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1227. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Au reste, tout noble qu’il pouvait se dire (et il tenait à cette qualité plus qu’il ne voulait en avoir l’air), Boileau est un vrai, un pur bourgeois. […] Sa franchise, au reste, et ses étourderies ne lui aliénaient pas le roi, dont l’esprit droit et le ferme sens étaient merveilleusement propres à goûter les qualités essentielles de Despréaux. […] Outre qu’il était difficile de voir et d’écrire la vérité sur Louis XIV de son vivant, on n’avait pas en France au xviie  siècle une idée fort juste des qualités et des devoirs de l’historien : quelques bénédictins savaient seuls alors ce qu’il faut de science, de critique et de détachement pour en bien faire le métier.

1228. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Je ne pensais pas non plus qu’on pût nier les qualités de composition de M.  […] Certes, ce sont là des vers d’une qualité tout à fait rare. […] Mais le poète nous avertit lui-même que ses héros conservent intégralement, dans leur premier paradis, leur qualité d’hommes.

1229. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

L’une a dû son titre au roi de France, et a montré au plus haut degré les défauts et les qualités ordinaires de la noblesse française ; l’autre était d’origine celtique et vraiment bretonne. […] Rien de plus respectable que ce noble de campagne quand il restait paysan, étranger à l’intrigue et au souci de s’enrichir ; mais, quand il venait à la ville, il perdait presque toutes ses qualités, et ne contribuait plus que médiocrement à l’éducation intellectuelle et morale du pays. […] Sa qualité de noble lui défendait de travailler aux champs ; il se tenait renfermé chez lui tout le jour, et s’occupait à huis clos à une besogne qui n’exigeait pas le plein air, Quand le lin a roui, on lui fait subir une sorte de décortication qui ne laisse subsister que la fibre textile.

1230. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

La nomination de Louis Brassin, l’admirable pianiste, en qualité de professeur au Conservatoire royal de Bruxelles, devait avoir par la suite une très heureuse influence sur les destinées du Wagnérisme. « Personne, dit M.  […] Vachot, témoignait une confiance médiocre dans les qualités scéniques de l’œuvre nouvelle qui, à son avis, manquait de cette chose indispensable : un ballet ! […] Dans les villes d’Allemagne, un seul et unique théâtre est forcé de cultiver tous les genres, opéra, tragédie, comédie, opérette, etc. ; la quantité remplace la qualité.

1231. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française I Nous avons vu, dans les deux entretiens précédents, comment la littérature française née tardivement, longtemps indécise entre l’originalité gauloise et l’imitation classique, s’était d’abord vouée tout entière à l’imitation ; comment cette littérature avait perdu son originalité native dans cette servile imitation des anciens ; comment cependant cette imitation servile lui avait profité pour construire une langue littéraire plus régulière et plus lucide que la langue un peu puérile de son enfance ; comment, après avoir beaucoup copié, les écrivains et les poètes du siècle de Louis XIV avaient fini par créer eux-mêmes une littérature composite, moitié latine, moitié française ; comment chacun de ces grands écrivains, depuis Corneille jusqu’à madame de Sévigné, avaient apporté à la littérature et à la langue de la France une des qualités de leur génie divers ; comment enfin, de toutes ces alluvions des génies particuliers de chacun de ces écrivains, la France, grâce à l’imitation d’un côté, grâce à l’originalité de l’autre, s’était façonné une langue littéraire, propre à tous les usages de son universelle intelligence, depuis la chaire sacrée jusqu’à la tribune, depuis la tragédie jusqu’à la familiarité du style épistolaire. […] C’est plus encore, c’est la France elle-même incarnée avec toutes ses misères, ses imperfections, ses vices et ses qualités d’esprit dans un seul homme ; en sorte que notre goût, ou si l’on veut notre faiblesse pour la nature diverse, sensée, raisonnable, universelle de notre pays, se trouve satisfait et flatté dans ce Protée moderne, et que notre admiration pour ce résumé vivant, spirituel, multiple de la France est une espèce de patriotisme de notre esprit, qui contemple et qui aime sa patrie intellectuelle dans ce représentant presque universel de la nation littéraire. […] Les polémistes et les historiens venus après lui ont réhabilité l’ennui comme une qualité de la pensée, le poids.

1232. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Ses qualités lui appartiennent bien, tandis que sans doute il n’a pas dépendu de lui d’avoir une autre formation intellectuelle. […] Il gâte ses meilleures qualités. […] Une qualité poussée jusqu’à l’extrême est généralement exclusive des autres. […] Cette splendeur de jeunesse vraie était sa qualité la plus « précieuse. […] Tel est chez lui le résultat du mélange de qualités contraires, de la gravité de la pensée du Nord avec la sensualité italienne.

