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2556. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

… La réponse est historique, et c’est l’un des grands attraits de ce livre que pas un des faits qui y sont relatés n’est de pure invention, M.  […] Et encore, dans ces pures descriptions auxquelles j’ai voulu me borner, suis-je très suspect de partialité pour ce pays d’islam, moi qui, par je ne sais quel phénomène d’atavisme lointain ou de préexistence, me suis toujours senti l’âme à moitié arabe : le son des petites flûtes d’Afrique, des tam-tams et des castagnettes de fer réveille en moi comme des souvenirs insondables, me charme davantage que les plus savantes harmonies ; le moindre dessin d’arabesque, effacé par le temps au-dessus de quelque porte antique, — et même seulement la simple chaux blanche, la vieille chaux blanche jetée en suaire sur quelque muraille en ruine, — me plonge dans des rêveries de passé mystérieux, fait vibrer en moi je ne sais quelle fibre enfouie ; — et la nuit, sous ma tente, j’ai parfois prêté l’oreille, absolument captivé, frémissant dans mes dessous les plus profonds, quand, par hasard, d’une tente voisine m’arrivaient deux ou trois notes, grêles et plaintives comme des bruits de gouttes d’eau, que quelqu’un de nos chameliers, en demi-sommeil, tirait de sa petite guitare sourde. […] C’est en vain qu’André a recours à tous les moyens imaginés par les amoureux pour se détacher de leur idole ; cent fois il établit par des faits, par des raisonnements d’une logique impeccable, que Mme de Burne est absolument indigne d’un encens aussi pur, qu’il en est partout de plus complètes, d’aussi élégantes ; il lui suffit de retrouver une lettre, une fleur, pour que l’échafaudage solidement construit s’écroule misérablement. […] Comtesse, ma stupeur à voir issir une telle pensée d’une bouche de grande dame ne fut arrêtée que par la pure joie de rencontrer un être de la race solaire, plus haut que l’espèce, je dirais Dæmone ou Œlohite, si je ne voulais épargner à cette page que Vous illustrez le ridicule que Paris jette nécessairement sur toute idée traditionnelle, vraie et sublime. […] Il ne boude plus comme autrefois ni le gouvernement qu’il ignore, ni le soleil du bon Dieu, ni les bougies de l’Étoile : il se montre au Bois, aux courses, aux bains de mer ; il s’amuse, il chante, il déclame, il cotillonne sur un volcan, prêt à sauter, si Dieu le veut, au milieu d’un dernier tour de valse ; mais il sautera seul, courageux, exclusif, incorruptible et pur. » Si j’ai cité ce passage, c’est pour bien établir qu’outre les renseignements matériels qu’il nous donne sur chaque chose, M. 

2557. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Veux-tu dans la lumière inconcevable et pure Ouvrir tes yeux par l’ombre affreuse appesantis ? […] Elle les regardait songeuse : et dans la femme Obscurément passa comme un regret infâme, Et Siva découvrit sous sa pure beauté Tout un fonds ténébreux de bestialité ; Il n’en fut que plus ivre et plus ardent peut-être En son désir toujours croissant de la connaître. […] Marcel Prévost vient de publier chez Lemerre, sous le titre de : Lettres de femmes, ne se compose guère que de la correspondance de femmes qui trompent leurs maris avec une candeur, une facilité, un sentiment de n’exercer que leur droit, qui pourra étonner au premier abord, quelque pur que soit dans sa forme, et j’ajouterai dans son but, le livre de M.  […] Robert de Bonnières, Dans ce petit volume pur de sentiment, clair de style, si bien châtié dans toutes ses parties, la note dominante est évidemment l’amour et la recherché de la perfection ; l’auteur — qui comme tout poète est un rêveur — a voulu, chose rare aujourd’hui, raconter ses rêves d’une façon intelligible en langue française, choisissant le mot qui, rendant exactement la pensée, eût toujours l’harmonieuse sonorité qu’il voulait à son vers ; M. de Bonnières ne regarde pas au temps quand il écrit ces petits poèmes auxquels il donne volontairement l’aspect de bluettes, et c’est une raison pour que le temps lui en tienne compte. […] Je ne me rappelle pas. » Amycus et Célestin est une charmante évocation mi-chrétienne et mi-païenne qui respire l’air pur de la Thébaïde et le souffle embaumé de l’antiquité grecque.

