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1158. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Nous avons accoutumé de prétendre qu’un livre soit une réponse à quelqu’une de nos curiosités ou de nos inquiétudes. […] Vous prétendez que son exaltation l’éloigne de l’exacte vérité : c’est, en somme, lui accorder peu de discernement. […] Je ne prétends pas que son livre soit agréable. […] Il prétend les convaincre par les faits. […] Si l’on prétendait y trouver les croyances d’Homère ou de son époque, on se tromperait, — dit M. 

1159. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Piron nous a raconté lui-même, dans la préface de la Métromanie, comment ses parents, tout bons Gaulois qu’ils étaient, prétendaient l’engager dans un état régulier et le voulurent faire prêtre d’abord, puis médecin, puis avocat. […] En ce monde des Anciens, un honnête homme tel que Pline le Jeune prétendait bien ne pas mourir sans avoir scandé et tourné en hendécasyllabes une bagatelle dans ce goût-là. […] Voltaire, je l’ai dit, avait très-peu de considération pour Piron, et, en aucun temps, il ne parut s’occuper beaucoup de lui ; mais, dans les dernières années, il le reniait absolument et prétendait ne l’avoir connu qu’à peine : « Je ne crois pas avoir entrevu Piron trois fois en ma vie », écrivait-il au Mercure de France (19 avril 1776).

1160. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Mais quand il s’agit de morts déjà anciens, et dont la dépouille est à tout le monde, comment venir prétendre qu’on les possède mieux, qu’on a la tradition de leur manière et la clef de leur esprit, plutôt que le premier venu qui en parlera avec aplomb et d’un air de connaissance ? […] Nous ne prétendons pas compter dans cette riche et fine organisation toutes les impressions et les influences ; mais nous tenons évidemment les principales, celles qui, en se croisant, ont formé la trame subtile, très imbris torti radios… Toutes les idées et les vues que lui suggéra la lecture du livre de Mme de Staël, il les écrivit pour lui seul d’abord ; mais, un jour, dans l’été de 1818, se trouvant à la campagne206, il remit le morceau à M. de Barante, qui le questionnait sur ses études. […] Quelle plus fine et plus piquante raillerie que celle qu’il fait de ces honnêtes bourgeois de la république des lettres, gens à idées rangées, bornés d’ambition et de désirs, satisfaits du fonds acquis, et trouvant d’avance téméraire qu’on prétende y rien ajouter : « Ce sont, dit-il en demandant pardon de l’expression, des esprits retirés, qui ne produisent et n’acquièrent plus ; mais ils ont cela de remarquable qu’ils ne peuvent souffrir que d’autres fassent fortune. » Relevant le besoin de nouveauté qui partout se faisait sourdement sentir, et qui s’annonçait par le dégoût du factice et du commun, ces deux grands défauts de notre scène  : « Qu’il paraisse, s’écriait-il, une imagination indépendante et féconde, dont la puissance corresponde à ce besoin et qui trouve en elle-même les moyens de le satisfaire, et les obstacles, les opinions, les habitudes ne pourront l’arrêter. » Bien des années se sont écoulées depuis, non pas sans toutes sortes de tentatives, et le génie, le génie complet, évoqué par la critique, n’a point répondu : de guerre lasse, un jour de loisir, M. de Rémusat s’est mis, vers 1836, à faire un drame d’Abélard, qui, lorsqu’il sera publié (car il le sera, nous l’espérons bien), paraîtra probablement ce que la tentative moderne, à la lecture, aura produit de plus considérable, de plus vrai et de plus attachant.

1161. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Ce qui est pis, c’est qu’il prétend être son propre biographe. […] Mais le principal intérêt sera pour les jeunes filles, qui apprendront de quelle manière empressée, et pourtant convenable, un prétendu doit faire sa cour. […] Quelques-uns prétendront qu’il n’est pas immoral ; mais tout le monde reconnaîtra qu’il fait toujours et partout abstraction de la morale.

1162. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Mais vingt ans ont passé ; je ne me prétends pas impeccable ; je ne me crois ni sans erreur, ni sans faiblesse ; ces faiblesses ou ces erreurs de jugement sur la révolution de 1789, je les avoue, je les déplore, je les signale moi-même dans le commentaire refroidi qui suit pas à pas cette histoire, et je les publie en entier dans mes œuvres complètes, comme un correctif, comme un désaveu partiel de quelques appréciations erronées du livre. […] Celui qui prétend avoir tout su le premier jour est un homme qui n’avait ni raison de naître, ni raison de vivre, ni raison de mourir, car il n’avait rien à apprendre en naissant. […] Enfin le roi cherchait-il un tiers parti dans les chambres, il ne rencontrait que quelques hommes honnêtes et diserts de second ordre, appoint inconsistant de grands partis, convoitant le pouvoir sans avoir l’audace d’y prétendre ni l’énergie de le saisir dans la tempête.

1163. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Tandis qu’elle donnait ainsi un successeur à la royauté de Sparte, il arriva, par une sorte de fatalité, que la première femme d’Anaxandride, qui jusque-là avait été stérile, devint grosse ; mais, quoiqu’elle le fût bien réellement, les parents de la seconde épouse, affectant des doutes, prétendirent qu’elle se vantait à tort de sa fécondité, et qu’elle avait certainement le projet de supposer un enfant. […] Quelques-uns prétendent même que Cléombrote et Léonidas étaient jumeaux. […] « Les Lacédémoniens prétendent, et en cela ils ne sont d’accord avec aucun poëte, que ce ne furent pas les fils d’Aristodémus, mais Aristodémus lui-même, fils d’Aristomachus, petit-fils de Cléodéus, et arrière-petit-fils d’Hyllus, qui les conduisit dans la contrée qu’ils possèdent aujourd’hui.

1164. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Denis Poulot ; d’autres, au contraire, prétendaient  pour employer le style « squammeux », sinon les expressions textuelles d’une critique fort à la mode  qu’il outrait l’outrance, qu’il violentait la violence, qu’il exagérait l’exagération, qu’il abaissait l’abaissement et désolait l’abomination. […] Zola, à l’usage de la Russie, dans lequel il prétend administrer le knout aux romanciers français, en exceptant toutefois les confrères de la librairie Charpentier. […] On prétend qu’il bannit l’idéal : il ne le fait que si par idéal on entend le vain caprice, la fantaisie mensongère ; le rêve trompeur et malsain d’une imagination qui croit s’élever : comme si l’on pouvait s’élever en quittant la vérité pour l’erreur !

