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560. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Il n’en avait pas le temps. […] Avant que la légende se formât, il était enfin temps, grand temps même, que l’on essayât de fixer la vérité de l’histoire. […] L’œuvre forme un anneau de la chaîne des temps. […] en quel temps le Livre de Job ? en quel temps celui d’Isaïe ?

561. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

J’ai présents à la mémoire en ce moment nombre de ces mots salés et d’une belle amertume, et qui ne demandent qu’à sortir ; il n’est pas temps encore de les donner ; presque tous ses amis politiques y passent ; il ne se gênait avec personne : d’un tour, d’un trait, sans y viser, il emportait la pièce. […] Pasquier, de tout temps et en sachant très-bien se passer de théorie absolue, vit toujours plus clair, et nul régime, de tous ceux qu’il a servis, n’eût péri si vite, si on l’avait écouté. […] Sa souplesse, dont on a trop parlé, avait ses limites, et il savait très-bien retirer sa main à M. de Villèle pour lui avoir manqué de foi, dans le même temps que le duc de Richelieu refusait la sienne au comte d’Artois pour la même cause. […] Pasquier, en un mot, entre les deux grandes voix, les deux gloires de tribune dont j’ai parlé précédemment, et dans l’intervalle, était lui-même un orateur. — Mais j’ai déjà outrepassé toutes mes limites, et il est plus que temps de clore. […] Imposé à l’Université, en qualité d’inspecteur général, dans le temps du triomphe de la Congrégation, il s’y rendit, célèbre d’emblée, et y prit ses grades par une bévue : il crut et il fit imprimer dans je ne sais quel de ses livres que Romulus, après une victoire, avait, consacré Jupiter les armes d’un certain roi Férétrius.

562. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

La Bruyère, qui ne prend de Théophraste que le nom et qui serre de si près les mœurs de son temps, est en cela déjà un écrivain du xviiie  siècle. Voltaire a trop de rapidité et d’à-propos pour s’astreindre à un modèle ; il passe outre et sert hardiment, et sous toutes les formes, les lumières, les idées et les passions de son temps. […] Elle ressemble en cela à la peinture même de son temps, qui est plutôt une peinture de genre que d’histoire, ce qui ne veut pas dire du tout qu’elle soit à mépriser. […] deux heures délicieuses, dans les chemins et sentiers le long de la Saône ; j’étais absorbé dans la contemplation des temps héroïques où Mme Roland a vécu. […] » « Il faudra du temps avant de revoir une telle âme !

563. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Son inconséquence lui valut dans les journaux du temps mille injures. […] En mettant le pied sur la terre d’exil, Malouet ne sait pas se défendre des premières illusions du proscrit et de l’émigré : il croit que c’est pour peu de temps, et que l’excès du mal en amènera le remède. […] La réunion de la Convention et sa façon d’entrer en scène l’avertissent que le temps d’arrêt n’est pas si prochain. […] » Le récit des Mémoires qui se rapporte à ce séjour de Malouet à Londres laisse à désirer : tous les papiers de ce temps ont été perdus ou détruits. […] Les coques étaient faites ; il était plus que temps de travailler à la mâture, et je n’avais pu obtenir de fonds pour faire un atelier de mâture.

564. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Nous ne sommes plus tout à fait aux temps homériques où un nuage allait si bien sur un berceau. […] François de Neufchâteau, qui avait été aussi dans son temps un enfant précoce, adressa à Victor Hugo des vers de félicitation et de confraternité. […] Durant ce même temps, Victor Hugo composait son premier volume d’Odes royalistes et religieuses. […] Aidé de ses frères et de quelques amis, il rédigeait dans ce temps un recueil périodique intitulé le Conservateur littéraire, dont la collection forme trois volumes. […] Hugo n’y comprenait rien : il fallut lui expliquer que, dans le temps, sa lettre avait été décachetée à la poste, et mise le soir même sous les yeux du roi Louis XVIII, comme c’était l’usage pour toutes les révélations de quelque importance .

565. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Ayant passé depuis lors de longues années à Naples, sur cette terre de soleil et d’oubli, il ne s’était pas douté qu’il devenait, durant ce temps-là, ici, un de nos auteurs les plus connus et les mieux aimés. […] Heureux homme, et à envier, dont l’arbuste attique a fleuri, sans avoir besoin en aucun temps de l’engrais des boues de Lutèce ! […] Dante peignait déjà comme on le pouvait faire en son temps ; André Chénier peignait aussi : quoi de plus naturel qu’on tienne les deux pinceaux ? […] car il est tard, la toilette s’achève ; elle eu est aux dernières épingles ; il faut qu’on lui tienne un second miroir : « Je tins quelque temps un second miroir derrière elle, pour lui faire mieux juger de sa parure ; et, sa physionomie se répétant d’un miroir à l’autre, je vis alors une perspective de coquettes, dont aucune ne faisait attention à moi. […] Cette femme d’un esprit si rare augurait mal, il faut le dire, de la publication : elle trouvait, par exemple, que Prascovie arrivée à Pétersbourg perdait du temps, qu’elle n’entendait rien aux affaires ; elle avait horreur de cet homme (Ivan) qui tue une femme, etc., etc. ; son opinion était partagée par plusieurs personnes de sa société.

566. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Depuis quelque temps, un membre tout novice de l’Académie des inscriptions, M. […] Il est temps que cette histoire se fasse ; il est déjà tard ; bientôt on ne pourrait plus. […] C’est là un des préjugés et une des morgues de l’érudition que d’attendre, pour attacher du prix à certains travaux, qu’il ne soit presque plus temps de les bien faire. […] Et quand il achèverait, le temps y met bon ordre en détruisant. Que ce débris vienne du temps ou de l’homme même, c’est bientôt de loin la seule marque qui reste de lui.

567. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

A cette époque unique dans la vie, le génie, qui, depuis quelque temps adulte et viril, habitait avec inquiétude, avec tristesse, en sa conscience, et qui avait peine à s’empêcher d’éclater, est tout d’un coup tiré de lui-même au bruit des acclamations, et s’épanouit à l’aurore d’un triomphe. […] Il renonce assez volontiers à la prétention littéraire de juger les œuvres, de caractériser le talent, et s’en tient d’ordinaire là-dessus aux conclusions que le temps et le goût ont consacrées. […] Les mœurs littéraires du temps ne ressemblaient pas aux nôtres : les auteurs ne se faisaient aucun scrupule d’implorer et de recevoir les libéralités des princes et seigneurs. […] Ces mœurs subsistaient encore du temps de Corneille ; et quand même elles auraient commencé à passer d’usage, sa pauvreté et ses charges de famille l’eussent empêché de s’en affranchir. […] Il avait fini par se figurer qu’il avait été en son temps bien autrement galant et amoureux que ces jeunes perruques blondes, et il ne parlait d’autrefois qu’en hochant la tête comme un vieux berger.

568. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Mais déjà, vers ce même temps, il avait composé son Essai sur le despotisme dans la langue plus générale du jour et avec la part voulue de déclamation et de lieux communs qui circulaient alors. […] À la voir sur le papier, on a le temps de se demander ce que c’est que ces remords qui tapissent une avenue ? […] » Et vers le même temps (22 janvier 1789), il écrivait à son frère le bailli, parlant de son fils : « De longtemps ils n’auront vu telle tête en Provence. […] J’ai aussi sous les yeux le manuscrit d’un essai sur la Tolérance qui l’occupa dans le même temps. […] Les lettres qu’elle adressait à Mirabeau, dans les derniers temps de la captivité, se ressentaient des distractions chétives ou vulgaires qui l’entouraient dans son couvent de Gien.

569. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Mais ce luth lui demandait trop de temps, et, sans y renoncer, elle aima mieux se tourner particulièrement du côté des occupations de l’esprit. […] On lui imputerait trop à elle seule ce qui était le travers du temps. […] D’abord, on n’avait alors aucune idée véritable du génie des divers temps et de la profonde différence des mœurs dans l’histoire. […] Le premier sujet désigné par Balzac même était De la louange et de la gloire : Mlle de Scudéry le traita et obtint le prix, au grand applaudissement de tout ce qui restait de vieux académiciens du temps de Richelieu. […] Car n’oublions jamais l’opinion des gens de goût du temps, et des plus délicats, sur ces ouvrages que nous prétendons réhabiliter, et demandons-nous quelquefois s’ils ne souriraient pas de notre excès de sérieux ?

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