que d’émotions dans le public ! […] Le public a trouvé fort bons les couplets en style montagnard chantés par madame Casimir (Rendez-moi ma patrie) Je ne veux pas gêner le public. […] À chacun son goût, même au public. […] — le cri de la conscience publique qui, en cette circonstance, parle sans qu’il soit besoin de l’interroger rien n’a pu éclairer M. […] Citadin ou touriste, on y est avide de tous les spectacles des yeux et l’on y vit en quelque sorte en public et dans la rue.
Son ambition étoit de faire l’entretien du public, & il y réussit. […] Il s’y trouve des morceaux intéressans pour le public. […] Le public enthousiaste est presque toujours le jouet de ceux qui veulent faire parler d’eux. […] Ceux de l’université mettoient à prix leurs leçons publiques. […] Toutes ces scènes éclatèrent dans le public.
Et c’est véritablement une portion de lui-même qu’il donne au public sur la scène. […] Il veut sentir la résistance du public. […] L’écrivain n’avait pas changé, mais le public. […] Le goût du public après 1850 est pour la littérature que précisément J. […] Pendant trente ans, le public français, et même le public européen, s’était passionné pour la question de savoir si Alfred épouserait Ernestine.
Au moment où la guerre civile s’organise et où les huguenots devenus puissants, enhardis par la première faveur de Catherine de Médicis et par les édits de L’Hôpital, agitent un grand dessein de confédération par toute la France, Mézeray énumère les diverses opinions produites dans leurs conseils, dont quelques-unes n’allaient à rien moins qu’à transférer la couronne de la tête du roi sur celle du prince de Condé, et à remettre le royaume en plusieurs souverainetés particulières comme du temps de Hugues Capet ; puis il ajoute, en doutant que l’amiral de Coligny y ait jamais pu consentir : Pour l’Amiral et le prince de Portian (Antoine de Croÿ) : comme c’étaient deux âmes libres et qui se piquaient du bien public, ils témoignaient avoir envie de rétablir l’ancienne liberté française, en faisant en sorte que cette monarchie, fût gouvernée par le conseil de plusieurs des plus prudents personnages, et que l’autorité du monarque fût restreinte à certains termes, etc. Quinze ans plus tard (1576), exposant encore les demandes diverses des huguenots et de plusieurs catholiques confédérés, il se complaira à développer celles du vicomte de Ventadour, « tout à fait généreuses, dit-il, et qui n’avaient pour but que le bien public dont tous les autres ne parlaient point. Il voulait que pour assurer une bonne paix, stable et de longue durée, on allât jusqu’aux racines qui reproduisaient sans cesse les discordes et les troubles ; que, pour cet effet, on accordât un concile national, etc. ; qu’on assemblât les États généraux de deux en deux ans, etc. » Dans toutes ces parties de son Histoire, l’opinion et les préférences personnelles de Mézeray percent assez : pourtant il n’y met pas de système ; il s’accommodera fort bien que, sous Henri IV, on arrive au bien public sans toutes ces machines qui sont à double fin en temps de passion, et qui ne sont parfaites que dans l’esprit des vertueux. […] Le sieur de Mézeray, notre historiographe, nous a très humblement représenté que l’une des principales fonctions de l’Histoire à laquelle il travaille depuis vingt-cinq ans, c’est de marquer les nouvelles découvertes et lumières qui se trouvent dans les sciences et dans les arts, dont la connaissance n’est pas moins utile aux hommes que celle des actions de guerre et de politique, mais que cette partie ne se pouvait pas insérer dans le gros de son ouvrage, sans faire une confusion ennuyeuse et un mélange embarrassé et désagréable, et qu’ainsi sa principale intention étant, comme elle a toujours été, de servir et profiter au public et lui fournir un entretien aussi fructueux et aussi honnête que divertissant et agréable, il aurait pensé de recueillir ces choses à part et d’en donner une relation toutes les semaines, sous le titre de J. […] Ma seule espérance est, monseigneur, que Dieu vous ayant rendu votre santé, vous ne me défendrez pas aujourd’hui de prendre part à la réjouissance publique, et que, pendant cette satisfaction universelle des gens de bien, vous ne voudrez pas que je sois le seul qui demeure dans une tristesse mortelle… Bref, Mézeray voulait garder sa pension.
