Parmi les hommes d’État de sa création et ceux qui tenaient sous lui le second rang, c’était à qui espérerait la plus grosse partie de cet héritage. […] Un des hommes les moins scrupuleux et les plus entendus de ce temps-là, Gourville, raconte dans ses Mémoires très sincères comment il fit la connaissance de Fouquet, qui le goûta et l’employa à plus d’une sorte de négociations. […] Girardin, le plus hardi des hommes d’affaires, avait promis deux millions d’avance, mais il était malade à l’extrémité ; Monnerol le jeune, qui ne lui cédait ni en crédit ni en courage, pour quelque indisposition était aux eaux de Bourbon, etc. […] Quand est-ce que, par un clin d’œil seulement, Votre Majesté a fait pour moi ce que les maîtres font pour leurs esclaves les plus misérables, ce qu’il est besoin que Dieu fasse pour tous les hommes et pour les rois même, qui est de les menacer avant que de les punir ? […] Ils s’inquiètent moins de la solidité et de la suite chez les hommes puissants qui passent, que d’une certaine libéralité qui a son principe dans les sentiments.
Ce n’est pas tout à fait un homme de la famille de Ducis, que M. […] Il n’était pas du temps des Patriarches, mais bien de son temps, et il offre un type exact et distingué de l’homme de lettres et de l’homme de talent à la date précise où il vint. […] On harcelait l’homme heureux et en crédit, qu’on avait pris en demi-faute. […] Étienne, en 1812, s’était vu tout à coup impopulaire comme homme du pouvoir, comme instrument du gouvernement et organe de la censure officielle : la Restauration le voua à un rôle tout différent. […] En somme, il n’était pas difficile de sentir que ces hommes faisaient de l’opposition parce que c’était l’opposition qui était alors le pouvoir.
Dans le premier moment, sa mère furieuse accourut et se jeta sur la gouvernante qu’elle voulut tuer ; elle accusa les employés du tsar et les hommes de Boris qui avaient fonction de surveillance dans la maison. […] Boris qu’on haïssait était le seul homme indiqué pour gouverner l’État ; il était inévitable. […] Avant qu’un grand homme paraisse, il y a ainsi plus d’une ébauche de lui, en quelque sorte, qui s’essaye à l’avance et qui manque. […] vous voulez me détrôner. » Pendant cette lutte, et à mesure qu’elle se prolonge, il se sent faiblir graduellement ; et lui, homme si énergique et si dur, le voilà qui succombe, pour ainsi dire, par défaillance. […] Il a vécu en lion, régné eu renard, il meurt comme un chien. » Tel fut le souvenir que laissait à ses contemporains cet homme dont l’administration et le règne contribuèrent puissamment à préparer la grandeur de la Russie.
Champcenetz et Rivarol, qui avaient donné le Petit Dictionnaire des grands Hommes en 1788, firent, deux ans après, un autre Petit Dictionnaire des grands Hommes de la Révolution, et le dédièrent à la baronne de Staël, ambassadrice de Suède auprès de la Nation. […] Es-tu donc sans pitié pour l’homme ? […] si je pouvais me faire homme, quelque petit qu’il fût, comme j’arrangerais une bonne fois ces anti-philosophes ! […] C’est un homme marqué au bon coin. […] Constant, je ne crois pas que tous les hommes soient Adolphe, mais les hommes à vanité. » Byron lui-même a dit en ses Mémoires : « Je vous envoie l’Adolphe de B.
Mais l’homme, c’est Mme Sand. […] Là encore, là surtout il est homme. […] Zola un homme de foi. […] Homme de cœur autant qu’homme de foi, essentiellement sincère et convaincu, M. […] Dans son étude de l’homme, il est allé jusqu’au fond.
Nous ne sommes pas trop de deux contre un, quand cette prodigieuse unité croissante est déjà de soixante et dix millions d’hommes, et quand ces soixante et dix millions d’hommes sont à la fois soldats intrépides comme des barbares, politiques raffinés comme des Grecs, ayant dans le même peuple les vertus de la barbarie et les habiletés de la corruption. […] Mais que gagnerez-vous, vous Europe, à ce meurtre fantastique de douze ou quinze millions d’hommes, coupables seulement de leur nom ? […] Devions-nous enfin au Piémont l’entrée de quatre-vingt mille hommes dans Naples même, pour y recevoir des mains d’un autre Jean sans Terre un royaume de neuf millions d’hommes stupéfaits par l’héroïque débarquement d’un intrépide soldat, mais nullement conquis dans une guerre légitime par la maison de Savoie ? […] Ni l’Angleterre, à cause de la Belgique ; ni la Prusse, à cause des limites du Rhin ; ni la Russie, à cause du Danube, ne porteront défi à ces douze cent mille hommes, soldats de la paix. […] Doit-elle un trône de trente millions d’hommes à la maison de Savoie ?
Il s’y sentait bien de la répugnance dans les premiers temps ; il gardait de ses préjugés de mondain et d’homme de qualité contre le froc. Les hommes les plus respectables qu’il consultait ne l’y engageaient pas. […] J’ai noté jusqu’à trois discussions de ce genre dans lesquelles il eut plus ou moins affaire à des hommes de Port-Royal : la première avec M. […] On serait même trop disposé à le prendre peut-être en ce sens unique et à faire un Rancé tout d’une pièce, ce que n’est aucun homme, pas même lui. […] « Mais peut-être qu’une correspondance particulière entre deux personnes qui se sont aimées offre encore quelque chose de plus triste ; car ce ne sont plus les hommes, c’est l’homme que l’on voit.
On sent l’homme qui a écrit trente volumes avant d’acquérir une manière ; quand on a été si long à la trouver, on n’est pas bien certain de la garder toujours. […] L’auteur de ce récit, qui ne se nomme pas, est évidemment un homme vertueux, d’une parfaite bonne foi, sensible de cœur et pénétré de la vérité de ce qu’il raconte. […] Ses épreuves, pauvre homme ! […] Belle leçon à nous tous poëtes, romanciers et hommes ! […] Un homme d’esprit à qui je citais, comme singulier, ce rapprochement qu’on avait fait des premiers écrits de M. de Balzac avec Pigault, n’en parut pas étonné : « Mais encore maintenant, me dit-il, voyez !
C’est la Course des Flambeaux sacrés qu’on célébrait à Athènes, exécutée, non plus par des hommes, mais par des montagnes. […] Des urnes pleines de cendres au lieu d’hommes ! […] Les Grecs divinisèrent plus tard cette triste martyre des dieux et des hommes, mais son culte resta lugubre comme sa destinée. […] Égisthe est là, l’homme qui l’aime, « le fort bouclier qui la couvre ». […] C’est avec une satiété attristée qu’elle demande à Égisthe de faire trève aux meurtres. — « Ô le plus cher des hommes !
Les hommes se récusent, les femmes chuchotent sous leurs éventails. […] Les rôles sont retournés ; c’est la femme qui attaque et c’est l’homme qui se défend. […] Mais cet homme aux quarante millions — que dirait l’Homme aux quarante écus de Voltaire ? […] Voilà un homme bien hardi. […] Insolent, imbécile, la voilà prise entre ces deux mots, entre ces deux hommes.
On sourit quand on pense que ce récit est de l’homme même dont les funérailles, quinze ans plus tard, égaleront en pompe et en majesté celles des plus grands rois. […] Cet homme, « qui n’a d’autre passion que la fatuité », s’est conduit en malhonnête homme. […] Je n’en crois rien, madame ; j’ai peu vu d’hommes si insolents avec les femmes n’être pas très humbles avec nous. […] … Puis tout aussitôt le galant homme, l’homme amoureux se retrouve : Permettez que je baise cette belle main : je fais serment d’y remettre le portrait et les lettres qu’elle a trop légèrement confiés. […] Le quatrième Dialogue nous montre qu’il n’était pas homme à demeurer en chemin, ici notre analyse s’arrête.
La langue qu’ils ont apprise est toujours la plus belle, la plus riche, la plus harmonieuse, à peu près comme les hommes en place sont toujours pour leur protégé des hommes supérieurs. […] Ils ne pourraient l’être que par des hommes qui ont le même intérêt qu’eux à prôner l’objet de leur étude et de leur culte. […] Je sais tout cela sur l’extrémité du doigt, pour dire sur le bout du doigt ; la cité de Paris, pour la ville de Paris ; le Pont nouveau, pour le Pont neuf ; un homme grand, pour un grand homme ; amasser de l’arène, pour ramasser du sable, et ainsi du reste. […] L’exactitude, disait un homme d’esprit, est la vertu d’un sot ; cet homme d’esprit avait tort en cela ; mais il est au moins certain que ce devrait être la vertu d’un critique qui reprend dans un ouvrage les points et les virgules, et qui assaisonne sa censure de beaucoup d’invectives. […] Enfin, on conseille à ce critique de ne point attaquer grossièrement des hommes tels que M. de Voltaire, dont toutes les satires du chanoine, latines et françaises, ne pourraient effleurer la réfutation.
L’un de ces amis fut l’auteur des Œuvres et des Hommes. […] « De cette même origine sont sortis plusieurs hommes marquants. […] L’homme atteindra bientôt toute sa hauteur. […] Pour nommer les choses, et même les plus augustes, l’homme a deux mots différents, qui correspondent aux deux partis qu’en toute occasion il peut prendre et qui attestent sa liberté. […] Quoique nous ayons aimé Guérin autant qu’âme d’homme puisse aimer âme d’homme, nous ne sommes pas digne de mêler nos larmes à celles de cette sœur mère, qui doit rester vierge jusque dans ses pleurs !
Il faut des lumieres & du génie pour éclairer les hommes. […] Survint un homme qui l’avait parcourue presque en entier. […] Il y parle moins à l’Artiste qu’à l’homme de génie. […] Duni l’Artiste & l’homme de goût. […] L’homme éclairé, l’homme de goût, peut juger, après coup, des opérations du génie ; mais non juger d’avance de ce qu’il peut opérer.
Il les aime toutes, et sans préférence, du moins toutes celles qui sont jolies, non point en Don Juan, mais en homme heureux. […] On oublie qu’il s’agit d’hommes, et on en retire une vérité sans emporter un chagrin. […] Si vous regardez sa conduite, il a l’air d’un enfant distrait qui se heurte aux hommes. […] Elles sont tout ce qu’il y a de beau et de bon dans l’homme. […] Ni l’extérieur, ni le rang, ni la fortune, ni la conduite ou le caractère visible ne font l’homme ; mais le sentiment intérieur et habituel.
