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1025. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

Lewes, les éléments ne puissent être donnés sous une forme adaptée au calcul240. […] Lewes241 la tendance de l’esprit humain à réaliser des abstractions, à leur donner une existence objective et indépendante. […] Il veut « donner le coup final250 » à la théorie de l’action réflexe, à laquelle il n’épargne pas même la raillerie. […] Cette activité donne naissance à une suite d’idées, en vertu de la loi d’association. […] Nous n’avons pu donner ici qu’une esquisse de cette conclusion.

1026. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Appendices de, la deuxième édition »

Non moins paradoxales seront les conséquences si j’érige en horloge réelle, marquant cette heure pour un observateur réel, l’horloge tout idéale, fantasmatique, qui donne en perspective de Relativité l’heure du système en mouvement. […] Une des formules de Lorentz donne la réponse. […] Ce sens, nous l’avons déterminé de bien des manières ; nous avons cherché, par bien des moyens, à en donner la vision concrète. […] Nous en avons implicitement donné la raison dans notre sixième chapitre 61. […] Attribuer aux deux systèmes des vitesses de sens opposés consisterait, au fond, à se placer par la pensée dans un troisième système de référence, alors qu’on ne s’est donné que S et S′.

1027. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Nous en donne-t-elle la notion intime ? […] Rien de pareil ne se remarque même chez cette espèce de singes qui occupent le haut de l’échelle animale, et que certains naturalistes nous donnent pour ancêtres. […] C’est donc au témoignage direct de la conscience qu’il faut recourir pour s’assurer que tel caractère donné par l’expérience historique est ou n’est pas essentiel à l’humanité. […] En sorte qu’on a pu aussi donner la formule de cette race : la prédominance des instincts et des facultés pratiques sur les facultés spéculatives. […] Elle serait en mesure de définir d’une manière sûre et précise les caractères de la race ; elle ne suffirait point à donner, dans toute sa généralité et toute sa profondeur, la formule psychologique de l’espèce.

1028. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

C’est à celui qui remuera le plus grand nombre de tonnes qu’est donné, en fait, le gouvernement du monde. […] Une dernière phrase cependant, à la fin, sur la pauvreté de l’enseignement donné aux élèves, transformait le ton de tout le début et lui donnait plutôt une signification ironique. […] Mais qu’on donne à celui-ci le droit de risquer ces procès menaçants ! […] Une lettre missive n’a été établie qu’en vue d’être donnée, sans distinction entre son corps et son âme. […] L’immémoriale coutume humaine lui donne raison.

1029. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Pourquoi nous donnerions-nous la peine d’apprendre la langue des autres ?  […] Il avait donné son cœur et sa vie à l’humanité. […] Dieu a fait l’homme à son image et a donné à la nature des lois analogues. […] Les critiques classiques donnèrent en plein dans le piège et crièrent au romantisme ! […] la Nature immortelle     N’a pas tout voulu vous donner.

1030. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Mallarmé, nous aura donné l’image d’un artiste véritable. […] Les circonstances où nous vivons nous donnent des besoins spéciaux ; et l’habitude de ces besoins donne à nos organes une disposition spéciale. […] Hatzfeld et Meunier ne se soient donnée. […] Au lieu de l’unité factice que donne la chronologie. […] Le seul fait qu’ils existent suffit à leur donner un air de vérité que ne leur donnerait pas le génie le plus inventif.

1031. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

Pendant la première semaine, sans doute aussi par action réflexe, elle remuait les doigts et serrait même assez longtemps l’index, qu’on lui donnait. […] Tous les jours, elle allait chez sa grand’mère, qui lui donnait une pastille ; elle sait très bien reconnaître la boîte, insister en la montrant du doigt pour qu’on l’ouvre. […] À présentoir ne les appelle plus ainsi ; par contre, il donne ce nom à des mouches mortes, à des insectes immobiles. […] Max Müller, vient d’en donner une solution à la fois très simple, très ingénieuse et très solidement fondée. […] Car d’une part l’analyse de toutes les langues connues nous ramène aux racines, et d’autre part l’expérience nous donne les interjections et les imitations comme le seul commencement imaginable de la parole humaine.

1032. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Chez lui rien n’est donné, tout est acquis. […] Buffon est là pour donner raison à La Fontaine. « Sa colère est noble, son courage magnanime, son naturel sensible. […] A peine le dauphin a-t-il fait une question qu’il lui a donné six réponses. […] Par exemple, Esope se tait sur le rossignol, et donne le beau rôle à l’oiseau de proie. […] L’imbécile s’imagine que la mère va lui donner son enfant, et, quand il se voit trompé, il s’amuse à menacer et à se plaindre.

1033. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Ce furent même les Gallo-Romains qui donnèrent à l’épopée sa forme : la langue, cela va sans dire, mais aussi le mètre. […] Mais ce poète, plus ou moins éloigné des événements, qui le premier les chanta, quelle forme leur donna-t-il ? […] C’est là même le grand problème qui donne de l’intérêt à l’immense fatras qu’on appelle à tort l’épopée française. […] Bartsch et Rajna, ne donnent guère de bonnes raisons positives, et M.  […] Je suivrai pour les vers de l’ancienne langue que je traduirai l’excellente règle donnée par M. 

1034. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

Et il ne le recommencera plus, pour bien des raisons que je veux donner toutes. […] Ce sont les sensations que donne le milieu le plus commun à l’âme la plus commune. […] Et, quoi qu’il m’en coûte, il faut bien que je la donne, cette conclusion. […] C’est la petite boîte ronde, impossible à ouvrir qu’elle lui donnera s’il l’embrasse, et sa manière de l’embrasser, elle ! […] Tout ce qu’on pourrait dire ne saurait donner une idée de cette platitude.

1035. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Modeste est donc fort malheureuse et M. de Balzac s’en donne à cœur joie de quintessencier son héroïne. […] Nous en donnons pour preuve la lettre de Bernerette qui forme en quelque sorte le dénouement. […] Janin, ce serait déjà sortir du rôle réservé que je me donne, et vouloir passer pour un railleur. […] Il a pu se donner cette palme, belle, illustre sans doute et ne pas se faire illusion. […] Sainte-Beuve a donné le ton à des réhabilitations assez étranges.

1036. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Le feuilleton, plus que le théâtre, leur a donné asile. […] Les fantaisies des romantiques ont donné le branle, et il a fallu suivre. […] Poitou a très bien vu cette explication et il la donne. […] c’est le génie qui donne cette impartialité ». […] Mais qui leur a donné à toutes deux ce brillant ?

1037. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Shakespeare commence une littérature nouvelle ; il est empreint, sans doute, de l’esprit et de la couleur générale des poésies du Nord : mais c’est lui qui a donné à la littérature des Anglais son impulsion, et à leur art dramatique son caractère. […] Le malheur, alors qu’il pèse longtemps sur les peuples, leur donne un caractère que la prospérité même qui succède ne peut point effacer. […] Le caractère de Caliban, dans La Tempête, est singulièrement original ; mais la forme presque animale que son costume doit lui donner, détourne l’attention de ce qu’il y a de philosophique dans la conception de ce rôle. […] La société lui retire ce qui est la vie, avant que la nature lui ait donné la mort. […] Blair donnait des leçons à ses écoliers sur l’art de l’éloquence, et indiquait tous les exemples anciens et modernes qui pouvaient appuyer ses préceptes.

1038. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « II  L’esprit scientifique et la méthode de l’histoire littéraire »

Toutes les vérités que nous leur devons, les grandes vues fécondes et suggestives qu’il nous ont laissées, ne valent peut-être pas la leçon qu’ils nous ont donnée par l’erreur et par l’échec de leur prétention scientifique. […] L’impressionnisme est la seule méthode qui nous donne le contact de la beauté. […] C’est un lettré fétichiste qui ne peut se résigner à ce que tout ne soit pas beau, et grand, et pur, dans la vie et dans l’œuvre des écrivains de génie à qui il a donné son amour. […] Il n’y a que l’article, de la propriété littéraire qui me donne un peu de souci. […] Nous avons donné des fantasias, qui faisaient honneur à notre esprit, et n’apprenaient rien, ou rien de vrai, sur nos auteurs.

1039. (1890) L’avenir de la science « Préface »

Le 15 juillet 1849, j’en donnai un extrait à la Liberté de penser, avec l’annonce que le volume paraîtrait « dans quelques semaines ». […] Un état qui donnerait le plus grand bonheur possible aux individus serait probablement, au point de vue des nobles poursuites de l’humanité, un état de profond abaissement. […] Ce qu’il y a de grave, c’est que nous n’entrevoyons pas pour l’avenir, à moins d’un retour à la crédulité, Le moyen de donner à l’humanité un catéchisme désormais acceptable. […] Elle préserve de l’erreur plutôt qu’elle ne donne la vérité ; mais c’est déjà quelque chose d’être sûr de n’être pas dupe. […] Cela donne une sécurité bien grande.

1040. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 34, que la réputation d’un systême de philosophie peut être détruite, que celle d’un poëme ne sçauroit l’être » pp. 489-511

Le sentiment se souleve contre celui qui voudroit nous faire croire qu’un poëme que nous avons trouvé insipide nous auroit interessé, mais le sentiment ne dit mot, pour user de cette expression, contre celui qui nous donne un mauvais raisonnement de métaphisique pour bon. […] Ils ont composé dans la langue vulgaire de leur païs, et leurs premiers approbateurs ont donné un suffrage qui n’étoit pas sujet à erreur. […] Son propre sentiment, confirmé par celui des autres, le persuade suffisamment que tous ces raisonnemens doivent être faux, et il demeure tranquillement dans sa persuasion en attendant que quelqu’un se donne la peine d’en faire voir l’erreur méthodiquement. […] Ce n’est donc pas d’aujourd’hui que les gens de lettres ont tâché de s’acquerir, en contredisant les opinions reçûës, la réputation d’hommes qui avoient des vûës supérieures, et qui étoient nez pour donner le ton à leur siecle, et non pour le recevoir de lui. […] Les mauvais succès de ses tentatives pour reformer les abus et pour établir l’ordre qu’il avoit imaginé dans son cabinet, les lumieres que donne l’expérience et qu’elle seule peut donner, lui font bien-tôt connoître que son prédecesseur s’étoit bien conduit, et que le monde avoit raison de le loüer.

