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718. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

« Je me trompe : l’embryon de l’idée du Chapeau de paille était dans Molière, parce que tout est dans Molière. […] Il faut, au bout du compte, qu’ils aient été pris à quelqu’un ou qui s’est trompé, ou qui a été trompé. […] — Vous vous trompez, dit Almério, ce que je veux, c’est vous, c’est votre personne : je me moque de votre duché !  […] Constantin espère un instant qu’il s’est trompé. […] Mais peut-être que je me trompe.

719. (1890) Nouvelles questions de critique

Nous pouvons donc ici craindre a bon droit que notre sympathie s’égare et se trompe d’adresse. […] On a changé d’erreur, et voilà tout, mais, dans l’un comme dans l’autre cas, on se trompe ; on s’est trompé sur la nature de l’œuvre littéraire ; et tout le progrès, finalement, consiste à avoir érigé le principe d’erreur lui-même en principe de méthode et loi de la critique. […] Il se trompe, s’il le croit. […] Ou, en d’autres termes, le classicisme s’est trompé d’abord sur le caractère unique, inimitable de l’œuvre de génie. […] Pellissier ; c’est l’opinion, si je ne me trompe, de M. 

720. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

On croit communément que le jeune Machabée n’étoit pas encore dans un âge susceptible d’amour : mais on se trompe, puisque le texte dit expressement qu’il étoit dans l’asolescence. […] C’est, si je ne me trompe, à savoir dès le commencement d’une piéce, indiquer à l’esprit et au coeur, l’objet principal dont on veut occuper l’un et émouvoir l’autre. […] Les critiques ont affecté de prendre ce fanatisme pour fanfaronade : mais ils se trompent beaucoup. […] C’est cette attente trompée qui cause la langueur de la scene. […] Eh pourquoi ne pourroit-ce pas être les françois qui s’y seroient le plus trompés ?

721. (1914) Une année de critique

Ne nous y trompons point : nous sommes sur le chemin de l’animalité. […] Me trompé-je ? […] On pourrait s’y tromper. […] Me trompé-je ? […] Quand il se trompe, il nous instruit encore.

722. (1913) Poètes et critiques

— Vous vous trompez. […] Bellessort est, si je ne me trompe, le premier qui se soit préoccupé d’expliquer l’âme suédoise. […] Ne nous y trompons pas. […] Ne nous y trompons pas, et entendons ce que parler veut dire. […] Il s’est trompé de date.

723. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Malherbe ne s’y trompait-il pas lui-même, et faut-il croire que ces méchants vers n’aient été que des flatteries intéressées ? […] Le premier et le plus brillant de tous, Lope de Vega, s’y était si peu trompé qu’il avait commencé par se moquer des cultos. […] Le respect même pour sa gloire trompait les plus habiles : témoin La Bruyère, qui, dans le jugement qu’il en a porté, met Œdipe sur le même rang que les Horaces. […] Il est vrai que nous ne le croyons pas d’abord ; nous goûtons plus les doctrines qui flattent cette autre liberté fausse, qui vient de l’humeur et des sens, et qui nous trompe sur ce que nous sommes. […] Tous les poètes d’ailleurs sont enclins à s’y tromper.

724. (1925) Dissociations

Je crois qu’ils se trompent vraiment ceux qui voudraient fermer ce bureau de secours et réduire les hommes à chercher leur appui dans la seule raison. […] La bête ne perçoit même pas qu’on ose vouloir la tromper. « S’en prendre à moi, songe-t-elle. […] Il n’est pas certain que ces derniers ne se trompent pas, mais il n’est pas certain que la victime ne se trompe pas non plus. […] On aurait jugé par là, s’il ne s’était pas trompé, de ses qualités d’observateur. […] La tromperie Je disais hier, au cours d’une conversation, que les hommes sont si bêtes qu’on ne les trompe pas encore assez.

725. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Alceste finit par demander en grâce qu’on daigne au moins prendre quelques soins pour le tromper. […] En voici un exemple : Bajazet, en scène avec Atalide, lui déclare qu’il aime mieux mourir que de tromper Roxane, en lui faisant espérer qu’il l’épousera quand il sera monté sur le trône. […] Ces sermens qui trompaient mon cœur tendre et crédule. […] Voilà Armide sur le théâtre lyrique ; et voilà l’idée qu’on peut se former d’un spectacle qui réunit le prestige de tous les arts ; Où les beaux vers, la danse, la musique, L’art de tromper les yeux par les couleurs, L’art plus heureux de séduire les cœurs, De cent plaisirs font un plaisir unique. […] Passez-moi ce premier mensonge, a dit l’artiste, et je vous mentirai avec tant de vérité que vous y serez trompés.

726. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Un scandale éclate ; un mari trompé demande justice ; quelques jeunes désœuvrés se tuent, laissant leurs poches pleines de mauvais vers ; un romancier fait un livre immoral ; un entrepreneur d’émotions dramatiques exploite sur la scène le reste impur des corruptions d’un autre âge : tout cela, c’est la faute de ce pauvre siècle ! […] Il n’eut fait aucune prédiction, de crainte de se tromper. […] Trompé de plus en plus par les apparences qu’une fatalité singulière semble accumuler contre la princesse, et perdu dans une série d’aventures dont nous voulons laisser la surprise à ceux de nos lecteurs qui aiment le romanesque, tout le reste de son histoire est le récit d’une mystification complète. […] Quintilia se réveille sans trop de surprise, aperçoit Julien ; puis, s’avisant qu’elle avait la poitrine nue, elle n’en témoigne pas un grand trouble et dit : « Mon cher enfant, je te prie de me donner un schall, et puis tu m’expliqueras ce qui t’amène. » Au lieu d’un schall, Saint-Julien, toujours trompé par les apparences, lui jeta ses bras autour du cou… Cette erreur finale faillit lui coûter la vie ; la princesse résista ; puis, comme l’erreur de Saint-Julien se prolongeait fâcheusement, elle y mit fin avec un coup de poignard qui par hasard ne le tua pas. […] Telle est, si je ne me suis pas trompé, la moralité qu’il faut tirer du Secrétaire intime.

727. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Ils se trompent, s’ils s’imaginent en cela avoir le mérite de la difficulté vaincue : il est plus difficile d’écrire et de parler bien sa langue, que de parler et d’écrire une langue morte ; la preuve en est frappante. […] Dans D ou f c g f g, il y aurait donc un mot ou une partie de mot de cinq voyelles, mais cela ne se peut pas, il n’y a point, de mot en latin de cette espèce : donc on s’est trompé en prenant f, c, g, pour voyelles, donc ce n’est pas f, mais m qui est voyelle, et f consonne ; donc b est voyelle (voyez K). […] En second lieu, on peut, sans doute, faire croire aux autres qu’ils voient clairement ce qu’ils ne voient pas ; c’est une espèce de fantôme qu’on leur présente à la place de la réalité : mais on ne peut les tromper sur leurs affections et sur leurs sentiments ; on ne peut leur persuader qu’ils sont vivement pénétrés, s’ils ne le sont pas en effet. […] Les anciens, si je ne me trompe, ont senti cette vérité ; et c’est pour cette raison qu’ils ont traité principalement de l’élocution dans leurs ouvrages sur l’art oratoire. […] Les Romains ont attaqué mon père vers l’Euphrate, et trompé sa prudence ordinaire dans la nuit , etc.

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