Le mal que font les hommes vit après eux ; le bien est souvent enterré avec leurs os : qu’il en soit ainsi de César ! […] Maintenant, avec la permission de Brutus et des autres (car Brutus est un homme honorable, et ils sont tous des hommes honorables), je suis venu pour parler aux funérailles de César. Il était mon ami fidèle et juste ; mais Brutus dit qu’il était ambitieux, et Brutus est un homme honorable. […] Pourtant Brutus dit qu’il était ambitieux, et Brutus est un homme honorable. […] Pourtant Brutus dit qu’il était ambitieux, et assurément c’est un homme honorable.
L’homme. — 2. […] C’est le moins égoïste, le plus désintéressé des hommes, pourvu qu’il se dépense. […] Et elle se fait encore, parce qu’il est l’homme de la nature. La nature n’a cure de la beauté, de ce que les hommes conviennent d’appeler ainsi. […] Aucune vérité, d’abord, n’est vraie de ce diable d’homme, que la vérité contraire ne soit un peu vraie aussi.
[Les Œuvres et les Hommes : les Poètes (1852).] […] Il peut rire du Temps et de l’homme brutal, L’insulte de la ronce et l’injure de l’herbe Ne sauraient ébranler son ferme piédestal. […] Ne pleurez pas, malgré la plus juste des causes, Car celui qui dort là dans un blême lambeau Sut regarder sans pleurs les hommes et les choses. […] Un homme dépourvu d’idées, de sensibilité, d’imagination, et qui n’aime pas le lieu commun, se mêle d’écrire, et écrit toute sa vie : cela n’est pas très rare ; mais il y réussit : cela est extraordinaire, ne s’est produit peut-être qu’une fois dans l’histoire de l’art, est infiniment curieux à étudier. […] Il y a très longtemps qu’elles n’existent plus… C’était un homme admirablement doué pour le style et à qui il n’a manqué que le fond… Les hommes qui aiment les idées ont, à son endroit, une espèce d’horreur.
Son acte brutal a révolté les hommes honnêtes dans tous les camps. […] Triboulet hait le roi parce qu’il est le roi, les seigneurs parce qu’ils sont les seigneurs, les hommes parce qu’ils n’ont pas tous une bosse sur le dos. […] Sur Triboulet qui est homme, qui est père, qui a un cœur, qui a une fille. […] Et en effet, quel est l’homme auquel ce pouvoir myope s’attaque si étrangement ? […] Vous avez d’un côté l’homme et son œuvre ; de l’autre le ministère et ses actes.
Au fond, vous êtes du dix-huitième siècle ; votre philosophie détruit la dignité de l’homme ; vous êtes réduit au matérialisme ou au scepticisme. […] Du sentiment de sa faiblesse et de sa dépendance, l’homme ne s’élèvera-t-il pas par un raisonnement inévitable à l’idée de la souveraine et de la souveraine puissance ? […] À celle d’un grand fleuve, c’est un homme dans la force de l’âge, c’est un demi-dieu couché tranquillement au milieu des roseaux, et contemplant d’un œil satisfait les campagnes qu’il féconde et qu’il enrichit. […] Ils supposent l’esprit de l’homme plein et comblé d’idées de toutes sortes, entrées par cent sortes de voies, obscures, confuses, perverties par les mots, telles que nous les avons lorsque nous commençons à réfléchir sur nous-mêmes, après avoir pensé longtemps et au hasard. […] Vous écoutez un homme qui ment, vous avez le sentiment de sa coquinerie.
En général, notre homme se montre avisé, intelligent et sagace ; il est bien Italien, tout Juif et cosmopolite qu’il se prétend. […] L’homme, qui l’avait vu et entendu chanter, tendit un filet et le prit. […] L’homme lâche son captif avant d’avoir entendu ses préceptes, et non après. […] » s’écria l’homme en se mordant le doigt de dépit. […] Le petit drame a lieu ici, non plus entre un oiseau et un homme, mais entre un moineau et un renard.
Il en était, quoique lettré et versé dans toutes les branches de la scolastique, et il y eut si bien part, que sa vie fut d’un bout à l’autre celle d’un homme du monde et d’un homme d’action. […] Tout le côté du sud était couvert par les noms gravés d’hommes fameux, mais le soleil les fondait sans cesse. […] Il est homme expert, il écoute la confession d’un air agréable et doux ; son absolution est tout aimable ; pour les pénitences, il est accommodant. […] , j’aurais encore bien ma suffisance : je suis homme de petite chère ; mon esprit a son réconfort dans la Bible » ; mon corps est si rompu par les veilles, « que j’ai l’estomac tout détruit. » Le pauvre homme ! […] Sa voix ressemble à celle d’un jeune garçon qui devient homme.
Ce partage de direction causa de l’ombrage entre les deux hommes apostoliques. […] Dieu les a donnés aux hommes dans sa bonté. […] Ils se vantoient que leur pays étoit le plus sécond en grands hommes. […] Si jamais homme a été malheureux, c’est lui. […] Celui qui mangeroit de la chair de cet animal, seroit un homme abominable.
Ce serait la société élémentaire selon Hobbes, la lutte de l’homme devenu un loup pour l’homme. […] L’homme associé à la nature, la nature associée à l’homme, c’est une grande loi de l’art. […] J’ai relu l’Homme de neige et le Château des Désertes. […] Nous en étions, nous, à peindre l’homme souffrant, le blessé de la vie. […] Elle ne peut pas admettre que, sous prétexte d’être artiste, on cesse d’être soi-même, et que l’homme de lettres détruise l’homme.
Le seul petit intérêt a été, l’autre jour, les quatorze mille hommes qu’on voulait retrancher au maréchal Soult, et auxquels il tenait mordicus, ainsi que le roi. […] — Il est difficile, à propos des grands hommes mal entourés, que je n’aie pas songé à Lamartine, qui rallie sous ses étendards de soie tout ce qui se présente… Vous pourriez ainsi courir avec plus ou moins de doute et de conjecture, et passer un peu en revue les masques en donnant pourtant l’éloge à côté ; c’est ainsi que la critique porte. […] Il est arrivé exactement pour la société française, depuis treize ans, ce qui arrive pour un homme qui n’est pas jeune et qui fait une maladie violente, qui a quelque accès imprévu. […] On ferait M. de Salvandy ministre de la marine (car il paraît prouvé que rien ne nuit tant à ce ministère qu’un marin et un homme du métier) ; on éliminerait M. […] Teste, qui s’en iraient échouer dans des siéges à la Cour de cassation ; et on prendrait des hommes plus frais et moins criblés d’échecs (car ces deux ministres ont vu manquer en leurs mains presque tous leurs projets de lois).
. — abus de grands hommes de bien. […] -B (moi), dans son article du 15 juillet sur De Maistre, l’appelle ce grand homme de bien, empruntant cette expression à M. […] Villemain qualifie Molière le grand honnête homme ; de même que Molière, moins oratoirement, avait dit à Bossuet, dans le drame d’Adolphe Dumas : Vous êtes un brave homme. […] Eugène Sue, à son tour, ne trouve rien de mieux que de le qualifier également : ce grand homme de bien. Il est impossible de ne pas remarquer, quand on est un peu grammairien ou même moraliste, que voilà bien des grands hommes de bien en quinze jours, et rien ne prouverait plus combien une telle expression si solennelle, et qui devrait être si réservée, exprime peu une idée nette pour les esprits du jour que cet abus et comme ce jeu qu’on en fait.
La bienveillance habituelle qui règne dans son observation générale de l’homme, et qui ne permet point à l’amertume de se glisser sous le fruit de son expérience, n’empêche pourtant pas qu’il ne dise des choses assez vives à ce sexe qu’il paraît avoir bien connu : « Il n’est pas adroit de se montrer très-clairvoyant avec les femmes, à moins que ce ne soit pour deviner ce qui leur plaît. » « Il n’est pas rare de voir une femme, miraculeusement échappée aux dangers de la jeunesse et de la beauté, perdre le fruit de ses sacrifices en se donnant dès qu’on cesse de l’attaquer. […] Après madame de Lambert, après Droz et Meister, il a là-dessus des paroles d’une douce justesse : « Entre un homme et une femme dont le cœur n’est plus accessible à l’amour, l’amitié prend une nuance particulière où viennent se fondre les différences essentielles de leurs organisations. […] L’amitié de deux hommes, si profonde et si vraie qu’elle soit, n’exclut pas, dans un commerce habituel, des moments de froideur et de vide. Celle d’un homme et d’une femme ne cesse guère d’être attentive et empressée ; le sexe y conserve une partie de son influence… » La douceur de l’âge moins ardent, la vie égale et encore sensible d’une maturité apaisée est très-bien rendue par M. de Latena : « Entre quarante et cinquante ans, le soleil de la vie commence à descendre vers l’horizon, et tous les objets récemment éclairés d’une lumière éclatante prennent des teintes obscurcies qui font présager la nuit. […] Je le crois ; et cependant, en publiant ce livre, avec un vif désir de faire quelque bien, je songe aussi à l’approbation des hommes : c’est contre elle que je joue mon repos », Je voudrais, d’après le peu que j’ai indiqué ici, pouvoir rassurer le digne auteur ; il a moins risqué qu’il ne croit.
La première règle de la comédie, c’est de peindre l’homme de tous les temps. […] Ses personnages, élevés du particulier au général, résument en eux des catégories entières ; ils participent de la nature immuable et essentielle de l’homme, un hypocrite a quelque chose de l’hypocrisie absolue, un jaloux, quelque chose de la jalousie absolue ; leur nom propre devient un substantif commun ; ils sont de tous les pays, et demeurent à jamais contemporains des générations qui se succèdent246. […] S’il existait quelque part un être isolé, qui ne connût ni l’homme de la nature, ni l’homme de la société, la lecture de ce grand poète pourrait lui tenir lieu de tous les livres de morale et du commerce de ses semblables253. […] C’est un genre faux, agréablement touché par un homme de génie271.
Leconte de Lisle Au fond, et en réalité, c’est un homme de concorde et de paix, revêtu de la peau de Némée. […] Lazare décrit la souffrance des misérables sur qui roule le poids de la civilisation, les plaintes de l’homme et de l’enfant pris dans les engrenages des machines, et les gémissements de la nature troublée par les promesses du progrès. […] Il m’est arrivé à moi-même de le comparer dès lors à un homme qui marche dans un torrent et qui en a jusqu’au menton ; il ne se noie pas, mais il n’a pas le pied sûr ; il tâtonne et vacille comme un homme ivre. Musset, dans une bambochade inédite (Le Songe du Reviewer), donne l’idée de Barbier comme d’un petit homme qui marche entre quatre grandes diablesses de métaphores qui le tiennent au collet et ne le lâchent pas : Et quatre métaphores Ont étouffé Barbier !
