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1004. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — V » pp. 123-131

» À l’Académie française, où il allait quelquefois, et le plus souvent qu’il le pouvait, il a laissé d’assez bons souvenirs : « Il paraissait, a dit d’Alembert, s’intéresser à nos exercices, opinait avec autant de goût que de dignité sur les questions qui s’agitaient en sa présence, et finissait toujours par témoigner à la compagnie les regrets les plus obligeants de ce que la multitude de ses autres devoirs ne lui permettait pas de s’acquitter, comme il l’aurait voulu, de celui d’académicien. » Un jour, dans un de ces moments d’effusion comme il en avait volontiers, il demanda à ses chers confrères la permission, ne pouvant être aussi souvent qu’il l’aurait voulu parmi eux, de leur être présent au moins en peinture et de leur envoyer son portrait. […] [NdA] On lit dans une lettre de M. de La Rivière à l’abbé Papillon, du 5 avril 1736 : « Feu M. le maréchal de Villars, que j’avais fort connu avant sa grande fortune, qui m’avait conservé de l’amitié, et qui me faisait l’honneur de venir quelquefois me voir, avait toujours Horace dans sa poche et s’en servait agréablement : il avait beaucoup de goût et autant d’esprit que de valeur. » (Lettres choisies de M. de La Rivière, gendre du comte de Bussi-Rabutin, 1751 ; tome ii.) — Cet Horace dans la poche de Villars est une particularité curieuse ; mais n’était-il pas homme à le prendre tout exprès et à le laisser voir à propos, quand il allait rendre visite à M. de La Rivière ?

1005. (1874) Premiers lundis. Tome II « Loève-Veimars. Le Népenthès, contes, nouvelles et critiques »

Le soin qu’il prend en sa préface de vouloir identifier le népenthès avec l’opium est peine perdue ; je m’en tiens, en le lisant, au népenthès d’Homère ; et ce titre, assez dans le goût allemand, et qui fait appel à l’érudition grecque, résume à merveille pour moi la variété multiple, curieuse, amusante, l’instruction étendue, agréablement bigarrée, légèrement moqueuse, le bon sens raffiné et salutaire, la saveur en un mot d’un livre écrit par l’un des plus distingués littérateurs en une époque comme celle de Lucien, où l’on se rappelle encore de bien loin son Homère, et où l’on extrait avec recherche le suc de toutes choses. […] Cette espèce de critique est le refuge de quelques hommes distingués qui ne se croient pas de grands hommes, comme c’est trop l’usage de chaque commençant aujourd’hui ; qui ne méconnaissent pas leur époque, sans pour cela l’adorer ; qui, en se permettant eux-mêmes des essais d’art, de courtes et vives inventions, ne s’en exagèrent pas la portée, les livrent, comme chacun, à l’occasion, au vent qui passe, et subissent, quand il le faut, avec goût, la nécessité d’un temps qu’ils combattent et corrigent quelquefois, et dont ils se rendent toujours compte.

1006. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre IV. La comédie »

Mais ce vaudevilliste éminent, à qui n’a pas manqué une verve amusante, encore qu’un peu grosse, de caricaturiste900, n’a apporté dans la pièce sérieuse que le goût des effets qui forcent l’applaudissement, le génie des trucs et des ficelles. […] Mais au romantisme sentimental des premiers temps s’est substituée en lui une austérité évangélique d’un goût singulier, qui s’est épanchée surtout en éloquentes préfaces.

1007. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VI. Le charmeur Anatole France » pp. 60-71

Très chrétien et catholique d’origine, d’éducation, et d’abord de goût, M.  […] Ce serait, s’il n’y avait pas l’exemple de Renan, une extraordinaire originalité que le goût de la science, et même la foi à la science, de cet esprit catholique.

1008. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre IV. Moyens de déterminer les limites d’une période littéraire » pp. 19-25

Du moins Voltaire semble-t-il avoir entrevu que les variations du goût littéraire se lient aux grands événements politiques, et aussi que dans une monarchie absolue la disparition du souverain est d’ordinaire le signal d’une réaction contre les idées et les pratiques du règne précédent. […] Il n’est pas certain que la vitesse de l’évolution soit la même en tout pays ; les variations du goût peuvent avoir un cœfficient national.

1009. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Corneille, et le cardinal de Richelieu. » pp. 237-252

Il accepta celle de Scudéri, de cet écrivain le fléau de la raison, du goût & de ses lecteurs, de cet odieux & boursoufflé chantre d’Alaric ou de Rome sauvée, de ce poëte si fécond & si stérile, ridiculisé par Despréaux & tant d’autres. […] De peur d’encourir l’indignation du cardinal, ou de compromettre son infaillibilité supposée en matière de goût, elle tâcha d’abord d’éluder la commission.

1010. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre II. Harmonies physiques. — Suite des Monuments religieux ; Couvents maronites, coptes, etc. »

Ces âges doivent être remarquables par la corruption du goût. […] C’est pourquoi les premiers Solitaires, livrés à ce goût délicat et sûr de la religion, qui ne trompe jamais lorsqu’on n’y mêle rien d’étranger, ont choisi dans les diverses parties du monde les sites les plus frappants, pour y fonder leurs monastères206.

1011. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 5, des études et des progrès des peintres et des poëtes » pp. 44-57

Mais un homme né avec du génie, est bien-tôt capable d’étudier tout seul, et c’est l’étude qu’il fait par son choix, et déterminé par son goût, qui contribuë le plus à le former. […] Sa tête n’est que la tête d’un homme : Raphaël l’a traitée dans le goût des têtes que les peintres font pour les christs, et l’on n’y trouve d’autre difference que celle qu’il faut mettre, suivant les loix de l’art, entre deux têtes, dont l’une est destinée à représenter le pere, et l’autre à représenter le fils.

1012. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 8, des plagiaires. En quoi ils different de ceux qui mettent leurs études à profit » pp. 78-92

Il emportera donc une des figures, mais il n’apprendra point à traiter dans le même goût une figure qui seroit de son invention. […] Par exemple, Racine composa sa premiere tragédie dans le goût de Corneille, quoique son talent ne fût pas pour traiter la tragédie comme Corneille l’avoit traitée.

