Toutes les fois depuis que j’ai entrepris de traiter des sujets déjà traités par d’autres modernes, je n’ai voulu lire leur ouvrage qu’après avoir esquissé et versifié le mien ; si je l’avais vu au théâtre, je cherchais aussitôt à ne plus m’en souvenir, ou si malgré moi je m’en souvenais, je m’attachais à faire, autant que possible, le contraire en tout de ce qu’ils avaient fait. […] Étrangère de haute distinction, il n’était guère possible de ne la point voir et de ne pas la remarquer, plus impossible encore, une fois vue et remarquée, de ne pas lui trouver un charme infini. […] Ce fut alors que la cour de France, lasse de l’oublier totalement, songea à réveiller dans ce sang des Stuarts une rivalité toujours possible au sang ennemi des Stuarts en donnant des héritiers à Charles-Édouard.
Tâchez de terminer cette affaire le plus tôt possible. […] Je ne voulais pas alors, et les convenances ne le permettaient pas, m’établir à demeure aux lieux qu’elle habitait, mais je cherchai à m’en tenir éloigné le moins possible, et à n’avoir plus du moins les Alpes entre nous. […] Je l’avais commencé à Pise, dès le mois de décembre de l’autre année, puis, las et dégoûté de ce travail (ce qui jamais ne m’arrivait dans la composition), il ne m’avait plus été possible de continuer.
Tous ses malheurs, et ils furent grands comme son caractère, ont tenu à cet excès de grandeur dans son génie ; ils dépassaient, non pas son esprit infini et universel, mais ils dépassaient le possible ici-bas : voilà la cause fatale et organique de ses coups d’ailes et de ses chutes. […] « Le réel est étroit, le possible est immense ! […] Il s’arrangeait si bien de l’existence qu’il voulait vivre le plus longtemps possible.
Toutes les fois que je passe sur la place Vendôme et que je vois ces couronnes d’immortelles déposées là comme des trophées d’amour par les enfants de ce peuple à contre-sens, je détourne les yeux et je me dis tout bas : « Grand homme, si tu es aussi grand que cette colonne te fait, combien tu dois avoir pitié de ceux qui t’élèvent. » J’ai souvent senti aussi que cette fidélité de mémoire et cette exactitude de détails n’étaient pas possibles à d’autres qu’à des témoins oculaires et que les pères de MM. […] » Alors je comprenais ce qu’il voulait dire, et je lui répondais : « Peut-être qu’ils rentrent par Mayence ou par une autre route… Ça n’est pas possible autrement ! […] — Ce n’est pas possible !
Ainsi son objet ne pouvait être de ramener les peuples nombreux, ni les grands États, à leur première simplicité, mais seulement d’arrêter, s’il était possible, le progrès de ceux dont la petitesse et la situation les ont préservés d’une marche aussi rapide vers la perfection de la société, et vers la détérioration de l’espèce. […] Il n’a qu’à se raconter, il condamne la société, il venge la nature : il fait croire surtout à la possibilité de refaire l’homme naturel dans l’homme civil : il est possible, puisqu’il est. […] L’aliénation totale de l’individu par le contrat social est dure à accorder, et nous aimons mieux nous représenter que l’individu aliène le moins possible de sa liberté, et ce qu’il faut seulement pour que la société fasse sa fonction.
Est-ce, comme on l’a dit, parce que la vérité historique n’était pas possible à une époque où la liberté manquait à l’historien ? […] Aimer Gil Blas médiocrement n’est pas possible ; mais on peut lui préférer les livres où l’on trouve à la fois l’agrément et le ressort moral. […] Depuis la Renaissance, un seul a été pratiqué, un seul a été possible : c’est celui qui prend l’instruction dans l’antiquité païenne, et la rend chrétienne par l’esprit.
On peut étendre à l’infini le degré, la forme des sensations qu’il est possible d’éprouver à l’audition de Tristan. […] Et on peut douter s’il est possible à un auditeur qui n’est pas au courant de la légende, de saisir le tout à une première audition. […] Wagner dit (IV, 174) : « Le poète prend de nombreux faits épars, tels que la raison les perçoit, des actions, des sentiments, des passions, et il les fait converger, autant que possible, en un seul point ; c’est ainsi qu’il peut arriver à agir sur l’émotion.