2558. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Allons donc, on se moquerait de vous et vous feriez grande pitié si vous tombiez dans la vérité triviale, la vraie et pure vérité. […] L’Eunuque, est une comédie écrite, à coup sûr, par Térence ; mais Plaute lui-même, dans ses licences les plus hardies, désavouerait cette fable horrible d’un jeune homme amoureux d’une jeune fille qu’il aura aperçue longeant la voie Sacrée, et qui s’en va du même pas, pour violer cette fille innocente et pure ! […] » Tout ce passage est d’une grâce infinie ; Molière n’a pas mieux fait, n’a pas mieux dit ; le reste de la scène est du Regnard tout pur. […] Elle en voit tant que sa belle-mère, qui est une assez bonne diablesse de mère, qui sait au juste la valeur morale de monsieur son fils, et qui surtout est une grande logicienne, se dit à elle-même : Adèle est vertueuse et pure au fond de l’âme ; Surveillez-la pourtant, car enfin elle est femme. […] Quand donc il se défait, en pure perte, de ces présents qu’il a dû bien gagner, Moncade se vole lui-même.

2559. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Nous admirons que Leconte de Lisle, à qui nous devons la cantilène divine du Manchy, les Damnés de l’Amour, la Fontaine aux lianes, tant de morceaux d’une mélodie si poignante et d’un style si pur, ait pu surcharger, défigurer, hérisser ses poèmes de l’érudition la plus abstruse, la plus accablante et la plus arbitraire. […] C’est dire que ces purs logiciens opposent a priori une fin de non-recevoir et qui ne discute pas, à toute affirmation, à toute hypothèse impliquant le surnaturel. […] C’est un fier et pur artiste littéraire et notre génération s’honore en l’honorant, comme il le mérite, pieusement, unanimement. […] La délicatesse de Newman, son ingénuité, son sens, mystique et si humain tout ensemble, des besoins de l’âme moderne, sa pitié si pure, en faisaient vraiment un modèle tout posé pour son portraitiste, qui retrouvait en lui-même des aspirations si pareilles.

2560. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Une nation entière, Angles et Saxons, a détruit, chassé ou asservi les anciens habitants, effacé la culture romaine, s’est établie seule et pure, et n’a trouvé parmi les derniers ravageurs danois qu’une recrue nouvelle et du même sang.

2561. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Je me prêtais à toutes ces caresses avec ma balourdise ordinaire, les prenant tout bonnement pour des marques de pure amitié.

2562. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

Aristote écrivait de la politique plus solide ; Machiavel, plus intelligente, en mettant de côté la pure morale ; Platon, Fénelon, J.

2563. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Mais les poètes purs sont plus changeants ou plus naïfs : comme ils avaient délaissé et les arguments théologiques et les grands ensembles d’idées, comme ils n’avaient pris de la religion déchue que des inspirations et des images, surtout comme ils sont hommes de sentiment et de vie lyrique, quand leur vie change, quand le doute les reprend, quand leur tristesse d’âme se prolonge malgré tous les remèdes dont ils avaient vanté l’efficacité, ils le disent ou le font entendre à tout le monde ; et ils ne pourraient faire autrement, ou ils seraient obligés de se taire ; car l’art c’est la vie du poète qui s’exprime telle qu’elle est au moment où il chante.

2564. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

À moins d’être une pure intelligence, on ne comprend bien que ce qu’on a senti.

2565. (1914) Boulevard et coulisses

Une fois qu’on l’a reçue, elle vous discipline à jamais, jusque dans les heures de notre existence qui semblent livrées au pur hasard.

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