1041. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

En verité, pour braver un consentement si general, pour donner le démenti à tant de siecles passez, et même au nôtre, il faut croire que le monde ne fait que sortir de l’enfance, et que nous sommes la premiere generation d’hommes raisonnables que la terre ait encore portée. […] Au lieu de tirer la plûpart de leurs métaphores d’un ruisseau dont l’eau fraîche désaltere le voïageur, ou d’un bouquet de bois qui donne un ombrage délicieux aux bords d’une fontaine, ils les auroient empruntées d’un poële ou des effets du vin et des liqueurs spiritueuses. […] Tous ceux qui entendent le latin ne se lassent point de dire que ces versions ne donnent pas l’idée du mérite des originaux, et leur déposition est encore confirmée par l’expérience generale de ceux qui se laissent guider aux attraits des livres dans le choix de leurs lectures. […] Ma reflexion est d’autant plus vraïe, qu’on ne sçauroit apprendre une langue sans apprendre en même-temps plusieurs choses des moeurs et des usages du peuple qui la parloit, ce qui donne une intelligence des figures et de la poësie du stile d’un auteur, laquelle ceux qui n’ont pas ces lumieres ne sçauroient avoir. […] Des évenemens importans nous attachent par eux-mêmes, et la verité seule leur donne du pathetique.

1042. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

Dans le premier exemple que nous avons donné, il y avait déjà quelque trace, non plus seulement de nombre, mais d’harmonie. […] Le poète, comme aussi le grand prosateur, ne livre pas du même coup tous ses genres de beautés et ne peut pas donner à la fois tous les plaisirs qu’il est capable de donner. […] Et, quand je me récite à moi-même, je scande : Passer | des jours entiers et des nuits | à cheval, Quand on se récite des vers, on les possède plus intimement en quelque sorte ; on les couve en soi ; il vous semble qu’on les fasse et on les fait selon le rythme vrai qu’ils doivent avoir, que la pensée qu’ils expriment doit leur donner. […] Je me suis longtemps cité le vers de Ruy-Blas ainsi : Je donne des conseils aux ouvriers du nonce. Le texte est : « Je donne des avis », qui est le mot propre.

1043. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

Les bas-bleus qui faisaient partie de la société qu’elle voyait, en France, mirent du temps à lui donner sa teinte… Que lui dirent-ils pour qu’elle la prit ? […] Il a eu sa statue taillée par l’Opinion dans un à peu près sublime ; mais la médaille qu’on regarde de près, la médaille précise, nette et profondément fouillée, qui donne profondément le génie d’un homme, je ne la vois dans aucune main. […] Né depuis moins de temps et sorti fraîchement des mains de Dieu, il semble radieusement imprégné des baisers que Dieu lui donnait encore, ce matin… Il semble qu’il y ait sur les roses de son front un reflet des portes du ciel, et de la première aurore de la création… Eh bien ! […] Comme les enfants, du reste, Byron, partout, autant dans sa vie que dans ses œuvres, a été l’être vrai de tous les contrastes, et il n’y eut jamais d’autre explication à donner de son génie et de ses œuvres que cette vérité. […] Il a eu contre lui lady Byron, sa femme, qui lui a brisé le cœur, et jusqu’à la comtesse Guiccioli, sa maîtresse, à qui il avait donné ce cœur brisé et qui le lui a si maladroitement embaumé !

1044. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Nous nous rappelons qu’il nous a gâté l’un des plus beaux sujets qu’il fût donné de toucher à la plume d’un historien, d’un savant, et même d’un artiste. […] Et voilà l’excuse que Beaumont-Vassy pourrait faire valoir en faveur du livre manqué qu’il nous donne. […] Il nous semble que Mérimée a traduit quelque chose de Pouchkine, dans ce style ferme et sobre de Mérimée qui donne à la pensée la densité peut-être un peu sèche du métal. […] Cela donnait à penser qu’il y avait des choses bien fortes… Il n’y a rien ! […] L’un et l’autre, ils ont beaucoup fait, mais, leur peuple donné, il était facile de le faire.

1045. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

À elle, comme aux États, dont elle est l’expression oublieuse ou reconnaissante, il faut que l’on remplisse les mains avec de l’or ou de la terre pour qu’elle se souvienne qu’on est mort pour lui en donner. […] Voilà l’homme dont Henri de la Madelène a entrepris de nous donner et de nous détailler la vie10. […] « Elles font le génie », disait un grand génie, qui s’est donné un démenti à lui-même en étant plus grand dans la défaite que dans la victoire. […] … La biographie nous dévore, et une biographie comme celle du comte Gaston de Raousset-Boulbon, l’héroïsme des hommes n’en donne pas l’occasion tous les jours ! […] Les brigands mexicains qui, de son vivant, osaient l’appeler « le Pirate » (et il faut dire que le gouvernement qui l’a tué a eu la pudeur, dans sa sentence de mort, de ne pas l’appeler de ce nom), les brigands mexicains savaient bien que, pour cacher leur perfidie, il était nécessaire de lui donner juste le nom qui calomniait sa loyauté.

1046. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

Fustel de Coulanges nous a donnée depuis, attaquait l’Histoire à une profondeur de nature humaine jusque-là inconnue à la plupart des historiens. […] Ces conquérants, qui demandèrent humblement des terres à Rome, on leur en donna, et ils les labourèrent. […] L’implacable historien auquel ils ont affaire aujourd’hui diminue la hauteur de leur taille, et donne la mesure de leur action, si étonnamment exagérée. […] Mais peut-on dire que celui à qui on a donné ait conquis ? […] Il n’a pas dit un mot de Gibbon, et s’il a nommé Montesquieu une seule fois, c’est pour lui donner le plus laconique et le plus cruel démenti.

1047. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

Monselet n’a pas évidemment voulu nous donner un pastiche, et cependant il nous a fait de la poésie-Gautier, comme la librairie belge fait de la contrefaçon française. […] C’est un de ces romans comme le xviiie  siècle en a produit beaucoup, qui partent d’une donnée impossible pour arriver plus aisément à généraliser des études de mœurs et à multiplier des épisodes. […] Il faut cependant donner l’idée de celui de Monselet. […] Telle est la donnée que Monselet a cru faire accepter à l’Imagination moderne, cette grande dégoûtée, mais, au demeurant, la meilleure fille du monde ; tel est le pivot sur lequel il s’amuse à faire tourner, et quelquefois avec beaucoup de souplesse de grâce, les divers épisodes d’une composition qui est au roman ce que la comédie à tiroirs est à la comédie de caractère. […] La Critique devrait alors lui en donner.

1048. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

Ils donnaient aux objets de leur admiration une existence analogue à leurs propres idées. […] Introduisant la certitude dans le domaine de la liberté humaine, dont l’étude est si incertaine de sa nature, elle éclaire les ténèbres de l’antiquité, et donne forme de science à la philologie. […] En premier lieu, Grotius procède indépendamment du principe d’une Providence, et prétend que son système donne un degré nouveau de précision à toute connaissance de Dieu. […] Considérée sous le dernier de ses principaux aspects, la Science nouvelle nous donnera les principes et les origines de l’histoire universelle, en partant de l’âge appelé par les Égyptiens âge des Dieux, par les Grecs, âge d’or. […] Nous venons de donner un essai du vocabulaire dont on a parlé dans les axiomes 13 et 22.

1049. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

Accordez-moi la riche abondance qui vient des dieux immortels, et donnez-moi d’obtenir toujours de tous les hommes bonne renommée, d’être ainsi doux à ceux que j’aime, amer à mes ennemis, respectable à ceux-ci, terrible à ceux-là. […] La richesse que donnent les dieux demeure stable, des fondements jusqu’au faite ; celle que convoitent les hommes s’enlève par la force, sans égard au droit. […] « — J’avais donné au peuple le pouvoir qui lui suffit, n’abaissant et n’élevant trop personne. […] combattez serrés les uns contre les autres, et ne donnez l’exemple ni de la fuite ni de la peur ; mais faites-vous un cœur grand et invincible, et n’épargnez pas votre vie, quand vous combattez contre des hommes. […] Il donne à ses personnages dans l’action et dans le discours toute la dignité qui leur est séante : s’il se modérait, il semblerait fait pour être l’émule le plus rapproché d’Homère.

1050. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

Ils ont un orgueil individuel quelquefois humiliant pour ce qui n’est pas eux ; mais cet orgueil ou ce sentiment égoïste de leur supériorité leur donne un orgueil collectif et national qui fait une partie de leur force comme peuple. […] Donnez donc des systèmes représentatifs aux nomades de la Mésopotamie ; donnez des tribunes à des peuples qui parlent des langues différentes ; donnez la liberté de la presse aux sauvages Kurdes des frontières de Perse ; donnez des préfets et des receveurs généraux aux huttes des Tartares, aux tentes errantes de l’Éthiopie ou de la Mecque ! […] Qui a donné au Piémont le droit de juger ou de préjuger de la volonté des Toscans, des Romains, des Napolitains, des Siciliens, et de préjuger de la volonté vraie de ces peuples à son profit ? […] Quel spectacle, en effet, que ce peuple qui veut bien se donner à son libérateur, comme Garibaldi, mais qui ne veut pas se laisser prendre par un envahisseur couronné ! […] Soyons prodigues de notre sang, mais ne soyons pas dupes de nos victoires ; donnons sa place à l’Italie, mais gardons la nôtre en Europe.

