Cousin, autre naufragé du gouvernement parlementaire, commençait, à la suite de madame de Longueville, dans le dix-septième siècle, ce voyage d’investigation dont il a rapporté de si intéressantes remarques, des observations ingénieuses, de piquantes révélations sur les femmes de cette époque, madame de Sablé, madame de Rambouillet, la comtesse de Maure, la princesse de Guéménée, la mère Agnès de Port-Royal, la mère Angélique, mademoiselle de Scudéry. […] Tolla, le Roi des montagnes, les Ménages de Paris, Germaine, Madelon, sans parler de Gaëtana, cette erreur dramatique d’un conteur fourvoyé sur le théâtre, et de la Grèce contemporaine, qui tient du voyage et de l’histoire, forment au jeune écrivain un bagage littéraire assez considérable. […] About se donne le plaisir de créer monsignor en faisant de lui le secrétaire laïque d’un cardinal, Lello Coromella se laisse persuader par cet intrigant à la solde de son oncle de suivre son frère dans un voyage à Londres, où celui-ci se rend pour épouser une riche héritière. […] De là l’attrait de ces voyages qui font sans cesse passer sous nos yeux des points de vue divers et des paysages aux aspects contraires, les montagnes avec leurs cimes neigeuses et leurs flancs couverts de forêts, les vallées riantes avec leur végétation plantureuse, les torrents tombant à pic dans les abîmes au milieu d’une nature dévastée, et les fleuves poursuivant leur cours sinueux entre deux rives fleuries.
Sainte-Beuve, avant de s’en tenir à la critique, avait fait le tour de bien des choses et ce voyage de circumnavigation parmi les différents genres littéraires l’avait merveilleusement préparé à son rôle futur. […] Mais, d’ordinaire, il préfère une allure plus vive, plus libre, plus capricieuse ; il va, vient et revient ; il court de-ci et de-là, en zigzag, comme au hasard ; il s’arrête pour lancer un mot ; il s’écarte pour cueillir une fleurette ; il s’attarde à faire une gambade ou un saut périlleux ; ainsi faisant, il vous dérobe le but où il vous mène, et, quand on arrive au bout du voyage, on a cheminé par tant de jolis sentiers qu’on ne saurait dire par où l’on a passé.
Son supplice durait, encore lors de son voyage en Grèce ; il n’ose se présenter à l’initiation des mystères d’Éleusine, effrayé et retenu par la voix du crieur, qui ordonnait aux impies et aux scélérats de s’éloigner. […] A la guerre, en voyage, si j’étais excédé de fatigue, je solliciterais du secours : c’est ainsi que j’en use dans le chemin de la vie. […] Carter, savant antiquaire anglais, nous apprend dans son Voyage de Gibraltar à Malaga, qu’il subsiste encore en Espagne des monuments élevés à la mémoire de Sénèque.
Avec quelle ferveur je l’ai respirée durant ces deux années de voyage, d’où je suis revenu mûri et durci ! […] S’il ne l’a point communiquée, s’il n’a pu la communiquer, c’est son droit strict de l’emporter intacte, soustraite, pour l’insondable voyage.
Je suis tenté de croire aujourd’hui le contraire… Je recommande mes livres de voyage à ceux qui s’affligent d’un passé et qui ont assez d’esprit de reste pour souffrir aussi de l’esprit de leur passé. […] Qu’il y ait une règle des passions, comme il y a une règle du jeu, une règle des divertissements, une règle des voyages, une règle de la marche, de la course et de la danse, c’est-à-dire une disposition et une économie judicieuses destinées à tirer le plus grand plaisir possible de ces différentes choses, on le veut bien et ceci est très acceptable et même évident ; mais les passions en elles-mêmes sont des choses saines, comme savait déjà le dire Descartes, et si elles sont des manifestations de l’égoïsme, c’est qu’elles sont des manifestations de la vie, l’égoïsme étant la vie même. […] Si pourtant son goût est prédisposé à l’indépendance, à une brusque venue, à un départ rapide, aux voyages, peut-être aux aventures qui seules conviennent aux plus rapides, il aimera mieux vivre libre avec une nourriture frugale que gavé et dans la contrainte.
un voyage ? […] De même, dans une fable, dans une nouvelle, dans une impression de voyage. […] Au fond il l’a eue depuis son voyage de jeunesse en France jusqu’à sa mort, depuis 1846 jusqu’en 1864.
