesurée des régions sublunaires. […] Quand elle est devenue un art de salon ou de chambre à coucher, on voit apparaître les Caraïbes de la dentelle, comme M.
Si on veut leur sourire, ils vous épouvantent par ce qu’ils ont dans les yeux de ciel et de tonnerre ; si on veut leur rendre un culte, ils en apparaissent indignes par leur humanité visible. […] B… et A… a fussent apparus tous les soirs, en grandeur naturelle, juste sous l’étoile β de la Lyre ? […] Mais est-elle toujours ainsi Qu’elle m’est, un soir, apparue ? […] La fenêtre est ouverte et le gouffre apparaît. […] Dans un de ses plus aimables recueils, intitulé le Harem, Ernest d’Hervilly évoque les belles femmes de tous les pays, et chacune nous apparaît, bizarrement exotique, avec ses attributs de race et de climat, dans le milieu qui lui est particulier.
Peut-être ont-elles, les deux époques, juste la valeur représentative de ces deux noms et si Louis XIV nous apparaît en bois, Voltaire, lui, est en boue. […] Cette unité de la préoccupation morale apparaît plus évidente encore, quoique moins éclatante, dans les Moralistes proprement dits, de La Rochefoucauld à La Bruyère. […] Comme Pascal, de qui pourtant il apparaît si loin, Shelley est notre contemporain. […] La Confession ne mire que la douleur et nous apparaît — point de vue que les admirateurs mêmes de Musset ont trop négligé — comme le chef-d’œuvre d’un aigu et dolent moraliste […] Taine et j’ajoute : tel qu’il nous apparaissait, hélas !
Mélisse porte à Roger l’anneau qui fait disparaître tous les enchantements de la magie ; dès que Roger a passé à son doigt l’anneau, Alcine lui apparaît sous sa forme hideuse d’une vieille magicienne, faisant horreur et dégoût. […] … Je vivais heureuse de mon sort, aimée, jeune, riche, honnête et belle ; je suis maintenant avilie, misérable, malheureuse… Mon père allait assister à quelque tournoi dans la ville de Bayonne ; parmi les chevaliers qui venaient pour y figurer, soit qu’Amour me le fît ainsi apparaître, soit que sa valeur éclatât d’elle-même en lui, le seul Zerbin me sembla digne de louange ; c’était le fils du grand roi d’Écosse, « Pour lequel, après qu’il eut donné dans la lice des preuves merveilleuses de sa chevalerie, je me sentis prise d’amour, et je ne m’aperçus que trop tard que je n’étais plus à moi-même ; et, malgré tout ce que je souffre pour lui, je ne puis m’arracher de l’esprit que je n’avais pas mal placé mon cœur, mais que je l’avais donné au plus digne et au plus beau des paladins qui soit sur la terre. » Elle raconte comment ils s’aimèrent. […] XI Tout à coup Arioste redevient grave en faisant parcourir à Bradamante la galerie d’un château enchanté dans lequel des tableaux prophétiques font apparaître d’avance à ses yeux toute l’histoire de la maison d’Este, mêlée à l’histoire de l’Europe moderne ; il s’élance de là à la suite d’Astolphe monté sur l’hippogriffe, et qui jetait du haut des airs un coup d’œil géographique sur l’univers.
Et il rappelait dans sa vie, une certaine soirée où il aimait, une soirée, où Paris lui était apparu comme une ville transfigurée… une ville blanche, sans prostitution aux coins des rues… Et il avait senti le besoin d’aller raconter son impression à Coquelin l’aîné, en train de quitter dans sa loge le costume de Mascarille, et qui lui avait dit : « Tu es saoul ! […] » Lundi 11 août Aujourd’hui par une percée, dans la verdure de l’Allée de ceinture, on voyait la campagne dans un ensoleillement de la blancheur des choses chauffées à blanc, et sur les champs moissonnés, l’entrecroisement des javelles dorées, apparaissait comme un délicat travail, de paille tressée. […] * * * — Il y a des jours, où Barbey d’Aurevilly m’apparaît comme un personnage de Byron, un Lara joué à Montparnasse, par un de ces acteurs qui représentent les pairs de France, avec un mouchoir à carreaux bleus d’invalide.