1051. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Il est donc à croire que les liens étaient rompus à cette époque, et que la comtesse n’était pas fâchée qu’on le sût, afin de se justifier elle-même d’un changement dont on lui avait donné l’exemple. […] Ce volume ainsi annoté a été donné par Fabre à la bibliothèque de Montpellier, et chacun peut y lire cette singulière protestation. […] Tout ce que la science peut donner, il l’avait ; le génie lui était à peu près refusé. […] « … Vous me feriez grand plaisir de me donner de vos nouvelles, de vous et de vos occupations littéraires. […] Elle répondit qu’elle était prête à ôter tout ce qui pouvait donner offense, mais qu’elle n’ajouterait rien à son livre pour faire sa cour.

1052. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Il nous donna les émotions d’une lascive terreur, par le mystère d’expressions perverses et surnaturelles. […] Ce spectacle d’enfants parisiens nous donne une louable impression de réalité vivante. […] Besnard n’est point parvenu à nous donner complète l’émotion qu’il a tentée. […] — Je pense qu’il est beaucoup trop tôt pour donner une opinion. […] Elle donna des concerts dans tous les États-Unis et connut un succès considérable.

1053. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Ce faisant, ils donnèrent un précieux exemple à l’actuelle canaille, qui en a su dignement profiter. […] Carvalho n’a pas osé nous le donner. […] Lamoureux nous le donnera ; c’est un convaincu, lui. […] Lamoureux est venu lui faire savoir qu’il renonçait à donner cette représentation. […] Au dernier Concert populaire, donnée le 5 mai, M. 

1054. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Bourget ; et c’est bien elle qui leur donne un je ne sais quoi d’inquiétant. […] Le travail qu’ils accomplissent s’opère sur une donnée qui leur vient du dehors. […] Ce sont elles qui nous donnent la mesure de son esprit. […] La médiocrité où elles vivent leur donne cette physionomie sans expression. […] J’ai voulu seulement donner quelques indications générales.

1055. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

L’Éléonore de Parny, naïve et facile, manque d’élévation, d’avenir, d’idéal, de ce je ne sais quoi qui donne l’immortelle jeunesse ; elle n’a jamais eu d’étoile au front. […] Je ne veux pas dire que Parny ait jamais subi toute la métamorphose, ni même qu’il en ait donné signe tout d’abord. […] — Qui t’a donné cette forme nouvelle ?  […] Nous sommes assez heureux pour pouvoir donner la lettre simple, sérieuse et digne que le poëte écrivait à l’homme en place en le sollicitant. […] Ou De Forge, et non pas Desforges, comme le donnent toutes les biographies.

1056. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Le meilleur garant que je puisse donner de ma fidélité et de ma probité, n’est-ce pas mon indigence ? […] Sa mère, Bartholomée Nelli, d’une illustre maison florentine aussi, lui donna le jour le 3 mai 1469. […] Ce pape, aussi parcimonieux que Léon X était libéral, lui donna cent ducats pour toute récompense d’un si magnifique travail. […] Ce livre fut-il, comme d’autres le disent, une froide leçon de tyrannie pour donner aux princes la théorie des crimes heureux ? […] Napoléon donne le trône de Naples à son frère Joseph et à son beau-frère Murat.

1057. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Mme Daudet a passé toute sa journée à écrire pour le Temps, me dit son mari, un article qui est un bijou, et où elle me donne un peu comme le littérateur de la femme. […] On a donné au collège où est son fils, une narration française, dont le sujet est la mort d’un personnage quelconque. […] » Vouloir manger sans se donner de peine, est-ce d’un beau caprice souverain ? […] Celui-ci, sa page d’écriture donnée, passait son temps à me retirer des doigts ma plume, à la jeter au milieu de la chambre, et à la remplacer par une toute neuve. […] Le jour, où elle est venue donner la leçon à Léon, et qu’il lui a donné les deux numéros parus du journal : « Aujourd’hui, a-t-elle dit à son élève, il n’y aura pas de leçon, vous allez me traduire le roman de M. votre père. » Et derrière la porte, Daudet l’entendait rire à « Oh !

1058. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

Je t’ai donné tout ce que peut donner une femme à un homme : un amour, un fils, une fille ; ma dette est payée. […] Douchmanta leur donne le premier l’exemple de l’intrépidité et de l’audace. […] Le fils qui doit naître de cette union sera égal à son père, et donnera naissance à une race de héros !  […] ne doivent être employées que pour protéger le faible, et non pour donner la mort à l’innocent. […] » s’écrie-t-il en strophes lyriques ; je puis donc maintenant donner un libre cours à mes désirs !

1059. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Quand Dieu ne donne rien au dedans pour attirer, il donne au dehors une autorité qui décide. » Éprouvez tous ces mots l’un après l’autre, et vous sentirez si ce directeur est un dominateur. […] Mon cœur s’épanouit en voyant en vous un ami que la nature me donnait. […] Le père de famille irrité finit par donner sa malédiction à son fils. […] Trois ans plus tard, il donnait un Traité de la monnaie. […] Et nous accordons même qu’il a donné, de quelques-unes d’entre elles, quelques-unes des impressions les plus heureuses que l’on puisse donner.

1060. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Brunetière a promis de la donner. […] C’est un spectacle qu’il se donne. […] Il attend qu’il y ait du monde pour donner quelques sous à une mendiante : cela vaut mieux que s’il ne donnait rien du tout. […] Mme Guichard lui donne de l’argent, et il lui donne du plaisir. […] Jeune fille, elle s’est donnée à un homme.

1061. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 507-511

La nouvelle édition corrigée, que l’Auteur en donna quelque temps après, n’eut pas le pouvoir de le réhabiliter. […] Son Traité de l’Origine des Romans offre tant de recherches curieuses, de remarques instructives, de décisions judicieuses en matiere de goût, qu’il lui donneroit une place distinguée parmi les Littérateurs, quand il n’auroit pas d’autres titres. […] Louis XIV, qui connoissoit tout son mérite, lui donna l’Evêché d’Avranches, l’associa au grand Bossuet pour l’éducation de M. le Dauphin, en qualité de Sous-Précepteur. […] Il se démit de son Evêché, afin d’avoir plus de temps à donner à l’étude, & se retira ensuite à la Maison Professe des Jésuites de Paris, où il passa les vingt dernieres années de sa vie.

1062. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 555-559

Son cœur infiniment sensible lui fournissoit sans doute ces traits qui donnent tant de vigueur à ses divers Personnages, & produisent ce pathétique dont l’effet est toujours assuré. […] On a remarqué, avec raison, qu’il s’étoit trop laissé aller aux impressions d’une mélancolie sombre, qui rembrunit ses tableaux, donne à ses Héros un air farouche, diminue enfin l’intérêt, à force de vouloir le presser & l’étendre. […] Tout Lecteur honnête & judicieux ne peut qu’être affligé de voir prodiguer tant de richesses, pour donner au vice des couleurs capables de l’excuser, & de forcer à le plaindre, malgré les réclamations de la vertu. […] Le Pour & le Contre, le Journal Etranger auquel il a travaillé, donnent une idée assez favorable de ses talens, en matiere de saine & belle Littérature, pour faire croire qu’il eût pu honorer les Lettres, sans avoir aucun reproche à redouter pour sa gloire.

1063. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XIII. Des Livres de Médecine, de Botanique, de Chymie, d’Anatomie, de Chirurgie, &c. » pp. 325-328

La théorie que l’auteur donne sur les causes des maladies est excellente, & les remèdes qu’il conseille sont d’autant plus sûrs, qu’il en a vérifié l’efficacité par lui-même. Le même auteur a donné ensuite un Essai sur la santé des gens de lettres, & un autre sur celle des gens du monde : tous les deux très-bien faits. […] in-8°., qui est tiré de bonnes sources, & qui peut donner une connoissance suffisante de cet art qu’on ne sauroit exercer soi-même. […] Il seroit à souhaiter qu’on donnât une nouvelle édition de cette importante collection, en y joignant les découvertes & les observations faites depuis.

1064. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Avant-propos » pp. 1-5

Non-seulement elle montroit tout ce que la notre montre, mais elle enseignoit beaucoup de choses que la notre n’enseigne point, soit parce que l’on n’étudie plus aujourd’hui une partie de ces choses là, soit parce que l’art qui enseigne les autres n’est point reputé faire une partie de la musique, de maniere que l’on ne donne plus le nom de musicien à celui qui le professe. […] Comme l’on n’a point communement de la musique des grecs et des romains, l’idée que je viens d’en donner, et comme on croit qu’elle fut renfermée dans les mêmes bornes que la nôtre, l’on se trouve embarassé quand l’on veut expliquer tout ce que les auteurs anciens ont dit de leur musique et de l’usage qui s’en faisoit de leur temps. […] L’explication qu’ils en donnent n’est propre qu’à les rendre encore plus obscurs. […] En premier lieu je donnerai une idée generale de la musique speculative et des arts musicaux, c’est-à-dire, des arts qui parmi les anciens étoient subordonnez à la science de la musique.

1065. (1913) Poètes et critiques

Maurice Bouchor a donnée de Macbeth est excellente. […] Il ne put réussir, comme il disait, à se donner « la peste ». […] Sa propre correspondance nous donne là-dessus les plus nettes indications. […] Elle ne donne pas à la beauté sans épithète tout son prix. […] Rien ne donne l’idée du talent de M. 