1165. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Outre qu’il est un géomètre, le réaliste par système est encore un métaphysicien ; — il est métaphysicien matérialiste et pessimiste, — mais un système matérialiste et pessimiste est un système métaphysique tout comme les autres, qui prétend nous révéler le dernier mot et le dernier fond de notre conscience. […] Il dit des personnages l’un de qui peuplent ses romans : « L’âme est parfaitement absente, et j’en conviens, puisque je l’ai voulu ainsi. » Il prétend peindre « des brutes humaines ». […] Zola n’est-il pas allé jusqu’à prétendre que le « personnage sympathique » était une invention des idéalistes qui ne se rencontre presque jamais dans la vie72 ?

1166. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

S’agit-il bien alors, comme nous le prétendons, d’une simple perturbation des habitudes motrices ou tout au moins d’une interruption du lien qui les unit aux perceptions sensibles ? […] Nous prétendons au contraire que la perception réfléchie est un circuit, où tous les éléments, y compris l’objet perçu lui-même, se tiennent en état de tension mutuelle comme dans un circuit électrique, de sorte qu’aucun ébranlement parti de l’objet ne peut s’arrêter en route dans les profondeurs de l’esprit : il doit toujours faire retour à l’objet lui-même. […] Mais tandis que, d’après Wundt, l’action centrifuge consiste dans une « stimulation aperceptive » dont la nature n’est définissable que d’une manière générale et qui paraît correspondre à ce qu’on appelle d’ordinaire la fixation de l’attention, nous prétendons que cette action centrifuge revêt dans chaque cas une forme distincte, celle même de l’« objet virtuel » qui tend de degré en degré à s’actualiser.

1167. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Le second est que la doctrine à laquelle le mouvement aboutit, et où la pensée hellénique trouva son achèvement, prétendit dépasser la pure raison. […] Aussi ne prétendons-nous pas que le rapport du complexe au simple soit le même dans les deux cas. […] N’en serait-il pas de même de l’idée de « tout », si l’on prétend désigner par ce mot non seulement l’ensemble du réel, mais encore l’ensemble du possible ?

1168. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

D’où le recours au vers prétendu libre. […] Par mon Essai je ne prétends convaincre personne, à peine solliciter l’attention. […] Le symbole, au contraire, ne se peut interpréter ainsi, puisqu’il signifie l’ineffable, — et c’est pourquoi certains prétendent qu’il ne signifie rien du tout, parce qu’ils croient que les phénomènes sont la seule et complète réalité de ce qui est.

1169. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

C’est une jeune fille, qui cause avec sa mère d’un « prétendu » qu’on leur a présenté dans un bal : DORIS … Ah ! […] N’a-t-on pas pu prétendre qu’ils avaient collaboré tous les deux45 ? […] Du moment, en effet, que l’art se mêle à la vie pour la décrire, — au lieu de s’en séparer pour l’interpréter, pour l’embellir ou pour la satiriser, — il ne saurait s’empêcher longtemps de la juger et, par conséquent, de prétendre à la diriger. […] Pareillement, nous connaissons une Phèdre de Robert Garnier ; nous en avons une autre d’un certain La Pinelière ; il en existe une troisième de ce Gilbert qui prétendit concourir avec Corneille dans le sujet de Rodogune. […] Effectivement, en quelque art que ce soit, la simplicité des moyens est toujours le plus haut degré de la maîtrise, et quiconque prétend rivaliser avec les maîtres ou marcher seulement sur leurs traces, sera toujours suspect de pouvoir moins qu’eux, s’il lui faut commencer par se débarrasser des entraves qu’ils se sont imposées.

1170. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Cette opposition, qui prétendait avoir dans ses recettes révolutionnaires des remèdes à tous les maux, s’est trouvée au bout de quelques jours aussi impopulaire que la dynastie déchue. […] Le crime de la France fut celui d’un homme riche qui choisit un mauvais gérant de sa fortune, et lui donne une procuration illimitée ; cet homme mérite d’être ruiné ; mais on n’est pas juste si l’on prétend qu’il a fait lui-même les actes que son fondé de pouvoirs a faits sans lui et malgré lui. […] Paris le sent bien ; jamais aristocratie n’a tenu à son privilège séculaire autant que Paris à ce privilège qu’il s’attribue d’être une institution de la France, d’agir à certains jours comme tête et souverain, et de réclamer l’obéissance du reste du pays ; mais que Paris, en réclamant son privilège de capitale, se prétende encore républicain et ait fondé le suffrage de tous, c’est là une des plus fortes inconséquences dont l’histoire des siècles ait garde le souvenir. […] Nous verrons Pierre de Lune prétendre encore enfermer l’Église universelle sur son rocher de Paniscole ; la ligne de séparation des obédiences pourrait même déjà être tracée.

1171. (1896) Études et portraits littéraires

De la proposition fameuse de l’Éthique, il n’a retenu que la nécessité, et il prétend qu’elle lui suffit. […] Il ne l’a pas diminué, quoi qu’on ait prétendu. […] Et qui donc prétendrait séparer la beauté de la force ? […] Il ne prétend point « instituer des expériences ». […] Lintilhac l’a analysé et apprécié, fond et forme, langue, esprit et morale, puisqu’il y a de la morale dans Gil Blas, et de la vraie, a-t-on prétendu.

1172. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Je ne prétends pas le surfaire ; je ne le ferai pas plus accompli de tout point qu’il ne l’était. […] Je ne sais ce qu’a voulu nous dire Stendhal par cette note ; s’il a prétendu dire que le duc de Nivernais était un de ces petits-maîtres et qu’il n’a rien compris au jeu de la machine anglaise, il s’est trompé, et cette correspondance même qu’il atteste, et qui n’est qu’une faible partie des dépêches dont cependant elle peut donner l’idée, en est la meilleure preuve.

1173. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Entre un feuilleton sur la Princesse de Clèves et un autre sur Eugène de Rothelin, elle abordait franchement le roman de Louvet, et, sans grosse indignation, sans se voiler, elle le persiflait comme prétendu tableau de mœurs, le convainquait de faux, et le renvoyait aux couturières, marchandes de mode, garçons perruquiers et clercs de procureurs d’avant la Révolution, pour lesquels il avait été fait sans doute. […] Le mordant se fait jour encore par places, par points, comme quand il s’agit de l’oncle de Revey, qui, en se mettant à son whist, prétend qu’on est toujours élevé ; mais le fond est en entier sérieux, ce qui n’empêche pas la finesse de bien des traits de s’y détacher.

