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228. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Elle n’aime que la ville, & il faut trouver des raisons valables pour qu’elle y réside continuellement. […] Même chaleur dans cette ville, & même empressement à partir pour se rendre à Tours, parce qu’il fait encore trop chaud. Tours ne procure pas plus de fraîcheur, & bientôt on se rend à Saumur : quelle ville ! […] Il est sans doute étrange que l’auteur d’une pareille architecture, n’en ait pas mis le plan sous les yeux de la ville. […] Le prince le rencontra dans une ville d’Allemagne, & le reconnut.

229. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Il donne des représentations dans plusieurs petites villes voisines. — 1654. […] Preuve de son séjour en cette ville. […] Représentation de La Princesse d’Élide à la ville. […] Une indisposition de Molière retarde la représentation du Sicilien à la ville. […] Le succès de cette pièce grandit encore à la ville, et la vogue se partage entre elle et la Bérénice de Corneille.

230. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Du temps de Vaugelas, il y avait plusieurs langues encore distinctes et séparées, celle de la Cour, celle de la Ville, celle du Palais. […] Un principe pourtant se glissait, s’insinuait partout, et déterminait l’inclinaison dans la plupart des cas : en dehors du Palais, la Ville et la Cour étaient d’accord et dans une sorte d’émulation pour adoucir à l’envi les mots et la façon de les prononcer, pour rendre, en parlant, toute chose plus agréable et plus facile ; c’était là le courant général et la pente. […] Mais ils disaient un Filleul et une Filleule, quand à la ville on disait un Fillol et une Fillole, et ici la douceur de leur prononciation l’emportait. La Ville elle-même, Paris où tout s’adoucit volontiers et où les femmes aussi donnent le ton, venait à sa manière en aide à la Cour (sauf quelques cas revêches) pour mettre dans la langue plus de facilité usuelle et de coulant. […] Aujourd’hui, même après tout ce qui est survenu, même après tant d’invasions qui ont brisé toutes les barrières, on reconnaît encore l’esprit français à quelques-unes des mêmes marques, à ce goût si répandu dans notre pays et qu’on a, soit à la ville, soit parmi le peuple et jusque dans les ateliers, pour la curiosité de la diction, pour les questions de langue bien résolues.

231. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

L’horizon de chacun était restreint ; c’était celui de la profession ou du métier qu’on exerçait, de la corporation dans laquelle on était compris, de la ville où l’on était né et tout au plus de la province où l’on habitait558. […]  » — Dans toute la première moitié du dix-huitième siècle, je ne vois dans le Tiers-état que ce seul foyer d’opposition, le Parlement et, autour de lui, pour attiser le feu, le vieil esprit gallican ou janséniste. « La bonne ville de Paris, écrit Barbier en 1733, est janséniste de la tête aux pieds », non seulement les magistrats, les avocats, les professeurs, toute l’élite de la bourgeoisie, « mais encore tout le gros de Paris, hommes, femmes, petits enfants, qui tiennent pour cette doctrine, sans savoir la matière, sans rien entendre aux distinctions et interprétations, par haine contre Rome et les jésuites. […] Sur ces échanges, on voit, à Nantes, à Bordeaux, se fonder des maisons colossales. « Je tiens Bordeaux, écrit Arthur Young, pour plus riche et plus commerçante qu’aucune ville d’Angleterre, excepté Londres… Dans ces derniers temps, les progrès du commerce maritime ont été plus rapides en France qu’en Angleterre même. » Selon un administrateur du temps, si les taxes de consommation rapportent tous les jours davantage, c’est que depuis 1774 les divers genres d’industrie se développent tous les jours davantage562. […] À la ville, les gentilshommes ne portent plus l’épée ; ils ont quitté les broderies, les galons, et se promènent en frac uni, ou courent dans un cabriolet qu’ils conduisent eux-mêmes569. « La simplicité des coutumes anglaises » et les usages du Tiers leur ont paru plus commodes pour la vie privée. […] Ce qui le prouve évidemment, c’est que ce sont les bourgeois, les gens de lettres, les gens de finances, enfin tous ceux qui jalousaient la noblesse, qui ont soulevé contre elle le petit peuple dans les villes et les paysans dans les campagnes. » (Rivarol, Mémoires.

232. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Polybe, Appien, ont donné quelques détails sur l’emplacement des ports et de la ville ; il les a lus. […] Ces traditions barbares avaient de telles racines chez les Phéniciens de la terre africaine que, trois siècles après la destruction de la ville, quand la nouvelle Carthage fut rebâtie par Auguste, on vit revenir les prêtres de Moloch. […] Mâtho, qui se croit invulnérable, ne veut pas quitter la ville sans avoir revu Salammbô ; en vain Spendius le conjure de renoncer à ce téméraire caprice qui va tout perdre, l’esprit ne déchaîne pas impunément les forces rugissantes de la matière : l’Africain s’élance, gravit les escaliers du palais, se glisse à pas de loup chez la jeune fille, l’aperçoit endormie, la joue dans une main, l’autre bras déplié, et sa chevelure si abondamment répandue autour d’elle qu’ elle paraissait couchée sur des plumes noires . Immobile, éperdu, il contemple l’apparition merveilleuse, et quand Salammbô s’éveille, quand l’horreur succède chez la mystique vierge au premier éblouissement que lui a causé le voile divin, quand elle repousse Mâtho, quand elle appelle au secours, quand les esclaves accourent armés de leurs casse-tête, Mâtho, accompagné de Spendius, s’élance de nouveau par la ville, et au milieu d’une population folle de rage, à travers les imprécations impuissantes et les flèches mal lancées, il arrive triomphant aux portes des remparts, car le voile de Tanit le protège. […] Philippe de Macédoine se disposait à attaquer les Corinthiens ; aussitôt, dans la ville, chacun se mit à l’œuvre pour la défense commune.

233. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XX. Opposition contre Jésus. »

Il s’en faut que dans toutes les villes de la Galilée l’accueil fait à la nouvelle doctrine fût également bienveillant. Non-seulement l’incrédule Nazareth continuait à repousser celui qui devait faire sa gloire ; non-seulement ses frères persistaient à ne pas croire en lui 910 ; les villes du lac elles-mêmes, en général bienveillantes, n’étaient pas toutes converties. […] La Judée l’attirait comme par un charme ; il voulut tenter un dernier effort pour gagner la ville rebelle, et sembla prendre à tâche de justifier le proverbe qu’un prophète ne doit point mourir hors de Jérusalem 938.

234. (1925) Dissociations

Il est certain, en effet, que Paris n’est pas une belle ville, à la manière, par exemple, de Pise ou de Rouen. […] Paris serait-il embelli s’il prenait tout d’un coup l’aspect d’une ville figée à la norme du second Empire ? […] Des villes américaines sont déjà ainsi comprises. Le jardin public sera la ville au lieu d’être dans la ville. […] Mieux on connaît cette ville et plus elle semble se dérober à l’observateur.

235. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

Ce qui est plus curieux pour nous, et ce qui d’ailleurs répond bien à l’idée qu’on doit se faire du philosophe et du solitaire de Segrès, c’est cette page qui est tout à fait d’un disciple de l’abbé de Saint-Pierre : Je ne connais aujourd’hui qu’un bon roi en Europe et un bon gouverneur en France, c’est le roi Stanislas, comme souverain de la Lorraine, et mon ami et voisin M. de Vertillac, gouverneur de la petite ville de Dourdan. […] [NdA] Une fois cependant les goûts de race et d’antique noblesse semblent lui revenir, et il écrit vers la date de 1750, sous ce titre : Gradation pour vivre noblement : J’aimerais à l’imitation des Anglais, à vivre ainsi graduellement en ces différents postes : À la ville ne vivre qu’en bourgeois aisé ; petite maison bourgeoise, mais commode, et d’une grande propreté au dedans ; chère bonne et propre ; quelques amis seulement le fréquentant. À la campagne, vivre en gentilhomme simple et aisé, plus abondamment qu’à la ville. […] À la ville, je chercherais à plaire. […] Je partagerais ainsi mon année : À la ville, six mois.

236. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Il était déjà en vue de la ville quand un coup de vent repousse le vaisseau de la côte d’Afrique, l’emporte en quelques heures à bien des lieues, de l’autre côté de la Sardaigne, en face de Cagliari, et quelques jours se passent à attendre le vent et à regagner le chemin perdu. […] Cette ville toute couleur de terre ressemble plutôt à celles des Abruzzes qu’à tout ce que nous connaissons du littoral de l’Afrique. […] Dès le premier pas qu’on fait dans la ville, on ne peut croire qu’il soit possible d’y rester. […] Du reste, j’ai reçu dans ce palais le meilleur accueil possible du général Bernelle ; il m’a donné une ci-devant belle chambre dans laquelle j’ai couché par terre avec délices, car du moins j’étais à sec, et mes trois jours se sont passés à courir la ville et les environs, dessinant autant que possible les points intéressants, et j’ai fait une fameuse récolte de tableaux à faire. » L’honnête homme, l’homme de devoir et de probité percent à tout moment à côté des impressions du peintre guerrier ; si Horace aime les soldats, il les aime aux mains nettes et pures. […] Dernièrement, Vernet avait à faire une masse de portraits de commande, et par conséquent tout son temps était pris ; mais, en passant dans la ville, il aperçoit un de ces paysans de la Campagna, qui, armés par le gouvernement, font depuis quelques jours des patrouilles à cheval dans les rues de Rome.

237. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

A Rome pourtant, qui était devenue veuve des césars, la papauté insensiblement héritait de la souveraineté de la Ville éternelle, et attendait avec patience, recueillant, redoublant ses forces et ses mystères, jusqu’à ce que vînt le jour d’apposer le sceau et l’onction à une royauté nouvelle. […] Les ancêtres de Pepin avaient été évêques de ces dernières villes. […] On pourrait citer d’autres passages plus imposants et plus énergiques, mais aucun assurément de plus gracieux : « Dans toutes les villes, les temples tombaient à la fois sous la spoliation et l’anathème ; il n’en était pas ainsi des campagnes. […] Plus naïves et plus matérielles que dans les villes, elles étaient plus persistantes. […] En Grèce, en Italie, telle bourgade, telle petite ville, étaient déjà chrétiennes ; la foule se rendait dans les basiliques transformées en églises ; les préaux, les chemins, étaient semés de croix ; pourtant, au fond du bois, au détour d’un angle caché par les chênes verts, sur le bord du ruisseau ou du lac, on voyait se mirer paisiblement dans l’eau la grotte des Nymphes, grande et grosse roche, ronde par le dehors, au dedans de laquelle se cachaient quelques statuettes en pierre de Naïades ou de Napées, les bras nus,… les cheveux épars sans tresses,… le visage riant et la contenance telle comme si elles eussent ballé ensemble 6.

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