1066. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Soit naïveté, soit finesse (car il est très spirituel), il trouve moyen de convaincre à la fois de sa véracité et de sa jactance ; les fiertés de son style nous rendent bien celles de son courage et de sa personne : il n’est pas donné à tout le monde d’être un Catinat. […] Cependant la fracture et la blessure de Montluc étaient graves ; on allait lui couper le bras, lorsqu’un jeune chirurgien prisonnier lui donna courage et l’exhorta à résister aux autres chirurgiens plus âgés et plus en crédit. […] On lui donna même pour récompense la Torre della Nunziata, près la Torre del Greco, un des beaux châteaux et la première baronnie du pays. […] Je veux dire seulement que son titre de maréchal de France ne doit point induire en erreur ; ce titre ne lui fut donné que tout à la fin de sa carrière, comme récompense des services rendus, et non comme un moyen d’en rendre de nouveaux. Il ne commanda point en chef avec étendue et dans de grandes proportions : mais, je le répète, il paraît avoir excellé dans certaines parties rares, difficiles et hardies de la guerre, et il en donne leçon, il en tient école autant que cela se peut, et une école brillante, dans ses Commentaires. — J’ai hâte d’en venir à sa conduite aux jours où il est plus en vue, avant et pendant la bataille de Cérisoles, et surtout dans sa mémorable défense de Sienne, qui fut pour lui ce que fut à Masséna sa défense de Gênes.

1067. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Il avait rassemblé toutes les preuves à l’appui de cette heureuse définition qu’il avait donnée de Vauvenargues : une âme grande dans un petit destin. […] Suard donnait de quelques-uns des écrits de Vauvenargues se trouve donc plus justifiée qu’on ne le voudrait. […] L’aveu de Vauvenargues vient ici lui donner raison. […] Dieu m’a donné, pour mon supplice, une vanité sans bornes et une hauteur ridicule par rapport à ma fortune ; mais je ne suis pas assez sot pour la placer aussi mal. […] Émile Chasles est-il allé trop loin, comme on l’a dit, en rapprochant ici Vauvenargues et Figaro dans ce fameux engagement où le barbier emprunteur avait donné à Marceline promesse de mariage et hypothèque sur sa personne ?

1068. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Ses belles qualités elles-mêmes, son honnêteté, sa droiture, sa candeur, la chaleur et la pureté de son civisme donnaient prise sur lui, donnaient envie et moyen aux principaux chefs des partis de le tirer à eux sous le prétexte du bien public. […] Enfin, après deux mois seulement de contestation encore plus que de commandement, il donna de nouveau et maintint sa démission (décembre 1798) […] » — « Je lui parlai alors de Joubert, ajoute Fouché, comme d’un général pur et désintéressé, que j’avais été à portée de bien connaître en Italie, et auquel on pourrait, au besoin, donner sans danger une influence forte : il n’y avait à craindre ni son ambition, ni son épée, qu’il ne tournerait jamais contre la liberté de sa patrie. — Sieyès, m’ayant écouté attentivement jusqu’au bout, ne me répondit que par un C’est bien. […] Je le répète, il n’est guère possible aujourd’hui de déterminer avec précision le projet politique auquel il aurait concouru, s’il lui avait été donné de vaincre. […] Dans une visite qu’il revint faire dans la soirée au général en chef, Saint-Cyr le retrouva le même, sans plan arrêté, et la nuit ne changea rien à son irrésolution : il ne donna point d’ordres.

1069. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Il y a à sourire plus qu’à s’étonner de ces transformations, de ces costumes du temps et du pays donnés à des personnages bibliques ou évangéliques. […] On en est aux superfluités ; Madeleine passe en revue ses goûts variés et donne ses ordres. […] On lui en donne une riche boîte. […] En sortant (le livret l’indique), Rodigon pourra donner un baiser à Madeleine et à ses demoiselles. — Et puis l’on passe de là immédiatement, dans le Mystère, au miracle de la multiplication des cinq pains et des deux poissons. […] On le voit, la situation donnée par le sujet est belle, touchante, aussi touchante que possible ; mais, dans toute la première partie, l’exécution manque un peu.

1070. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

Il avait donné la nouvelle couronne ducale au roi de Saxe, le plus proche voisin, prince aimé et vénéré, mais qui n’était pas tout à fait un roi de Pologne : ce roi, il semblait que l’Empereur refit pu donner directement de sa main, s’il ne voulait se déclarer tel lui-même et céder au cri national. […] Ce fut le Bayard de l’Empire, mais placé à une hauteur où il put donner encore de plus beaux exemples, faire de plus grands sacrifices. […] Sur ces entrefaites, une révolution de Cabinet ayant eu lieu à Dresde dans le sens français, et le ministre des Affaires étrangères, premier patron et protecteur de M. de Senfft, le comte de Loss, ayant été forcé de donner sa démission, son premier mouvement, à lui, fut de donner aussi la sienne et de se retirer d’un poste où il aurait, dorénavant, à servir un système opposé à celui qu’il avait, jusque-là, professé par conviction. […] L’idée que le ministre saxon s’est formée et qu’il veut nous donner du spirituel et pétulant abbé est faite pour surprendre un peu et paraîtra assurément exagérée. […] En deux mots, ne me donnez pas, à vous seul, autant d’occupation que toute la police de l’Empire.

1071. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Trébutien, à redoubler de zèle, à compléter son œuvre commémorative et à donner tout ce qu’il a pu depuis retrouver et rassembler encore de la correspondance de cette personne rare. […] L’avantage qu’il y a à passer à l’état de type, c’est que quand vous n’avez pas tout ce qu’il faut pour remplir la condition, on vous le prête ; on vous donne le coup de pouce en beau et l’on vous achève. […] L’air vif lui donnait la vigueur, le soleil l’illuminait. […] En tout ce qu’elle dit et ce qu’elle pense, une muse intérieure lui donne le ton, le diapason, la mesure. […] Ce qu’ils n’ont pas fait, Mme de Gasparin Pose, et la devise donnée par Victor Hugo est devenue la sienne : la Bible, rien que la Bible d’une part, et de l’autre Dieu dans le soleil, dans la nature et dans ses œuvres.

1072. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

J’ai lu tout ce qu’on nous en a dit et ce qu’on nous en montre ; cela ne donne nullement envie d’y avoir vécu. […] La France était entrée, par l’alliance de Vienne, dans la guerre de Sept-Ans et s’était donné bénévolement pour adversaire le plus grand capitaine du siècle. […] Sentant l’absurdité de cette manœuvre et pour lui donner à entendre qu’il se méprenait, le prince adressa à Mortaigne un de ces dictons vulgaires et même grossiers que recueille un Suétone ou un Bachaumont, mais qui ne sont pas faits pour le Moniteu. […] Le comte de Clermont s’avisa alors de dresser toute une liste de questions sur les ruses du braconnage et les secrets du métier qui font partie de l’art du chasseur ; il donna ordre à Louvigny de ménager au prisonnier toutes les facilités pour y répondre à son aise, lui promettant sa liberté et mieux encore s’il consentait à tout dire. […] Mlle Leduc y joue son rôle, et il est dit du comte de Clermont : « Il a eu d’elle beaucoup d’enfants ; il lui donna dans un accès de jalousie un coup de canif dans le front, et il la fit marquise. » Ses coups de canif, à elle,  on ne les compte pas. — Le beaucoup d’enfants se réduit à deux que la dame lui a donnés ou prêtés.

1073. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

La division des gouvernements, sans donner la liberté politique, établit presque nécessairement la liberté de la presse. […] Néanmoins la plupart des gouvernements n’appellent que les anciens nobles à se mêler de la politique ; et il n’y a d’ailleurs que les gouvernements représentatifs qui donnent à toutes les classes un intérêt direct aux affaires publiques. […] Un habitant d’une planète où la vie n’a point de terme, interroge un ange qui lui donne des nouvelles de notre terre, sur ce que c’est que la mort. « Quoi ! […] Il faut toujours inspirer une sorte de confiance aveugle pour effacer les dissidences individuelles ; car un grand nombre d’hommes, lorsque leur raison est libre, ne donne jamais un assentiment complété toutes les opinions d’un seul. […] Les hommes éclairés de l’Allemagne ont, pour la plupart, un amour de la vertu, du beau dans tous les genres, qui donne à leurs écrits un grand caractère.

1074. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

le jour, où quelque acte d’un dévouement absolu, lui donne au moins une idée du sentiment qui oppressait le cœur par l’impossibilité de l’exprimer ! […] c’est dans la réalité des choses humaines qu’il existe un tel bonheur et toute la terre en est privée, et presque jamais l’on ne peut rassembler les circonstances qui le donnent ! […] Il est vrai, l’amour qu’elles inspirent donne aux femmes un moment de pouvoir absolu, mais c’est dans l’ensemble de la vie, dans le cours même d’un sentiment, que leur destinée déplorable reprend son inévitable empire. […] Il reste des devoirs, il reste des enfants, il reste aux mères ce sentiment sublime dont la jouissance est dans ce qu’il donne, et l’espoir dans ses bienfaits. […] Mais s’il est un exemple qui puisse donner à la vertu même des instants de mélancolie, quelle femme, toutefois, quand l’époque des passions est passée, ne s’applaudit pas de s’être détournée de leur route ?

1075. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre IV. Poésie lyrique »

Toutes ces chansons ne parlent que d’amour ; c’est la jeune fille, joyeuse de sa jeunesse et d’être jolie, qui se vante d’avoir un ami, ou se plaint de ne pas en avoir ; qui veut épouser celui que ses parents lui refusent, ou refuse celui qu’ils lui donnent, et nous dit leur dureté. […] Elle y eut cet avantage de rencontrer un état social qui leur donnait plus d’empire, et lit une loi de leur goût. […] Il ne veut se donner qu’à la perfection, et il donne la perfection. […] Il semble reposer tout entier sur cette gageure, de ne donner à la poésie aucun point d’appui ni dans la réalité extérieure ni dans la conscience intime. […] Parfois le poète se donne pour adversaire un personnage fictif et allégorique.