1013. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XIV »

Il est de sel attique, assaisonné partout,‌ Et vous le trouverez, je crois, de votre goût‌ « Voilà, dit victorieusement M.  […] Brunetière, après avoir méprisé la théorie du travail, contraint de prendre son plus bel exemple de style chez l’auteur le plus notoirement célèbre par son labeur, ses refontes et ses ratures, chez un écrivain qui recherchait l’harmonie jusqu’à fuir la moindre assonance, qui poussait jusqu’à la manie la haine des répétitions, qui exigeait la suite la plus rigoureuse dans les métaphores, qui supprimait les qui et les que et prétendait qu’avec de l’application et du goût on peut arriver à avoir du talent ?‌

1014. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Rome et la Judée »

Pour la première fois, une familiarité hardie, l’audace dans le goût, qui est le sublime du goût, la variété de ton, la solidité légère, ce miracle de la statique dans les choses de l’esprit, et jusqu’au sourire, qui n’était pas le sourire amer de Tacite et le pincé de Montesquieu, s’étaient introduits dans l’Histoire.

1015. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vitu » pp. 103-115

Journaliste expert et aiguisé, mais bien au-dessus de son état de journaliste, car il faut être au-dessus de son état pour être bon journaliste, Vitu, dont l’esprit a beaucoup de goûts divers et cette irisation de connaissances très multipliées qu’on pourrait nommer l’encyclopédisme, a cependant assez d’assiette dans les facultés pour résister aux goûts qui lutinent son esprit et condenser cette irisation de connaissances dans la pleine lumière d’une seule chose.

1016. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « V. Saint-René Taillandier »

Qu’importent ses relations et ses goûts ! […] Saint-René Taillandier, c’est tout le personnel, ancien et moderne, de la Revue des Deux-Mondes, pour laquelle son livre est une épouvantable réclame de quatre cents pages environ, et ses goûts, c’est MM. 

1017. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Louis Bouilhet. Festons et Astragales. »

Voilà qui dit suffisamment le goût du poète, sa tendance, son éducation, son école, tout ce qui n’est lui que de seconde main. […] dans beaucoup trop de rhétorique ; il a même quelquefois de l’inattendu, comme dans Le Secret, de la force partout et surtout dans son poème des Fossiles, où il peint des choses monstrueuses, avec le goût de M. 

1018. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Selon leur goût, & sans doute pour eux, c’est le meilleur assaisonnement. […] Ce qu’il y a de sûr, c’est que leur maniere d’apprêter, n’est du goût d’aucun étranger. […] Qui leur a inspiré ce goût pour tout ce qui est agréable, commode & joli ? […] Et parce qu’on devient journaliste, en a-t-on plus de goût & plus de raison ? […] N’ayant pas tous également le même goût, ou la même énergie, le jugement qu’ils portent doit varier.

1019. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

Les vieillards ont aimé, quel goût pour eux que d’être rapelés à leurs plus belles années par la peinture de ce qui les occupoit davantage ? […] Eh quel reproche feroit-on au goût d’une nation, qui aimeroit mieux une étenduë de tems vraisemblable et proportionnée à la nature des sujets, que cette précipitation d’évenemens qui n’a aucun air de vérité ? […] Tout ce que j’ai pû faire afin que sa cruauté excitât moins d’horreur, c’est de la donner pour un effet de l’orgüeil, et non pas pour un goût à répandre le sang humain. […] Les anglois ont un goût tout opposé. […] Pourquoi leur interdire l’usage de leurs talens et de leur goût ?

1020. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 294

On a de lui des Sermons écrits en Latin, dans le même goût que ceux de Maillard, son Confrere.

1021. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Cette quantité se trouve perdue maintenant dans une masse confuse et incohérente, à peine affinée par une instruction superficielle, qui juge d’après son goût, et qui fait le succès du moment, mais dont on ne peut dire en conscience qu’elle représente la force intellectuelle d’une nation. […] A-t-il eu pour causes immédiates l’amour des contrastes et le goût du tour de force, que nous étudierons plus loin, ou doit-on lui attribuer des origines beaucoup plus complexes ? […] Ordinairement les écrivains, par l’ensemble de leurs procédés, par les sujets qu’ils ont choisis, par les goûts qu’ils ont manifestés, peuvent se ramener à une formule assez simple et se résumer dans leurs grandes lignes. […] De ceci, il ressort déjà que les deux frères ne se ressemblaient ni par les goûts, ni par le caractère, si tant est qu’on puisse leur attribuer des goûts et un caractère fixes. […] Weiss : « C’est beau, un beau crime », et il a, plus d’une fois, formulé pour son compte quelques aphorismes dans le même goût, à qui il n’eût fallu peut-être pour se faire autant remarquer qu’une rédaction en termes aussi axiomatiques.

1022. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 101

Ses Pieces fugitives ne prouvent pas qu’il ait du talent pour la Poésie ; ses Histoires particulieres de quelques villes prouvent son travail & son érudition, pas toujours son goût & sa méthode ; mais son Dictionnaire des Epithetes Françoises prouve invinciblement sa patience.

1023. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 458

On lui doit une Histoire générale du Théatre François, en 17 volumes, Production d’un travail énorme, mais sans goût, sans méthode, & d’un style plus que négligé.

1024. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Le trésor des beaux écrits se rouvre à nos yeux : nous y puiserons désormais sans crainte les doubles préceptes du goût et de la morale. […] Le goût qui relève l’exquis est-il moins rare que celui qui ne saisit que les fautes ? […] Ne lui siérait-il pas de s’écrier : Ô dieu du goût ! […] Ceci est du meilleur goût épique. […] En quoi le goût sage des modernes serait-il offensé de voir un héros descendre dans les enfers de sa religion, et en sortir ainsi que les héros fabuleux ?

1025. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLIV » p. 175

— Janin a essayé de répondre ce matin à propos de Bérénice ; mais il est bien tard pour faire l’homme de goût.

1026. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Billaud, Victor (1852-1936) »

Victor Billaud ont été inspirées par les beautés naturelles ou les coutumes pittoresques de son pays natal et révèlent une rare délicatesse de goût et de sentiment.

1027. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 487

Ses Ouvrages ne forment pas un grand volume ; mais il a assez bien écrit pour faire honneur à ses lumieres, à son goût, à son style, & mettre en évidence l’ineptie de ces Productions bizarres, dont le Public a eu la bonté de s’infatuer.

1028. (1761) Salon de 1761 « Sculpture —  d’Huès  »

d’Huès Les quatre bas-reliefs d’Huès représentant huit Vertus qui portent des guirlandes m’ont aussi paru de grand goût.