Jeune et brillante sous Hérodote, elle étala aux yeux de la Grèce la peinture de la naissance de la société et des mœurs primitives des hommes. […] Enfin la corruption des hommes, les règnes de Tibère et de Néron, firent naître le dernier genre de l’histoire, le genre philosophique. […] Suétone conta l’anecdote sans réflexion et sans voile ; Plutarque y joignit la moralité ; Velleius Paterculus apprit à généraliser l’histoire sans la défigurer ; Florus en fit l’abrégé philosophique ; enfin, Diodore de Sicile, Trogue-Pompée, Denys d’Halicarnasse, Cornelius-Nepos, Quinte-Curce, Aurelius-Victor, Ammien-Marcellin, Justin, Eutrope, et d’autres que nous taisons, ou qui nous échappent, conduisirent l’histoire jusqu’aux temps où elle tomba entre les mains des auteurs chrétiens : époque où tout changea dans les mœurs des hommes. Il n’en est pas des vérités comme des illusions : celles-ci sont inépuisables, et le cercle des premières est borné ; la poésie est toujours nouvelle, parce que l’erreur ne vieillit jamais, et c’est ce qui fait sa grâce aux yeux des hommes. […] Hume, Robertson et Gibbon ont plus ou moins suivi ou Salluste ou Tacite ; mais ce dernier historien a produit deux hommes aussi grands que lui-même, Machiavel et Montesquieu.
Pierre Mancel de Bacilly16 I De tous les genres de littérature que l’homme cultive, l’une des plus vaines et des plus stériles en toutes choses, excepté en dangers, est cette littérature politique qui procède, voici tantôt deux siècles, par des théories sur l’origine et sur la nature du pouvoir. Sans les révolutions auxquelles elle a été mêlée et qui lui ont donné l’effroyable importance de leurs résultats, cette malheureuse littérature métaphysico-politique, ou de tout autre nom qu’on voudra la nommer, aurait trouvé depuis longtemps dans le mépris de tout le monde la place qu’elle n’occupe aujourd’hui que dans le mépris des hommes supérieurs. Et, en effet, si vous la séparez un instant des passions terribles qui s’en sont servies et qui sont prêtes à s’en servir encore, si, la regardant aux entrailles, vous lui demandez, comme aux autres spéculations de la pensée, ses titres réels à l’estime ou à l’admiration des hommes, vous serez bientôt convaincu de l’impuissance et de l’inanité de cette espèce de littérature, qui depuis le commencement du monde de la métaphysique pivote sur trois ou quatre idées dont l’esprit humain a cent fois fait le tour, qui tient toute, en ce qu’elle a de vrai, dans sept chapitres d’Aristote, sans que jamais personne en ait ajouté un de plus, et à laquelle Dieu a plusieurs fois envoyé des hommes de génie inutiles, comme s’il avait voulu par là en démontrer mieux le néant ! […] Chez lui, le chrétien double les forces du penseur, et sur la notion du pouvoir telle qu’il la conçoit et l’explique resplendit toujours cette main divine qui jette la lumière à tout, comme la main de l’homme y jette l’ombre.
Les métissages font souvent les plus fortes espèces d’hommes. […] Les hommes allèrent nourrir leur ivresse de tranches lourdes. […] J’ai le sentiment d’avoir été un homme, un simple homme de travail, de lutte et d’instincts, plus encore qu’un homme de lettres au sens exclusif du mot. […] J’aime surtout ces six chansons de pauvre homme. […] Ainsi doivent agir les hommes.
C’était ordinairement un homme qui jouait ce rôle, avec un masque. […] L’homme qui a écrit le quatrain, sans que rien l’y forçât, a-t-il pu écrire le sonnet quelques mois après ? […] Des hommes sans naissance, dont les actions furent grandes, ont illustré leurs héritiers. […] Heinsius, « un si grand homme », comme il l’appelle. […] Heinsius, « un si grand homme », ou par Aristote, plus ou moins faussé et rétréci.
Voilà l’homme qui n’était tout entier lui-même que lorsqu’il s’animait et s’échauffait, ce qui lui arrivait si aisément. […] L’attitude de l’homme était ici l’image même de son esprit. […] Cette chaleur d’accueil, de la part d’un homme célèbre, rendit courage à David, et fut pour son talent un bienfait. […] Il est bien plutôt, on l’a vu, l’homme de l’esquisse. […] Pour nous tous, Diderot est un homme consolant à voir et à considérer.
Il était fils d’un homme « qui était enfin parvenu à être valet de chambre du prince de Conti ». […] Il avait de bonne heure, et par une sorte d’instinct qui l’honore, choisi cet illustre écrivain pour son grand homme de prédilection et pour l’objet de son culte. […] Cet homme irréparable ! […] M. de Vaudreuil, homme d’esprit, ambitieux, généreux, et qui aspirait sous Louis XVI à un rôle de Mécène, ayant rencontré Le Brun, s’éprit de son talent, comme il avait fait de celui de Chamfort. […] L’homme a dans sa pensée le coup d’œil de l’Univers.
Rien de tel ne se montre dans les Mémoires de Louis XIV, non plus que dans ceux de Napoléon ; c’est de l’histoire toute pure, ce sont les réflexions d’hommes qui parlent de leur art, et le plus grand des arts, celui de régner. […] Mazarin, qui l’avait démêlé dans les dernières années, lui avait donné en conversant des conseils d’homme d’État, que le jeune homme avait saisis aussitôt mieux que n’auraient fait bien des esprits réputés plus cultivés et plus fins. […] Je crois trouver un merveilleux rapport entre cette manière de voir et de faire de Louis XIV, et celle des hommes distingués de son temps. […] La connaissance des hommes, le discernement des esprits, et l’application de chacun à l’emploi auquel il est le plus propre et le plus utile au public, c’est là proprement le grand art et c’est peut-être le premier talent du souverain. […] On a dit de Louis XIV que personne ne contait mieux que lui : « il faisait un conte mieux qu’homme du monde, et aussi bien un récit ».
Est-ce de bon goût de dénigrer les hommes très inférieurs, je l’accorde, et même très indignes, qui vous ont été préférés ? […] Courier ne sent point le besoin de ces moyens qui sont pourtant à l’usage des hommes et surtout des Français. […] Je suis assez content de cela. » Voilà bien l’écrivain dans l’homme politique, le littérateur que son soin curieux n’abandonne jamais. […] L’homme qui fait de jolies chansons (Béranger) disait l’autre jour : « À la place de M. […] Pour traduire Hérodote, il faut unir certaines qualités de science et de simplicité : Un homme séparé des hautes classes, dit-il, un homme du peuple, un paysan sachant le grec et le français, y pourra réussir si la chose est faisable ; c’est ce qui m’a décidé à entreprendre ceci où j’emploie, comme on va voir, non la langue courtisanesque, pour user de ce mot italien, mais celle des gens avec qui je travaille à mes champs, laquelle se trouve quasi toute dans La Fontaine.
Le véritable artiste ne doit pas voir et sentir les choses en artiste, mais en homme, en homme sociable et bienveillant, sans quoi le métier, tuant en lui le sentiment, finirait par ôter de ses œuvres la vie, qui est le fond solide de toute beauté. […] C’est en agissant de lui-même, en créant, que l’homme sent véritablement ses forces, et c’est surtout dans le domaine de la pensée qu’il peut créer quelque chose. […] Les hommes passent et leurs vies avec eux le sentiment demeure. […] Très probablement un homme du peuple, en présence d’un danger donné, aura une expression qu’un autre homme du peuple vis-à-vis de ce même danger reproduira. […] Enfin, il est des types proprement sociaux, qui représentent l’homme d’une époque, dans une société donnée.
Il y a d’ailleurs dans ce système quelque chose qui n’est pas expliqué : il reste toujours à savoir pourquoi certains hommes sont dans l’erreur. […] Aujourd’hui encore nous voyons l’exemple des plus austères vertus donné par quelques-uns des hommes dont les doctrines sont le plus justement contredites. […] L’orgueil, dit-on, est la cause de toutes les mauvaises doctrines : c’est pour se distinguer des autres hommes que l’on se fait incrédule et libre penseur ; on est bien aise d’avoir montré ainsi qu’on a secoué le joug. […] N’est-ce rien enfin que cet amour de l’humanité, cette fraternité en esprit qui nous inspire cette croyance que nul homme ne se trompe d’une manière absolue ? […] Quelques grands hommes ont su joindre les deux philosophies, et à la gloire d’inventer et de créer ils ont ajouté celle de comprendre, de recueillir, de concilier.
Plus on creuse dans l’étude de la vie et de l’homme, plus on trouve de tristesse et d’amertume. […] Il l’a définie excellemment quand, justifiant un mot de l’Ecole des Femmes, il disait : « L’auteur n’a pas mis cela pour être de soi un bon mot, mais seulement pour une chose qui caractérise l’homme », l’homme qui parle, bien entendu, dans son humeur particulière. […] Dans le délicieux Amphitryon, voyez Sosie et son maître en présence : avec quel esprit, quelle légèreté, mais quelle sûreté de main est marqué l’éternel rapport de l’homme qui sert à l’homme qui commande ! […] La raison, par qui l’homme est homme, fixe à la nature, à l’instinct, leur mesure et leurs bornes. […] Sans vouloir forcer les choses, il y a dans le Misanthrope comme un germe de la fameuse antithèse de l’homme social et de l’homme naturel qui s’épanouira à travers l’œuvre de J.
Tous les hommes marchent vers la mort ; c’est l’ordre inévitable de la nature. Un homme doit-il se plaindre de ce qui est la nécessité de tous ? L’homme, pour le salut de son âme, désire une épouse, un fils, une fille : tu les as. […] Je t’ai donné tout ce que peut donner une femme à un homme : un amour, un fils, une fille ; ma dette est payée. […] Tiens ta parole, ô toi chef et modèle des hommes !
Simon Bourgoin, valet de chambre de Louis XII, auteur d’une Moralité ayant pour titre : l’Homme juste et l’Homme mondain. […] Son drame embrassait souvent la vie d’un homme. […] Nul homme n’ose-t-il se montrer à tes yeux ? […] Adorer un tel homme ! […] C’était un homme d’esprit, fort laid et très-amusant dans le monde.
Plus précisément, on peut appeler Valéry un homme d’essais. […] Mais l’œuvre seule nous importe, et non l’homme ; ou l’homme ne nous importe que parce que le reflet de son œuvre sur lui le désigne à notre attention. […] En tant que poète, il choisit de ne pas être un esprit, et d’être un homme. […] Devant lui il voit non des choses, non des hommes, mais un double. […] Les hommes de 1650 s’enchantaient de la Belle Matineuse.