1076. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Cette première édition ne contint pas tout ce qu’il avait laissé ; on n’y donna que les principaux morceaux, et, dans ce qu’on donna, des scrupules de diverse nature, soit de doctrine, soit même de grammaire, firent corriger, adoucir, expliquer certains endroits où la vivacité et l’impatience de l’auteur s’étaient marquées en traits trop brusques ou trop concis, et d’une façon décisive qui, en telle matière, pouvait être compromettante. […] Havet, vient de publier à son tour, en l’environnant de tous les secours nécessaires, explications, rapprochements, commentaires ; il a donné une édition savante, et vraiment classique dans le meilleur sens du mot. […] Je me suis donné, pour varier cette lecture de Pascal, la satisfaction de relire tout à côté quelques pages de Bossuet et de Fénelon. […] Pascal, il faudrait y rectifier en beaucoup d’endroits les idées imparfaites qu’il y donne de la philosophie du paganisme ; la véritable religion n’a pas besoin de supposer, dans ses adversaires ou dans ses émules, des défauts qui n’y sont pas. […] Veux-tu qu’il me coûte toujours du sang de mon humanité, sans que tu donnes des larmes ?

1077. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

En ce genre, Anselme croyait voir assurément beaucoup plus qu’il n’est donné à la faiblesse humaine d’apercevoir ici-bas ; mais sa bonne foi, sa candeur, sa ferveur ardente et son talent se combinaient pour lui peindre distinctement ce que d’autres ne font que chercher et désirer. […] Il serait fastidieux de donner ici un abrégé de querelles qui n’ont d’intérêt que par leur développement même, et dont M. de Rémusat a su faire de beaux et instructifs chapitres de l’histoire au Moyen Âge. […] Dans les développements qu’il y donne, il me permettra de regretter que là, comme il lui arrive d’ordinaire en pareille matière, il se soit trop asservi aux formes philosophiques du jour, et que lui, esprit si vif et si français quand il le veut, il ne perce pas d’outre en outre, une fois pour toutes, ces expressions vagues et vaines, ces métaphores abstraites qui donnent un air de réalité à ce qui n’est que le nuage subtilisé du raisonnement. […] Non ; permettez-moi aussi de vous dire qu’il faut avoir meilleure espérance et d’un pays et d’une littérature où tant de plumes distinguées se remettent à l’œuvre, et où vous-même donnez l’exemple en revenant aux choses que vous savez et que vous exposez si bien. […] Ils étaient ensemble (à l’Académie des sciences morales et politiques) d’une commission pour juger le prix à donner sur le meilleur exposé de l’état de la philosophie allemande.

1078. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

Le nom de pantomime, qui signifie imitateur de tout, étoit donné à cette espece de comédiens, apparemment parce qu’ils imitoient et parce qu’ils expliquoient toutes sortes de sujets avec leur geste. […] Mais, dira-t-on, comment pouvoient-ils donner à entendre les mots pris dans le sens figuré, qui sont si fréquens dans le stile poëtique. […] Athénée nous donne la même idée de ces deux pantomimes. […] tous ceux qui se mettent à la musique se donnent à la théatrale pour delecter. […] Les maris et les femmes se disputent à qui leur donnera le haut du pavé.

1079. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Combattre, c’est se donner le sentiment de sa force, s’animer par la résistance, jouir du danger, rouler dans le torrent tumultueux de toutes les émotions contraires. […] Ne pouvant se donner ce plaisir lui-même, il appelle les autres à son aide ; il expose un, deux, dix, vingt systèmes. […] Il donnait le nom de panthéisme à divers systèmes autres que celui de Schelling, et prouvait qu’il ne professait pas ceux-là. […] Ce type étant donné, ils sont donnés ; on peut donc les considérer comme étant contenus en lui, et dire qu’il est leur unité et leuridentité. […] Les observations et les analyses sont de simples accessoires qu’elle emploie pour se donner un faux air de science, et sur lesquels elle ne s’appuie pas.

1080. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Thiers, passionné pour son héros, veut lui donner à la fois, contre sa nature, les honneurs du libéralisme et les honneurs du despotisme. […] Il ne faut pas donner aux vices de l’humanité leurs institutions, il faut corriger ces vices par des institutions supérieures. […] Distinguons cependant : lorsqu’elle avait voulu l’abolition du régime féodal, l’égalité devant la loi, l’uniformité de la justice, de l’administration et de l’impôt, l’intervention régulière de la nation dans le gouvernement de l’État, elle ne s’était point trompée ; elle n’avait aucun démenti à se donner, et elle ne s’en est donné aucun. […] Thiers encourage dans l’avenir par l’approbation qu’il donne trop complaisamment au passé. […] D’autres en ont donné des fragments d’une grande précision et d’un style peut-être supérieur comme couleur, mais aucun ne les a placés à leur jour et à leur place dans ce vaste et magnifique ensemble qui donne à chacun de ces événements, militaires ou civils, sa place, sa proportion, sa valeur historique et sa signification dans la destinée du monde.

1081. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Ce grade donnait droit au commandement d’une légion, corps de six mille hommes de toutes armes. […] Malgré l’exemple de son père, il ne songea pas à se donner une épouse honnête et des enfants. […] Mais l’esprit et la grâce du poète donnaient l’immortalité à ces aventures du jour. […] En rendant grâce aux dieux de nous l’avoir donnée. […] Mais il semble avoir été donné aux hommes fragiles, précisément pour leur faire pardonner un peu de la fragilité humaine.

1082. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

Elle n’a pas été donnée en proie et en abus de force aux Américains du Nord, seuls. […] Telle était l’intensité de cette passion puérile qui n’a pas diminué avec l’âge, que, si l’on m’eût enlevé mes dessins, je crois que l’on m’eût donné la mort. […] Enfin j’avais deviné l’avertissement mystérieux que me donnait le sauvage : j’étais en danger. […] La vieille femme, leur mère, leur donna de l’eau-de-vie ; ils en burent largement. […] Je repliai ma ligne, et donnai un grand coup de baguette dans l’eau, de manière à atteindre presque le poisson.

1083. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

C’est donc la sensation d’une durée plus ou moins longue d’effort, musculaire qui nous donne l’étendue. […] Si ce n’est pas nous qui donnons de l’intensité aux sensations, comment serait-ce nous qui leur donnerions la forme de l’étendue ? […] La résistance donne à l’obstacle une sorte de dureté, conséquemment de corporéité, de matérialité, comme quand on se heurte à un mur. […] Des expériences semblables sur la peau donnent des résultats semblables. […] Pour le goût, certains muscles difficiles à déterminer servent à donner une plus grande diffusion aux substances sapides de la langue et du palais.

1084. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Quatre becs de gaz donnent dans la petite pièce une chaleur stupéfiante : c’est l’atmosphère d’un bain maure. […] Paulin Ménier, le seul acteur qui donne aujourd’hui à une salle le frisson, le petit froid derrière la nuque, que donnait Frédérick Lemaître. […] L’acteur dominant, culminant d’une époque, semblerait donner le la à la séduction amoureuse. […] Alors il a donné des bals avec des filles. […] Tel, je me figure, le sommeil d’Adam, dans la nuit, où une compagne lui fut donnée.

1085. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Il fait de la langue poétique de la France une musique où le sens, l’image et l’harmonie confondus donnent au mot la magie du son, au son le sentiment du mot. […] Prophète lui-même, il donne à sa langue la hauteur, l’autorité, l’antiquité et quelquefois la divinité du Vieux Testament. […] Pleurez sur cette triste immortalité que nous donnons aux héros ! […] « Servez donc ce roi immortel et si plein de miséricorde, qui vous comptera un soupir et un verre d’eau donné en son nom, plus que tous les autres ne feront jamais tout votre sang répandu ; et commencez à compter le temps de vos utiles services du jour que vous vous serez donnés à un maître si bienfaisant. […] Rassembler le peuple de toute condition à une heure donnée, et le rassembler où ?

1086. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

« Je ne sais si je pourrai vous écrire jamais sur ce papier qu’on me donne à l’auberge. […] Je donnerais donc à l’instant ma démission avec une joie extrême. […] Je donnerais le reste pour une obole !  […] Un prince peut donner satisfaction à des principes, il ne peut jamais satisfaire à des passions. […] « On me visite, on me donne des sérénades, mais je ferme ma porte.

1087. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Tu ne m’entends pas, d’ailleurs, et le temps que je te donne n’ira pas au ciel. […] et quels plaisirs elle nous donne quand elle s’élève en haut ! […] « Ce nom est très bien donné. […] Oui, Dieu me les donne, et je te les envoie. […] voilà des regrets qu’elle me donne.

1088. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Il commence, avec la permission du roi et sous un gouverneur donné par la cour, quelques voyages prématurés à Gênes, à Milan, à Florence, à Sienne, à Rome et à Naples. […] Aussi, pendant ce premier voyage, je ne donnai dans aucun piège. […] Le mari, éclairé par le groom, le surprend et lui donne pour la forme un léger coup d’épée au bras. […] Quelle raison à donner à un prince bon, mais absolu, que la haine mortelle de sa soi-disant tyrannie ! […] Cette réponse m’avait singulièrement refroidi dans le dessein de donner suite à mon plan.

1089. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Mise en lumière par Schelling, elle inspira dans l’ordre des études juridiques Savigny et toute son école ; mais ce fut Krause qui le premier tenta d’en donner une démonstration rigoureuse et complète. […] Un bouc donnait à Lemnos une telle quantité de lait qu’on en faisait des fromages : « Signe de prospérité », répond l’oracle interrogé. « Mais, ajoute le philosophe, il y a aussi quelques hommes qui, après la puberté, donnent un peu de lait si l’on presse leurs mamelles et qui même en donnent en quantité quand un enfant les tette. » Ce simple rapprochement rend déjà le prodige moins merveilleux. […] Il faudrait trop citer pour donner la preuve complète de sa sagacité sur ce point. […] Milne-Edwards lui donne tous ses développemens.

1090. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Que ne donnerait-il pas pour en recouvrer le bienfait ? […] Garve, donne un remarquable traité sur la société et la solitude. […] La donnée du roman est d’une grande simplicité. […] Est-ce seulement le personnage auquel il donne la vie ? […] Et pourquoi donnait-elle à ces poésies le titre de Penserosa ?

