On dit, il est vrai, que la brochure de Véron est arrangée pour l’effet d’une élection prochaine. […] C’est au nom des idées, c’est au nom de l’esprit, « de l’esprit qui doit toujours battre le sabre », disait Napoléon Ier (ce qui est vrai, mais quand c’est véritablement de l’esprit), que Véron intervient dans la politique.
D’autres que nous égareraient peut-être Gramont sur la valeur vraie de son livre ; car il appartient à cette école populaire encore, quoique à bout de voie, de la forme ouvragée et savante, et dont Théophile Gautier est le plus illustre représentant. […] Il n’a pas — cela est vrai — l’âme infinie, le grand souffle, la palpitation dilatée, l’abondance, la facilité magnifique des plus puissants parmi les poètes ; mais comment le saurait-il, comment pourrait-il les avoir avec la forme qu’il préfère, sous ce strict compas du sonnet, entre les deux branches duquel il ploie et reploie sa pensée ?
Ce n’est pas là la parole intérieure la plus fréquente, et ce n’est pas la vraie. […] Il est vrai que la possibilité de variétés individuelles résulte des lois mêmes de l’habitude que nous invoquons. […] Si parfois ma parole intérieure est l’expression réfléchie d’une conviction arrêtée, elle n’est alors pour moi que la formule de la vérité ; or ce qui est vrai est vrai de toute éternité ; l’heure où j’ai pour la première fois rendu hommage à la vérité dans le silence de la méditation, importe peu ; l’essentiel, c’est que je crois encore tenir le vrai, c’est que ma conviction n’a pas changé ; ma pensée n’est pas un moment du temps écoulé, elle est un présent qui reflète l’éternité. […] Marc-Aurèle, IV, 3 : « Qu’il y ait (dans ton âme) de ces maximes courtes, fondamentales, qui de suite rendront la sérénité à ton âme » ; et X, 3-4 : « A l’esprit bien fait qui s’est pénétré des vrais principes, un mot très court suffit, même trivial, pour bannir la tristesse et la crainte. […] L’observation de mémoire correspond donc à l’observation pure des sciences physiques et naturelles, et c’est là le vrai procédé du psychologue.
Ce qu’il y a de certain, c’est que, la croyant plus mal, M. de Talleyrand était accouru, et il avait paru étonné de la trouver passablement : « Que voulez-vous, dit-elle, c’est d’un bon effet pour les gens. » M. de Talleyrand, après un moment de réflexion, reprit : « Il est vrai qu’il n’y a pas de sentiment moins aristocratique que l’incrédulité52. » La duchesse avait donné à sa fille, pour lui enseigner la religion, un jeune abbé, homme d’esprit et dont la réputation commençait à s’étendre. […] C’était un spectacle des plus singuliers, et quand je dis spectacle, je dis le vrai mot, car à l’instar des rois de France, M. de Talleyrand mourut, on peut le dire, en public. […] Il est vrai que Sieyès s’était éteint dans une sorte d’obscurité, qu’il était avant tout philosophe, et, par l’esprit du moins, demeuré fidèle à ce grand tiers état du sein duquel il était sorti et dont il avait été l’annonciateur. […] Il est vrai que Montrond, qui en faisait la remarque, ajoutait : « C’est la première fois que je lui ai vu verser des larmes ! […] Enfin, au premier mot de déclaration de guerre, je vous propose de vous donner un supplément d’article où je traiterai ce point : « M. de Talleyrand était certainement vénal et corrompu ; mais est-il vrai que, dans sa longue carrière, il n’ait fait de mal à personne ?
Consultez les listes des héroïques victimes ; pas une illustration, ni dans la science, ni dans les lettres, ni dans les armes, pas une gloire antérieure ; c’était bien du pur et vrai peuple, c’étaient bien de vrais jeunes hommes ; tous ces nobles martyrs sont et resteront obscurs. […] Je me promets beaucoup de plaisir et de vraies jouissances au milieu de cette nature grande et nouvelle. […] Mais plus le prix reste bourgeois, et plus est noble l’héroïsme, ou, pour l’appeler par son vrai nom, plus est pur le sentiment du devoir. […] ici tu fus pleuré Par un ami bien vrai, de toi-même ignoré ; Là-haut, réjouis-toi !