Quelles scènes illuminées m’apparaissaient toutes pleines des personnages créés par mon imagination ! […] XVII Le Temple apparut dans la lumière dorée dont je l’ai vu plus tard baigné, par un beau jour, sur la montagne dont le précipice est la vallée des Lamentations. […] L’intervention divine apparaît au cinquième acte par un miracle de zèle dans Joad, de fidélité dans les tribus de Juda et de Benjamin.
On peut dire du moins que les représentations qu’il en autorise, ou qu’il en favorise, nous apparaissent comme autant de distractions par le moyen desquelles il tâche à retenir un pouvoir qu’il sent qui lui échappe. […] On ne compose plus de Fabliaux, et même les grands Mystères n’apparaissent que tout à fait à la fin de la période. […] A. — Les Chansons de toile ou d’histoire ; — et qu’elles sont contemporaines de l’épopée nationale, comme le prouvent : — leur tour essentiellement narratif ; — le rôle que les femmes y jouent ; [ce sont elles qui font les avances, et les hommes les traitent avec la brutalité dont ils usent toujours en pareil cas] ; — enfin l’indistinction des éléments épique, lyrique, et même dramatique. — L’élément épique domine dans les Chansons d’histoire proprement dites ; — l’élément dramatique se dégage dans les Pastourelles et Chansons à danser, dont le développement ultérieur aboutit, — sous l’influence des divertissements des Fêtes de Mai, — à de véritables pièces, telles que le Jeu de Robin et Marion, d’Adam de la Halle, 1260 ; — mais le second, l’élément lyrique ou personnel, n’apparaît qu’au contact de la poésie provençale.
L’abbé de La Mennais, avec cette éloquente énergie de conviction qui ne s’est pas relâchée un seul instant depuis, apparut tout d’un coup au siècle en 1817, par son premier volume de l’Essai sur l’Indifférence ; les deux ou trois écrits qu’il avait publiés auparavant l’avaient laissé à peu près inconnu. […] « Semblable à un rayon d’en haut, une Croix dans le lointain apparaissait pour guider leur course, mais tous ne la regardaient pas !
Je n’ai pas craint de fixer ce souvenir qui, toutes les fois que les succès de M ignet se renouvellent, m’apparaît de loin tout au début de sa carrière. […] Ce qu’il y avait d’extrêmement neuf et de singulièrement hardi dans l’œuvre de M ignet, c’était l’application qu’il faisait de ces lois, telles qu’elles lui apparaissaient, à un sujet si récent et à la représentation d’une époque dont tant d’acteurs, de témoins ou de victimes, existaient encore.
Dès l’année 1424, la famille des Médicis, alliée au pape Jean XXIII, apparaît dans l’histoire de Florence comme quelque chose de plus grand qu’un citoyen. […] Tous les mouvements, tous les sentiments de sa dame occupent sans cesse sa pensée : elle sourit, ou elle s’irrite ; elle refuse, ou elle est près de céder ; elle est absente, ou présente ; elle s’introduit le jour dans sa solitude, ou elle lui apparaît dans ses songes de la nuit, précisément au gré du caprice de l’imagination qui le guide.
Les idées de Montaigne Mais enfin voilà le produit net de sa vaste et curieuse enquête : à travers tous ces faits, témoignages et arguments qui se choquent confusément, ceci seul apparaît, que les hommes ne sont d’accord sur rien, qu’ils ne savent rien : en politique, en législation, en morale, en religion, en métaphysique, les peuples donnent des démentis aux peuples, les siècles aux siècles ; le vulgaire se divise, et les savants s’accusent de rêverie ou d’ânerie. […] Et l’un des caractères éminents qu’il offre, c’est celui par lequel la littérature classique apparaît surtout comme une des plus pures formes de l’esprit français : c’est cet ensemble de qualités sociables, cette vive lumière d’universelle intelligibilité, qui fait des Essais un livre humain, et non pas seulement français.
