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1979. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Je sais bien que plusieurs me diront : « La maladie que vous venez d’expliquer est celle des imbéciles. […] Mais d’où vient qu’il produit la sensation de nouveauté ? […] Elle est la première chose venue interprétée par le premier venu ; et, si celui-là n’a pas l’âme qui jette une lumière magique et surnaturelle sur l’obscurité naturelle des choses, elle est une inutilité horrible, elle est la première venue souillée par le premier venu. […] Diaz ; mais il est permis de supposer que ces louables désirs lui sont venus trop tard. […] Cependant il m’est venu cette année un peu de consolation, par deux artistes de qui je ne l’aurais pas attendue.

1980. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Il ne me vient à la mémoire que celle de Jean-Christophe. […] Elle vient amender la réalité. […] C’est d’ailleurs dans une langue littéraire assez récente que les termes d’allégorie et de symbole en sont venus à diverger ainsi. […] Et si je n’avais pas déjà employé plus haut ce mot de nature, il me viendrait à leur propos irrésistiblement. […] Le deuxième récit vient compléter le premier et le troisième éclairer les précédents.

1981. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Elles nous vinrent d’hommes de génie, dont les noms et les autres travaux sont perdus et oubliés. […] Il y a deux sortes d’obstacles pour l’homme d’action : ceux qui viennent des gens ; ceux qui viennent des choses. […] Si vous le ménagez, lui, le moment venu, l’occasion favorable trouvée, ne vous ménagera pas. […] Après vint Armand de Pontmartin. […] Vous voyez où je veux en venir.

1982. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

Toute doctrine qui vient au monde, qui descend du ciel ou qui croit fermement en descendre, a une ambition sainte, absolue comme la Divinité incarnée qu’elle personnifie ou qu’elle croit personnifier dans sa foi. […] Puis viendra quelque grand conquérant de la foi et de l’empire, tels que Grégoire ou Sixte, qui prendront résolument le sceptre temporel, et qui affecteront le droit d’élection ou de déposition des rois. […] Le roi de Naples, Robert, vint la défendre. […] Jusque-là elle n’avait pas été trop impopulaire, depuis 1814, en Italie, et, par une versatilité habituelle aux peuples qui changent de joug, son retour à Milan, en 1814, avait été l’objet d’un fanatisme de joie poussé jusqu’à la férocité contre le gouvernement français que l’Autriche venait remplacer. […] Quel que fût son dessein, ce dessein était une défection : défection au roi, s’il embauchait l’armée de Latour ; défection aux révolutionnaires de Turin, ses amis, s’il venait les désavouer et retourner contre eux ses propres troupes.

1983. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Ce nom de chanoine lui venait sans doute d’un prieuré ou d’un canonicat qu’il possédait aux environs de Padoue. […] « Imprudente, ajoute-t-elle, je le recevais en secret dans l’appartement le plus secret de ma maîtresse, où elle renfermait ses atours les plus précieux, et où quelquefois même elle venait dormir. […] Elle aimait secrètement un jeune chevalier italien accompli, venu à la cour de son père avec son frère, et comblé de faveurs par la famille royale d’Écosse. […] Un mendiant vint huit jours après raconter à Ginevra qu’il l’avait vu se jeter volontairement dans la mer du haut d’un écueil du rivage. […] Le roi, consterné d’entendre accuser sa fille chérie, ne peut refuser aux lois d’Écosse la satisfaction qui leur était due pour un pareil crime ; l’infortunée Ginevra fut vouée à la mort, après l’intervalle d’un mois, si un chevalier ne venait prendre sa cause, démentir le frère d’Ariodant, et triompher du calomniateur en champ clos.

1984. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Dans beaucoup de phrases la suite des idées devra être identique, aucune inversion n’est admissible ; dans d’autres il faudra, coûte que coûte, que le mot vienne se placer sous le mot. […] et il réplique « viens, cher trésor !  […] Il est donc absolument indispensable, pour la compréhension du drame musical, que deux fois le mot Amour vienne tomber sous la même note que dans le texte allemand et dans la phrase de Woglinde. […] Non ; le mal vient en premier lieu de ces quelques personnes, qui a beaucoup de talent et à beaucoup de zèle joignent une très malheureuse ignorance de ce qu’est le drame wagnérien. […] Et à elles viennent se joindre toute cette cohue de mélomanes enthousiastes, et aussi tous ces gens qui, sous le manteau de la modération, de l’impartialité, du patriotisme, que sais-je ?

