/ 1458
263. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 13, qu’il est des sujets propres specialement pour la poësie, et d’autres specialement propres pour la peinture. Moïens de les reconnoître » pp. 81-107

Il peut bien, en donnant à Cornelie une contenance convenable à sa situation et à son caractere, nous donner quelque idée de ses sentimens, et nous faire connoître qu’elle parle avec une grande dignité ; mais la pensée de cette romaine, qui veut que la mort de l’oppresseur de la republique soit un supplice qui puisse épouvanter ceux qui voudroient attenter sur la liberté, et non pas un crime détestable, ne donne point de prise au pinceau. […] Les principaux évenemens de l’histoire des grecs et de celle des romains, ainsi que les avantures fabuleuses des dieux qu’adoroient ces nations, sont encore des sujets generalement connus. La coutume établie maintenant chez tous les peuples polis de l’Europe veut qu’on fasse de l’étude des auteurs grecs et romains l’occupation la plus serieuse des enfans.

264. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre I. Querelle des Anciens et des Modernes »

Le premier éloignait de l’antiquité, et poussait la raison moderne à ne compter que sur soi : le second ramenait à l’antiquité, et invitait le génie moderne à s’appuyer toujours sur les exemples des Grecs et des Romains. […] La querelle des anciens et des modernes éclata par son poème du Siècle de Louis le Grand, qu’il lut à l’Académie le 26 janvier 1687, Les Régniers, les Maynards, les Gombauds, les Malherbes, Les Godeaux, les Racans, … Les galants Sarrazins et les tendres Voitures, Les Molières naïfs, les Rotrous, les Tristans, étaient mis au-dessus des poètes grecs et romains.

265. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

Le premier fut pour un jeune prélat romain quelle appelle du nom de Jérôme, et qui la séduisit à cette heure de la vie où les jeunes filles se prennent à autre chose qu’à de la froideur d’intelligence et à une étendue de connaissances qu’elles ne peuvent pas mesurer. […] Car tel il était ce prélat romain, ce froid pédant de haute futaie qui, s’il n’avait pas le respect de sa robe, en avait du moins l’ambition.

266. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Meurice » pp. 231-241

Césara, l’ennemi de l’Église romaine, meurt révolté, mais béni par l’Église romaine, plus forte que lui.

267. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVIII. Siècle de Constantin. Panégyrique de ce prince. »

Constantin fit rouvrir les écoles d’Athènes, il honora les lettres, il les cultiva lui-même, mais comme on pouvait les cultiver dans son siècle, et parmi les occupations de la guerre et du trône ; l’éloquence romaine était alors très affaiblie ; l’éloquence grecque se soutenait. […] C’est la première fois sans doute qu’un orateur romain a donné des leçons de lâcheté à un prince.

268. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Ce qui me frappe dans cet article de début (maiden-article), c’est le choix du sujet, et je ne puis m’empêcher d’y voir un augure présageant le genre d’études romaines qui seront la dernière et suprême occupation de sa vie. […] De polémique, il n’en a jamais fait que dans ses dernières années quand il s’avisa de déclarer la guerre à un gouvernement, — une guerre d’allusions à travers l’histoire romaine ! […] Initié à ce degré et mûri, il n’y put tenir, et il se dit un jour de récrire toute l’histoire romaine d’un bout à l’autre, depuis et avant Romulus jusqu’aux derniers empereurs, et en s’aidant à chaque pas, en s’autorisant des monuments de toute nature invoqués en témoignage. […] Le peuple romain était fatigué, tu as profité de sa fatigue pour l’endormir. […] Rome ne l’aurait pas si fort captivé, ni transformé jusqu’à la moelle en citoyen romain ; Paris serait resté son centre et sa capitale, il n’aurait plus fait l’école buissonnière en grand.

269. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

C’est seulement de l’époque romaine que date la multiplication des statues isolées et sans destination architecturale. […] L’Asie Mineure, la Syrie et l’Égypte ont été perdues pour l’Église en même temps que pour l’empire romain et la civilisation grecque. […] Ce monstrueux mélange de cruautés et de débauches qui signale les mœurs de l’empire romain est particulier à la nature romaine, qu’il faut distinguer soigneusement de celle des Grecs dans le procès fait à l’antiquité. […] Est-ce, comme chez Alexandre, le poétique enivrement que lui aurait versé quelque Iliade romaine ? […] Non : tout est plus simple, plus positif, plus pratique, plus conforme à la sagesse romaine, dans les ressorts du génie de César.

270. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Qu’est devenu le bruit des peuples d’autrefois, Des antiques Romains et des citoyens-rois ? […] Mais les Romains avaient sous les yeux les originaux qui, à la rigueur, pouvaient dispenser d’Horace, tandis qu’à nous, Horace nous en tient lieu. […] Dans un article sur les Études d’Histoire romaine de M. Mérimée, M. de Rémusat, vengeant les anciens Romains de quelques accusations trop promptes, a dit : « Auprès des vices de Rome, au déclin même des anciennes mœurs, que d’exemples de dignité, d’empire sur soi, de mépris de la souffrance et du danger ! […] A les juger dans l’ensemble, les Romains n’ont point usurpé cette admiration traditionnelle qui s’attache à leur nom.

271. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

. — La satire romaine. — VIII. […] Le patriotisme était la seule vertu et la seule passion d’un bon citoyen romain. […] Mais la Cité romaine était une divinité antérieure et supérieure à tous ses grands hommes. […] C’est là, c’est dans ces satires fines et animées que l’on doit voir la véritable comédie romaine, non dans le théâtre de Plaute et de Térence, qui est d’origine grecque. […] Être exclusivement Romain dans le sens abstrait du terme, ne représenter dans sa personne et par son énergie propre, que l’État romain, c’est là ce qui fait le sérieux et la dignité de la vertu romaine .

272. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

De bonne heure il conçut l’idée de naturaliser dans la littérature et la poésie romaine certaines grâces et beautés de la poésie grecque, qui n’avaient pas encore reçu en latin tout leur agrément et tout leur poli, même après Catulle et après Lucrèce. […] Je trouve dans l’ouvrage d’un exact et ingénieux auteur anglais une description du domaine de Virgile, que je prends plaisir à traduire, parce qu’elle me paraît composée avec beaucoup de soin et de vérité : « “La ferme, le domaine de Virgile, nous dit Dunlop (Histoire de la littérature romaine), était sur les bords du Mincio. […] « Si Pollion, comme on le croit, avait conseillé à Virgile d’écrire les poésies bucoliques, qu’il mit trois ans à composer et à corriger, ce fut Mécène qui lui proposa le sujet si romain, si patriotique et tout pacifique des Géorgiques, auquel il consacra sept années. Sur ce conseil ou cet ordre amical donné par Mécène à Virgile, et dont lui seul pouvait dignement embrasser et conduire le difficile labeur, l’un des hommes qui savaient le mieux la chose romaine, Gibbon, a eu une vue très ingénieuse, une vue élevée : selon lui, Mécène aurait eu l’idée, par ce grand poème rural, tout à fait dans le goût des Romains, de donner aux vétérans, mis en possession des terres (ce qui était une habitude depuis Sylla), le goût de leur nouvelle condition et de l’agriculture. […] Sur les dehors du temple se verront gravés dans l’or et dans l’ivoire les combats et les trophées de celui en qui se personnifie le nom romain.

/ 1458