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476. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Son accent respire d’ordinaire la malice, la gaieté, et le conteur grivois nous rit du coin de l’œil, en branlant la tête. […] Mais le poëte confesse, en tête de Psyché, que la prose lui coûte autant que les vers. […] Il est même plaisant de voir quel soin religieux il apporte aux errata : « Il s’est glissé, dit-il en tête de son second recueil, quelques fautes dans l’impression. […] Saint-Évremond, qui cherchait à l’attirer en Angleterre auprès de la duchesse de Mazarin, reçut de la courtisane Ninon une lettre où elle lui disait : « J’ai su que vous souhaitiez La Fontaine en Angleterre ; on n’en jouit guère à Paris ; sa tête est bien affoiblie. […] Je doute qu’il y ait du philtre amoureux pour La Fontaine, il n’a guère aimé de femmes qui en eussent pu faire la dépense. » La tête de La Fontaine ne baissait pas comme le croyait Ninon ; mais ce qu’elle dit du philtre amoureux et des sales amours n’est que trop vrai : il touchait souvent de l’abbé de Chaulieu des gratifications dont il faisait un singulier et triste usage.

477. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Grâce à cet abaissement, de nouveaux arbres montraient leurs têtes ; des coteaux inaperçus tout à l’heure présentaient leurs cimes grises ou verdoyantes. […] Le baron Louis, bonne tête politique, très-opposé d’ailleurs au système continental de l’Empire et grand partisan de la liberté du commerce, trouvait dans M. […] Son morceau sur Law, mis en tête d’une certaine Encyclopédie progressive qui n’alla pas plus loin (1826), mérite d’être tout particulièrement remarqué, et il fut très-lu au moment de la publication. […] Tandis que vous pensez à tant de choses, le canon gronde, votre tête est menacée : mais ce qui est pire, des milliers d’hommes vous regardent, cherchent dans vos traits l’espérance de leur salut. […] Il y avait de quoi jeter hors des gonds de moins pauvres têtes, de quoi pousser de guerre lasse tout ce triste cabinet, ainsi enfermé sous clef dans la Charte, à sauter en effet par la fenêtre, non pas seul, hélas !

478. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

On paraît à la tête des choses : on est à leur suite. […] Un décret de l’Assemblée, après le 10 août, le détrôna, à la tête de ses troupes, à sa première velléité de royalisme. […] La France de 1789 était décapitée ; lui rapporter une tête, c’était s’illustrer par un service. […] Les rêves des publicistes d’aujourd’hui ne trouvent pas d’accès dans ces deux têtes d’hommes d’État, l’une tout expérimentale, l’autre toute militaire. […] Ce fut sa personne qui négocia ; il portait dans sa tête ses instructions : un signe de ses sourcils faisait taire les ennemis de la France.

479. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Il n’y avait pas que la jeunesse qui dût porter à la tête du fils de Victor Hugo… cette jeunesse qui se surfait toujours, et qui nous fait croire, comme disait Chateaubriand dans René, « qu’à chaque respiration de nos poitrines, nous sommes de forcé à créer un monde » ! […] ce n’est pas cette tragédie, toute pathétique qu’elle soit, qui peut nous étonner dans ce père de tant de tragédies, dans ce remueur de choses terribles, qui les pousse pêle-mêle du pied de son génie, comme le fossoyeur qu’il a inventé dans Hamlet remue les têtes et les os de morts à la pelle ! […] Tête peu philosophique de nature, qui n’a pas dans l’esprit ces instruments de précision au moyen desquels un homme découpe le faux avec la netteté qu’il mettrait à découper le vrai et prend sur la pensée, par la supériorité de la formule, un ascendant, fût-il funeste, François Hugo n’a point appliqué à Shakespeare, avec une déduction puissante, les idées captieuses de Carlyle. […] » Que Cuvier, dont l’idée nous porte à la tête et nous grise, ait retrouvé des espèces perdues, cela se conçoit : il allait du connu à l’inconnu, du même au même, — non au différent, — et il tenait dans deux doigts de sa main un petit os, base de ses inductions sublimes. […] Rien ne manque à cette tête, devenue sérieuse, de Henri, pas même, par instants, la mélancolie du repentir et la grandiose beauté de la pensée religieuse.

480. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Elle distribua des prospectus en tête desquels se lisait : MAISON VAUQUER. […] Le lendemain il y dîne en effet, tête à tête avec Mme de Restaud. […] Elle le fascine tellement qu’il effleure involontairement d’un mouvement de tête ses blanches épaules. […] Le bas de sa tête n’offrait point ces creux qui font ressembler la tête de certaines femmes à des troncs d’arbres, ses muscles n’y dessinaient point de cordes, et partout les lignes s’arrondissaient en flexuosités désespérantes pour le regard comme pour le pinceau. […] Ses cheveux simplement tordus sur sa tête étaient retenus par un peigne d’écaille.

481. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Je dis seulement que sa grandeur n’est point faite de son isolement, et que, pour dépasser ses rivaux de toute la tête, il n’en est pas moins de leur famille. […] VI. — Chassang, « Notice », en tête de son édition des Remarques sur la langue française, Paris et Versailles, 1880. […] Hémon, son « Étude sur les comédies de Corneille », en tête de son édition des Œuvres, 1886]. […] Vitu, « Crébillon », notice en tête de son édition des Œuvres, 1885. […] II ; et « Jugements sur Gil Blas et Le Sage », en tête de la Table des Causeries du lundi ; — F. 

482. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Tosti s’en va à Hereford, où Harold avait fait préparer un grand banquet royal, tue les serviteurs d’Harold, leur coupe la tête et les membres qu’il met dans des vases de bière, de vin, d’hydromel et de cidre, et envoie dire au roi : « Si tu vas à ta ferme, tu y trouveras force chair salée, mais tu feras bien d’emporter quelques autres pièces avec toi. » L’autre frère d’Harold, Sweyn, avait violé l’abbesse Edgive, assassiné le thane Beorn, et, banni du pays, s’était fait pirate. […] Au moins revêtez-moi de ma cuirasse, ceignez-moi mon épée, mettez mon casque sur ma tête, mon bouclier dans ma main gauche, ma hache dorée dans ma main droite, afin qu’un grand guerrier comme moi meure en guerrier. » On fit comme il disait, et il mourut ainsi honorablement avec ses armes. » Ils avaient fait un pas hors de la barbarie, mais ce n’était qu’un pas. […] Sigurd coupe la tête de Régin, mange le cœur de Fafnir, boit son sang et celui de son frère. […] On est ému quand on les entend conter comment le vieux « roi embrassa le meilleur des thanes, et lui mit ses bras autour du col… », comment « les larmes coulaient sur les joues du chef à tête grise… Le vaillant homme lui était si cher !  […] La nuit, on y pouvait voir une merveille, du feu sur les vagues  » ; le cerf, lassé par les chiens, « aurait plutôt laissé son âme sur le bord » que d’y plonger pour y cacher sa tête.

483. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Puis il frappa d’une pierre dans la tête Eryalos, qui s’élançait, et dont la tête s’ouvrit en deux, sous le casque solide, et qui tomba et rendit l’âme, enveloppé par la mort. […] Et le Troyen parlait encore, quand la tête tomba dans la poussière. […] Ainsi forcé de se découvrir, l’infortuné Gaulois montre la tête. […] Quand je songe à cela, les cheveux m’en dressent sur la tête. […] Je me sens, quand il m’a baigné, le regard si pur, la tête si claire !

484. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Poésies d’André Chénier »

Un moment, il fut, sans l’avoir recherché, la tête d’un parti et l’organe de l’opinion publique. » C’est ainsi qu’il était compté dans les rangs de la majorité constitutionnelle en 1792, avant le 10 août. […] « À l’âge d’homme, nous dit son nouveau biographe, nous le peignant sans fausse complaisance, il était de taille moyenne ; ses cheveux châtain foncé frisaient naturellement à partir des oreilles, surtout derrière la tête ; il les portait courts. […] Mme la comtesse Hocquart, qui l’avait beaucoup connu (morte depuis peu d’années), disait qu’il était à la fois rempli de charme et fort laid, avec de gros traits et une tête énorme. » Il n’avait que trente-deux ans à l’époque de sa mort ; il paraissait plus que son âge.

485. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XII. Lo Ipocrito et Le Tartuffe » pp. 209-224

Il domine et gouverne le chef de famille Liseo, vieillard à la tête faible, qui ne saurait faire un mouvement sans consulter le saint homme. […] Sous des apparences d’humilité, elle change la religion en astuce et se rend maîtresse des biens, de l’honneur et de l’esprit des gens… C’est un beau trait que celui du démon se faisant adorer comme un saint… Ceux qui me nourrissent, je les loue de leurs œuvres pies, de leurs vertus, de leur charité ; je les rassure sur leurs débauches, sur leurs usures ; rentrant la tête dans les épaules avec un petit ricanement, j’allègue la fragilité de la chair. […] » Bref, tout le monde est content, sauf qu’Ipocrito ne parvient pas à faire sortir de la tête du vieux Liseo la philosophie éphectique dont il l’a « enivré ».

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