Corneille tend plus haut qu’aucun autre poète de son temps. […] C’est d’ailleurs un homme d’esprit ; il a plus de ressources que Sganarelle pour donner une couleur honnête à ses travers ; en revanche son esprit lui tend plus de pièges. […] Tendre sans être romanesque, son bon sens a conduit son cœur ; si Clitandre s’exalte en lui parlant d’amour, elle le ramène au vrai : L’amour dans son transport parle toujours ainsi : Des retours importuns évitons le souci58 . […] On reconnaissait Molière, même de son temps, dans Ariste, de l’École des maris, Ariste, homme déjà mûr, qui doit épouser, comme lui, une fille de seize ans, comme lui tendre et indulgent, avec quelque inquiétude de caractère ; comme lui s’étudiant à contenter les goûts innocents de celle qu’il aime, à gagner son cœur par la facilité et la confiance ; comme lui se flattant de se rajeunir à ses yeux par les soins délicats et les bienfaits. […] Tout ce que Cléante dit du faux dévot, Alceste des méchants, Chrysale du bel esprit, Célimène, qui a son bon côté, des sots qui lui font la cour ; tout ce qui sent la haine des méchants, le mépris des gens à la fois malhonnêtes et ridicules, l’amour du bien, du naturel, du vrai ; tout ce qui est, soit une maxime de devoir, soit un conseil de bienveillance, tout cela est sorti du cœur de Molière ; et tel est, dans ce convenu de l’art des vers, le tour naïf, la facilité, le feu, l’entraînement de ce langage, qu’on croit entendre Molière lui-même, et qu’au plaisir de voir des personnages peints au vrai se joint je ne sais quelle tendre affection pour celui qui les a créés.
Bouilhet nous conte cette tendre histoire sur une Sœur de l’hôpital de Rouen, où il était interne. […] 7 avril À la salle du Vaux-Hall, rue de la Douane, à un assaut donné par Vigneron, qui annonce le Désespoir des bras tendus. […] — Une âme tendre… l’affaire Calas. — Eh ! […] Je regarde et je vois un homme de quarante ans, le haut du corps soulevé par des oreillers, un tricot brun mal boutonné sur la poitrine, les bras tendus hors du lit, la tête un peu de côté et renversée en arrière. […] Il a tendu son poignet noueux où il y a une grosse excroissance.
Seriez-vous assez bon pour me tendre cette main et pour m’aider à parvenir sur la scène ? […] La présence du roi et des princes, cette autre maison de Juda pour la France restaurée, et restaurant avec elle la religion et la poésie de Louis XIV, ajoutait à la puissance de l’impression quelque chose de tendre, d’antique, de miraculeux. […] Je te plains de tomber dans ses mains redoutables, Ma fille. » En achevant ces mots épouvantables, Son ombre vers mon lit a paru se baisser ; Et moi, je lui tendais les mains pour l’embrasser… Mais je n’ai plus trouvé qu’un horrible mélange D’os et de chair meurtris, et traînés dans la fange, Des lambeaux pleins de sang, et des membres affreux, Que des chiens dévorants se disputaient entre eux. […] Dans un âge si tendre, Quel éclaircissement en pouvez-vous attendre ? […] Que du Seigneur la voix se fasse entendre, Et qu’à nos cœurs son oracle divin Soit ce qu’à l’herbe tendre Est, au printemps, la fraîcheur du matin !
Leur organisation tout entière semble être devenue plastique, et tend à s’éloigner au moins en quelque degré de celle du type originel. […] Il est une règle beaucoup plus importante, et à laquelle je crois qu’on peut se fier : à quelque phase de la vie qu’apparaisse pour la première fois une particularité d’organisation, elle tend à réapparaître chez les descendants à un âge correspondant, quoique parfois un peu plus tôt. […] Mais les maladies ou infirmités héréditaires et quelques autres faits me font penser que la règle a une plus large extension ; et que, même lorsqu’il n’y a aucune raison apparente pour qu’une modification particulière survienne à un certain âge, cependant elle tend à revenir chez le descendant à la même époque où elle était apparue chez l’ancêtre. […] Aussitôt qu’elle est pleinement reconnue, et ses progrès constatés, la sélection inconsciente tend à en augmenter lentement les traits caractéristiques, quels qu’ils soient, mais sans doute avec une puissance variable, selon que la race nouvelle acquiert ou perd la vogue, et peut-être encore en certains districts plus qu’en d’autres, selon le degré de civilisation de leurs habitants. […] Il en serait en ce cas, non pas comme de la couleur bleue et des diverses marques propres à la C. livia, qui réapparaissent dans la postérité de celle-ci, reproduisant ainsi les caractères de la souche spécifique, mais plutôt comme des zébrures que l’on voit réapparaître chez les diverses espèces du genre Cheval, et qui tendent à reproduire chez elles quelques caractères de la souche générique (voy.