1029. (1887) George Sand

Le goût changeant des générations nouvelles ne lui ravira jamais cet honneur. […] Mme Sand a toujours eu un goût très vif, une passion véritable pour les idées, mais elle les interprète en les mêlant et les confondant toutes. […] Comment aurais-je d’autres goûts que les tiens ? […] Ce n’est que beaucoup plus tard que l’école, s’étant formée, attribua au chef un système absolu qui n’avait été d’abord qu’une préférence de goût. […] Elle a besoin de protester, au nom du bon sens, du goût et du sérieux de la vie, quand la mesure a été dépassée.

1030. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 207

Ceux qui font plus de cas des recherches, que des réflexions & du style, trouveront de quoi se contenter dans son Histoire de l’Imprimerie ; ceux qui ont du goût pour les petits détails & les minuties biographiques, pourront se satisfaire dans son Dictionnaire historique, fait à l’imitation de celui de Bayle, & où ce genre d’érudition est très-vaste & très-étendu.

1031. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 392

Fréron, il a enrichi l’Année Littéraire de plusieurs articles écrits avec autant de sagesse que de goût, & capables de consoler les Amateurs de la bonne critique de la perte de ce Journaliste, si ces articles étoient en plus grand nombre.

1032. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

D’ailleurs, rien de plus convenable aux mœurs guerrières qui tiennent de finir et au goût espagnol qui règne. […] Guizot, disent les adversaires, n’est pas curieux, Il n’a pas de goût pour le détail, pour les événements crus et petits. […] Ce goût et ce talent pour l’histoire politique lui imposent un ton dominant et un style unique. […] La philosophie de l’histoire a été son premier goût et son premier emploi. […] Presque enfant, il a le goût le plus sensible et le plus délicat.

1033. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article »

Ses Idylles & ses Romances le distinguent honorablement de cette foule de Faiseurs de vers qui infestent notre Parnasse, & dont les Ouvrages ne voient le jour que pour recevoir les anathêmes des Gens de goût.

1034. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 126

Ceux qui ont encore le goût assez sain pour aimer la Latinité fine, simple, naturelle, élégante & pure de Phédre, la retrouveront très-souvent surpassée dans les Fables que cet Auteur a composées.

1035. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 472

Portelance, une petite Comédie en Vers, intitulé les Adieux du Goût, qui a eu des succès, & en promettoit de plus grands au talent de l’Auteur, s’il eût pu continuer cette carriere.

1036. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

— pour les classes médiocres de lecteurs finit par effriter notre goût et par délaver une gloire sous la pluie de ses commérages. […] Lorsque cette exaspération baudelairienne se calme, sa sensibilité se tourne eu un goût fervent de la maison, qui est autour de lui comme un cerveau extérieur. […] Son goût pour les analogies rappelait celui des femmes pour les harmonies de la toilette. […] Le goût de Mallarmé laisse au lecteur ami le soin et le plaisir de cette besogne, et à l’autre lecteur il épargne même lu peine de la tenter. […] Ce que je considère ici c’est qu’elle explique et légitime l’œuvre : à l’avenir de connaître si l’œuvre la légitime et la consacre… Le goût de la mort, pour un artiste, c’est le goût des grandes lignes définitives, du passé, du révolu.

1037. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Et elle s’étend éloquemment sur la peine qu’elle a eue à donner le goût de l’art à l’Empereur et à l’Impératrice, à imposer la mode de la peinture et des peintres à la société, « si bien, dit-elle, qu’aujourd’hui tout le monde a son artiste… Mon avoué a son peintre : c’est Corot… Positivement ». […] Puis elle nous promène dans le château, nous faisant voir sa chambre, son cabinet, tout pleins de lumière ensoleillée, et tout amusants d’un encombrement de petits meubles à ses goûts, de commodes de petites filles et d’armoires pour les gâteaux de ses chiens. […] J’ai remarqué chez la princesse un goût de toilette, particulier : le goût du ton ; ses robes sont toujours des robes de coloriste. […] Quelle révolution à faire dans l’académique des dispositions d’étoffes, dans cette abominable géométrie, de notre goût. […] Luxe tout nouveau que ces salons-serres, qui n’ont guère plus de vingt ans de date, et dont le goût remonte peut-être à Mlle de Cardoville d’Eugène Sue.

1038. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article »

On chercheroit vainement dans ces Ecrits de la pureté, de la précision & du goût.

1039. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article »

Un Auteur qui en écarteroit le goût du merveilleux & la bizarrerie du style, pourroit en tirer un grand parti.

1040. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Fabre-Luce, qui n’a pas vingt-cinq ans, qu’il possède une personnalité, c’est bien deux qu’il faut dire, et qu’il a pris plaisir, par goût naturel du mystère, à les mettre en concurrence. […] Il représentait « exactement le type du goût et du talent poétique français dans leur pureté et leur atticisme, sans mélange de rien d’étranger, goût racinien, fénelonien, grec par instants, toutefois bien plus latin que grec d’habitude, grec par Horace, latin du temps d’Auguste, voltairien du siècle de Louis XIV ». […] Cet examen de la patrie était fondé sur le goût du moral et sur un désir de revenir à un culte de la sagesse. […] Maurois, sans se compromettre en sacrifiant au goût du public, a écrit un livre aérien et passionnant. […] Sans doute est-ce à lui que nous devons, non pas un goût de la vie intérieure, car nous l’avons saisi chez d’autres, mais une sorte d’honnêteté, de sévérité dans l’investigation que nous faisons de nous.

1041. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « À M. Vacherot » p. 1

Vous m’avez communiqué le goût des questions de critique générale, et, ce qui est plus, beaucoup d’idées : je vous devais ce livre.

1042. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Montlaur, Joseph-Eugène de Villardi (1815-1895 ; marquis de) »

E. de Montlaur, esprit élégant, cultivé, nourri du suc des poètes et qui, sous ce titre, La Vie et le Rêve (1864), a recueilli des impressions légères ou touchantes, des esquisses de voyage, des lettres en vers, tout un album, image des goûts et des sentiments les plus délicats.

1043. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » p. 16

Il y joint encore celui d’avoir enrichi sa Traduction, non pas, comme certains Traducteurs, d’une Préface parasite & déclamatoire, mais d’un Discours plein de réflexions, de critique, de goût, & aussi propre à donner une juste idée des anciens Orateurs, qu’à former les Orateurs modernes.

1044. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article »

Un de ces hommes qui, sans littérature & sans goût, réussissent quelquefois à faire des Ouvrages utiles.

1045. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 458

A ce titre ; il est en droit d’être admis dans le petit nombre des Littérateurs qui soutiennent parmi nous le goût de l’érudition.

