Mais, à une époque si avancée de la civilisation, les esprits, même du vulgaire, sont trop détachés des sens, trop spiritualisés par les nombreuses abstractions de nos langues, par l’art de l’écriture, par l’habitude du calcul, pour que nous puissions nous former cette image prodigieuse de la nature passionnée ; nous disons bien ce mot de la bouche, mais nous n’avons rien dans l’esprit.
La femme de chambre insista pour que l’enfant reçût une éducation distinguée et aristocratique. […] Elle avait perdu son amie dans la foule, et elle tenait son mirliton en l’air, pour que son amie, reconnaissant de loin le drapeau, rejoignit le régiment. […] Cherbuliez, dans la littérature de notre temps, est trop important pour que je ne m’arrête pas devant son nom. […] Vous vous arrangerez pour qu’il y ait sur les miroirs et sur les vitres des fleurs peintes par Diaz. […] L’œuvre de Michelet a obtenu un trop grand succès pour que j’aie à en signaler la valeur.
Non ; pour que ce travail soit vraiment utile, il faut que les pensées soient rapprochées suivant leur nature, afin que la comparaison devienne possible, et qu’elles s’éclairent, se complètent, se commentent les unes par les autres. […] Sur le tard, au surplus, il était trop notoirement diffamé, et son indignité trop publique, pour qu’un honnête homme daignât relever ses incartades. […] Il en est resté une odeur, et je laisse la porte ouverte pour qu’elle entre chez moi… Je me mets à la fenêtre et je regarde au loin s’éteindre les hameaux. […] On y parle de tout pour que chacun ait quelque chose à dire ; on n’approfondit pas les questions de peur d’ennuyer ; on les propose comme en passant, on les traite avec rapidité, la précision mène à l’élégance ; chacun dit son avis et l’appuie en peu de mots ; nul n’attaque avec chaleur celui d’autrui ; nul ne défend opiniâtrement le sien. […] Tout était calculé d’ailleurs pour que l’antithèse ressortît : non seulement les mots, mais même les membres de phrases ainsi opposés avaient autant que possible le même nombre de syllabes, et présentaient à l’oreille des espèces de rimes ou d’assonances qui rendaient sensible à l’oreille le rapport des idées.
On l’a dit bien souvent, mais ce n’est pas une raison pour que je ne le répète point, Don Juan est une œuvre extraordinaire, unique dans le théâtre de Molière et dans tout notre théâtre classique. […] L’arc de triomphe qu’ils lui dressent est pourtant assez haut pour qu’il y passe quand même sans difficulté. […] Mais il suffit que deux ou trois vers les aient frappés et leur soient restés dans la mémoire pour que le conseil municipale n’ait pas perdu son argent. […] Cela suffit pour que la comédie de Murger manque aujourd’hui de fraîcheur : cela ne suffit pas pour accabler le présent sous le passé. […] Pour que la bonté soit parfaite, il faut qu’elle soit sans salaire, il faut que ceux à qui elle a fait du bien lui aient fait du mal.
La première pièce donnée par Scudéry, Ligdamon et Lidias (1629), tragi-comédie tirée, comme bien d’autres, de l’éternel roman d’Astrée, a une préface trop singulière pour que nous n’en parlions pas. […] Molière proposa à Thomas Corneille de la mettre en vers, ce qu’il fit, et pour être agréable à l’auteur de Tartuffe et pour que cette condescendance lui devînt profitable à lui-même. […] On ne composait pas une comédie pour que, dans son rôle, mademoiselle A pût écraser tous ses camarades en brillant aux dépens du reste de la troupe ; pour que le nez du comédien B, son ton de voix nasillard ou tel autre défaut naturel, mis en évidence, pût amuser le public. […] … Mais il fallait quelque temps pour que le génie du grand poëte pût développer dans l’âme des spectateurs l’amour de la bonne et saine littérature, et pour que les auteurs consentissent à abandonner les niaiseries sentimentales, les expressions ridicules, les pensées barbares et révoltantes, pour adopter franchement le langage noble et élevé que Racine allait bientôt polir encore, en lui faisant atteindre un dernier degré de pureté. […] On entend répéter le mot Plaideurs, il n’en faut pas davantage pour que la nouvelle se répande que l’on est venu enlever Racine et le conduire en prison, parce qu’il a mal parlé des juges.