1174. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Aimé-Martin, mais sans prétendre du tout dispenser le lecteur d’y recourir, ainsi qu’aux débats qui s’y rattachent. […] Je ne prétends point pourtant, dans cette allusion au Consul romain, adopter en tout les plaisanteries de Juvénal et des écrivains du second siècle sur les vers de Cicéron.

1175. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

C’est un homme qui, sans rien prétendre, aspire à tout ; c’est un volontaire de la littérature ; c’est un homme qui, doué d’un doux loisir et convaincu que les jouissances de l’esprit sont les premières des jouissances, consacre ce loisir aux études désintéressées qui remplissent les heures vides de certains jours, et qui les font couler comme un fleuve fertilisant sur les bords de la vie. […] « — Oui, Monsieur, reprit-elle, j’ai du plaisir à vous voir, et il faut que cela soit pour que je le dise ; car depuis longtemps mes compatriotes m’ont dégoûtée des voyageurs ; ils se croient en droit de tourmenter mon existence, et aucun Anglais ne viendrait en Syrie sans prétendre examiner ma vie et mes discours.

1176. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

N’étant guère actionné que par l’amour, il fit de l’amour l’action de tous les livres qui prétendaient à le représenter. […] Mais pour les faits, on savait bien ce qui était réel : on ne voulait plus de bergers et de druides ; on voulait du réel, de l’historique, ou prétendu tel.

1177. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Ces libertins du monde n’avaient pas de doctrine arrêtée : ils se moquaient des mystères et des dévots, affichaient la tolérance, prétendaient suivre seulement la raison et la nature, et vivaient en gens pour qui c’est raison de satisfaire à leur nature. […] De bonne heure, dès 1641, épuisé de travail, il ressent les atteintes de la maladie qui n’aura pas sur le fond de son œuvre l’influence capitale qu’on prétend parfois, mais qui, du moins, exaspérant sa sensibilité, donnera à son style un frémissement singulier.

1178. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

 » C’est même un des charmes de Montaigne, qu’il ne prétend convaincre personne, et, entre autres libertés qu’il caresse en chacun de nous, il y a celle de n’être pas de son avis. […] Ne calomnions pas même les écrivains faux, jusqu’à dire que, pouvant prétendre à la gloire de la vérité exprimée dans un beau langage, ils ont mieux aimé la notoriété qui s’attache aux scandales du talent.

1179. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Elle prétend découvrir les lois de l’enthousiasme par les mêmes méthodes qui ont découvert les lois de la chaleur et de la lumière, et ce qu’elle analyse elle croit le créer. […] Voltaire les avoue pour ses pères, même l’évêque, qui par son acharnement à prétendre que la raison n’a rien à voir à la foi, n’a réussi qu’à faire douter de sa foi et médiocrement estimer sa raison.

1180. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Toujours de nouvelles aspirations s’élèvent et prétendent diriger à leur tour notre conduite. […] Si la morale traditionnelle est un rêve enfantin, les autres morales que nous pouvons voir créer sont des rêves aussi, un peu plus rapprochés peut-être du possible, mais à bien des égards irréalisables — heureusement irréalisables car ils démoliraient à coup sûr ce qu’ils prétendent édifier.

1181. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Il prétendait que le pape ne put rien répondre à ses arguments. […] Là sont exposées avec honnêteté les objections contre la proposition qu’il s’agit d’établir ; ces objections sont ensuite résolues, souvent d’une manière qui laisse toute leur force aux idées hétérodoxes qu’on prétend réduire à néant.

1182. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Voilà, mon cher ami, mon opinion bien respectueusement résumée en ces quelques lignes : je ne prétends l’imposer à personne, mais elle aura du moins le mérite de la sincérité. […] On l’a houspillé, caricaturé, vilipendé : et quand on demande à ceux qui le conspuent si réellement ce musicien est aussi grotesque qu’ils le prétendent, ils répondent presque invariablement : — Je n’en sais rien ; je n’en ai jamais entendu une note.

1183. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Les Arabes, d’après Hérodote, avaient un Bacchus nommé Orotal, et ils prétendaient se couper les cheveux comme le dieu lui-même, c’est-à-dire en rond et en se rasant les deux tempes. […] Au milieu de la libre mythologie hellénique, elle introduit un Ordre presque monastique, ayant sa règle et sa discipline, ses rituels et ses pénitences, qui prétend l’épurer et la réformer.

1184. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

Ce mot de spontanéité n’a aucun sens intelligible : Kant ne peut prétendre que l’entendement crée en toute liberté les formes qu’il applique aux choses et les rapports qu’il établit entre elles ; d’autre part, il n’admet pas que l’application de l’esprit dans l’attention soit libre ; que signifie alors la spontanéité ? […] Nous ne prétendons pas définir ce sentiment spécifique : définirions-nous la sensation de facilité, le sentiment d’habitude ou, dans une autre sphère, la sensation de vide ?

1185. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

S’ils étoient aussi dangereux qu’on le prétend, inviteroit on au coin des rues à les aller voir ? […] Il prétend que, s’ils consultent leur cœur à la fin d’une tragédie, ils tomberont d’accord de ce qu’il avance.

1186. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Dada prétend discréditer l’art par ses agitations. […] Lorsque, trois ans plus tard, il prétend initier son notoire, homme placide et sans méchanceté, à l’intelligence des Chants de Maldoror, il écrit : « C’est quelque chose, dans le genre du Maufiecdh, de Byron et du Konrad de Misckiewickz, mais bien plus terrible ».

1187. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

n’avaient assisté ni pris part à cette secrète prestation de serment : « Mais il était bien difficile, prétend Sully, qu’ils en fussent entièrement ignorants comme ils le voulurent feindre. » Malgré ce soupçon de Sully, il paraît bien que la surprise de Villeroi à Fontainebleau ne fut pas jouée.

1188. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Nous n’avons prétendu avoir affaire ici qu’a la Catherine antérieure, celle des Mémoires.

1189. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

À l’instant il prit la parole et fit dire par son truchement à la dame en colère qu’il était un savant venu de fort loin pour observer les mœurs, les coutumes des Bachkirs, et voir ce qu’il pourrait en rapporter d’utile pour son pays ; mais qu’il n’était nullement dans son intention de jeter le moindre trouble dans la famille et que, s’il était la cause involontaire de quelque dommage pour ses hôtes, il prétendait les en indemniser et au-delà.

