Je la remarquai en France, à Paris, où on la voyait beaucoup mieux qu’en Italie, parce que, dans ce pays, l’air est plus souvent chargé de vapeurs. […] Elle s’écria en pleurant « qu’elle voulait absolument retourner à Vienne, et que si elle eût su, avant son départ, le dessein que l’on avait de lui couper les jambes, elle aurait mieux aimé mourir que de se mettre en chemin… » Arrivé à Madrid, le majordome raconta au roi cette naïveté de la reine : « il la trouva si plaisante qu’il en sourit un peu. » Ce qui fut noté par les courtisans, comme pourrait l’être un rayon de soleil par les astronomes de l’Islande. « C’était — dit Mme d’Aunoy — la a chose du monde la plus extraordinaire pour lui ; car, soit qu’il l’affectât, ou que ce fût un effet de son tempérament, on a remarqué qu’il n’a « pas ri trois fois en toute sa vie16 . » La rodomontade de ce majordome caractérise l’existence bizarre à laquelle l’étiquette condamnait les reines espagnoles. […] Je sçais de plus qu’il a dit à une personne de ses amis qu’il estoit vray que dans l’ouverture du corps, et dans le cours de la maladie, il avoit remarqué des symptômes extraordinaires, mais qu’il y alloit de sa vie s’il parloit, et que ce qui venoit d’arriver l’avoit obligé depuis longtemps à souhaiter passionnément son congé. »… « Le public se persuade présentement le poison et n’en fait aucun doute ; mais la malignité de ce peuple est si grande que beaucoup de gens l’approuvent, parce que, disent-ils, la reyne n’avoit pas d’enfans, et ils regardent le crime comme un coup d’État qui a leur approbation… Il est très vray, Sire, qu’elle est morte d’une manière bien horrible. » En France, le crime parut évident.
Ces violentes saillies vous paraîtront encore plus violentes si vous remarquez l’étendue du champ qu’elles parcourent.
Ce précepte est, à mon avis, d’un grand sens ; et il signale une différence trop peu remarquée entre la morale du paganisme et celle que la religion chrétienne a établie sur ses ruines, entre les procédés de la philosophie ancienne et les pratiques de la foi nouvelle, entre les satiriques païens et les prédicateurs catholiques.
Le lecteur a peut-être remarqué l’analogie entre ces vues et celles de Matière et Mémoire.
Tels vers de Kahn, conçus dans les formes jusqu’ici reconnues (il remarquera que je dis : Jusqu’ici reconnues, ne voulant rien préjuger, me rangeant au nombre des purs spectateurs bien plutôt sympathiques) me plaisent et plairont à d’aucuns davantage par ce fait même ; et je me vois, et vous vous voyez peut-être tentés de regretter que toute la pièce intitulée Eventails, qui est sa dernière production lyrique, ne soit pas écrite comme ceci : La nuit a des douceurs de brise dans les voiles Et sur les rois perdus de douceurs inconnues La blondeur de la nuit défaille en flot d’étoiles.
Préface L’Écho de Paris publiait, sous ma signature, le 7 juin 1892, cet article. La vie littéraire, en ses duretés, a parfois d’aimables surprises, mais au bout de bien des années. Cet hiver, je recevais cette lettre du Japon : Yokohama (Hôpital général). Monsieur, Voulez-vous permettre à un jeune Français de vous exprimer tout le plaisir que lui a causé Outamaro, mieux placé que tout autre pour le comprendre puisque je suis au milieu des Japonais… J’avais quinze ans quand j’ai lu Sœur Philomène et j’ai voulu être interne, et je suis médecin… La Maison d’un Artiste m’a fait venir au Japon. En un mot, comme cette étoile qui guide le marin, ignorante elle-même des destins qu’elle mène, vous avez eu une influence dominatrice sur toute ma vie.
Il avait lui-même remarqué, dans un de ses livres, que la civilisation moderne, en multipliant les objets de la connaissance, affinait jusqu’à le déséquilibrer le système nerveux : « de sorte, disait-il, qu’il viendra un jour où l’œuvre du progrès sera enfin achevée, mais ce jour-là aucun homme n’en jouira, car tous les hommes seront fous ». […] « La famille des Nietzsche, dit Mme Fœrster, s’est au contraire toujours fait remarquer pour sa santé et sa longévité. » Et pareillement la famille maternelle du malheureux super-homme.
Madame Marcelle Tinayre Quand Victor Hugo, pater familias et pontife de plusieurs générations, prononçait ses fameuses paroles sur l’indéfectible rigueur des haines littéraires, c’était en un temps où la production féminine ne se manifestait que comme fait isolé, d’autant plus remarqué peut-être, mais qui n’inspire nulle crainte de concurrence.
Remarquons bien que le propos de Corneille est ici le contraire du nôtre. […] Dans perduellio, au contraire, le d est resté : remarquer le sens particulier de ce mot, qui s’applique au crime de lèse-majesté ; per est probablement le préfixe péjoratif que l’on a dans perjurium, perdere, perire. — Bis est pour *dvis ; en grec, c’est le v qui a disparu (δίς pour *δυίς). — » Et il avait dit à l’article des Dérivés : « Ils se partagent en deux séries, ceux en du (dualis, duellum), ceux en b par changement de du en dv, b- (b-is, b-ellum). » Et il ajoute : « Un ancien dérivé du nom de nombre “deux” est le préfixe dis (voyez ce mot). » De sorte que lorsque nous disons discerner, dissoudre, distinguer, disséquer, nous disons bien résoudre en deux, couper en deux.
Julien la remarqua ; toutes ses idées changèrent 2. […] Un de ces expérimentateurs en lesquels le génie de Shakespeare s’est complu et devait se complaire, qui sont à une autre échelle qu’à l’humaine et qui possèdent une autre table des valeurs : la hauteur du regard, — d un regard qui se voudrait tout serein, mais que trahit une main trop lasse pour ne pas laisser retomber le monde qu’elle soulève, — n’exclut pas ici une certaine ambiguïté qui va parfois, ainsi que le remarquait l’an dernier Jean Schlumbergerat, jusqu’à être cruelle : le Duc proroge d’abord le dénouement comme à plaisir, puis il le bâcle, mû par je ne sais quel désenchantement alerte qui ne veut plus rien qu’en finir.