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460. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 372-383

Tressan, [Louis-Elisabeth de Lavergne Comte de] Lieutenant-Général des Armées du Roi, de l’Académie Françoise, de celles des Sciences de Paris, de Londres, de Berlin, d’Edimbourg, & des Sociétés Royales & Littéraires de Montpellier, de Nancy, de Caen & de Rouen, né dans le Diocese de Montpellier en 1706. […] Jaloux d’ajouter ce genre de gloire à celle que ses aïeux & lui-même se sont acquise dans les armes, M. le Comte de Tressan a consacré à l’étude des Sciences & à la culture des Beaux-Arts, les momens de loisir que lui ont laissés les fonctions de son état. […] … Songez qu’elle est le flambeau de toutes les Sciences, l’ame de toutes les vertus, l’existence réelle des êtres, & que sans elle tout n’est qu’illusion… Je ne me suis attaché, dans ces Réflexions, qu’aux vérités relatives à la marche éclairée de l’esprit humain.

461. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Lépicié » pp. 275-278

Si les phénomènes nous étaient présens, nous pourrions sur-le-champ rendre compte de notre jugement, et nous aurions la science. […] Un même homme a le tact sur certains objets, et la science sur d’autres ; ce tact est préparé par des qualités que la nature seule donne. Parcourez toutes les fonctions de la vie, toutes les sciences, tous les arts, la danse, la musique, la lutte, la course, et vous reconnaîtrez dans les organes une aptitude propre à ces fonctions ; et de même qu’il y a une organisation de bras, de cuisses, de jambes, de corps propre à l’état de porte-faix, soyez sûr qu’il y a une organisation de tête propre à l’état de peintre, de poëte et d’orateur, organisation qui nous est inconnue, mais qui n’en est pas moins réelle, et sans laquelle on ne s’élève jamais au premier rang ; c’est un boiteux qui veut être coureur.

462. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — III »

D’un jeune provincial infiniment estimable et aimable par sa gravité et son sens de la haute moralité, mais, ces qualités-là, il devait les témoigner peu après, avec une force lyrique et une exaltation tout à fait supérieures, dans un volumineux essai sur l’Avenir de la Science, qui dispense des préliminaires qu’on nous communique aujourd’hui.‌ […] Au séminaire il a connu les premières ivresses cérébrales dont est tout soulevé le beau livre qu’il écrivit peu après sur l’Avenir de la Science. […] Renan avait connu une crise de conscience, je crois qu’il faudrait la chercher un peu plus tard, quand il a terminé son essai sur l’Avenir de la Science et qu’après quelques tentatives, il se détermine à se conformer à la conduite dictée par les anciens : « Le philosophe doit sacrifier aux dieux de l’Empire. » Ce que Pascal formulait : « Il faut avoir une pensée de derrière la tête et juger du tout par là, en parlant cependant comme le peuple. » Cet aphorisme constitue le point essentiel du « renanisme » ; c’est à l’adopter que le maître put hésiter, parce qu’il avait l’amour de la vérité et qu’il dut lui en coûter de la taire à demi, comme il fit le plus souvent, dès sa trentième année.

463. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre III. Trois espèces de jurisprudences, d’autorités, de raisons ; corollaires relatifs à la politique et au droit des Romains » pp. 299-308

Trois espèces de jurisprudences ou sagesses Sagesse divine appelée théologie mystique, mots qui dans leur sens étymologique veulent dire, science du langage divin, connaissance des mystères de la divination. Cette science de la divination était la sagesse vulgaire de laquelle étaient sages les poètes théologiens, premiers sages du paganisme ; de cette théologie mystique, ils s’appelaient eux-mêmes mystæ, et Horace traduit ce mot d’une manière heureuse par interprètes des dieux… Cette sagesse ou jurisprudence plaçait la justice dans l’accomplissement des cérémonies solennelles de la religion ; c’est de là que les Romains conservèrent ce respect superstitieux pour les acta legitima ; chez eux les noces, le testament étaient dits justa lorsque les cérémonies requises avaient été accomplies. […] Corollaire relatif à la sagesse politique des anciens Romains Ici se présente une question à laquelle il semble bien difficile de répondre : lorsque Rome était encore peu avancée dans la civilisation, ses citoyens passaient pour de sages politiques ; et dans le siècle le plus éclairé de l’empire, Ulpien se plaint qu’ un petit nombre d’hommes expérimentés possèdent la science du gouvernement .

464. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Votre renoncement à la science va être récompensé par une science supérieure que les savants du monde ne soupçonnent point. […] Plusieurs lui ont échappé, dont une essentielle : la Science. […] La Science et l’Industrie en ont démontré la prodigieuse puissance. […] Le second est la Science. […] C’est maintenant un cas de l’antithèse entre l’art et la science.

465. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

Il ne faudrait pas s’exagérer le rôle du principe de la conservation de l’énergie dans l’histoire des sciences de la nature. […] La science proprement dite n’a donc rien à voir ici ; nous sommes en présence d’une assimilation arbitraire de deux conceptions de la durée qui, selon nous, diffèrent profondément. […]   Ce qui rend la confusion naturelle, et même inévitable, c’est que la science paraît fournir des exemples indiscutés d’une prévision de l’avenir. […] Et l’on ne voit pas d’inconvénient à tempérer ces deux images l’une par l’autre, et à faire prédominer l’une ou l’autre, selon qu’on se préoccupe plus ou moins des intérêts de la science. […] Mais la dissociation de ces deux idées est un fait accompli dans les sciences de la nature.

466. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

La science vous sollicite ? […] Mais qu’est-ce que la science ? […] Ils ont vite compris que le domaine de la science est clos de murs. […] De fait, « la science positive a pour fonction habituelle d’analyser. […] Que nous enseigne en effet la science ?

467. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Introduction »

Spencer, le problème méthodologique n’occupe aucune place ; car l’Introduction à la science sociale, dont le titre pourrait faire illusion, est consacrée à démontrer les difficultés et la possibilité de la sociologie, non à exposer les procédés dont elle doit se servir. […] Un heureux concours de circonstances, au premier rang desquelles il est juste de mettre l’acte d’initiative qui a créé en notre faveur un cours régulier de sociologie à la Faculté des lettres de Bordeaux, nous ayant permis de nous consacrer de bonne heure à l’étude de la science sociale et d’en faire même la matière de nos occupations professionnelles, nous avons pu sortir de ces questions trop générales et aborder un certain nombre de problèmes particuliers.

468. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

La science n’affirme pas que chaque génie est un fou. […] … Naguère la science avait biffé le mot : mystère. […] C’est le contraire de la science. […] A un certain moment, la science a été à la mode. […] Quant à ses réels adeptes, la science n’en a guère perdu un seul.

469. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Il n’y a pas, dans l’histoire de l’esprit humain, un second exemple d’un homme s’élevant à ce haut état de spiritualité, dans l’ordre de la science ; et peut-être, dans l’ordre de la foi, le plus haut état de spiritualité n’est-il pas plus absolument pur de tout mélange de l’imagination et des sens. […] Aujourd’hui, la science n’y compte que quelques vérités évidentes, répandues dans un corps de doctrines jugé faux. […] La science les a recueillies comme des dogmes qu’elle transmet par l’enseignement public, et il ne paraît pas qu’on les ait remplacées ou qu’on puisse les remplacer par des vérités plus évidentes, ni que les réfutations qu’on a essayé d’en faire les aient affaiblies. […] Grandes nouveautés quant à la science de la philosophie, qui admettait encore plusieurs âmes, l’âme sensitive, l’âme intelligible, l’âme végétative, c’étaient aussi de grandes nouveautés dans la littérature. […] Partant de ce principe, qu’il y a plus de biens que de maux dans la vie, il recommande comme nécessaire la science par laquelle on conserve la santé, le premier bien et le fondement de tous les autres.

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