Des façons d’être qui semblent toutes simples aux prêtres et aux fidèles pieux, et auxquelles ils ne prennent pas garde parce qu’elles leur sont familières et naturelles, si on les voit du dehors, apparaissent singulières, fortement caractéristiques, et révèlent des âmes extrêmement différentes de celles de la grande majorité des hommes. […] Or l’abbé Célestin rencontre à Lignières une fille très pieuse, très pure et très innocente, Marie Galtier, une de ces pastoures à qui la sainte Vierge apparaît quelquefois.
Cela me fâche un peu que, ayant vécu dans le siècle qui a le mieux compris l’histoire, ce poète n’en ait vu que le décor et le bric-à-brac, et que les Papes et les rois lui apparaissent tous comme des porcs ou comme des tigres. […] Cette poésie, que ma pensée et mon cœur ont parfois trouvée indigente, finit donc par apparaître, à qui sait lire, comme la plus opulente qui se puisse rêver.
Il en eut la pensée dans le temps où il aima la gloire avec candeur, alors qu’elle lui apparaissait sous les traits des jeunes Français de l’âge futur apprenant de lui à admirer, dans l’époque où régna Louis XIV, toutes les grandeurs de leur pays. […] Dans le second, nous voyons apparaître et comme se lever successivement à l’horizon, tous ces astres de la poésie, de l’éloquence et des arts, qui brillent à jamais au ciel de la France, et dirigent ses générations dans toutes les voies de l’idéal.
Ainsi envisagé, sous ses diverses faces, le xviiie siècle apparaît semblable à la petite statue que le philosophe Babouc présenta au génie Ituriel, pour lui faire entendre ce qu’il pensait de la ville de Persépolis : elle était composée « des terres et des pierres les plus précieuses et les plus viles. » Si l’on représentait par un de ces graphiques, qui sont aujourd’hui d’usage courant, les différentes vertus et le niveau moyen que le xviiie siècle a atteints dans chacune d’elles, c’est une ligne montant très haut et descendant très bas qu’on obtiendrait de la sorte. […] Il suffit que certains personnages, certains actes apparaissent plus sympathiques que d’autres (et comment pourrait-il en être autrement ?)
Plus tard, dans l’Odyssée, l’Ombre d’Agamemnon, entourée des âmes de ses compagnons, apparaît à Ulysse évoquant les Mânes, et elle lui raconte, avec une sorte de fureur tragique, le festin de meurtre où ils périrent sous les coups d’Égisthe. […] La maison d’Atrée lui apparaît toute sanglante des meurtres passés, des meurtres prochains. — « Demeure détestée des dieux !
Et nous nous demandons ce qu’il peut y avoir derrière cette voûte, ce que signifie cette comédie : la vie ; ce que c’est que ce Dieu, qui est loin de nous apparaître avec les attributs de la bonté, ce Dieu qui préside à la loi du dévorement des créatures ; ce Dieu de cette nature, seulement préoccupée de la conservation des espèces et si férocement dédaigneuse des individus… Et puis Dieu, se le figure-t-on occupé à fabriquer la cervelle de M. […] * * * — Dans les troubles de l’art, à la fin des vieux siècles, quand les nobles doctrines sont mourantes, et que l’art se trouve entre une tradition perdue et quelque chose qui va naître, il apparaît des décadents libres, charmants, prodigieux, des aventuriers de la ligne et de la couleur qui risquent tout, et apportent en leurs imaginations, avec une corruption suave, une délicieuse témérité.
Ils apparaissaient à l’homme dans un échevèlement de lumière horrible. […] Ils ont une autre excuse encore : l’état cérébral du genre humain lui-même au moment où ils apparaissent ; le milieu ambiant des faits, modifiables, mais encombrants.
