. — Symbolique religieuse (1898). — Religion et philosophie de l’Égypte (1899).
Émile Faguet Joseph d’Arimathée n’est pas précisément un drame, c’est une étude psychologique très attentive et très fine sur l’état d’esprit des premiers adeptes d’une religion et sur la manière dont un sentiment religieux se forme et se développe peu à peu dans les âmes… J’ai déjà dit qu’il n’est point du tout dramatique, et qu’il ne pourra jamais, au théâtre, soutenir et retenir l’intérêt d’un public un peu nombreux ; mais, comme étude psychologique, Joseph d’Arimathée est excellent… Il s’y trouve de grandes, de profondes beautés.
Le Moraliste, armé du flambeau d’une raison saine & religieuse, ne s’y écarte jamais de la vérité, & la fait toujours sentir.
. ; elle ne s’est point consumée en raisonnemens en faveur du suicide, de l’adulterre, de la vengeance ; au contraire, elle ne s’est jamais écartée d’un caractere de modération, de respect, à l’égard du plus grand nombre des vertus religieuses & sociales.
Ainsi, Platon a cent manières ingénieuses de proposer ses idées ; il adoucit jusqu’aux sentences les plus sévères, en considérant les délits sous un jour religieux.
Je ne parle point des embarras et des périls que l’intolérance religieuse suscite à la société tout entière. […] La réaction religieuse, — je prends, pour le moment, ce mot dans un sens général auquel je n’attache nulle idée de défaveur, — la réaction religieuse, qui a suivi dans tous les États de l’Europe les événements de 1848, a été conduite dans l’Allemagne protestante par une secte qui se désigne elle-même du nom d’orthodoxe. […] La réaction religieuse de l’Allemagne est allée jusque-là. […] Nous ne voulons pas creuser trop avant les opinions religieuses de M. […] Il a joué un rôle remarquable, au dernier siècle, dans cette école religieuse qui a essayé de concilier la foi et la morale chrétienne avec la liberté philosophique.
Seul, un poète manquait à ce beau mouvement de renaissance religieuse. […] Trois choses, dont les deux premières au moins paraissent aujourd’hui surannées, faute peut-être d’être comprises : l’amour platonique, un spiritualisme ardent, et l’amour religieux de la nature. […] On se dit avec étonnement qu’elle devait être bien puissante, pour se maintenir si religieuse dans une philosophie d’ordinaire si dépouillée. » C’est avec l’abondante splendeur de l’imagination cette ardeur du sentiment religieux qui sauve de la sécheresse et de la banalité les discours déistes de Lamartine, et qui les empêche d’être des dissertations. Et, de même, au Carpe diem des Horace et des Parny, ajoutez le sentiment religieux ; et, si vous avez du génie, vous écrirez le Lac. […] C’est, à mes yeux, le tort de M. de Lamartine en cet endroit. » « Mais laissons de côté l’argument religieux, voyons les choses humainement.
Berryer est le seul orateur qui ait ouvertement plaidé pour la liberté des congrégations religieuses ; il l’a fait avec éclat, avec cette ampleur d’éloquence que lui seul possède et qui le fait écouter et presque applaudir dans les questions même où ses opinions ont le moins de faveur.
Edmond Scherer Je ne sais à comparer au Journal d’Amiel, comme drame de la pensée, comme méditation à la fois religieuse et inquiète sur les mystères de l’existence, que les monologues de Maine de Biran, de Maurice de Guérin et d’Obermann ; mais Amiel dépasse, à mon avis, tous ces martyrs de la pensée ; il va bien plus au fond de tout ; sa philosophie spéculative est bien autrement vaste, sa psychologie morbide bien autrement curieuse, sa perplexité morale bien autrement pathétique.
Laurent Pichat vient, parmi eux, de gagner sa place, — mais, il faut en convenir, Baudelaire, la mâle Ackermann, et, plus près de nous, Jean Richepin, l’auteur de la Chanson des gueux , Richepin qui rirait bien de Pichat avec sa religion du progrès, qui n’est que du christianisme déplacé, sont des blasphémateurs d’un autre poing montré au ciel et d’un autre calibre de passion impie que Pichat, l’égorgeur de songes, comme il s’appelle et le pleureur sur les légendes religieuses auxquelles il a cru, et que, du fond de sa stérile et vide raison, il a l’air de regretter encore… Quoique l’auteur des Réveils n’en ait, que je sache, jamais recommencé d’aussi beaux, il y en a pourtant d’autres qu’on lit après ceux-là et qui dénotent une puissance de variété singulière dans l’inspiration et dans l’originalité… C’est dans de tels vers et par de tels vers que Laurent Pichat, l’athée et le démocrate, reconquiert son blason de poète.