« Vous me chicanez sur les onze mille trois cents quatre-vingt-seize hommes de son armée en me demandant d’où le savez-vous (ce nombre) ? […] Mais vous venez de le voir vous-même, puisque j’ai dit le nombre d’hommes qu’il y avait dans les différents corps de l’armée punique. […] J’ai mieux aimé un effet impudique (si impudeur il y a) avec un serpent qu’avec un homme. […] Lacaussade connaît si bien, on conçoit de quel avantage m’étaient ses indications, ses remarques d’homme du métier, et quelle précision je pouvais donner à mes propres jugements en les sentant appuyés du sien. […] Après lui, j’eus presque immédiatement pour secrétaire un homme très-jeune alors et dont le nom aujourd’hui bien connu est, à lui seul, un éloge.
Il était suivi de trente hommes de son parti, marchant un peu en arrière, destinés à porter la main sur les officiers de la Signoria. […] Il faut une émotion au peuple pour que son cœur et son imagination s’attachent à un homme nouveau. […] Ce n’est pas la cour, c’est la nature qui fait les poëtes, ces hommes de grand air ! […] Nous avons connu, de nos jours, des hommes ainsi composés pour le peuple. […] Les hommes sont sujets à différentes manies : la mienne est une admiration profonde pour les productions des grands sculpteurs, et peut-être en suis-je possédé plus qu’il ne convient à un homme qui peut avoir quelque prétention à la science.
Le plus connu, & celui qui mérite le plus de l'être, est la Vie des Hommes illustres, comparés les uns avec les autres, depuis la chute de l'Empire Romain jusqu'à nos jours. […] Il n'oppose point les hommes d'une Nation à ceux d'une autre, il compare homme à homme.
Les hommes chargés de l’exécution la retardent, craignant qu’il ne les châtie l’heure d’après, pour avoir trop vite obéi. […] Le Géant massif et chaotique de l’Asie marcha contre l’Homme dont la petitesse, restée droite au milieu du prosternement unanime, choquait de loin son orgueil. […] Les femmes actives et vives de l’Europe, comparées aux belles femelles oisives de l’Asie, frappaient d’ailleurs vivement l’imagination des hommes de l’Iran. […] » avec l’étonnement d’un homme mordu au talon par nu insecte invisible. […] Ce fut pour eux un sacrilège comparable à celui d’un homme qui aurait jeté des choses impures dans un fleuve sacré.
S’il eût été signé « Victor Hugo », ce livre, il aurait fait le tonitrument ordinaire ; mais n’étant signé que « Vacquerie », on n’a eu pour Vacquerie que les bontés qu’on doit avoir pour un homme qui a l’honneur d’être de la maison Hugo, et ces bontés-là ne sont pas le diable, après tout ! […] … Un homme comme lui devait casser le masque, rompre l’incognito, passer à travers le déguisement, comme un boulet à travers une tapisserie ! […] … Croyez-vous toujours que ce soit un homme qui ne soit pas Hugo qui ait pu écrire de ces choses de génie-Hugo ? […] Si Auguste Vacquerie l’avait écrit, lui, ce serait un phénomène, et je répugne, je l’avoue, à penser que Vacquerie soit un phénomène… Ce serait un phénomène, en effet, et un des plus étonnants, qu’un homme qui absorberait un autre homme comme l’éponge absorbe l’eau qu’elle boit, et encore l’éponge reste éponge, malgré l’eau qu’elle a bue ! […] J’ai dans ma vie vu bien des êtres creux, coupes et cruches, bassins de toute espèce, imbécilles, ouverts et béants à toutes les choses qu’on jette dans leur vide, mais de capacité à tenir tout un homme, et quel homme !
C’est Ronsard, le paterfamilias du Romantisme moderne, qui a été l’homme de l’avenir, devenu le présent à cette heure. […] C’était, avant tout, la respiration d’un seul homme, mais d’un seul homme qui était cette force qu’on nomme Ronsard ; c’était le πνευμα d’un de ces grands poètes de leur temps et de tous les temps, qui ont pour les meilleures cordes à leur lyre les fibres saignantes ou triomphantes de leurs cœurs. […] Mais il n’y avait pas eu réellement de vie poétique organisée ; mais d’homme complet dans sa force et dans sa majesté de poète, il n’y en avait pas eu avant Ronsard, Ronsard est l’Adam de la poésie française, et, comme Adam, il est né homme, armé de toutes ses facultés ! Aussi, le caractère suprême de Ronsard est-il justement le caractère que nous ne pouvons pas ne point supposer au premier homme. […] Ce poète, ce grand seigneur, cet homme de cour, qui n’aima jamais que deux paysannes, deux filles tout près de la nature, rencontrées au bord des rivières et des bois : Simples glayeuls, à couleur arc-en-cine, et qu’il engrava en ses vers sous les noms, de Marie et de Cassandre, — car la troisième, qu’on y trouve aussi sous le nom de Synope, il n’est pas bien sûr qu’il l’ait aimée, — aima donc au-dessous de lui, comme les hommes vraiment grands, qui descendent presque toujours vers la femme qu’ils aiment, tandis que les petits veulent monter vers elle, — et il eut dans l’expression de son double amour une ampleur d’embrassement, un si vaste réchauffement de cœur, un emportement de geste si impérieux dans la caresse, que ses Sonnets et ses autres pièces intitulées : Amours, effacent par la passion, le mouvement et l’image, tout ce qui a jamais parlé d’amour.
On a trouvé cela de bon en lui qu’il n’était ni tout à fait homme d’église, ni entièrement homme de cour. […] Hommes de l’opposition des quinze ans, dites, n’avez-vous plus de puissance d’indignation que contre des souvenirs ? […] Dans la situation toute secondaire où est descendue l’Académie française et d’où il est difficile qu’elle se relève, n’ayant ni action directe, ni but propre, elle paraît décidée à se recruter en grande partie parmi les hommes politiques, comme autrefois elle faisait parmi les grands seigneurs, et elle aura raison, pourvu que, de temps à autre, elle ne dédaigne pas d’ouvrir ses invalides à quelque littérateur pur et simple qui aura la témérité de se mettre sur les rangs. Mais, même entre les hommes politiques, il y a une sorte de choix littéraire, et jusqu’ici l’Académie n’a pas eu toujours la main heureuse. On parle pour la prochaine fois d’un homme politique encore, rien de mieux ; quelques-uns désignent M.
» Toutefois il paraît que la facilité de madame de Sévigné était contraire à l’usage, puisque Bussy-Rabutin ajoute encore ce trait de satire : « Il n’y a guère que l’usage qui la pourrait contraindre ; mais elle ne balance pas à le choquer plutôt que les hommes 29. » Il paraît que Voiture, après avoir reçu de Julie une leçon de réserve, se crut en droit d’en donner de semblables à d’autres. […] C’est que chez les Romains, les femmes ne vivaient pas en société avec les hommes ; que les dames romaines vivaient retirées ; que recevoir des hommes chez soi, c’était le honteux privilège des courtisanes et des femmes publiques. […] La bienséance du langage est une loi de la morale dans toute société où les femmes sont en parité avec les hommes, parce que c’est un devoir envers elles. Dans la société des femmes, la bienséance du langage est imposée par la double sympathie qui unit l’homme délicat à la pudeur du sexe, et la délicatesse de chaque homme avec celle de tous les autres.
la jeunesse voulait pardonner la désertion physique de l’homme ! […] Il nous poigne de repousser l’homme que nous avons trop fervemment aimé. […] Il nous aurait été doux de voir le grand homme poursuivre paisiblement sa carrière. […] C’est le malheur des hommes qui représentent une doctrine qu’il devient impossible de les épargner le jour où ils compromettent cette doctrine. […] Pour nous, nous repoussons l’idée d’irrespect, pleins d’admiration pour le talent immense qu’a souvent déployé l’homme.
Je n’ai le plaisir de connaître l’homme que par ses écrits ; c’est quelque chose ; mais ceux qui le connaissent encore mieux, et qui l’ont vu de près, me parlent de lui comme d’un esprit qui était de bonne heure des plus faits. […] Pour moi, je ne concevrai jamais que, par aversion d’un état de choses présent, quand cet état n’est pas intolérable, on s’allie et on se coalise avec des hommes avec qui on aurait à se couper la gorge (je parle au moral) le lendemain de la victoire […] En politique, les hommes, s’ils étaient sages, devraient se dire qu’ils diffèrent moins encore en ce qui est des principes qu’en ce qui est de l’appréciation des faits. […] que cette disposition sincère, cette vertu d’homme de bonne volonté, se sentirait bien, et que, si elle ne se faisait pas obéir en tout, elle se ferait écouter ! […] Il y aurait eu sans doute (et tous ces hommes supérieurs ou distingués nous en sont la preuve), il y aurait eu pour M.
Les hommes compétents auxquels je me suis adressé se sont généralement accordés à me représenter M. […] Toutes les demeures des hommes et des animaux furent fouillées. […] Quand un homme atteint à ces dernières limites de la vie humaine, il a traversé et enterré plus d’une époque. […] Un jour qu’il citait de l’Horace à l’homme qui le sait le mieux et qui n’en n’abuse jamais, à M. […] On ne remarquerait pas ces infiniment petites bévues d’hommes d’ailleurs très-instruits, si elles ne se rattachaient à une prétention et à un léger travers.
C’est alors que Spendius, l’homme de ressource, offre tout à coup à Mâtho de l’introduire nuitamment dans Carthage. […] Hamilcar, le grand homme d’État, le père d’Hannibal, ne gagne pas à cette visite où il est présenté comme un violent et un cupide, ne se possédant pas, à tout moment hors de lui-même. […] Il y a même un mutilé aux jambes coupées, un tronçon d’homme, le pauvre général Giscon, qui, rampant inaperçu jusque sous la tente, assiste à la scène comme témoin. […] L’homme du Nord ne pourrit pas comme l’homme du Midi. […] L’homme est bon, excellent, le livre est cruel.
* La guerre a été le premier état naturel de l’homme à l’origine des sociétés : guerre contre les animaux de proie, guerre des hommes entre eux. […] Il y fut actif, essentiel, et il contribua autant que personne, en ces difficiles et calamiteuses années 1799-1800, à l’organisation de l’armée et de l’état militaire en Suisse, à la réforme et à la refonte des règlements, au bon choix des hommes. […] Il n’avait rien de la violence ni de la rudesse du métier ; mais il avait l’indépendance de l’esprit et le ressort du caractère, impossible à comprimer chez un homme qui pense et qui tient à ses idées. […] Mais ici il rencontra les éternelles difficultés auxquelles vient se heurter tout homme d’initiative et d’invention au début de la carrière. […] Homme d’art et de science avant tout, il eut l’idée dès lors d’entrer au service de la Russie, et il se présenta chez le chargé d’affaires, M. d’Oubril, son manuscrit à la main.