Les événements qui vont s’accomplir sont trop grands, trop terribles, pour que le roman ne s’efface pas devant l’histoire. […] J’en ai dit assez pour que chacun devine ma pensée. […] Sa part est assez belle pour qu’il s’y tienne et s’en contente. […] Mais pour qu’une femme, fût-elle reine, nous intéresse après sa défaite, il faut qu’elle soit sincèrement passionnée. […] Hugo, pour qu’un tel personnage lui ait paru digne de la poésie dramatique.
En effet, ce n’est qu’à distance que les choses se groupent assez sous le regard pour que nous puissions reconnaître une période littéraire ordonnée, régulière et constituée. […] Je me raille de toi… Je t’échappe… Je suis un songe trop inquiet pour que je le prenne au sérieux. […] Il suffit pour que les jeunes gens de 1885 en fussent engoués et comme férus ; et, certes, ce n’est pas de cela qu’on peut aucunement leur en vouloir. […] L’homme savant et modeste sait tellement qu’il sait peu de chose, qu’il ne dit rien sans prévenir qu’il y a toutes les chances du monde pour qu’il se trompe. […] Zola écrivait comme le Méridional parle, par besoin naturel et sans se préoccuper de ce qu’il aurait à mettre dans ses écritures pour qu’elles eussent de la solidité et parussent au moins contenir quelque chose.
Il y a des chances pour qu’on en garde en soi quelque chose. […] Et il y a beaucoup de raisons pour que je gagne mon pari. […] Il suffit qu’un homme se dise juste pour qu’il inspire une véritable répulsion. […] C’est assez pour qu’il soit charmant. […] Priez pour que cela ne soit pas. (22-23 janvier 1810.)
Dire ce qu’on pense est un plaisir coûteux mais trop vif pour que j’y renonce jamais. […] Pour que son éducation d’artiste fût complète, il ne lui manqua rien, sinon peut-être le commun et l’ordinaire. […] Le van est le premier, πτυον. — Je découvris promptement le second, άθηρηλοιγός : c’est la pelle de grenier, la pelle en bois, large et longue, semblable à la rame assez pour qu’un homme ignorant la navigation s’y trompe, la pelle avec laquelle on remue souvent le blé entassé, afin de l’aérer pour qu’il ne s’échauffe pas, et aussi pour le débarrasser de la poussière. […] C’est la condition de la plupart des États modernes ; elle ne nuit pas à leur prospérité et il n’y avait pas de raison pour que l’empire romain s’en trouvât plus mal qu’eux. […] Il lui fait trop d’honneur pour que je ne le cite pas tout entier.
En vérité, que nous serait un Dieu qui n’aurait pas donné à sa créature assez d’intelligence pour que cette pauvre créature pût s’élever jusqu’à lui, le connaître et y croire ? […] Pour qu’il y ait conscience, même avec aberration, il faut au moins la présence de quelqu’un des éléments de la conscience ; il faut qu’il y ait aperception de quelque vérité. […] Encore une fois, savez-vous ce qu’il faut pour que vous connaissiez une chose ? […] On disait à un soldat illustre qui s’était assis sur un trône : « Sire, il faut surveiller attentivement l’éducation de votre fils ; il faut qu’on l’élève avec le plus grand soin, pour qu’il vous remplace. — Me remplacer ! […] Mais rappelez-vous la condition nécessaire pour qu’il s’élève quelque part une histoire de la philosophie : les habitudes laborieuses de l’érudition et même de la philologie y sont absolument nécessaires.