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19. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Ce n’est point la faute des maîtres, c’est, encore une fois, la faute de l’usage. […] s’Gravesande, après avoir donné les règles générales de la méthode analytique, et de la manière de faire usage des hypothèses, applique avec beaucoup de clarté ces règles à l’art de déchiffrer, dans lequel elles sont en effet d’un grand usage. […] Les différents emplois des synonymes se démêlent en général par une définition exacte de la valeur précise de chaque mot, par les différentes circonstances dans lesquelles on en fait usage, les différents genres de styles où on les applique, les différents mots auxquels ils se joignent, leur usage au sens propre, au figuré, etc. […] Cette forme de vers a été en usage de très bonne heure dans les élégies, et Horace dit qu’on en ignore l’auteur. […] Elles sont d’ailleurs presque aussi communes, même dans le discours ordinaire, que l’usage des mots pris dans un sens figuré, est commun dans toutes les langues.

20. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

L’usage changeait, disait-il, dans le moment même que Vaugelas cherchait à le constater. […] Il tirait du temps même une autorité de plus pour ses remarques ; car, pour peu qu’il attendît, il pouvait discerner l’usage passager de l’usage définitif, et il n’enregistrait qu’avec plus de confiance des mots qui avaient pu résister à la double épreuve de l’usage et du temps. […] Nul ne s’aperçut qu’il se fût mis à la place de l’usage pour frapper ses contradicteurs, ni qu’en enregistrant quelque décision de l’usage qui leur était défavorable, il parût prendre plaisir à exécuter contre eux un arrêt public. […] La meilleure critique qu’on en ait faite est l’usage qui s’est établi de n’en publier que les extraits les plus marquants. […] Port-Royal a regardé au-delà du bon et du mauvais usage propres à notre pays.

21. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre III. Des éloges chez tous les premiers peuples. »

La Grèce était encore loin d’être le pays d’Homère et de Platon, lorsque déjà elle avait adopté ou créé cet usage. […] Si de la Germanie nous remontons vers le nord et chez les Scandinaves, nous retrouvons le même usage. […] Il traîne une vie ennuyeuse, et le lâche ne fait jamais usage de son cœur. […] L’Amérique eut les mêmes usages que notre ancienne Europe. Au Mexique, au Pérou, au Brésil, au Canada, et jusque dans des pays où les peuples ignoraient l’usage du feu5, on a trouvé des espèces de poèmes destinés à célébrer des espèces de grands hommes.

22. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 11, les romains partageoient souvent la déclamation théatrale entre deux acteurs, dont l’un prononçoit tandis que l’autre faisoit des gestes » pp. 174-184

Tite-Live, après avoir fait l’histoire des premieres représentations théatrales qu’on vit à Rome, après avoir dit concernant les premiers progrez de ces représentations ce que nous avons rapporté dans la section précédente, raconte en continuant l’histoire de la scéne romaine, l’avanture qui donna l’idée de partager la déclamation, pour ainsi dire, en deux tâches, et il dit les raisons qui furent la cause que cet usage s’établit comme le bon usage. […] Delà, continuë Tite-Live, naquit l’usage de partager la déclamation entre deux acteurs, et de réciter, pour ainsi dire, à la cadence du geste des comédiens ; et cet usage a si bien prévalu que les comédiens ne prononcent plus eux-mêmes que les dialogues. […] Comme Tite-Live ne fait que narrer l’origine de l’usage qui se pratiquoit de son temps, je ne songerois point à confirmer son récit par le témoignage d’autres auteurs, si la chose qu’il nous apprend, ne devoit point paroître extraordinaire.

23. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

On pardonne à la fortune du connétable, quand on voit le noble usage qu’en ont fait ses descendants. […] Plusieurs jours se passèrent sans que M. de Nangis osât faire usage de cette permission ; enfin, dans le même voyage, s’étant trouvé auprès de Bontemps (le valet de chambre) dans le salon de Marly, Bontemps lui dit qu’il savait quelqu’un qui irait bientôt à la chasse à tirer avec le roi. […] Il y a des usages qui disparaissent insensiblement : mais à quelle date ont-ils disparu ? […] Quarante ans plus tard, cet usage subsistait encore. […] J’ai vu aussi cet usage, et il n’y a pas grand nombre d’années qu’il est supprimé.

24. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettre sur l’orthographe » pp. 427-431

Je n’ai ni la plume ni le fonds de Charles Nodier ; je suis fort peu grammairien, et, de plus, je sens qu’un disciple de Franklin, de cet ingénieux utilitaire, trouverait mieux que moi ce qui est à dire sur l’épargne du temps, sur la simplification des moyens, sur la mise de toutes choses en petite monnaie à l’usage de tous. […] Ce n’est que dans la seconde moitié du xviie  siècle que les femmes de la société se sont piquées d’honneur et se sont mises, dans l’usage ordinaire, à vouloir écrire convenablement. […] Mais que cette parfaite orthographe, si on ne la possède par usage et d’enfance, est donc rare ! […] Je remarque avec plaisir dans celui que je parcours bon nombre de ces petits avis à l’usage des demi-habiles ; je leur en souhaiterais un peu plus encore. […] Puisse-t-il, ainsi servi en enfant de grande maison, possesseur de tant d’instruments exacts et commodes, muni de toutes les facilités, de toutes les promptitudes, en faire le meilleur usage !

25. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VIII » pp. 70-76

 » Toutefois il paraît que la facilité de madame de Sévigné était contraire à l’usage, puisque Bussy-Rabutin ajoute encore ce trait de satire : « Il n’y a guère que l’usage qui la pourrait contraindre ; mais elle ne balance pas à le choquer plutôt que les hommes 29. » Il paraît que Voiture, après avoir reçu de Julie une leçon de réserve, se crut en droit d’en donner de semblables à d’autres. […] Il manque au moins de cette familiarité que l’usage a fait entrer à la suite dans la conversation et qu’on y exige plus que jamais. […] Nous reviendrons sur ce sujet dans la quatrième période, en examinant la doctrine de Molière sur l’usage de plusieurs expressions qu’il a voulu maintenir, et que l’usage a écartées de la langue.

26. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 13, de la saltation ou de l’art du geste, appellé par quelques auteurs la musique hypocritique » pp. 211-233

Le lecteur voit déja par le peu que j’ai dit touchant cet art que les gestes dont il enseignoit la signification et l’usage, n’étoient pas ainsi que ceux de nos danseurs le sont ordinairement, des attitudes et des mouvemens qui ne servissent que pour la bonne grace. […] Enfin, l’usage s’en est conservé jusqu’à nous sans être blâmé. […] Par exemple, le geste de la main dont on se sert en France pour appeller quelqu’un, n’est pas le geste dont on se sert en Italie pour le même usage. […] Dans l’Asie, les coutumes, la maniere de se vêtir, enfin les usages nationnaux, n’ont jamais été aussi sujets au changement qu’ils l’ont été, et qu’ils le sont encore dans les parties occidentales de l’Europe. […] Mais notre sujet ne demande pas que nous suivions la saltation dans tous les usages qu’ils en faisoient.

27. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 3, de la musique organique ou instrumentale » pp. 42-53

Je crois même à propos de remettre ce que j’ai à dire concernant l’usage que les anciens faisoient de leurs instrumens pour soustenir par un accompagnement les acteurs qui déclamoient, à l’endroit de cet ouvrage où je traiterai de l’execution de la déclamation composée et écrite en notes. […] Les anciens avoient la même idée que nous sur la perfection de la musique, et sur l’usage qu’il étoit possible d’en faire. […] Quintilien après avoir dit qu’on faisoit un grand usage de la musique dans les armées lacedemoniennes pour exciter l’ardeur martiale dans le coeur des soldats, ajoûte : " les trompettes et les cors qui sont dans nos légions servent-ils à autre chose ? N’est il pas même permis de croire que c’est au talent de faire usage des instrumens de guerre, lequel nous possedons superieurement aux autres nations, qu’est dûë en partie la reputation de la milice romaine. […] Si Monsieur Le Fevre de Saumur avoit pû voir ce dernier livre avant que de faire imprimer son commentaire sur Terence, peut-être n’y auroit-il pas inseré les beaux vers latins qu’il avoit faits contre la flute antique, et contre ceux qui veulent entreprendre d’en expliquer la structure et l’usage.

28. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

Rivard21 en a composé à l’usage de nos collèges. […] Pour les élèves les Éléments de mécanique de Trabaud29 ; ouvrage à l’usage de nos écoles. […] Mais entend-on Démosthène, ses Philippiques, ses autres discours, sans être instruit des lois, des usages et de l’état de la République, lorsqu’il parut ? […] Mais il est plein de peintures licencieuses, et pour en rendre l’usage innocent il faudrait l’estropier partout. […] Je demande s’il est indifférent d’en aplanir la difficulté par des notions générales sur les mœurs, les usages, les faits ; en un mot, par l’histoire des temps ?

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