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571. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

La lecture est ainsi faite de ce que nous savons, de ce que nous apprenons et de ce que nous n’apprenons que parce que nous le savions déjà et de ce que nous savons mieux maintenant parce que nous venons de le rapprendre. […] » Un je ne sais quoi nous avertit que peut-être ce n’est pas si faux que nous croyons ; nous nous interrogeons et il arrive souvent que nous nous disions : « du moins, ce n’est pas impossible ». […] Il est certains livres qu’on ne sait guère comment lire et pour lesquels on sent que l’on n’a point de critérium. […] Moi, tout compte fait, je ne saurais trop dire comment il faut lire ces livres-ci. […] Et le lecteur des poètes sait qu’il a le chiffre ou il croit l’avoir.

572. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Enfin, elle ne savait plus. […] On sait avec quelle fidélité M.  […] Nous savons ce que c’est… Et alcoolique ? […] “Je ne sais, dit Renan. […] Mais nous ne sûmes cela qu’après coup ; nous ne sûmes également qu’après coup que l’instrument du crime était une machine.

573. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

C’est à quoi il ne manque pas ; Bernis a le mérite de rester lui-même dans cette correspondance ; il sait entendre la raillerie, et il sait aussi l’arrêter discrètement au moment où elle passerait le jeu. […] Quand les circonstances m’ont poussé comme malgré moi sur le grand théâtre, les lettres ont fait dire à tout le monde : « Au moins celui-là sait lire et écrire. […] Je vous avoue que je suis infiniment curieux de savoir ce que devient une âme comme la vôtre. […] Mais on ne saurait dire aucunement, comme on l’a souvent répété par courtoisie, et comme il le laissait croire assez volontiers, qu’il ait fait cette élection. […] Cet éloge, retardé et ajourné je ne sais pourquoi, n’a été fait que longtemps après par M. de Féletz, qui a eu la même notice à sa disposition.

574. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

L’élite des connaisseurs n’existe plus, en ce sens que chacun de ceux qui la formeraient est isolé et ne sait où trouver l’oreille de son semblable pour y jeter son mot. Et quand ils sauraient se rencontrer, les délicats, ce qui serait fort agréable pour eux, qu’en résulterait-il pour tous ? […]  » Une de ces pensées, par exemple, qui s’inscrivaient toutes seules sur les arbres, sur quelque vieux tronc bien chenu, tandis qu’il se promenait par les bois un livre à la main, la voulez-vous savoir ? […] Voici qui nous touche de plus près : « Avant d’employer un beau mot, faites-lui une place. » Avec la quantité de beaux mots qu’on empile, sait-on encore le prix de ces places-là ? […] A nos poëtes lyriques ou épiques, il semble dire : « On n’aime plus que l’esprit colossal. » A tel qui violente la langue et qui est pourtant un maître : « Nous devons reconnaître pour maîtres des mots ceux qui savent en abuser, et ceux qui savent en user ; mais ceux-ci sont les rois des langues, et ceux-là en sont les tyrans. »  — Oui, tyrans !

575. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Il n’y a pas besoin de critique pour admirer, la nature sait tout et dit tout. Cependant je ne sais quel apprêt, tout en me charmant, me frappait. […] Il regardait la gloire avec assurance, en homme qui en connaissait le prix et qui savait qu’on la regarderait bientôt sur son propre front. […] M. de Chateaubriand avait, nous le savons, un tendre ami, Fontanes ; cet ami était intimement lié avec M.  […] Il dut le savoir et en conserva quelque amertume.

576. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Elles sont extrêmement sensuelles, quelquefois sans le savoir. […] Ce sont des êtres mystérieux tout pleins d’inconnu, dont on peut tout attendre et dont on ne sait jamais au juste ce qui va sortir. […] Mais savez-vous ce qui arrive ? […] Mais je voudrais bien savoir si les trois quarts des amours que nous conte M.  […] Montrez-nous en un au moins qui ne sache pas monter à cheval !

577. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

On ne sait de sa vie que bien peu d’événements. […] Celui-ci sut l’espagnol à une époque où l’on commençait à ne plus le savoir en France, et il y puisa d’autant plus librement comme à une mine encore riche qui redevenait ignorée. […] Collé, qui raconte l’histoire, la savait de bonne source, et il y applaudit en homme qui est un peu de cette race. […] Il sait que l’humanité, en changeant d’état, ne fera que changer de forme de sottise. […] Lesage le savait ; mais, pour paraître à tous ce qu’il était, il ne consentit jamais à se poser à leurs yeux lui-même.

578. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Il ne saurait être indifférent de connaître de près celui qui fut l’antagoniste et qui passa pour le rival de Mirabeau. […] Chacun sait son fameux mot à la foule qui criait en le voyant passer : À la lanterne ! […] Quand je dis que je pourrais les citer, je me trompe, je ne saurais les écrire. […] Le plan qu’il trace d’une oraison funèbre de Turenne, par opposition à celle de Fléchier, a de la beauté et de la grandeur, et on sent qu’il l’aurait su exécuter. […] Voici un rien que je sais d’original, et plus innocent.

579. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

On ne sait ce que deviennent ces eaux qui auraient dû inonder tout le devant de la scène, et vous arrêter dès le premier pas, mais n’importe. […] on ne saurait penser à tout. du même. […] Ma foi, je n’en sais rien. — Je m’ennuie de faire et vous apparemment de lire des descriptions de tableaux. […] On n’en sait rien. […] La peau de mouton sur laquelle sa tête repose est parfaitement traitée, le désordre des oreillers et des couvertures on ne saurait mieux.

580. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

— Mais la question ne saurait se poser avec cette simplicité. […] Nous ne pouvons le savoir. […] Je ne savais pas que j’avais été précédé dans ce rapprochement. […] » Et Giunta voulant en demander plus, il lui dit : « Tu sais et je sais ! […] On sait aujourd’hui que ce prétendu chant (en prose !)

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