Ces portraits et caractères composés si savamment, mais composés et concertés, auraient pris plus de naturel et de vie ; les originaux vrais auraient apparu, se seraient développés avec ampleur et abandon, et je ne sais quel charme qui leur manque ; je le suppose toujours à l’abri du trop de facilité et de laisser-aller. […] Ce n’est guère qu’avec l’imprimerie, au xve et au xvie siècle, que les écrivains apparaissent comme une profession spéciale.
Le volume que nous publiâmes ne contenait que quelques feuilles de cette rose de correspondance, soufflées par le vent autour de nous et que nous avions, ramassées ; mais Mlle de Guérin n’y apparaît pas moins dans toute sa stature et aux yeux de ceux qui rêvent pour son frère une renommée, ainsi que l’Ange Annonciateur de sa gloire. […] si elle avait vécu plus longtemps, si elle avait vu s’élever de sa tombe cette gloire touchante dont elle ne se doutait pas et qui maintenant est la sienne, la faiblesse des plus purs comme des plus forts est si grande qu’elle se serait peut-être enivrée à cette coupe, que les âmes, émues par elle, appellent son génie, et l’auteur, la femme littéraire qu’elle ne fut jamais, aurait bien pu commencer de poindre et d’apparaître.
Déjà cette merveille apparaît à la surface de leur être, dans leurs, propos, dans leurs actes, Ô sainte préfiguration ! […] Chez Rival et chez tous ses frères n’apparaît jamais aucun souci de la gloire : nul désir que de bien faire ; ils exhalent leur parfum intérieur, sans aucun souci de l’effet à produire, mais ils forment la parure de la France et nous les mettons en vue, non pour eux, que l’on ne peut payer, mais pour la gloire de la France.
Qu’on y regarde de près : on verra que l’écueil de tout idéalisme est là ; il est dans ce passage de l’ordre qui nous apparaît dans la perception à l’ordre qui nous réussit dans la science, — ou, s’il s’agit plus particulièrement de l’idéalisme kantien, dans le passage de la sensibilité à l’entendement. — Resterait alors le dualisme vulgaire. […] Et les sensations, bien loin d’être les matériaux avec lesquels l’image se fabrique, apparaîtront au contraire alors comme l’impureté qui s’y mêle, étant ce que nous projetons de notre corps dans tous les autres.
Il est vrai que là où la division du travail commence, nous ne voyons pas l’égalitarisme apparaître ; au contraire. […] Simmel 170 de même que l’individualité d’une chose augmente à proportion du nombre des idées auxquelles elle participe, ainsi l’augmentation du nombre des groupes dont elles font partie accroît l’originalité des personnes : elles apparaissent comme des synthèses uniques, carrefours de groupes qui ne se rencontrent pas deux fois absolument les mêmes. — Et ainsi la complication sociale, aidant au raffinement des différences en même temps qu’à l’élargissement des ressemblances, conduirait indirectement, pour les raisons que nous avons déjà notées, à l’égalitarisme.
Je n’aurais qu’à supposer que le soir ayant lu, avant de m’endormir, quelques pages des Analecta alexandrina, les auteurs eux-mêmes m’apparurent en songe, accompagnés de toute la foule des ombres poétiques dont le temps a dispersé les restes et nivelé les tombeaux.
Cette sorte de conjuration instinctive et intéressée de tous les hommes de bon sens et d’esprit contre l’homme d’un génie supérieur n’apparaît peut-être dans aucun cas particulier avec plus d’évidence que dans les relations de Diderot avec ses contemporains.
., sont traités à part, et certains côtés, non publics, de ces événements, apparaissent pour la première fois de manière à compléter les notions éparses qu’on en a déjà.
La ville où l’on séjourne a beau être embrouillée, inégale, tortueuse, sans ordre et sans plan, pleine de carrefours, de tréteaux de charlatans, de passages et de ruelles, de monuments inachevés dont les pierres encombrent les places, d’arcs de triomphe sans chars ni statues de vainqueurs, de clochers et de coupoles sans croix : quand le soleil est couché, quand, du haut des collines prochaines, le voyageur qui n’est pas entré dans cette ville et qui n’y a pas vécu, l’aperçoit à l’horizon dessinant sa silhouette déjà sombre sur le ciel encore rougi du couchant, il la voit toute différente ; il y distingue des étages naturels, des accidents dominants, des masses imposantes et combinées ; les édifices que la distance et l’obscurité achèvent et idéalisent à ses yeux, lui apparaissent selon des hauteurs bien diverses.