1091. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

C’est cette couleur personnelle qui leur donne leur physionomie particulière. […] Souvent ils se donnent du Cher Monsieur. […] La nuit fut donnée aux justes sentiments de la nature. […] Ne donne pas prise qui veut ! […] Sa musique est profondément humaine : elle donne une expression et un soulagement à toutes les douleurs ; elle redouble toutes les joies ; elle exalte l’amour et donne l’héroïsme.

1092. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Tremble, malheureuse, du plaisir que tu m’as donné. […] Corneille lui a donné une âme romaine. […] Où je demande une transformation, on me donne une métamorphose. […] Quels fruits donnera-t-elle ? […] Je vous le donne en mille !

1093. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Il vit peu dans le monde, ou du moins il n’y donne qu’une partie extérieure de lui-même et ce qui est de représentation, il s’isole le reste du temps ; il passe des journées entières dans les forêts, au spectacle de la nature, et dans cette tour qui était son cabinet de travail. […] Ajoutant ainsi continuellement à son acquis, à son fonds de comparaisons et d’idées, assouplissant et gouvernant avec une dignité de plus en plus aisée sa noble manière, semblant justifier en lui cette définition, que le génie (une haute intelligence étant supposée comme condition première), c’est la patience, il est arrivé, sur les plus grands sujets qu’il soit donné à l’œil humain d’embrasser, à la plénitude de son talent de peintre et d’écrivain. […] M. de Blainville, dans l’Histoire des sciences de l’organisation, qu’il a donnée de concert avec M. l’abbé Maupied, a exposé et discuté les faits et les principes légués à la science par Buffon. […] Quelques esprits superficiels s’obstinent à voir dans Buffon l’écrivain poudré et à manchettes : ils ne sortent pas des anecdotes sur Montbard, et ils en sont restés sur son compte aux plaisanteries de d’Alembert ou de Rivarol ; ils lui reprochent le « Paon », comme si le « Paon » était de lui ; ils le punissent encore aujourd’hui de s’être donné Guéneau de Montbeillard pour associé, et Lacépède pour continuateur. […] Les idées de Buffon sur la dégénération des animaux et sur les limites que les climats, les montagnes et les mers assignent à chaque espèce, peuvent encore être considérées comme de véritables découvertes qui se confirment chaque jour, et qui ont donné aux recherches des voyageurs une base fixe dont elles manquaient absolument.

1094. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Comme il est écrit qu’avec Bailly on ne sortira des âges d’or qu’à la dernière extrémité, on rencontre ici le moins prévu assurément de tous ces âges fortunés en temps de révolution, celui dans lequel il se donne comme le plus heureux des présidents d’assemblée. […] Arrivé à Chaillot, où il passait les étés depuis trente ans, Bailly s’y voit l’objet d’une ovation, ou plutôt d’une fête patriarcale et champêtre, « fête sans faste, dont la décente gaieté et les fleurs firent tous les frais », et qu’on lui donne chez lui, dans les différentes pièces de sa maison et de son jardin : Je ne dis rien de trop en disant que je fus embarrassé par cette foule presque entière, qui se pressait autour de moi avec les plus vives expressions de l’amour et de l’estime, une joie pure et douce, une paix qui annonçait l’innocence : cette fête était vraiment patriarcale ; elle m’a donné les plus délicieuses émotions, et m’a laissé le plus doux souvenir. […] Il y a une lecture pénible et dont j’ai voulu me donner l’amertume, c’est celle des écrits et des pamphlets qui insultent et calomnient Bailly maire de Pariso, magistrat intègre, et faisant tout ce qu’il peut, trop désarmé qu’il est, pour le bon ordre et pour le salut public. […] Mais ce n’est point cette dernière partie de la vie de Bailly qui nous appelle et que nous étudions : je me suis borné à donner quelque idée de son caractère, et à y faire saillir une veine littéraire et d’imagination jusqu’ici moins en vue qu’il ne convenait. […] Cette disposition ne produit pas les emportements de la folle gaieté, mais une douceur égale qui cependant peut devenir gaieté pour quelques moments ; et de tout cet ensemble se forme, se compose un air de dignité qui n’appartient qu’à la vertu et que les dignités mêmes ne donnent pas.

1095. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Ce dernier, comme Machiavel, autre philosophe profond et plein de réalité, a trop donné à son observation si pénétrante et si durable la marque particulière des temps où il a vécu et qu’il a traversés. […] Il faut leur donner le temps de se faire entendre, et souffrir même qu’ils disent des choses inutiles. […] Bien des gens, après avoir trouvé ce bonheur en chaire, continuent de se donner ce plaisir en conversation. […] Plus on avance dans la vie, dans la connaissance de la société, et plus on lui donne raison. […] Leur spiritualisme, tel même qu’ils le définissent et le circonscrivent, outrepasse déjà la nature humaine et en donne une idée plus spécieuse que vraie, et à bien des égards décevante.

1096. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

La paix de Vervins (1598), qui allait donner à la France des années de repos et d’une félicité dès longtemps inouïe, rendit le zèle du jeune homme inutile, et il résolut de voyager. […] L’honneur qu’il me faisait, la bonne chère dont il me favorisait, l’entrée qu’il me donnait en ses lieux plus privés, m’obligent non seulement à le pleurer, mais aussi à ne me plus aimer où j’avais accoutumé de le voir. […] Un coup de pique donné en sa présence m’eût plus contenté que de gagner maintenant une bataille. […] Il y a un endroit du récit où le connétable de Luynes, qui était son allié (ayant épousé sa cousine), lui fait demander une conférence à une lieue de Montauban ; M. de Rohan se fie à lui et nous raconte les détails de l’entrevue ; il nous donne leurs deux discours, celui de Luynes et sa propre réponse. […] Je crains trop, si vous ne l’aviez agréé, que cela ne vous donnât du déplaisir et de l’ennui, ce que je ne voudrais pour rien.

1097. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

des souverains qui font observer ces mêmes lois dans leurs États donnent des exemples aussi odieux à leurs sujets ! […] Il serait, ce me semble, bien difficile qu’on refusât d’être l’arbitre de tout, et de donner des lois absolues à un prince qui croyait, le 17 juin (veille de la bataille de Kolin), en donner à toute l’Allemagne. […] Frédéric, dans les singuliers vers qu’il rimait vaille que vaille dans les courts entractes des combats, et qui couraient ensuite presque autant que des bulletins, avait manifesté un dessein plus antique que moderne : c’était, après avoir tenté un dernier grand coup, de ne point survivre à sa ruine, de se donner la mort. […] Sa sœur lui répondit aussitôt (15 septembre) : Votre lettre et celle que vous avez écrite à Voltaire, mon cher frère, m’ont presque donné la mort. […] Pensez plutôt, pensez-le et persuadez-vous-le bien, que sans vous il n’est plus de bonheur pour moi dans la vie, que de vos jours dépendent les miens, et qu’il dépend de vous d’abréger ou de prolonger ma carrière… Si vous m’aimez, donnez-moi quelques espérances de votre rétablissement.

1098. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Le duc lui donna sa parole d’honneur qu’il partirait pour Versailles dès sept heures du matin. […] J’avais une véritable affection pour lui, et j’aurais donné ma vie pour lui épargner le déshonneur. […] Je jetai dehors tout ce qu’il m’avait donné, tout ce que j’avais dans mes poches et dans ma chambre, n’osant pas garder près de moi rien de ce qui lui avait appartenu. — Telle était en ce moment, la répulsion que j’éprouvais à l’égard d’un homme pour lequel quelque temps auparavant j’aurais donné ma vie. […] Un charmant portrait gravé, joint au volume, nous donne l’idée de cette beauté fine au col long et mince et qui appellerait le pinceau d’un Hamilton. […] [NdA] Elle a été donnée par MM. de Goncourt dans la deuxième édition de leur Histoire de Marie-Antoinette, page 351 ; il faut la lire tout entière.

1099. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Je ne blâme donc personne, et tout au contraire je remercie de ce qui nous est donné. […] Pourquoi, sitôt qu’on touche cette corde religieuse, prendre un ton d’aigreur et donner dans la partialité ? […] La puissance semble donner à tout le monde le même travers d’esprit. […] et, quand on leur demande ce qu’ils ne peuvent plus donner, on a l’air d’un créancier importun. […] Elle a été donnée par M. le baron Rœderer, dans le tome VIII, page 659, des Œuvres qu’il a recueillies et fait imprimer pour les distribuer, du comte Rœderer, son père ; je l’ai citée moi-même au tome I, page 72, de Chateaubriand et son Groupe littéraire.

1100. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Robert Wood, autrefois voyageur en Orient et dans la Troade, et qui préparait un Essai sur le génie d’Homère dont Goethe parle comme d’un des livres qui donnèrent à son esprit une impulsion propice, Wood, arraché un moment aux Lettres, occupait, à cette date, le poste de sous-secrétaire d’État dans le ministère dont le comte de Granville était le président. […] Il a et il applique une méthode très caractérisée, et par laquelle il donne tout à fait la main à l’esprit moderne : c’est la méthode historique qu’il oppose sans hésiter à celle des anciens rhéteurs et des humanistes. Ceux-ci, en effet, admirent les Anciens d’abord et ensuite, en tout et partout, et tels qu’on les leur offre, ne s’inquiétant que de leur impression personnelle et directe, qu’ils confondent volontiers d’ailleurs avec la donnée traditionnelle. […] L’admiration, en définitive, pour être plus éclairée et moins commandée, n’y perd pas : j’aurais trop de regret, pour mon compte, à voir disparaître cette forme de critique émue, éloquente, telle que les Cicéron, les Quintilien, les Longin, nous en ont donné des modèles, et telle que M.  […] Jullien (un volume in-8°, Hachette, 1838). — Et pour le grand nombre qui n’ira pas les chercher là, je veux pourtant en donner ici un petit échantillon.