Figurez-vous un maître de gymnase ou un médecin qui part pour un voyage et qui laisse à ses élèves ou à ses malades ses instructions écrites ; puis qui revient et qui se croit obligé à ne pas s’écarter des instructions écrites qu’il a laissées et à abdiquer devant elles et qui préfère cette règle insensible et presque aveugle à sa propre intelligence, à son diagnostic ou à son observation, à ce qui lui permettrait de varier ses instructions selon les caractères et à proportionner ses conseils et avis aux tempéraments et complexions. […] Son dessein général Ainsi orienté, ainsi poussé par les tendances maîtresses que j’ai dites et tempéré et contenu par son aptitude à comprendre ce qu’il n’aimait pas, après de longues années de voyages, d’observations, de comparaisons et de réflexions, vers quarante ans, d’après les meilleures conjectures des historiens, Platon songea à enseigner et à écrire. […] S’il est délicat, son désir ne sera réellement que le souvenir de la beauté divine, réveillé par l’aspect de la beauté éphémère, et enfin il sera très naturel qu’il s’élève de l’amour de cette beauté d’ici-bas à l’amour de la beauté de là-haut, ce qui est moins s’élever que revenir à son point de départ ; et son amour pour la beauté terrestre n’aura été qu’un point en quelque sorte ou qu’un stade de son voyage circulaire partant de la beauté céleste et y revenant pour avoir aperçu et aimé la beauté d’un jour ; — et voilà précisément la beauté d’un jour assez proprement escamotée : « Quant à la beauté, elle brillait parmi toutes les autres essences et, dans notre séjour terrestre où elle efface encore toute chose par son éclat, nous l’avons reconnue par le plus lumineux de tous nos sens… L’âme qui n’a pas un souvenir récent des mystères divins, ou qui s’est abandonnée aux corruptions de la terre, a peine à s’élever des choses d’ici-bas jusqu’à la parfaite beauté par la contemplation des objets terrestres qui en portent le nom ; si bien qu’au lieu de se sentir frappée de respect à sa vue, elle se laisse dominer par l’attrait du plaisir et, comme une bête sauvage, violant l’ordre éternel, elle s’abandonne à un désir brutal.
Dans ce cas, il faut rejeter l’homme dans l’ombre, ne pas le faire paraître, s’il se peut, sur la scène, lui faire faire un voyage. » Corneille a fait faire à Nicanor le grand voyage. […] Je vois qu’on « part en voyage », comme disent les Parisiens ; mais je ne sais pas si c’est pour aller encadrer la nuit de noces entre Cannes et Monte-Carlo, comme cela se fait, ou si c’est après la nuit de noces dûment passée à Paris.
C’était l’opinion de Swift, dans ses Voyages de Gulliver, qu’il ne semble même avoir écrits que pour la démontrer. […] Mais c’est pourtant à la condition que l’on le prendra pour ce qu’il est ; et il faut qu’on avoue qu’il n’est rien de très littéraire. — Ainsi fait-on, direz-vous peut-être. — Mais je vous réponds qu’au contraire c’est ce qu’on ne fait point ; et la réputation de Labiche en est la preuve ; Labiche, dont on met couramment la Cagnotte ou le Voyage de M.
… Une servante à gages à la campagne étanche sa soif, avec ses chevreaux et ses agneaux, dans une source fraîche, et moi je n’ai que mes larmes pour apaiser la chaleur de ma poitrine… » Avec une grandeur tragique, du haut de son deuil incurable, elle jette les yeux sur la vie97 : « Nous nous travaillons en vain pour allonger notre pauvre voyage, ou nous implorons un répit afin de respirer ; notre patrie est dans le tombeau… Ah !