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1702. (1932) Les idées politiques de la France

Le seul radical autoritaire du cabinet était Cavaignac : petit-fils d’un conventionnel jacobin, fils du général des journées de juin, il avait (sans jeu de mots sinistre) l’autorité dans le sang. […] Mais enfin, comme la mystique héritière, la doctrine, la philosophie et la politique de l’héritage, fournissaient au nationalisme social de Barrès la notion vivante et vécue de la société de sang, calquée sur la famille, ainsi la mystique boursière installe nos professeurs politiques en plein centre et en pleine condition d’une société de pensée, de cette société de pensée qu’est l’école, qu’est par position toute école.

1703. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

A. Notions préliminaires Leçon 1 Objet et méthode de la philosophie Qu’est ce que la philosophie ? Le mot est fréquemment employé. Par cela même, il donne une idée grossière, mais simple de ce qu’il signifie. Philosopher, c’est réfléchir sur un ensemble de faits pour en tirer des généralités.

1704. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Mais, soudain au milieu du déchiffrement de la microscopique écriture de mon frère, pendant les dernières années de sa vie, je me sens un trouble dans les yeux, qui se remplissent de sang.

1705. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Les diverses nuances du rouge évoqueront des idées de joue vermeille, de honte, de lèvres fraîches, de sang répandu. […] Mais si le tableau vous présente quelque personnage allégorique, la Guerre secouant sa torche, l’Espérance levant sa palme, une Hélène à la pose hiératique se profilant sur un ciel de sang, des Filles Saintes diaphanes et comme volatilisées dans une vapeur d’encens, alors prenez garde. […] Une société, dit-il, ne réussit à s’affranchir, dans une certaine mesure, de la tyrannie des conventions, que lorsqu’elle est profondément renouvelée par l’infusion d’un sang étranger ou par de grands mouvements philosophiques et religieux.

1706. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

D’une manière générale, en masse, pour ainsi parler, on retournait au xvie  siècle ; les mœurs des Valois reparaissaient dans le sang des Bourbons ; et la philosophie de la nature — si c’est une philosophie que d’obéir à l’impulsion de nos instincts — triomphait universellement de la philosophie de la contrainte morale. […] Un prince du sang s’occupe de chimie — celui qui va bientôt devenir le régent, — et le bruit court qu’il distille des poisons.

1707. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Les familles selon le sang n’ont pas de droits valables sur la pensée des hommes éminents dont elles portent le nom.

1708. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Sue, pouvait très bien arriver entre les mains de Latréaumont sans coûter une goutte de sang ; d’ailleurs, en la demandant pour la vingtième fois, le chef de la conspiration commet une imprudence inexplicable. […] Il a toujours et partout substitué l’animal au héros, la chaleur du sang à l’espérance exaltée.

1709. (1925) Proses datées

L’affaire s’arrangea et les deux poètes ne croisèrent pas l’épée, comme il m’arriva de le faire quelques années plus tard avec Robert de Montesquieu, à qui j’eus l’honneur, de tirer quelques gouttes de sang. […] Ils allaient ainsi, pouvant à peine marcher quelques heures par jour les jambes en sang, le corps et le visage prodigieusement enflés par la piqûre des moustiques et des maringouins, l’estomac déchiré par les tortures de la faim.

1710. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

S’il a aimé dans la beauté féminine l’artifice et le fard, dans une Jeanne Duval on ne sait quelle nuit immémoriale, quelles primitives ténèbres chaudes de la chair et du sang, ce ne sera là qu’un symbole ou une approximation de cette durée vraie, vivante, consubstantielle à la vie et à l’être de Paris, la durée de ces êtres très vieux et froissés, qui lui paraissent devoir former, comme la capitale même, des blocs, des bancs inépuisables de souvenirs. […] La vraie Madeleine était une créole brune, langoureuse et capricieuse : le sang exotique propre à séduire un compatriote de Loti, cette beauté des îles qui, de Nantes à Bayonne, sur la côte ouverte vers les riches Antilles d’autrefois, a laissé tant de souvenirs et allumé tant de passions.

1711. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Je vous en prie : écartez si cela vous est possible, par la pensée, ce grand nom de Molière qui vous impose et qui vous gêne ; chassez de votre souvenir tant de dithyrambes que vous avez lus à propos de Don Juan ; rompez avec une vieille habitude d’admiration générale qui a, en quelque sorte, passé dans notre sang ; figurez-vous que Don Juan est une pièce nouvelle d’Augier ou de Dumas fils, et qu’on la joue pour la première fois sur un théâtre, et regardez-la avec des yeux frais. […] Ce n’est pas la coquetterie féroce de Célimène qui s’en va chercher les amoureux, joue avec eux comme le chat avec la souris, leur déchire le cœur d’un coup de patte, et se lèche les lèvres de plaisir à voir le sang couler. […] Très agacé, très surexcité, on a eu beau l’arrêter une minute, son sang était en mouvement ; aussi se monte-t-il assez vite ; il ne laisse plus la parole à Trissotin ; il parle vite et longtemps, en homme qui se laisse aller à l’emportement du discours ; une insolence en amène une autre, et il est tout à fait exaspéré, quand il en arrive à la fameuse apostrophe : Il semble à trois gredins… Qu’il conserve même alors le bon ton et les formes exquises du courtisan, je le veux bien.

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