Si l’enfant est fort en retard, il dit : « Maman m’a retenu ; elle avait besoin de moi. » Il crée un conflit de devoirs : ici apparaît une question générale.
Les œuvres où se continuait la précédente époque nous apparaissent noyées au milieu du fatras, des platitudes, des grossièretés, des violences sans caractère et sans décence, par où toute sorte d’écrivassiers flattèrent les passions du peuple, et les entretinrent honteusement sous prétexte de se mettre à sa portée.
Et de plus, une sorte de tristesse philosophique imprègne certaines scènes, où la désillusion pessimiste apparaît à la suite de la ruine de la volonté.
Ce n’est pas tout : l’Astronomie ne nous a pas appris seulement qu’il y a des lois, mais que ces lois sont inéluctables, qu’on ne transige pas avec elles ; combien de temps nous aurait-il fallu pour le comprendre, si nous n’avions connu que le monde terrestre, où chaque force élémentaire nous apparaît toujours comme en lutte avec d’autres forces ?
Dans un article : les Symbolistes, il écrivait : « À qui suit de près la jeunesse littéraire et se rend compte de la totalité de son effort, il n’apparaît point que les esprits soient tournés plutôt vers le Symbolisme que vers n’importe quoi.
Alfred de Musset, qui a gravé le sien dans celui de Madame Sand et à une telle profondeur qu’on ne peut plus effacer le chiffre qu’ils forment pour la Postérité, n’apparaît, lui, qu’à la CXIIe lettre, et il ne fait que passer comme un pâle fantôme dans le clair-obscur de deux ou trois lettres dont on a épaissi l’obscurité.
Bouilhet n’apparaît pas en ses poésies, et on ne l’y trouve que comme un atome et le microscope à la main !
Tout à coup il personnifie les lois, et suppose qu’au moment même où il va mettre les pieds hors de la prison pour s’enfuir, les lois lui apparaissent et lui crient : « Socrate, que fais-tu ?
Mais les flots de la barbarie, mal contenus par le despotisme usé du vieux monde, allaient pour un temps tout submerger et tout détruire, sauf les croix immortelles des églises, qui apparaîtraient encore çà et là sur l’abîme.
Elvire n’apparaît que sur les lacs et sous les clairs de lune. […] Mais une nuit, sur les ruines du Colisée, il a été touché d’un rayon d’en haut, il s’est repenti. » Alors le Christ apparaît. […] La nuit vient : Ève a peur que ce ne soit la fin du monde ; Adam même, déjà faible, n’est pas tranquille : un ange apparaît et les rassure. […] Si bien qu’au bout de quelque temps la fausseté de certains détails ne choque plus, n’apparaît même plus dans l’exagération générale. […] Ç’a été aussi, du reste, une des originalités de Flaubert ; mais elle apparaît plus constante et moins laborieuse chez M. de Maupassant.
Minerve apparaît, — d’ailleurs ironique, elle aussi : « N’ayez pas peur : je ne suis pas votre ennemie, et je ne vous veux que du bien. […] Et sans doute, il apparaît, à des traits assez forts, que M. […] L’idéal qu’il se forme de la jeune fille et du mariage est très étroitement chrétien, comme il apparaît dans la courageuse conclusion de son drame. […] Oui, dans les trois premiers actes, où il nous apparaît comme une nouvelle « épreuve », élégante et nette, de Paul Astier et autres personnages néo-balzaciens. […] » Cependant, le brouillard se dissipe, et la blanche Tripoli apparaît.