Je n’aime pas les portraits de convention ; le public les aime assez : il est toujours délicat de déranger un de ces portraits tels qu’il les a vus et tels qu’il les veut ; il semble qu’en y remettant les verrues et les taches, on ait dessein de le salir et de l’outrager. […] Lebrun, par exemple, et d’autres encore) n’ont pas voulu communiquer leurs lettres, et on le conçoit : il écrivait comme il parlait, sa plume était mauvaise langue ; il s’abandonnait sur tout le monde : jeter au public de tels paquets de confidences avant que le temps ait tout refroidi, c’est, en quelque sorte, se rendre soi-même responsable de ce qu’ils contiennent. […] Ils posent tous deux devant le public en s’écrivant. […] S’il s’agissait de juger d’œuvres nouvelles, inédites ou tout fraîchement imprimées, il n’avait pas, à mon sens, le jugement très sûr, le coup d’œil bien précis : il tâtonnait un peu, il ne devançait pas le public ; il prédisait souvent à côté. […] C’est un joujou qui sied aux vieux enfants, mais que le public brise dans leurs mains quand ils l’étourdissent avec, en courant les rues et les carrefours. » Attrape !
La sensibilité dans le public et au théâtre. […] Là, il pouvait faire recevoir des pièces qui ne ressemblaient à rien ; et là, le public, venu seulement pour se divertir, se laissait charmer par d’irrégulières inventions qu’il n’eût pas supportées sur la scène de la comédie classique. […] La comédie semble chargée de familiariser l’esprit public avec les hardiesses de la critique rationnelle, en attendant que s’engage sérieusement la grande mêlée des idées et des doctrines. […] Destouches est le témoin d’une modification-profonde qui s’est produite dans le sentiment du public. […] L’opéra-comique, à son heure, satisfit le goût du public pour la précision du décor et du costume ; eu le satisfaisant, il le fortifia et l’excita.
M. le chancelier Pasquier ayant recouvré un manuscrit inédit de son ancêtre, manuscrit qui contenait des explications et leçons données par Étienne Pasquier à ses petits-fils sur le droit romain envisagé dans ses rapports avec nos vieilles coutumes françaises, en voulut faire jouir le public, et il en confia la publication et l’édition à M. […] Pasquier n’a point de parti pris à l’avance ; il est bon catholique, mais sans fanatisme ; il est contraire à l’introduction du culte public des réformés, mais il n’arrive à se prononcer contre eux avec énergie que lorsqu’il a vu la Réforme, enhardie par les édits de pacification et de tolérance, lever la tête et devenir envahissante à son tour. […] Certes, si quelque chose était capable en France de contrebalancer l’impétuosité et l’impatience particulière à la nation, à la noblesse comme au peuple même, de créer à temps ce respect de la loi qui est comme un sens public qui nous manque et qui est aboli en nous, c’était ce corps intègre, tenant un milieu magistral, ce corps de politiques encore croyants, bons chrétiens et catholiques sans être ultramontains, royalistes loyaux et fervents sans être courtisans ni serviles. […] Après avoir été trente-six ans avocat plaidant, et pendant dix-neuf autres années avocat du roi, il se démit de tout emploi public et entra dans la retraite à l’âge de soixante-quinze ans (1604). […] Une lettre admirable de lui, et qui le peint dans la sérénité de son rajeunissement final, est celle qu’il adresse à Achille de Harlay, retiré également des charges publiques, sur les douceurs de la retraite, sur les charmes d’une étude paisible et variée, désormais toute confinée à l’intérieur du cabinet, et dont on se dit qu’on ne sortira plus : « J’ai d’un côté mes livres, ma plume et mes pensées ; d’un autre, un bon feu tel que pouvoit souhaiter Martial quand, entre les félicités humaines, il y mettoit ces deux mots : focus perennis.