1190. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Il y a eu dans les derniers temps un essai violent de réaction contre le charmant et très aimé poëte de Rolla et des Nuits ; on s’est ennuyé sans doute de le voir un peu trop loué et un peu surfait : une invasion toute fraîche de jeunes et altiers puritains, guidés par M. de Ricard, prétendait briser son image et l’arracher de l’autel.

1191. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

Mais il était difficile de faire de l’ancien et si dévoué serviteur de Napoléon jusqu’en 1813 un royaliste de bonne qualité, et Frochot lui-même, avec sa probité et sa droiture, prétendait bien, dans cette triste affaire Malet, avoir été dupe, rien que dupe, et pas autre chose.

1192. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

Tantôt c’est un persiflage doux et honnête à une jeune coquette très-aimable et très-vaine qui m’appelait son berger dans ses lettres, et qui prétendait à tous les talents et à tous les cœurs ; tantôt ce sont des vers fugitifs sur ce que M. de Voltaire, bienfaiteur de mesdemoiselles Corneille et de Varicour, les a mariées toutes deux, après les avoir célébrées dans ses vers.

1193. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Il faudrait donc admettre, pour que les inductions que la psychologie prétend tirer du moi présent à l’avenir de l’humanité fassent légitimes, que toutes les grandes évolutions du moi eussent achevé leur cours, et que de plus il existât une sorte d’égalité psychologique entre tous les individus, entre tous les moi de l’humanité adulte ; de sorte qu’un de ces moi quelconque, s’observant lui-même par une bonne méthode, arrivât aux mêmes résultats que les autres moi ses semblables.

1194. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

— Je ne prétends point expliquer tout le phénomène, mais enfin j’en dirai le peu que j’ai pu observer et que je sais, et cette explication n’est point un hors-d’œuvre, car en montrant comment s’est formée la nécessité de la situation, elle avertit par là même combien il importe pleinement d’y satisfaire.

1195. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

D’autres prétendront que le talent oratoire est nuisible au repos, à la liberté même d’un pays.

1196. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

C’est la source de beaucoup de faux raisonnements : comme lorsque, sous le prétexte de l’égalité naturelle de tous les hommes, on prétend abolir toutes les inégalités et même toutes les différences sociales.

1197. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

On les a gâtées, là où on a prétendu les corriger.

1198. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

Des pharisiens ont prétendu que vos premiers romans avaient perdu beaucoup de jeunes femmes ; mais nous savons bien que ce n’est pas vrai, que celles qui ont pu tomber après avoir lu Indiana étaient mûres pour la chute et que, sans vous, elles seraient tombées plus brutalement et plus bas.

1199. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

On veut dire que quiconque a rampé pour l’interet de sa fortune n’a rien à prétendre à la gloire.

1200. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

On lui appliquait galamment les vers de l’Arioste qui, au vingt-neuvième chant du Roland furieux, fait dire au Souverain Créateur8 : « Je veux qu’à l’avenir toutes celles qui porteront le beau nom d’Isabelle soient aimables, belles, parées par les Grâces, et vertueuses ; je veux qu’elles méritent d’être célébrées sur le Parnasse, le Pinde et l’Hélicon, et que ces monts sacrés retentissent sans cesse de l’illustre nom d’Isabelle » ; on prétendait que cette prophétie du poète n’avait jamais été mieux accomplie qu’en Isabelle Andreini.

1201. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

« On prétend, dit Arlequin, que vous avez fait mentir le proverbe, qui dit que la chemise est plus proche de la chair que l’habit, en ne portant point de chemise. » Le capitan avoue que c’était autrefois sa coutume, parce qu’alors, comme il était extrêmement irritable, aussitôt qu’il se mettait en colère, le poil qu’il avait abondamment sur tout le corps, étant aussi velu qu’Hercule, se dressait, perçait sa chemise de toutes parts, et y faisait tant de trous, qu’on l’aurait prise pour une écumoire.

1202. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

Voici comme il jugeait Bellangé : « On prétend qu’il y a quelque chose.

1203. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XIII. Conclusions » pp. 271-291

Plus d’une fois l’individu qui ne cherche dans ses attaques contre la société qu’une satisfaction de ses désirs antisociaux se persuade à lui-même qu’il obéit à une préoccupation de justice sociale, qu’il poursuit un idéal de sociabilité supérieure, et par contre, tel autre qui prétend ou qui croit même poursuivre un but social, un idéal politique et moral supérieur, ne recherche au fond qu’une occasion de renverser ce qui existe et jouit surtout du plaisir de la destruction.

1204. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

Probablement il s’agit ici du rocher à pic qui est très près de Nazareth, au-dessus de l’église actuelle des Maronites, et non du prétendu Mont de la Précipitation, à une heure de Nazareth.

1205. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre IV : La Volonté »

Il est ce qu’il prétend être dans sa généralité — une histoire naturelle de l’esprit.

1206. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Le total est à la vérité un tissu exact et continuel d’abus de puissance, de violence, d’injustice ; mais une fois prince du sang en tout et partout, il n’y a plus qu’un pas à faire ; et il est moins difficile donner la préférence à un prince du sang sur les autres, pour une succession dont on se prétend maître de disposer, puisqu’on se le croit de faire des princes du sang par édit, qu’il ne l’est de fabriquer de ces princes avec de l’encre et de la cire, et de les cendre ainsi tels sans la plus légère contradiction73. » Madame de Maintenon ne fut ni créole, ni créole publique, ce qui signifie femme publique, ni à l’aumône.

1207. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

J’ai déjà nommé M. de Balzac ; ce romancier original a trouvé, je l’ai dit, une veine qui est bien à lui ; elle peut nous plaire plus ou moins, mais elle est sienne ; il n’a pas prétendu faire du chaste, et de l’idéal ; il se pique avant tout de physiologie, il pousse à bout la réalité et il la creuse.

1208. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

La grâce, je le sais, ne se conseille pas, elle ne s’apprend pas, et ce serait déjà la méconnaître que de prétendre la copier.

1209. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

Si sobre qu’il soit de considérations générales, il est aisé avec lui de sentir, dès le début de cette expédition gigantesque, que les bornes de la puissance humaine sont dépassées, et que le génie d’un homme, cet homme fût-il le plus grand, ne saurait prétendre à contenir et à diriger dans son cadre une organisation aussi exorbitante.

1210. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la tragédie chez les Anciens. » pp. 2-20

S’il n’a voulu instruire, il a prétendu plaire : et pouvait-il imaginer deux moyens plus efficaces pour y parvenir ?