1046. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 234

Plusieurs petits Ouvrages, d’un style noble, égal, ennemi de l’enflure & de l’affectation, & entre autres, les Eloges de Duquesne, de Massillon, & celui de M. le Dauphin, sont des preuves de la solidité de son goût.

1047. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « epigraph »

« Mais si, comme on l’a dit et comme de notre temps on ne se lasse pas de le prouver, l’histoire est toujours à faire, cela est vrai surtout de l’histoire des lettres, où les tentatives nouvelles du talent, les disputes des écoles, les prétentions du paradoxe et les démentis de l’expérience font incessamment découvrir des points de vue négligés dans l’art, des enseignements utiles pour le présent, des encouragements à la vraie nouveauté, des préservatifs contre la fausse et stérile hardiesse, et toute une étude d’imagination et le goût à faire pour l’avenir, sur les monuments du passé. » M. 

1048. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article »

Il est vrai que les préceptes ne font naître ni le Poëte ni les Orateurs ; mais ils servent à les former & les retenir dans les bornes du vrai goût, que les Esprits même les plus médiocres se croient trop souvent en droit de franchir.

1049. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 100

Il paroît avoir plus de goût pour les Lettres, que d’ardeur à les cultiver.

1050. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 387

Le discernement, le goût, la bonne Littérature, se font sentir dans ces petits Ouvrages polémiques, que l’enthousiasme du Public pour de mauvaises Pieces de Théatre n’empêche que trop souvent de goûter.

1051. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 4

Elle cultiva la Poésie dans un temps où les moindres principes de goût étoient encore inconnus.

1052. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 170

Ce n’est point parce que Balzac les comparoit à ceux d’Horace : Balzac n’étoit pas un Juge bien sûr en matiere de goût.

1053. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article »

On a de lui plusieurs petits Ouvrages, qui ne peuvent être sortis que de la plume d’un Homme d’esprit & de goût.

1054. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Madame Vien » p. 232

Ses Bouquets sont ajustés avec élégance et goût.

1055. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers, Tome xix. (L’île d’Elbe, — L’acte additionnel. — Le champ de mai.) » pp. 275-284

Thiers, disons-le à son honneur, et quels que puissent être ses regrets politiques, n’est point de ces esprits-là : il aime le vrai, le naturel ; il a le goût des faits, il en a l’intelligence ; il ne résiste pas à ce qu’il voit, à ce qu’il sait, et il le rend comme il le voit, sans aucune exagération et sans enflure. […] un peu trop prodigués, deux ou trois images de convention (lauriers, cyprès, par exemple) qui sont comme égarées dans ce style simple, ne sauraient faire oublier, je ne dis pas à l’homme impartial et sensé, mais à l’homme de goût, tant de pages vives, courantes, du français le plus net, le plus heureux, d’une langue fine, légère, déliée, éminemment spirituelle, voisine de la pensée et capable d’en égaler toutes les vitesses.

1056. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IV. De la philosophie et de l’éloquence des Grecs » pp. 120-134

L’on enflammait de mille manières le goût de l’étude ; et les éloges flatteurs qu’obtenaient les disciples de la philosophie, en augmentaient encore le nombre. […] On doit recourir aux anciens pour le goût simple et pur des beaux-arts ; on doit admirer leur énergie, leur enthousiasme pour tout ce qui est grand, sentiments jeunes et forts des premiers peuples civilisés ; mais il faut considérer tous leurs raisonnements en philosophie comme l’échafaudage de l’édifice que l’esprit humain doit élever.

1057. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Ruy Blas » (1839) »

Les femmes, l’action intéresse d’ailleurs, sont si absorbées par les développements de la passion, qu’elles se préoccupent peu du dessin des caractères ; quant aux penseurs, ils ont un tel goût de voir des caractères, c’est-à-dire des hommes, vivre sur la scène, que, tout en accueillant volontiers la passion comme incident naturel dans l’œuvre dramatique, ils en viennent presque à y être importunés par l’action. […] Les généralités admettent toujours les exceptions ; nous savons fort bien que la foule est une grande chose dans laquelle on trouve tout, l’instinct du beau comme le goût du médiocre, l’amour de l’idéal comme l’appétit du commun ; nous savons également que tout penseur complet doit être femme par les côtés délicats du cœur ; et nous n’ignorons pas que, grâce à cette loi mystérieuse qui lie les sexes l’un à l’autre aussi bien par l’esprit que par le corps, bien souvent dans une femme il y a un penseur.

1058. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 9, des obstacles qui retardent le progrès des jeunes artisans » pp. 93-109

Les goûts d’un jeune homme sont des passions, et ses passions sont des fureurs. […] Virgile encouragé par l’attention qu’Auguste donnoit à ses vers : Virgile excité par l’émulation a produit l’éneïde : il a emploïé une infinité de veilles à composer un poëme de longue haleine, qui malgré le goût que son génie devoit lui donner pour ce travail, doit l’avoir fatigué souvent jusques à la lassitude.

1059. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 12, des siecles illustres et de la part que les causes morales ont au progrès des arts » pp. 128-144

Le goût pour les beaux arts, ne vint pas aux romains, tandis qu’ils faisoient dans leur propre païs une guerre, dont tous les évenemens pouvoient être mortels à la republique : puisque l’ennemi pouvoit, s’il gagnoit une bataille, venir camper sur les bords du Tévéron. […] Ainsi la plûpart des grecs devenoient des connoisseurs, du moins en acquerant un goût de comparaison.

1060. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Banville. Les Odes funambulesques. »

Distingué, charmant, d’un goût typographique à la fois audacieux et sûr, ce petit volume justifie l’écusson placé en télé du frontispice avec son fabuleux dauphin et son aristocratique devise : Non hic piscis omnium. […] Il n’y a donc point à s’étonner qu’au bout d’un certain temps, — le temps nécessaire à la corruption du goût pour achever sa putridité, — le symbole de la poésie lyrique soit Mme Saqui l’Immortelle !

1061. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Feuillet de Gonches »

Seulement, par la variété des aptitudes, l’étendue des connaissances et le flottant des goûts, il échappe à la profondeur toujours un peu étroite de la spécialité. […] Naïf scélérat, comme nous l’avons appelé, ce conteur de ruse aimable, Feuillet, en se servant avec tant d’habileté de la langue du xvie  siècle et en la fondant avec tant de goût avec celle du xixe n’a pas voulu seulement faire acte d’artiste, mais d’éducateur.

