Un de ces thèmes, qui dénote de la part des noirs une sensibilité assez prompte à s’apitoyer, est celui qui a trait à l’existence misérable des orphelins de mère (la marâtre joue seule ici le rôle odieux qu’elle partage dans l’imagination des Européens avec la belle-mère proprement dite). […] Les griots n’ont pas un plus mauvais rôle que les autres indigènes, encore que dans la vie réelle ils bénéficient d’une très relative estime. […] Cf. également le rôle de Longue Épine dans la Biche au bois. […] C’est le rôle invariable et exclusif du poisson dans les contes.
Il se destinait à ce dernier rôle avec beaucoup de résolution et de confiance. […] Sénac de Meilhan avait promis, pour condition de son élévation, de travailler sans relâche à me détruire auprès du ministre de la Guerre, et de profiter de toutes les occasions qui se présenteraient pour me dégoûter d’une position qui me condamnait à un rôle purement passif, puisque je n’entrais dans aucun des conseils, et que je n’étais consulté que pour la forme. […] Il faut, pour remplir ce rôle d’une manière distinguée, réunir aux avantages extérieurs l’esprit et l’audace, et être placé dans une certaine élévation.
Bonstetten était appelé par sa naissance à ce rôle politique, et il le manqua. […] Son ambition, quand il en avait une, eût été de jouer dans un État aristocratique le rôle de magistrat populaire ; mais la vie publique dans une démocratie effective lui aurait été plus désagréable que dans une cour, même absolue. […] Peut-être aussi n’eût-il fait que se préparer avec lenteur et par un long détour, mais avec plus de sûreté, à la vie publique et au rôle politique influent que sa naissance lui réservait à Berne et qu’il négligea trop de remplir.
Premier secrétaire d’ambassade, en Italie d’abord, à Naples, à Florence, à Rome, puis en Allemagne, à Cassel près du roi Jérôme, et en dernier lieu à Berlin, il s’était trouvé mêlé à bien des épisodes dramatiques du Consulat et de l’Empire, et avait été un témoin clairvoyant, un agent fort apprécié dans son rôle modeste. […] Ce fut un soulagement pour lui d’être soustrait à ce simulacre de rôle et de quitter un théâtre où la diplomatie avait épuisé son jeu et où la force militaire, seule, était à l’œuvre. […] Armand Lefebvre, sollicité de rentrer dans les affaires, aurait pu viser à des postes élevés : il préféra un rôle plus modeste et qui avait son utilité ; il accepta le poste de ministre de la République à Carlsruhe.
« Le rôle qu’il joua à cette armée prouva que, si beaucoup de généraux du second rang s’éclipsent au premier, un génie supérieur ne peut rien quand il est forcé de remettre aux autres le soin d’apprécier ses projets et de les exécuter. » Jomini. […] (Sur le rôle du général Bonaparte à l’armée des Alpes, commandée par Dumerbion en 1794.) […] La satisfaction dut être grande pour Jomini ; il était dès sa première campagne au comble de ses vœux : lui, l’homme de la science, le théoricien enthousiaste du grand art, il se voyait du premier coup initié dans le secret et l’exécution d’une des plus belles manœuvres que le génie militaire pût concevoir ; il lui était donné d’y assister, d’en toucher pour sa part et d’en faire mouvoir quelques-uns des principaux ressorts ; mais le rôle n’était pas facile et impliquait à chaque instant bien des délicatesses.
Dans l’exaspération de la lutte, la parole chrétienne ne pouvait garder la décence de son caractère, ni les esprits chrétiens la mansuétude de leur Évangile : les protestants glissèrent à la virulence injurieuse ; les catholiques qui ne s’étaient pas encore réformés, retenant lavulgarité facétieuse des Maillard et des Menot, se donnèrent pour rôle d’exploiter et d’exprimer les passions de la populace216. […] Il appartient à l’histoire d’estimer le rôle du grand homme de bien qui fut L’Hôpital219. […] Dans les efforts de L’Hôpital pour obtenir la paix religieuse, dans la résistance de Pasquier à l’établissement des Jésuites, dans le rôle de Du Vair qui essaie de réconcilier le peuple catholique avec le roi légitime, le même esprit se montre ; et l’action de ce tiers parti, qu’on dit des politiques et qu’on devrait dire des patriotes, se fait sentir.
Son rôle a donc été fort analogue à celui de Malherbe : en face de la strophe oratoire préparée par celui-ci, il a construit la période éloquente, et Boileau avait le droit d’écrire : « On peut dire que personne n’a jamais mieux su sa langue que lui, et n’a mieux entendu la propriété des mots et la juste mesure des périodes. » Et vraiment, quand on lit certaines pages de Balzac, dans le Socrate chrétien par exemple, on sent que la forme de Bossuet est trouvée. […] Les complaisances injustifiées de sa critique ont rapetissé son rôle, et l’ont fait méconnaître à ses successeurs. […] La raison n’a pas elle-même de force pour faire dominer ses jugements : c’est le rôle de la volonté, à laquelle il appartient de déterminer ceux « sur lesquels elle résout de conduire les actions de la vie ».
Il nous semble étrange, certes, de voir à la fin du xixe siècle une telle mascarade affirmer impudemment sur les tréteaux la prétention de représenter la vie d’artiste ; il nous peine de voir ces rires cinglant le ridicule suspect de fantoches qui n’ont aucun droit à incarner un si noble rôle, et nous pensons avec amertume et colère à la superbe pauvreté de d’Aurevilly, de Baudelaire, de Villiers de l’Isle-Adam, de Henry Becque, de Verlaine, à cette sainte pauvreté héroïque compromise par un médiocre sentimental, par un malencontreux phraseur. […] Nous concevons aujourd’hui tout autrement notre rôle ; l’artiste, parmi la dislocation des castes, des partis et des hiérarchies, va être le circulateur d’idées, le « quatrième pouvoir » mêlé à tout, influant sur tout. […] Il aiderait énormément au rôle des compagnes d’artistes et les éclairerait même sur certaines nécessités de leur belle et lourde mission qu’elles n’ont pas encore su toutes comprendre.
Il ne faut chercher La Rochefoucauld ni dans son rôle de frondeur, nouant des intrigues politiques, sans avoir rien de l’intrigant ; politique par amour ; brave sans véritable ardeur militaire ; exposant sa vie par point d’honneur ; agité plutôt qu’actif ; ni dans son début malheureux, lorsque s’essayant à la guerre civile par le complot, il se jette à vingt ans dans la ridicule échauffourée qui s’appela la Journée des Dupes. […] Je vois le moraliste dans tout ce qu’il fait, et dans la manière dont il le fait ; je le vois dans cette réputation équivoque qui lui est demeurée des querelles de la Fronde, dans l’obscurité qui couvre son rôle et son caractère, sauf à l’endroit de la bravoure, où il n’eut au-dessus de lui que le grand Condé. […] Cette contradiction laborieuse entre son caractère et son rôle mit en péril sa réputation d’honnête homme.
Mais ce rôle doux et miséricordieux qu’il aurait voulu que le sort lui assignât, il l’a vu confié à de moins dignes, et ce n’est pas là une des moindres amertumes de sa vie. […] Et vous le connaissez, cet éclat de rire qui tressaute fiévreusement à chaque page de l’Ève future, cette grandiloquente Épopée, nouvelle adaptation de la légende du Faust où la Science a conquis le rôle du Diable.