1211. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

Un petit inconvénient à cela, au temps actuel, c’est que jusqu’à présent tous les historiens littéraires, sans exception, je crois, ont prétendu être en même temps critiques, critiques dans leurs livres d’histoire eux-mêmes, et que, par conséquent, si on les lit, comme on le doit, avant de lire l’auteur, le mauvais effet que produit le critique lu avant l’auteur, ils le produisent.

1212. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

Au xvie  siècle, dont il vient de nous donner l’histoire, il aurait été protestant, comme il est aujourd’hui, nous dit-il, purement théiste, comme il sera demain, si c’est possible, quelque chose de plus dégagé encore de la forme religieuse qu’un théiste, le progrès pour lui étant de briser de plus en plus la forme religieuse, comme l’oiseau qui, en croissant, briserait sa cage avec ses ailes : c’est enfin (je le regrette assez) un soldat sans chef, sans uniforme et sans discipline, de ce bataillon débandé et maraudeur du progrès indéfini, qui ne sait où il va, et qui prétend aller toujours ; mais malgré la fausse philosophie, malgré l’empoisonnement des théories modernes, malgré les amitiés d’idées et les prétentions candides d’une imagination bien assez poétique pour s’égarer, M. 

1213. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

Un critique très fin (M. de Feletz) n’a-t-il pas prétendu, avec de très piquantes raisons à l’appui de sa prétention, que celui-là que toute la terre appelle le bonhomme avait naturellement la scélératesse des plus ténébreuses combinaisons, et qu’importe, du reste, pour le résultat !

1214. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

Un critique très-fin (M. de Feletz) n’a-t-il pas prétendu, avec de très-piquantes raisons à l’appui de sa prétention, que celui-là, que toute la terre appelle le bonhomme, avait littérairement la scélératesse des plus ténébreuses combinaisons ; et qu’importe, du reste, pour le résultat !

1215. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre II. La relativité complète »

Par là s’évanouira, comme nous le montrerons aussi, ce qu’il y avait d’abord de paradoxal dans la théorie de la Relativité : nous prétendons que le Temps unique et l’Étendue indépendante de la durée subsistent dans l’hypothèse d’Einstein prise à l’état pur : ils restent ce qu’ils ont toujours été pour le sens commun.

1216. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre V. Les figures de lumière »

Mais cette égalité et cette inégalité ont-elles le même degré de réalité, si elles prétendent s’appliquer au temps ?

1217. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

C’était un peu une nécessité de ce sujet, puisque les principaux écrivains du xviiie  siècle sont plutôt des hommes qui ont prétendu penser que de purs artistes. […] Et cela est permis ; ce qui ne l’était point, c’était d’être novateur par simple négation, et sans avoir rien à mettre à la place de ce qu’on prétendait proscrire. […] Mais, sans vouloir prétendre que c’est un mérite, je crois pouvoir dire que dans le genre qu’il a adopté c’est un air de vérité de plus. […] C’étaient feuilles volantes, sorte de journal intermittent où il prétendait exprimer, au hasard des circonstances, ses idées sur toutes choses. […] Quand il prétend réfuter, en passant, Montesquieu, il est un peu ridicule.

1218. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

C’est ainsi que des peintres ont prétendu philosopher dans leurs tableaux et des musiciens dans leurs symphonies. […] Le sentiment du sublime tient à celui de l’infini, et l’intelligence humaine, sous peine de se détruire, ne peut prétendre ici-bas à se placer perpétuellement dans le sentiment de l’infini. […] Là, point d’ambition démesurée, de jets irréguliers et qui n’aboutissent pas ; sans prétendre à rien de gigantesque et de surhumain, l’art fait naître en vous le sentiment de l’éternel et du divin par celui de la perfection et du repos. […] Par les danses du chœur de droite à gauche, autour de l’autel, on prétendait représenter le mouvement du monde d’orient en occident. […] Nous rendons hommage à ce qui fait sa véritable valeur ; mais nous ne sommes pas obligés de lui attribuer l’universalité à laquelle il a pu prétendre, à l’imitation de l’homme dont il a fait son Dieu.

1219. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Inutile de dire que, même chez les gens qui prétendent à l’esprit et qui sont jaloux, le trait d’esprit qu’ils entendent produit un tel mécontentement qu’ils n’y sourient que pour montrer qu’ils l’ont compris et que leur sourire est abominablement forcé. […] Je crois, du reste, qu’à l’heure où j’écris un autre « chercheur et curieux » s’occupe de cette question et prétend la vider à fond. […] Michaut prétend établir la suggestion à laquelle a obéi Voltaire en inventant ici l’entremise de Dangeau (p. 70, note) me paraît très ingénieuse mais peu convaincante. […] Mais le moyen est trop facile et on pourrait parfaitement l’appliquer à Bérénice elle-même, prétendre qu’elle n’a jamais cru sérieusement que Titus voulût l’épouser, qu’elle n’a jamais songé sérieusement à se tuer, etc., etc. […] Mettez-moi dans une pension de famille et venez me donner des nouvelles tous les jours, si vous en avez. » Ce qui rend la chose que l’on prétend qu’ils ont faite tout à fait impossible, c’est qu’ils sont deux à la faire.

1220. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Pope ne passe que pour un versificateur exact et élégant ; Johnson prétend que son Essai sur l’homme n’est qu’un recueil de lieux communs, mis en beaux vers. […] On prétend surtout que Shakspeare est un grand maître dans l’art de faire verser des larmes. […] Mackenzie, dont je vais faire connaître les travaux, ne prétend ni à la gloire du savant, ni à celle de l’écrivain. […] Saint Jérôme prétend que saint Luc était médecin, profession si noble et si belle dans l’antiquité, et que son évangile est la médecine de l’âme. […]  » On prétend que dans les derniers temps de sa vie il trouva sous son couvert, en se mettant à table, un billet à peu près conçu ainsi : « Le roi est debout à la Place des Victoires, à cheval à la Place Vendôme ; quand sera-t-il couché à Saint-Denis ! 

1221. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Elle prétend attendrir le spectateur sur les malheurs de personnages que le spectateur ne sera jamais, sur les infortunes de grands personnages historiques ou légendaires. […] Je prétends devenir l’ami de votre époux. […] Il prétend qu’il ne fait la cour aux femmes que pour être plus aimé de la sienne, et du reste pour l’aimer, lui aussi, davantage, le moyen étant à son avis infaillible. […] Casimir Bonjour a prétendu y tracer sa règle de devoirs au clergé catholique, comme Molière a tracé les règles de la vraie dévotion dans le Tartuffe. […] Ni M. des Granges ni moi ne prétendons qu’elle a été inventée de 1815 à 1850.