1062. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Monnier, Marc (1827-1885) »

On trouve ces qualités dans son œuvre, soit qu’il se livre à son goût particulier pour le rire, soit qu’il s’abandonne à des inspirations plus douces et quelquefois même à une certaine mélancolie.

1063. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 505

On sentira toujours le prix de ses Modeles de Latinité, extraits avec choix des meilleurs Ouvrages, & également propres à former le goût & les mœurs.

1064. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — E. — article » p. 250

Cet Ouvrage, d’une utilité reconnue, suppose autant de travail & de mémoire, que de goût & de jugement.

1065. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 394

Il y exerce une critique saine & judicieuse, qui fait honneur à ses lumieres & à son goût.

1066. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 470

Sa petite Comédie lyrique du Bûcheron est pleine d’agrément, de gaieté, & est bien mieux assortie au vrai goût du Théatre Italien, que le jargon philosophique qu’on a eu la mal adresse d’y admettre.

1067. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 340

Il ne s’est pas borné à traduire avec élégance & précision : il a éclairci son texte par des Notes savantes, qui y répandent le plus grand jour ; &, ce qui n’est pas un petit mérite, c’est que ces Notes annoncent encore plus l’Homme de goût que le Savant.

1068. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article »

Cinq ou six prix de Poésies remportés dans plusieurs Académies, & deux Discours, l’un sur le Goût, l’autre sur la Frivolité, prouvent qu’il est en état d’écrire également bien en Vers & en Prose.

1069. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 466

On dit qu’il étoit porté à la plaisanterie, & que ce goût l’accompagna jusqu’au tombeau.

1070. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 231

Il a tâché de ramener le goût des voyages au but qu’on doit s’y proposer.

1071. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » p. 12

Ses Ouvrages de Biographie, ses Sermons, ses Panégyriques, écrits d’une maniere diffuse & dépourvus de goût, ne lui laissent qu’une place médiocre parmi les Littérateurs.

1072. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 460

Les Contes Mogols, les Mille & une heure, les Mille & un quart d’heure, sont le fruit de sa plume facile, & plus attentive à consulter le goût des personnes frivoles & oisives, que l’utilité du Lecteur éclairé & judicieux.

1073. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 265

Les Vies d’Horace, d’Ovide, & de Pline le jeune, écrites en latin, sont dans le même goût, quoiqu’on les regarde comme ce qu’il a fait de mieux.

1074. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Michel, Henri »

Henri Michel appartiendrait par ses goûts à un groupe de poètes contemporains auxquels il n’a manqué, pour être originaux, qu’une moindre abondance et un choix plus précieux dans leurs images.

1075. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 384

Brossette, que la plus grande partie de ses notes sont utiles, instructives, & d’un homme de goût.

1076. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 118

On a de lui d’agréables bagatelles, qui marquent un Auteur plein de goût, & ennemi du mauvais.

1077. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » p. 269

Cette fureur de grossir indiscrétement les volumes, sous prétexte de les enrichir, est commune à presque tous les Editeurs ; & cependant point de moyen plus sûr de nuire au goût & à la gloire des Auteurs.

1078. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 384

Outre le mérite de la capacité nécessaire à sa place, il avoit encore le goût des Lettres, & des talens propres à s’y distinguer.

1079. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 388

Il s’y exprime avec autant de goût que de chaleur, & il y présente les plus beaux traits de l’Eloquence, en découvrant en même temps les causes de sa corruption chez les Romains.

1080. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 10

On remarque dans ces différentes Compilations, de la méthode & du goût, de l’arrangement & du choix dans les matieres.

1081. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 137

Dans un temps où l’on ne connoissoit pas encore le bon goût, il cultiva la Poésie avec réputation, & quoique ses Vers soient bien éloignés de la perfection à laquelle la Poésie est parvenue depuis, ils sont encore estimés des gens de goût.

1082. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article »

Avec plus de politesse & de discernement, elle eût pu tirer un parti avantageux de son esprit vif & facile, mais trop peu assujetti à la raison & au goût.

1083. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

. — Exemples pour les images qui correspondent à des sensations de la vue, de l’ouïe, du goût, du toucher. — Effets égaux et semblables de l’image et de la sensation correspondante. — En ce cas, l’image est prise, au moins pendant un instant, pour la sensation correspondante. […] Les sensations de l’ouïe, du goût, de l’odorat, du toucher, et, en général, toutes les sensations, quel que soit le nerf qui, par son ébranlement, les excite, ont aussi leurs images. […] Un gourmand assis devant un bon plat, dont il respire les émanations et dans lequel il plonge déjà sa fourchette, en sent d’avance le goût exquis, et les papilles de sa langue deviennent humides ; l’image de la saveur attendue équivaut à la sensation de la saveur présente ; la ressemblance va si loin que, dans les deux cas, les glandes salivaires suintent au même degré. […] En effet, il reste un caractère qui l’en distingue : nous la reconnaissons promptement comme intérieure ; nous nous disons, du moins au bout d’un instant, que la chose ainsi vue ou sentie n’est qu’un fantôme, que notre ouïe, notre vue, notre goût, notre odorat n’éprouvent aucune sensation réelle. […] Quand le romancier imaginait dans sa bouche le crépitement de l’arsenic mâché et « cet affreux goût d’encre » que laisse le poison, si, un instant après, il avait sur la langue une gorgée de vin ou un morceau de sucre, la sensation réelle et la sensation imaginée s’excluaient l’une l’autre, et l’illusion momentanée causée par l’image disparaissait sous l’ascendant de la sensation.

1084. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

Par exemple, comment expliquer que certains goûts, certaines odeurs soient désagréables à tous les degrés ? […] Un goût nauséabond est désagréable en lui-même à tous les degrés, faut-il croire qu’il commence par nous donner un plaisir inconscient ? […] Mais c’est surtout dans le domaine du goût et de l’odorat que les déplaisirs ou plaisirs immédiats semblent liés à la qualité plus qu’à l’intensité. […] C’est ce qui a lieu pour les excitations de la vue, de l’ouïe, de l’odorat, du goût. […] Il y a, dit-on encore, des poisons agréables, des odeurs douces et nuisibles ; mais certaines saveurs ou odeurs peuvent stimuler le goût ou l’odorat d’une façon normale, tout en étant nuisibles à la santé générale.