La grandeur des objets qui mettaient les hommes aux prises — c’était la religion avec la morale — faisait que l’actualité échauffait la poésie sans la rapetisser, la précisait sans la dessécher. […] Pendant les trente-cinq ans qui séparent la mort de Henri II de l’entrée de Henri IV à Paris, deux hommes se tirent de pair par le talent oratoire : L’Hôpital et Du Vair. Il appartient à l’histoire d’estimer le rôle du grand homme de bien qui fut L’Hôpital219. […] Ce qui tua l’éloquence, ce lut le triomphe de la cause que ces deux hommes éloquents servaient : ce fut le triomphe de la royauté. […] Car la Ménippée eut tout l’honneur de l’œuvre dont les hommes que j’ai énumérés avaient eu toute la peine.
D’abord un moraliste, cela est plus ou moins pessimiste, cela n’a pas d’illusions sur les hommes ni sur les mobiles de leurs actes. […] On dira : L’opinion publique, en flétrissant l’homme qui est l’obligé de sa maîtresse, ne laisse-t-elle pas entendre que la femme nous fait, en se donnant, un don complet auquel elle ne saurait ajouter sans le diminuer par là même ! […] — La fatuité est la vanité de l’homme dam ses rapports avec la femme Il y a un moindre abîme entre la modestie et l’orgueil qu’entre l’orgueil et la vanité, etc. […] Sa principale matière, c’est l’homme dans la société : il est plein de ces remarques que l’on sent bien venir d’une femme, qu’elle a dû faire dans quelque salon, au courant d’une causerie. […] Il faut qu’un homme soit bien aimable pour qu’on lui pardonne de n’être pas celui qu’on attendait.
Elle fut mariée à un officier et chambellan du duc de Lorraine, Huguet de Graffigny, homme dur et cruel, qui, par ses violences, mit plus d’une fois la vie de sa femme en danger, et qui finit ses jours dans une prison. […] Je regarde un homme qui a aimé la poésie, et qui n’en est plus touché, comme un malade qui a perdu un de ses sens. […] Cet homme toujours mourant ressuscite : il est léger, brillant, infatigable. […] c’est là que l’homme reste et que le héros s’évanouit ; il serait homme à ne point pardonner à quelqu’un qui louerait Rousseau. » Et pour les louanges, « on les aime à toutes sauces, surtout quand on dit des injures à cet abbé Desfontaines ». […] je le dis en soupirant, les hommes ne sont peut-être pas dignes de toi !
Il y a pour nous, à la distance où nous sommes déjà de lui, deux hommes et comme deux écrivains en Ducis. […] Mais il y a le Ducis homme et caractère, poète au cœur chaud, d’autant plus poète qu’il parle en prose et non en vers, et qu’il a le langage plus naturel, écrivant à ses amis des lettres charmantes, toutes semées de mots simples et grandioses, de pensées qui sentent la Bible, le livre de la Sagesse, et où résonne pourtant comme un lointain grondement du tonnerre tragique. […] L’à-propos est si souverain dans ces choses de théâtre, que les pièces de Shakespeare, sentimentalisées par Ducis et rabaissées au ton des Nuits d’Young, réussirent et firent fureur en leur temps, tandis que, du nôtre, le vrai et grand Shakespeare, reproduit et calqué avec art par des hommes de talent et d’étude, n’a jamais pris pied qu’à demi. […] Comme on ne pouvait songer à chercher un égal, on avait eu le bon goût de se tourner vers un homme de talent et de bien, jouissant de la considération universelle. […] mon pauvre homme !
Le mot litigieux est pour Boileau synonyme d’ordre et de mesure ; Jean-Jacques s’en inspire pour affranchir l’homme des liens sociaux. […] Impulsif, il écrit, et il se trouve que chacun de ses mots est autant de parcelles d’âmes palpitantes qui disent l’Homme. […] L’homme emprisonné, l’homme cristallisé, l’homme végétal s’adresse à l’homme personnifié ». […] Au fond, le symbole est une vérité que la langue de l’homme ne peut pas dire à l’oreille de l’homme et que l’esprit dit à l’esprit. » Ballanche. […] « L’homme pratique, l’homme positif ne voient dans les mots que les choses qu’ils représentent.
À défaut de la terre, il saisit l’homme. […] De plus, en cas de retard, on leur envoie un « homme bleu », un garnisaire, dont ils payent la journée et qui prend domicile dans leur logis. […] Il faut que l’homme vienne au grenier acheter de l’autre sel, fasse déclaration, rapporte un bulletin et représente ce bulletin à toute visite. […] Sa récolte manque souvent, et « toute récolte hasardeuse ruine l’homme qui n’a pas de capital ». […] Entre ces mains ignorantes et partiales, ce n’est pas l’équité qui tient la balance, c’est l’intérêt privé, la haine locale, le désir de vengeance, le besoin de ménager un ami, un parent, un voisin, un protecteur, un patron, un homme puissant, un homme dangereux.
Tantôt on poussait la diplomatie de Louis-Philippe à la restauration chimérique de la Pologne, restauration que Napoléon lui-même, à la tête de sept cent mille hommes et campé à Varsovie, n’avait pas osé tenter. […] Il y avait une nombreuse réunion d’hommes politiques de toutes nuances, encore vivants, chez moi ce jour-là. « Eh bien, qu’en dites-vous ? […] Un tel principe n’a duré pour les hommes pensants que le temps de l’analyser et de le maudire. […] L’unité de l’univers dans la servitude est le rêve de l’homme ; la diversité dans l’indépendance est la loi de Dieu. […] C’était un homme léger de ton, étourdi d’allure ; mais il avait du génie dans le coup d’œil, de la promptitude dans la conception, de la résolution dans la main.
Le piège est trop sûr pour intéresser, et ce dernier trait achève le pauvre homme. […] Cet homme qui incarne la contagion, dans la pièce, n’est pas contagieux. […] De tels procédés déclassent un homme de l’aristocratie des coquins, et le rangent dans la catégorie des goujats. […] Voilà deux hommes morts ! […] je laisse une élève. » Et il part pour la Californie, « cette terre promise des hommes de sa trempe ».
Et vient le raisonnement que vous connaissez : S’il y a un tremblement de terre à Lisbonne, il est évident que ce ne sont pas les hommes qui en sont cause Pardon, si ! […] quelle différence il y a entre un homme et un autre homme ! […] Qu’il s’offre peu d’emplois que le sien ne surpasse, Et qu’entre l’homme et l’homme il sait mettre d’espace ! […] Voilà des vers comme, avec la nonchalance d’un homme qui fait un opéra, La Fontaine était capable d’en trouver. […] Il fallait l’un ou l’autre pour plaire aux hommes de son temps, c’est pour cela qu’il n’a jamais eu un grand succès théâtral.
Ce n’est pas avec une vertueuse sensibilité que ces poètes nous peignent la passagère destinée de l’homme ; si leur âme se montrait capable d’émotions profondes, on leur demanderait de combattre la tyrannie, au lieu de chanter l’usurpateur. […] On a besoin d’une plus profonde connaissance de l’homme pour être un grand moraliste que pour devenir un bon historien. […] Tite-Live, Salluste, des historiens d’un ordre inférieur, Florus, Cornelius Nepos, etc., nous charment par la grandeur et la simplicité des récits, par l’éloquence des harangues qu’ils prêtent à leurs grands hommes, par l’intérêt dramatique qu’ils savent donner à leurs tableaux. […] Les moralistes découvrent des faiblesses, qui sont les ressemblances cachées de tous les hommes entre eux : l’historien doit prononcer fortement leurs différences. […] Le gouvernement républicain donne aux hommes, comme aux événements, un grand caractère ; et des siècles de monarchie despotique ou de guerres féodales, n’inspirent pas autant d’intérêt que l’histoire d’une ville libre.
Car voyez, goûtez, comparez : les anciens hommes n’ont rien eu qui ressemblât à l’esprit des Gaietés de l’année. […] Je me demande en frémissant quel peut bien être l’état d’esprit d’un homme qui se livre tous les jours de sa vie à de pareils exercices. […] Figurez-vous un homme dont toutes les pensées, même les plus intimes et les plus personnelles, revêtiraient d’elles-mêmes les formes consacrées d’une élégance imbécile ; qui aurait volontairement créé et développé en lui cette infirmité et qui serait décidé à mourir sans avoir une fois, une seule fois, exprimé directement sa pensée… Ô prodige d’ironie ! […] Est-il défendu d’imaginer qu’une Puissance inconnue, ayant d’abord permis aux hommes d’établir entre les choses et les mots des rapports constants, universels et publics, a voulu enfouir en même temps dans les ténèbres des idiomes humains certains rapports secrets, absurdes et réjouissants des mots avec les objets ou des vocables entre eux, et en a réservé la découverte à quelques privilégiés du rire et de la fantaisie ? Grosclaude est assurément, un de ces hommes.
Si les hommes sont pauvres, le souverain ne protège que des malheureux ; s’ils sont valétudinaires, il ne garde que des malades. […] Ce raisonnement est-il d’un homme ? […] Il serait à souhaiter qu’il eût le courage d’avouer son erreur lorsqu’il se sera trompé ; mais cette ingénuité qu’ont eue Bœrhaave, Sydenham et Hippocrate est presque au-dessus des forces de l’homme, et il ne faut pas trop s’y attendre. […] Cette petite provision, suffisante pour l’homme bien élevé, serait trop légère pour le médecin, dont la profession suppose une connaissance approfondie des substances de la nature et de leurs analyses, ses deux arsenaux. Le médecin en doit savoir beaucoup moins que le naturaliste de profession, mais infiniment davantage que l’homme du monde.
Et cependant le sujet historique que Labutte n’a pas craint d’aborder n’en restera pas moins un des plus intéressants et des plus magnifiques sujets qu’un homme d’imagination et de science pût traiter, s’il l’avait compris. […] Nous avons, sur le simple titre de l’ouvrage, ressenti une forte et involontaire sympathie pour un homme qui, par ce temps de civilisation économique, écrit un livre sur les vieux iarls scandinaves, les pères oubliés des éleveurs de la vallée d’Auge et des herbagers du Cotentin. […] Ces hommes-là ont plus fait par leurs prétendues folies que nous par notre prétendue sagesse. […] Le pinceau maigrelet d’un homme qui ne se doute ni de la taille et de la musculature de ses modèles, ni de la profondeur de leurs physionomies, ni du caractère des événements qui les éclairent et qui les colorent, et dont la petitesse de raison philosophique fausse à tout instant le sens même extérieur de l’histoire. […] Dans un temps d’indulgence prostituée, où le mépris lui-même s’est fait bon enfant, c’est une locution commode et déjà vulgaire qu’on ne doit point, en parlant gravement de son livre, donner de l’importance à un homme qui par lui-même n’en a pas.
