Pendant un temps infini, l’élève copie les tableaux de ce maître, et ne regarde pas la nature ; c’est-à-dire qu’il s’habitue à voir par les yeux d’un autre, et qu’il perd l’usage des siens.
Les moeurs et les usages du païs y laissent encore un grand vuide dans les journées de tout le monde, même dans celles de ces artisans condamnez ailleurs à un travail qui n’a gueres plus de relâche que le travail des Danaïdes.
Il nous montre ces figures autrefois menaçantes, dévorées par les flammes, et l’objet de l’effroi public changeant de forme, pour servir désormais à l’usage et aux plaisirs des citoyens28.
C’est à la même idée que tenait l’apothéose de leurs prédécesseurs ; la fantaisie de se faire adorer de leur vivant ; les temples qu’on leur élevait dans toutes les parties de l’empire ; la multitude énorme de statues d’or et d’argent, de colonnes et d’arcs de triomphe ; le caractère sacré imprimé à leurs images et jusqu’à leurs monnaies ; le titre de seigneur et de maître que Tibère même avait rejeté avec horreur, et qui fut commun sous Domitien ; la formule des officiers de l’empereur, qui écrivaient, voici ce qu’ordonne notre Seigneur et notre Dieu 50 ; et quand les princes, par les longs séjours et les guerres qui les retenaient en Orient, furent accoutumés à l’esprit de ces climats ; la servitude des mœurs, l’habitude de se prosterner, consacrée par l’usage et ordonnée par la loi.
Nous ne l’essayerons pas, tout en supposant volontiers le poëme altéré et interpolé, précisément parce qu’il était populaire et plus d’usage que le Carmen sæculare d’Horace.
Rabelais est le premier chez nous — et le plus grand peut-être, — il est aussi le plus sincère de ceux qui ont cru que Nature était bonne ; que le grand ennemi de l’homme se nommait des noms d’usage, de coutume, de règle, d’autorité, de contrainte ; que par tous les moyens, raillerie, violence et injure, c’était donc cet ennemi qu’il fallait attaquer, combattre et détruire ; et qu’enfin le chef-d’œuvre de l’éducation était de libérer l’instinct. […] Toujours est-il qu’à partir de 1560 ou environ, et en dépit de quelques efforts, — tels que ceux d’Henri Estienne, dans sa Conformité du langage françois avec le grec, — on voit la langue d’Homère et de Platon se retirer pour ainsi dire de la circulation de l’usage et se réfugier dans l’ombre des collèges. […] Il faut vivre selon la nature ; mais notre « nature » est déterminée par notre fin ; et « la fin de l’homme, de toutes nos pensées et de tous nos mouvements, c’est le bien » ; et « notre bien » ne consiste qu’en « l’usage de la droite raison, qui est à dire en la vertu ». […] Nous ne sommes pas faits pour nous, mais pour les autres hommes, et même, ce que nous pouvons être, nous ne le devenons que par l’usage des autres hommes. […] 2º L’Œuvre de la Pléiade. — Au point de vue de la forme : elle a donné droit de cité à l’alexandrin dans la poésie française. — Comparaison du décasyllabe et de l’alexandrin. — La Pléiade a mis dans la circulation de l’usage poétique tous les rythmes dont nous nous servons ; — elle a considérablement enrichi la langue ; — et, à ce propos, que vaut le reproche qu’on adresse à Ronsard d’avoir « en français parlé grec et latin » ?
Fidèle à son prince, le sénateur de Maistre partit de Chambéry le lendemain 23 ; désirant néanmoins juger par lui-même de l’ordre nouveau, et profitant d’un décret de sommation adressé aux émigrés, il revint au mois de janvier 93 : c’est durant ce séjour hasardeux qu’il eut sans doute à faire usage, pour sa justification, de la lettre ministérielle dont on a parlé. […] Eugène, selon l’usage, entre au sortir de l’enfance dans la carrière militaire : « Il ne dépend point de nous de créer les coutumes ; elles nous commandent. […] Les hommes estimables viendront d’eux-mêmes se placer aux postes où ils peuvent être utiles…. » Voilà un idéal de 1814 et de 1815, une vraie idylle politique que j’aurais crue à l’usage seulement des crédules et des niais du parti. […] Je ne veux citer qu’un trait de sa loyauté désintéressée à l’usage des monarchies, même des monarchies représentatives. […] « … Qu’on ne dise pas, messieurs, qu’il est maintenant inutile de nous élever à ce degré de hauteur que nous admirons chez les grands hommes des temps passés, puisque nous ne serons jamais dans le cas de faire usage de cette force prodigieuse.
