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2592. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

Qui refuse à l’auteur de l’Histoire de la Raison d’État et des Révolutions d’Italie ce rare assemblage de facultés qui forment son talent d’originalités complexes et font de lui une sorte de génie composite, un grand artiste, abstrait et poétique, qui prend l’histoire comme un matras et la pétrit à sa fantaisie, quitte à prendre, dans une suprême duperie, pour une éternelle vérité, cette forte fantaisie qu’il a imprimée sur l’histoire ?

2593. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

Voilà ce qui fait de ce livre quelque chose d’une indécence particulière… Avec le xviiie  siècle derrière nous, nous avions vu toutes sortes d’indécences.

2594. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Il y a même, dira-t-on, dans sa conduite, une sorte de générosité : il renonce à Régina pour lui laisser la richesse et l’éclat d’un grand nom. […] Il y a dans son ignorance une sorte d’ostentation que je suis tenté de prendre pour un bouclier. […] Sans vouloir exiger du poète un ordre rigoureux, il est permis du moins de lui demander une sorte d’enchaînement dans les sentiments qu’il exprime. […] Hugo ; il nous semble également impossible qu’une seule et même réponse ne sorte pas de toutes les bouches. […] Aussi, quoique les Voix intérieures soient, à mon avis, très supérieures aux Chants du Crépuscule, quoique le dernier recueil ait sur le précédent un avantage positif, quoiqu’il offre une sorte d’unité implicite, je suis forcé de reconnaître qu’il ne dépasse pas les Feuilles d’Automne par le côté humain, et que, pour l’éclat extérieur, il reste souvent au-dessous des Orientales.

2595. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

» Il y a là de quoi faire frémir toutes les petites-maîtresses de Paris, et cependant, si on y regarde de près, on aperçoit une sorte de délicatesse et même d’héroïsme dans ces sentiments d’Andromaque. […] Dans les premières années de son règne, Néron, environné de sages instituteurs, de personnages respectables, n’osa pas porter jusqu’à cet excès le mépris des bienséances : il se contenta d’instituer toutes sortes de jeux et de spectacles auxquels il assistait toujours avec un grand plaisir ; il fit aussi représenter plusieurs pantomimes nouvelles, entre autres celle des amours de Pasiphaé, exprimée avec une vérité qui fait frémir la pudeur, et donne bien mauvaise opinion de celle du peuple romain., Une vraie Pasiphaé était enfermée dans un simulacre de bois représentant une génisse ; et, au rapport de Suétone, plusieurs spectateurs crurent voir un véritable taureau s’élancer sur cette fausse génisse : Taurus Pasiphaën ligneo juvencæ simulacro abditam iniit, ut multi spectantium crediderunt. […] C’est un défaut sans doute d’avoir ainsi glacé une tirade brûlante par cette historiette de l’enlèvement d’Hélène, et de ses amours clandestins : il en résulte même une sorte de ridicule pour la famille d’Agamemnon, et surtout pour Ménélas, qui n’a pas trouvé dans sa femme ce que la plupart des maris y cherchent. […] Mais si vous m’en croyez, penchons vers la clémence ; Ordonnons par pitié, pour raison de ses faits, Qu’elle entre au cabinet et n’en sorte jamais.

2596. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Mais c’eût été ici par trop grondeur, et rien n’eût absous la bonne grâce du poëte d’aller riposter de la sorte à des désirs de reprise qui lui venaient au nom du jeune talent même que le public avait si vivement adopté.

2597. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Avec des réussites moindres, et par des combinaisons de toute sorte, les éléments qui ont formé les talents principaux forment aussi les talents secondaires : au-dessous de Rousseau, les écrivains éloquents et sensibles, Bernardin de Saint-Pierre, Raynal, Thomas, Marmontel, Mably, Florian, Dupaty, Mercier, Mme de Staël ; au-dessous de Voltaire, les gens d’esprit vif et piquant, Duclos, Piron, Galiani, le président de Brosses, Rivarol, Chamfort, et, à parler exactement, tout le monde.

2598. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

Le vent qui, un instant avant, soufflait des montagnes, avait tourné pendant ma longue station au tombeau du roi ; il soufflait maintenant de la mer, et il m’apportait de la ville une sorte de psalmodie plaintive semblable au gémissement d’une cité en deuil.

2599. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Quant à nous, si nous avions à trouver pour cette sublime libératrice de son pays et pour cette généreuse meurtrière de la tyrannie un nom qui renfermât à la fois l’enthousiasme de notre émotion pour elle et la sévérité de notre jugement sur son acte, nous créerions un mot qui réunît les deux extrêmes de l’admiration et de l’horreur dans la langue des hommes, et nous l’appellerions l’ange de l’assassinat. » XV Si on m’a accusé, avec une sorte de justice, d’avoir jugé historiquement la reine avec une sévérité regrettable mais consciencieuse au commencement de son règne, qu’on lise comment je la réhabilite sur son échafaud.

2600. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

L’on voyait, dans sa manière de saluer et de remercier pour les applaudissements qu’elle recevait, une sorte de naturel qui relevait l’éclat de la situation extraordinaire dans laquelle elle se trouvait ; elle donnait à la fois l’idée d’une prêtresse d’Apollon qui s’avançait vers le temple du Soleil et d’une femme parfaitement simple dans les rapports habituels de la vie ; enfin, tous ses mouvements avaient un charme qui excitait l’intérêt et la curiosité, l’étonnement et l’affection. » XVIII La célébrité de mademoiselle Necker, qui aurait effrayé les hommes supérieurs qui cherchent dans une femme une épouse et non une émule de gloire, éblouissait les hommes médiocres ; ils se flattaient de donner leur nom à une femme qui ajouterait à ce nom le lustre du génie ; ils s’imaginaient qu’un reflet futur de cette gloire rejaillirait sur leur propre médiocrité ; ils oubliaient qu’un homme ordinaire n’est jamais que l’ombre de cet éclat emprunté, que le mari d’une femme célèbre n’a plus même pour abriter sa vie intérieure l’obscurité de son foyer domestique.

2601. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

L’amour qu’il ne veut pas avouer ni aux autres, ni à lui-même, ni à celle même qui l’inspire, se transforme en un sentiment exalté et mystique qui tient plus de la piété que de l’amour, piété humaine dont une femme adorée est l’idole, et qui se fond en une sorte de piété divine pour avoir le droit d’être éternelle ; sentiment très-commun à cette époque et encore aujourd’hui, en Italie, où l’amour est saint ; il a été donné à l’homme de sensibilité ou de génie, avancé en âge, pour le consoler de la jeunesse perdue et pour joindre la vie actuelle à la vie future dans un amour terrestre et dans un amour céleste devenus pour lui un seul amour.

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