1101. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Ceux qu’il amuse seulement, sont ceux qui ne l’ont pas compris, ou qui n’ont pas voulu s’en donner la peine : car il n’y a qu’une incurable frivolité ou un violent parti pris qui puisse s’y méprendre. […] Une conception de l’univers et de la vie s’affirme dans ces œuvres maîtresses qui ont rempli l’existence de Renan : la même qui nous est renvoyée par ces essais de toute sorte, où sa pensée se reposait, où se jouait sa fantaisie, études d’histoire, de critique ou de morale, dialogues ou drames philosophiques, et toutes ces allocutions, confidences, propos, où d’un mot le maître donnait le contact et le secret de son âme. […] On hésitait à prendre au sérieux un savant qui tirait tant de révérences à l’idéalisme, un critique qui ne semblait occupé qu’à donner de l’eau bénite. […] Enfin, il a rendu à la critique l’essentiel service de lui donner l’exemple de la sympathie : personne n’a enseigné plus hautement, plus constamment à aimer l’homme, l’effort vers le vrai et vers le bien, même dans les formes qui répugnent le plus à notre particulière nature. À tous, littérateurs ou autres, il nous a donné cette générale leçon, d’avoir trouvé la paix de la conscience et le bonheur en cette pauvre vie, simplement parce que la vérité toujours l’a conduit.

1102. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Il s’en faut pourtant qu’il soit indifférent ; il a l’émotion que donne la vue du désordre à l’historien de l’ordre. […] Ces conseils, donnés comme en passant, avec une gravité majestueuse et douce, ont une force singulière. […] Cette science du penseur me donne confiance en celle du naturaliste. […] En reconnaissant dans l’histoire de la nature des époques, et dans les ossements fossiles les médailles de chaque époque, Buffon du même coup inventait une science et en donnait le flambeau aux savants qui devaient rectifier ses idées en en profitant. […] On l’a dit, et Buffon y a donné prise.

1103. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Je vais ici donner des notions précises de cette période d’incertitude, d’hésitation et de stérilité presque absolue. […] Il lui donna une charge de trésorier de France, après Mithridate. […] Il leur avait donné au commencement de la même année, à chacun 3 000 fr. de pension. […] Nevers dit hautement, et même en vers, dans un troisième sonnet qu’il leur ferait donner des coups de bâton. […] Est-ce un âge auquel convienne l’épithète de belle, que lui donne Boileau ?

1104. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

On ne leur donne que quarante sols par semaine pour nourriture, entretien, gages et tout le reste. […] Ils ne sauraient guère avoir de meilleur maître… Il donna audience à l’envoyé des Tartares lundi ; il (l’envoyé) vint l’assurer de l’amitié du khan son maître, et de l’envie qu’il a de ménager une bonne paix entre le Turc et lui. […] Quoiqu’il eût manqué son but positif, Chaulieu revint de Pologne comblé d’honnêtetés, de distinctions, avec une bague au doigt que le roi avait détachée du sien, au moment du départ, pour la lui donner. […] Ce n’est pas que nous valions mieux au fond : pris en masse, les hommes en tout temps se valent, et ils se donnent en général le plaisir de faire à peu près tout le mal qu’ils peuvent. […] Telle fut une certaine fête donnée, au château d’Anet, à Monseigneur, fils de Louis XIV (septembre 1686).

1105. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Louis XIV prit beaucoup sur lui-même en cette circonstance, et il convient que tout ce dessein lui donna une peine incroyable. […] L’arrestation de Fouquet ne peut donc être considérée comme une simple catastrophe individuelle ; elle donna le signal d’une véritable révolution dans le régime de la France. […] Il l’avait tiré de la province et fixé à Paris ; il lui avait donné une pension à cette condition qu’il en paierait chaque terme par une pièce de vers ; et le paresseux s’en acquitta toujours. […] Une de ses grandes distractions dut être lorsqu’on lui donna en 1671 Lauzun, le favori disgracié, pour compagnon et voisin de captivité ; quand ils parvinrent à communiquer entre eux, ils étaient comme deux ombres dans les enfers, s’entretenant des choses fabuleuses d’un autre monde. […] Ce coup d’épée qu’il se donna au travers du corps à Chantilly le dit assez.

1106. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

Le fond est d’un raisonnement serré, exact, enchaîné, et qui ne donne point prise ; c’est un maître dialecticien. […] Laissons donc le détail d’une polémique dans laquelle il devient de plus en plus difficile de distinguer ce qui n’est que machine de guerre d’avec ce qui est pensée ultérieure et but véritable ; et tenons-nous à constater quelques faits qui achèveront de nous donner idée de l’homme. […] Pourtant, s’il y a eu pour lui une heure où il put prendre acte d’un fait public pour ôter à son opposition ce qu’elle avait de trop personnel et de trop direct, de trop semblable à un duel continu, et pour lui donner une base sur laquelle il pût durer, ce fut ce jour-là. […] Il était sobre, et il n’aimait de la vie large que ce qu’il faut pour donner à l’homme tout son ressort et toute son activité. […] [NdA] On a fait ce choix depuis, mais on l’a fait trop complet, trop compact ; la publication, malgré les soins qu’on y a donnés, n’a pas réussi et ne pouvait réussir.

1107. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

X… à l’endroit d’une certaine prima donna en retard d’un quartier de subvention annuelle. […] Le critique hochait la tête, le baryton souriait et la prima donna jouissait de son triomphe. […] Il donne trop peu pour recevoir. […] Desnoyers est l’ami de M. de Fiennes, ce qui donne la clé de cette substitution. […] Ce thème étant donné, il y avait une bonne vérité à faire entendre, en prenant le théâtre d’un peu haut.

1108. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

Pour Kant, le jugement est un acte de subsomption par lequel nous rangeons un objet donné sous un concept plus général : l’or est un métal. […] Une lois donné naturellement, le lien des sensations et motions laisse une voie de communication ouverte dans le cerveau et persiste dans le souvenir ; il est acquis. […] Juger que la table est carrée, c’est commencer à se mouvoir par l’imagination jusqu’au centre de cette table pour se donner la sensation de ses quatre côtés. […] Galton a combiné ainsi les traits de six femmes romaines, qui lui ont donné un type d’une beauté singulière et un charmant profil générique. […] On peut en effet lui donner cette forme abstraite : Si on a pour principe A = B et B = C, on a toujours pour conséquence : A = C, et jamais : A n’égale point C.

1109. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Depuis que la presse périodique lui a donné l’hospitalité, il est devenu le favori de la famille. […] Il fit ce pas, et donna la vie pour cadre à son tableau. […] X. indépendamment du nom qu’on a pu lui donner, existe comme ont existé Louis XI ou Cromwell. […] Il fit un jour son livre et lui donna son titre : La Folie de l’épée. […] Chaque tableau donne la sensation vivante, profonde et colorée d’une époque disparue.

1110. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Ce mémoire, qui n’a pas été mis en vente, mais qui a été donné et distribué en toute bonne grâce, est devenu comme le signal de ce mouvement de retour au xviie  siècle qui n’a fait que s’accroître et se développer depuis. […] L’économie politique ensuite aura sa place ; mais ce qui donnera à cette collection un prix tout particulier, ce seront les mémoires du comte Roederer, composés tant des notices mêmes rédigées par l’auteur en vue de sa famille, que d’un choix entre les notes et lettres nombreuses qu’il a laissées à son fils. […] Il a été donné à Roederer de faire les deux parts et de mettre également la main au nivellement hardi et à la correction, à la réparation organisatrice. […] Mirabeau s’empressa de lui donner toute satisfaction par une lettre écrite de l’Assemblée : Je vous réponds, mon cher Roederer, par écrit afin que vous puissiez montrer ma réponse. […] x, § 7 : mais la phrase n’y est pas au complet, telle qu’il la donne ; la dernière partie de la citation, précisément celle sur laquelle insiste Roederer, n’y est pas.

1111. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

« Ce n’est pas là de la science, ce n’est que ce qu’il en faut pour donner envie de la science, et en faire venir l’eau à la bouche… » — Je crois que j’ai là montré Costar en l’un de ses plus beaux jour ? […] Il n’a été donné à personne en son temps d’imiter Voiture ; le seul que la nature semble avoir créé alors pour être son second tome, un peu moindre, mais faisant suite sans effort, c’est Sarazin. […] Mais Costar est un copiste avéré et compassé, qui a étudié Voiture, s’est guindé jusqu’à lui, s’est rendu capable, plume en main, de lui donner la réplique, et ne demanderait pas mieux que de faire croire en province que les beaux cercles de Paris lui manquent ou qu’il y manque lui-même. […] Et qui lui a dit que Balzac n’usera point du pouvoir que Costar lui donne de changer, de rayer ce qu’il lui plaira de cet ouvrage, et de supprimer même l’ouvrage, si bon lui semble ? […] Balzac et Voiture étaient donc jugés déjà par quelques-uns à cette date de 1650 ; mais les juges n’avaient pas l’autorité ni ce qui la donne.

1112. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Il s’en aperçut à son passage à Berlin, en 1751 ; il y commit quelques étourderies qui donnèrent prise contre lui à ce redoutable adversaire. […] Le recueil de ses œuvres nous donne le sentiment de cette aridité, recouverte d’une écorce assez mince. […] La Beaumelle ne se donne pas tant de souci ; il ne tire ses additions que de lui-même, et les prend, comme on dit, sous son bonnet. […] Si elles nous donnent quelques plaisirs, elles nous les font payer bien cher. […] Un peuple bien élevé est facile à gouverner. » Pure invention ; pas un mot de cela chez Frédéric. — Un billet du roi, de quelques lignes, lui fournit prétexte à deux pages de réflexions (p. 365-366) sur les autres rois qui perdent leur temps de mille manières, tandis que Frédéric le perd à rimer : « Je leur pardonne de donner à la chasse, à la bonne chère, au jeu, à la représentation, plus d’heures que je n’en donne à mes amusements littéraires.

