Les Grecs, accoutumés à pleurer les infortunes trop réelles d’Œdipe, de Philoctète et d’Agamemnon, n’auraient fait que rire de la bizarrerie d’un prince qui, dans l’état le plus brillant de ses affaires, n’est malheureux que parce qu’il n’est pas tout à fait sûr d’être aimé de sa maîtresse, quoique sa maîtresse s’épuise en protestations d’amour. […] Le succès de l’imitateur ne doit pas faire oublier ce qu’il doit à son modèle, et même, en le perfectionnant, il ne le surpasse pas en mérite réel ; c’est beaucoup qu’il l’égale, et que ce qu’il tire de son propre fond puisse balancer ce qu’il emprunte. […] Je reviendrai sur cette tragédie ; mais comme on lui attribue surtout un grand mérite de style, je vais citer ici quelques vers qui mettront le public en état de juger si ce mérite est bien réel : Par les saccagements, le sang et le ravage, Du meilleur de nos rois disputer l’héritage. […] … Laissons la noblesse du sang ; Aux yeux de l’équité tous ont le même rang ; Pesons les droits réels : la plus haute naissance Ne doit pas faire un grain de plus dans la balance.
L’illustration d’Hokousaï débute par la représentation d’animaux fantastiques et d’animaux réels, mais d’une grandeur, d’une puissance, d’une force qui les fait un rien surnaturels. […] En dehors de quelques dessins divers, il ne contient pour ainsi dire que des animaux, des animaux réels et des animaux fantastiques ; c’est un chat mangeant une souris, un chien aboyant à la lune, un renard dans la pluie, des lions de mer, des chèvres, un écureuil mâtiné de chauve-souris, un sanglier traversant une rivière, un ours dans la neige, des ânes, des chevaux, un lion de Corée, un conciliabule de rats. […] Un ouvrage dans lequel se trouve reproduite par Hokousaï une carte de cette province où il neige beaucoup, au milieu d’un méli-mélo d’hommes-bêtes, de coraux, de plantes marines, de monnaies, d’objets usuels, de serpents d’une grandeur fabuleuse, enfin de choses réelles et de choses surnaturelles. […] Non, rien ne peut donner une idée de la grandeur, du pittoresque, de la couleur à la fois réelle et poétique des paysages en hauteur où se passent ces scènes lyriques. […] Et au milieu de ces paysages, de savantes études d’hommes et de femmes ; l’étude des bûcherons attachés par le milieu du corps à des branches d’arbres qu’ils coupent au-dessus de leurs têtes ; l’étude de ces deux Japonais dont l’un montre à l’autre par un châssis relevé une vue du Fouzi-yama, étude qui a pour titre : La Première Idée d’un kakémono ; l’étude des pèlerins dans une des grottes du haut du Fouzi-yama servant d’endroit à coucher pour l’ascension ; l’étude du poète antique s’inspirant devant la célèbre montagne et assis sur un terrain à la végétation de fantaisie toute différente du réel paysage du fond ; l’étude puissante de Nitta tuant le sanglier monstre ; enfin l’étude charmante de ce Japonais fatigué de la lecture, regardant, la tête renversée entre l’étirement de ses deux bras, la reposante montagne.
On conserve précieusement les marques de la bienveillance des grands ; pour moi, qui ne connais guère de distinction réelle entre les hommes que celles que les qualités personnelles y mettent, je place ce témoignage de votre estime autant au-dessus des marques de la faveur des grands que les grands sont au-dessous de vous. […] On remplit un vaste terrain de décombres jetés au hasard, mais entre lesquels le ver et la fourmi trouvent des habitations fort commodes ; que diriez-vous de ces insectes, si, prenant pour des êtres réels les rapports des lieux qu’ils habitent avec leur organisation, ils s’extasiaient sur la beauté de cette architecture souterraine, et sur l’intelligence supérieure du jardinier qui a disposé les choses pour eux ? […] Le suffrage et les éloges d’un homme tel que lui font la récompense la plus réelle des travaux d’un homme de lettres. […] 3° Que ses frères lui ont fait un tort réel en faisant saisir mal à propos des marchandises qui sont restées sur son compte. […] 5° Que sur la connaissance que j’ai des pauvres ménages des ouvriers de province, je ne saurais vous dire le peu de valeur des spoliations possibles, fussent-elles réelles et démontrées.
Cependant, après avoir vaqué au charme et à l’amusement de ce qui l’entourait, Fléchier devait songer à ce qu’on pourrait montrer au public : il fit donc une pièce de vers latins, In conventus juridicos Arvernis habitos carmen, où il célébrait tout le monde, et, par-dessus tout, le roi, qui faisait revivre pour l’Auvergne, en proie jusqu’alors aux violences et aux crimes, un âge meilleur et le règne d’Astrée, Cette pièce officielle, qui fut imprimée à Clermont (1665), ressemble aussi peu à la relations des Grands Jours qu’une oraison funèbre ressemble à la vie réelle de l’homme.
Aussi, tandis que M. de Lamartine, avec sa noble négligence, demeure, en public et sous le soleil, le prince aisé des poëtes, l’auteur de Chatterton, dans son cercle à part et du fond de ce sanctuaire à demi voilé, en est devenu le patron réel, le discret consolateur par son élégante et riche parole, attentif qu’on l’a vu, et dévoué et compatissant à toute poésie.
Auprès des princes, l’intérêt personnel est tellement éveillé, les mauvaises passions humaines sont si fréquemment en jeu, que, s’il nous fallait agir d’après nos sensations réelles et nos vraies émotions, nous donnerions à qui nous observe un triste spectacle.
Étranger, protestant, original de tempérament, d’éducation, de cœur, d’esprit et de mœurs, à la fois philanthrope et misanthrope, habitant d’un monde idéal qu’il a bâti à l’inverse du monde réel, il se trouve à un point de vue nouveau.
Car nous parcourons en les énumérant le cercle complet des puissances agissantes, et lorsque nous avons considéré la race, le milieu, le moment, c’est-à-dire le ressort du dedans, la pression du dehors et l’impulsion déjà acquise, nous avons épuisé non-seulement toutes les causes réelles, mais encore toutes les causes possibles du mouvement.
On a vu au commencement de ce commentaire combien le critique a été trompé, et combien sont réelles et attestées mes enquêtes personnelles auprès du curé de Bessancourt.
Nous avons plusieurs fois essayé de lire ce voyage tant vanté, sans pouvoir y découvrir autre chose que des prétentions pénibles : l’effort d’un savant réel pour atteindre le génie, et la volonté constante, infatigable, acharnée, de mériter, à force de flatteries, des flatteurs.