Ce n’est pas même un livre, ce sont des pages inspirées, arrachées à l’âme comme ses cris et ses larmes, et dans lesquelles l’Amour, sans le savoir, a produit ce que l’Art, qui le sait, produit dans les œuvres des hommes de génie ! […] À en croire les Mémoires de Saint-Simon et de Duclos, c’était même un assez pauvre homme, officier général, il est vrai, mais qui n’avait pour toute poésie (car c’en est une !) […] Dès les premiers mots de cette larmoyante élégie, soupirée lâchement aux pieds d’un homme et où le tonnerre du grand nom du Dieu qu’on outrage ne retentit pas une seule fois, l’imagination est cruellement trompée. […] Et nous disons romances, et non pas romans ; car le romancier le plus vulgaire, avec ce sujet d’une religieuse séduite et abandonnée, apostate de Dieu par amour d’un homme, aurait mis certainement plus de sang du cœur dans les larmes qu’il eût fait verser à sa chimère qu’il n’en passa jamais sur les joues de cette religieuse, qu’on nous donne comme une réalité. […] Nous avons nié la religieuse ; un autre que nous a nié la femme… un autre qui se connaissait aux passions et à leur langage : « Je parierais que les lettres de la religieuse portugaise sont d’un homme !
Dans La Critique de l’École des femmes, Dorante est un homme du monde, et Lysidas un poète pédant. […] Dorante a lu Kant ; d’homme du monde aimable et galant qu’il était autrefois, il est devenu un peu scolastique. […] L’un d’eux dira : Le singe est le contraire de l’homme ; en effet, l’homme est l’être le plus sérieux de la création. […] Le singe n’est pas le contraire de l’homme ; car l’homme n’est pas toujours sérieux ; il lui arrive de faire des grimaces, et, soit dit sans vous offenser, de dire des choses ridicules. […] Lysidas, bon logicien mais homme d’esprit, ne fasse pas plutôt profession extérieure et philosophique de ne la point aimer.
L’intelligence, s’il y a une intelligence chez l’homme, au lieu de progresser, diminue. […] Il ne naît pas, tous les jours, pour écrire l’histoire d’une école de peinture, deux hommes ayant fait de sérieuses études de peinture, deux hommes qui, indépendamment de cette compétence, se trouvent être à la fois des érudits et des stylistes. […] C’est navrant, pour un homme de valeur, d’être interprété dans une telle salle. […] Les hommes se sont rassemblés autour de l’atelier de confection. […] Il a une si belle tête d’homme bon, d’apôtre scientifique.
— Un économiste qui va au-delà de sa science et qui subordonne la production à l’homme, au lieu de subordonner l’homme à la production. — Soit, mais il n’y a pas là non plus de quoi faire un philosophe. […] On n’est complètement homme que par là. […] C’est un groupe de trois propositions comme celui-ci : « Tous les hommes sont mortels ; le prince Albert est un homme ; donc le prince Albert est mortel. » Voilà le modèle de la preuve, et toute preuve complète se ramène à celle-là. […] Une proposition générale concernant tous les hommes qui aboutit à une proposition particulière concernant un certain homme. […] Si tous les hommes sont morts ou mourront, c’est encore parce que la mortalité est jointe à la qualité d’homme.
Nous avons aujourd’hui un homme de Lettres du même nom, Auteur d’une Tragédie, intitulée Zuma, qui, malgré le succès qu’elle a eu au Théatre, ne figurera jamais que parmi les Pieces médiocres. […] Mongin dans un de ses Discours académiques, « c’est là qu’on est étonné de voir dans un seul homme l’ame universelle de plusieurs Grands Hommes, l’ame du Guerrier, l’ame du Sage, du grand Magistrat & de l’habile Politique ; là il s’éleve, il change, il se multiplie, & prend toutes les formes différentes du mérite & de la vertu. […] On a cru pouvoir faire revivre les Grands Hommes, & plaire, à leur exemple, en ne prenant d’eux précisément que ce qui les empêche d’être des Grands Hommes accomplis.
Pythagore, Platon, Socrate, recommandent le culte de ces hommes, qu’ils appellent des héros. […] Et sans doute ce sont des héros, ces martyrs, qui, domptant les passions de leur cœur et bravant la méchanceté des hommes, ont mérité par ces travaux de monter au rang des puissances célestes. […] Sacrés mortels, que l’Église de Jésus-Christ nous commande d’honorer, vous n’étiez ni des forts, ni des puissants entre les hommes ! […] Nous tairons à présent, parce que nous en parlerons dans la suite, ces bienfaiteurs de l’humanité, qui fondèrent des hôpitaux, et se vouèrent à la pauvreté, à la peste, à l’esclavage, pour secourir des hommes ; nous nous renfermerons dans les seules Écritures, de peur de nous égarer dans un sujet si vaste et si intéressant. […] Abraham, Isaac, Jacob, Rebecca, et vous tous, enfants de l’Orient, rois, patriarches, aïeux de Jésus-Christ, chantez l’antique alliance de Dieu et des hommes !
Il ne sçauroit y avoir d’illusion dans l’esprit d’un homme qui est en son bon sens, à moins que précedemment il n’y ait eu une illusion faite à ses sens. […] Mais dans le tableau dont je parle, Attila représente si naïvement un Scythe épouvanté, le pape Leon qui lui explique cette vision, montre une assurance si noble et un maintien si conforme à sa dignité, tous les assistans ressemblent si bien à des hommes qui se rencontreroient chacun dans la même circonstance où Raphaël a supposé ses differens personnages, les chevaux mêmes concourent si bien à l’action principale ; l’imitation est si vrai-semblable, qu’elle fait sur les spectateurs une grande partie de l’impression que l’évenement auroit pû faire sur eux. On raconte un grand nombre d’histoires d’animaux, d’enfans, et même d’hommes faits qui s’en sont laissé imposer par des tableaux, au point de les avoir pris pour les objets dont ils n’étoient qu’une imitation. […] Des hommes ont souvent adressé la parole à des portraits, croïans parler à d’autres hommes.
Pour que les hommes déjà entrés dans la société pussent se communiquer les mœurs, droits et gouvernements dont nous venons de parler, il se forma trois sortes de langues et de caractères. […] Du reste, la nature des premiers hommes était farouche et barbare ; mais la même erreur de leur imagination leur inspirait une profonde terreur des dieux qu’ils s’étaient faits eux-mêmes, et la religion commençait à dompter leur farouche indépendance. […] Trois sortes de mœurs Les premières mœurs eurent ce caractère de piété et de religion que l’on attribue à Deucalion et Pyrrha, à peine échappés aux eaux du déluge. — Les secondes furent celles d’hommes irritables et susceptibles sur le point d’honneur, tels qu’on nous représente Achille. — Les troisièmes furent réglées par le devoir ; elles appartiennent à l’époque où l’on fait consister l’honneur dans l’accomplissement des devoirs civils. […] Les hommes voyant en toutes choses les dieux ou l’action des dieux, se regardaient, eux et tout ce qui leur appartenait, comme dépendant immédiatement de la divinité. […] Sous ces gouvernements, les hommes croyaient que toute chose était commandée par les dieux.
Le critique décrit un homme qui n’est pas attaché à la vie et qui a pressenti, voire appelé sa mort. […] Un Homme heureux est un récit intime au ton naturel. […] Martineau conviendrait sans doute avec moi que pas plus que l’homme en général l’homme de génie ne doit parler comme un livre, — fut-ce comme un de ses propres chefs-d’œuvre. […] À mon sens Claude Lothaire n’aurait pas dû être un homme de théâtre et de boulevard. […] « Pour faire d’un homme un saint, il faut bien que ce soit la grâce, et qui en doute ne sait ce que c’est que saint et qu’homme », [Pensées, op. cit.
» Voilà ce que répètent les hommes de Bourse entre les deux Janus. […] Non, jamais le monde n’a si étrangement pué au nez d’un homme. […] L’action divine se traduit, chez l’homme et la femme, par des signes sensibles et corporels. […] Une fois seulement, un petit homme noir, de figure sèche et mauvaise, a jeté quelques cris brutaux. […] Les anciens hommes avaient voué des autels au dieu Béiséris, au dieu Illumne… » Et M.
Les hommes à qui elles se trouvent décernées entendent un temps durant leur nom résonner tumultueusement dans la bouche des hommes. […] C’est le Louis XI curieux homme de M. […] On sent toujours l’homme qui se force. […] Ce qui nous surprend, c’est qu’un homme comme M. […] Cultivés de corps et d’esprit, les hommes sont lettrés et bien faits, les fermes sont fées.
Il aurait voulu être, et il a été, en effet, l’homme qui n’a jamais eu que vingt ans. […] Le prince de Ligne a dit de lui : « Vauvenargues est trop triste pour un homme de guerre ; il voyait trop noir. » Il y supposait de la prétention de la part de Vauvenargues, mais ce n’était que de la mélancolie sur un fond sérieux et de la mauvaise santé. […] Quand un homme se peint dans ses ouvrages, surtout du côté de la volupté, il intéresse toujours, surtout les jeunes gens ; on voudrait avoir vécu avec ces aimables débauchés d’Anet et du Temple, et ces messieurs à Roissy. […] Je me souviens que je lui dis : Monsieur de Voltaire, ajoutez-y comme son soutien l’Océan, sans lequel elle ne durerait pas un an. » L’homme qui semblait des deux le plus léger ne se trouvait pas être ici le moins sage. Ce côté sérieux et sensé, qu’il n’eut jamais l’occasion de développer avec suite dans les affaires, tourna avec les années chez le prince de Ligne au profit de l’homme aimable : même en ne restant que cela avant toute chose, il y a un progrès qui est à faire pour continuer d’en mériter la réputation.
Tertullien distingue d’abord l’homme et César, et forme ensuite des vœux proportionnés à ces deux états. À l’exemple de Tertullien, le prélat envisageait donc Louis homme, et ensuite Louis roi. […] Si votre style est noble, il est encore plus épiscopal (M. de Noyon, pour le coup, était homme à avoir fourni ce trait-là et à l’avoir indiqué de sa main sur le manuscrit). […] Le roi prit mal cette espièglerie d’un homme d’esprit dans un personnage public. […] Jusque là, et depuis l’admission du public en 1672, il n’y avait eu que des hommes.
