Il osait dans ses écrits aborder tous les sujets et prendre tous les tons. […] Les légendes bretonnes, passant par sa bouche, prenaient une saveur exquise. […] Il sentit ce qu’il valait, prit foi en lui-même. […] Son imagination prit des ailes : il créa. […] Mon cabinet est bien petit ; quand il faudra, j’en prendrai un autre.
quel autre aurait pris garde à ce roi déchu, oublié par ses pairs au grand jour des restaurations légitimes, et se promenant depuis lors à travers l’Europe, avec son signe ineffaçable sur le front, sans être ni maître, ni sujet, ni citoyen ? […] Hugo pourrait nous en fournir des preuves : c’est dans les détails de ses compositions qu’il les faudrait prendre. […] S’ils te prenaient, quelle gloire ! […] Pour lui, dans son adolescence, ses jeux étaient de prendre les aigles dans ses mains, d’éteindre les éclairs en soufflant dessus, de chasser devant lui les baleines, etc., etc. ; l’hiver, il faisait mordre ses membres gelés par les loups-cerviers, dont les dents blanches se brisaient dans la morsure. […] Hugo le fait surtout par inadvertance et illusion ; c’est une sorte de simplicité enfantine qui se laisse prendre par les yeux.
Racine est pris pour un maître d’élégance et de noblesse. […] Prenez un inceste : si la mère et le fils sont inconnus l’un à l’autre, vous avez ôté la substance et gardé l’écorce de l’inceste474. Prenez un parricide : vous doserez l’horreur à volonté, selon que la mère connaîtra son fils, ou non, et selon que le fils se connaîtra lui-même, ou non475. […] Dans Zaïre, trois caractères sont en relation et réagissent l’un sur l’autre : Orosmane, l’amour jaloux ; Lusignan, la foi fervente ; Zaïre, l’amour passionné aux prises avec le respect filial. […] Il prit alors des impressions qui ne s’effacèrent jamais.
Forgues a lissé, je le reconnais, et toiletté les plumes qu’il a prises à Southey, mais enfin il les a prises, et j’aurais mieux aimé les siennes. Celui qui, dans la Fable, prend toute sa queue d’arc-en-ciel au paon, n’a que quelques gouttes d’outre-mer aux ailes. […] Forgues, s’il eût été lui-même, aurait eu plus que ce qu’il a pris. […] Les livres, en effet, dans lesquels l’attention est obligée de s’abattre comme un bec d’aigle pour les pénétrer et en prendre la moelle spirituelle, le public des lecteurs, débilité par l’ennui elles lectures vaines, n’en veut plus et il s’en détourne, tandis qu’il se jette avec un empressement avide, sur les brouets clairets que l’esprit lape en un tour de langue, même quand il est pressé. […] On eût pris son livre de loch, — le bulletin de ses victoires, — les registres de l’Amirauté, et cette correspondance que je voudrais voir davantage dans le livre de M.
Déjà plusieurs éditions, à diverses dates, avaient été faites des lettres de Madame Du Deffand, et toutes plus ou moins incorrectes, mais toutes excitant la curiosité et ne la lassant pas ; car Madame Du Deffand n’est pas un esprit dont on puisse se blaser jamais, quoique ce soit l’esprit le plus blasé qui se soit jamais dégoûté jusque de lui-même, dans un corps qui ait plus vécu… Cette Sévigné du xviiie siècle, qui ne prenait goût à presque rien, quand celle du xviie trouvait un goût si vif à presque tout, est la réfutation la plus éloquente que je connaisse de la maxime proverbiale qui dit que « les gens les plus ennuyés sont aussi les plus ennuyeux ». […] Mais son orageuse amitié pour la duchesse de Choiseul, pour Mademoiselle de Lespinasse, avec laquelle elle rompit de toute la force de son attache, mais sa romanesque passion pour Walpole, qui la prit vieille et fut un incendie dans ses cheveux blancs, disent assez haut que la faculté de s’émouvoir jusqu’à la folie ne manqua point à cette ennuyée, à qui des sentiments pareils ne suffisaient pas ! […] C’est que Madame Du Deffand a aimé le monde et n’aime que le monde, et que le monde ne nous rend rien pour tout ce qu’il prend à nos âmes ! […] Si, dans son scepticisme agité, elle ne put jamais se défaire de l’inquiétude de l’enfer, dont Pascal, qui la valait bien, avait la peur verte, elle ne prit pas contre cette effroyable perspective une seule de ces précautions que, du fond de son tonneau doublé de soie, Diogène délicate, elle prenait contre les vents coulis. […] Malgré le bruit qu’on a fait de cette duchesse de Choiseul nouvellement découverte, la marquise Du Deffand, notre ancienne connaissance, lui est de beaucoup supérieure par l’esprit, le naturel, l’abandon, le tour original, et enfin l’ennui, cet ennui inconnu au xviiie siècle, qui prend tout dans son empâtement noir et fait briller les mots brillants bien davantage, comme un crêpe qu’on étendrait sur des diamants.