1085. (1903) La renaissance classique pp. -

… » Si connues que soient ces idées, il faut pourtant y insister, parce que ce goût de la mort et des pourritures, physiques ou sociales, a infecté tout le siècle précédent et qu’il en a contaminé toutes les écoles littéraires, jusqu’aux naturalistes et jusqu’aux symbolistes de ces récentes années. […] Ils s’ébahirent et s’indignèrent de tout : de la coquinerie des hommes politiques, de la rapacité et de la malhonnêteté des gens d’affaires, de la bêtise et de la vanité des filles, de la saleté de l’ouvrier, de ses goûts crapuleux, de sa sentimentalité niaise, de la brutalité du paysan et du militaire, de la médiocrité intellectuelle du bourgeois. […] En un temps où sévit la « littérature comparée », où des musées d’art voisinent avec des musées d’archéologie ou d’anthropologie préhistorique, le goût hébété défaille et dégénère, l’imagination devient servile et compilatrice. […] Ainsi nous développerons notre goût, nous enrichirons nos idées ; et si nous avons vraiment l’amour de la vie, si nous savons la contempler avec un étonnement toujours nouveau, nous serons excellemment préparés pour la mise en œuvre des lieux communs éternels de l’art. […] Sa conception toute patriarcale de la famille et de l’État, ses instincts autoritaires, son goût pour la pompe et les magnificences décoratives de l’histoire annoncent le chef de clan et, comme il aimait à s’en flatter, le haut baron féodal.

1086. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

Lorsque parut l’édition donnée par le neveu de Massillon et conforme en tout aux manuscrits, elle réunit donc tous les suffrages et satisfît à un grand désir des chrétiens et des gens de goût. […] Il plaira à ceux qui n’ont point les impatiences d’un goût trop superbe ou trop délicat, ni les promptes fièvres des admirations ardentes ; qui n’ont point surtout la soif de la surprise ni de la découverte, qui aiment à naviguer sur des fleuves unis, qui préfèrent au Rhône impétueux, à l’Éridan tel que l’a peint le poète, ou même au Rhin dans ses âpres majestés, le cours tranquille du fleuve français, de la royale Seine baignant les rives de plus en plus élargies d’une Normandie florissante. […] Les critiques que fait ce lecteur dont j’ignore le nom, un peu minutieuses parfois, sont la plupart d’une grande justesse : il y relève des inexactitudes et des irrégularités d’expression, des phrases embarrassées, des répétitions (le mot de goût, par exemple, répété à satiété) ; il y fait sentir les faiblesses et les incertitudes du plan, surtout vers la fin ; il y reconnaît aussi et y loue les belles parties, le tableau si vif du prince de Conti à la journée de Neerwinden, et surtout la peinture animée des grâces, de l’affabilité et du charme habituel qui le faisaient adorer dans la vie civile.

1087. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Pour l’homme de goût qui le lit, il y manque, je le crois, un peu plus de fermeté dans les peintures et une variété de ton qui les grave plus distinctement. […] Il ne m’appartient pas de faire le rigoriste, ni de m’inscrire contre cette magie de l’expression et de la parole qui faisait que Voltaire ici ne se formalisait pas du fond : pourtant, Massillon n’est-il pas un peu jugé par ce goût même si déclaré que Voltaire avait pour lui, et par cette faveur singulière dont il jouissait de ne pas déplaire à l’adversaire ? […] Ce n’est pas que le malin n’y reçût de temps en temps sa leçon au passage : dans ce même Petit Carême, Massillon, comme s’il eût présagé à l’avance l’auteur de La Pucelle, a dit : Ces beaux-esprits si vantés, et qui, par des talents heureux, ont rapproché leur siècle du goût et de la politesse des anciens ; dès que leur cœur s’est corrompu, ils n’ont laissé au monde que des ouvrages lascifs et pernicieux, où le poison, préparé par des mains habiles, infecte tous les jours les mœurs publiques, et où les siècles qui nous suivront viendront encore puiser la licence et la corruption du nôtre.

1088. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Il dénonce et poursuit à outrance « ce goût de sûreté géométrique qui est enraciné en lui par toutes les inclinations de son esprit, par toutes les longues et agréables études de sa vie, par une habitude changée en nature ». Il l’exhorte à mourir « à ses goûts d’esprit, à ses curiosités et à ses recherches philosophiques, à sa sagesse intempérante, à ses arrangements étudiés, à ses méthodes de persuasion pour le prochain » ; à ne pas être un affairé d’esprit à tout propos et hors de propos, un ardélion de la vie intérieure. […] Dans les lettres qu’il écrit au fils du duc de Chevreuse, au duc de Chaulnes, qui s’appelait d’abord le vidame d’Amiens, Fénelon retrouve à dire une partie des mêmes choses ; car il paraît que le fils tenait de son père ce goût de travail renfermé, d’études à l’infini et d’occupations dans le cabinet.

1089. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Il était de ceux qui, par nature et par goût, n’ont rien de plus cher que les douceurs d’une vie particulière et obscure, d’un loisir animé par l’amitié, embelli par les lettres, égayé d’un peu de poésie, et le plus souvent rempli par la paresse. […] Il s’oublie, il s’amuse, il se laisse aller aux goûts divers de l’humeur et de la nature, mais sans un système bien réfléchi. […] Louis Paris paraît croire qu’il faut écrire hombre le jeu de cartes, au lieu d’ombre ; mais j’aime mieux ce dernier sens tout naturel et si d’accord avec les goûts de Maucroix, umbratilis vita.

1090. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Je sais tout ce qu’avaient d’incomplet, et jusqu’à un certain point de hâtif cet extrait et ce jugement de 1828, et je le livre aux corrections de détail de ceux qui y reviennent armés de toutes pièces et avec une application d’érudit ; mais en ce qui est d’avoir fait un acte de goût, je ne saurais m’en repentir, et l’idée que je me forme de Ronsard est encore la même, c’est-à-dire celle-ci. […] Ronsard en fut atteint ; Lazare de Baïf, auprès duquel il avait été quelque temps en Allemagne, l’initia à ce goût nouveau d’études. […] Ces derniers mots couverts paraissent avoir été à l’adresse de Mellin de Saint-Gelais, poète de cour et homme de goût comme nous dirions, lequel s’était permis dès l’abord, contre Ronsard et sa manière, des railleries qu’il continua encore quelque temps, et dont enfin il se désista : Mellin vieillissait et allait mourir, et après les premières escarmouches, il sentit qu’il valait mieux faire sa paix avec cette jeunesse que de soutenir une guerre inégale.