1985. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

L’accent vient du plus profond des siècles. […] » Il reproche à son tour en images sublimes leur dureté de cœur et leur commisération accusatrice à ses faux amis : « Vous ai-je priés de venir ?  […] Retirez-vous au moins un peu de moi jusqu’à ce que mon heure vienne comme l’heure où le mercenaire reçoit son salaire ! […] « D’où vient donc la sagesse ? […] retirez-vous seulement un peu de lui pour qu’il respire un moment, jusqu’à ce que vienne la fin tant désirée de sa journée, semblable à la journée du mercenaire !

1986. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Enfin, l’empereur étant mort avant d’avoir vengé le poète, Dante vient à Paris, retourne en Italie, et se fixe enfin pour mourir à Ravenne. […] Ces fleurs innombrables répandaient leurs teintes lactées et rosées sur toute la campagne ; elles tombaient des branches à chaque légère bouffée du vent tiède de la mer ; elles semaient d’un véritable tapis de couleurs riantes l’intervalle d’un arbre à l’autre ; elles remplissaient l’air soulevé par la brise d’une nuée de papillons inanimés qui venaient tomber jusque sous les roues sur le chemin. […] Il ressemblait, par la physionomie, par l’âme, par la sérénité du regard, par le timbre même monotone, affectueux et voilé de sa voix, à un brahme chrétien venu des Indes en Europe pour y prêcher l’Évangile de la science calme de la contemplation mystique et de l’adoration extatique à notre monde de discorde et de contention. […] Me voici, Seigneur, je viens ! « Je viens !

1987. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Les maîtres me reçurent des mains de ma mère avec une bonté indulgente qui me prédisposa moi-même au respect ; les écoliers, au lieu d’abuser de leur nombre et de leur supériorité contre les nouveaux venus, m’accueillirent avec toute la prévenance et toute la délicatesse qu’on doit à un hôte étranger et triste de son isolement parmi eux ; ils m’abordèrent timidement et cordialement ; ils m’initièrent doucement aux règles, aux habitudes, aux plaisirs de la maison ; ils semblèrent partager, pour les adoucir, les regrets et les larmes que me coûtait la séparation d’avec ma mère. […] VI Et des petits oiseaux l’harmonieuse troupe Aux soupirs de tes bords viendrait s’unir en chœur, Boirait ta goutte d’eau comme dans une coupe, Et riderait ton sein d’un battement de cœur. […] Mais le rossignol dédaigne de perdre sa voix au milieu de cette symphonie : il attend l’heure du recueillement et du repos, et se charge de cette partie de la fête qui se doit célébrer dans les ombres. » Ici nouveau silence de nos haleines à peine entendues ; puis vint la page du rossignol, aussi mélodieuse que l’oiseau. […] Et pourtant, tandis que les forêts se réjouissent en recevant leur nouvel hôte, un vieil oiseau qui se sent abandonné de ses ailes vient s’abattre auprès d’un courant d’eau ; là, résigné et solitaire, il attend tranquillement la mort au bord du même fleuve où il chanta ses amours, et dont les arbres portent encore son nid et sa postérité harmonieuse. […] Je n’ai jamais eu une pensée dont je ne retrouve la racine dans un sentiment ; tout vient du cœur : nascuntur poetæ .

1988. (1884) Articles. Revue des deux mondes

L’Allemagne n’en est-elle pas à la période de la science, qui vient toujours après celle de l’action ? […] Ceux qui s’en vont lèguent en mourant, sous forme d’exemples, d’enseignement, de chefs-d’œuvre ou de bonnes œuvres, quelque chose de l’intelligence ou de la moralité qu’ils contenaient en eux, et ceux qui viennent, recueillant cet héritage, y peuvent ajouter toujours plus de connaissances, plus de justice et de charité. […] Après les êtres inanimés, viennent les plantes, qui diffèrent entre elles par l’inégalité de la quantité de vie qu’elles possèdent. […] C’est avec une complaisance évidemment sympathique que le grand observateur s’étend sur l’industrie des abeilles qu’il appelle φρονιμά, les sages, et qu’il fait participer à cette âme noétique, à cette intelligence active directement venue du ciel, et dont la nature est divine. […] Puis d’autres comparaisons, faites à des points de vue différens, le conduisent à d’autres rapprochemens, et tous ces groupes d’importance inégale sont par lui placés sur la même ligne, sans qu’il lui vienne à l’esprit de les subordonner les uns aux autres selon une rigoureuse hiérarchie.

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