/ 1956
1879. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

Ménard, dont la renommée se répand tout à coup dans la littérature savante.

1880. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

On voit accourir de savants artistes avec des sonates merveilleuses, des vagabonds troubadours qui ne savent chanter que des ballades à refrain, des pèlerins qui répètent mille fois les couplets de leurs longs cantiques.

1881. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

  « Je puis vous jurer qu’en vous supposant au milieu de Neuchâtel, dans une grande assemblée, chez Mme du Peyrou, jouant au tricette, ou dans une assemblée de savants Lausannois, au samedi de Mme de Charrière de Bavoie, vous n’aurez pas une adequate idea de l’ennui de cette ville. […] Vous voyez, ma chère grand’mère, tout le mal que votre silence m’a fait : ainsi, si vous vous intéressez à mes progrès, si vous voulez que je devienne aimable, savant, faites-moi écrire quelquefois, et surtout aimez-moi malgré mes défauts ; vous me donnerez du courage et des forces pour m’en corriger, et vous me verrez tel que je veux être, et tel que vous me souhaitez.

1882. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

J’ai vu tel d’entre eux, d’après une armure, un costume, un recueil d’ameublements, entrer dans le moyen âge plus profondément que trois savants mis bout à bout. […] N’y cherchez pas une composition exacte, un intérêt unique et croissant, la savante économie d’une action bien ménagée et bien suivie.

1883. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Il se plaît au beau langage, à la période savante, à la recherche, à l’ornement, et il n’est jamais plus heureux et plus fier que s’il rencontre un grand orateur, à la place même où il ne cherchait qu’un journaliste. […] On se lasse de tout en ce bas monde : l’homme se lasse du pain frais, le savant de l’étude, l’enfant de la bouillie ; le roi même se lasse de son trône : il n’y a que l’Argent qui nous trouve insatiables. — Tu possèdes treize talents, tu en veux seize !

1884. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

Déjà, dans le domaine de la physique elle-même, les savants qui poussent le plus loin l’approfondissement de leur science inclinent à croire qu’on ne peut pas raisonner sur les parties comme on raisonne sur le tout, que les mêmes principes ne sont pas applicables à l’origine et au terme d’un progrès, que ni la création ni l’annihilation, par exemple, ne sont inadmissibles quand il s’agit des corpuscules constitutifs de l’atome. […] Le philosophe doit aller plus loin que le savant.

1885. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Certainement elle viendrait près de moi, si je voulais d’elle ; mais, pour cela, je devais devenir riche, étudier sérieusement, afin d’être savante, au lieu de penser à me sauver du couvent… Oh ! […] Avec une malice diabolique, il glissait, dans un thème latin, quelque faute rare, difficile à remarquer pour un savant médiocre, et, quand le maître avait déclaré que le thème était sans faute : « Vous vous trompez, s’écriait l’élève, devant toute la classe attentive, il y a une faute dans mon thème, et la voici. […] Nous ne soupçonnions pas que, sous cet air inoffensif, elle cachait de redoutables qualités, qu’elle était très savante, possédait des diplômes, et avait déjà été institutrice.

1886. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Et, quel contraste bizarre, absurde, quand on y songe, entre l’ingénuité de cette vieille légende, de ce conte à dormir debout, et la rhétorique pompeuse, emphatique et savante dont Corneille l’a revêtu ! […] C’est par le même irrésistible instinct que, sans nul souci du vrai, du juste et de l’utile, uniquement épris de beauté corporelle, il a poursuivi en littérature les grâces savantes, mièvres, presque sensuelles de l’expression, et qu’il n’a voulu connaître, dans la réalité, que les formes d’où nous vient le plaisir des sens. […] Mais je suis porté à croire qu’il y en a un quatrième presque aussi efficace : c’est d’exprimer en prose savante et difficile ce par quoi l’on est tenté. […] Et, d’un autre côté, l’obéissance entière, infaillible, imperturbable que crée la suggestion constituant un agent d’action d’une force incalculable, on s’en servira pour de grandes œuvres d’intérêt privé ou public, et l’on arrivera ainsi à des résultats où ne peut permettre d’atteindre la soumission incertaine et intermittente que les sages, les savants et les conducteurs de peuples obtiennent à grand’peine des êtres inférieurs. […] Ils affectent de dédaigner les savants, les soldats, les diplomates.

1887. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

En résumé, ce poète si savant et, pourtant, d’âme peu compliquée ; ce grand humaniste qui est « peuple », cet insurgé qui est un Français de la vieille France ; ce superbe Gallo-Romain ; ce poète d’une rhétorique puissante et claire et de sentiments simples, a précisément ce qu’il faut pour agir sur la foule tout en restant très cher aux lettrés ; et la réussite du Chemineau en est un nouveau témoignage. […] Les mots qu’il prononçait jadis d’une bouche savante, il les sentirait maintenant avec son cœur. — Il y aurait été conduit par sa sensibilité nerveuse, par l’image horrible du sang qu’ont fait répandre ses premiers essais de bienfaisance scientifique et léonine. — Puis il se dirait (car nous l’avons toujours vu éminemment scrupuleux) qu’il n’a pas encore expié le crime de son enfance, et que cette bienfaisance, qui consiste à aider les autres en ne songeant qu’à soi, ne saurait vraiment être considérée comme une expiation.

1888. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

L’espace de quarante jours renferme l’action de l’Iliade ; deux mois suffisent à la fable de l’Odyssée ; celles de l’Énéide et de la Jérusalem délivrée remplissent une année ; celles de l’Argonautique et de la Lusiade s’achèvent en moins de six mois ; le Roland furieux n’occupe pas moins de temps que la Jérusalem délivrée ; et le Lutrin accomplit son action en deux jours : au sujet du Paradis perdu il ne faut guère qu’une semaine : mais imitons la réserve du savant Addison. […] Cette unité parfaite n’est pas une des moindres causes du bon enchaînement des épisodes qui s’y assortissent intimement, et de l’effet général du plan qui, ne formant qu’un corps de toute cette épopée, la rend plus attachante que l’Énéide même, dont l’exécution est plus savante et plus belle. […] » Je transcris ce jugement parce qu’il est conforme au nôtre : La Harpe ajoute que l’auteur est aussi éloigné de la plaisanterie douce, et de la franche gaîté de l’Arioste, que de l’heureuse abondance de ses créations : « l’Arioste voulait rire et faire rire, et n’en voulait à rien ni à personne ; et Voltaire en veut toujours à la Bible, aux prêtres, aux moines, à ses critiques, aux savants, aux anciens, à tout, et à tous ?  […] Sa plus éclatante merveille reluit dans la peinture aussi savante que fantastique des enfers où descend Énée.

/ 1956