Avec une résolution brusque, je m’étendis sur la table, allongeant les bras pour saisir le verre, à demi plein de vin, que j’empoignai à deux mains, puis, échappant à ma nourrice, je me glissai à terre. […] Une indicible épouvante me saisissait, cependant, quand ma nourrice s’approchait du puits, se penchait vers le gouffre retentissant, pour descendre et remonter le seau, lourd et ruisselant, où sonnaient des chaînes. […] C’était là qu’on m’enfermait, quand je n’avais pas été sage et qu’on pouvait me saisir à temps. […] La sœur Fulgence les saisissait, vous faisait mettre à genoux, troussait vos jupes et vous fouettait d’une main alerte. […] Siau s’était assis et avait saisi son violon.
D’ailleurs, les saisissons-nous jamais, les génies étrangers, dans leur dernière signification ? […] Nous allons en saisir une preuve de plus. […] Il suffit qu’ils la saisissent, cette Société, sous cette forme immédiate et accessible à toutes les intelligences parce qu’elle l’est à tous les cœurs, qui est la Nation. […] Nous saisissons ici une preuve nouvelle de l’aberration que représente tout programme, conçu au rebours de la nature. […] Entre cette extase béate, trop voisine de la niaiserie, et qui affirme la perfectibilité indéfinie contre l’évidence, d’une part, et, d’autre part, un pessimisme qui nie tout progrès contre l’évidence également, il y a un point de vérité à saisir.
Ce n’est pas la première fois dans le cours de l’histoire que la terreur de la fin du monde saisit les esprits. […] Il ne faut pas qu’on y ressente le calme que l’on éprouve devant un ensemble facile à embrasser du regard, l’aise qui berce votre esprit quand vous saisissez immédiatement tous les détails de ce qui vous entoure. […] Le désir de saisir sans lacunes l’ensemble du monde phénoménal est irrésistible, mais la possibilité d’aperceptions personnelles est restreinte même dans le cas le plus favorable. […] L’homme sain est capable de tirer de ses perceptions immédiates des aperceptions à contours nets et de saisir leur véritable rapport. […] Tous deux révèlent la même inaptitude à saisir la réalité de l’univers et à comprendre qu’il n’est pas possible d’atteindre, sans travail physique, la fortune, et, sans effort intellectuel, la vérité.
Le premier peut saisir la nature dans un mouvement qui ne s’achève pas, tandis que le décorateur sera obligé d’achever le mouvement, ce qui est incompatible avec l’immobilité décorative. […] De telle sorte que, sur un million de spectateurs, il n’y en aurait probablement pas un qui fût susceptible de saisir, à mille ans près, des différences dans les modes chinoises. […] Cet exemple est de nature, il me semble, à faire saisir toute l’importance de la mise en scène. […] En apprenant la mort de Thésée, Phèdre reste saisie, immobile, silencieuse, ouvrant l’oreille aux perfides conseils d’Œnone, qui ne vont que trop au-devant du coupable espoir qui lui fait horreur. […] Mêlé à la foule, il imite Malherbe qui allait étudier sa langue au port au foin, et, à la poursuite du réel, il saisit la vérité partout où il la rencontre, dans les assommoirs aussi bien que dans les alcôves des femmes perdues.
Au milieu de la grossièreté des mœurs, nous comprenons par là l’une des délicatesses de l’honneur féodal ; nous en sentons les nuances, et nous mesurons la force du nœud mieux que nous ne l’aurions pu par toutes les définitions ; nous saisissons aussi des accents de nature profonde et d’humanité : ces hommes à la rude écorce et au cœur de chêne avaient des fibres tendres et savaient pleurer. […] Quand Bernier voit la chose si empirer, Tel deuil en a qu’il pense perdre le sens : Là on l’eût vu saisir son écu ; L’épée nue, (il) est venu au moutier ; À travers l’huis vit la flamme rayonner.
Ces peintures de La Fontaine, si courtes, valent les plus grands tableaux ; car tout le talent de l’artiste consiste à saisir le trait exact, qui montre dans un objet le caractère intime. […] Sèche, maigre, vêtue de noir, la taille mince et serrée, toujours prête avec ses six pattes à courir et à saisir, elle est économe, disciplinée, diligente, infatigable. — Le cochon est un hidalgo et s’appelle don Pourceau, parce qu’il a « son toit et sa maison », et qu’il y vit fièrement, oisif et dans la crasse. — Les grenouilles ont presque toujours un sot rôle ; mais on trouve qu’elles le méritent quand on a vu leurs gros yeux ronds stupides, leur corps niaisement ramassé sur leurs jambes, ou ces jambes tout d’un coup écartées et pendantes lorsqu’elles sautent éperdues dans leurs marais. — Les canards se sont conduits avec la tortue en commis-voyageurs.
Pour saisir l’ensemble des espèces minéralogiques, il faut considérer d’avance un solide régulier en général, ses faces et ses angles, et dans cet abrégé apercevoir les innombrables transformations dont il est capable. Pareillement, si vous voulez saisir l’ensemble des variétés historiques, considérez d’avance une âme humaine en général, avec ses deux ou trois facultés fondamentales, et dans cet abrégé vous apercevrez les principales formes qu’elle peut présenter.
Dans les temps extrêmes, le gouvernement est, non de droit, mais de fait, partout où on le saisit. […] « Le bourreau, plus tremblant qu’elle, fut saisi d’un frisson qui fit hésiter sa main en détachant la hache.
Fior d’Aliza (suite) Chapitre VI (suite) CLXXXII À ces mots, la jeune Maremmaise poussa son amant à gauche, dans un sentier qui menait à la mer ; quant à elle, elle saisit le tromblon, la poire à poudre, le sac à balles et le chapeau pointu du brigand, et, se jetant à gauche, sous les arbustes moins hauts que sa tête, elle se mit à tirer, de temps en temps, un coup de son arme à feu en l’air, pour que la détonation et la fumée attirassent les sbires tous de son côté, et laissassent à son compagnon le temps de descendre par où on ne l’attendait pas, vers la mer ; elle laissait voir à dessein son chapeau calabrais par-dessus les feuilles, pour faire croire aux gendarmes que c’était le brigand qui s’enfuyait en tirant sur eux. […] … Aucun bruit ne sortit de la loge du meurtrier, je compris à ce silence que mon intention avait été saisie par Hyeronimo, et que je pouvais, sans danger, laisser la zampogne, reprendre ma cruche et ouvrir le cachot.
N’est-ce pas pour l’amour de moi que tu as saisi le tromblon à la muraille et tiré ce mauvais coup pour venger mon sang sur ces brigands ? […] CCXXXII Mais quand ce message muet eut été ainsi échangé entre nous, je ne pus contenir toute ma joie en moi-même, je saisis toute joyeuse la zampogne suspendue au dossier de mon lit ; sans y chercher aucun air de suite, je lui fis rendre en désordre toutes les notes éparses et bondissantes qui répondaient, comme un écho ivre, à l’ivresse désordonnée de ma propre joie : cela ressemblait à ces hymnes éclatantes que l’orgue de San Stefano jette, parfois, les jours de grande fête, à travers l’encens du chœur, et qui sont comme le Te Deum de l’amour !