La sagesse, la prudence de Frédéric est solide, pratique, humaine, mais terre à terre : on y sent comme le pas appesanti d’un promeneur un peu fatigué· Que dirai-je encore ?
La guerre voyage en grande dame : elle a commencé en Amérique, à présent elle est arrivée dans l’océan et dans la Manche ; elle n’a pas débarqué encore, et si elle prend terre le printemps qui vient, elle pourrait peut-être, pour plus grande commodité, cheminer en litière, de sorte qu’on la verra venir de loin ; et, après tout, on est exposé à tant de hasards dans le cours commun de la vie, que la guerre n’y ajoute qu’un petit degré de plus. […] César fut esclave des pirates, et devint le maître de la terre.
C’est vers ce temps qu’il acquit une terre d’Ormesson (près de Saint-Denis), qui n’est pas la même que celle du même nom en Brie, plus connue, appartenant également à la famille, et il commença de se faire appeler M. d’Ormesson, le nom de Lefèvre étant trop commun. […] Ainsi l’utilité s’accordait avec la sainteté, le ciel et la terre y trouvaient leur compte, ce premier d’Ormesson, homme de tant de sens, et de mérite, eut dès lors, par le crédit de M. de Morvilliers, de grands emplois, toujours dans les finances, une commission extraordinaire et de confiance, qui dura deux ans ; en dernier lieu, il était trésorier général de Picardie, charge qu’il avait achetée du précédent trésorier, M. le général Molé (comme on disait alors par abréviation).
En y réfléchissant, on voit que ce n’est qu’une manière moins prévue de dire ce que chacun sait, — que les diables sur la terre ont d’ordinaire plus d’esprit que les anges, qui souvent sont un peu bêtes. […] La vieillesse est « le Samedi-Saint de la vie, veille de la Pâque ou de la résurrection glorieuse. » — La vieillesse n’est pas « une beauté de la Création » sans doute ; mais elle en est « une des harmonies ». — La vieillesse rappelle le panier de cerises de Mme de Sévigné ; on a mangé d’abord les plus belles, puis on est venu aux moins belles, puis on les mange toutes : ainsi l’on fait des années. — La vieillesse est comme ces trois derniers livres de la Sibylle ; les six autres livres n’étant plus là, ce qui reste en tient lieu et mérite d’être payé autant que tous les autres. — La vieillesse est « le dernier mot de la vérité sur cette terre.
» — « Je désire m’occuper de Mme de Staël, répondis-je alors, parce qu’il me semble que je la sens et la comprends autant que personne ; et bien que sorti de terre à un tout autre endroit et d’une tout autre génération qu’elle, un sentiment d’admiration me dit, ainsi qu’à ceux de mon âge, qu’elle nous appartient à tous. » Depuis des années, j’éprouve un regret fréquent à son sujet. […] Mais, pour être juste envers lui et envers Coppet, ajoutons bien vite que c’est le même homme qui, lorsqu’en juillet 1817 on rapportait les dépouilles de celle qui avait tout animé dans cette noble demeure, et qui, selon le mot de Byron, « l’avait rendue aussi agréable que lieu sur terre puisse le devenir par la société et par le talent », c’est le même Sismondi qui s’écriait dans sa douleur : « C’en est donc fait de ce séjour où j’ai tant vécu, où je me croyais si bien chez moi !
les mots les plus secrets de son cœur, les notes qui donnent la clef de sa nature morale, lui sont échappés dans cette page mouillée d’une larme : « Nous autres Bretons, ceux surtout d’entre nous qui tiennent de près à la terre et ne sont éloignés de la vie cachée en la nature que d’une ou deux générations, nous croyons que l’homme doit plus à son sang qu’à lui-même, et notre premier culte est pour nos pères. […] Les vieux souvenirs de cette race sont pour moi plus qu’un curieux sujet d’étude ; c’est la région où mon imagination s’est toujours plu à errer, et où j’aime à me réfugier comme dans une idéale patrie… Ô pères de la tribu obscure au foyer de laquelle je puisai la foi à l’invisible, humble clan de laboureurs et de marins à qui je dois d’avoir conservé la vigueur de mon âme en un pays éteint, en un siècle sans espérance, vous errâtes sans doute sur ces mers enchantées où notre père Brandan chercha la terre de promission ; vous contemplâtes les vertes îles dont les herbes se baignaient dans les flots ; vous parcourûtes avec saint Patrice les cercles de ce monde que nos yeux ne savent plus voir.
. — De toute terre avez la seigneurie, — d’oiseaux, de bêtes et de toute la maisnie. — Peu vous souciez de qui vous porte envie, — car tout le monde vous sera enclin et soumis. — En votre corps (votre personne) je mets le bien et le mal ; — qui a tel don n’est pas lié à un pal (à un pieu, — c’est-à-dire est libre), etc., etc… » On le voit, Dieu parle d’une manière bien enfantine : nous voilà tombés dans la rue et dans le populaire ; adieu la belle liturgie ! […] Le fruit mangé, Adam sent à l’instant sa faute, et il se baisse contre terre.
Après avoir parlé de la race née aux confins de la terre des monstres, dans la limoneuse vallée du Nil, et de l’autre race dite sémitique, habitante du désert et de l’antique Arabie, après les avoir définies l’une et l’autre, et les avoir montrées fléchissant de respect et de superstitieuse terreur, ou comme anéanties sous la main souveraine en face d’un ciel d’airain, il ajoute, par un vivant contraste, en leur opposant la race aryenne venue du haut berceau de l’Asie, et de laquelle est sortie à certain jour et s’est détachée la branche hellénique, le rameau d’or : « Une autre race encore s’éveille sur les hauteurs, aux premières lueurs du matin ; les yeux au ciel, elle suit pas à pas la marche de l’aurore, elle s’enivre de ce mobile et merveilleux spectacle du jour naissant ; elle mêle une note humaine à cette immense symphonie, un chant d’admiration, de reconnaissance et d’amour ; c’est la race pure des Aryas ; leur première langue est la poésie ; leurs premiers Dieux, les aspects changeants du jour, les formes multiples de la sainte lumière. […] on l’ignore, mais sans doute le plus fort et le plus beau des enfants de la lumière, prend possession de cette terre bénie qui fut depuis la Grèce.
On admire cette drue végétation, cette sève verdoyante, inépuisable, moelle d’une terre généreuse ; mais on lui voudrait parfois plus d’ouvertures et plus d’éclaircies dans ses riches Ardennes. […] Il écrivait dès lors dans les revues et dans les journaux : à la Revue des Deux Mondes, un article sur la philosophie de Jean Reynaud, Ciel et Terre, signala son début ; à la Revue de l’Instruction publique, il débutait par un article sur La Bruyère ; au Journal des Débats, par trois articles sur Saint-Simon.
Retenant quelque chose de son ancien langage de prédicateur, il eût été homme à dire : « Il nous faut un nouveau Ciel, un nouveau peuple, une nouvelle terre. » Cela le conduisit tout d’abord à siéger à la Montagne. […] Si on n’improvise pas des généraux et des officiers pour les armées de terre, à plus forte raison cela est-il vrai pour le service naval qui exige tant de connaissances et une si longue pratique.