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12. (1890) L’avenir de la science « V »

La science n’a guère fait jusqu’ici que détruire. […] S’il y a quelque chose de fatal au monde, c’est la raison et la science. […] Ce que me donne la science ne me suffit pas, j’ai faim encore. Si je croyais à une religion, ma foi aurait plus d’aliment, je l’avoue ; mais mieux vaut peu de bonne science que beaucoup de science hasardée. […] La science est donc une religion ; la science seule fera désormais les symboles ; la science seule peut résoudre à l’homme les éternels problèmes dont sa nature exige impérieusement la solution.

13. (1890) L’avenir de la science « XIV »

Il n’y aura plus de budget des cultes, il y aura budget de la science, budget des arts. L’État doit subvenir à la science comme à la religion, puisque la science, comme la religion, est de la nature humaine. […] L’État peut même moins, en un sens, sur la science que sur les religions ; car à celles-ci il peut du moins imposer quelques règlements de police ; au lieu qu’il ne peut rien, absolument rien, sur la science. […] Mais elle ne l’est pas ; rien de plus fatal que la raison et par conséquent que la science. […] Le type de cette science de grand seigneur à coups de cravache est M. de Maistre.

14. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

Dira-t-on que la science est une prévision ? […] Dira-t-on que la science est une prévision exacte ? […] On peut dire, à ce point de vue, que la science est une extension des perceptions par le moyen du raisonnement. 2° La science non développée est une prévision qualitative ; la science développée est une prévision quantitative. […] Point de mesure possible pour nos sensations, point de science ; ainsi il n’y a point de science des goûts ni des odeurs. […] Chaque découverte d’une science influe sur les autres.

15. (1890) L’avenir de la science « XIII »

La science, au contraire, avance par des procédés tout opposés. […] Dans l’état actuel de la science, et surtout des sciences philologiques, les travaux les plus utiles sont ceux qui mettent au jour de nouvelles sources originales. […] Une vie suffirait à peine pour épuiser ce qui serait à consulter sur tel point spécial d’une science qui n’est elle-même que la moindre partie d’une science plus étendue. […] Ainsi le pratiquent les sciences physiques. […] Ainsi dans la science.

16. (1890) L’avenir de la science « VII »

Pour moi, je le dis du fond de ma conscience, si je voyais une forme de vie plus belle que la science, j’y courrais. […] Il y a des industriels qui exploitent la science pour leur profit ; ceux-ci l’exploitent pour leur plaisir. […] Toute littérature, toute poésie, toute science qui ne se propose que d’amuser ou d’intéresser est par ce fait même frivole et vaine, ou, pour mieux dire, n’a plus aucun droit à s’appeler littérature, poésie, science. […] C’est donc humilier la science que de ne la relever que comme intéressante et curieuse. […] Car la perfection est impossible sans la science.

17. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

Or, à cette science je ne trouve d’autre nom que celui de philologie. […] Elle est aux sciences de l’humanité ce que la physique et la chimie sont à la science philosophique des corps. […] Comte croit bien comme nous qu’un jour la science donnera un symbole à l’humanité ; mais la science qu’il a en vue est celle des Galilée, des Descartes, des Newton, restant telle qu’elle est. […] Comte croit que l’homme se nourrit exclusivement de science, que dis-je ? […] Comte n’entend rien aux sciences de l’humanité, parce qu’il n’est pas philologue.

18. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Que connaissent-ils de la science ? […] Mais c’est la science que je plains, c’est M.  […] Ce sont les « progrès de la science ». […] Ce sont encore les « progrès de la science ». […] Ce sont toujours les « progrès de la science ».

19. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

Or, ce qui caractérise la science, c’est la méthode : c’est par la précision et la rigueur des méthodes que la science se distingue de la poésie, de la littérature, de la religion, de l’inspiration enfin et du sentiment ; c’est par la diversité des méthodes autant que des objets que les sciences se distinguent les unes des autres. C’est par la méthode que la science réalise ce qui paraît impossible à l’ignorance étonnée. […] Ainsi la méthode est l’arme de la science, comme la science est l’arme de la civilisation. […] S’il s’agit surtout d’une science toute jeune, et qui commence à peine à se constituer en science positive, de la science la plus complexe et la plus délicate d’entre les sciences physiques, de celle qui nous touche de plus près, puisque par un côté elle confine à la médecine, par l’autre à la psychologie et à la morale, on attachera plus d’importance encore à cette entreprise. […] Claude Bernard, « de régenter dogmatiquement » les sciences.

20. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

Ceux-ci déterminent l’idée de la science, non a priori, mais d’après les sciences effectivement réalisées. […] Placé à ce point de vue, on espère, non seulement constituer la psychologie comme science analogue aux sciences physiques, mais la faire rentrer expressément dans le concert des sciences de la nature. […] Cela est l’opposé de la méthode des sciences. […] Elles sont de nature à procurer la science et, par la science, l’empire sur les choses. […] La science, conçue comme embrassant toutes les sciences, n’est qu’une abstraction.

21. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

L’unique cause de la perfection des sciences naturelles, ou, pour parler avec précision, l’unique cause qui fait que ces sciences sont moins imparfaites aujourd’hui qu’elles ne l’étoient dans les temps antérieurs, c’est que nous sçavons plus de faits qu’on n’en sçavoit alors. […] Nous devons au temps tout l’avantage que nous pouvons avoir sur les anciens dans les sciences naturelles. […] Après qu’ils ont eu perfectionné l’astronomie, l’astronomie a perfectionné d’autres sciences. […] Il a même perfectionné d’autres sciences comme la botanique. […] Je comprens ici tant de professions differentes sous le nom de philosophie et de sciences, que je n’ose les nommer toutes.

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