1113. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Marolles débuta dans sa carrière littéraire active en corrigeant sa traduction de Lucain, qu’il avait publiée plus de vingt ans auparavant et dont il donna une seconde édition en 1647. […] Cela est très nécessaire pour la satisfaction de ceux qui ne savent pas la langue latine, et cela donne même du soulagement à ceux qui la savent, ne trouvant pas toujours les explications si prêtes. […] Il n’en fallait pas tant pour donner droit à Chapelain, si compétent en matière de latinité, de remettre Marolles à sa place et de l’écraser. […] Un gentilhomme du Midi, Gaspard de Tende, avait publié en 1660, sous le nom de sieur de L’Estang, un traité De la traduction, où il donnait les règles pour apprendre à traduire le latin en français. […] Une note de lui nous apprend que dans ses dernières années il avait donné volontairement sa démission de ses deux abbayes.

1114. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Il a donné le texte : on n’y met plus que les variantes. […] , ne m’a pas donné un moment de chagrin, que celui que les circonstances nous ont procuré à l’un et à l’autre. […] Il admira la comtesse et se donna à elle : elle l’agréa. […] En hiver, la comtesse donnait souvent de petits bals. […] Saint-René Taillandier nous a donné des lettres à elle adressées, un homme instruit, cordial, excellent, mais qui ne la vaut certes pas pour une certaine fermeté et justesse de vue.

1115. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

Après les miracles d’Austerlitz et d’Iéna, ne le voit-on pas pousser à bout la Fortune, et vouloir absolument lui faire rendre plus qu’elle ne peut donner ? […] Ce fut là une raison sans doute suffisante pour donner l’exclusion à Molière ; mais n’y aurait-il pas eu une autre raison encore ? […] Il y a un certain degré de talent dans le peintre, qui peut sans doute donner à celui-ci la tentation de créer ou d’achever quelquefois son objet. […] Le plan général est vaste et même grandiose ; l’historien procède par grandes masses qu’il dispose et distribue autour d’un événement principal qui donne son nom à chaque livre. […] En publiant, il y a vingt-cinq ans, les volumes où il donnait l’histoire de la Convention, M. 

1116. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

On prit l’engagement de ne retourner désormais au spectacle que quand satisfaction aurait été donnée, et on n’y revint, en effet, qu’après plusieurs mois, lorsque Mme Barnave eut consenti à y reparaître. […] On le voit donner à ses jeunes sœurs de charmants conseils dont la gaieté ne faisait qu’assaisonner la justesse. […] » Si Barnave a jamais donné un démenti au mot de Mirabeau, ce fut ce jour-là. […] Barnave n’était pas et ne se donna jamais pour républicain : c’était un royaliste constitutionnel qui, même en secret, ne dut jamais suggérer de conseils que dans ce sens. […] Le même procédé servait aux avis que Barnave voulait donner à la princesse ; même passage par ladite poche et même retour aux mains de Barnave.

1117. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Mlle de Lespinasse, n’ayant moyen de donner à dîner ni à souper, se tenait très exactement chez elle de cinq heures à neuf heures du soir, et son cercle se renouvelait tous les jours dans cet intervalle de la première soirée. […] De même dans sa mise, « elle donnait, a-t-on dit, l’idée de la richesse qui, par choix, se serait vouée à la simplicité ». […] J’ai des remords de ce que je vous donne, et des regrets de ce que je suis forcée de retenir. » Mais nous ne sommes qu’au commencement. […] On n’imagine pas quelles formes inépuisables elle sait donner au même sentiment : le fleuve de feu déborde à chaque pas en sources rejaillissantes. […] oui, justement, madame, c’est un mémoire que j’ai à lui remettre tout à l’heure, et je veux le lire avant de le lui donner. » Ainsi tout pour elle se rapporte à la passion, tout l’y ramène, et c’est la passion seule qui donne la clef de ce cœur étrange et de cette destinée si combattue.

1118. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Diderot s’en empara si vivement et la présenta dans un si beau jour, qu’il sut la faire agréer au pieux chancelier d’Aguesseau, et le décider à donner son assentiment, sa protection à l’entreprise : d’Aguesseau en fut le premier patron. […] Ce fut Diderot qui, le premier, la lui donna. […] Le chef-d’œuvre proprement dit, la pièce achevée, définitive et complète, où le goût donne la mesure du mouvement et du sentiment, n’est pas son fait : la qualité supérieure, partout diffuse chez lui, n’est concentrée nulle part, nulle part encadrée et nettement rayonnante. […] Il prête légèrement à la caricature par ce côté, et oh ne s’en est pas fait faute dans les portraits le plus souvent en charge qu’on a donnés de lui. […] Il nous montre le chemin et l’exemple : être ou n’être pas des académies, mais écrire pour le public, s’adresser à tous, improviser, se hâter sans cesse, aller au réel, au fait, même quand on a le culte de la rêverie ; donner, donner, donner encore, sauf à ne recueillir jamais ; plutôt s’user que se rouiller, c’est sa devise.

1119. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

et leur donnerons-nous raison à notre tour ? […] C’est de ce même M. de Bonald que M. de Lamartine, après l’avoir chanté en poète dans sa jeunesse, vient de donner un portrait tout aimable et adouci à la fin du second tome de son Histoire de la Restauration. […] Mais il donna bientôt sa démission de cette dernière place, et il crut de son honneur d’émigrer. […] C’est assez de gloire, c’est trop de plaisirs ; il est temps de nous donner des vertus. […] Quand on lui parlait de la différence de succès qu’il y avait eu entre la Législation primitive et le Génie du christianisme publiés dans le même temps, il disait : « C’est tout simple : j’ai donné ma drogue en nature, et lui, il l’a donnée avec du sucre. » 58.

1120. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Ce qui donne bien aux Lettres persanes leur date et le cachet de la Régence, c’est la pointe d’irrévérence et de libertinage qui vient là pour relever le fond et l’assaisonner selon le goût du jour. […] Quoi qu’il en soit du Siamois ou de l’homme de Java, l’idée est devenue originale chez Montesquieu par le développement qu’il y a donné, et la hardiesse avec laquelle il l’a naturalisée à Paris. […] Indépendamment des idées révélées, les idées métaphysiques me donnent une très forte espérance de mon bonheur éternel, à laquelle je ne voudrais pas renoncer. […] Dans le fameux épisode des Troglodytes, Montesquieu y donne à sa manière son rêve de Salente. […] Enfin il y donne un autre mobile encore et qu’il ressentait également, l’utilité du public et du monde : « N’est-ce pas un beau dessein que de travailler à laisser après nous les hommes plus heureux que nous ne l’avons été ? 

1121. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

La façade sud de la maison donnait sur le jardin, la façade nord sur une route déserte. […] Le plus vieux était un de ces hommes qui, à un moment donné, sont de trop dans leur pays. […] Ajoutons qu’il donna mille livres de pension à Molière. […] Jacques 1er lui avait donné en 1607 l’exploitation de Black-Friars, puis le privilège du Globe. […] Les historiens de la vieille école donnent de ces certificats à tous les princes, qu’ils sachent lire ou non.

1122. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

L’Histoire, sur ce point, ne nous donne pas de démenti. […] Aimez Dieu et gardez ses commandements, dit le précepte, et le reste vous sera donné comme par surcroît. […] et sa nature donnée peut-elle rester protestante ? […] Aujourd’hui, l’auteur des Horizons prochains vient de nous donner des Horizons encore. […] La donnée du livre de Mme de Gasparin est des plus simples.

1123. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre I. La demi-relativité »

Pourtant il faut que nous la commentions, que nous la décrivions même encore, parce que nous n’allons pas adopter d’emblée, comme on le fait d’ordinaire, l’interprétation qu’en donne aujourd’hui la théorie de la Relativité. […] Par cette contraction s’explique que l’expérience Michelson-Morley donne les mêmes résultats que si la lumière avait une vitesse constante et égale à c dans toutes les directions. […] Nous allons montrer qu’elle donnerait encore pour la vitesse de la lumière le même nombre. […] D’autre part, les axes OX, OY, OZ qu’on choisira de préférence à tous les autres, les seuls axes réellement et non pas conventionnellement immobiles, sont ceux qu’on se donnera dans ton système fixe. […] Étant donné deux dispositifs quelconques, naturels ou artificiels, servant à la mesure du temps, étant donné par conséquent deux mouvements, on pourra appeler zéro n’importe quel point, arbitrairement choisi comme origine, de la trajectoire du premier mobile.

1124. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Sur le Louis XVI de M. Amédée Renée » pp. 339-344

Jamais avènement ne donna de plus belles espérances que celui du vertueux Louis XVI. […] Les personnages, même les meilleurs, qu’il voulut d’abord se donner pour auxiliaires et collaborateurs dans son sincère amour du peuple, étaient imbus des principes, des lumières sans doute, mais aussi, à un haut degré, des préjugés du siècle, dont le fond était une excessive confiance dans la nature humaine. […] L’art d’un roi qui, sans être supérieur, eût été pratique et prudent, c’eût été de pourvoir au plus tôt, de porter remède à cette fièvre soudaine, à cette chaleur de réforme qui avait saisi à la fois toute la nation, moins les classes privilégiées, et qui gagnait, jusque dans ces classes privilégiées, bien des têtes ardentes et généreuses ; c’eût été de donner à cet enthousiasme le temps et les moyens de se calmer ; c’eût été, par des réformes partielles vigoureusement suivies, de donner satisfaction à des intérêts justes et, par là, de décomposer petit à petit ce nuage gros d’illusions, qui renfermait des tonnerres. […] Son ouvrage, d’après le cadre qui lui était donné, s’arrête et devait s’arrêter à 1789, avec l’ouverture des états généraux.

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