Il arrive aussi qu’un malheur, la perte d’un ami, la mort d’une maîtresse, coupe le fil qui tenait le ressort tendu ; alors l’être part et va tant que ses pieds le peuvent porter : tout coin de la terre lui est égal. […] Si mon âme est prévenue d’un sentiment tendre, je m’y livrerai sans gêne ; si mon cœur est calme, je goûterai toute la douceur de son repos. […] Sous ces arcades obscures la pudeur serait moins forte dans une femme honnête, l’entreprise d’un amant tendre et timide plus vive et plus courageuse. […] " lorsqu’un tableau de Pausias vous tient immobile et stupide d’admiration, êtes-vous moins insensé que Dave arrêté de surprise devant une enseigne barbouillée de sanguine ou de charbon, la lutte et le jarret tendu de Fulvius, de Rutuba ou de Placideianus ? […] L’intéressant, j’ai presque dit le merveilleux, c’est que le corps lumineux étant supposé au-delà de la toile, dans une direction tout à fait oblique à l’arcade, cette arcade ne laisse passer dans l’intérieur de la ruine, qu’un rideau mince de clarté ; c’est que ce rideau est comme tendu entre des ténèbres qui lui sont antérieures et des ténèbres qui lui sont postérieures.
Ainsi lorsque Moliere fait tendre à Georges Dandin le piége qui amene le dénouement, il nous met de la confidence. […] Grave ou legere, tendre ou badine, passionnée ou tranquille, riante ou plaintive à son gré, il n’est point de ton, depuis l’héroïque jusqu’au familier, qu’il ne lui soit permis de prendre. […] C’est ainsi que dans l’élégie tendre, le sentiment doit être sans cesse animé par les tableaux que l’imagination lui présente. […] On peut bien y faire gémir une mere, une soeur, un ami tendre ; mais si l’on est cet ami, cette mere, ou cette soeur, on ne fera point d’élégie, ou l’on s’y peindra foiblement. […] La Fontaine qui se croyoit amoureux, a voulu faire des élégies tendres : elles sont au-dessous de lui.
Nulle part la mort ne l’appelait, ne lui tendait ses mains fraîches. […] s’écria le jeune Hryciou, les bras tendus vers le ciel et roulant les yeux comme un visionnaire. […] Je ne pus m’empêcher de lui tendre ma main. — Il parut étonné ; il la prit et la pressa avec force. […] Plus timide qu’à notre première entrevue, elle me tendit ses joues fraîches en rougissant. […] En même temps, il sortait un de ses bras du lit et nous le tendait.
Si tendre, il a failli succomber dans la solitude. […] Et jusque dans « votre ardeur à conquérir un tendre objet fragile » votre désir « se nuance de fierté, de beauté, comme on voit chez Racine » car Edith vous l’a permis. […] Puis tout à coup : « Radiguet vous apporte des vers » et le faux enfant qui m’intriguait, ouvrît la bouche, serra les dents, me tendit quelques papiers. […] Imaginons cette rencontre et ce qu’elle doit apporter à l’enfant le plus tendre et le plus intelligent de son pays. […] Et il est, lui-même, si tendre, si charmant.
Je vis paraître, en effet, ce tendre Lyrique chargé de tous ses chefs-d’œuvres. […] Momens heureux, tendre délire ! […] Les tendres accens de Nesselle intéressaient en faveur de Lise. […] Que dirons-nous de la belle & tendre Agnès ? […] Il est naïf, léger, tendre, voluptueux même quand il faut l’être.
Si (ce qui est douteux) quelques relations déjà avaient pu être nouées avant le 18 fructidor, elles ne devinrent intimes et tendres que depuis ces années du retour. […] Bert, Genevois, négociant et très brave homme… S’il me rapporte un oui de vous pour mes projets, je sens que je lui en saurai gré toute ma vie. — Je vous dis mille tendres amitiés pour la troisième fois depuis quatre jours. » « Ce 26 avril (1812 ?). […] Mon intention est qu’on imprime tout, absolument tout, excepté les ouvrages obscènes et ce qui tendrait à troubler la tranquillité de l’État. […] Ô vous que le ciel doua d’une âme si expansive et si tendre, cette erreur est belle sans doute, elle fait honneur à vos cœurs ; mais c’est une erreur cependant, et la raison ne saurait perdre ses immuables droits. […] Pour moi, c’est décidé depuis longtemps, j’ai le plus tendre attrait pour lui, et je pense avec peine que vous le marierez, et qu’il aura des affections nouvelles qui me reculeront de plusieurs degrés.