Les premières sont adressées à Sedaine, un homme de génie dans son genre, inégal, mais qui trouve du neuf à chaque pas, et qui s’était formé seul. […] C’est un de ces hommes comme il y en a eu de tout temps, qui n’ont pas assez de force pour être auteurs, mais qui valent mieux que la plupart des auteurs. […] Non qu’il eût conservé aucune croyance : on nous assure même qu’il était le plus dénué des hommes à cet égard ; mais il en avait gardé comme le vague besoin, et il en sentait le vide. […] Mais cet honneur qui vient le saisir ne l’enivre pas ; il le sait et il le dira à merveille dans la première phrase, restée célèbre, de son discours de réception : « Il est des grands hommes à qui l’on succède et que personne ne remplace ! […] Cela est horrible : « tout le bonheur dont l’homme est susceptible n’est que dans la consolation. » Ailleurs il dira d’un mot plus court et définitif : « Notre bonheur n’est qu’un « malheur plus ou moins consolé. » Avant d’aller mourir dans le Midi, Thomas est installé à Auteuil.
Peut-on mieux se moquer d’un important, d’un pédant, d’un homme content de soi, rien qu’en le montrant et sans le dire ? […] Très-peu d’hommes du moins osent la considérer en face et se dire : « Ce sera tel jour, sans faute. » Je ne sais si Cervantes se trompa de beaucoup sur la date de dimanche qu’il assignait comme probable ; il mourut un samedi. […] Aux questions qu’ils faisaient dans leur curiosité sur cet homme célèbre, le chapelain se vit obligé de répondre que Cervantes était surtout très-pauvre. […] s’écria l’un des Français, l’Espagne n’a pas fait riche un tel homme ! […] monsieur, lui dit le ministre, je vous en fais mon compliment ; je vous envie le plaisir de lire Don Quichotte dans l’original. » Je ne sais comment le prit l’homme de lettres politique, mais le mot est piquant, et il mérite d’être joint à tant de témoignages de choix sur Cervantes.
Ici, l’homme de science et l’homme de verve ont à se garder de donner quelque fatigue à l’homme de goût. […] Mizraïm guérit les blessures, et Pharaon est vendu pour fabriquer du baume… Le plus grand nombre doit se contenter d’être comme s’il n’avait pas été et de subsister dans le livre de Dieu, non dans la mémoire des hommes. […] Cromwell, je le répète, était, en effet, le boulevard et le bouclier de tous les hommes de conscience et de libre foi. On ne juge pas incidemment un tel homme : c’est un des plus compliqués et des plus complets en son genre, le plus complet peut-être et le plus carré par la base qu’il y ait eu. […] Après Milton, Dryden, le multiple, le fécond, le flexible, l’inégal, l’homme de transition et d’entre-deux, le premier en date des classiques, mais large encore et puissant, n’a pas trop à se plaindre de M.
Mais on y sent surtout le philosophe moral, le poète moral, qui semble n’être artiste que pour relever et purifier le cœur de l’homme, qui est toujours occupé du problème de la destinée de l’homme, et amoureux de son perfectionnement. […] * * * L’homme doit tendre à de nobles buts ou se proposer de grands modèles, autrement il perdra sa vertu ; de même que l’aiguille aimantée, longtemps détournée des pôles du monde. […] C’est ainsi que l’homme s’éclipse, et jamais l’infini. […] Un homme d’un goût délicat et qui passe sa vie à étudier la littérature française et les littératures étrangères, M. […] Hugo a en vue non seulement la vie intérieure de l’homme de génie, mais les chutes et les combats au prix desquels il gagne sa couronne comme un athlète.
M. de Féletz me représentait en perfection le galant homme littéraire. […] Un homme puissant replaçait sur ses bases l’ordre social et politique. […] Bertin, en homme d’esprit qu’il était, s’avisa de l’aller prendre lorsqu’ayant fondé le Journal des débats, il sentit que le feuilleton des théâtres faisait défaut. […] De ce qu’un homme a des défauts et pis encore, ce n’est jamais une raison de mépriser son talent ni son esprit. […] Ces dehors aimables cachaient une fermeté qui est le propre de cette race des hommes du xviiie siècle.
Là, dans cette allée et venue d’hommes et de femmes, dans ce mouvement, dans cette vie de la foule parisienne, sous les lumières du gaz, le noir soudain, que le jeune artiste a en lui, ce noir s’évanouit, et il est transporté, enthousiasmé, par la modernité du spectacle. […] Et vraiment je ne connais guère, en ce temps-ci, qu’un homme, qui ait véritablement aimé le peuple gratis : c’est Barbès. […] Dans la conversation, un moment, il a laissé tomber, et cela sans jactance, et comme l’affirmation d’un fait : « Oui, je suis l’homme qui peut faire descendre 100 000 hommes dans la rue ! » * * * — Un mot de physiologiste psychologue, un mot de Charcot sur Gambetta : « Certainement, c’est là, un homme doué, mais il lui manque… il lui manque la mélancolie ! […] * * * — La gravité de la vie présente a fait à l’homme une jeunesse sérieuse, réfléchie, mélancolique.
Il passe ici pour un libre penseur, et ce qui est pis, à mon sens, pour un homme dont le cœur ne sent pas ce qu’il dit dans ses poëmes à la louange de la vertu et de la gloire. […] Dans la liberté d’écrire qui était dès longtemps le droit commun des Anglais, et parmi les hommes d’étude et de talent dont elle faisait la force, on rêvait volontiers quelque chose au-delà de cette liberté bien acquise et peu gênée. […] Est-ce de te mêler aux rois dans l’abjecte convoitise du pouvoir, d’aboyer à la même chasse et de partager la proie, de profaner le sanctuaire de la liberté en y recélant les dépouilles arrachées à des hommes libres, et ces hommes, de les tenter, puis de les trahir ? […] « Une noble armée, hommes et enfants, la mère et la jeune fille, entourant le trône du Seigneur, triomphent, parés de vêtements de lumière. […] « Pouvons-nous, lorsque nos âmes sont éclairées de la sagesse d’en haut, pouvons-nous, à ces hommes demeurés dans les ténèbres, refuser la lampe de vie, le salut ?
Cet homme rare, qui n’était bien connu que de ses amis, a rendu dans sa vie de grands services aux Lettres, mais des services qu’il se plaisait en quelque sorte à ensevelir : il aimait à perdre ses travaux dans la renommée de ses amis. […] combien y a-t-il eu de grands hommes dont les protubérances excessives n’aient pas été souvent des difformités ; dont l’ardeur n’ait pas été souvent une fièvre emportée et malfaisante ? […] Et puis, tenez, une idée philosophique à laquelle je tiens beaucoup, c’est que le génie des peuples modernes n’a pas tant besoin d’être ni excité ni endoctriné par tels ou tels hommes. […] Le bienfait de ces hommes rares est loin d’égaler le bruit, l’éclat, le tapage qui fait la gloire, — ce dont on aime mieux à entendre parler. […] Tel était cet aimable et savant homme dont la figure, peu connue dans le monde, est et restera présente et chère à tous ?
Cet abbé Nicaise, que Rancé avait connu durant son voyage de Rome, était, comme on sait, le plus infatigable écriveur de lettres, le nouvelliste par excellence et l’entremetteur officieux entre les savants de tous les pays ; c’était un Brossette avec beaucoup plus d’esprit et de variété ; il ne résistait pas à l’idée de connaître un homme célèbre et d’entretenir commerce avec lui. […] Cependant, comme il est difficile de se voir peint en beau sans en prendre quelque complaisance, j’appréhende avec raison que je n’y en aie pris plus qu’il n’appartient à un mort, et que vous n’ayez en cela donné une nouvelle vie à mon orgueil et à ma vanité, et je vous en dis ma coulpe. » Voilà qui est de l’homme d’esprit resté tel sous le froc, de celui dont Nicole disait qu’il avait un style de qualité. […] Passe encore quand l’abbé archéologue soumet au saint homme l’ explication d’un ancien tombeau et des symboles ou inscriptions qui le recouvrent ; cela donne sujet du moins à son austère ami de moraliser en ces hautes paroles : « Les hommes, lui écrit Rancé à cette occasion, sont à plaindre en bien des choses, mais particulièrement dans la vanité de leurs tombeaux. […] Voilà, Monsieur, la pensée la plus naturelle et la plus utile que puisse nous donner la vue du plus superbe de tous les tombeaux. » Sur quoi l’abbé Nicaise, en vrai littérateur qu’il est, s’empare des paroles mêmes de Rancé pour en faire un nouvel enrichissement à son tombeau et à sa dissertation ; il n’a garde de laisser tomber de si magnifiques pensées sans en profiter comme auteur, sinon comme homme. […] Quelle plus haute pensée, par exemple, que celle-ci, qui pourrait servir comme d’épigraphe et de devise à la vie du grand réformateur : « Il faut faire de ces œuvres et de ces actions qui subsistent indépendamment des passions différentes des hommes !
On peut sortir en toute saison, vivre dehors sans trop pâtir ; les impressions extrêmes ne viennent point émousser les sens ou concentrer la sensibilité ; l’homme n’est point alourdi ni exalté ; pour sentir, il n’a pas besoin de violentes secousses et il n’est pas propre aux grandes émotions. […] L’air et les aliments font le corps à la longue ; le climat, son degré et ses contrastes produisent les sensations habituelles, et à la fin la sensibilité définitive : c’est là tout l’homme, esprit et corps, en sorte que tout l’homme prend et garde l’empreinte du sol et du ciel ; on s’en aperçoit en regardant les autres animaux, qui changent en même temps que lui, et par les mêmes causes ; un cheval de Hollande est aussi peu semblable à un cheval de Provence qu’un homme d’Amsterdam à un homme de Marseille. Je crois même que l’homme, ayant plus de facilités, reçoit des impressions plus profondes ; le dehors entre en lui davantage, parce que les portes chez lui sont plus nombreuses. […] L’homme y cherche l’amusement, non la jouissance. […] Ce plaisir ne ressemble en rien à la joie physique, qui est méprisable parce qu’elle est grossière ; au contraire, il aiguise l’intelligence et fait découvrir mainte idée fine ou scabreuse ; les fabliaux sont remplis de vérités sur l’homme et encore plus sur la femme, sur les basses conditions et encore plus sur les hautes ; c’est une manière de philosopher à la dérobée et hardiment, en dépit des conventions et contre les puissances.
Toutefois, sans gratitude, nous aimons toujours l’Homme libre et le Jardin de Bérénice. […] Au temps de L’Homme libre, il ne s’embarrassait guère de préface. […] Aussi bien les hommes ne sont sensibles qu’au bonheur qu’ils édifient eux-mêmes ; celui qu’on leur apporte, tout bâti, ils n’ont de goût qu’à le démolir, et ils ont raison. […] Est-ce à dire que l’homme soit sans action utile sur l’homme ? […] L’homme moral de Kant n’agit pas de telle sorte que son action soit heureuse aux autres, mais qu’elle soit aux autres une norme.