1091. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

En nous la dénonçant dès l’enfance dans ses goûts raffinés et coquets de petite fille, de pensionnaire, en nous la montrant rêveuse et sensible d’imagination à l’excès, il la raille impitoyablement ; et l’avouerai-je ? […] La vertu qui lui manque, c’est de n’avoir pas appris que la première condition pour bien vivre est de savoir porter l’ennui, cette privation confuse, l’absence d’une vie plus agréable et plus conforme à nos goûts ; c’est de ne pas savoir se résigner tout bas sans rien faire paraître, de ne pas se créer à elle-même, soit dans l’amour de son enfant, soit dans une action utile sur ceux qui l’entourent, un emploi de son activité, une attache, un préservatif, un but. […] Léon Dupuis, qui à table se prend particulièrement de conversation avec Mme Bovary, et à l’instant, dans un dialogue très bien mené, très naturel, et foncièrement ironique, l’auteur nous les montre allant au-devant l’un de l’autre par leurs côtés faux, leur goût de poésie vague, de romanesque, de romantique, tout cela servant de prétexte à la diablerie cachée ; ce n’est qu’un commencement, mais il y a de quoi déconcerter ceux qui croient à la poésie du cœur et qui ont pratiqué l’élégie sentimentale ; évidemment leurs procédés sont connus et imités et parodiés : c’est à dégoûter des dialogues d’amour pris au sérieux.

1092. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Villemain, avoir lu Le Siècle de Louis XIV de Voltaire ; avoir su par cœur tant de belles pages citées dans les cours, dans les leçons de littérature, et qui honorent le goût ! […] Il y a, dans une lettre du 18 décembre 1712, une phrase impossible, que l’on a peine à croire d’elle ; il s’agit des plans et dessins pour les jardins du Retiro : « Elles (Leurs Majestés catholiques) seront bien aises, auparavant que de les faire mettre à exécution, que M. le duc d’Antin les fasse voir au roi dont elles ont une grande opinion du goût » ; au lieu de : du goût duquel elles ont une grande opinion.

1093. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

Ces décisions des hommes de goût ne sont dans le fond que la voix publique que les hommes d’un tact supérieur devinent par instinct88 ; elles se modifient et se perfectionnent89 en passant de bouche en bouche. […] Seulement il ne la suivit, cette carrière, qu’en homme à demi convaincu ; il avait des regrets, de fréquents soupirs vers une vie plus agréable, plus conforme à la délicatesse de ses goûts. […] À deux pas de Coppet, au bord de ce beau lac, dans cette Suisse romande que Voltaire avait tant goûtée, Bonstetten, avant que les événements menaçants lui fissent la position trop difficile et vinssent mettre à une trop forte épreuve son caractère, avait trouvé le moyen de concilier tous ses goûts de curiosité, d’universalité, de philanthropie, de cosmopolitisme.

1094. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Réellement il a le goût très-prononcé de l’amitié buvante et chantante, de la sodalité. […] Chez Arnault, je la redouterais moins, quoiqu’il me semble pourtant qu’il exalte beaucoup des chansons de Désaugiers que suivant mon goût, je ne voudrais pas avoir faites. […] « Encore dix mois, mon ami, écrit-il à Quenescourt en janvier 1812, et je m’embarquerai au milieu des écueils du goût, de la satire, de l’envie et du succès. » Cependant il chassait, comme on dit, deux lièvres à la fois ; il voit que ses chansons ont réussi devant desaristarques en renom, et dorénavant il s’y applique ; il sent lui-même qu’il s’y applique trop : « Je fais toujours des chansons, mais moins pour mon plaisir que par une sorte de calcul.

1095. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Lerambert j’aurais bien plutôt à représenter qu’après avoir souffert il ne suffit pas de chanter purement, mélodieusement, avec sensibilité et avec goût, qu’il faut encore, pour être entendu, hausser le ton et le pousser même jusqu’au cri. […] Lerambert, nature si distinguée, semble l’avoir compris ; n’a pas renoncé à la poésie, mais il l’a réduite à être désormais pour lui une jouissance délicate et personnelle de l’homme sensible et de l’homme de goût : Non, plus de vers écrits par moi pour être lus. […] J’ai parcouru jusqu’ici bien des tons, j’ai fait résonner bien des notes sur le vaste clavier de la poésie, et pourtant je n’ai pas encore abordé mon vrai sujet, celui qui m’a réellement mis cette fois en goût d’écrire, le Poème des Champs de M. 

1096. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Et je prendrai tout d’abord pour exemple cette Anthologie même qui paraît aujourd’hui traduite au complet : il y a certes du mélange dans ce nombre si considérable d’épigrammes ; mais, en général, et à n’en prendre que la meilleure partie, tous les érudits gens de goût en ont fait leur régal ; Grotius les a traduites, d’après le recueil de Planude, en vers latins élégants ; les poètes de tout pays s’en sont inspirés, et souvent une seule goutte de cette liqueur exquise, tombée dans leur coupe, a suffi pour aiguiser le breuvage. […] L’Antiquité ne perd pas au point de vue historique ; là-dessus je suis tranquille ; la Grèce, ainsi considérée comme un anneau d’or dans la chaîne des temps, se classe et se coordonne de plus en plus ; mais, au point de vue du goût et pour le sentiment direct, pour la familiarité véritable entretenue avec les sources, je suis moins rassuré, et je ne m’en prends de cela à personne ; je considère simplement les circonstances où nous vivons. […] Mais qu’il se rassure ; qu’il se persuade qu’ils sont excellents, et qu’il ne lui manque que le goût et la connaissance pour les mieux apprécier ; et bientôt chaque visite nouvelle lui ouvrira les yeux de plus en plus, jusqu’à ce qu’il ait appris à les admirer, jamais autant qu’il le méritent, assez du moins pour enrichir et élargir sa propre intelligence par la compréhension de la parfaite beauté.

1097. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Son grand-père était sous-préfet à Rocroi, en 1814-1815, sous la première Restauration ; son père, avoué de profession, aimait par goût les études ; il fut le premier maître de son fils et lui apprit le latin : un oncle revenu d’Amérique lui apprenait l’anglais en le tenant tout enfant sur ses genoux. […] A côté du bien et de l’excellent, quelques inconvénients sautent aux yeux et se font aussitôt sentir : on n’est pas impunément élevé dans les cris de l’École ; on y prend le goût de l’hyperbole, comme disait Boileau. […] Quand il s’agit de témoins historiques, je conçois des équivalents : je n’en connais pas en matière de goût.

