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760. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

Il est vraisemblable au reste que le Grand Nuage (Nubecula major) n’avait pas échappé à l’observation pénétrante des Arabes ; c’est très probablement le Bœuf blanc, el Bakar, visible dans la partie méridionale de leur ciel, c’est-à-dire la Tache blanche dont l’astronome Abdourrahman Sofi dit qu’on ne peut l’apercevoir à Bagdad ni dans le nord de l’Arabie, mais bien à Tehama et dans le parallèle du détroit de Bal-el-Mandeb. […] Je cherche des noms pour te nommer, des formes pour t’incarner, des limites pour te contenir, des couleurs pour te peindre, et, n’en trouvant point que tu ne dépasses, je me tais, je me confonds, je reste ébloui et muet de ton incorporéité ! […] Il comprend qu’elle reste jusqu’à présent l’héritage exclusif de l’homme des arbres, — le singe. […] Bates va expliquer ce qu’il peut y avoir de vrai là-dedans : « Dans ces forêts tropicales, chaque plante, chaque arbre, semble rivaliser avec le reste à qui s’élèvera plus vite et plus haut vers la lumière et l’air, branches, feuillage et tronc, sans pitié pour le voisin. […] Les feuilles pinnées, comme dans le reste de la famille, que cette forme caractérise, sortent du stipe à de grands intervalles, au lieu de se réunir en couronne, et portent, à la pointe terminale, de longues et nombreuses épines courbes.

761. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Olivier, lui, n’hésite pas ; il emploie d’abord l’insinuation, le demi-mot, l’ironie ; mais l’Africain reste invulnérable à ces armes légères de la plaisanterie parisienne ; elles le froncent sans l’entamer, ses traits se tendent, sa physionomie s’assombrit, sa voix redevient âpre, brève, menaçante ; il demande des preuves. […] Pour écrire, elle empruntait les pattes de mouche de madame de Santis, et voilà Olivier bien petit garçon quand M. de Nanjac lui prouve, par écrit, l’innocence de sa maîtresse ; il ne lui reste qu’à tout démentir, tout affirmer et tout reconnaître. […] Mais il lui reste un espoir : si M. de Jalin l’aimait ? […] Ainsi la comédie reste parisienne jusqu’au bout, c’est-à-dire raffinée, précieuse, élégante, et sachant traverser la boue d’un pied de déesse marchant sur les nues. […] Il est d’une cruauté si polie, dans sa lutte avec la baronne, il mêle tant de finesses et de drôleries parisiennes à ses mauvais tours, il assaisonne, d’un si vif esprit, les amères déboires qu’il fait avaler, que ce duel d’homme à femme, cruel au fond, reste léger et presque gai à la surface.

762. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

L’imitation fait le reste : celui qui ne peut créer partage à demi, en imitant le créateur, les joies de la création. […] Cependant cette situation est loin d’être générale et, à défaut du bas peuple, il reste assez de bouches françaises pour que l’envahissement de l’argot ne puisse, de longtemps, être considéré comme un danger. […] Il reste dans l’anodin et dans l’anecdote, vitupère castrole et note que, remplacé par gerbe, le mot bouquet tombe en désuétude. […] Quels que soient les changements et, si l’on veut, les déformations que l’usage lui impose, une langue reste belle tant qu’elle reste pure.

763. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Au reste, cet usage dura peu chez les Grecs, c’était dans les chœurs que les poètes portaient le plus loin la licence, et c’est sur les chœurs principalement que tombe la réforme qui sert d’époque à la comédie nouvelle. […] Au reste, on a discuté ce beau morceau, avec la dernière rigueur, dans la dernière édition de Despréaux, à cause de l’excellence de l’auteur ; mais les critiques qu’on en a faites, toutes bonnes qu’elles puissent être, ne tournent qu’à la gloire des talents admirables d’un illustre écrivain, qui, dès l’instant qu’il commença de donner ses tragédies au public, fit voir que Corneille, le grand Corneille, n’était plus le seul poète tragique en France. […] Or, pour dire ce qui me semble de cette composition, il faudrait que l’autre acteur, après la parole prononcée d’une voix fort haute par celui qui ferait ce monologue, dît quelques paroles d’étonnement et de joie, selon le sujet, et qu’il se fâchât de ne pouvoir ouïr le reste ; quelquefois même, quand l’acteur qui ferait le monologue retiendrait sa voix, il faudrait que l’autre remarquât toutes ses actions, comme d’un homme qui rêverait profondément et qui serait travaillé d’une violente inquiétude. […] Aujourd’hui, les monologues conservent la même mesure des vers que le reste de la tragédie ; et ce style alors est supposé le langage commun : mais Corneille en a pris quelquefois occasion de faire des odes régulières, comme dans Polieucte et dans le Cid, où le personnage devient tout à coup un poète de profession, non seulement par la contrainte particulière qu’il s’impose, mais encore en s’abandonnant aux idées les plus poétiques, et même en affectant des refrains de ballade où il fallait toujours retomber ingénieusement. […] Émilie reste avec sa confidente.

764. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

Or, en procédant ainsi, non seulement on reste dans l’idéologie, mais on donne comme objet à la sociologie un concept qui n’a rien de proprement sociologique. […] Il serait aisé de montrer que, dans chacun des problèmes particuliers qu’il aborde, sa méthode reste la même. […] Et ce n’est pas seulement dans les problèmes les plus généraux de la science que cette méthode est suivie ; elle reste la même dans les questions spéciales. […] C’est ce même progrès qui reste à faire à la sociologie. […] Au reste, il n’est pas de science qui, à ses débuts, n’ait rencontré des résistances analogues.

765. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Elle reste encore presque naturelle dans cette fonction artificielle, presque humaine dans ce bizarre métier. […] Je les vois crouler tous et je reste meurtrie. […] Le reste du livre est insignifiant ; la forme même n’est soignée qu’au début et à la fin. […] Au reste, c’est peut-être lui qui écrit les articles ou elle qui prépare les conférences. […] Malgré le « presque » et le sourire de Renan, l’éloge reste un peu gros.

766. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

. — Laissez tout le reste à mes soins. […] Retourne à la porte, et restes-y jusqu’à ce que nous t’appelions. […] Reste donc avec nous. — Le couchant luit encore de quelques traits du jour : c’est le moment où le voyageur attardé pique avec ardeur pour gagner l’auberge située à la fin de sa journée ; et celui que nous attendons ici en approche de bien près. […] Oui, seigneur, de toute vérité. — Mais pourquoi Macbeth reste-t-il ainsi saisi de stupeur ? […] Jamais portion de fortune ne fut plus sacrée ; elle est encore confondue dans le peu qui me reste, et forme à Saint-Point le complément du victuaire de couvent annexé au château pour l’éducation rurale d’une cinquantaine de jeunes filles des champs.

767. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

Les larmes sont pardonnables deux ou trois fois dans la vie, le reste du temps elles efféminent ; il faut les respecter quand elles coulent, car elles ont été données à l’homme par la nature comme elle a donné la rosée aux nuits des climats trop chauds pour amollir la dureté d’un ciel de feu. […] À l’exception du petit nombre qui trouve, comme dit le peuple, son pain tout cuit, l’homme passe le reste de son existence active à gagner très péniblement ce pain ; et par quels métiers ? […] Rousseau, artisans, inventeurs d’admirables procédés dans les perfectionnements de leurs métiers spéciaux, leur esprit cependant, faute de mouvement et d’espace dans leur vie et dans leurs idées, se fausse souvent sur tout le reste. […] Des sept pages du monde une me reste à lire : Je ne sais pas comment l’étoile y tremble aux cieux, Sous quel poids du néant la poitrine y respire, Comment le cœur palpite en approchant des Dieux ! […] ………………………………………………………… ………………………………………………………… ………………………………………………………… ………………………………………………………… Voilà pourquoi je pars, voilà pourquoi je joue Quelque reste de jours inutile ici-bas.

768. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Reste alors que la seconde image soit quelque chose de la perception même. […] Reste alors que le sentiment dont parle M.  […] et comment la mémoire saurait-elle, à un moment quelconque de l’opération, que tout n’est pas fini, qu’il reste encore quelque chose ? […] Reste donc que la modification porte sur l’intensité ; et comme ce n’est évidemment pas un accroissement, c’est une diminution. […] Reste à savoir pourquoi ce souvenir demeure ordinairement caché, et comment il se révèle dans des cas extraordinaires.

769. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

Cet esprit, le plus contraire à celui de la grande et intelligente poésie, produit des jugements systématiques, engouement et anathème, mais le tout se passant le plus souvent entre soi, entre artistes et gens du métier : le public même celui qui s’occupe volontiers des lettres sérieuses, reste indifférent et regarde ailleurs. […] Il semblerait vraiment, d’après ce qui précède, que MM. de Lamartine, Hugo, de Vigny et Balzac, à leurs débuts, aient été des libéraux en toute chose et qui souffraient (comme pouvait le faire Casimir Delavigne) des événements de 1815, tandis que tous ceux qui les ont vus et suivis pendant des années savent qu’ils étaient surtout, par leurs origines et leurs premières inclinations, dans le parti contraire, dans le parti dit royaliste, ce dont, au reste, on ne saurait les blâmer ; ils étaient les hommes de leur éducation et du milieu social où un premier hasard les avait placés. […] Au reste, en discutant cette portion de la préface de M. du Camp, et en trouvant sa recette insuffisante, sa conclusion trop directe et trop roide, je suis loin de méconnaître le besoin vrai dont il est tourmenté.

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