1222. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Il ajoute que c’est offenser Dieu que de prétendre retoucher son œuvre. […] Est-ce, comme le prétend M.  […] Lanson prétend démêler les causes de tout. […] Térence a prétendu être plus vrai que Plaute, et Cecilius que Térence. […] Elle souffre de ne pas aimer, et elle prétend que nous la plaignions à cause de cela.

1223. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Le champ est ouvert à ses convoitises ; il peut prétendre à tout et il veut tout obtenir. […] Toutefois il serait fort injuste de prétendre que ces professions de foi scientifique n’aient été que pour impressionner la galerie. […] Il n’a prétendu ni organiser scientifiquement l’humanité, ni organiser Dieu. […] Dans quelle mesure enfin est-il juste de prétendre que dans le crime passionnel la responsabilité soit atténuée ? […] D’ailleurs, la théorie de l’irresponsabilité ne se limite pas au crime par amour, et il y a toute une école qui prétend ne voir dans les assassins que des malades, dignes d’être soignés plutôt que d’être punis.

1224. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Tel que dans la forêt le doux vent du matin Commence ses soupirs par un bruit incertain Qui réveille la terre et fait palpiter l’onde ; Élevant lentement sa voix douce et profonde, Et prenant un accent triste comme un adieu, Voici les mots qu’il dit à la fille de Dieu. » Lucifer fait à Éloa la séduisante confidence de son prétendu crime et de sa disgrâce. […] C’est un roman ; du moment où vous quittez le terrain solide et précis de l’histoire, il ne faut pas prétendre à y rentrer. […] Je n’ai point prétendu justifier les actes désespérés des malheureux, mais protester contre l’indifférence qui les y contraint.

1225. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Mais je prétends que par définition même, l’homme de génie ne peut rester indifférent, puisque son âme correspond à toutes les âmes, comme le feu du soleil aux moindres fibres de la matière vivante, et que si la renommée n’est pas toujours une preuve de puissance intellectuelle, l’indifférence publique en est assurément une d’infériorité et de non-valeur. […] Plusieurs personnes ont prétendu depuis que M.  […] J’ose prétendre qu’il l’expliqua d’une façon fort superficielle en usant, sans bonheur, de la méthode de M. 

1226. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Tous d’accord sur sa beauté, chacun trouvait à redire à son vêtement : le sauvage lui arrachait son casque et sa cuirasse, et lui ceignait les reins d’un léger cordon de verdure ; l’habitant de l’Archipel la voulait toute nue ; celui de l’Ausonie, plus décente et plus couverte ; l’asiatique prétendait que les longs plis d’une tunique qui moulerait ses membres, en descendant mollement jusqu’à ses pieds, auraient infiniment plus de grâce. […] Je ne prétends point que ce soit en lui méthode, projet, réflexion ; mais instinct, pente secrète, sensibilité naturelle, goût exquis et grand. […] On prétend que la présence de la chose frappe plus que son imitation ; cependant on quittera Caton expirant sur la scène, pour courir au supplice de Lally.

1227. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Par une contradiction singulière, quelques-uns ont été jusqu’à prétendre que M.  […] Jaurès concilie avec la servitude de ses doctrines collectivistes, son respect avoué de l’individualisme, et comment, toutes ses idées s’étayant sur l’État, il peut, un jour, rêver la disparition de cet État qui est la seule base où il prétend instaurer sa société future ? […] je voudrais bien le savoir… Quant à votre prétendu mouvement ouvrier, à votre prétendu socialisme… à votre prétendu ceci ou cela… laissez-moi vous dire que ce sont des crises momentanées, inconsistantes et qui passent ! […] … Et elle est encore en ceci que mon exemple prouve qu’il est très facile de devenir riche… Quant à votre prétendu socialisme, ça n’est rien, rien du tout ! […] je sais bien, tout le monde prétendra que cette vie, c’est lui seul qui l’a faite.

1228. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Henri Lavedan, sans prétendre à continuer les Colloques d’Érasme, nous donne aussi en une série de dialogues, un tableau de certains ridicules de notre temps ; M.  […] Ils se prétendent égalitaires, et ils emploient tous leurs efforts à constituer des inégalités. […] Ils se prétendent « avancés » et les procédés qu’il proposent aboutissent à frapper d’arrêt de développement ceux à qui ils s’appliquent ; et l’idéal qu’ils nous offrent c’est la régression vers des civilisations passées. […] Au premier coup de scalpel pour dégager le sternum, le prétendu cadavre porta la main sur son cœur et remua la tête ; l’étudiant effrayé se sauva et abandonna l’étude de l’anatomie. […] Ses façons de parler à ses généraux expliquent sa profession de foi : « J’ai fait des courtisans, je n’ai jamais prétendu me faire des amis. » Témoin ce dialogue entre l’Empereur et Gouvion se présentant au lever des Tuileries.

1229. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Ces questions, il ne prétendait pas les résoudre ; mais il en indiquait au moins les différentes solutions morales. […] Il ne prétend qu’à décrire les mœurs de notre temps ; il abandonne à d’autres le soin de les juger, de les flétrir et, si un tel espoir se présente, de les améliorer. […] On prétend qu’il mourut d’inanition, faute d’avoir pu se résoudre à choisir l’une ou l’autre. […] Elle ne prétendit plus à suffire et demanda aux sciences, à la vie, aux arts les matériaux de ses doctrines. […] C’était la mode, il y a quelques années, de prétendre que les poèmes homériques naissaient spontanément d’un peuple qui produisait donc des épopées comme la terre les moissons.

1230. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Je ne prétends nullement accompagner pas à pas toutes les démarches de sa pensée ; je recherche simplement et je saisis les uns après les autres, sans me soucier de marquer comment ils se rattachent, les points de sa doctrine qui me paraissent pouvoir être agrandis en vérités psychologiques d’intérêt général. […] Quand je prétends que tous nos sentiments, toutes nos opinions sont des rêves ou des actes obsessionnels, je veux dire que ce sont des états impurs, masqués, hypocrites ; je veux dire une chose enfin qu’il faut bien voir en face : c’est que l’hypocrisie est inhérente à la conscience. […] Oui, en renversant les termes de cette remarque, il faut dire que la condition, chez Proust, de la façon si nouvelle, si prodigieusement féconde dont il a pu aborder la conscience et y descendre, était une certaine faiblesse, un certain renoncement non pas à vaincre, mais à prétendre, à affronter. […] Sans doute il est bien hardi de prétendre que l’Amour de Swann pour Odette n’était pas une passion. Et je ne le prétends pas non plus.