Copernic, le révélateur du vrai système de l’univers, proclame hardiment le rôle central du soleil en face des préjugés bibliques et théologiques, et sous l’autorité morale du pape lui-même. […] Les crocodiles et les boas sont maîtres du fleuve ; le jaguar, le pécari, l’anta et les singes à queue prenante parcourent la forêt sans crainte et sans danger : c’est leur domaine, leur patrimoine. » En un mot, ce que la géologie nous enseigne, que la terre, à l’époque où les fougères arborescentes croissaient dans nos climats tempérés, où le règne animal se réduisait à une classe d’amphibies monstrueux, où prédominait sans doute une atmosphère chaude et humide, saturée d’acide carbonique, n’était point encore prête à recevoir l’homme, cela est vrai aujourd’hui, dans une certaine mesure, des vastes forêts primitives de l’Amérique tropicale. […] Bates va expliquer ce qu’il peut y avoir de vrai là-dedans : « Dans ces forêts tropicales, chaque plante, chaque arbre, semble rivaliser avec le reste à qui s’élèvera plus vite et plus haut vers la lumière et l’air, branches, feuillage et tronc, sans pitié pour le voisin. […] « La forêt vierge impénétrable, impropre au séjour de l’homme, vrai champ de bataille des végétaux, présente encore d’autres phénomènes particuliers et frappants. […] « Vrai pour les bords du fleuve, ce tableau ne l’est plus pour les grandes régions de la forêt vierge que la géographie mesure et qui s’étendent sans interruption à des centaines de milles dans tous les sens.
Mais vivante surtout est la cathédrale dont l’ombre couvre la ville ; Notre-Dame de Paris est le seul individu qui ait vraiment une âme dans le roman ; ce monstre terrible et séduisant, où le poète a saisi un « caractère », est le vrai héros de l’œuvre. […] Les vraies origines de M. […] Hugo veut mettre en lumière, donne aux premiers volumes une grandeur singulière : et cette fois, le poète, si peu psychologue, a su trouver la note juste, marquer délicatement les phases, les progrès, les reculs, les angoisses et les luttes d’une âme qui s’affranchit et s’épure : Jean Valjean, depuis sa rencontre avec l’évêque, jusqu’au moment où il s’immole pour empêcher un innocent d’être sacrifié, Jean Valjean est un beau caractère idéalisé, qui reste vivant et vrai. […] Ainsi, dans Jean de la Roche, cette famille anglaise : le père, un savant, doux, distrait, ayant peur de vouloir ; le fils, un enfant intelligent, débile, égoïste, despote, et la sœur sacrifiée à ce malade, qui est jaloux d’elle, l’empêche de se marier, et confisque sans scrupule toute cette existence : dans le Marquis de Villemer, la peinture d’un amour réciproque qui naît insensiblement, se révèle par de fines nuances jusqu’à devenir une ardente passion : voilà des parties vraies et bien vues. […] Stendhal a vraiment donné là un modèle d’art réaliste, ou plutôt d’art vrai.
Cela ne veut pas dire que la littérature, en tâchant avant tout d’exciter ce plaisir particulier qu’on appelle le plaisir esthétique, néglige ou dédaigne les données fournies par la réalité et les résultats acquis par le savoir humain ; elle est obligée d’en tenir compte, et suivant les temps, les genres littéraires, les goûts des individus, elle fait une part plus ou moins large au vrai et au vraisemblable. […] Mots qui à force d’être savants deviennent barbares et sont en certains cas de vrais monstres ; tel le mot potassium, qui, semi-germanique et semi-romain, ressemble aux fabuleux centaures ; tel le mot centimètre, qui est le résultat d’un alliage imprévu entre Rome et la Grèce ; tels les mots kilomètre et myriamètre, enfants mal venus, estropiés en naissant par des accoucheurs maladroits. […] Elle a compris que son premier devoir est d’être vraie et elle a mis son point d’honneur à devenir exacte jusqu’au scrupule. […] Je crains que ces ouvrages, où le vrai et le faux, le réel et le chimérique s’enchevêtrent d’une façon inextricable, ne satisfassent guère, passé un certain âge, ni la raison ni l’imagination. […] Il ne s’agit pas de juger en ce moment si les résultats obtenus ont toujours été à la hauteur des prétentions déclarées ; ce qui nous importe, c’est de constater la tenace résolution que durant une trentaine d’années le roman a eue de « faire vrai » avant tout.
D’ailleurs, vous avez peut-être raison de ne jamais parler des vrais écrivains. […] Quand Montesquieu hésite, le pion n’hésite pas, lui, à découvrir la vraie pensée de Montesquieu. Et la vraie pensée de Montesquieu, c’est la pensée — si j’ose dégrader ce mot — de M. […] S’il voulut sincèrement faire œuvre vivante et ramener de l’oubli un écrivain de second ordre qui eut des frémissements de vraie poésie, je le félicite de son intention. […] Si ces « lois invisibles » sont celles qu’il vient de découvrir, il me semble qu’il vient d’atteindre la sagesse ; s’il est dément, je désire qu’on m’indique les vraies « lois invisibles ».
Il est vrai que M. […] Émile Augier n’a jamais créé de type plus vrai, plus exact, plus conséquent à lui-même, que celui de ce pharisien des Cinq Codes. […] Malheur à qui tombe dans ses froides mains, à qui lui demande ce qu’elle ne peut rendre, un sentiment vrai et sincère ! […] L’action marche, s’engage, se dénoue au milieu d’une vraie mêlée de saillies. […] Il y a là un signe du temps très caractéristique et très vrai, quoique faiblement indiqué.