Forgues a lissé, je le reconnais, et toiletté, les plumes qu’il a prises à Southey, mais enfin il les a prises, et j’aurais mieux aimé les siennes. Celui qui, dans la Fable, prend toute sa queue d’arc-en-ciel au paon, n’a que quelques gouttes d’outre-mer aux ailes. […] Forgues, s’il eût été lui-même, aurait eu plus que ce qu’il a pris. […] Les livres, en effet, dans lesquels l’attention est obligée de s’abattre comme un bec d’aigle pour les pénétrer et en prendre la moelle spirituelle, le public des lecteurs, débilité par l’ennui et les lectures vaines, n’en veut plus et il s’en détourne, tandis qu’il se jette avec un empressement avide sur les brouets clairets que l’esprit lappe en un tour de langue, même quand il est pressé. […] On eût pris son livre de loch, — le bulletin de ses victoires, — les registres de l’Amirauté, et cette Correspondance que je voudrais voir davantage dans le livre de M.
Habitués, depuis des siècles, à promener de porte en porte notre individualité littéraire, nous avions pris pour nous conduire cette accorte femme, madame de Staël, et nous nous tenions à la porte du pays de Lessing et de Schiller, lui demandant la charité d’une littérature et d’une philosophie. […] Il serait curieux de rechercher ce qu’on prend pour elle. […] Comme d’autres esprits moins richement et moins profondément cultivés, il n’a pu être dupe de cette adoration pour les choses médiocres qui prend fatalement le cœur ou l’esprit de l’homme quand il vit dans l’isolement du Beau. […] L’Admiration prend quelquefois un télescope pour regarder les choses de la terre, mais elle n’en fait pas des astres pour cela ! […] Pris autrement et comme un livre ayant ses agréments et ses mérites particuliers, il accablera la tête européenne d’un ennui profond et d’une fatigue immense.
A coup sûr, jamais les doctrines, ou plutôt l’absence de doctrines que nous combattons : l’égoïsme sensuel, orgueilleux et profond, l’immoralité par le fait, quand elle n’est pas dans la peinture et dans l’indécence du détail, le mépris réfléchi de tout enseignement, la recherche de l’émotion à outrance et à tout prix, et le pourlèchement presque bestial de la forme seule, n’ont eu dans aucun homme de notre temps, où que vous le preniez, une expression plus concentrée et plus éclatante à la fois que dans Edgar Poe et ses œuvres. […] Prenons-la où elle fit vraiment un ravage. […] Au milieu des intérêts haletants de ce pays de la matière, Poe, ce Robinson de la poésie, perdu, naufragé dans ce vaste désert d’hommes, rêvait éveillé, tout en délibérant sur la dose d’opium à prendre pour avoir au moins de vrais rêves, d’honnêtes mensonges, une supportable irréalité ; et toute l’énergie de son talent, comme sa vie, s’absorba dans une analyse enragée, et qu’il recommençait toujours, des tortures de sa solitude. […] C’est l’application du mot de Bacon : « les hommes ont peur de la mort comme les enfants ont peur de l’ombre. » Cette peur des sens soulevés prend mille formes dans les Histoires de Poe ; mais soit qu’elle se traduise et se spécifie par l’horreur qu’il a d’être enterré vivant, ou par le désir immense de tomber, ou par quelque autre hallucination du même genre, c’est toujours la même peur nerveuse du matérialiste halluciné. […] Doué de la force de cette race de puritains qui se sont abattus d’Angleterre comme une bande de cormorans affamés, ce qu’il prend aux préoccupations contemporaines ne vaut pas la force qu’il déploie pour se servir de ce qu’il a pris ; et ici nous arrivons à ce qui l’emporte, selon nous, dans Edgar Poe, sur les résultats obtenus de sa manière, — c’est-à-dire l’application de son procédé.
Comme j’ignore combien de temps durera mon absence, j’ai pris le parti de vendre à Ange115 tout ce que je possède, afin d’emporter de quoi vivre. […] Sans lui je n’eusse jamais pris le parti auquel il m’a déterminé ; trop de penchants m’entraînaient dans une autre route. […] Je prendrai le sous-diaconat à Noël, et ferai ma retraite au séminaire. […] Il lui a singulièrement coûté pour prendre sa dernière résolution. […] Je fais tout ce que je puis pour lui rendre un peu de force et d’espérance, mais j’ai des idées et une façon de voir si différentes des siennes, que je m’y prends sans doute fort mal ; et puis on ne calme pas l’eau agitée en y trempant la main.
On ne voit que villages ruinés ou abattus, et nulles maisons qui se relèvent… Par ce que m’ont dit mes voisins, la diminution des habitants va à plus du tiers… Les journaliers prennent tous le parti d’aller se réfugier dans les petites villes. […] L’intendant de Poitiers écrit que, « dès que les ateliers de charité sont ouverts, il s’y précipite un nombre prodigieux de pauvres, quelque soin qu’on ait pris pour réduire les prix et n’admettre à ce travail que les plus nécessiteux ». […] Déjà vers 1750, Forbonnais note que beaucoup de nobles et d’anoblis, « réduits à une pauvreté extrême avec des titres de propriété immense », ont vendu au petit cultivateur à bas pris, souvent pour le montant de la taille. […] Mais, en acquérant le sol, le petit cultivateur en prend pour lui les charges. […] Les collecteurs, paysans comme lui et jaloux à titre de voisins, savent ce que son bien au soleil lui a rapporté ; c’est pourquoi on lui prend tout ce qu’on peut lui prendre.