1233. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Autant par ses qualités que par ses défauts, autant par ses défauts que par ses qualités, elle devait réussir auprès du public contemporain. […] Il a bien compris Corneille, ses grandes qualités, le péril aussi de sa tournure d’esprit et par où il risquait de passer l’intelligence commune des spectateurs et de n’être plus suivi. […] Il légiférait, il codifiait ; il montrait dans la littérature de hautes qualités administratives. […] C’eût été une singulière chose que le théâtre, si Richelieu, avec l’abbé d’Aubignac en qualité de surintendant des théâtres, eussent poursuivi leur œuvre, ce que la mort seule du grand cardinal a empêché. […] Il avait toutes les qualités et tous les défauts dont est fait l’homme de théâtre.

1234. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

Celles-ci portent sur des qualités et non plus sur des grandeurs. Elles se forment donc sans doute sur le modèle des premières, et doivent emprunter leur force à ce que, sous la qualité, nous voyons confusément la grandeur transparaître. […] Mais elle implique aussi que des qualités peuvent se superposer les unes aux autres comme des grandeurs. […] Le physicien légitimera plus tard cette opération en ramenant, autant que possible, les différences de qualité à des différences de grandeur ; mais, avant toute science, j’incline à assimiler les qualités aux quantités, comme si j’apercevais derrière celles-là, par transparence, un mécanisme géométrique 82. […] Sur ces différences de qualité, voir l’ouvrage de Duhem, L’évolution de la mécanique, Paris, 1905, p. 197 et suiv.

1235. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

La perfection d’une chose, c’est son harmonie intérieure, l’accord des moyens qui concourent à sa fin, l’union des qualités qui conviennent à son idée. […] Si elle avait invité à sa table quelques-uns de ses ennemis les philosophes, et qu’entre les convives la discussion tombât, comme il arrive souvent, même entre des convives philosophes, sur les qualités agréables d’un vin, Uranie arrêterait la controverse, en disant : Messieurs, vous paraissez oublier ce que vous avez écrit dans vos livres, qu’en matière de goût physique, il ne faut point disputer. […] Aujourd’hui, chacun d’eux a fait son Esthétique, et c’est là qu’il juge de la qualité du festin. […] Mais, s’il était au fond indifférent, nous ne disons pas incrédule, il sauvait toutes les formes de l’orthodoxie, et lorsqu’une de ses tragédies avait réussi, il expliquait très bien son succès par les règles : « Je ne suis point étonné que ce caractère ait eu un succès si heureux du temps d’Euripide, et qu’il ait encore si bien réussi dans notre siècle, puisqu’il a toutes les qualités qu’Aristote demande dans le héros de la tragédie.

1236. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Car ce qu’il lui faut, c’est un bonheur d’espèce particulière, fin, léger, rapide, incessamment renouvelé et varié, où son intelligence, son amour-propre, toutes ses vives et sympathiques facultés trouvent leur pâture ; et cette qualité de bonheur, il n’y a que le monde et la conversation pour la fournir. […] Louis XIV avait eu toutes les qualités d’un maître de maison, le goût de la représentation et de l’hospitalité, la condescendance et la dignité, l’art de ménager l’amour-propre des autres et l’art de garder sa place, la galanterie noble, le tact et jusqu’à l’agrément de l’esprit et du langage. « Il parlait parfaitement bien222 ; s’il fallait badiner, s’il faisait des plaisanteries, s’il daignait faire un conte, c’était avec des grâces infinies, un tour noble et fin que je n’ai vu qu’à lui. » — « Jamais homme si naturellement poli223, ni d’une politesse si mesurée, si fort par degrés, ni qui distinguât mieux l’âge, le mérite, le rang, et dans ses réponses et dans ses manières… Ses révérences, plus ou moins marquées, mais toujours légères, avaient une grâce et une majesté incomparables… Il était admirable à recevoir différemment les saluts à la tête des lignes de l’armée et aux revues. […] Elle en a un « pour les femmes de condition, un pour les femmes de qualité, un pour les femmes de la cour, un pour les femmes titrées, un pour les femmes d’un nom historique, un autre pour les femmes d’une grande naissance personnelle, mais unies à un mari au-dessous d’elles, un autre pour les femmes qui ont changé par leur mariage leur nom commun en un nom distingué, un autre encore pour les femmes d’un bon nom dans la robe, un autre enfin pour celles dont le principal relief est une maison de dépense et de bons soupers ». […] Lisez plutôt ce haut fait de Mme de Lauzun à Chanteloup : « Savez-vous, écrit l’abbé, que personne ne possède à un plus haut degré une qualité que vous ne lui connaissez pas, celle de faire les œufs brouillés ?

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