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1271. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

Elle pourrait dire avec Faust : « Si jamais je goûte la plénitude du repos, que ce soit fait de moi ; si jamais je dis à l’heure présente : attarde-toi, tu es assez belle ! […] Maintenant, substituez une surface bleue à la surface blanche : le bleu, dont le rayon était déjà présent dans la lumière blanche comme un de ses éléments constitutifs, se trouve maintenant présenté séparément à votre œil par l’élimination des autres éléments lumineux ; or, votre plaisir est instantanément accru. […] D’ailleurs, avec son admirable sincérité, il a reconnu lui-même qu’il avait, par un grave oubli, fait une part trop faible à la corrélation intime des organes et à leurs variations symétriques, qui se produisent indépendamment de l’utilité, par une nécessité toute physiologique. « L’homme et tous les animaux, dit-il, présentent des organes qui, à notre connaissance, ne leur sont d’aucune utilité maintenant, pas plus qu’à une autre période antérieure de leur existence, soit sous le rapport des conditions générales de leur vie, soit sous le rapport des relations d’un sexe à l’autre. […] Est-il nécessaire d’aller chercher dans les douleurs passées un point de comparaison pour sentir la volupté présente ?

1272. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

On nous présente, et deux heures après, nous soupons ensemble au café Anglais. […] » * * * — Du moment que, cette fois-ci, deux poètes se présentaient à l’Académie : l’un qui s’appelait Autran, l’autre qui s’appelait Théophile Gautier, et que l’Académie a choisi Autran, ma conviction est qu’elle est composée de crétins, ou de véritables malhonnêtes gens. […] Quel dommage, quelle perte qu’une pareille intelligence d’observateur et de physiologiste, n’écrive pas un livre dont il nous donnait, ce soir, un si curieux morceau sur les effets moraux des maladies de poitrine : un livre dont la première ligne n’a pas été encore écrite, un livre qui serait une clinique médico-littéraire de ces maladies de foie, de cœur, des poumons, si liées et si attenantes aux sentiments et aux idées du malade, et présenterait toutes les révolutions de l’âme dans la souffrance du corps ! […] Au fond, dégoûtés de jamais être joués là, et par ce monsieur, nous convenions, tous les trois, d’un même accord, de présenter la pièce au visa préventif de la censure, chacun ayant la secrète espérance de rompre l’affaire par le veto désiré.

1273. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Je n’ai jamais rencontré un être, homme ou femme, qui ait si bien lu qu’elle, un lecteur qui connaisse aussi à fond les moyens d’optique et de coloration, la syntaxe, les tours, les ficelles de tous les militants de l’heure présente. […] Lundi 17 août Le caractère des heures de découragement, c’est de vivre rencogné dans l’heure présente, la pensée comme ramenée sur elle-même, et retirée du champ de l’avenir, où elle est toujours à prendre le galop. […] Il avait découvert, dans ses albums japonais, un ver de l’Extrême-Orient, un ver tout enveloppé de poils blancs, comme de la soie, un ver charmant, un petit animal d’art enfin, et comme il était vivant, il l’avait mis avec le plus grand soin dans une boîte, et comptait le présenter à la Société d’acclimatation. […] Quand on a eu un échec, comme nous en avons eu, tous les deux, il faut, pour la revanche, être sûrs d’être joués par de vrais acteurs. » Il me paraît un peu embarrassé, et puis, après un silence, il accouche de : « Je suis au Gymnase, maintenant… ce n’est pas moi, c’est Peregallo qui a voulu la présenter. » Et il ajoute : « Il y a cinq robes dans ma pièce, et là, les femmes peuvent en acheter. » Il y a cinq robes dans ma pièce… Ô fascination du théâtre !

1274. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Ils ont ce quelque chose de farouche et de sauvage que présentent les malades chez toutes les espèces animales. […] Le sentiment qu’il a de ce qui lui manque encore produit l’envie, cette discorde commençante, entre les individus ou entre les classes ; l’envie se tourne en colère dès que l’obstacle se présente ; la luxure, avec le luxe qui l’accompagne souvent, devient le but de la vie, et, pour la satisfaire, il faut de l’or ; d’où la cupidité et l’avarice. […] Pour Loti comme pour Baudelaire, — et c’est là leur seul point commun, — la mort est toujours présente. […] Tout dépendra donc, en définitive, du type de société avec lequel l’artiste aura choisi de nous faire sympathiser : il n’est nullement indifférent que ce soit la société passée, ou la société présente, ou la société à venir, et, dans ces diverses sociétés, tel groupe social plutôt que tel autre.