La vie des personnages résulte chez le romancier russe de ce qu’avec un sentiment inné de tout le possible et de tout l’humain, il nous sont présentés constamment, vivant avec une telle profusion de descriptions, de citations, d’épisodes, de faits et gestes que la trame continue de leurs actes nous apparaît en effet, presque ininterrompue, et forme le déroulement complet et opulent d’une existence vraiment telle, dans laquelle un équilibre délicat est maintenu entre les formes constantes de cette activité et ses formes variables, adventices, illogiques ; une être réellement vivant est un cours continuel d’actes, de pensées, d’émotions, de mouvements ; on le connaît et on le voit exister d’autant mieux qu’une plus large part de ces manifestations est révélée ; et celles-ci sont d’autant plus vraies et plus propres à donner la notion d’un individu, qu’elfes sont, d’une part, mêmes et semblables au point de figurer un caractère, et qu’elles présentent, de l’autre, les variations lentes ou subites d’âge, de condition, de situation, les réactions instantanées aux événements, les crises à prolongés retentissements, et enfin cette simple mobilité vitale d’idées et de sentiments, qui, sur le fond stable de l’être, font apparaître graduellement ou d’un coup de nouvelles âmes. […] Ces hommes, que l’on pourrait être tenté de considérer comme des types, l’auteur les réalise jusqu’au bout par mille traits adventices, les implique dans des épisodes, de menues aventures, les complique et les diversifie de toute manière, les met sans cesse en opposition avec eux-mêmes, use en un mot non pas de la méthode romanesque habituelle qui consisterait à les rendre le plus plausibles et le plus nus possible, mais d’une sorte de méthode historique fictive dans laquelle le personnage est d’abord posé comme existant, puis est narrée une histoire sans omission d’écarts ou de contradictions. […] Plus profondément encore et plus généralement, ses personnages sont animés et animent de bonté, de toutes tes passions bienfaisantes de pitié, d’union, de pardon, de concorde, de serviabilité, qui rendent possible et précieuse la vie en commun ; ils sont pénétrés et pénètrent de ce profond sérieux moral, de cette attitude attentive et virile devant les grands problèmes de la vie, de la constante méditation de son terme et de son but qui porte à relier les actions humaines à des principes, à un système de vérités universellement catégoriques.
En expressions plus précises, un mot générique de la sorte qui présente une image trop grande, trop indéfinie pour être conçue clairement, qui nécessite donc un effort, une tendance insatisfaite à l’image, provoque dans le mécanisme cérébral comme une décharge suffuse, une tension croissante ; il y a dans l’esprit un mouvement d’expansion et une description conçue en termes généraux pareils, qui se limitent le moins possible, sera une description plus sentimentale que notionnelle, sera une description poétique. […] Dans l’une les mots sont employés à donner des choses une image la plus précise possible, une image intellectuelle qui laisse dans l’esprit peu de place aux sentiments associés ; dans l’autre, au contraire, l’image est vague, lointaine, grandie, à peine aperçue et mystérieusement belle ; de l’émotion qu’elle suggère, toute intelligence est excluse. […] James Sully comme condition du bonheur, cette forte discipline de la volonté qui conduit à réaliser les désirs possibles et à se détourner des désirs insensés.
C’est à ce moment qu’un réconfort possible est cherché dans l’unité à tout prix. […] Tant pis, car il faut beaucoup de naïveté pour faire de grandes choses et rien d’admirable n’apparaît possible sans cette innocence dont le spectacle faisait écrire à Robert Desnos, à propos du peintre Miró dont les tableaux venaient de se révéler si libres, si révolutionnaires, que nul ne pouvait se défendre d’en avoir été surpris : « Miró est un peintre béniau. » Ainsi semblablement furent bénis tous ceux qui osèrent briser les frontières des pourritures avantageusesav. […] Par besoin d’épuration, Paul Valéry proposait dernièrement de réunir en volumebe un aussi grand nombre que possible de débuts de romans de l’insanité desquels il espérait beaucoup.