L’être moral que nous appelons l’Anglais apparaît alors avec tous les traits sous lesquels nous le connaissons aujourd’hui. […] Je n’aurai point la fatuité de donner l’explication qui m’est apparue au milieu des émotions de la lecture comme l’absolue vérité. […] L’originalité véritable de sa nature apparaît, et l’on voit jusqu’au fond de son âme. […] Dès la première scène où ils apparaissent, les personnages nous disent tout ce qu’ils sont. […] L’humanité leur apparaît à tous deux sous le même aspect, un aspect noir, sec, grimaçant, bizarre et compliqué.
Puis, comme un éclair dans la nuit, apparurent quelques souvenirs lumineux. […] Il vaudrait mieux qu’il ne parlât aucune langue, mais qu’il dît la vérité. — Bon, le voilà qui vient ; sitôt qu’on parle de lui, il apparaît, ajouta Marpha Timoféevna, jetant un coup d’œil dans la rue. […] Au détour d’une allée, l’habitation lui apparut ; deux fenêtres seulement étaient faiblement éclairées ; la flamme d’une bougie tremblait derrière les rideaux de Lise, et, dans la chambre de Marpha Timoféevna, une lampe faisait briller de ses reflets rougeâtres l’or des saintes images. […] … Lavretzky se souleva… Une forme connue lui apparut : Lise était au salon. […] Les sons s’arrêtèrent, et la figure du vieux musicien, en robe de chambre, les cheveux en désordre, la poitrine découverte, apparut à la fenêtre.
Il me semble que dans le Docteur Pascal apparaissent nettement ces deux couches d’origine différente et de profondeur inégale. […] Dans la première, Thiébault, qui n’a pas encore vingt ans, nous apparaît comme un bon jeune homme, selon la formule de son temps. […] Le plus sûr est de conjurer ce démon, dès qu’il apparaît. […] Elles ne sont pas toutes aussi pures, aussi idylliques, les jeunes filles et les jeunes femmes, qui m’apparaissent fugitives dans la pénombre. […] Notre enseignement supérieur y est si bien composé de pièces et de morceaux qu’il apparaît comme une espèce de chaos.
Le sujet, ou l’un des sujets, n’apparaît que pour être aussitôt abandonné. […] La complexité apparaît au lieu de l’indistinction primitive. […] L’humanité lui apparaît dans une sorte de grandissement. […] Les idées nous apparaissent dans leur pureté. […] Le soir, dans l’obscurité, des maisons apparaissent marquées d’une tache de lumière.
Au reste, un seul ouvrage où un sentiment vrai, une situation touchante, une idée digne d’être méditée, apparaîtraient sous des formes qui auraient attrait et fraîcheur, servirait plus la cause du goût et de la morale délicate que toutes ces discussions et récriminations stériles que, pour cette raison, nous nous hâtons de clore.
Nulle éloquence, nulle poésie dans tout cela, mais à chaque instant apparaissent des signes du voisinage de la vie, et cela suffit à dissiper la tristesse des déductions les plus tendues.
Ce type lui est d’abord apparu sous les traits de Saint-Mégrin, dans son drame de Henri III ; puis quand il a cédé à l’influence transitoire de la passion révolutionnaire, sous les traits de Robespierre dans l’histoire, d’Antony dans le drame ; dès que la passion de 1830 est refroidie, on voit reparaître dans ses ouvrages toute une famille de personnages dont Saint-Mégrin est l’aîné, intelligences avisées et pleines de ressources, caractères sans peur et sans scrupules, poignets vigoureux, beaux joueurs qui se font place dans le monde à la pointe de l’épée et de l’esprit : Saint-Mégrin, dans Henri III ; d’Artagnan, dans les Mousquetaires ; Bussy, dans la Dame de Monsoreau… Sans doute, M.
Théodore de Banville Je voudrais le montrer non tel que l’a dessiné Gavarni en cette lithographie exquise où le dandy-poète, déjà fatigué de la lutte, pâli par les veilles, ferme à demi ses yeux et regarde tristement le fantôme de la vie ; — mais fier, charmant, jeune, beau comme dans le médaillon où David nous conserva l’image de son enfance adorable, et tel qu’il apparut à cette soirée chez Charles Nodier, où il lut pour la première fois les Contes d’Espagne et d’Italie, et d’où il sortit célèbre.
