/ 1609
1570. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

On n’y vit que les rêves d’une âme pieuse ; on ne lui demanda pas compte des réalités.

1571. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Dans ce grand vide inconnu que vous placez au-delà de notre petit monde, les gens à tête chaude ou à conscience triste peuvent loger tous leurs rêves, et les hommes à jugement froid, désespérant d’y rien atteindre, n’ont plus qu’à se rabattre dans la recherche des recettes pratiques qui peuvent améliorer notre condition.

1572. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

Telle femme n’adore en son amant que les perfections imaginaires que son amour lui prête : c’est moins souvent lui qu’elle aime qu’un beau rêve : dès qu’elle voit ses vrais défauts, son roman finit. […] Ailleurs, tous les grands événements d’un siècle qui rassembla de fameux conciles, qui s’agita par tant de schismes, qui vit la politique ambitieuse de Charles-Quint triompher de l’audace guerrière d’un de nos plus illustres rois, le renversement et la réinstallation du siège papal, la réforme des universités savantes, la création de tant d’imposantes magistratures, enfin, tout ce que l’histoire transmettait à la postérité en paroles les plus augustes, ne présentent d’autres images à la gaîté satirique de Rabelais que la voracité du gigantesque Gargantua, l’astuce de Pantagruel, les rêves de Carême-prenant, la pédanterie des ergoteurs, les vols de Grippeminaud, et les jugements que tire de son cornet le bon Bride-Oye. […] c’est que la fatalité d’une séparation éternelle est mystérieuse pour tous les hommes, autant que l’origine des âges, et que là se jouent tous les rêves de nos esprits, qui s’exercent à imaginer ce que nos yeux ne verront plus.

1573. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Dans ce poème alambiqué que composent quatre cent cinquante-huit dizains, les allégories du Roman de la Rose se teintent d’un certain platonisme imprévu qui les prolongent dans un vague clair-obscur de rêve. […] Guillaume Colletet avait su réaliser un beau rêve : il habita, en haut du faubourg Saint-Marceau, une maison qui avait été à Pierre de Ronsard.

1574. (1929) La société des grands esprits

La France autonome et grandissante opposait le principal obstacle à son rêve de rétablissement de l’empire romain, auquel il tenait si fort qu’il s’accommodait d’un empereur germanique, sans faire grand cas des Allemands (Tedeschi lurchi). […] Je m’étonne un peu qu’Alain semble attacher une importance au triple rêve de 1619, rapporté par Descartes dans un autre document, Olympica, perdu aussi et traduit également, avec plus ou moins d’exactitude, par le digne Baillet. […] C’est une série de déductions purement abstraites et a priori, où il est démontré que l’essence de Dieu implique l’existence, etc… Nous suivons avec curiosité, avec un applaudissement pour la virtuosité du dialecticien : nous conservons des doutes, et nous concluons, avec notre gros bon sens de positivistes, que si cette essence de Dieu n’était par hasard qu’une conception de notre fantaisie, elle n’impliquerait également l’existence qu’en rêve, et rien du tout dans la réalité objective.

1575. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Lamartine a aimé Elvire sur le lac du Bourget, mais qui n’a éprouvé en fait ou en rêve des amours et des tristesses pareilles ? […] De jeunes agités s’efforcent de le déboulonner pour faire place à leur propre statue, qui n’existe et n’existera jamais que dans leurs rêves.

1576. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Victimes de rêves plus grands que leurs forces, ces malheureux ont éprouvé quelque chose d’analogue aux sentiments d’Octave, mais avec cette différence tout à fait radicale que leur désespoir était un mal passager ; ou cette souffrance est rapidement apaisée, ou bien elle se termine par un paroxysme qui mène au suicide.

1577. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

J’appris longtemps après, que c’était un vieil homme, que ses cheveux étaient blancs, ce qui fit s’évanouir mon rêve, mais je lui continuai toujours mon culte, que je voulus ne pas rendre vulgaire par une correspondance, qui aurait été méprisée par l’auteur lui-même, si j’en crois certains interviews récents.

1578. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

« Un jour viendra », disait Sainte-Beuve, « où la Science sera constituée, où les grandes familles d’esprit et leurs principales divisions seront déterminées et connues. » Il rêve d’établir une histoire naturelle des talents, et quand on lit Volupté, qu’il faut considérer comme la plus sincère autobiographie psychologique, on y rencontre des pages sur Lamarck qui prouvent la connaissance la plus exactement renseignée des théories de ce prédécesseur de Darwin. […] Ils vivent dans un rêve… Croyez-m’en, moi qui les adorai, moi qui me donnai longtemps à eux sans réserve. » Comme, en passant le long de ces quais, on voit aisément l’Anatole France de quinze ans, assis dans l’ombre du magasin paternel, tournant les pages d’un volume et s’initiant ainsi à des existences très différentes de la sienne.

1579. (1925) Dissociations

J’y rêve.

/ 1609