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425. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Méry »

En mettant la main sur cette chaude histoire de Constantinople pour nous essuyer de cet allemand, nous avons senti l’électricité nous reprendre. […] Le caractère du talent de Méry, quand la fantaisie le prend d’écrire l’histoire, est de la sentir et de l’aimer. […] On sent que son catholicisme n’est pas un simple effet de coloris, mais une réflexion de son esprit devant l’Histoire, qui va donner à un talent jusqu’ici plus étincelant que profond la dernière main : la Profondeur.

426. (1904) En méthode à l’œuvre

de qui le poing ramasse nos siècles… Après lui, qui, entre les quatre vents de l’esprit, suprêmement réalise les généralités de l’âme humaine et naturelle, et de qui l’amplitude occidentale nous couve : ne devait-on point se sentir averti. […] Assertion à interpréter en disant que le son pris en lui-même serait ainsi qu’une immatérielle transition entre la matière dépourvue du pouvoir de sentir, et l’organisme-vivant arrivé à l’expression émue de son instinct, en une sorte d’amorphe désir et de pré-volonté : par quoi nous passons au Son-articulé. […] (On ne sut d’ailleurs voir ou sentir que la mesure de douze pieds est en vérité, prétendons-nous, une unité de durée en laquelle évoluent les autres durées.) […] (Nous ne noterons que pour mémoire des assertions vraiment trop puériles que : la mesure du vers est le résultat d’une entente entre la raison, qui organise le mouvement de la parole, et notre pouvoir de sensation qui limite la dite organisation, pour la mieux sentir !) […] (Plastiquement, pour que se sentent davantage des directions de pensée et de musique ascendantes ou déclinantes, nous irons à marquer l’intervalle en cassure du vers, soudainement.)

427. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

Elle sent chaque jour Déloger quelque Ris, quelques Jeux, puis l’Amour ; Puis ses traits choquer et déplaire ; Puis cent sortes de fards. […] Voilà qui sent absolument la communication toute familiale, toute domestique. […] À peine eus-je fait dix ou douze pas que je me sentis forcé par une puissance secrète de commencer quelques vers à la louange du grand Armand. […] Jamais celui d’amour ne s’y fasse sentir…. […] On sent bien que La Fontaine ne tient pas à lier conversation, et à déshabiller l’âme des personnages qu’il rencontre, comme le faisait Stendhal.

428. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

On y sent la sécheresse et le froid du podridero d’où elle est sortie, de cette catacombe qui n’a pas même la majesté silencieuse des pourrissoirs de l’Escurial. […] Elle n’est point, comme celle de tant de gens, la bâtarde de l’esprit, née de ses jouissances et de ses manières de sentir. […] Mais, du moins, dans le style de Janin on sent un écrivain qui aime la langue avec ses entrailles. […] Il ne sentit jamais frissonner et palpiter quelque chose dans la fameuse mamelle gauche de Diderot. […] Car toute rapetissée, toute tassée, toute étouffée qu’elle y soit, on la sent à travers ces lignes qui la diminuent pour qu’elle y tienne.

429. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Et on se sent tout petit. […] On se sent si petit, si totalement insuffisant. […] Lui-même le sentait bien, l’analyste implacable. Croyons qu’il le sentait, qu’il le voyait, qu’il le savait plus que nous. […] Jamais je n’ai eu autant de plaisir à me sentir les mains liées.

430. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

* * * — Nous nous sentons antipathiques à Girardin, comme des gens qu’il estime. […] Quant aux gens qui prétendent sentir les beautés de l’un et de l’autre art, ma conviction est qu’ils ne sentent rien, absolument rien. […] Nous nous sentons vivre dans une hostilité ambiante. […] La sévère et profonde beauté des yeux, qu’on sent plutôt qu’on ne perçoit dans leur cernure d’ombre. […] On déroule, on déroule toujours, toujours, toujours, sans que l’empaquetage semble diminuer, sans qu’on sente, pour ainsi dire, s’approcher du corps.

431. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Il se sentait balancé par deux forces opposées. […] Le peuple sent simple et vrai. […] Est-ce qu’il sent l’affinité de leurs deux natures et se méprise-t-il en lui ? […] Croiriez-vous qu’après la campagne je me sentais le cerveau envahi d’une douce bêtise ? […] Tant qu’on se sent jeune, — vient-il jamais un temps où on ne le sent plus ? 

432. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Il sentait déjà peser sur lui la menace de l’usure physique. […] Les sentez vous sentir ? […] Il n’est que leur existence pensée après avoir été sentie. […] Je me sentais leurs guenilles sur le dos. […] Il a senti leur affection, la chaleur de leur dévouement.

433. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Ils sentent à plein nez leur Lousteau. […] Vous sentez l’harmonie, — ou le contraste, comme vous voudrez. […] On sent que le Crucifié n’a pas froid. […] Anna passe son temps à se regarder sentir, tout en se moquant. […] qu’elle le sent bien !

434. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Anger, Henri Érasme (1866-1931) »

laissez-moi vous dire combien votre petit livre m’a charmé… Ce que vous avez senti, vous le rendez ingénieusement, tel que vous l’avez senti.

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