Il revoit le passé, et, dans cette vision rétrospective des joies d’alors, pendant que s’efface le présent, apparaît la Gardienne de son adolescence, la chimère qui jadis emplissait son âme tout entière, celle qui jamais ne se désouvint de lui-même quand il errait au plus fort de la mêlée humaine, oublieux d’espérances plus hautes : Je suis la même encor, si ton âme est la même Que celle que l’Espoir aventurait au pli De sa bannière haute, et je reste l’emblème Du passé qui résiste à travers ton oubli.
La robe noire du docteur apparaît-elle, on doit s’attendre à le voir appliquer des sentences à tort et à travers et estropier du latin.
Ici l’antinomie entre l’idée d’individualité et l’idée de loi n’apparaît plus comme absolue.
— À quelle époque l’humanité ou chaque race est-elle apparue sur la terre Cette question devrait se résoudre par le balancement de deux moyens : d’une part, les données géologiques ; de l’autre, les données fournies par les chronologies antiques et surtout par les monuments.
Vous m’êtes en dormant un peu triste apparu.
Les yeux cachés passèrent hardiment par-dessus les éventails pour regarder le poète inconnu qui tout à coup venait d’apparaître.
Jules Janin et Théophile Gautier, très différents et très inégaux de talent, l’un écrivant comme on peint au pastel, l’autre, le Benvenuto Cellini de la langue, comme on grave sur l’acier, régnaient sur le feuilleton dramatique qu’ils avaient transformé en y introduisant une imagination inconnue, quand, tout à coup, entre eux surgit et apparut un jeune homme dont le talent semblait fait de l’éclat de l’un et de l’autre, ralliés et concentrés dans le sien.
À l’heure où elle apparaît dans l’Histoire, Marie-Antoinette y représente toutes les femmes légitimes ; et quand la Révolution la frappe, ce n’est pas seulement une femme, mais c’est le Droit même de la Femme qui tombe frappé et décapité avec elle !
À l’heure où elle apparaît dans l’histoire, Marie-Antoinette y représente toutes les femmes légitimes ; et quand la Révolution la frappe, ce n’est pas seulement une femme, mais c’est le Droit même de la Femme, qui tombe frappé et décapité avec elle !
et il ajoute, par une opposition qu’il est difficile de comprendre : « La philosophie politique ne vogue pas sans boussole sur cette mer des destinées où Dieu lui apparaît comme pôle et la vraie liberté pour port. » Mais l’utopie aussi a parlé ce langage.
Retardée, si l’initiative avait apparu, elle n’en aurait été que plus frappante.
Nonobstant la note très modeste que Barthélemy Saint-Hilaire a placée en tête de son ouvrage, pour nous apprendre que son livre avait paru par articles dans le Journal des Savants, au fur et à mesure que William Muir, Sprenger et Caussin de Perceval publiaient les leurs, je suis sûr qu’avec les habitudes de sa pensée, avec sa préoccupation si singulièrement philosophique et religieuse prouvée par la dissertation que je trouve, dans ce volume sur Mahomet, concernant les devoirs mutuels de la religion et de la philosophie, Barthélemy Saint-Hilaire, l’auteur déjà d’un livre sur Bouddha et sa religion, devait aller — de son chef — à cette grande figure de Mahomet, qui nous apparaît, en ce moment, comme une figure neuve en histoire, tant jusqu’ici elle avait été offusquée et enténébrée par l’ignorance, le parti pris et toutes les sottises, volontaires ou involontaires, des passions et du préjugé !
Dans les diverses tendances de sa pensée, dans les nombreuses vibrations de son genre de talent, dont aucune ne fut jamais assez retentissante pour l’emporter sur les autres et signifier la vocation, Gérard de Nerval m’apparaît plus fait pour l’érudition que pour toute autre chose.