La poésie apparaît comme la première éducatrice spirituelle des hommes. […] Il faut savoir beaucoup de choses, aux temps présents, pour en apprendre un peu aux hommes, pour en mettre quelque essence dans ses écrits. […] Et qu’est elle encore, sinon, dans le vouloir et l’effort des hommes, la compréhension, la pénétration, la possession de toutes choses par l’âme et les sens ? […] Est-ce jusqu’aux temps de l’homme des cavernes, du déluge ou des croisades ? […] L’homme a établi des sciences partielles, physiques, naturelles, morales, sociales, etc., etc.
Ils n’ont plus le droit de se poser en grands hommes. […] Le conseiller, entre deux audiences ; le maître de pension, entre deux classes ; l’homme du monde, entre deux whists, s’improvisent ex abrupto juges souverains des œuvres littéraires. […] » — Il fallait être bien décentralisateur pour inventer les grands hommes d’arrondissement ! […] madame, comment pouvez-vous admirer les Romans de galanterie d’un homme qui porte de la flanelle et quitte, chaque soir, ses dents en même temps que son pantalon ! […] C’est une vérité hors d’âge, qu’il n’y a pas de grand homme pour ses familiers.
Cette observation doit toujours être présente à l’esprit du lecteur : sans cela je pourrais courir le risque de passer pour un homme que la trop grande préoccupation de certaines idées jette dans le paradoxe et dans l’exagération. […] Soyons de bonne foi : uniquement parce qu’il y a des hommes, d’ailleurs de talent, qui n’ont pas senti notre poésie versifiée, cela prouve qu’elle n’est pas notre seule poésie, car le propre de la poésie est d’être sentie par tous. […] Est-il besoin de l’apprendre encore aux hommes ? […] Dieu et ses attributs, l’homme et ses facultés resteront toujours des objets mystérieux ; les bases de toute société échapperont également au flambeau indiscret de la raison humaine. Qu’on examine avec un chagrin superbe l’origine du pouvoir ; cette témérité ne fera jamais que porter atteinte à la religion sociale, sans rien affermir, sans améliorer le sort des hommes.
Tous les hommes sont exposés aux mêmes infortunes, & pourquoi les Sçavans croiroient ils devoir être exempts des calamités qui affligent leurs semblables. […] Mon but a été aussi de rendre hommage aux Gens de Lettres, & d’éclairer certains hommes sur leur injustice envers des hommes qui se sacrifient pour leur être utiles. La mode est venue de calomnier les Arts & les Gens de Lettres, & l’on se dispense ainsi de l’admiration & de la reconnoissance, deux fardeaux bien pesans pour le cœur ingrat de l’homme, & l’on seroit en droit avec ce faux mépris de rejetter leurs leçons.
[M. de Latena, Étude de l’homme.] Dans Le Moniteur du 4 février 1854, j’ai donné un article sur l’ouvrage intitulé Étude de l’homme, par M. de Latena, conseiller-maître à la Cour des comptes ; en voici une partie, jusqu’à l’endroit où je ne me suis pas fait comprendre : Écrire des pensées, résumer l’expérience de la vie dans quelques essais de morale, est une des formes naturelles à toute une classe d’esprits graves et polis. […] En obéissant à son goût naturel et réfléchi, M. de Latena cependant ne s’y est point laissé aller comme un simple amateur ; il n’a pas jeté au hasard et sans suite les remarques que lui suggérait l’étude de l’homme ou le spectacle de la société, et, sans enchaîner précisément toutes ses notes et ses aperçus dans une combinaison de chapitres se succédant avec méthode et transition, il a tenu à y établir un ordre général qui maintient la liaison des principales parties ; il a fait et voulu faire un ouvraget ; il a eu tout le respect du sujet qu’il traitait. […] Dans ces commencements on reconnaît un esprit droit et sage qui a essayé de se rendre compte par lui-même de ces problèmes les plus élevés, sur lesquels il est bon d’avoir une solution avant d’en venir à l’étude particulière de l’homme en société. […] Ainsi, pour n’en citer qu’un exemple, M. de Latena dit : « Une femme sincère, qui baisse ou détourne subitement les yeux au seul aspect d’un homme, trahit pour lui un amour naissant ou à son déclin, un amour dédaigné ou tourmenté par le remords.
Ces deux dernières périodes, le moyen âge et les cinq premiers siècles, ordinairement effleurés à peine dans les précis de l’histoire de la philosophie, sont ici traités avec un développement et une lucidité qui annoncent chez le rédacteur de ce manuel un des hommes les plus familièrement versés en ces sources profondes. […] Le docteur Léon Simon vient de donner une traduction fort soignée du grand ouvrage de Dugald Stewart, Philosophie des facultés actives et morales de l’homme. […] Dans son premier grand ouvrage sur la Philosophie de l’esprit humain, Dugald Stewart envisageait principalement l’homme comme être intelligent, et s’attachait à analyser surtout cette partie de notre nature qu’on appelle entendement, marchant sur les traces de Reid et redressant Locke. […] Les personnes, auxquelles s’adressent les écrits du philosophe écossais, devront désirer connaître l’ouvrage d’un des hommes qui cultivent en France avec le plus de distinction et de sagesse cette même philosophie transplantée par M. […] Les amateurs des sciences occultes, s’il en est encore, les personnes plus positives qui tiennent à en constater la bibliographie et l’histoire, y trouveront de curieuses indications données par un homme qui semble avoir, sinon pénétré le secret, du moins tourné de près à l’entour.
I Ils sont les successeurs et les exécuteurs de l’ancien régime, et, quand on regarde la façon dont celui-ci les a engendrés, couvés, nourris, intronisés, provoqués, on ne peut s’empêcher de considérer son histoire comme un long suicide : de même un homme qui, monté au sommet d’une immense échelle, couperait sous ses pieds l’échelle qui le soutient En pareil cas, les bonnes intentions ne suffisent pas ; il ne sert à rien d’être libéral et même généreux, d’ébaucher des demi-réformes. […] À leur tête, le roi, qui a fait la France en se dévouant à elle comme à sa chose propre, finit par user d’elle comme de sa chose propre ; l’argent public est son argent de poche, et des passions, des vanités, des faiblesses personnelles, des habitudes de luxe, des préoccupations de famille, des intrigues de maîtresse, des caprices d’épouse gouvernent un État de vingt-six millions d’hommes avec un arbitraire, une incurie, une prodigalité, une maladresse, un manque de suite qu’on excuserait à peine dans la conduite d’un domaine privé Roi et privilégiés, ils n’excellent qu’en un point, le savoir-vivre, le bon goût, le bon ton, le talent de représenter et de recevoir, le don de causer avec grâce, finesse et gaieté, l’art de transformer la vie en une fête ingénieuse et brillante, comme si le monde était un salon d’oisifs délicats où il suffit d’être spirituel et aimable, tandis qu’il est un cirque où il faut être fort pour combattre, et un laboratoire où il faut travailler pour être utile Par cette habitude, cette perfection et cet ascendant de la conversation polie, ils ont imprimé à l’esprit français la forme classique, qui, combinée avec le nouvel acquis scientifique, produit la philosophie du dix-huitième siècle, le discrédit de la tradition, la prétention de refondre toutes les institutions humaines d’après la raison seule, l’application des méthodes mathématiques à la politique et à la morale, le catéchisme des droits de l’homme, et tous les dogmes anarchiques et despotiques du Contrat social Une fois que la chimère est née, ils la recueillent chez eux comme un passe-temps de salon ; ils jouent avec le monstre tout petit, encore innocent, enrubanné comme un mouton d’églogue ; ils n’imaginent pas qu’il puisse jamais devenir une bête enragée et formidable ; ils le nourrissent, ils le flattent, puis, de leur hôtel, ils le laissent descendre dans la rue Là, chez une bourgeoisie que le gouvernement indispose en compromettant sa fortune, que les privilèges heurtent en comprimant ses ambitions, que l’inégalité blesse en froissant son amour-propre, la théorie révolutionnaire prend des accroissements rapides, une âpreté soudaine, et, au bout de quelques années, se trouve la maîtresse incontestée de l’opinion À ce moment et sur son appel, surgit un autre colosse, un monstre aux millions de têtes, une brute effarouchée et aveugle, tout un peuple pressuré, exaspéré et subitement déchaîné contre le gouvernement dont les exactions le dépouillent, contre les privilégiés dont les droits l’affament, sans que, dans ces campagnes désertées par leurs patrons naturels, il se rencontre une autorité survivante, sans que, dans ces provinces pliées à la centralisation mécanique, il reste un groupe indépendant, sans que, dans cette société désagrégée par le despotisme, il puisse se former des centres d’initiative et de résistance, sans que, dans cette haute classe désarmée par son humanité même, il se trouve un politique exempt d’illusion et capable d’action, sans que tant de bonnes volontés et de belles intelligences puissent se défendre contre les deux ennemis de toute liberté et de tout ordre, contre la contagion du rêve démocratique qui trouble les meilleures têtes et contre les irruptions de la brutalité populacière qui pervertit les meilleures lois. […] Nous étions à table chez un de nos confrères à l’Académie, grand seigneur et homme d’esprit. […] De là un déluge de plaisanteries sur la religion ; l’un citait une tirade de la Pucelle ; l’autre rapportait certains vers philosophiques de Diderot… Et d’applaudir… La conversation devient plus sérieuse ; on se répand en admiration sur la révolution qu’avait faite Voltaire, et l’on convient que c’était là le premier titre de sa gloire. « Il a donné le ton à son siècle, et s’est fait lire dans l’antichambre comme dans le salon. » Un des convives nous raconta, en pouffant de rire, qu’un coiffeur lui avait dit, tout en le poudrant : « Voyez-vous, monsieur, quoique je ne sois qu’un misérable carabin, je n’ai pas plus de religion qu’un autre » On conclut que la révolution ne tardera pas à se consommer, qu’il faut absolument que la superstition et le fanatisme fassent place à la philosophie, et l’on en est à calculer la probabilité de l’époque et quels seront ceux de la société qui verront le règne de la raison Les plus vieux se plaignaient de ne pouvoir s’en flatter ; les jeunes se réjouissaient d’en avoir une espérance très vraisemblable, et l’on félicitait surtout l’Académie d’avoir préparé le grand œuvre et d’avoir été le chef-lieu, le centre, le mobile de la liberté de penser. « Un seul des convives n’avait point pris de part à toute la joie de cette conversation… C’était Cazotte, homme aimable et original, mais malheureusement infatué des rêveries des illuminés. […] Il est reçu qu’on ne s’en prend pas à nous et notre sexe… Votre sexe, mesdames, ne vous en défendra pas cette fois… Vous serez traitées tout comme les hommes, sans aucune différence quelconque… Vous, madame la duchesse, vous serez conduite à l’échafaud, vous et beaucoup d’autres dames avec vous, dans la charrette et les mains liées derrière le dos Ah !