1231. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Prétendre compter chez lui ces sortes de portraits, ce serait compter les sables de la mer, avec cette différence qu’ici les grains de sable ne se ressemblent pas. […] Il prétend qu’il a plus contribué que personne à mettre mon père en place de ministre et que mon père ne lui a pas tenu les choses qu’il lui avait promises comme pot-de-vin du marché ; or quelles étaient ces choses ?

1232. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Ce livre fut-il, comme le prétendent certains Italiens, une ironie vertueuse de Machiavel, voulant, comme le législateur de Sparte, faire horreur de la tyrannie en enivrant les tyrans ? […] Il y a bien peu d’années que le tribun de l’Irlande O’Connell prétendait aussi ressusciter l’Irlande en l’amputant de l’empire britannique.

1233. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Carvalho prétend nous porter à la scène. […] Il prétend monter une œuvre dont la fortune est faite depuis longtemps dans toute l’Europe, que tous les musiciens s’accordent à trouver admirable dans son ensemble, et dont Paris ne connaît encore que quelques rares fragments.

1234. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

L’expression spontanée des sentiments dans nos organes est déjà un art spontané, identique à la nature même ; l’art supérieur, qui finit aussi par s’identifier à la nature, est expressif selon les mêmes lois que nos organes ; il fait rentrer dans des liens de sympathie non seulement tous les hommes, mais les animaux, les plantes, les objets même qu’on prétend être sans vie, en un mot l’univers. […] « Ce phénomène, prétend Darwin, concourt, avec certains mouvements volontaires, à leur donner un aspect formidable pour leurs ennemis.

1235. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Ne prétendez pas réussir en nous flattant l’oreille par un bel étalage de fins mots. […] On ne peut nier, que ce recueil ne renferme beaucoup d’instructions utiles ; mais on a prétendu qu’il étoit plus propre à favoriser la négligence des jeunes Prédicateurs qu’à les former à la véritable éloquence.

1236. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Même dans une aire très étendue, restée continue pendant une longue période, mais dont le climat et les autres conditions de vie changent insensiblement en allant d’un district habité par une espèce à un autre district occupé par des espèces étroitement alliées, nous ne pouvons prétendre que rarement à trouver les variétés moyennes dans les zones intermédiaires. […] Nous ne savons rien de toutes les gradations possibles entre les organes les plus simples et les plus parfaits ; nous ne pouvons prétendre que nous connaissions tous les moyens possibles de migration pendant une longue suite d’années, ni combien sont incomplets nos documents géologiques.

1237. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Si jamais un gouvernement sage et ami des lettres forçait ces bonnes gens à s’occuper des choses modernes et de notre temps « fertile en miracles », ils demanderaient une indemnité et prétendraient qu’on leur arrache le pain de la bouche. […] On prétend que la vérité n’est pas bonne à proclamer ; cela est possible et m’importe peu ; mais j’ai pensé qu’il était de mon devoir de la dire, je l’ai dite, et je ne me repens pas !

1238. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

Le prétendu idéalisme allemand n’est que le goût des spéculations abstraites et la passion des systèmes. […] Il n’en est pas moins vrai qu’ici encore le divorce apparaît entre la conscience et la science, et que celle-ci, en histoire comme en physiologie, prétend opposer ses révélations positives à ce qu’elle appelle les illusions du sens intime.

1239. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Et maintenant il faut savoir que Châtelain n’était point l’auteur du faux, ou pour être plus exact, du prétendu faux. […] Il n’y a dans tout ce prétendu succès que du charlatanisme et rien autre du tout44. […] M. de Saint-Cyran (et je ne prétends pas ici préférer sa manière, car il peut y en avoir plusieurs, je veux seulement le caractériser), M. de Saint-Cyran n’est pas tel : il ne fléchit sur rien d’accessoire, il ne s’en préoccupe pas ; il semble ne point chercher de résultats extérieurs et de développements manifestes sur la terre. […] Dès qu’on prétend trouver le christianisme également chez tous les peuples, dès qu’on suppose qu’il n’est pas plus distinctement formulé dans un livre que dans un autre, il faut bien, de toute nécessité, en éliminer ce qui, chez tel de ces peuples, ou dans tel de ces livres, le formule de manière à exclure toutes les autres formules. […] Qui oserait d’ailleurs le prétendre, à moins d’avoir déclaré d’abord l’homme impersonnel et irresponsable dans tous les systèmes ; car il n’est pas un système qui ne menace en lui ces deux attributs ; et il ne serait pas difficile de montrer que, bien loin de les compromettre, c’est le christianisme qui les sauve.

1240. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Il y soutenait les droits et privilèges de la ville d’Autun, à laquelle les habitants de Beaune (d’autres disent de Châlons) disputaient la préséance qu’elle prétendait sur toutes les autres villes lorsque les états étaient assemblés.

1241. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Quand on a lu cette partie des mémoires de Montluc et qu’on a surmonté l’impression d’horreur que causent et ses propres cruautés et celles qu’il prétend punir, on reconnaît mieux comment, en de pareils temps, les édits de L’Hôpital durent manquer leur effet ou en produire un qui, bientôt traduit et dénaturé au gré des passions, ne serait pas resté profitable et conforme à la pure idée de tolérancee.

1242. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

je le croirais volontiers ; mais ne serait-ce point aussi chez elle un peu de nature qui manque, un peu de tendresse qu’on voudrait dans cette raison, et sans prétendre certes diminuer en rien le christianisme qui la règle et l’accompagne ?

1243. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

Dans le volume qu’il intitule Chants modernes, il a eu plus d’un dessein : il n’a pas voulu seulement recueillir les vers personnels et lyriques dans lesquels il a célébré ses rêves, ses désirs, ses amours, ses tristesses et ses souvenirs, il a prétendu ouvrir la route à des chants nouveaux, à l’hymne des forces physiques, des machines et de l’industrie.

1244. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Il y a bien des années, et avant qu’une critique investigatrice eût rassemblé autour de cette figure de Bossuet tous les éclaircissements et toutes les lumières, un écrivain de beaucoup d’esprit, s’essayant à définir le grand évêque gallican, disait : « Bossuet, après tout, était un conseiller d’État. » Si par là on ne voulait dire autre chose, sinon qu’il y avait en Bossuet un homme politique, un homme capable d’entrer dans le ménagement des personnes et la considération des circonstances, on avait raison ; mais si l’on prétendait aller plus loin, toucher au fond de sa nature et infirmer l’idée fondamentale du prêtre, on se tromperait : car au fond de cette nature, telle qu’elle ressort aujourd’hui de tous les témoignages et qu’elle nous apparaît dans une continuité manifeste, il y a avant tout et après tout un croyant.

