/ 1898
220. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VII. De la physique poétique » pp. 221-230

On doit comprendre d’après ce qui précède, pourquoi les descriptions héroïques, telles que celles d’Homère, ont tant d’éclat, et sont si frappantes, que tous les poètes des âges suivants n’ont pu les imiter, bien loin de les égaler. […] Tout ce que nous avons dit sur les pensées, les descriptions et les mœurs héroïques, appartient à la découverte du véritable Homère, que nous ferons dans le livre suivant.

221. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IX. »

Peut-être n’avons-nous d’Anacréon que ses poésies les plus durables, parce qu’elles étaient les plus vulgaires ; peut-être ont-elles été mêlées, dans les âges suivants, de quelques copies inférieures au modèle. […] Je le croirai, par exemple, pour quelques vers qui ne me semblent que le début d’un hymne à la gloire d’Athènes : « Salut, braves105, vous qui avez remporté le grand honneur de la guerre, enfants d’Athènes, habiles cavaliers qui jadis, pour votre patrie aux belles fêtes, avez consumé votre jeunesse, en suivant un parti contraire à celui du plus grand nombre des Grecs ! 

222. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Pour me rendre compte de ce qui en est au juste, je me pose avant tout la question suivante : Cette œuvre transmet-elle un sentiment religieux d’un ordre élevé ? […] Ce chapitre est intitulé de la façon suivante : L’Œuvre de Wagner, modèle parfait de la contrefaçon de l’art. […] Elle ne peut pas être évaluée suivant les catégories du Beau ; elle n’a pas à se soumettre, comme la peinture, la sculpture, l’architecture, à la proportion, à l’harmonie et à la beauté des formes. […] C’est ce que nous allons exposer dans le chapitre suivant. […] Elle n’est pas une suivante, elle n’est pas le produit tardif d’une culture : il faudrait dire plutôt qu’elle est un produit anticipé d’une civilisation future.

223. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Furieux, de ses pas cachés dans ces déserts Leur narine inquiète interroge les airs, Par qui bientôt frappés de sa trace nouvelle, Ils volent à grands cris sur sa route fidèle. » La pensée suivante, pour le ton, fait songer à Pascal ; la brusquerie du début nous représente assez bien André en personne, causant : « L’homme juge toujours les choses par les rapports qu’elles ont avec lui. […] En comparant et en suivant de près ce qu’il rend avec fidélité, ce qu’il élude, ce qu’il rachète, on voit combien il était pénétré de ces grâces. […] Dans une ode sur l’amitié fraternelle, il relève les paroles suivantes : « Un frère pleure son frère avec des larmes véritables. […] Ceci n’est qu’une conjecture, mais que semble confirmer et justifier le canevas suivant qui n’est autre que le sujet de Nina, transporté en Grèce, et où se retrouve jusqu’à l’écho des rimes de la romance : « La jeune fille qu’on appelait la Belle de Scio… Son amant mourut… elle devint folle… Elle courait les montagnes (la peindre d’une manière antique). — (J’en pourrai, un jour, faire un tableau, un quadro)… et, longtemps après elle, on chantait cette chanson faite par elle dans sa folie : Ne reviendra-t-il pas ? […] Il s’arrêta longtemps à contempler leurs jeux ; Puis, reprenant sa route et les suivant des yeux, Dit : Baisez, baisez-vous, colombes innocentes, Vos cœurs sont doux et purs, et vos voix caressantes ; Sous votre aimable tête, un cou blanc, délicat, Se plie, et de la neige effacerait l’éclat. » L’édition de 1833 (tome II, page 339) donne également cette épitaphe d’un amant ou d’un époux, que je reproduis, en y ajoutant les lignes de prose qui éclairent le dessein du poëte : Mes mânes à Clytie. — Adieu, Clytie, adieu.

224. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Cela ne veut pas dire que la littérature, en tâchant avant tout d’exciter ce plaisir particulier qu’on appelle le plaisir esthétique, néglige ou dédaigne les données fournies par la réalité et les résultats acquis par le savoir humain ; elle est obligée d’en tenir compte, et suivant les temps, les genres littéraires, les goûts des individus, elle fait une part plus ou moins large au vrai et au vraisemblable. Cela ne veut pas dire non plus que la science, en s’efforçant de débrouiller le mystère qui nous enveloppe, fasse fi de l’ordre, de l’élégance, du bien dire, de tous les attraits que l’art prête à l’exposé des idées et des faits ; elle aussi, suivant les temps, les matières traitées et les goûts individuels, elle aspire plus ou moins à charmer, ne fût-ce que pour les tenir en éveil, les intelligences qu’elle veut avant tout éclairer. […] Si une science, suivant la définition de Spencer, est du savoir partiellement unifié, la philosophie, ainsi élargie, aspire à être le savoir totalement unifié ; elle rêve de résumer par des lois identiques ou analogues la formation et le développement de l’astre, de la plante, de l’animal, de l’homme, de la société. […] qualifie d’étoile, n’a rien à voir avec l’amour ; comme le tas de boue que nous habitons, elle gravite autour du soleil suivant des lois connues, et pas n’est besoin de lui adresser des adjurations suppliantes pour qu’elle accomplisse sa route accoutumée. […] Par un renversement complet des rôles, les philosophes du siècle suivant se moquent de Descartes, et Diderot, Helvétius, d’Holbach doutent de tout ce qui ne tombe pas sous les sens, nient l’âme et Dieu.

225. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

J’en suis persuadé, moi, à cause des textes suivants, dont je vous fais juges. […] Mais je vous fais juges des textes suivants, qui me font croire que le voyage était imposé à La Fontaine. […] Mais ce qui me fait croire que ces lettres sont bien des lettres avant tout pour MIIe de La Fontaine, et c’est une raison qui suffirait à elle seule, c’est que, pour les publier, il aurait fallu retrancher certains passages trop intimes ; ce qui me le fait croire, ce sont les textes suivants. […] Le notaire, qu’ils ont rencontré tout de suite, en montant dans le coche, à Bourg-la-Reine, est silhouetté de la façon suivante : « Point de moines dans ce coche… » C’était une plaisanterie du temps. […] Celui-ci et ses compagnons ont rencontré, marchant à pied, comme il arrivait si souvent en ce temps-là, sans doute pour monter une côte, ils ont rencontré la singulière compagnie suivante : « Après avoir passé l’Indre, nous trouvâmes au bord trois hommes d’assez bonne mine, mais mal vêtus et fort délabrés.

226. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

Mais si, dans cette expression, nous considérons le premier terme équation , qui nous donne la valeur de équation , nous voyons 41 qu’il surpasse équation de la quantité : équation Or les équations de Lorentz donnent : équation Nous avons donc équation ou équation ou enfin équation équation   Résultat qui pourrait s’énoncer de la manière suivante : Si l’observateur en S′ avait considéré, au lieu de la somme de trois carrés équation l’expression équation où entre un quatrième carré, il eût rétabli, par l’introduction du Temps, l’invariance qui avait cessé d’exister dans l’Espace. […] Mais on apercevra plus clairement ces deux points de la manière suivante. […] Ils ont parlé de leur Espace-Temps en prenant pour accordés les deux points suivants : 1° Toutes les répartitions qu’on y peut faire en espace et en temps doivent être mises au même rang (il est vrai que ces répartitions ne pourront être faites, dans l’hypothèse de la Relativité, que selon une loi spéciale, sur laquelle nous reviendrons tout à l’heure) ; 2° notre expérience d’événements successifs ne fait qu’illuminer un à un les points d’une ligne donnée tout d’un coup. — Ils semblent n’avoir pas tenu compte de ce que l’expression mathématique du temps, lui communiquant nécessairement en effet les caractères de l’espace et exigeant que la quatrième dimension, quelles que soient ses qualités propres, ait d’abord celles des trois autres, péchera par défaut et par excès tout à la fois, comme nous venons de le montrer. […] Voir le sixième paragraphes et suivants du chapitre VI. […] Voir le septième paragraphes et suivants du chapitre VI.

227. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Il ne s’ensuit pas que le souvenir soit impossible sans les mots : le mot n’est jamais qu’un élément du souvenir, remémoré au même titre et suivant les mêmes lois que ses associés. […] Que l’intensité moyenne des idées provoquées par la parole intérieure ou extérieure soit très faible, le fait suivant, que chacun de nous a pu observer sur lui-même le montre avec évidence : la parole intérieure et la pensée se trouvent alors, en quelque mesure, dissociées et, par suite, séparément observables. […] Chacune des trois variétés du bruit de la foudre a trouvé dans la langue française son expression analogique : on dit, suivant les cas, le fracas, le grondement, le roulement du tonnerre ; aucun de ces mots n’est une onomatopée directe. […] J’interprète ainsi le témoignage suivant, malheureusement trop concis : « Un sourd-muet qui n’avait été instruit que fort tard m’a dit que, avant d’être instruit », — c’est-à-dire avant d’avoir appris l’usage d’un langage régulier et conventionnel, — « il pensait toujours par images. « (Romanes, L’intelligence des animaux, dans la Revue scientifique, 4 janvier 1879, p. 628.) […] « suivant la formule célèbre d’Aristote, oudepte noei aneu phantasmatos hè psukhè » : c’est-à-dire « jamais l’âme ne pense sans représentation » (trad. de R.

228. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Sa première brochure sur l’exposition de 1826 avait réussi ; il continua les années suivantes, en abandonnant peu à peu le trop docte jargon d’archaïsme. […] L’année suivante, il publia la première partie du Presbytère 118 ; après quoi il se délecta, non pas, dit-il, à faire des suites à ces deux parties, mais à compléter le tableau dont elles étaient pour lui un fragment. […] L’année suivante, son aïeul meurt, et l’enfant, qui suit le convoi sans trop savoir, se retrouve tout ému aux mêmes lieux. […] Les livres suivants ont grand mérite encore et intérêt, comme nous le devons dire ; mais on s’y enfonce dans le terroir, et ce n’est pas notre affaire, à nous lecteurs toujours pressés et légers. […] Les livres suivants du Presbytère, qui, à cause de leur spécialité et de leur dimension, ne sauraient s’adresser au gros des lecteurs d’ici, ne gardent pas moins, pour nous autres critiques, un intérêt prolongé et un mérite d’art auquel M.

229. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Voulez-vous connaître, d’une époque, son essence même, sa pensée la plus intime, sa vie intellectuelle, sa vie morale, prenez ses poètes : vous trouverez en eux tout cela, et de plus vous y trouverez le germe de l’époque suivante. […] La plupart de nos artistes, suivant capricieusement la pente naturelle de leur génie qui les porte à observer, à peindre, s’abreuvent à ces deux grandes sources de l’art, la nature et l’histoire, tandis que les plus rêveurs d’entre eux, les plus métaphysiciens, cherchent appui et consolation, inspiration et lumière, dans la religion éternelle, la religion du Christ ! […] Les grands hommes qui se succèdent d’une génération à la suivante ne se répètent jamais ; mais lorsqu’ils semblent faire une œuvre opposée, souvent ils se continuent. […] Supposez un poète frappé de cette grande ruine du monde social, comme Boulanger suppose que les générations post-diluviennes furent frappées, après le cataclysme du monde physique, d’un effroi qui, suivant lui, a donné naissance à toutes les religions. […] Ainsi, suivant ton caprice, tantôt tu vois les âmes sortir des corps avec des ailes d’or comme les séraphins ; tantôt, comme les mânes des anciens, ce sont de tristes fantômes, des ombres du corps attachées comme lui à la terre ; et, devant l’ombre silencieuse de ton Napoléon, passent et repassent sans cesse les ombres silencieuses de ses capitaines.

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