Il a même longtemps fallu, afin de vaincre suffisamment notre inertie native, recourir aussi aux puissantes illusions que suscitait spontanément une telle philosophie sur le pouvoir presque indéfini de l’homme pour modifier à son gré un monde alors conçu comme essentiellement ordonné à son usage, et qu’aucune grande loi ne pouvait encore soustraire à l’arbitraire suprématie des influences surnaturelles. […] Comme la théologie, en effet, la métaphysique tente surtout d’expliquer la nature intime des êtres, l’origine et la destination de toutes choses, le mode essentiel de production de tous les phénomènes ; mais au lieu d’y employer les agents surnaturels proprement dits, elle les remplace de plus en plus par ces entités ou abstractions personnifiées, dont l’usage, vraiment caractéristique, a souvent permis de la désigner sous le nom d’ontologie. […] Le peuple ne peut s’intéresser essentiellement qu’à l’usage effectif du pouvoir, en quelques mains qu’il réside, et non à sa conquête spéciale. […] Dans l’état présent des intelligences, l’application logique de cette grande formule est encore plus importante que son usage scientifique, la méthode étant, de nos jours, plus essentielle que la doctrine elle-même, et d’ailleurs seule immédiatement susceptible d’une pleine régénération. […] Pour faciliter l’usage habituel de notre formule hiérarchique, il convient beaucoup, quand on n’a pas besoin d’une grande précision encyclopédique, d’y grouper les termes deux à deux, de façon à la réduire à trois couples, l’un initial, mathématico-astronomique, l’autre final, biologico-sociologique, séparés et réunis par le couple intermédiaire, physico-chimique.
Elle lui envoya son livre un matin d’avril (1800), avant de quitter Paris39, et bientôt une lettre de remercîments, qu’elle eut à lui adresser de Coppet, nous apprend l’usage qu’il en avait su faire. […] Cette richesse de tours et cette habitude de les employer lui donnent encore le moyen d’en inventer à son usage avec une certaine assurance, car l’analogie est un champ vaste et fertile en proportion du positif de la langue : ainsi il peut rendre ce qu’il y a d’original et de nouveau dans ses idées par des formules encore très-rapprochées de l’usage commun, et il peut marquer presque avec précision la limite entre la hardiesse et l’extravagance. […] Bien des mots sanskrits ornent et blasonnent chemin faisant les lettres que j’ai sous les yeux ; je choisis de courts passages, qui soient tout à l’usage des profanes : « (Bonn, 21 septembre 1821.) […] Fauriel, à quel point, même après tant de recrues sauvages, après tant de mélanges qui avaient dû la dénaturer, l’Aquitaine absorbait encore aisément ses vainqueurs et les détournait vite à son usage ; on pouvait toujours en dire plus ou moins, sans trop parodier le mot : Græcia capta ferum victorem cepit. […] On m’assure qu’il ne lui sera pas concédé tout ce qu’il prétend en Italie, en Souabe ; on m’apprend que les Bretons résistent opiniâtrément, selon leur usage, et ne se laissent pas arracher une portion du cycle d’Arthur.
Auprès d’elles, il trouve l’emploi de ses qualités natives de hardiesse et d’habileté dont il n’a pas l’usage ailleurs. […] Le tribun et le poète, les voici, l’un et l’autre, soumis à l’inévitable usage ! […] Il jugeait un usage comme un tableau, une foule comme un paysage, un esprit comme un cristal, car la pensée a ses réfractions. […] Un temps viendra bientôt néanmoins où il faudra bien se conformer à l’usage commun. […] On peut donc supposer que les inquisiteur, ne pouvant parvenir à abolir ces modes subversives, aient pensé les cacher en obligeant la noblesse à l’usage de la « baüta » traditionnelle.