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531. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

Seulement, pourquoi cette circonscription et cette limite ? […] ce n’est pas seulement son livre qui est une lanterne magique. […] Ce qui révolte seulement bien plus que l’odieuse crudité des paroles, c’est la froideur avec laquelle on les écrit ou on les fait dégoiser à ses personnages. […] Après les Lettres à Panizzi de Mérimée, c’est un roman de Gustave Flaubert qu’ils ramassent, et qui n’est pas seulement un livre posthume, mais un livre inachevé, et qu’ils publient comme si c’était une œuvre définitivement terminée. […] Seulement, il y a des folies qui donnent au talent d’un homme une outrance d’intensité qui peut monter jusqu’au génie, mais ce ne fut point l’histoire de la sienne.

532. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

En Angleterre surtout, où, grâce à l’aristocratie, la vie élégante se précise et ne se compose pas seulement, comme chez nous, de nuances pâles et subtiles, les écrivains de high life sont nombreux Il y a toute une école. […] Seulement, quand cette vignette est empreinte de la touche spectrale du noir Goya, ou quand elle allonge les spirales ou les perspectives de Martynn dans un espace suffisant à peine pour un premier plan, il faut que l’invention qui l’efface ait une incontestable valeur. […] Seulement, quand Gustave Doré a vaincu la difficulté, il l’a bien vaincue ! […] Balzac, le premier homme littéraire du xixe  siècle, et qui en a fait le premier livre, devait tenter des éditeurs intelligents, qui ne pensent pas seulement à consommer une grande et belle affaire, mais, par-dessus le marché, à s’honorer. […] XI Que de choses il faudra, je ne dis pas pour la racheter, cette faute, mais pour faire seulement passer par-dessus !

533. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Seulement, stylée par sa mère, elle acceptait, sans le dire à Jean-Jacques, des cadeaux de ses riches amies […] Je remarque seulement que la version de Jean-Jacques ne diffère pas radicalement de celle de Diderot. […] Rousseau recule seulement l’époque de la Chute. […] Boileau, ce parfait Honnête homme, se dit seulement « ami de la vertu », ce qui est déjà bien joli.) […] Seulement, il dut plusieurs fois avancer l’argent.

534. (1911) Études pp. 9-261

Alors seulement j’aperçois qu’ils sont différents au point de se contredire. […] Je ne voudrais pas être de ceux qui bientôt l’entendront avec seulement de l’admiration. […] Elle ne vient plus à cause de ce qui la précède, mais seulement à cause d’elle-même. […] non pas cela seulement qui m’est donné, mais encore, mais plutôt tout le reste ! […] seulement nous pourrons connaître, pure et voluptueuse, notre propre vie.

535. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

On s’enferme pendant une quinzaine de jours avec les écrits d’un mort célèbre, poëte ou philosophe ; on l’étudie, on le retourne, on l’interroge à loisir ; on le fait poser devant soi ; c’est presque comme si l’on passait quinze jours à la campagne à faire le portrait ou le buste de Byron, de Scott, de Gœthe ; seulement on est plus à l’aise avec son modèle, et le tête-à-tête, en même temps qu’il exige un peu plus d’attention, comporte beaucoup plus de familiarité. […] Seulement l’art, dans la force de génération qui lui est propre, a quelque chose de fixe, d’accompli, de définitif, qui crée à un moment donné et dont le produit ne meurt plus ; qui ne varie pas avec les niveaux ; qui n’expire ni ne grossit avec les vagues ; qui ne se mesure ni au poids ni à la brasse, et qui, au sein des courants les plus mobiles, organise une certaine quantité de touts, grands et petits, dont les plus choisis et les mieux venus, une fois extraits de la masse flottante, n’y peuvent jamais rentrer. […] Diderot la connut comme voisine, la désira éperdument, se fit agréer d’elle, et l’épousa malgré les remontrances économiques de la mère ; seulement il contracta ce mariage en secret, pour éviter l’opposition de sa propre famille, que trompaient sur son compte de faux rapports. […] Seulement, cette vie de la nature et des êtres, il la laissait volontiers obscure, flottante et en quelque sorte diffuse hors de lui, recelée au sein des germes, circulant dans les courants de l’air, ondoyant sur les cimes des forêts, s’exhalant avec les bouffées des brises ; il ne la rassemblait pas vers un centre, il ne l’idéalisait pas dans l’exemplaire radieux d’une Providence ordonnatrice et vigilante. […] On les avertit seulement que tous les chemins n’ont pour fin que le précipice ; qu’il n’y en a qu’un seul où ils se puissent sauver, et que cet unique chemin est très-difficile à remarquer.

536. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Ce progrès n’est pas seulement extérieur, le langage ne pouvant se perfectionner sans que les idées soient plus claires, plus exactes et plus délicates. […] Plus tard, il revint aux exemples de haute poésie donnés par Ronsard, et bien lui en prit : car c’est dans la haute poésie seulement que Bertaut a laissé des vers dignes d’être épargnés par Malherbe, dans le temps même qu’il biffait Ronsard et Desportes. […] C’est seulement en l’entendant de la forme et du fond, que la théorie de Malherbe frappe également la poésie facile de l’école de Ronsard et certains imitateurs de la poésie difficile de Racine et de Boileau. […] Quand la postérité acquiesce à l’éloge, c’est seulement une preuve glorieuse qu’on s’est bien connu. […] Ses belles odes, d’admirables stances, auxquelles songeait Boileau en écrivant ce vers si expressif : Les stances avec grâce apprirent à tomber ; certaines paraphrases des Psaumes, ne sont pas seulement des modèles de poésie ; ce sont en quelque sorte des institutions de langage.

537. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

Il y a beaucoup de fables qui sont ainsi, où le caractère des animaux disparaît à cause du caractère particulier que La Fontaine leur attribue, parce qu’il songe à un homme et non pas à un animal  Et puis ailleurs il y a des fables — assez nombreuses aussi — zoologiques encore, où l’animal est bien peint pour lui-même, selon la physionomie que La Fontaine a découverte en lui, a cru voir en lui ; et c’est là le vrai La Fontaine ; j’exagère, le La Fontaine le plus intéressant, parce que c’est le La Fontaine qui fait faire un pas et un très grand pas à la fable en en faisant non pas seulement une peinture de l’humanité sous différents masques, mais une peinture de l’humanité inférieure, si vous me permettez le mot, une peinture de l’animalité, avec les traits véritablement caractéristiques et utiles à connaître qu’elle peut avoir. […] S’il n’y mettait seulement Que les gens du bas étage…, etc. […] Mais, s’il a renouvelé la fable, c’est par son génie d’abord, et parce qu’il l’a traitée avec un charme absolument inconnu avant lui ; mais c’est aussi parce qu’il a fait la fable véritablement animalesque, véritablement zoologique, c’est parce qu’il a été, non pas seulement un moraliste, mais aussi un animalier. […] La solidarité parmi les animaux existe donc ; La Fontaine l’a prise seulement d’un certain biais qui n’est pas le vrai. […] Mais ce qui n’est pas faux, ce sont les fables qui sont intercalées dans le Discours à Mme de la Sablière, vous les connaissez, je les rappelle seulement très brièvement.

538. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Mémoires du comte d’Alton-Shée »

Il était seulement indécis sur le choix du lieu où il insérerait cet article, ne pouvant, pour des raisons que l’on comprendra en le lisant, le destiner au Temps. […] C’est seulement dans l’autre partie, signée de son nom, publiée d’abord dans la Revue moderne avant d’être recueillie en volume, qu’il a mis ses opinions plus sérieuses sur les choses et sur les hommes politiques. […] J’aimerais à la citer, mais citer, c’est endosser en quelque sorte, et du portrait je n’ose garantir la ressemblance, mais seulement la vraisemblance.

539. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre II. Le Rire » pp. 28-42

Ce rire-là ne fait rien à l’affaire, ne doit pas entrer dans notre analyse ; il fallait seulement le signaler en passant. […] Seulement, le comique est comme la musique : c’est une chose dont la beauté ne dure pas. […] Il faut qu’on me présente des images naïves et brillantes de toutes les passions du cœur humain, et non pas seulement et toujours les grâces du marquis de Moncade6.

540. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — La synthèse »

Comme on aura pu le remarquer, cette connaissance est jusqu’ici diffuse, analytique, fragmentaire, ne comprend l’ensemble qu’en ses parties et ne l’exhibe que par aspects successifs ; cette connaissance est limitée à son objet qu’elle révèle en lui-même seulement, non dans ses relations et ses effets. […] Chaque détail sera réfléchi sous l’angle de son incidence, chaque moyen rendu par son action, et les effets même de l’œuvre considérés et goûtés à nouveau par un esprit qui saura non plus seulement les discerner mais les ressentir, seront figurés du même coup et mesurés dans la description de leur nature et de leur charme. […] L’analyse esthopsychologique aura montré ces hommes par leurs parties au repos : la synthèse biographique, utile seulement après ce travail, en aura restauré le tout, rétabli le mécanisme de la façon dont il est agissant, productif, se formant et situé.

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