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156. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

Pindare est plus sacerdotal que patriarcal, plus épique que lyrique… Mais c’est surtout dans la tragédie antique que l’épopée ressort de partout… Tous les tragiques anciens détaillent Homère. […] Comme Achille traînant Hector, la tragédie grecque tourne autour de Troie. […] Et puisque, du point de vue universel, « la tragédie grecque tourne autour de Troie » et qu’Eschyle appartient au monde antique (épique), comment expliquer la série Orphée-Homère-Eschyle ? […] Il est tel chœur de Sophocle, tel sonnet de la Vita nuova, telle tragédie de Racine, qui résonnent dans l’âme comme le chant d’un dieu d’amour et de douleur ; et tant que l’humanité vivra, elle retrouvera, dans ces syllabes assemblées par un homme disparu, l’immortelle expression d’une âme toujours présente. […] Les emprunts que la tragédie du xviie  siècle fit à Montchrétien et à Garnier sont quantité presque négligeable, quand on les compare avec le rôle que joua la pastorale, d’abord lyrique, puis enrichie d’éléments romanesques.

157. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 489

Quoiqu’il soit fort supérieur dans la Tragédie aux Lemiere, aux Marmontel, aux de la Harpe, &c. on ne peut pas dire qu’il soit un de nos bons Poëtes Tragiques. […] M. de Châteaubrun donna, quarante ans après, trois autres Tragédies, dont deux sont restées au Théatre, les Troyennes & Philoctete, quoiqu’elles ne soient pas exemptes de défauts.

158. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 154

M. de la Monnoye a eu la bonté de comparer sa Tragédie d’Electre & celle de Médée, aux Tragédies de Sophocle & d’Euripide, sur le même sujet ; mais ces deux Pieces sont aussi éloignées de ressembler à celles des deux Poëtes Grecs, que la Muse tragique de MM.

159. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 368

De vingt-deux Pieces de Théatre qu’il a composées, on ne se souvient plus que de Judith & de Jephté, deux Tragédies qui eurent du succès, mais qu’on ne joua plus dès que celles de Corneille & de Racine eurent paru. […] L’Abbé Boyer, pour éprouver si la chute de ses Pieces ne devoit pas être imputée à la mauvaise humeur du Parterre, fit afficher la Tragédie de Judith sous le nom de Pader d’Affezan, jeune Gascon nouvellement arrivé à Paris.

160. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 200

Il n’en est pas de même de ses Tragédies saintes. […] Cet Ecrivain travailla ensuite pour le Théatre Lyrique, où il donna Sylla, Iphigénie, Céphale & Procris, Tragédies, & les Fêtes galantes, Ballet qu’on joue encore de temps en temps, & que ne font point oublier les Nouveautés de ce genre aujourd’hui négligé de plus en plus.

161. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre II. Le Rire » pp. 28-42

Un imprimeur de Paris avait fait une tragédie sainte, intitulée : Josué. […] Quelque temps après, l’imprimeur-auteur fit un voyage en Italie ; il alla voir son ami Bodoni : « Que pensez-vous de ma tragédie de Josué ? […] — Sublimes et parfaitement soutenus, surtout les majuscules. » Bodoni, enthousiaste de son art, ne voyait, dans la tragédie de son ami, que la beauté des caractères d’imprimerie. […] Serait-ce que, comme notre tragédie n’est qu’une suite d’odes 3 entremêlées de narrations épiques 4, que nous aimons à voir déclamer à la scène par Talma ; de même, notre comédie ne serait, depuis Destouches et Collin d’Harleville, qu’une épître badine, fine, spirituelle, que nous aimons à entendre lire, sous forme de dialogue, par Mlle Mars et Damas5 ?

162. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 22, que le public juge bien des poëmes et des tableaux en general. Du sentiment que nous avons pour connoître le mérite de ces ouvrages » pp. 323-340

On pleure à une tragédie avant que d’avoir discuté si l’objet que le poëte nous y présente, est un objet capable de toucher par lui-même, et s’il est bien imité. […] Par exemple, tous ceux qui sont capables de porter un jugement sain sur une tragédie françoise, ne sont pas capables de juger de même de l’éneïde ni d’un autre poëme latin. […] Les tragédies de Corneille et de Racine ne contiennent pas chacune quatre traits pareils à celui de Mithridate que nous avons cité. […] Quand même un des spectateurs d’une tragédie generalement désapprouvée feroit une mauvaise exposition des raisons qui font qu’elle ennuïe, les hommes n’en défereroient pas moins au sentiment general.

163. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 389

Sa Tragédie de Pénélope, restée au Théatre, est aujourd’hui le seul de ses Ouvrages qui ait une apparence de vie. […] Nous remarquerons, au sujet de cette Tragédie, que M.

164. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » p. 292

Après avoir donné une élégante Traduction en Vers d'Anacréon & de quelques autres Poëtes Grecs ; après avoir débuté sur la Scene par deux Tragédies, Ajax & Briseïs, qui n'ont pas eu, à la vérité, beaucoup de succès, mais qui en eussent obtenu davantage, si une Poésie pure, facile, & harmonieuse, pouvoit remplacer le défaut d'intérêt dans l'une, & faire pardonner la trop grande complication d'incidens dans l'autre ; il a renoncé à la carriere du Théatre, & semble avoir fait ses derniers adieux à Melpomene, dans son Appel au petit Nombre, où il prouve à la Multitude qu'elle a tort, avec autant de chaleur & d'énergie, que de littérature & d'érudition. Depuis ce temps, M. de Sivry s'est entiérement appliqué aux Sciences, & la Traduction de Pline le Naturaliste, dont il a déjà publié plusieurs volumes, ne l'exposera pas aux mêmes injustices que ses Tragédies.

165. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Une tragédie espagnole avait suscité le Cid ; une comédie espagnole suscita le Menteur. […] La perfection de la tragédie, selon Racine, c’est de faire quelque chose de rien. […] Il y en a des raisons générales, tirées de la nature même de la tragédie. La tragédie finit par avoir contre elle l’érudition et la mode. […] En outre, comme la convention tient plus de place dans la tragédie que dans la comédie, le public se croit le droit d’y demander plus de changements.

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