1098. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Le Roy, le veneur ordinaire, un La Bruyère à cheval : « Né avec un goût vif pour les femmes, nous dit-il du roi, des principes de religion, et plus encore beaucoup de timidité naturelle, l’avaient tenu attaché à la reine, dont il avait eu déjà huit ou dix enfants. […] Ce ne fut pas sans peine qu’on parvint à établir une familiarité complète entre un prince excessivement timide et une femme à laquelle sa naissance du moins imposait quelques bienséances… Tout le monde sait quelles suites elle eut, quel empire le goût pour les femmes exerça sur Louis XV ; combien la variété lui devint nécessaire, et combien peu la délicatesse et toutes les jouissances des âmes sensibles entrèrent dans ses amusements multipliés. » Ce qu’on vient de lire est exact, presque à la lettre ; cette reine, dont la destinée de loin paraît celle d’une femme délaissée, donna en effet au roi, avant l’éclat des désordres, jusqu’à dix enfants : deux garçons seulement, dont un seul vécut ; tout le reste n’était que des filles, et Louis XV avait fini par ne plus compter sur autre chose avec la reine : il semblait voir dans cette monotonie l’image de leurs froides amours. […] Nous tâcherons de ne pas être injuste et de ne pas trop céder à des caprices de goût, là où domine le respect.

1099. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Un poëte, au contraire, qui, avec les hautes facultés et le renom de M. de Lamartine, arrivant à la politique (puisqu’il faut de la politique absolument), ne donnerait que des livres plus rares, mais venus à terme, et de plus en plus mûris par le goût, ne ferait qu’apporter à tout l’ensemble de sa conduite politique, dans l’opinion, un appui véritable et solide ; il finirait, en étant de plus en plus un poëte incontestable, bien économe et jaloux de sa gloire, par triompher plus aisément sur les autres terrains, et par forcer les dernières préventions de ses collègues les plus prosaïques, même dans les questions de budget et dans le pied-à-terre des chemins vicinaux.  […] Dès qu’on n’est plus inspiré par un sentiment souverain, impétueux, unique, qui décide et apporte avec lui l’expression ; dès qu’on flotte entre plusieurs sentiments, et qu’on peut choisir ; qu’on en est à redire les choses profondes, à exhaler le superflu des émotions nouvelles, il faut que le travail, l’art, ou, pour exiger le moins possible, un certain soin quelconque aide à l’exécution, et y ajoute, y retranche à l’extérieur par le goût ce que l’âme, tout directement et du premier coup, n’a pas imprimé. […] Un poëte qui a tant de choses n’aurait-il donc pas le goût ?

1100. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre premier. La contradiction de l’homme » pp. 1-27

., en dépit des goûts différents, ou de la paresse, qui le pousseraient à agir autrement ou à ne pas agir. […] Le goût pour l’alcool, l’habitation dans des logements malsains, l’activité physique et mentale prolongée à travers la nuit, l’entassement dans les théâtres et les lieux de réunions, la gourmandise exagérée, tant de pratiques qui flattent nos goûts et nuisent à l’équilibre du corps et de l’esprit, montrent assez que nos instincts n’ont pu se plier à notre situation nouvelle.

1101. (1886) De la littérature comparée

Cependant, le développement des études historiques, en favorisant la connaissance des milieux et la comparaison entre les époques, attira bientôt l’attention sur le phénomène, longtemps négligé des variations du goût : on remarqua qu’un siècle ne ratifie pas toujours les jugements du siècle précédent ; que telle tragédie portée aux nues à son apparition peut cependant tomber dans un oubli définitif ; que des gloires illustres entre toutes s’éclipsent pendant des périodes entières et ne reparaissent ensuite dans leur éclat que sous l’influence de circonstances qu’il est possible de déterminer ; que les poètes préférés d’une nation demeurent souvent incompris par la nation voisine. […] Si vous considérez dans son ensemble le développement des littératures modernes qui font l’objet de ce cours, vous verrez bientôt qu’à travers bien des variations, des tâtonnements et des revirements de goût, il présente le tableau d’une sorte de conflit entre deux éléments qui parfois se fondent ensemble, puis se séparent de nouveau, se combattent tour à tour et se réunissent. […] Au début de la période moderne, le premier de ces éléments semble entièrement absorbé par l’autre : le goût de la culture antique a disparu avec l’empire romain, et au commencement du viie  siècle, il est presque éteint.

1102. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

Ces lectures, dans lesquelles devait entrer le moins de critique possible, le strict nécessaire seulement en fait de commentaires, et où l’on devait surtout éviter de paraître professer, avaient pour objet de répandre le goût des choses de l’esprit, de faire connaître par extraits les chefs-d’œuvre de notre littérature, et d’instruire insensiblement les auditeurs en les amusant. […] Rousseau, deux actes de L’École des maris de Molière, et mettre en goût son auditoire ; au Palais-Royal (vestibule de Nemours), le docteur Lemaout faire sentir et presque applaudir la comédie des Deux Gendres d’Étienne ; au Conservatoire de musique, M.  […] Les hommes distingués qui se sont dévoués jusqu’ici, par goût et par zèle, à ces fonctions tout à fait gratuites, font certainement une œuvre bien estimable ; mais il y a quelque chose qui l’est encore plus (ils m’excuseront de le penser, et ils l’ont pensé avant moi), c’est de voir, comme cela a lieu au Conservatoire, des ouvriers, leur journée finie, s’en venir de Passy ou de Neuilly pour assister, à huit heures du soir, à une lecture littéraire.

1103. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Les regrets d’un gouvernement fait pour apprécier, autant que d’autres, les plus éminentes qualités de l’esprit, s’associent aux regrets que la France entière témoignera bientôt, en apprenant qu’un des plus illustres représentants de son intelligence et de son goût s’est condamné, avant le temps, à quitter la chaire qu’il avait consacrée. […] Les seules parties de son enseignement qui aient été recueillies, le Tableau de la littérature du Moyen Âge, et surtout celui de la littérature au xviiie  siècle, sont des modèles de goût, d’élégance dans les recherches et dans l’exposition, et de bon sens rapide revêtu de grâce. […] Il paraît croire18 que, dans les grands siècles, les siècles classiques, « qui ont seuls le goût de la grande beauté », il y a en effet et bien réellement une beauté plus abondante et plus exubérante que dans d’autres ; et qu’ainsi au xviie  siècle, non loin de Descartes, de Pascal ou de Malebranche (dussent-ils en user très peu), il y a de plus belles femmes au physique qu’à côté de Condillac, d’Helvétius et de Galiani, qui les aimaient davantage.

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