/ 2113
31. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 512-518

Non seulement il a su, quoique jeune, se garantir de la contagion des travers littéraires de notre siecle, mais encore il a eu le courage de se déclarer pour le bon goût ; & les différentes critiques qu’il a publiées, prouvent qu’il en connoît les principes, & qu’il est capable de les rappeler avec succès. […] Nous connoissons de lui plusieurs Satires, qui, sans annoncer un successeur à Boileau, prouvent que personne, jusqu’à présent, n’a plus approché de la maniere de ce Satirique, soit pour le fond des choses, soit pour la tournure des vers. Les bonnes plaisanteries, les tours heureux, les pensées courageuses, les expressions énergiques qu’on trouve sur-tout dans celle qu’il a intitulée Mon dernier mot, prouvent qu’il a un talent marqué pour ce genre de Poésie, & nous l’invitons à le cultiver.

32. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Mais je pourrais prouver qu’aucun de ces signes caractéristiques de l’instinct n’est universel. […] Nous devrions au moins pouvoir prouver que ces transitions sont possibles d’une façon quelconque, et c’est ce que nous pouvons faire aisément. […] Même les tout jeunes Aphis se comportaient de la même manière, ce qui me prouva qu’ils agissaient bien par instinct, et non par expérience. […] — Quelques observations faites sur les animaux domestiques tendent encore à prouver que les variations de l’instinct à l’état de nature sont héréditaires. […] La vérité de cette théorie peut, du reste, se prouver par expérience.

33. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 34, que la réputation d’un systême de philosophie peut être détruite, que celle d’un poëme ne sçauroit l’être » pp. 489-511

Le grand nombre de ceux qui ont suivi et défendu une opinion sur la physique établie par voïe d’autorité ou de confiance aux lumieres d’autrui, ni le nombre des siecles durant lesquels cette opinion a regné, ne prouve donc rien en sa faveur. […] Voilà pourquoi la prévention du genre humain, en faveur d’un systême de philosophie, ne prouve pas même qu’il doive continuer d’avoir cours durant les trente années suivantes. […] Rien ne seroit donc plus déraisonnable que de s’appuïer du suffrage des siecles et des nations pour prouver la solidité d’un systême de philosophie, et pour soutenir que la vogue où il est durera toujours, mais il est sensé de s’appuïer du suffrage des siecles et des nations pour prouver l’excellence d’un poëme, et pour soutenir qu’il sera toujours admiré. […] D’ailleurs, il est facile de prouver historiquement et par les faits que Virgile et les autres poëtes excellens de l’antiquité ne doivent point aux colleges ni aux préjugez leurs premiers admirateurs.

34. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre II. Enfance et jeunesse de Jésus. Ses premières impressions. »

Les textes par lesquels on cherche à prouver que quelques-unes des opérations de statistique et de cadastre ordonnées par Auguste durent s’étendre au domaine des Hérodes, ou n’impliquent pas ce qu’on leur fait dire, ou sont d’auteurs chrétiens, qui ont emprunté cette donnée à l’Évangile de Luc. Ce qui prouve bien, d’ailleurs, que le voyage de la famille de Jésus à Bethléhem n’a rien d’historique, c’est le motif qu’on lui attribue. […] L’omission de ce récit dans Marc, et les deux passages parallèles, Matth, XIII, 54, et Marc, VI, 1, où Nazareth figure comme « la patrie » de Jésus, prouvent qu’une telle légende manquait dans le texte primitif qui a fourni le canevas narratif des évangiles actuels de Matthieu et de Marc. […] L’aspect grossier des ruines qui couvrent la Palestine prouve que les villes qui ne furent pas reconstruites à la manière romaine étaient fort mal bâties.

35. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 5, explication de plusieurs endroits du sixiéme chapitre de la poëtique d’Aristote. Du chant des vers latins ou du carmen » pp. 84-102

Rien ne prouve mieux la verité d’un principe, que de voir son application rendre clairs des passages très-obscurs sans sa lumiere. […] Pour être surpris de ce que dit Aristote sur l’importance de la melopée, il faudroit n’avoir jamais vû representer des tragedies, et pour être étonné qu’il charge le poëte de la composition de la melodie, il faudroit avoir oublié ce que nous avons remarqué, et promis de prouver, comme nous le ferons ci-dessous, sçavoir, que les poëtes grecs composoient eux-mêmes la déclamation de leurs pieces, au lieu que les poëtes romains se déchargeoient de ce travail sur les artisans, qui, n’étant ni auteurs ni comediens, faisoient profession de mettre au théatre les ouvrages dramatiques. […] La réputation des auteurs modernes, que mon opinion contredit, exige de moi que je la prouve solidement. Je ne dois donc pas apprehender qu’on me reproche la multitude de passages que je vais rapporter, afin de rendre constant un fait, que deux ou trois de ces passages prouvent peut-être suffisamment.

36. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Deltuf » pp. 203-214

Assurément nous ne comparerons pas à l’auteur de Marianne, des fausses Confidences, des Jeux de l’Amour et du Hasard et de tant de chefs-d’œuvre où l’art est retors jusqu’à l’artifice, un auteur à l’aurore de ses premières pages, qui a du sentiment comme Chérubin dans sa romance, et qui, comme Chérubin, est très-joli garçon en femme, ainsi qu’il l’a prouvé dans sa Confession d’Antoinette, dont tout à l’heure nous allons vous parler. […] nous savions bien que l’esprit guérit tout, que c’est le dictame qu’il faut s’appliquer sur le cœur lorsque ce malheureux blessé saigne ; nous savions bien que l’esprit prend son parti de tout, mais l’avoir prouvé une fois de plus avec cette grâce, avoir fait tenir tant de sanglot étouffé dans tant de sourire, avoir fait si divinement trembler la voix en disant des choses si légères, voilà le mérite et l’originalité de M.  […] Ce talent qui n’a pas prouvé, avec cinq petites nouvelles, la longueur de son haleine, mais qui nous en a prouvé la pureté, — car M. 

37. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Leur malheureuse position, pour ne pas dire leur misère, ne leur a déjà prouvé que trop clairement combien ils se sont trompés en descendant, de leur propre volonté, au niveau des petits théâtres. […] Ces règles, Monsieur, ne sont point créées par moi ; elles sont le fruit de l’expérience des siècles : et en supposant qu’en les violant on pût obtenir par hasard un succès, cela ne prouverait rien contre leur utilité indispensable. […] Comme il serait trop long de les analyser, et que d’ailleurs cela intéresserait fort peu le lecteur, je me contenterai de vous prouver, par quelques raisonnements généraux, combien vous connaissez peu le théâtre. […] Si cette répétition des mêmes personnages et du même caractère prouve une absence d’invention, elle prouve aussi que vous savez distinguer ce qui est beau, et que malgré votre colère contre les anciens auteurs, vous savez très bien leur prendre ce qui vous convient. […] En France, ce n’est pas par notre respect pour les noms illustres que nous prouvons notre patriotisme, nous avons sans doute le malheur d’avoir trop de grands hommes.

38. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence en général. » pp. 177-192

On pourroit citer une infinité de morceaux très-éloquens qui ne prouvent, & conséquemment ne persuadent rien, qui ne font qu’émouvoir l’ame puissamment. […] Qui veut trop prouver ne prouve rien. […] Il y prouve que la connoissance du méchanisme des passions est du ressort de la physique.

39. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

De Platon à Rousseau, tous les utopistes qui ont posé, a priori, une limite à l’extension de leurs « républiques » ont prouvé qu’ils avaient, plus ou moins vague, le sentiment qu’à une certaine quantité sociale certaines qualités étaient liées. […] Mill 57, sont d’ordinaire plus attachés à leurs dogmes que ceux des Églises universelles. — Toutes observations qui prouvent suffisamment l’influence de la quantité sociale non pas seulement sur la façon dont les hommes réalisent leurs idées et leurs sentiments, mais sur le ton même de ces sentiments et, le tour de ces idées. […] N’offrent-elles pas, comme le prouvent toutes les révolutions au xixe  siècle, des terrains tout préparés aux larges mouvements populaires ? […] À vrai dire, les voies et moyens de cette influence, il est souvent malaisé de les saisir ; mais que tout le monde ait de ses effets une conscience plus ou moins vague, les proverbes courants, les remarques banales, les conseils de la sagesse populaire suffiraient à le prouver. […] Que prouvent de telles paroles ?

40. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » p. 301

Ses Observations critiques sur les Remarques de Grammaire sur Racine, par M. l'Abbé d'Olivet, ne tendent point à justifier ce Poëte contre la sévérité du Grammairien, ce qui prouve assez peu de discernement. […] Soubeyran, à vouloir prouver que la Prose est préférable à la Poésie, dans le genre dramatique : on dira seulement, que son amour pour la Prose le porta à augmenter les fonds du Prix d'Eloquence de l'Académie de Toulouse.

/ 2113