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271. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

N’en doutons point : il faut remonter plus haut pour trouver les titres primitifs des chefs de races royales ; et la légitimité repose au fond d’un sanctuaire où il est difficile de pénétrer. […] Nos pères avaient, à mon avis, plus de respect pour les nations : tout à fait dans les temps anciens les rois étaient de race divine ; dans les temps modernes on a cru, d’après l’autorité de l’Écriture sainte, que Dieu lui-même se mêlait de choisir les princes des peuples : il y avait alors une religion sociale ; un roi n’était pas traîné à l’échafaud par ses propres sujets ; il ne tombait pas du trône à la présence d’un chef de bande : la royauté avait ses martyrs, et la patrie ne périssait jamais : le roi était la patrie devenue sensible ; la royauté était une des libertés de la nation, et la plus importante de toutes. […] Ainsi il a vraiment succédé au trône, aux intentions de Louis XVI, à l’instinct conservateur de sa noble race.

272. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Marcel Prévost et Paul Margueritte »

Un jeune homme, de vieille race, mais pauvre, André de Mercy, intelligent, cultivé, très loyal et très bon, petit employé dans un ministère (sa mère ne lui ayant pas permis de se faire soldat), épouse une petite provinciale sans fortune ; car il a le cœur trop haut pour trafiquer de son nom et faire un mariage d’argent, et, d’autre part, il est de ceux qui ne peuvent résister à la solitude et qui ont besoin d’un foyer. […] Il sortirait d’eux toute une race, et c’était la vie vraie, naturelle, la vie simple et grande.

273. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mistral, Frédéric (1830-1914) »

Il apparaît une figure presque unique en Europe, aujourd’hui, non seulement par son œuvre, mais par sa vie, ses attitudes, tous les gestes de sa pensée, son influence sur une race entière, ce je ne sais quoi, ce fluide, ce halo dont sa tête et son nom s’auréolent. […] La grande gloire de ce siècle sera le lyrisme, fécond et fort, qui ferme l’anneau de la science et de l’art, de la tradition et de l’analyse, de la race et de l’individu, le lyrisme éperdu de leur Goethe, de notre Frédéric Mistral.

274. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vigny, Alfred de (1797-1863) »

Ce profil si doux, si arrêté pourtant, si pur, — ces yeux innocents et braves, cette longue et angélique chevelure blonde, allaient bien au gentilhomme, au guerrier qui fut de notre race, et qui jetait son manteau de comte sur le corps débile et nu des poètes morts à l’hôpital. […] celui-là est bien un poète qui porte en soi le grand fardeau des souffrances communes, dont les indignations naissent d’une pensée invinciblement paternelle, en qui se résume l’angoisse d’un siècle ou l’inquiétude d’une race !

275. (1865) Du sentiment de l’admiration

Croyez-le, cette raison à courte vue ne peut faire de vous la forte race d’élèves que demande un pays tel que le nôtre. […] Mais de nos jours combien d’hommes, tristes fanfarons de scepticisme, se font un jeu cruel d’ébranler toutes les convictions, « Ubi soliludinem faciunt sapientiam appellant. » Le mot terrible de Tacite suffit à les définir ces artisans de ruines qui ne s’arrêtant devant aucun objet de croyance se gardent bien de ménager le culte du génie : race éternelle des iconoclastes en qui je reconnais ces soldats d’Alarik qui, violents contemplateurs des Phidias et des Praxitèle, trouvaient leurs plus doux plaisirs à décapiter les marbres des dieux.

276. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Alexandre Dumas fils » pp. 281-291

Un artiste amoureux épouse une jeune fille, et de cette race de filles qu’on souligne. […] Pour qui se rappelle Antony, il est évident que Pierre Clémenceau est de la même race, avec les différences de tempérament et d’années qui séparent Alexandre Dumas père d’Alexandre Dumas fils.

277. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « J.-K. Huysmans »

Huysmans pût germer dans une tête humaine, il fallait vraiment que nous fussions devenus ce que nous sommes, — une race à sa dernière heure. […] Les sociétés qui finissent, les nations perdues, les races sur le point de mourir, laissent derrière elles des livres précurseurs de leur agonie.

278. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Or, l’âme religieuse ne s’en ira jamais de notre race. […] Jules Vallès ne se contenta pas d’agir, comme la plupart de ceux de sa race. […] J’assimilerai volontiers leur rôle à celui de l’orateur de race au milieu d’une foule. […] La race n’est pas en dehors des individus qu’elle a créés et qui la transmettent. […] Le défaut essentiel de notre race française est chez lui plus manifeste que chez tout autre.

279. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Une anarchie, tour à tour imbécile et sanglante, avait suivi, dont la ressemblance avec celle de la première Révolution n’avait pu échapper à un observateur de sa race. […] Nous appartenons à une race avant de le savoir, nous avons des instincts transmis avant de les connaître. […] Chez l’autre, la race est arrivée au point de maturité où l’éducation fait culture. […] Ce n’est pas Gœthe seul qui a changé de classe, c’est toute sa race en lui et avec lui.‌ […] Il y trouve l’accomplissement des hérédités contrastées de sa race, la plus idéaliste et la plus positive, la plus désabusée et la plus ardente de l’histoire.

280. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Il peut arriver que l’homme soumis ainsi à l’influence des pays étrangers appartienne à une race d’une civilisation très avancée. […] La vérité aperçue par Tourguéniev, c’est que, dans une race encore vierge, neuf fois sur dix cet homme moyen est un commencement. […] Ce n’était pas là du patriotisme au sens exact où nous entendons ce terme ; c’était une sorte de communion mystique avec le cœur de sa race. […] Il y a quelque chose de plus puissant encore que l’esprit : c’est la race, dont cet esprit n’est que l’ouvrier d’un jour. […] En réalité, il se heurtait à un problème vraisemblablement insoluble, celui de traduire avec les mots d’une race les idées créées par l’extrême génie d’une autre race.

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