1245. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

Quelques autres prétendent que le cas de Roger est trop singulier et trop poussé à bout pour être tout à fait vrai, que l’impitoyable rigueur logique avec laquelle procède sa passion est plus logique que la vérité même, ou du moins que la vraisemblance en pareil cas ; que cette impression se prononce surtout en avançant, et qu’on y croit sentir un parti pris ; que ce n’est que quand on invente que l’on est tenté ainsi d’exagérer, et que tout s’expliquerait pour la critique s’il n’y avait de tout à fait observés que les trois quarts de l’histoire de Roger, le reste étant inventé et composé.

1246. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Jointe à cette prodigieuse intelligence qu’il possède et dont il a prétendu faire la qualité essentielle et même unique de l’historien, elle la redouble et l’aiguise sur quelques points ; elle est comme un sens de plus que toutes les intelligences n’ont pas et qui lui inspire des jugements d’une rare délicatesse (ainsi dans les différences qu’il établit, page 679, entre les différents moments de la résistance de Napoléon à la paix).

1247. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Est-il possible, en insistant avec vigueur, amertumeet satire (si surtout on en a le goût et le talent, si laverve vous pousse, si les doigts vous démangent sanscesse, si l’on porte jusque dans l’Univers beaucoup de son tempérament de Chignac), — est-il possible, dis-je, en arrangeant, ainsi son monde, de ne pas produire uneffet tout contraire à celui qu’on prétend chercher, dene pas instituer un combat à outrance, de ne pas rendre bientôt odieuses et la personne même de l’attaquant etjusqu’aux doctrines ?

1248. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

. ; mais, victorieux en théorie, il reperdait à l’instant tout l’avantage dès qu’il prétendait mettre en avant comme preuve son poëme de Saint Paulin.

1249. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

Chargé par sa Cour de reconquérir le Roussillon ou plutôt, comme le prétendait l’Espagne, de réoccuper une de ses anciennes provinces, il résolut d’y procéder pied à pied, avec lenteur.

1250. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Il était fier, et avec raison, de cette découverte : « Auparavant, disait-il, les chimistes ressemblaient à des architectes qui, pour connaître un édifice, auraient commencé par le démolir et auraient prétendu ensuite juger de sa structure intérieure d’après la nature, le nombre et le poids des matériaux bruts, au lieu que maintenant, dans bien des cas, on peut saisir la constitution intime des corps sans les endommager, et distinguer les propriétés essentielles des particules mêmes en situation. » — Se plaignant que les chimistes tardassent trop à user de ce nouveau moyen d’investigation délicate : « Les chimistes ne sont que des cuisiniers, disait-il encore ; ils ne savent pas tirer parti de l’admirable instrument que je leur ai mis entre les mains. » Mais, enfin, il y eut de jeunes et habiles chimistes qui en essayèrent et qui donnèrent à M. 

1251. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

Mais même, quand la science des esprits serait organisée comme on peut de loin le concevoir, elle serait toujours si délicate et si mobile qu’elle n’existerait que pour ceux qui ont une vocation naturelle et un talent d’observer : ce serait toujours un art qui demanderait un artiste habile, comme la médecine exige le tact médical dans celui qui l’exerce, comme la philosophie devrait exiger le tact philosophique chez ceux qui se prétendent philosophes, comme la poésie ne veut être touchée que par un poète.

1252. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Dumont, de Genève, un des préparateurs de Mirabeau, publia ses Souvenirs en 1832 et raconta comment cela se passait autour du grand tribun, sans prétendre d’ailleurs le diminuer ; mais le cri en France fut presque unanime, comme si Dumont avait commis un sacrilège.

1253. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

On se le demandait, et bientôt on sut qu’en artiste ironique et fier, qui prétend ne pas dépendre du public ni de son propre succès, résistant à tout conseil et à toute insinuation, opiniâtre et inflexible, il laissait de côté pour un temps le roman moderne où il avait, une première fois, presque excellé, et qu’il se transportait ailleurs avec ses goûts, ses prédilections, ses ambitions secrètes ; voyageur en Orient, il voulait revoir quelques-unes des contrées qu’il avait traversées et les étudier de nouveau pour les mieux peindre ; antiquaire, il s’éprenait d’une civilisation perdue, anéantie, et ne visait à rien moins qu’à la ressusciter, à la recréer tout entière.

1254. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

N’oublions pas que Don Quichotte est le dernier des chevaliers et qu’il n’est le plus ridicule que parce qu’il prétend reprendre les choses de plus haut ; s’il parodie les preux d’un autre temps par sa folie, il les parodie dans la patrie du Cid, et là où hier encore on répétait les chants populaires du Romancero.

1255. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

Mais il est juste aussitôt d’ajouter qu’il n’y a pas là de quoi décourager ceux qui ne sont nullement rivaux du grand évêque, qui procèdent d’un autre esprit et qui, sans sortir du domaine des faits positifs et du champ visuel des causes secondes, ne prétendent qu’au genre de vérité sublunaire qui est à la portée de notre recherche et de notre raison.

1256. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

Ceux qui ne l’aimaient pas, ceux qui prétendaient qu’il avait tourné trop tôt casaque au régime qu’il avait servi, et qu’il faisait trop aisément bon marché de cette sorte de pusillanimité plus en vue chez lui que chez d’autres, allaient jusqu’à dire que « c’était l’âme d’Arlequin dans le corps d’Alcide (ou d’Achille). » Je remarquerai simplement que M. 

1257. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Chateaubriand donc régnant au fond et apparaissant dans un demi-lointain majestueux comme notre moderne buste d’Homère, on a : 1° Hors ligne (et je ne prétends constater ici qu’une situation), Lamartine, Hugo, Béranger, — par le talent, la puissance, le renom et le bonheur ; 2° Un groupe assez nombreux, artiste et sensible, dont il serait aisé de dire bien des noms, même plusieurs de femmes ; de vrais artistes passionnés, plus ou moins originaux, mais qui n’ont pas complétement réussi, qui n’ont pas été au bout de leurs promesses, et qu’aussi la gloire publique n’a pas consacrés.

/ 1981