Ils prièrent leur frère le docteur de leur rendre raison de cette question si obscure ; et, quand ils virent qu’elle se réduisait à si peu de chose, ils firent conseiller à Messieurs de Port-Royal par Vitart, cousin de Racine, de montrer clairement au public combien tout ce grand bruit qu’on faisait était pour rien. […] Ainsi, ces discours, qui devinrent plus châtiés, plus académiques, et qui firent un genre à part, du moment qu’ils se prononcèrent en public, sont une des nouveautés qu’on doit à Perrault, et une de ces nouveautés qui sont assez dans les mœurs françaises pour avoir gardé de leur attrait au milieu de tous les changements qui se sont succédé depuis2. […] J’eus bien de la joie d’avoir en quelque sorte empêché qu’on n’ôtât cette promenade au public. […] Ces Tuileries ouvertes et publiques, qu’on dut à Perrault dès ce temps-là, cadrent bien avec l’idée aimable qu’on se fait de l’ami et de l’enchanteur des enfants, de l’auteur des Contes de fées. […] [NdA] Fléchier fut le premier qui en profita (1673) et qui donna l’exemple de ce genre de menuet solennel et applaudi. — Vingt ans après (1693), le discours de réception de La Bruyère, qui fit bruit et même tapage, et qui parut excéder la mesure, amena un nouveau statut de l’Académie qui décida que le discours du récipiendaire serait lu désormais devant une commission avant d’être prononcé en séance publique.
La grande affaire, c’est que les poètes de vingt ans ne se contentent pas de chanter entre eux et de se complaire, mais qu’ils puissent rendre le public attentif à leurs jeux qui deviennent des œuvres. […] Dans les genres qui se rapportent plus particulièrement aux tentatives modernes, on aurait à noter, pour être juste, des recueils qui s’adressent plutôt à quelques lecteurs isolés qu’au public. […] Des poètes sérieux, consciencieux, élevés, y travaillent, et, si le public n’est pas familiarisé avec leurs noms, c’est qu’en France ce n’est que par le sentiment et la passion dramatique, et aussi par un coin d’esprit qu’on y mêle, que le public peut accepter, j’ai presque dit, peut pardonner la poésie : à l’état pur, elle n’existe guère que pour les poètes entre eux. […] Un jeune ami, qui n’est pas loin de moi, et qui n’est encore connu du public que par une édition d’Hégésippe Moreau, M. […] Ce qui manque, c’est une inspiration vive, passionnée, appropriée, qui mette les poètes en communication directe avec le public, et qui force celui-ci à s’intéresser à leur art.
Il y a une manière plus poétique, plus généreuse peut-être, plus magnifique, qui consisterait à voiler les défauts, à faire ressortir les belles et grandes qualités, à l’en envelopper et à l’en couvrir, à l’accepter selon l’attitude si chevaleresque et si fière dans laquelle il aimait à se présenter à tous, à ses amis, au public, aux adversaires, et dans laquelle la mort l’a saisi. […] Cependant l’intérêt pour lui dans le public était extrême : sa jeunesse, sa fierté, sa constance à souffrir dans la prison, sa tenue ferme et simple aux audiences, son élévation naturelle de langage, ce quelque chose de contenu qu’il eut toujours et qui ne s’échappait que par éclairs, excitaient une sympathie universelle. […] Thiers, Mignet et Carrel devaient avoir successivement la direction de la feuille, et les deux premiers, comme plus en vue et plus connus du public, devaient commencer ; Carrel ne serait venu comme directeur qu’à sa date, c’est-à-dire en troisième lieu, la troisième année probablement. […] Il souffrait de n’être pas mis tout à fait sur la même ligne que ses deux amis ; il en souffrait et vis-à-vis du public et vis-à-vis d’eux-mêmes qui, peut-être, tout en étant et se croyant bons camarades, n’allaient pas assez au-devant de ses susceptibilités cachées. […] Un exemplaire unique du National, dans lequel les noms des auteurs sont indiqués d’une manière authentique au bas des articles (presque tous alors anonymes), me permettra de l’étudier durant ce laps de six mois et de le présenter au public avec certitude.