Le magnifique poème de Moïse, à coup sûr, après Eloa, le plus beau du recueil, et qui paraît plus mâle et plus majestueux peut-être à ceux qui oublient ce Satan d’Eloa dont Milton aurait été jaloux, — le poème de Moïse n’apparaît pour la grandeur du sentiment et de l’idée, l’ineffable pureté des images, la solennité de l’inspiration, la transparence d’une langue qui a la chasteté de l’opale, qu’un fragment détaché de cette Eloa qui n’est pas seulement l’œuvre de ce nom, mais chez M. de Vigny, l’angélique substance de la pensée.
Mais, telle qu’il la dépeint, elle apparaît à ceux qui n’ont aucun préjugé ethnographique dans la grâce svelte d’une figurine de Tanagra. […] Le déterminisme vous apparaît dans l’ombre comme un spectre effrayant. […] Tel il apparaît dans la chanson de mademoiselle Marianne, connue dans toutes les provinces de France. […] Un jour, dit son biographe, comme, assis dans la chambre sépulcrale, il tressait des cordes, le Tentateur lui apparut sous la forme d’un homme de Dieu. […] Tel astre qui n’existe plus depuis dix mille ans nous apparaît encore.
Style qui crée les objets avec sa propre matière, plutôt qu’il ne les suscite en une vision où ils apparaîtraient par eux-mêmes, détachés de lui. […] Je dis « apparaissent », car c’est cette apparence qui seule importe ici. […] Ces familles littéraires, si exceptionnelles autrefois, n’apparaissent guère de façon courante qu’après 1850 — littérature fraternelle type Goncourt, littérature héréditaire type Dumas. […] Approuvons-les, mais peut-être, en y mettant cette rigueur, apparaissent-ils un peu comme des professionnels de l’honnêteté, une profession qui ne va pas sans automatisme. […] En attendant, il est apparu que le nom, le signe de Mallarmé authentiquaient une valeur-or.
L’ouverture des Noces de Figaro me fit apparaître d’avance toutes ces scènes badines, gaies, rieuses, amoureuses, semi-sérieuses, intriguées, nouées et dénouées comme des fils d’or et de soie qui s’entrecroisent, qu’on trouve, qu’on perd et qu’on retrouve dans la trame de la comédie de Beaumarchais. […] Il l’appelle dans sa maison, lui montre son trésor ; il lui propose de lui donner en mariage sa fille unique, beauté accomplie qui vient de sortir du couvent, et qu’il fait apparaître devant lui dans toute la fraîcheur de son adolescence : d’Aponte est enivré à la fois par l’amour et par la fortune, mais sa fatale passion pour la courtisane qu’il aime et qu’il redoute le fait hésiter. […] si donn’Anna venait encore m’apparaître !
Il suit, en rougissant, les traces de celle qui lui est apparue, heureux de son sourire, cherchant, pour la parer, les plus belles fleurs du vallon. […] nous pouvons commencer à couler le métal à travers l’ouverture ; il apparaît bien dentelé. […] Hommes dont le temps se moque quelquefois faute de les comprendre, mais qui se moquent du temps ; ils vivent à part des sottises et des vertus vulgaires ; solitaires de l’esprit, l’avenir les remarque d’autant plus qu’ils lui apparaissent plus isolés dans leur majestueux égoïsme.
Du fond de son âme s’élève l’image de Cormac, couvert de ses horribles blessures ; le pâle fantôme du jeune héros apparaît dans l’obscurité : le sang coule de ses flancs aériens. […] Ma voix est comme le bruit mourant des vents quand ils abandonnent les forêts ; mais Ossian ne sera pas longtemps seul : il voit la vapeur qui doit recevoir son ombre, il voit le brouillard qui doit former sa robe quand il apparaîtra sur ces collines. […] Un arbre solitaire s’élève au sommet de la colline et marque l’endroit où repose Connal : le vent fait voler et tournoyer dans les airs ses feuilles desséchées ; la tombe du héros en est jonchée : les ombres des morts apparaissent quelquefois en ce lieu, quand le chasseur pensif se promène seul à pas lents sur la bruyère.