1275. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Elles croiraient se dégrader elles-mêmes si elles lui présentaient le miroir satirique de Boileau ou le miroir tragique de Juvénal pour le faire rire de ses ridicules ou pour le faire frémir de ses crimes. […] tu me présenteras Chapelain, Scudéry, Perrin, Pradon, Coras. […] Il cite à Molière, pour exemple de ces contradictions de la rime et du sens, une foule de circonstances où, cherchant à trouver le nom d’un homme de génie, la rime lui présente au bout du vers le nom d’un plat ou ridicule écrivain. […] La maison du Seigneur, seule un peu plus ornée, Se présente au dehors de murs environnée.

1276. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Le premier président Groulard du parlement de Normandie, dans ses curieux Mémoires, nous a montré à quel point elle était véritablement traitée par Henri IV en princesse, et présentée dès 1596 aux plus graves magistrats comme une personne à qui l’on devait hommage : Le jeudi 10 octobre 1596, Mme la marquise de Montceaux arriva à Rouen, logea à Saint-Ouen en la chambre dessus celle du roi. — Le vendredi 11, je la fus saluer, et le dimanche encore après, en ayant eu commandement du roi par les sieurs de Sainte-Marie-du-Mont et de Feuquerolles. […] Si le président Groulard nous montre Gabrielle traitée et présentée à l’avance presque en reine par le roi dans ses voyages et ses résidences, L’Estoile nous la fait voir considérée sous un tout autre aspect par le peuple et les habitants de Paris.

1277. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Elle détestait ces conversations de pure politesse, où l’on parle sans avoir rien à dire : J’aime bien mieux être seule qu’avoir à me donner le tourment de chercher ce que j’aurai à dire à chacun ; car les Français trouvent mauvais qu’on ne leur parle pas, et alors ils s’en vont mécontents ; il faut donc se mettre en peine de ce qu’on peut leur dire ; aussi suis-je contente et tranquille lorsqu’on me laisse dans ma solitude… Elle faisait exception avec moins de déplaisir quand il s’agissait des Allemands de qualité, qui demandaient tous à être présentés chez elle et qu’elle accueillait fort bien. […] L’un me présente un placet, l’autre demande que je m’intéresse pour lui, un autre sollicite une audience, etc.

1278. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Saint-Simon, en deux ou trois endroits, a peint le marquis de Lassay en courant, et ce portrait nous le présente comme un type de ces hommes qui veulent être de tout, et qui, sans échouer absolument, n’arrivent jamais qu’à être dans l’à-peu-près ; bien moins un figurant, comme je l’ai dit pour abréger, qu’un homme qui n’a pu avoir les beaux rôles. […] Lassay pourtant voulait encore le paraître, et il ajoutait comme dernière raison à toutes les autres sa douleur et l’idée de celle qu’il avait perdue et qui lui était, disait-il, aussi présente que le premier jour.

1279. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Ce qui est certain, c’est que le véritable Fénelon, tel qu’il se montre dans cette correspondance suivie et dans les écrits des dernières années, n’est point précisément le Fénelon du xviiie  siècle, celui que Ramsay déjà, puis d’Alembert et les autres, ont successivement présenté au public et préconisé. […] [NdA] Je recommande, sur cette question particulière du duc de Bourgogne et des espérances politiques qui se rattachaient à lui, une bonne thèse présentée à la faculté des lettres par M. 

1280. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Et pourtant à pareil jour, à cinquante-deux ans d’intervalle, il m’a semblé que bien des pensées aussi se présentaient. […] Dans un singulier chapitre expressément dédié « Aux infortunés », et qui est placé, on ne sait trop comment, entre celui de « Denys à Corinthe » et celui d’« Agis à Sparte », il s’adresse à ses compatriotes émigrés et pauvres, à tous ceux qui souffrent comme lui du désaccord entre leurs besoins, leurs habitudes passées et leur condition présente ; il leur rappelle la consolation des Livres saints, vraiment utiles au misérable, parce qu’on y trouve la pitié, la tolérance, la douce indulgence, l’espérance plus douce encore, qui composent le seul baume des blessures de l’âme.

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