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544. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Méconnaissant donc tout à fait le rôle de plus en plus difficile des hommes sincères de 89, ne voyant dès lors dans l’opposition patriotique et les Constituants qu’amis et ennemis du peuple en présence, et persuadée que là aussi on n’avait rien à emporter que de haute lutte, son point de départ, pour sa conduite politique active, fut une grave erreur de fait, une fausse vue de la situation. […] On ne la voit pas prendre feu par la tête, à quinze ans, pour un M. de Guibert, et M. de Boismorel, dont le rôle près d’elle semble analogue, ne fut qu’une figure très-régulière et très-calme à ses yeux. […] Elle aussi se sentait faite pour un rôle actif, influent, multiplié, pour cette scène principale où l’on rencontre à chaque pas l’aliment de l’intelligence et l’émotion de la gloire ; elle aussi, loin de Paris, exilée à son tour de l’existence agrandie et supérieure qu’elle avait goûtée, elle aurait redemandé, mais tout bas, le ruisseau de sa rue de la Harpe.

545. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

Mais, en fait, nous ne connaissons que des sociétés où la haine et la lutte, le mensonge, le mépris des autres, la violence même ont encore leur rôle peut-être nécessaire. […] Le rôle de l’ironie est de régulariser la lutte des idées et des croyances, et non point de la stériliser. […] Ceux-là ont aussi leur rôle social dans notre humanité.

546. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Au point de vue de l’instrumentation, ce qui caractérise plus particulièrement cette magistrale symphonie, c’est l’intéressant et très heureux emploi du piano dans l’orchestre ; le rôle de l’orgued, quoique fort beau, n’y est pas néanmoins aussi remarquable. […] L’Art joue dans son système un rôle important : « L’Art, dit-il, a connaissance de la véritable essence du monde, des idées (I, 217)… Il résout, mais d’une façon différente de la philosophie, le problème de l’existence… Dans les œuvres d’art toute sagesse est contenue, mais virtuellement ou implicitement (II, 461, 463)… » Et dans la Musique plus spécialement : « Les autres arts ne nous montrent que l’ombre, la Musique nous révèle l’essence des choses… La Musique est l’image de la Volonté elle-même (1, 303, 310)… Aucun autre art n’exerce sur l’homme une action aussi immédiate, aussi profonde, car nul ne nous fait pénétrer aussi profondément dans l’essence même du monde (Fragments, 373)… etc. » Ce sont là les propres pensées de Wagner avant qu’il ne connût Schopenhauer. […] Georg Unger (1837-1887) avait chanté les rôles de Froh dans l’Or du Rhin, ainsi que des deux Siegfried de la création de la Tétralogie en 1876 à Bayreuth.

547. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

De bonne heure il rapporte tout, même la musique, à ses idées de réforme et de perfectionnement social, et il se promet bien de lui faire jouer un grand rôle dans les fêtes publiques, quand cette société idéale qu’il aime à concevoir sera établie. […] Et, Sieyès lui-même, ce puissant cerveau, doué au plus haut degré de l’intensité de la conception, accorderait-il ainsi à l’idée pure le premier rôle, s’il était également en possession de cette langue dorée et de ces chaînes électriques dont l’éloquence se plaît à jeter le réseau autour d’elle32. […] Par ces trois écrits, Sieyès fut un des précurseurs de la Révolution de 89, de cette même Révolution que, dix ans après, il congédiait, pour ainsi dire, en la remettant, au 18 Brumaire, entre les mains de Bonaparte ; car il eut cette singulière destinée d’être le même à l’ouvrir et à la fermer, et de jouer un premier rôle le premier jour comme le dernier.

548. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

fait le maître de la maison, c’est un costume de comédie… Oui, une personne de ma famille qui, dans une pièce de théâtre, a rempli un rôle de couvent et voulut se faire peindre avec les habits de son rôle… Des mœurs, Messieurs, que vous aimez, des mœurs du xviiie  siècle… Ma famille adorait la comédie. […] Et les choses prenant un rôle plus grand que les êtres, — et l’amour, l’amour déjà un peu amoindri dans l’Œuvre de Balzac par l’argent, — l’amour cédant sa place à d’autres sources d’intérêt ; enfin le roman de l’avenir appelé à faire plus l’histoire des choses qui se passent dans la cervelle de l’humanité que des choses qui se passent dans son cœur.

549. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

On n’est pas trop sûr non plus que l’Historien d’Alexandre se soit borné au simple rôle d’historien ; mais qu’importe ? […] On sait quel rôle les Fées & les Enchanteurs jouoient dans tous les Romans de Chevalerie. […] Les femmes jouerent dans tous les temps un très grand rôle parmi nous.

550. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Je ne dis rien du rôle de Rodogune, qui a quelque chose d’assez énigmatique. […] … » Pardonnez-moi donc, Mesdames et Messieurs, mais plaignez-moi surtout, si c’est ce rôle ingrat que je ne saurais éviter de prendre et de remplir aujourd’hui. […] Le geste est comme inscrit dans le choix même des mots ; la plastique du rôle, si je puis ainsi dire, est vraiment donnée dans les vers ; et cela, — cette résurrection de la forme ? […] Parce que Phèdre est le plus beau rôle de femme qu’il ait tracé peut-être, le plus complet surtout, — toute la gamme, ou toute la lyre, dont les Hermione, les Bérénice, les Roxane, les Monime ne font chacune à son tour résonner qu’une corde, — le rôle aussi qui remplit la pièce, et qui attire à lui les effets de tous les autres, c’est donc aussi le rôle dans lequel toutes les grandes tragédiennes ont brûlé de s’essayer ; où elles ont pu mettre le plus d’elles-mêmes ; et où elles ont enfin laissé de leur talent ou de leur génie le plus illustre souvenir. […] Mais qu’il en résulte assez naturellement de là quelque chose d’obscur dans le rôle même de Phèdre, c’est ce que j’ose encore ajouter.

551. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

En général, il y a deux sortes de personnes qu’il ne faut jamais consulter ni croire, quand il s’agit des relations et du rôle de Mme de Staël durant cette période : d’une part, les royalistes restés fidèles à leurs vieilles rancunes ; ceux-ci l’accusent d’alliances monstrueuses, de jacobinisme presque, d’adhésion au 18 fructidor42, que sais-je ?  […] Les défenseurs d’un goût exclusif et d’une langue fixe jouent exactement en littérature un rôle de tories ; ils sont pour une cause qui se perd journellement. […] C’est là un rôle qui peut avoir son utilité et son mérite, tout talent ayant besoin en son temps d’être éprouvé et de faire sa quarantaine ; mais il ne faut, convenons-en, pour ce rôle d’officier de la quarantaine littéraire, qu’une part d’imagination et de pensée plus restreinte que dans le rôle opposé49. […] Mais on ne doit pas chercher une peinture fidèle dans cette production, d’ailleurs agréable : les dates y sont confuses, les personnages groupés, les rôles arrangés ; M. de Schlegel y devient un grotesque, sacrifié sans goût et sans mesure ; le tout enfin se présente sous un faux jour romanesque, qui altère, à nos yeux, la vraie poésie autant que la réalité. […] Ces dernières s’imprimaient quelquefois à Paris, pour qu’on pût ensuite apprendre plus commodément les rôles ; l’intérêt qu’on mettait à ces envois était vif, et quand on avisait à de graves corrections dans l’intervalle, vite on expédiait un courrier, et, en certaines circonstances, un second pour rattraper ou modifier la correction déjà en route.

552. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Il fait aimer à chacun son rôle sur la terre ; il ne veut pas d’une timidité inquiète qui ferait craindre à l’homme de s’engager dans la vie. […] Et si quelque chose peut prouver que le dauphin valait mieux que le rôle que lui fit jouer la jalouse grandeur de son père, c’est que Bossuet l’ait jugé de force à lire les ouvrages qu’il écrivait pour lui. […] Sauf sa participation aux travaux de l’assemblée du clergé, en 1682, il ne paraît pas qu’il songeât encore à prendre un rôle actif dans les affaires de l’Eglise ; et il n’est peut-être pas téméraire de dire que ce grand homme fut touché quelque temps de la gloire des écrits achevés. […] Mais telle est la beauté de cette fiction, qu’on croit malgré soi, et malgré Bossuet lui-même, qu’il a pris, un moment, le rôle de quelque chrétien du temps des martyrs, murmurant de sombres imprécations contre les bourreaux dans un moment où la nature exaspérée prenait le dessus sur la foi. […] Le rôle et les écrits de Bossuet dans le grand acte qui constitua, en 1682, l’Eglise gallicane, plus tard l’Histoire des Variations et la polémique qu’elle suscita, tant de travaux et de gloire l’avaient mis à la tête de l’Eglise de France et institué comme l’interprète officiel de sa doctrine et le gardien de son unité.

553. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Émile Augier » pp. 317-321

Il a été le premier à mettre en saillie ce contraste d’un simple homme de lettres comme lui, succédant à un homme politique qui avait joué un si beau rôle.

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